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      Dette Covid et solutions magiques

      Victor Fouquet · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 6 February, 2021 - 04:35 · 4 minutes

    dette

    Par Victor Fouquet.
    Un article de l’Iref-Europe

    L’indigence de la culture économique en France résumée en un sondage : d’après l’enquête Odoxa-Aviva pour Challenges et BFM Business, 34 % des personnes interrogées estiment qu’il ne faudrait pas rembourser la dette contractée par l’État pendant la pandémie de Covid-19 ; 39 % des Français estiment qu’il faudrait la rembourser pour « une bonne partie avec une contribution exceptionnelle des grandes fortunes » ; 73 % suggérant de faire et l’un et l’autre…

    Peut-on ne pas rembourser une dette et, pour le dire de manière moins pudique, l’annuler ?

    L’annulation des dettes est une idée qui revient régulièrement dans le débat agitant experts, économistes et politiques. L’accroissement vertigineux de la dette contractée par l’État pour contrer la propagation de la pandémie et les conséquences des mesures de confinement n’y est pas étranger.

    L’encours de la dette négociable, qui atteignait un niveau de 1823 milliards d’euros à la fin de 2019, était, du fait de la crise sanitaire, mais aussi du plan de relance, attendu fin 2020 à 2030 milliards d’euros, puis à 2126 milliards d’euros fin 2021, selon les documents budgétaires du projet de loi de finances pour 2021 , soit une augmentation supérieure à 300 milliards d’euros en deux ans.

    Certes, la situation dégradée d’un débiteur peut conduire ponctuellement à une annulation de sa dette. Mais elle gruge le créancier, alors privé de son capital et ses intérêts.

    Le manquement à l’engagement qui le lie à ses créanciers affaiblit également la capacité future du débiteur à emprunter ou, s’il y parvient, l’expose à une remontée des taux d’intérêts.

    Enfin, le non-remboursement de la dette crée un « aléa moral » toujours périlleux, en favorisant les agents peu rigoureux aux dépens de ceux qui, bons gestionnaires, ont anticipé la matérialisation des risques.

    Si elle ne remboursait pas sa dette, à cause par exemple d’une économie atone ou de l’absence de toute réforme structurelle (telle celle des retraites, maintes fois différée, et qui s’apprête à l’être encore), la France serait rapidement sanctionnée par les marchés financiers. Sa prime de crédit et sa charge de la dette s’envoleraient.

    Autre vieille lune à avoir refait surface : l’instauration d’une contribution exceptionnelle des grandes fortunes

    En l’espèce, il faudrait aller très au-delà d’ un simple rétablissement de l’ISF (lequel rapportait « seulement » 2,1 milliards d’euros de plus que l’actuel IFI, bien loin des 300 milliards d’endettement supplémentaire évoqués ci-avant), et manifestement dépasser le niveau d’imposition optimal au-delà duquel le rendement de l’impôt diminuerait.

    Cela est tout particulièrement vrai pour la France qui, avec un ratio de recettes fiscales de 4,0 % du PIB (chiffres OCDE, 2019) s’agissant des prélèvements sur le patrimoine, se classe au deuxième rang mondial. Creuser encore davantage l’écart avec les grands pays industrialisés concurrents ne pourrait que porter préjudice à notre pays, à ses investissements, à l’emploi et, au bout du compte, à ses finances publiques.

    Plus fondamentalement, postuler qu’il suffit d’augmenter les impôts pour assainir durablement les comptes publics revient à ignorer d’une part la complexité des liens qui unissent fiscalité et dépenses publiques et d’autre part le risque des effets négatifs sur la croissance d’une hausse excessive des prélèvements obligatoires.

    Dès lors qu’elles créent un sentiment de facilité financière, les hausses d’impôts poussent plus facilement, ensuite, les décideurs à engager des hausses de dépenses publiques. Après la crise de 2008-2009, l’OCDE notait ainsi :

    « Les efforts d’assainissement menés avec succès dans le passé ont généralement fait une large place aux réductions de dépenses pour des raisons d’économie politique, mais aussi du fait de leurs effets positifs en termes d’efficience et, lorsqu’elles étaient concentrées sur les transferts et d’autres dépenses courantes, de leur durabilité apparente.

    Avec un niveau de prélèvements qui atteint déjà environ 35 % du PIB en moyenne dans la zone OCDE (et jusqu’à 50 % environ dans certains pays), de nombreux régimes fiscaux réduisent le PIB en émoussant les incitations au travail, à l’épargne et à l’investissement. Les dépenses publiques sont élevées dans la plupart des pays de l’OCDE fortement endettés. Devant la hausse imminente des coûts liés au vieillissement, la voie la plus prometteuse de la viabilité budgétaire passe par des réductions de dépenses qui améliorent l’efficience allocative (meilleure utilisation générale des ressources) ou productive (moindre coût des ressources par unité de service produit) . »

    Ces lignes s’appliquent plus que jamais à la France de 2021.

    Sur le web

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      Emmanuel Macron : trois ans de présidence et beaucoup de dégâts

      Claude Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 16 May, 2020 - 03:45 · 8 minutes

    Emmanuel Macron

    Par Claude Robert.

    Même avant d’être élu président, Emmanuel Macron s’est distingué en conseillant François Hollande sur la fiscalité puis en devenant son ministre des Finances. Avec les résultats que l’on sait. Le bilan ici dressé couvre d’ailleurs l’ensemble de cette période. Voici les faits.

    La France, seul pays à avoir manqué la reprise d’après crise bancaire

    Alors qu’en fin de crise économique il est impératif de laisser les ménages et les entreprises se refaire une santé, François Hollande décide d’augmenter fortement la pression fiscale .

    À l’époque, Macron est l’un des responsables de sa cellule économique puis devient son ministre des Finances, jusqu’au mois d’août 2016. Macron est naturellement considéré comme co-responsable de cette erreur contra-cyclique dont les conséquences vont se révéler funestes.

    Alors que l’économie mondiale repart sur les chapeaux de roues, le seul pays européen qui ne bénéficie pas de ce rebond est la France. Quelques chiffres donnent une idée de l’ampleur des dégâts : pendant le mandat de Hollande, la France voit son nombre de chômeurs s’accroître de +1,132 millions tandis que les Allemands et les Anglais en perdent respectivement -500 000 et -400 000. Le nombre d’emplois précaires augmente de 700 000 alors qu’il reste stable chez nos voisins. Les salaires reculent de -2,1 % par rapport à ceux de nos voisins.

    Quant à la dette publique, elle flambe de +4,1 % par rapport à la moyenne européenne. Appelons un chat un chat : ce bilan est une véritable débâcle sociale pour le pays.

    Un an et trois mois de révolte des Gilets jaunes

    Depuis qu’il est président, Macron aura soulevé la rue, les Gilets jaunes en l’occurrence, sur une durée record de 65 semaines, à raison d’un blocage des principaux centres urbains et de nombreux péages autoroutiers les samedis 1 , battant le triste record d’Alain Juppé.

    Déclenché par l’anachronique limitation à 80 km/h , perçue comme du racket pur et dur, puis renforcé par les hausses de taxes notamment sur les carburants, ce mouvement protestataire révèle à grande échelle un climat social terriblement dégradé.

    Car à la différence des grèves conduites par les syndicats d’extrême gauche arcboutés sur la défense pavlovienne des privilèges de certaines corporations de fonctionnaires, les Gilets jaunes sont issus de la vraie vie . Celle dans laquelle travailleurs du privé et petits entrepreneurs luttent tous les jours contre une pression fiscale de plus en plus confiscatoire . Celle dans laquelle les chômeurs et les laissés pour compte se débattent avec de moins en moins d’espoir.

    N’étant pas du bon côté, les Gilets jaunes n’auront bénéficié d’aucune pitié de la part d’un Macron qui leur répondra au contraire avec une brutalité inouïe. Une brutalité qui incitera Amnesty International à lancer une alerte pour « de nombreux cas de recours excessifs à la force » contre les manifestants (le 17/12/18). Une brutalité qui incitera également le Conseil de l’Europe à demander au gouvernement l’arrêt de l’utilisation des LBD (le 26/02/19).

    De multiples plaintes ont été déposées contre le gouvernement et la police à l’occasion de violences qui ont fait au total plusieurs centaines de blessés graves et pas moins de 8500 interpellations 2 .

    Incapable de calmer les émeutes, Macron les aura même exacerbées par des déclarations malheureuses, en particulier celle prononcée à l’arrivée du Tour de France : « on a commencé l’année avec les Gilets jaunes, on l’a finie avec le maillot jaune » 3 . Ainsi le président est-il devenu peu à peu l’une des motivations de l’insurrection, un grand nombre de Gilets jaunes réclamant désormais sa tête.

    À ce jour, alors qu’il est sur le point de se relancer maintenant que le confinement a pris fin, ce mouvement de révolte sociale particulièrement solide aura coûté la bagatelle de 2,5 milliards d’euros à la collectivité 4 . Un splendide échec à la fois humain, sociétal et économique.

    La non-réforme ruineuse de la SNCF

    Difficile de faire pire en matière de réforme du mastodonte SNCF , en se mettant à dos dès le départ les syndicats pour pratiquement rien en contrepartie, si ce n’est l’arrêt du recrutement sous statut de fonctionnaires. Ce qui s’apparente à une réforme, le changement de statut de l’entreprise, n’en est en fait que le degré zéro.

    Car strictement rien n’aura permis d’améliorer les méthodes de travail et l’efficience de la SNCF afin qu’elle soit capable d’affronter le marché concurrentiel exigé par la Communauté européenne. C’était pourtant l’objectif escompté…

    Rien que pour la SNCF elle-même, ces 36 jours de grève auront coûté 790 millions d’euros , sans compter les conséquences induites sur l’économie. Un nouveau ratage cinglant dont le pays, hélas, n’avait pas besoin.

    Une tumultueuse réforme des retraites

    La réforme des retraites fournit un autre exemple de la façon dont Macron chef d’État envisage le dialogue social. À force de débats particulièrement opaques et maladroits, le gouvernement Macron a fait l’unanimité contre lui, déclenchant ainsi d’interminables grèves (SNCF, RATP, Air France, trafic aérien, etc.) qui auront paralysé le pays pendant plus d’une quarantaine de jours.

    Au-delà de la rancœur qu’elle aura suscitée et que les citoyens ne sont pas prêts d’oublier, cette longue agonie de réforme qui s’achève momentanément sur un passage en force (49.3) et donc sans le moindre consensus, aura coûté plus de 15 milliards d’euros à l’économie hexagonale , en plus des respectivement 200 et 850 millions d’euros perdus pour la RATP et la SNCF.

    Saluons là aussi un magnifique échec à l’actif du président. Un échec qui risque de se prolonger lorsque la réforme, gelée pour cause de pandémie, reprendra son cours.

    Des résultats économiques constamment inférieurs à ceux de l’UE

    Après avoir totalement manqué le rebond économique post crise bancaire, la France du président Macron conforte des résultats systématiquement moins bons que ceux de l’UE (28 pays) en matière de croissance, de taux de chômage, de prélèvements obligatoires et, ô surprise, de dette publique.

    En matière de dette publique, on assiste même à une détérioration, cette même détérioration constatée avec Hollande et qui pose toujours la même question : où passe donc l’argent de l’accroissement de l’endettement s’il n’aide même pas à améliorer les principaux indicateurs économiques que sont les taux de croissance, de chômage et de prélèvements obligatoires ?

    En réalité, malgré des discours trompeurs et un flux ininterrompu de promesses, force est de constater que Macron a échoué sur le plan économique et ne fait que poursuivre , à un rythme simplement moins flagrant, le travail de sape de son prédécesseur.

    Une gestion paradoxale de la pandémie de covid-19

    Dernier ratage en date, il n’en demeure pas moins le plus sordide car il touche non seulement à l’économie du pays, mais à la santé des Français. Et de ce côté-là, le bilan humain est assez dramatique.

    Alors que le confinement a été levé, la population attend toujours l’indispensable campagne de dépistage et les dotations en masques de protection . Macron a imposé un confinement relayé par 100 000 policiers et l’obligation d’un formulaire de justification de déplacement digne d’une dictature. Mais il n’a pas brillé par les mesures de prévention, celles qui pouvaient éviter à la fois un nombre important de décès et un arrêt quasi généralisé de l’économie.

    Il suffisait pourtant de considérer la façon dont les pays asiatiques (en avance sur le cycle de la contagion) les plus performants s’y sont pris pour connaître les bonnes pratiques à observer : dépistage de masse , port de masque généralisé, toutes ces mesures de bon sens tellement efficaces qu’elles ont même parfois permis d’éviter le confinement de la population.

    Pire, la communication du président, de son ministre de l’Intérieur et de la porte-parole du gouvernement aura été à la fois paradoxale et dangereuse en ce qui concerne le port du masque. À tel point que le Premier ministre ainsi que l’ancienne puis le nouveau ministre de la Santé ont fait l’objet de plusieurs plaintes en justice notamment de la part d’un collectif de plus de 600 médecins. Les motifs évoqués dans ces recours, mensonges et mise en danger des personnes, sont révélateurs du niveau de défiance actuellement atteint vis-à-vis du gouvernement.

    La France se situe dans le top 7 mondial du nombre de décès par millions d’habitants. On compte à ce jour 5 27 425 morts du coronavirus, soit 420 morts par million d’habitants. Un chiffre 4,4 fois plus élevé que chez nos voisins allemands, pour ne citer qu’eux.

    Avec, en prime, la plus forte récession européenne, double conséquence du confinement non ciblé et de la très rapide et paradoxale incitation au chômage partiel 6 , ces deux mesures imposant une mise en rideau radicale et plus forte que nécessaire de l’économie du pays ! Un fiasco de plus.

    Les leçons à tirer pour nous citoyens

    On peut toujours espérer d’un peuple qu’il considère enfin les actes plutôt que les promesses, enfin les résultats plutôt que les discours. Le bilan est là, dans toute son âpreté. Il est essentiel qu’il soit connu de l’ensemble des citoyens…

    Sur le web

    1. Il semble d’ailleurs que la révolte sociale ne s’est interrompue que pour des raisons de pandémie et qu’elle reprendra dès qu’elle le pourra.
    2. Source France TV Infos 16/03/2019.
    3. Emmanuel Macron 25/07/19.
    4. Estimation du gouvernement (RTL 15/11/20).
    5. Worldometer 14/05/20.
    6. Le Figaro 04/05/20.
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      Quel sera le coût du confinement ?

      Étienne Chaumeton · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 8 May, 2020 - 03:35 · 9 minutes

    confinement

    Par Etienne Chaumeton.
    Un article de l’Iref-Europe

    Il y a 33 ans, le président américain Ronald Reagan interpellait Mikhaïl Gorbatchev devant le mur de Berlin pour lui demander de détruire ce mur. Deux ans plus tard, le socialisme semblait avoir définitivement perdu. Rien n’est moins sûr aujourd’hui.

    La crise sans précédent que nous connaissons dévaste l’économie dans des proportions jamais vues depuis la Seconde Guerre mondiale. Sans surprise, l’État prétend sauver la situation en faisant le choix d’un interventionnisme massif et plus important que jamais en temps de paix : décision administrative de fermer des commerces, fixation des prix, rationnement de certains produits, pression sur les dirigeants d’entreprises, intervention arbitraire dans des contrats de droit privé, décision à la place des assemblées générales d’entreprises de supprimer des dividendes, prise en charge de 10 millions de salariés au chômage partiel, soit environ la moitié des salariés du secteur privé…

    Après le confinement, la France en réanimation ?

    Alors que la France détient le triste record de la pression fiscale la plus importante du monde, six millions de fonctionnaires et assimilés et un endettement public qui dépasse les 100 % du PIB, nous constatons que, proportionnellement à sa population, elle fait partie des pays les plus impactés par le coronavirus.

    Un État très puissant et en déficit structurel depuis 45 ans n’était pas prêt à affronter cette pandémie. Les lits dans les hôpitaux manquent, ainsi que le personnel médical, les respirateurs et les masques alors que le stock public était de 1,4 milliard de pièces en 2012.

    En décidant de confiner strictement la population, le gouvernement français a porté un coût d’arrêt sévère à l’économie. Selon l’INSEE, pendant le confinement la perte d’activité pour le secteur marchand est de 41 %, et même 49 % en excluant les loyers. Rompant avec son vocabulaire habituel, sobre et administratif, l’INSEE a comparé l’économie française à « un organisme placé sous anesthésie [qui] n’assure plus que ses fonctions vitales » .

    Le coût de ce confinement pour les finances publiques n’est pas encore chiffrable, mais devrait se compter en centaines de milliards d’euros, répartis notamment entre des manques à gagner fiscaux, des crédits d’impôt, des abandons de créances, des prêts aux entreprises, des aides publiques aux ménages ou aux associations ou encore des prestations sociales, comme la prise en charge du chômage partiel.

    Toutes ces dépenses n’ont été ni budgétées, ni provisionnées et viennent s’ajouter aux 2400 milliards d’euros de dette publique que portait déjà la France avant le confinement.

    Le prix d’une vie sauvée, le prix du confinement

    Cet arrêt brutal de l’économie nous conduit à nous interroger : le remède n’est-il pas pire que le mal ?

    Fin avril, le bilan officiel annonce plus de 22 000 morts du coronavirus. Selon une étude épidémiologique de trois chercheurs de l’EHESP et du CHU de Rouen, 61 739 décès auraient été évités en un mois. En admettant que sur l’ensemble du confinement ce chiffre puisse être porté à 100 000, à quel prix cela s’est-il fait ? Si le coût de la crise s’élève à 200 milliards d’euros pour l’État, cela revient à deux millions d’euros par vie sauvée.

    Sans négliger aucunement la valeur de toute vie humaine, rappelons que l’âge médian des personnes décédées du coronavirus est de 84 ans. 75 % ont plus de 75 ans et 38 % meurent en EHPAD. Par ailleurs une très grande partie des personnes décédées présentaient des causes de comorbidité (problèmes cardiaques, problèmes respiratoires, obésité, diabète…).

    Les 22 000 morts du coronavirus sont ceux que l’on voit, mais le confinement et la crise économique qu’elle engendre causent également des décès que l’on ne voit pas, liés entre autres à des rendez-vous médicaux annulés, des opérations chirurgicales reportées, des détections de maladies qui seront retardées, des recherches sur des traitements médicaux qui prennent du retard ou qui seront interrompues faute de ressources, une dégradation de l’hygiène de vie, l’anxiété et les risques associés pour les personnes licenciées ou ne pouvant pas entrer sur le marché du travail faute d’opportunité, des suicides…

    Tous ces décès indirects ne seront évidemment jamais comptabilisés dans les statistiques officielles. Il n’est pas possible de savoir si le nombre de morts « épargnées » est supérieur au nombre de morts causées par le confinement.

    Une chose est certaine cependant, les personnes temporairement sauvées sont en immense majorité des personnes âgées. Ce ne sont pas elles qui devront payer la facture, pendant de longues années.

    Choisir entre la peste, le choléra et… les réformes

    Quel que soit le montant exact du coût de la crise pour les finances publiques, comment sera-t-il assumé ? Comment la répartition des richesses va-t-elle s’opérer ?
    Trois options semblent possibles.

    La moins vraisemblable serait un défaut sur la dette, ce qu’a fait le Liban le 9 mars dernier, en n’honorant pas une dette de 1,2 milliard de dollars. Le Premier ministre, Hassan Diab, a renoncé à payer les créanciers, constatant que des Libanais étaient « dans l’incapacité de subsister et de répondre à leurs besoins les plus élémentaires ».

    Le président Macron s’est prononcé pour l’ annulation de la dette des pays africains . Faire défaut sur une dette est une humiliation pour un État. C’est également une rupture de contrat, qui remet en cause un fondement de l’économie de marché. Étant donné les circonstances actuelles, la France n’est pas le seul État confronté à une dette publique. Une faillite individuelle de l’État français ne semble pas le scénario le plus crédible.

    L’option apparemment la plus logique serait une augmentation de la fiscalité, pour rembourser les dettes. Seulement, avant la crise du coronavirus, la dette publique dépassait déjà 100 % du PIB. Dans ce cas de figure, elle ne peut être remboursée que si le taux de croissance de l’économie est supérieur au taux d’intérêt de la dette.

    Or cette crise fait simultanément baisser le PIB et augmenter la dette publique, le taux d’endettement va donc exploser. La France va se trouver dans le cas de l’Italie, avec un taux d’intérêt sur la dette supérieur au taux de croissance, enfermant le pays dans le cercle vicieux d’un endettement toujours plus important. Toute la valeur ajoutée créée ne suffisant même pas à payer les intérêts, une partie croissante de la richesse passe sous contrôle des créanciers.

    Augmenter la fiscalité, bien que ce soit une pratique fréquente pour nos dirigeants, ne semble pas une option possible, car la France a certainement dépassé « l’optimum de Laffer », si bien qu’une augmentation des impôts ne ferait que diminuer les recettes fiscales et aggraver la situation.

    La solution la plus probable, la plus facile à assumer politiquement et en apparence la moins dommageable pour l’économie, serait de recourir à la création monétaire . Les banques centrales, à l’exemple de la banque centrale américaine, se sont déjà engagées à créer ex nihilo des centaines, voire des milliers de milliards, pour acheter les dettes publiques de leurs Etats.

    Une création monétaire considérable, conjuguée à une diminution des biens et services disponibles, parce que, la production ayant chuté, les prix vont fortement augmenter. L’inflation permet aux responsables politiques de ne pas perdre la face en déclarant leur pays en faillite.

    L’inflation est politiquement plus facile à assumer que l’augmentation des impôts, nécessairement impopulaires, surtout dans un pays comme la France où 46 % de la richesse créée est accaparée par des prélèvements obligatoires. L’inflation provoquée par les banques centrales peut paraître plus douce qu’un nouvel impôt, il ne s’agit pourtant ni plus ni moins que d’un vol de pouvoir d’achat pour tous les détenteurs de cette monnaie. L’inflation va léser les ménages dont l’épargne a un rendement inférieur au taux d’inflation, notamment l’assurance vie.

    Elle bénéficiera par ailleurs aux ménages et entreprises endettés, ainsi qu’à l’État, qui verront le coût de leur dette allégé. L’inflation, comme la fiscalité, opère une redistribution des richesses. Heureusement les épargnants ont aujourd’hui des moyens de se protéger contre la spoliation liée à l’inflation, en investissant dans des cryptomonnaies, des métaux précieux, des matières premières ou dans l’immobilier.

    Les finances publiques, ainsi que la légitimité du gouvernement vont ressortir exsangues de l’épreuve. Qu’il nous soit permis d’espérer que de cette crise donnera néanmoins quelques bons fruits, que le gouvernement ne se contentera pas de naviguer à vue mais réalisera, de gré ou par la contrainte des faits, des réformes dont la France a besoin depuis des années et dont elle se meurt à petit feu de ne pas les voir se réaliser.

    Une to-do list pour la France

    Osons esquisser ici une brève énumération des réformes à engager :
    • Mettre fin au cours légal et forcé de l’euro, en laissant une liberté monétaire aux entrepreneurs et aux citoyens.
    • Faire basculer la fiscalité sur la consommation, en supprimant la fiscalité du capital et des revenus.
    • Proposer aux actifs qui le souhaitent de basculer progressivement vers un système de retraite par capitalisation .
    • Ouvrir l’assurance maladie à la concurrence .
    • Privatiser les activités qui ne sont pas liées à la sécurité nationale du pays : enseignement, transport ferroviaire, services postaux ou gestion des aéroports…
    • Introduction d’ un chèque éducation et du libre choix des écoles pour les familles.
    • Sélection à l’entrée des universités .
    • Vente des logements HLM à leurs locataires .
    • Suppression des 35 heures.
    • Suppression du salaire minimum .
    • Réforme du Code du travail .
    • Suppression du statut de fonctionnaire pour tous les agents qui n’exercent pas une activité régalienne.

    La liste n’est évidemment pas exhaustive.

    Monsieur Macron « Laissez-nous faire ! Laisser-nous entreprendre ! » La France vous en sera reconnaissante et vous pourrez dire que nous avons gagné la guerre.

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