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      Krieg und Diplomatie

      Gerhard · Sunday, 31 March - 21:22 · 1 minute

    Schon seit Beginn unterstützt der Westen die Ukraine nur militärisch. Es wird nur darüber geredet, wie man die Ukraine militärisch unterstützen kann. Anfangs las und hörte man noch von diplomatischen Bemühungen, aber das ist lange her. Mittlerweile werden wir von den Parteien und Medien nur noch auf die Fortsetzung des Ukraine-Krieges eingeschworen. Diplomatie - was ist das? Und Selenskyj stellt sich nur hin und schreit Mehr Waffen - mehr Waffen - mehr Waffen!

    Es gibt bestimmt auch die ein oder andere diplomatische Bemühung. Doch warum wird darüber nicht genau so oft berichtet wie über die Bemühungen der militärischen Kreise? Dann würden ja die "Argumente" für die weitere Militarisierung unserer Gesellschaft entfallen - ich sage nur "Militär an den Schulen" - offener kann die Politik sich nicht gegen den Frieden stellen. Das Thema Frieden müsste und muss ein Hauptfach an unseren Schulen werden!

    Und auch der ständig aktive Kampf gegen die rechtsextreme AfD gehört unmittelbar vor Ort dazu. Auch wenn wir noch in äußerem Frieden leben, der Ukraine-Krieg hat bewiesen, wie schnell sich das ändern kann.

    Vergessen wir auch eins nicht: Das Ende des Ukraine-Krieges würde noch keinen Frieden schaffen, sondern erst einmal nur einen Waffenstillstand. Ein belastbarer Frieden ist jahrelange Arbeit. Und diese Arbeit darf nicht erst nach einem Waffenstillstand beginnen, sondern muss im Heute vorbereitet werden!

    #gerhardsgedankenbuch #krieg #diplomatie #afd #noafd #militarisierung #frieden #schulen #gesellschaft #waffenstillstand

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      Le blanc-seing des grandes puissances à l’Azerbaïdjan

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Tuesday, 9 January - 17:12 · 11 minutes

    Le conflit ukrainien aura-t-il raison du Haut-Karabagh, cette enclave arménophone en Azerbaïdjan qui réclame l’indépendance ? Depuis quelques mois, les visées expansionnistes du chef d’État azéri Ilham Aliev sont arrivées à leur terme. Le Haut-Karabagh est occupé, et ses habitants sont privés du corridor qui les reliaient à l’Arménie. Avec le soutien implicite de l’Union européenne et des États-Unis, mais aussi – fait nouveau – de la Russie. Le gouvernement arménien avait en effet tenté de se rapprocher du bloc occidental ces derniers mois ; sans succès, mais suffisamment pour s’aliéner les bonnes grâces de la Russie. Quant à Emmanuel Macron, qui critique régulièrement le chef d’État azéri, il a décrété suite à l’annexion du Haut-Karabagh que « l’heure n’était pas aux sanctions »…

    Pour comprendre le Haut-Karabagh, cette enclave arménophone en Azerbaïdjan, il faut remonter à l’année 1923. Et à la volonté du pouvoir soviétique, représenté par Joseph Staline, d’anéantir l’autonomie décisionnelle des autorités d’Azerbaïdjan et d’Arménie. Pour ce faire, de nouvelles frontières ont été tracées, faisant volontairement fi des facteurs ethniques et linguistiques. Le pouvoir soviétique a parié sur une dilution des sentiments nationalistes, afin de forcer l’identification à l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).

    Les enclaves léguées par le pouvoir soviétique suite aux réformes territoriales de 1923. Le Haut-Karabagh, majoritairement arménophone (à 56.5%) est laissé à l’Azerbaïdjan, tandis que le Syunik, majoritairement peuplé d’Azéris (à 51,6%) est maintenu au sein de l’Arménie. Le Nakhitchevan, peuplé à 70,5% d’Azéris contre 27,5% d’Arméniens, est confié à l’Azerbaïdjan mais séparé de la plus grande partie de son territoire. © Marie Pérez pour LVSL

    C’est ainsi que le Haut-Karabagh, peuplé à plus de 90 % d’Arméniens, est intégré comme oblast au sein de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Si celle-ci se voit confier la région majoritairement azérie du Nakhitchevan, conformément à ses voeux, on lui refuse celle du Syunik, à l’Est, pourtant azérie elle aussi . Le Nakhitchevan se retrouve ainsi enclavé en Arménie, tout comme le Haut-Karabagh en Azerbaïdjan. C’est en vertu de la même logique que l’Ossétie est scindée en une entité russe et une autre géorgienne.

    Implosion de l’URSS et réveil nationaliste

    Auparavant, Arméniens et Azéris s’étaient proclamés indépendants en 1918, et de nombreux États les avaient reconnus comme tels, malgré les conflits qui demeuraient quant à leurs frontières. Pendant les années qui ont précédé l’invasion de l’Armée rouge dans le Caucase, les Arméniens et Azéris s’étaient livrés à de violents combats dans Haut-Karabagh.

    Le mastodonte gazier SOCAR, qui accueille des capitaux du monde entier, permet le réveil militaire de l’Azerbaïdjan. Celle-ci peut rapidement écouler ses hydrocarbures vers les pays riches

    Les Arméniens, déjà victime du génocide auquel participèrent de nombreux Azéris, eurent à essuyer de nouveaux massacres, notamment dans le Karabagh (jusqu’à 20,000 civils assassinés à Chouchi en 1920). À Bakou, c’est sous l’autorité des communistes russes et avec la participation active de la Fédération révolutionnaire arménienne que des milliers de musulmans sont massacrés pour endiguer les aspirations à l’autodétermination de 1918.

    Avec la chute de l’URSS, les sentiments nationalistes, que les autorités soviétiques avaient tenté d’éteindre, se réveillent. Rapidement, des pogroms arménophobes sont perpétrés dans les faubourgs de Bakou ; en réaction, les Arméniens de l’ oblast du Haut-Karabagh décident de s’auto-proclamer indépendant par le biais d’un referendum. Le pouvoir azéri envoie l’armée ; les craintes d’un nettoyage ethnique se propagent.

    Mais la supériorité militaire du Haut-Karabagh, soutenu par l’Arménie, a raison des armées azéries. Une fois cette victoire remportée, les troupes arméniennes se lancent à leur tour dans une guerre d’annexion à l’égard des districts azéris qui entourent le Haut-Karabagh. Sur les routes de l’exil, des centaines de milliers de civils azéris viennent alors rejoindre le cortège de réfugiés arméniens qui avaient dû fuir l’Azerbaïdjan… Le pouvoir de Bakou est contraint à la signature d’un accord de cessez-le-feu.

    Le chef d’État azéri Heydar Aliev, connu pour son incitation aux pogroms arménophobes durant la période soviétique, n’était pourtant pas homme à se laisser défaire. Les années suivantes, il met en place une politique économique visant à créer les conditions de la reprise en main de l’ensemble des territoires convoités. Le mastodonte gazier SOCAR, dirigé par son fils Ilham Aliev, accueille des capitaux du monde entier. Prospère, l’industrie est rapidement capable d’exporter des hydrocarbures vers les pays riches – tout en laissant une grande partie de la population locale dans le marasme économique.

    À l’assaut du Haut-Karabagh

    Cette politique énergétique permet au pays de connaître un réarmement fulgurant. Les dépenses militaires du pays explosent, et des armes notamment israéliennes et turques fournissent à l’armée azérie une technologie de pointe.

    C’est ainsi que l’on comprend les succès militaires fulgurants de l’Azerbaïdjan lors de la période récente. Lorsque la guerre commence au Haut-Karabagh en septembre 2020, il n’a fallu que quelques semaines à Bakou pour sceller le sort des Arméniens.

    Le conflit ukrainien allait générer un rapprochement mécanique du camp occidental avec l’Azerbaïdjan, tandis que les sanctions contre le gaz russe allaient encore isoler l’Arménie

    L’accord signé le 10 novembre entraîne le retrait de l’armée arménienne. Il permet le maintien d’une certaine continuité territoriale entre le territoire du Haut-Karabagh et l’Arménie grâce au corridor de Latchine (qui traverse l’Azerbaïdjan sur près de 65 kilomètres jusqu’en Arménie), surveillé par des forces russes.

    L’invasion de l’Ukraine par la Russie devait fragiliser ce statu quo, et affaiblit par ricochet la situation des Arméniens du Haut-Karabagh. L’aide massive apportée par les Occidentaux à l’Ukraine n’est pas sans conséquence sur la géopolitique locale : celle-ci est une allié de l’Azerbaïdjan, membre comme lui du GUAM (Organisation pour la démocratie et le développement, le sigle renvoyant à ses États-membres). Ses quatre membres, la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Moldavie ont pour point commun d’avoir perdu le contrôle de leur territoire suite à des mouvements séparatistes hérités de l’époque soviétique ; de regarder avec méfiance les visées régionales russes ; et de vouloir se rapprocher des institutions occidentales, Union européenne et OTAN en tête.

    Outre ce rapprochement mécanique du camp occidental avec l’Azerbaïdjan, les sanctions à l’égard du gaz russe allaient encore isoler l’Arménie. Un accord énergétique est conclus entre Ilham Aliev et la Commission européenne, dirigée par Ursula Von der Leyen, dès août 2022. Ironiquement, de nombreux observateurs constataient alors que l’Azerbaïdjan n’avait pas la capacité d’honorer le montant de ses commandes, et devrait se tourner vers… Gazprom. Ce tour de passe-passe permettait à la Russie d’exporter son gaz vers l’Union européenne, permettant au passage à SOCAR, en situation d’intermédiaire, d’empocher une confortable commission.

    Ayant lié la stabilité énergétique de l’Union européenne à l’Azerbaïdjan, Bakou n’avait plus qu’à préparer l’assaut final sur le Haut-Karabagh. Et à multiplier les opérations de lobbying à l’international et les déclarations emphatiques à la presse étrangère déclarant vouloir la paix avec Erevan. En Azerbaïdjan même, l’atmosphère était toute autre.

    La victoire militaire sur l’Arménie n’avait aucunement apaisé le climat arménophobe qui prédominait. Les appels publics à la haine continuaient de s’épanouir : « j’avais dit que l’on chasserait les Arméniens de nos terres comme des chiens », avait ainsi déclaré Ilham Aliev. Un temps, la capitale azérie contenait un « musée de la victoire » dans lequel des statuettes d’Arméniens vaincus étaient représentés avec des visages déformés, en fonction de stéréotypes qui évoquaient de manière troublante un tout autre imaginaire.

    Moscou, en violation de ses engagements, a entériné l’invasion du Haut-Karabagh par Bakou. Espérait-elle fragiliser ainsi le pouvoir arménien, qui manifestait sa volonté de se libérer de l’orbite russe ?

    Radicalisation de Bakou, trahison de Moscou

    De toutes les déclarations, ce sont sans doute les appels au retour des Azéris dans le Sud de l’Arménie qu’il faut retenir. Il semble de plus en plus évident que l’armée azerbaïdjanaise ne s’arrêtera pas à la frontière, mais que Bakou poussera tôt ou tard l’aventure militaire jusque dans les frontières actuelles de l’Arménie. En agissant de la sorte, l’État azéri pourrait établir la continuité territoriale entre la République autonome du Nakhichevan et l’actuelle Azerbaïdjan. Une telle configuration ouvrirait la voie à de nouvelles routes énergétiques vers l’Europe, et faciliterait le projet turc d’expansion vers l’Asie.

    En décembre 2022, l’assaut était lancé. Organisant une opération sous faux drapeaux, Bakou avait mobilisé de supposés manifestants écologistes (prétextant le non-respect de normes azéries dans une mine du Haut-Karabagh) pour bloquer le corridor de Latchine. En quelques jours, les pions du chef d’État azéri sont démasqués par de nombreux internautes … mais il n’en faut pas davantage pour remplacer les faux militants par de vrais soldats azéris.

    Dès lors, ceux-ci décident de fermer progressivement la seule route qui liait encore l’Arménie au monde extérieur. En violation ouverte de l’article 6 de l’accord signé avec l’Arménie , qui dispose que « La république d’Azerbaïdjan garantit la sécurité de la circulation des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens le long du couloir de Latchine ».

    Peu à peu, de jour en jour, le destin déjà fragile de cette population se couvre de brume. Sans nourriture, sans médicaments, subissant de nombreuses coupures de gaz et électricité, Bakou lance son opération finale quelques jours après les échanges musclés entre Erevan et Moscou à la suite d’exercices militaires entre l’Arménie et les États-Unis. À l’évidence, la Russie, en violation de ses engagements, a approuvé l’opération actuelle. Espérait-elle fragiliser ainsi le pouvoir arménien, qui manifestait sa volonté de se libérer de l’orbite russe et de se rapprocher de l’Union européenne et des États-Unis ?

    L’avantage militaire et stratégique de l’Azerbaïdjan est conséquent. Il peut notamment compter sur le soutien de la Turquie. Toute incursion azérie dans le territoire actuel de l’Arménie provoquerait cependant immanquablement l’entrée en guerre de l’Iran, qui a annoncé qu’il n’acceptera aucun changement de frontières dans la région susceptible de provoquer la fermeture des routes terrestres entre la Russie et l’Iran. La Russie elle-même serait alors incitée à soutenir l’axe Erevan-Téhéran contre l’alliance Bakou-Ankara ; mais sa focalisation sur le front ukrainien limiterait sa capacité d’action.

    Les Arméniens se retrouvent, une nouvelle fois, dans une situation d’extrême fragilité. Encerclés par des régimes hostiles, alliée indocile d’une Russie qui se révèle erratique, les Arméniens ne peuvent compter sur aucun soutien occidental. L’appui de facto de l’Union européenne et de l’OTAN à Bakou s’est révélé constant.

    La création de l’enclave arménienne en Azerbaïdjan en 1923 découle d’une décision soviétique visant à affaiblir le pouvoir central de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. L’offensive lancée le 19 septembre par Bakou a entraîné le départ des derniers Arméniens sous le regard des forces russes. L’incapacité de la République d’Arménie à défendre sa population s’explique par divers facteurs, dont le soutien de l’Union européenne et des États-Unis à la GUAM (Organisation pour la démocratie et le développement), dont font partie l’Azerbaïdjan et l’Ukraine.

    À plusieurs reprises, Emmanuel Macron s’était démarqué de ses homologues en critiquant les menées annexionniste d’Ilham Aliev . Dernièrement, il a pourtant entériné l’invasion du Haut-Karabagh . « L’heure n’est pas aux sanctions » contre l’Azerbaïdjan, a-t-il décrété, alors que celles qui frappent la Russie sont toujours actives. Il a ainsi rejoint la position, plus consensuelle, de la majorité des membres de l’Union européenne et des États-Unis. Et rallié l’indignation borgne de la diplomatie occidentale, qui risque de creuser plus encore le gouffre entre l’OTAN et le reste du monde sur la question palestinienne ….

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      Australie-Pacifique : le poulet sans tête de la stratégie française

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 6 December, 2022 - 04:00 · 7 minutes

    Par Eric Descheemaeker.
    Un article de Conflits

    Un an après le référendum en Nouvelle-Calédonie, le Pacifique et l’espace océanien sont toujours des impensés de la stratégie française. Aucune vision, aucune analyse pour penser une projection française dans cette zone pourtant essentielle.

    La Revue stratégique de défense et de sécurité nationale de 2017 nous avait annoncé, non sans quelque triomphalisme, que la France « développ[ait] avec l’ Australie un partenariat structurant et de longue durée », tandis qu’« avec l’Inde, la France a[vait] noué un partenariat stratégique majeur » (§§211-212). Un an plus tard, cela nous donnait l’axe Paris-New Delhi-Canberra du président de la République, « axe indopacifique nouveau » censé « se prolonge[r] de Papeete à Nouméa » (discours de Garden Island et Nouméa, mai 2018).

    Une matrice effondrée

    Quatre ans plus tard, la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale n’a guère eu d’autre choix que de constater que cette « matrice de notre stratégie indopacifique » s’était « effondré[e] » (rapport d’information n o 5041 sur « l’espace indopacifique : enjeux et stratégie pour la France », février 2022, pp. 69, 90). En réalité, elle n’avait jamais existé que dans l’esprit de M. Macron, dont la « pensée complexe » avait relié d’un trait la France aux deux plus grands clients de son industrie d’armement dans les océans Indien et Pacifique.

    Clients d’alors puisque, comme chacun sait, l’Australie a rompu en septembre 2021 le « contrat du siècle » avec Naval Group pour forger une alliance militaire (de plus) avec les États-Unis et le Royaume-Uni. MM. Macron et Le Drian, M me Parly, se sont alors rendu compte, penauds, que l’Australie n’était pas notre alliée, le nouveau best friend forever (BFF) qu’on s’était imaginé à Paris.

    J’aurais pu le leur dire – comme je peux aussi leur dire, avant qu’elle ne dénonce son contrat à elle, que l’Inde n’est pas non plus notre « BFF ». Pas plus d’ailleurs que l’Indonésie, dont la France semble avoir soudainement découvert l’existence : lui ayant vendu des Rafale, elle voudrait en faire sa nouvelle Australie (rapport précité, pp. 10, 100). Il suffisait de connaître un peu l’Australie pour savoir que les Australiens n’étaient ni nos amis ni nos alliés ; comme il suffisait d’ailleurs de lire la presse australienne pour savoir que le contrat des sous-marins, dont la conclusion avait dû beaucoup aux aléas électoraux antipodéens (et qui ne correspondait pas aux besoins de défense de Canberra), allait être remis en cause tôt ou tard. Mais y a-t-il quelqu’un à Paris qui lise même la presse australienne ?

    Naufrage de la pensée stratégique

    Ce à quoi nous assistons en Australie et dans le Pacifique c’est au naufrage de la pensée stratégique de la France. Notre pays confond amitié et vente d’armes, alliances (véritables) et « partenariats stratégiques » ne valant guère que le papier sur lequel ils sont écrits.

    Il ne connaît rien, ou presque, à une région où lui-même n’est d’ailleurs ni connu ni plus guère respecté. Les récents référendums en Nouvelle-Calédonie (2018, 2020, 2021) ont démontré que ni nos gouvernants ni nos concitoyens ne s’intéressaient à ces morceaux de la France vivant à l’heure Pacifique, pas plus qu’ils ne les comprenaient ou plus fondamentalement ne les aimaient. Nos diplomates tournent à une vitesse affolante, comme si les régions du monde étaient interchangeables et que les connaître, les comprendre – établir ces réseaux, ces rapports humains sans lesquels il est impossible de construire quoi que ce soit de durable – était sans importance.

    Les compétences linguistiques de nos élites civiles ou militaires nous ridiculisent et nous empêchent d’agir. À l’École spéciale militaire, où je m’occupe régulièrement d’officiers-élèves partant en semestre international, j’ai essayé d’en envoyer – enfin ! – un ou deux en Indonésie, pays du monde sans doute le plus sous-étudié au regard de son importance stratégique (principale puissance d’une Asie du Sud-Est qui compte aujourd’hui 600 millions d’habitants à la confluence de l’Inde et de la Chine) : même cela, apparemment, est trop compliqué pour une armée qui dans le même temps nous explique sans ciller qu’elle ambitionne de former ses officiers, no less , à « affronter demain ce qui n’a jamais été ».

    Ces mêmes élites militaires ou civiles viendront ensuite se lamenter que notre pays soit déclassé sur la scène internationale. Comment pourrait-il en être autrement quand il navigue ainsi à vue (qu’il court, dirait-on en anglais, comme un poulet sans tête) ? Dans le Pacifique, où nous avons failli perdre l’une de nos plus belles provinces dans une indifférence quasi-absolue, où nous avons été « poignardés dans le dos » par notre best friend forever australien, où en juillet 2021 la Marine nationale n’avait plus un seul bâtiment disponible à Nouméa, nous récoltons les fruits de nos propres fautes.

    Sous-investissement dans la sécurité

    Nous n’avons pas été capables d’investir dans notre propre sécurité, que nous avons cru pouvoir délocaliser à Washington, à Bruxelles ou dans des partenariats diluant toute responsabilité. Notre tant vantée « remontée en puissance » s’est pour l’instant traduite, dans la région australo-pacifique, par l’arrivée d’ici quelques mois d’ un patrouilleur d’outre-mer à Nouméa (pour donner un ordre de grandeur, le temps que soit construit l’ Auguste Bénébig , la Chine avait mis à l’eau l’équivalent du tonnage entier de la Marine française). Nous n’avons pas su essayer de connaître, de comprendre, d’aimer ces pays. Tant que nous resterons enfermés dans notre ignorance teintée d’arrogance rien ne sera possible : nous continuerons notre lent déclassement, le saupoudrant à intervalles périodiques de mots qui sonnent bien et de vœux pieux. (Loin de battre sa coulpe, M. Macron a ainsi osé affirmer, six mois après l’humiliation planétaire infligée par M. Morrison, que « nos partenariats avec les pays de la zone [avaient] atteint un niveau de coopération inédit » (ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, La stratégie de la France dans l’Indopacifique , m.à.j. février 2022, p. 4).)

    Travaillons, évidemment, avec tous les autres pays du Pacifique – y compris l’Australie, qui n’est certes pas une alliée ou une amie, mais demeure bien sûr un pays important de la région. Vendons, pourquoi pas, des armes à ceux qui souhaiteraient nous en acheter, y compris Canberra le cas échéant. Mais si nous voulons cesser de décliner, si nous voulons avoir une véritable stratégie australo-pacifique, il nous faudra remettre une tête sur le coq gaulois. Il nous faudra comprendre à nouveau (re-saisir) qui nous sommes – ce que cela veut dire d’être français à 17 000 km de Paris ; quel lien réel nous avons avec l’Australie (qui, en France, connaît Saint-Aloüarn, Baudin ou l’histoire des blackbirders ?). Et de là, comprendre où nous voulons aller. Que veut la France dans le Pacifique : quelle est notre ambition en tant que communauté politique ; comment faire rayonner le fait français dans cette partie du monde ?

    Absence de moyens militaires

    Comment espérer répondre à ces questions si on ne se les pose même pas ?

    Tant que nos « stratégies » ministérielles consisteront à enchaîner des lieux communs n’ayant rien de français (ni d’ailleurs d’australo- ou indopacifique) – « s’impliquer » dans « le règlement des crises » et « les organisations régionales », « lutter » contre « le changement climatique » et « le terrorisme », sans oublier bien sûr de « renforcer [l]a diplomatie publique à l’égard des jeunes » (toujours, il va sans dire, dans « le dialogue » et en impliquant « nos partenaires européens » : ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Stratégie française en Asie-Océanie à l’horizon 2030 : vers un espace asiatique indopacifique inclusif , 2019, pp. 1-7) – le déclassement continuera. Inéluctablement.

    Nous n’avons aujourd’hui quasiment plus de moyens militaires ; nous n’avons pas d’alliés dans la région ; nous ne savons pas même ce que nous voulons. Nous naviguons à vue de crise en crise, sortant de chacune un peu plus affaiblis encore. Le point de départ d’une stratégie véritable pour la « France Pacifique » serait de se rendre compte que nous sommes seuls à défendre nos intérêts ; pour cela, qu’il nous faut non seulement les moyens de défendre ces intérêts, mais, avant tout, l’intelligence de comprendre ce qu’ils sont : par-delà les poncifs sur papier glacé, qui ne vont plus pouvoir faire illusion bien longtemps.

    Sur le web

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      RFI et France 24 refusent d’être des agents de la «guerre informationnelle»

      news.movim.eu / Mediapart · Saturday, 10 September, 2022 - 09:23


    Emmanuel Macron a exhorté les diplomates français à «mieux utiliser» RFI et France 24 face aux «narratifs» russe, chinois ou turc. Une déclaration qui a suscité émoi et colère au sein des rédactions, où l’on se bat depuis des mois pour casser l’image de médias au service du pouvoir français.
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      Prolifération nucléaire: la Russie met en échec l’ONU sur fond de guerre en Ukraine

      news.movim.eu / Mediapart · Sunday, 28 August, 2022 - 17:22


    La 10e conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires s’est achevée sur un échec. La Russie a bloqué l’adoption du texte final, sur fond de tensions autour de la centrale de Zaporijia en Ukraine. Le comportement des autres États dotés d’un arsenal nucléaire n’est cependant pas exemplaire.
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      Une visite de Macron en Afrique sous l'ombre de la Russie

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 25 July, 2022 - 05:01 · 5 minutes

    Emmanuel Macron, ici le 30 juin 2022, se rend en Afrique le 25 juillet 2022 pour une visite de quatre jours sur fond de guerre en Ukraine. Emmanuel Macron, ici le 30 juin 2022, se rend en Afrique le 25 juillet 2022 pour une visite de quatre jours sur fond de guerre en Ukraine.

    DIPLOMATIE - La priorité des priorités pour le chef de l’État? Trois mois après sa réélection, et un mois après la fin de la PFUE, Emmanuel Macron retourne pour quatre jours en Afrique , l’une de ses priorités diplomatiques.

    Il se rendra, pour la première fois, au Cameroun, poids lourd de l’Afrique centrale, au Bénin, confronté aux défis sécuritaires du Sahel, et en Guinée-Bissau. Le président délaisse ainsi l’ancien pré-carré français d’Afrique centrale dont le Gabon et la RDC qui, parallèlement, ont développé leurs relations politiques et économiques avec d’autres puissances comme la Chine, la Russie ou l’Allemagne.

    Ce déplacement de quatre jours permettra au président de réaffirmer son “engagement dans la démarche de renouvellement de la relation de la France avec le continent africain” , explique l’Élysée. Les enjeux seront divers. Au Cameroun, il y sera, entre autres, question de l’État de droit alors que Paul Biya est critiqué par la communauté internationale. Quant au Bénin, Emmanuel Macron devrait notamment y aborder la restitution d’œuvres d’art par la France l’an dernier.

    Mais pour le président, ce voyage c’est aussi “rénover” ses partenariats militaires sur le continent pour se maintenir dans la compétition stratégique exacerbée qui s’y joue entre puissances, Moscou en tête. Le chef de la diplomatie russe Sergeï Lavrov se trouvait d’ailleurs lui-même en Afrique ce dimanche.

    Crise alimentaire et influence militaire

    De fait, la guerre en Ukraine et la Russie planeront indéniablement autour de ce déplacement. Tout d’abord dans le contexte de la crise alimentaire , alors que Kiev et Moscou ont signé des accords parallèles sur l’exportation du blé cette semaine. Lesquels ont été immédiatement entachés de frappes russes sur le port d’Odessa.

    À ce titre, Emmanuel Macron devrait aborder entre autres l’initiative Farm lancée en mars avec l’Union européenne et l’Union africaine pour accroître la production agricole. La France compte soutenir des projets au Cameroun, qui dispose de nombreux atouts dans ce secteur.

    Mais, à Yaoundé où menace Boko Haram, et face à un Paul Biya avec qui les relations ont été tendues ces derniers mois, il sera aussi question de l’influence militaire croissante de Moscou.

    “Le président camerounais Paul Biya a envoyé, en plein conflit en Ukraine, son ministre de la Défense à Moscou signer un accord militaire de défense avec la Russie. Je pense que ça a dû faire énormément réagir à Paris. D’ailleurs, je crois qu’à l’époque le responsable Afrique du Quai d’Orsay Christophe Bigot s’était rendu à Yaoundé pour savoir ce qu’il se passait”, rappelle pour TV5 Monde , Antoine Glaser, spécialiste des rapports entre la France et les pays d’Afrique francophone.

    La présence tous azimuts de Wagner

    Enfin, c’est aussi via la situation au Sahel, région frontalière du Bénin et de la Guinée-Bissau, que Moscou pourrait s’inviter dans les discussions. Au cœur des enjeux: la présence du groupe Wagner , et ce, alors qu’Emmanuel Macron a fait part de sa volonté de “repenser d’ici à l’automne l’ensemble (des dispositifs militaires de la France) sur le continent africain”.

    Poussée hors du Mali par la junte au pouvoir depuis 2020, qui travaille désormais -même si elle s’en défend- avec le sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner, l’armée française sera partie du pays à la fin de l’été, après neuf ans de lutte antijihadiste. Sa présence au Sahel sera divisée par deux, à moins de 2.500 militaires, et va muteri vers des “dispositifs moins posés et moins exposés”, selon les termes d’Emmanuel Macron, afin notamment d’éviter de prêter le flanc à un sentiment anti-français très inflammable.

    Mais la France n’entend pas renoncer à la lutte contre les jihadistes affiliés à Al-Qaïda et Daech. L’enjeu est fondamental: Paris entend éviter le déclassement stratégique face à ses adversaires.

    “Les Russes ont une vraie priorité opérationnelle de s’opposer aux Français dans le champ informationnel en Afrique. Ils exercent une forte pression pour essayer de nous chasser (via) les réseaux sociaux, par le biais de Wagner”, résume un général français à l’AFP.

    Les mercenaires de Wagner sont déjà implantés en Centrafrique et au Mali , avec une offre de service claire: sécurité anti-coup d’État et assistance juridique pour maintenir le régime au pouvoir, en échange de l’exploitation des ressources minières, soulignent à l’AFP des sources concordantes.

    Pas anodin alors que le président guinéen Umaro Sissoco Embalo s’apprête à prendre la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en première ligne face à la junte malienne.

    Présence russe sur les réseaux sociaux

    Enfin, la “galaxie Prigojine”, du nom du fondateur russe de Wagner réputé proche du Kremlin, est également très active sur les réseaux sociaux. Des messages qui sont notamment partagés en masse par des groupes antifrançais sur Facebook en Afrique, par exemple, relevait notamment RFI . Fin avril au Mali, un drone français a surpris des mercenaires mettant en scène un faux charnier à proximité d’une base française, pour faire accuser Paris de crimes de guerre via de faux comptes Twitter.

    Le camp pro-russe pousse même jusqu’à l’ingérence dans la vie politique française, selon deux sources proches du dossier. “Le camp russe nous a embêtés pendant les campagnes électorales (présidentiel et législatif), via des faux comptes pro ou anti-gouvernement au Mali, au Sénégal, au Bénin et en RCA. Mais ça n’a pas pris”, décrit un haut responsable. Une situation sous contrôle.

    Une influence qui ne se limite plus aux réseaux sociaux. Plusieurs observateurs ont noté que le site pro-Kremlin, Sputnik France, avait trouvé une seconde jeunesse en devenant Sputnik Afrique. Un second souffle que devra résolumment aussi trouver Paris lors de cette visite.

    À voir également sur Le HuffPost: Boris Johnson et ses homologues du G7 se moquent de l’image virile de Poutine

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      Zelensky limoge cinq ambassadeurs ukrainiens à l'étranger

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 10 July, 2022 - 13:24 · 1 minute

    Zelensky limoge cinq ambassadeurs ukrainiens à l'étranger (Volodymyr Zelensky le 6 juillet à Kiev. Par Alexey Furman/Getty Images) Zelensky limoge cinq ambassadeurs ukrainiens à l'étranger (Volodymyr Zelensky le 6 juillet à Kiev. Par Alexey Furman/Getty Images)

    UKRAINE - Une “simple rotation”? Volodymyr Zelensky a limogé samedi 9 juillet l’ambassadeur ukrainien en Allemagne, ainsi que d’autres envoyés à l’étranger, a annoncé la présidence sur son site internet.

    Il s’agit des ambassadeurs ukrainiens en Allemagne, en Inde, en République tchèque, en Norvège et en Hongrie, selon un décret. Les raisons de cette décision ne sont pas mentionnées. Toutefois, Il s’agit d’une “simple rotation comme le veut l’usage”, a assuré le président Zelensky, cité par RFI . On ne sait pas encore si ces diplomates se verront confier de nouveaux emplois.

    Andriï Melnik, en poste à Berlin, avait jugé ouvertement et à plusieurs reprises que le soutien de l’Allemagne à son pays était timide et hésitant à envoyer des armes à Kiev.

    Selon RFI, le président ukrainien a appelé les diplomates ukrainiens à redoubler d’effort pour obtenir pour le pays un soutien international et une aide militaire .

    Relations tendues entre l’Allemagne et l’Ukraine

    L’Ukraine et l’Allemagne ont des relations délicates, alors que Berlin est très dépendant de l’énergie russe . Samedi 9 juillet, le Canada a décidé, malgré les sanctions frappant la Russie, de restituer à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc russe Nord Stream, actuellement dans des ateliers de Siemens près de Montréal.

    L’Ukraine avait instamment prié le Canada de ne pas rendre les turbines qui se trouvent actuellement dans des ateliers du groupe Siemens près de Montréal, au Québec.

    Le groupe gazier russe Gazprom avait invoqué ces travaux pour justifier mi-juin une réduction de ses livraisons à l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream.

    À voir également sur Le HuffPost: Face à un risque de crise alimentaire mondiale, Zelensky demande la fin du blocus russe des ports ukrainiens

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      Joe Biden dans le guêpier du Moyen-Orient

      news.movim.eu / Mediapart · Sunday, 10 July, 2022 - 09:57


    Attendu en Israël le 13 juillet, le président des États-Unis devrait annoncer le lancement d’un partenariat militaire avec Israël, l’Égypte, la Jordanie et les monarchies sunnites du Golfe, face à l’Iran. Au moment où Téhéran se déclare disposé à reprendre les pourparlers sur la réactivation de l’accord nucléaire international.
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      Pour Poutine, voir les dirigeants du G7 torse nu serait "un spectacle dégoûtant"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 06:16 · 1 minute

    INTERNATIONAL - Vladimir Poutine a ironisé mercredi 29 juin sur les dirigeants du G7 qui se sont amusés récemment à moquer l’image virile affichée par le président russe , en estimant que les voir torse nu serait un “spectacle dégoûtant”. Une remarque qui fait suite à une boutade des membres du G7 dimanche, comme vous pouvez l e voir dans la vidéo en tête d’article .

    “On garde les vestes? On les enlève? Pouvons-nous nous déshabiller?”, interrogeait alors le Premier ministre britannique Boris Johnson en s’asseyant à la table de travail au château d’Elmau en Allemagne où le chancelier Olaf Scholz accueillait les dirigeants des États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de France, d’Italie, du Japon et de l’Union européenne.

    “Nous allons avoir droit à la démonstration d’équitation torse nu”

    Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau , a suggéré alors d’attendre la photo officielle pour tomber la veste mais Boris Johnson a lancé à nouveau: “nous devons montrer que nous sommes plus forts que Poutine”.

    “Nous allons avoir droit à la démonstration d’équitation torse nu”, a renchéri Justin Trudeau, se référant à une fameuse séance photo de Vladimir Poutine à cheval torse nu en 2009.

    Ce dernier a ironisé lors d’une conférence de presse à Achkhabad, la capitale turkmène: “Je ne sais pas s’ils voulaient se déshabiller jusqu’à la ceinture ou encore plus bas, mais de toute façon, cela aurait été un spectacle dégoûtant”.

    À voir également sur Le HuffPost: Le Donbass ravagé par une bataille acharnée, Severodonetsk menacée