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      Ces héros anonymes qui sauvent les organisations en déclin

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 17 April, 2023 - 02:40 · 6 minutes

    Pourquoi certaines organisations en déclin réussissent-elles à survivre malgré leur management inepte ? Le plus souvent, c’est parce que demeurent en leur sein des individus qui continuent à essayer de faire leur travail du mieux qu’ils peuvent malgré les circonstances parfois très difficiles. Hommage à ces héros anonymes.

    Alors que ma fille le prévenait qu’elle ne pourrait venir à son cours parce qu’elle passait un concours, son professeur lui répondit que non seulement il l’excusait, mais qu’il ne doutait pas qu’elle ajouterait son nom à la liste prestigieuse des lauréats. Incroyable moment de grâce. Beaucoup a été écrit sur le déclin de l’Éducation nationale en tant qu’institution, et souvent à juste titre. Baisse du niveau, multiples absences d’enseignants pour des motifs fantaisistes (« en formation »), absences non remplacées, mettant la scolarité des enfants en danger (le fils de l’un de mes cousins est en première et n’a pas de professeur de Français depuis des semaines, l’année du Bac de Français), fonctionnement erratique, etc.

    Mais ce petit message incroyablement bienveillant et motivant montre qu’il subsiste malgré tout des enseignants (et probablement des personnels administratifs) qui se consacrent à leur tâche avec passion. C’est ainsi que des institutions, publiques ou privées, réussissent à survivre et à poursuivre leur mission malgré un management inepte. Elles sont sauvées par les individus qui les composent. Elles sont, en quelque sorte, sauvées malgré elles.

    Persister, malgré tout

    Pourquoi certains persistent-ils dans leur action malgré les circonstances aussi difficiles ? Je n’ai pas la réponse. Peut-être est-ce parce que le sens de leur action demeure clair et noble : l’enseignant sait qu’il travaille pour la réussite des élèves, l’infirmière pour la santé des patients, l’éducateur spécialisé pour éviter que les gamins ne tombent dans la délinquance. Ils savent que leur action a un impact direct sur quelque chose de très important. Cet impact est visible. Il m’arrive souvent de discuter avec des infirmières qui me disent qu’elles ne pourraient pas faire un autre métier, pour rien au monde. Ce métier – leur métier, malgré tout.

    Peut-être est-ce parce que ces individus ont une éthique solide de leur métier. C’est ce que j’observe souvent. Ils se définissent moins en relation avec leur institution qu’en relation avec une éthique individuelle. Cette éthique – la conscience du travail bien fait ? – leur permet d’agir de façon relativement indépendante de l’institution ; de s’en protéger, en quelque sorte. Ils entendent les balles siffler, souffrent des dysfonctionnements mais se concentrent sur la mission et la poursuivent sans relâche. Naturellement, la condition est qu’ils puissent le faire de façon relativement autonome. Créer une sphère d’autonomie est d’ailleurs la condition de leur succès. Il faut qu’ils puissent définir un espace dans lequel ils peuvent travailler sans être trop perturbés par la grande machine. Plus le métier est interdépendant, moins cela est facile.

    Remettre en question le modèle mental du management

    L’observation qu’une organisation en déclin est sauvée par les individus sur le terrain qui n’abandonnent pas montre les limites de la pensée managériale dominante. Celle-ci reste ancrée dans un paradigme cartésien, qui distingue la pensée de l’action et induit une hiérarchie entre les deux : la pensée est noble et l’action est subalterne. Cela explique pourquoi on fait davantage attention au sommet qu’au terrain.

    Chaque fois que j’ai été impliqué dans un travail de stratégie pour une entreprise en difficulté , j’ai été frappé de voir à quel point les stratèges s’intéressent au sommet plutôt qu’au tout. J’ai toujours eu du mal à faire porter la discussion sur le point de vue du terrain. Les stratèges restent enfermés dans un univers composé de produits, de concurrents, en bref de pions que l’on déplace sur un échiquier.

    Lorsque j’aborde la question, j’essaie toujours, au contraire, de partir de l’identité de l’organisation et de ses modèles mentaux : d’où vient la flamme ? D’où vient l’énergie ? Parfois c’est assez simple. À l’hôpital, la flamme c’est la santé du patient. À l’école, la réussite de l’élève. Souvent c’est plus compliqué parce que la flamme s’est perdue depuis longtemps ou parce qu’on n’est pas dans une organisation dont le sens est aussi évident que sauver un patient ou un élève. Mais il y a toujours une flamme et il faut la trouver parce que c’est à partir d’elle que l’on peut reconstruire quelque chose. Le plus frappant, c’est que même après une période prolongée de déclin, il reste toujours des traces de cette flamme, même si elle est très faible. Il reste quelques braises, et c’est à partir d’elles qu’on peut rallumer le feu.

    Lorsque la flamme n’est pas visible, ou pas évidente, elle ne peut être rallumée qu’en identifiant ceux qui n’ont pas abandonné. Ils en sont les derniers porteurs. Ils vivent parfois cachés, ils se font discrets. Il peut en subsister dans des endroits improbables, quel que soit le métier, mais rarement au sommet. Comme je l’évoquais dans un article précédent , dans beaucoup d’organisations, ce sont souvent les assistantes. Bien qu’elles soient souvent mal considérées, ce sont elles qui continuent à faire tourner la boutique alors que circulent les dirigeants, arrivés un jour, partis le lendemain.

    Les organisations sont sauvées malgré elles par des membres qui agissent selon une éthique forte et persistent dans leur action malgré le coût important qu’ils subissent en raison des dysfonctionnements. Ils sont les derniers connectés au réel. Mais nul héros n’est éternel. Si l’organisation ne finit pas par corriger ses dysfonctionnements, même ces héros du quotidien finiront par partir, volens nolens . Soit pour des raisons de santé ( burn out ), soit à la retraite. L’organisation trouvera de plus en plus difficile de renouveler son corps de porteurs de flamme, l’une des raisons étant qu’elle n’a même plus conscience de leur existence. L’effondrement aura été ralenti par les héros du quotidien, mais pas empêché.

    Lorsqu’il a redressé Apple en 1997, la première chose que Steve Jobs a faite est de se séparer de certains individus. Quelques semaines après son arrivée, il déclare ainsi : « il y a maintenant de très bonnes personnes qui dirigent les domaines-clés d’Apple. » Ce n’est pas en déplaçant des pions sur un échiquier stratégique que l’organisation sortira du déclin mais en recréant un collectif à partir de ceux de ses membres qui portent une éthique forte de leur métier et de rallumer le feu à partir des braises.

    Sur le web

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      L’Éducation nationale empile les réformes comme les mauvaises grippes

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 23 January, 2023 - 12:00 · 5 minutes

    Mise progressivement en place depuis 2018, cette réforme des lycées a ainsi abouti depuis l’année dernière à se passer complètement de mathématiques dans son tronc commun à partir des classes de première, ne laissant cette matière que pour les filières scientifiques. Joie, délivrance et décontraction pour une grande quantité d’élèves pour qui les mathématiques n’ont constitué qu’une forme élaborée de torture mentale tout au long de leur cursus scolaire, cette suppression leur a donc permis de se consacrer pleinement à toutes les autres matières (langues, histoire, géographie, français notamment) dont ils allaient faire leur miel lors de leurs études supérieures.

    Las : une partie de ces mêmes élèves se retrouve à présent quelque peu déconfite lorsqu’il s’agit de candidater pour les études supérieures de leur choix qui, elles, réclament ou bien un niveau suffisant en mathématiques ou, pire, d’avoir continué cette matière bien au-delà de la classe de seconde. Patatras, les choses deviennent complexes : au moment de s’inscrire sur Parcoursup, certains découvrent l’horrible réalité que l’inscription en faculté d’économie (par exemple) nécessite un niveau de mathématiques qu’ils n’ont plus.

    Bien évidemment, ici, on devra s’interroger sur le raisonnement obscur qui s’est mis en place dans la tête de ces élèves pour d’un côté s’inscrire sciemment dans les classes de première et de terminale ne comportant aucune option de mathématiques avec dans le même temps la ferme intention de poursuivre leurs études dans des disciplines pour lesquelles les mathématiques, si elles ne constituent pas un pilier fondamental, n’en sont pas moins présentes et indispensables.

    Certes, ce niveau d’inconséquence portera à sourire pour des jeunes qui prétendent assez vite à participer à la société et plus alarmant, frétillent d’aise à la perspective de voter et s’engager politiquement pour certains d’entre eux…

    Cependant, ce constat ne devra surtout pas faire oublier que ce pataquès vient s’ajouter aux trop nombreux autres qui s’empilent maintenant depuis des années pour tout ce qui touche l’instruction des enfants français : alors que l’Éducation nationale permettait jusque dans les années 1970 de former des individus aptes à s’insérer dans la société, les décennies suivantes ont violemment bénéficié de chacune des lubies du moment, de réformes toutes moins habiles et pertinentes les unes que les autres et la mise en place de systèmes d’orientation ayant spectaculairement échoué à produire autre chose qu’un désastre.

    Il faut ici évoquer l’incompétence fulgurante des ministres et des administrations qu’ils ont, les uns après les autres, fait semblant de cornaquer dans le marais putride dans lequel l’équipage s’est enfoncé depuis des lustres et continue d’y barboter calmement.

    Doit-on réellement s’appesantir sur les ratages, maintenant multiples et retentissants, de Parcoursup qui, d’année en année, étonne par sa capacité à inventer des situations toujours plus ubuesques, à laisser sur le carreau des étudiants, à produire des affectations farfelues et à ne pas tenir compte ni des souhaits ni des réalités de terrain ? On pourra arguer que seul un tout petit pourcentage d’élèves se retrouve consciencieusement embrouillé (pour ne pas dire broyé) par ce système mal fichu mais même un petit pourcentage, sur un grand nombre d’étudiants, cela finit par faire beaucoup.

    Et à la fin, c’est toujours trop pour quelque chose qui devrait se passer sans anicroches au point que même le chef de l’État, pourtant pas réputé pour être en prise directe avec la réalité, finisse par admettre que ce truc est une usine à gaz stressante , rejoignant en cela les témoignages (nombreux) de ceux qui ont dû l’expérimenter.

    Quant au reste, force est de constater que malgré l’empilement frénétique de réformes, le niveau scolaire des Français ne s’améliore pas, au contraire . Tout se passe comme si la succession de ministres hétéroclites n’avaient absolument pas aidé l’institution à simplement faire son travail, au contraire même. C’est à se demander si les efforts n’ont pas été portés de façon systématique et avec application sur à peu près tout sur ce qu’il ne faut pas faire.

    Les exégètes des enquêtes de niveau scolaire menées ces dernières décennies multiplient les tergiversations, les euphémismes et les atermoiements pour ne surtout pas regarder la réalité en face et avouer que le Roi est nu, ou qu’il est, au mieux, vêtu de fripes rapiécées : la France n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut il y a 25 ans, et à plus forte raison il y a 50 ou 100 ans.

    Tant et si bien que la récente suppression des mathématiques du tronc commun des classes de première et de terminale a provoqué des dégâts déjà visibles une paire d’années après cette magnifique initiative, au point tel que l’actuel ministricule en charge du Titanic éducationnel français a été obligé de convenir qu’il y avait un souci et qu’il fallait faire marche arrière : dès la rentrée 2023, les mathématiques reviennent dans le tronc commun .

    Mhmh enfin, en théorie… Les dissensions se creusent entre la tête du ministère et l’administration, pour laquelle rien n’est réellement acté . Si vous êtes élève en 2023, bonne chance pour savoir ce qui va se passer exactement…

    En somme, le bordel incompréhensible qui a présidé à l’instigation d’un Parcoursup finalement mal fichu et encombrant n’a pas été contenu et le voilà qui perfuse maintenant toutes les strates de l’administration scolaire française. Le programme, les options, la nature précise du tronc commun et ce qu’on doit faire ou ne pas faire n’est plus qu’une vaste soupe conditionnelle et floue. Pour tout dire, on dirait les douzaines de pages de protocoles sanitaires que Blanquer et sa fine équipe de malades mentaux ont pondu pendant la crise pandémique en espérant rendre simple le fatras d’injonctions contradictoires qui constituait la position officielle du gouvernement en la matière.

    Dans ce bouillon opaque de réformes indéchiffrables ajoutées les unes aux autres, l’élève n’est plus qu’une variable d’ajustement. Et comme de surcroît, tout a été fait pour qu’il ne soit pas de plus en plus autonome et affûté, mais exactement le contraire, on ne parvient qu’à une unique conclusion : ce pays est foutu.

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      Éducation, retraites, syndicats : il est temps de révolutionner les mentalités !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 23 January, 2023 - 03:30 · 7 minutes

    Par Bruno Pineau-Valencienne.

    L’immobilisme français, la politisation du débat et du système éducatif, sans oublier le manque de culture économique de nos compatriotes, expliquent les résistances aux changements qui continuent de faire des ravages et constituent un sérieux handicap dans la nécessaire transformation de notre modèle social .

    Tout d’abord nous vivons une époque de très grande mutation comparable à celle de la Renaissance au cours de laquelle tout fût remis en cause.

    Mais aujourd’hui nos compatriotes appréhendent l’issue de cette troisième révolution industrielle qui fait référence à l’Internet des choses selon la formule de Jeremy Rifkin , dont ils ne saisissent pas tous les ressorts et qu’ils considèrent le plus souvent comme un saut dans l’inconnu voire une menace directe de leurs propres intérêts.

    Pourtant il existe en France une connaissance répartie, une culture de la recherche et du développement qui laissent supposer que si nos compatriotes voulaient bien se mobiliser sur l’avenir plutôt que de répéter le modèle du passé nous serions probablement les plus grands bénéficiaires de la planète !

    Les acteurs économiques doivent se transformer

    Accepter le progrès ne semble pas si naturel au pays du principe de précaution … Pour reprendre les mots de Werner Sombart , Marx et Schumpeter, les changements structurels qui conduisent à une destruction créatrice évoluent à une vitesse phénoménale.

    Les principaux acteurs économiques et politiques feraient mieux de réformer leur modèle d’affaire pour les uns et de revoir leur doctrine pour les autres au lieu de combattre dans une guerre perdue d’avance en tentant désespérément de sauver les industries d’antan par ignorance ou démagogie.

    Peu importe de trébucher à un moment donné pourvu que vous appreniez de vos erreurs. En France, malheureusement, lorsque vous vous trompez vous êtes marqués au fer rouge, notre culture n’étant guère favorable à l’exploitation de l’échec.

    Dans un autre registre, l’Éducation nationale qui fut pendant longtemps la courroie de transmission du parti communiste n’a eu de cesse depuis 1945, sous la houlette de la puissante FEN, de formater les esprits en pratiquant, sur fond de revenez-y de lutte des classes et de revanche sociale, la lobotomisation des esprits sur plusieurs générations depuis l’école maternelle jusqu’à l’université.

    En effet, certains agitateurs politiques se sont crus autorisés à se mettre au service d’une seule idéologie marxiste , en l’occurrence, commettant un abus de pouvoir tout en jetant l’opprobre sur une profession tout entière.

    Naturellement, il ne s’agit pas là de faire le procès du corps professoral dans son ensemble ou celui des maîtres et des enseignants de l’école de la République qui pour la plupart exercent un métier difficile dans une démarche quasi sacrificielle en tentant d’éduquer une jeunesse française jusque dans des zones de non-droit et au péril de leur vie.

    Les effets de la propagande éducative

    Raison de plus pour dénoncer avec force ceux qui se sont livrés à un véritable dévoiement de l’enseignement par le biais d’ une propagande subversive et sournoise en diffusant à très grande échelle des idées nauséabondes dont nous mesurons aujourd’hui l’effet domino à tous les échelons de la société et dans les prises de décision quels que soient le rôle ou le statut social des principaux protagonistes : éducateurs, enseignants, juges d’instruction, magistrats, personnel hospitalier, hauts fonctionnaires, dirigeants politiques, recteurs d’université, tout comme les salariés du privé sans oublier les syndicats les plus zélés de cette cohorte se retrouvent à leur insu sous hypnose récitant scrupuleusement le catéchisme officiel anticapitaliste contre la mondialisation, le CAC 40, les patrons petits et grands, la finance, les (ultras) libéraux, ces nouvelles sorcières de Salem.

    Cette immixtion des falsificateurs de l’histoire dans la conscience collective hypothèque lourdement l’avenir des générations futures.

    Dans cet exercice cathartique, il nous faut également repenser le syndicalisme français en s’attaquant directement à son monopole.

    Pour y parvenir il conviendrait de supprimer l’ article L.1 du Code du travail qui pose le principe d’une concertation préalable avec les partenaires sociaux avant toute réforme sociale ou bien encore en limitant les mandats syndicaux à deux ou trois comme l’avait proposé Bruno Le Maire lors de la campagne des primaires de 2016.

    En effet, les partenaires sociaux doivent contribuer aux succès de l’entreprise pour le bénéfice des salariés dans un esprit de concertation et non pas jouer la carte de l’intimidation, de l’affrontement voire de la violence en devenant des partis politiques de substitution.

    Le camp des résignés

    Face à l’intransigeance des syndicats, les Français ont progressivement rallié le camp des résignés, victimes du syndrome de Stockholm allant même jusqu’à embrasser la cause de leurs bourreaux qui les obligent à devoir éventuellement passer des fêtes de Noël seuls faute de moyen de transport, à se lever dès potron-minet pour se rendre au travail avec les moyens du bord ou bien même à échafauder des plans B, C et D pour assurer dans l’urgence la garde de leurs enfants eux-mêmes pris en otage dans ce système pernicieux.

    Le manque de culture économique et financière explique aussi l’énorme défi que rencontrent nos dirigeants politiques pour faire passer des réformes difficiles alors que dans le même temps une certaine presse mal intentionnée ne se cache même plus pour pratiquer l’amalgame en faisant des raccourcis laborieux à partir de faits divers et en tirer des généralités, créant un climat anxiogène au sein d’une population déjà atteinte par une sinistrose ambiante.

    À vrai dire, les électeurs ne maîtrisent pas forcément tous les concepts macro-économiques pour pouvoir prendre pleinement conscience des véritables enjeux qui les concernent directement et qui engagent leur avenir.

    La pédagogie de la réforme doit être accompagnée en amont par une démarche proactive à travers un programme d’éducation adapté et recentrée sur les sujets d’actualité et ce dès le plus jeune âge afin de surmonter cette aversion culturelle qui n’a vraiment aucune raison d’être.

    Certes nous devons aussi nous prémunir contre les excès inverse ou certaines business schools américaines sont devenus au fil des ans des Financial Schools délaissant leur mission originelle qui était de former des bâtisseurs industriels pour devenir aujourd’hui des pourvoyeuses de jeunes diplômés attirés par le profit à court terme et débarquant en masse à Wall Street.

    Un rapport à l’argent compliqué

    Pour conclure sur ce chapitre, rappelons que le rapport avec l’argent a toujours été compliqué dans un pays à forte tradition catholique où le clergé ne s’est jamais privé de stigmatiser les riches sauf durant la période du denier du culte…

    Cette méfiance se retrouve également dans le comportement des épargnants puisque la France qui comptait environ 7,4 millions d’actionnaires individuels en 2000 a vu le nombre de ses boursicoteurs fondre de moitié en 2019. Les Français rechignent à prendre des risques préférant la pierre comme valeur refuge ou les assurances-vie contrairement aux Anglo-saxons qui naissent avec un compte titre.

    Difficile dans ces conditions pour le gouvernement Philippe d’envisager un système de retraite mixte par répartition et par capitalisation n’ayant in fine pas d’autres choix que de mener une réforme a minima comme certains libéraux, à juste titre, semblent le lui reprocher.

    Les réformes de structure ne sont efficaces que si elles sont accompagnées d’une véritable révolution des mentalités de nos concitoyens, lesquels doivent désormais privilégier l’intérêt général au lieu de s’arc-bouter sur leurs petits privilèges ou leurs acquis sociaux, anachroniques à l’ère de la mondialisation.

    Ailleurs, des pays comme la Suède ou le Canada ont entrepris avec succès la modernisation de leurs économies en ayant su convaincre leur propre électorat quelque peu dubitatif. Preuve en est que, parfois, sous certaines conditions, les peuples acceptent qu’on leur dise des vérités désagréables…

    Article publié initialement le 19 décembre 2019

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      « Rééducation Nationale » de Patrice Jean

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 31 October, 2022 - 04:00 · 8 minutes

    Nous avons déjà eu l’occasion de présenter ici-même deux des romans de Patrice Jean, Tour d’Ivoire et La poursuite de l’idéal , dans lesquels il se montre particulièrement habile à mettre en lumière les travers et dérives de notre époque.

    Dans son dernier roman, Rééducation Nationale , il se lâche véritablement, n’hésitant pas à pousser l’histoire jusque dans le farfelu et la caricature, pour le plus grand plaisir du lecteur.

    Idéalisme et conformisme

    Patrice Jean n’a eu aucun mal, on l’imagine, à s’inspirer de ce qu’il a certainement dû connaître et observer dans son expérience de professeur de lycée. On conçoit bien qu’il a pu éprouver l’envie de grossir le trait de cette comédie qui se joue dans certains milieux enseignants et les petits défauts typiques que l’on peut y rencontrer.

    Dès les premières pages, un véritable concentré d’ironie contenu dans le vocabulaire, la peinture des situations, les analogies, le portrait saugrenu du personnage principal, attend le lecteur. Le ton est donné.

    Bruno Giboire est un jeune idéaliste, mais pas du tout à la manière du personnage de La poursuite de l’idéal , ici plutôt de type candide ou assez profondément naïf. Il s’apprête à intégrer l’Éducation nationale qui, en manque de professeurs , fait paraître un décret permettant à des personnes voulant se reconvertir, comme c’est son cas, d’avoir l’opportunité d’être titularisées en passant un simple concours d’aptitude.

    On s’attend à ce que ce personnage déchante rapidement, comme c’est le cas pour beaucoup qui se leurrent sur ce qu’est devenu l’Éducation nationale et sur ce qu’est aujourd’hui enseigner auprès d’un public et des méthodes qui ont bien changé… Mais pas vraiment. Si notre personnage aura quelques surprises, il n’en garde pas moins la foi en son idéal et sa motivation à tenter d’éveiller les lumières de la raison et de la passion dans les yeux de ses chers élèves (ce qui est non seulement parfaitement louable en soi, mais certainement souhaitable, même si loin d’être évident).

    En réalité, ce qui se révèle très rapidement est le degré de conformisme dont fait preuve Bruno, qui tente si bien de se fondre dans le moule de l’esprit qui règne en salle des professeurs et d’appartenir à une communauté dont il est si heureux de se rapprocher, qu’il n’en perçoit pas tout de suite les dangers, les désillusions, les contradictions, voire le caractère souvent un peu puéril. Il n’est pas le seul à être pétri d’idéal. Mais quand cet idéal se fond dans l’idéologie et se confond avec l’idéalisme, la pureté et la sincérité des sentiments dévoués risquent bien de dériver vers des formes de vive désillusion.

    Il aimait le travail en équipe, comme si, dans une vie antérieure, il avait grandi dans un kolkhose. Penser seul , l’attristait ; et d’ailleurs, dans la solitude, il ne pensait pas, ou peu. Bruno était l’homme des groupes, des clans, des familles, des tribus : un homme social , un homme que les existentialistes auraient défini comme étant pour autrui . Un homme collectif . Un homme fourmi . Les autres hommes sociaux , à son image, promouvaient la passion de l’attroupement, de l’association et du Même. Tous auraient voulu n’exister que par autrui et pour autrui. Et surtout n’être rien par eux-mêmes. L’inappétence pour le collectif, à leurs yeux-fourmis, s’apparentait à une désertion de la cause humaine. Une trahison. Une collaboration avec le néant.

    Communes indignations

    Car de conformisme il est bien question, mais aussi de traditionnels comportements mimétiques , caractéristiques de la plupart des communautés. Et de « communes indignations », l’un des thèmes de prédilection de Patrice Jean. Qui va nous entraîner dans une situation absolument délirante à travers laquelle, dans la seconde partie du roman, il va nous mener vers les sommets de l’absurde, au cours de péripéties qui frisent le grotesque tant elles sont drôles et pathétiques (on peut dire que l’auteur s’est fait plaisir et entend bien entraîner avec lui le lecteur, espérant bien le faire rire).

    À partir de ce moment-là, le personnage principal Bruno Giboire va connaître des hauts et des bas, des moments de doute et de déprime, alternant avec d’autres moments où il se reprend, suscitant en lui un début de réflexion à la fois déprimante et potentiellement salvatrice.

    Et si personne n’était en mesure de rendre compte de ses propres pensées ? Cette idée l’effraya. On se trouvait peu à peu possesseur d’une vision des choses qu’on croyait être sienne, alors qu’on s’imbibait d’idées qui traînaient dans l’air, dans sa classe sociale, dans son époque, au milieu des copains, de la famille, à travers les émissions de radio ou de télévision. Pierre Renoir, en citant Spinoza, aimait à se moquer des « connaissances par ouï-dire », celles qu’on reçoit au berceau, puis qu’on vous prodigue tout au long de votre vie, et qu’on prend pour argent comptant. « On croit s’en défaire, dans le meilleur des cas, à l’adolescence, en étudiant les philosophes ou les sciences positives, mais les plus lucides n’échappent pas au reproche du mécanisme inconscient de la pensée ! De sorte que, concluait Renoir, personne ne pense vraiment par lui-même. » […] Cette découverte déprima Bruno. Le doute l’empêcherait dorénavant d’adhérer tout à fait à ce qu’il disait, à ce qu’il croyait, à ce qu’il pensait. Il était en partie sauvé pour les choses de l’âme, et perdu pour tout le reste.

    Candide , disions-nous plus haut. L’image est parfaite. Notre personnage plein d’illusions et de naïveté découvre, apprend, subit des déconvenues, et évolue peu à peu, au beau milieu de personnages hauts en couleurs. Lui qui manie si bien ce jargon dont l’Éducation nationale a le secret (qui, replacé habilement et comme innocemment dans le fil du roman, révèle bien tout son caractère hautement pernicieux et ridicule), il va se situer au premier plan pour assister à toutes les lubies du moment. Car comme dans ses autres romans, Patrice Jean n’omet pas d’introduire par petites touches de petites piques à l’adresse non seulement des fantasmes révolutionnaires, mais aussi wokistes de notre époque.

    C’est alors que Colette eut l’idée de débaptiser le syntagme « vacances d’avril » en « quatrièmes vacances scolaires », sous prétexte que la référence au mois d’avril célébrait une époque religieuse de l’humanité : on avait eu la peau des « vacances de Pâques », ce n’était pas pour s’inféoder à Aphrodite, la déesse athénienne à qui avril devait son nom ! […] Dans sa rigueur antireligieuse, Colette aurait aimé que la langue française elle-même procédât à un examen de conscience et se délestât de son héritage latin, entaché par les crimes de l’Inquisition […] La contestation n’alla pas plus loin : la sauce ne prenait pas. Colette, mortifiée, renonça à son combat. Elle y avait pourtant cru, elle s’était vue à l’avant-garde d’une lutte pour le progrès ; son nom serait resté comme celui d’une femme engagée, courageuse, prête à défier les pesanteurs idéologiques de son époque . Il ne lui resta plus qu’à se plaindre de la droitisation des esprits et de la lente dérive du pays vers les marécages du conservatisme.

    Les Justes

    Sans trop dévoiler l’histoire, et en espérant avoir suffisamment suscité l’intérêt pour vous donner envie de lire le livre, on y trouve bien présents tous les stéréotypes de la pensée et les dérives totalitaires (mais non conscientes) de la bien-pensance. Sous la plume pleine de talent et de dérision de Patrice Jean, qui parviendra à vous faire sourire plus d’une fois.

    On appréciera les références littéraires, tantôt sous forme de stéréotypes volontaires, tantôt en filigrane, n’ayant pas besoin d’être avancées ou même citées pour qu’on y voit toute la portée symbolique. Comme cette évocation des Justes , dans lesquels certains des professeurs en question semblent désireux de s’incarner.

    Si Patrice Jean n’épargne personne, et conserve sa liberté de pensée, je ne lui en veux pas de méconnaître probablement – même s’il est plutôt moins virulent que la moyenne à son égard, tout juste ironique à sa manière – ce qu’est ou n’est pas le libéralisme . Tout juste en fait-il une toute petite caricature (en bas de la page 113), assimilant un professeur qui apparaît aux yeux des autres comme un libéral sous l’apparence d’un jeune loup dynamique adepte de la performance et d’un esprit de startuper aimant manier les technologies, les concepts et le vocabulaire anglo-saxons. Pas bien méchant et drôle malgré tout.

    En conclusion, il s’agit d’un roman plein d’humour, de légèreté et de dérision, au rythme enlevé mais assez court (144 pages). Sans doute pas le meilleur de Patrice Jean, mais bon tout de même, car bien dans le ton de l’auteur et des idées qui lui sont chères, même si ici le choix de la satire sous forme d’un joyeux délire le rend un peu moins profond que les précédents.

    On se prend d’ailleurs à se demander, à peine finie la lecture, quel nouveau plat il va nous servir pour son prochain roman, que l’on attend déjà avec curiosité.

    Patrice Jean, Rééducation Nationale , Rue Fromentin, septembre 2022, 144 pages.

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      Parcoursup: 100.000 places encore vacantes, annonce Sylvie Retailleau

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 16 July, 2022 - 22:53 · 2 minutes

    La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, ici à l'Elysée à Paris, le 13 juillet 2022. La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, ici à l'Elysée à Paris, le 13 juillet 2022.

    PARCOURSUP - La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a annoncé ce dimanche 17 juillet que les candidats toujours en attente de réponse sur la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur Parcoursup pouvaient faire leur choix parmi “100.000 places de formations encore vacantes”.

    “Les candidats peuvent choisir parmi 100.000 places de formations encore vacantes, dans un peu plus de 5800 formations différentes”, assure la ministre de l’Enseignement supérieur dans les colonnes du JDD . Elle précise que ces places se situent “aussi bien dans les nouvelles licences Accès Santé (62 LAS ont encore des places), dans les licences de droit, d’économie-gestion ou de lettres, que dans des formations sélectives comme les classes préparatoires, qui ne font plus le plein partout, en BTS ou en BUT”.

    Selon le tableau de bord de Parcoursup, 94.000 candidats n’ont encore reçu aucune proposition durant la phase principale. Il y en avait environ 91.000 en 2021.

    Mais pour Sylvie Retailleau, “Parcoursup s’améliore continuellement, année après année, depuis cinq ans. Aujourd’hui, au terme de la phase principale, un peu plus de neuf lycéens sur dix ont reçu au moins une proposition d’admission. La procédure a été plus fluide. Et il y a eu moins d’attente pour les candidats que l’an dernier”, affirme-t-elle.

    Une demi-journée avenir mise en place dès la 5e

    Selon elle, ”à la fin de la phase principale, 83,1% de l’ensemble des candidats, c’est-à-dire des lycéens, des étudiants en réorientation et des personnes en reprise d’études, ont reçu au moins une proposition en 2022, contre 82,8% en 2021″.

    Interrogée sur les améliorations possibles de la plateforme, la ministre a estimé qu’il fallait “avant tout améliorer l’orientation des élèves. Il y a déjà eu un gros travail de réalisé. Il n’y a jamais eu autant d’informations sur les formations que sur la plateforme Parcoursup. Il faut maintenant rendre tout cela plus accessible. On y travaille avec mon collègue Pap Ndiaye , le ministre de l’Éducation nationale”.

    “La demi-journée avenir qui sera mise en place dès la 5e permettra notamment de mieux faire connaître tous les métiers et d’améliorer l’orientation”, a-t-elle ajouté.

    Par ailleurs, au sujet de la création des places à l’université à la rentrée, “le gouvernement a déjà créé 84.000 places dans l’enseignement supérieur en 5 ans” et va “continuer cet effort”, a assuré Sylvie Retailleau.

    À voir également sur Le HuffPost : Cette lycéenne a montré les limites de Parcoursup avec une simple recette de cuisine

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      Brevet 2022: l'Éducation nationale va porter plainte après la fuite de sujets

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 20:10 · 1 minute

    L'Education nationale va porter plainte après la fuite de sujets du brevet des collège L'Education nationale va porter plainte après la fuite de sujets du brevet des collège

    ÉDUCATION - Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé ce jeudi 30 juin à l’AFP son intention de porter plainte après la fuite de sujets des épreuves du brevet des collèges qui auront lieu vendredi.

    Les sujets de secours seront utilisés pour les épreuves d’histoire-géographie et de sciences vendredi en raison d’une “fuite avérée”, a affirmé le ministère qui va déposer plainte et lancer en parallèle une enquête administrative interne.

    Selon la rue de Grenelle, la fuite a été repérée via des “photos des sujets circulant sur (la messagerie) WhatsApp”.

    Quelque 850.000 candidats ont débuté jeudi l’examen du brevet des collèges en planchant sur les épreuves de français et de mathématiques.

    L’examen doit se poursuivre vendredi avec celles d’histoire-géographie et d’éducation morale et civique et les sciences qui regroupent les sciences de la vie et de la terre (SVT) et la technologie.

    Le brevet des collèges qui s’évalue sur un total de 800 points, se base pour moitié sur un contrôle continu pour les élèves de 3e.

    A voir également sur Le HuffPost: Ces jeunes ont “dansé l’Europe” avant le discours de Macron au Parlement européen

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      École publique : même dans les cités, on veut la quitter

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 March, 2021 - 04:00 · 8 minutes

    école

    Par Nathalie MP Meyer.

    Je vous recommande la lecture d’une enquête des plus intéressantes publiée la semaine dernière par Mediapart sous le titre « Des élèves se réfugient chez les cathos pour échapper au ghetto » . Quel ghetto ? Celui des cités, celui des quartiers dits sensibles qui font plus souvent la Une de la presse régionale pour trafics en tout genre, violence de moins en moins sporadique et délinquance au quotidien que pour les prix de grammaire de leurs élèves.

    Article surprenant, venant de l’écurie Plenel . Mais qui s’explique en fait très bien si l’on garde à l’esprit que Mediapart , vent debout contre le projet de loi sur le « séparatisme islamiste » du gouvernement , accuse ce dernier de prendre le problème par le petit bout islamophobe et sécuritaire de la lorgnette alors que le vrai problème serait à chercher du côté de la « ségrégation sociale » .

    École publique : dérives communautaires, violences, et niveau en baisse

    Procès plus militant que réaliste car de multiples rapports ont montré que l’école dite républicaine est le siège de dérives communautaires incessantes en provenance de l’islam : tel élève refuse le rouge dans les classes car cette couleur n’est pas autorisée par le Coran, tel autre ne veut pas aller à la piscine car s’il boit la tasse, cela va casser son jeûne du ramadan, etc.

    Elle est aussi le lieu d’une violence de moins en moins discrète entre élèves ou vis-à-vis des enseignants dont ces derniers ont fini par parler en masse avec le hashtag #pasdevague suite au braquage d’une de leurs collègues par un élève qui pointait sur elle une arme factice mais très convaincante. Nul besoin de tomber dans l’excès sécuritaire quand il s’agirait d’abord pour le gouvernement de remplir ses missions régaliennes avec sérieux – ce qui n’est malheureusement pas du tout le cas .

    Sans compter la dramatique baisse du niveau académique qui affecte tous les élèves depuis plus de 30 ans, indépendamment de leur catégorie sociale d’origine.

    Mais finalement, en ce qui concerne l’article susmentionné, peu importe, car il est en lui-même d’une grande richesse de témoignages qui montrent à quel point notre pachydermique secteur public de l’Éducation fait de plus en plus figure de repoussoir pour qui veut accéder à un service éducatif digne de ce nom.

    Passer de l’école publique à l’école privée

    On sait depuis longtemps que nombre de familles aisées – parmi lesquelles beaucoup voteront toujours à gauche et vous diront toujours à quel point la France s’honore d’avoir un enseignement public de l’envergure de notre mammouth – optent pour le privé ou font du moins tout pour échapper à la fatalité de la carte scolaire via le jeu des matières optionnelles et des adresses de complaisance.

    Mais de nombreux parents des quartiers défavorisés font eux aussi de plus en plus souvent le choix de l’école privée catholique située à proximité de chez eux pour éviter à leurs enfants l’enfermement communautaire et la dérive de violence qu’ils ont eux-mêmes connus il y a 20 ou 30 ans – et, comme le précisent certains, à l’époque ce n’était rien par rapport à aujourd’hui.

    Pour Khaled Baki, père de famille du quartier de La Paillade à Montpellier, il est un signe qui ne trompe pas :

    Quand j’étais à l’école primaire, le directeur habitait le quartier et sa fille Valérie était dans ma classe. Aujourd’hui, c’est fini tout ça. Les enseignants n’habitent plus le quartier et n’y inscrivent plus leurs enfants… C’est ce qui me choque le plus.

    Donc pour ses filles, la décision fut simple : le collège Saint Roch situé à quelques minutes du domicile familial pour fuir ce ghetto où il ne fait pas bon mettre en avant son goût pour l’école et ses bonnes notes.

    Laura, l’une des mamans interrogées, raconte avoir connu « tous les quartiers chauds de Toulouse » dans son enfance. Elle a même été en classe avec Abdelkader Merah, qui a été condamné à 30 ans de réclusion pour complicité des sept assassinats de son frère le terroriste islamiste Mohammed Merah :

    Il tenait déjà des propos limites… Je pense que c’est une histoire d’éducation et d’enfermement , et je veux autre chose pour mes enfants.

    Tant il est vrai que le séparatisme islamiste et la pression communautaire incessante ne sont pas une vue de l’esprit. Dans le quartier de Laura, les enfants qui fréquentent l’école privée Sainte-Germaine comme son fils sont attirés par les autres avec des formules du type « V ous êtes de la famille, venez avec nous ». Les mères redoutent par-dessus tout que ces avances qui jouent sur la corde affective n’entraînent leurs enfants dans les trafics de drogue ou la délinquance.

    De son côté, loin de se cantonner au recrutement d’enfants de familles aisées dotés d’un bulletin scolaire impeccable, l’enseignement catholique considère qu’il est dans son rôle en accueillant des élèves d’origines diverses dont les familles sont en recherche d’encadrement, de sérieux et, pourquoi pas, d’une vraie possibilité d’intégration avec à la clef toutes les promesses de l’égalité des chances ainsi que celles d’un ascenseur social qui se remettrait à fonctionner.

    Ainsi que l’explique Philippe Delorme, le secrétaire général de l’enseignement catholique :

    Nos instances ont défini des politiques nationales destinées à privilégier la mixité sociale et le développement des formations professionnelles, pour que l’accueil de tous soit une réalité.

    Mais il n’est pas rare que ces écoles ne deviennent elles aussi les cibles des incivilités et des violences qui gangrènent les quartiers dans ou à proximité desquels elles sont situées. Les parents et enseignants interrogés par Mediapart le disent et les élèves ainsi que le personnel de l’école primaire Monseigneur Cuminal située en bas d’une tour du quartier d’Étouvie à Amiens viennent d’en faire la triste expérience :

    L’école subit quotidiennement les jets d’objets et de déchets en tout genre lancés depuis les étages au pied des classes. Des agressions du voisinage, différents trafics à proximité, des intrusions et occupations sauvages de la cour, des rodéos près de l’école participent à l’insécurité et empêchent l’école de fonctionner normalement.

    Résultat, cette annexe de quatre classes ouvertes spécialement pour apporter une solution éducative à des familles abandonnées par les pouvoirs publics se trouve en quelque sorte abandonnée elle-aussi par défaut de présence et d’action régalienne dans son quartier et sera fermée à la fin de l’année scolaire. Les élèves seront éventuellement redéployés dans d’autres locaux.

    Il eut cependant été étonnant que Mediapart ne donnât pas la parole au sociologue de service pour qu’il vienne rappeler quand même les vertus égalitaristes indiscutables du monopole étatique de l’éducation :

    Il faut déconstruire l’idée de familles libres de leurs choix. Quand on entre dans les détails, le système éducatif est d’autant plus inégalitaire là où il est le moins régulé par la force publique.

    Dans son idée, les gens des ghettos n’ont pas vraiment le choix. Ils pensent peut-être permettre à leurs enfants de s’en sortir en quittant l’école publique, mais ils sont voués à déchanter rapidement au regard des critères élitistes et financiers du privé qui, de plus, ne les considérera jamais comme faisant partie du même monde que les autres élèves. La vision marxiste, la lutte de classes.

    Laisser le choix aux parents dans l’éducation de leurs enfants, quelle horreur !

    De toute façon, il est établi depuis longtemps par les dévoués syndicalistes qui foisonnent dans l’Éducation nationale que l’idée de choix est totalement pernicieuse et contraire au principe de l’égalité. Petit exemple : l’enseignement privé organise des portes ouvertes. À les croire, c’est carrément l’horreur consumériste !

    Dans notre fonctionnement, on est obligé de s’aligner sur le privé qui fait des portes ouvertes, donc voilà, on fait des portes ouvertes sinon les parents ne peuvent pas ‘choisir’ l’école. Et donc voilà, on est dans une consommation de l’école. ( vidéo , à partir de 18′ 20″)

    C’est vrai, quoi ! Laisser le choix aux parents dans l’éducation de leurs enfants, quelle horreur ! Mais qu’on nous rende notre monopole , s’exclament en substance nos syndicalistes, cette concurrence du privé est déloyale !

    On ne s’étonnera donc pas de lire en commentaire de l’article de Mediapart l’éternelle diatribe gauchiste contre les financements publics reçu par le privé (comme si les parents du privé ne payaient pas aussi des impôts) ainsi que cette belle envolée d’idéologie complètement butée (photo ci-dessous) :

    L’école publique, l’école de la République, la seule école libre, doit être fière d’accueillir tous les élèves sans distinction.

    Les témoignages des familles, les récits de leur quotidien, leurs espoirs de réussite ? Rien de tout cela ne fait le poids face au dogme.

    La dégringolade éducative de l’Éducation nationale, la violence, le communautarisme ? Un faux problème. L’important c’est l’égalité et l’égalité, cela veut dire : tout le monde sans exception dans la même galère.

    Il n’en est que plus drôle de lire à la fin de l’article de Mediapart que l’une des élèves concernées, très à l’aise en classe de CM2 à l’école de la Sainte-Famille à Montpellier, a déjà décidé que plus tard, elle serait… notaire ! Hou la la ! À ne surtout pas dire au sociologue de service !

    Sur le web

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      Crise sanitaire : pour aider les jeunes, il faut libérer l’économie

      Adnan Valibhay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 17 February, 2021 - 04:15 · 4 minutes

    Par Adnan Valibhay.

    La période actuelle est certainement l’une des plus difficiles que la jeunesse ait eu à connaître. Le désespoir de chacun croît. Le mal-être constant est omniprésent.

    Tous sont bouleversés par la crise sanitaire , ainsi que par ses conséquences sur les libertés. Nombreuses sont les personnes qui souffrent affreusement de la distance à l’égard de tous qui leur est imposée. Nombreuses sont celles dont l’espérance se tarit. Nombreuses sont celles qui sombrent dans la dépression.

    Les étudiants touchés

    Les étudiants aussi sont particulièrement touchés . Les étudiants aussi ont droit à l’avenir. Les étudiants aussi peuvent être fragiles. Ils se sentent pourtant oubliés.

    Beaucoup doutent terriblement. Beaucoup cherchent désespérément des stages. Beaucoup travaillent avec ardeur. Beaucoup souffrent de l’isolement. Beaucoup sombrent dans le nihilisme.

    Face à ce marasme sans précédent, face à l’urgence de la situation, des voix s’élèvent pour tenter de les aider. Les interrogations s’enchaînent tandis que les réponses n’adviennent nullement.

    Certes, la jeunesse bénéficie désormais de la pitance publique pour se sustenter en ne déboursant pas moins que la coquette somme de un euro , mais aucune solution réelle ne leur a été proposée.

    Généraliser l’assistanat n’est pas la solution

    Pour ne pas changer ses vieilles habitudes, la gauche souhaite unanimement étendre le RSA dès l’âge de 18 ans . En d’autres termes, favoriser l’assistanat plutôt que de permettre aux jeunes d’accéder à la liberté en construisant dès maintenant leur indépendance.

    La majorité présidentielle, par la voix du délégué général de la République en marche (LREM), Stanislas Guérini, entend faire bénéficier la même tranche d’âge d’ un prêt de 10 000 euros à taux zéro remboursable uniquement si un certain niveau de revenu est atteint. Soit pérenniser l’endettement des Français en fragilisant l’avenir de ceux qui auront la lourde tâche de bâtir la France de demain.

    Dans le même temps, les facultés restent fermées. En effet, l’ ordonnance du juge des référés du Conseil d’État du 10 décembre 2020 estime que le distanciel assure l’accès à l’enseignement supérieur rejetant ainsi le recours formé par 77 enseignants chercheurs de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. En conséquence, la reprise des cours en présentiel ne peut se faire que très progressivement, à titre tout à fait sporadique, soit symboliquement alors même que nul enseignement digne de ce nom ne saurait se transmettre sans dialogue socratique.

    Les théâtres et les musées, les restaurants et les discothèques, les festivités et les cérémonies, demeurant prohibées, l’économie est également sous pression. Une telle politique, en plus d’être destructrice du point de vue culturel, met sous la sellette bon nombre de jeunes pour qui ces activités tendaient à être des ressources vitales par lesquelles ils vivaient décemment en toute indépendance sans demander l’aumône à qui que ce soit.

    La gestion invasive de la crise sanitaire

    En conséquence, il est demandé à l’État de réparer ce qu’il fait subir à la population alors même que c’est sur chacun que pèsera tôt ou tard le poids de cette gestion invasive de la crise sanitaire , par notamment des hausses d’impôts directs ou indirects, des cotisations sociales toujours plus importantes, soit par un accroissement du cauchemar fiscal.

    Sachant qu’il n’est en principe pas de son ressort d’être à ce point présent dans la vie de ses sujets, n’est-il pas grand temps pour lui de faire marche arrière en libérant les Français ?

    Cette omnipotence de l’État n’est pas sans évoquer cette réplique d’Antigone dans la tragédie éponyme de Sophocle :

    « Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, celles-là, mais intangibles. »

    Ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier, c’est depuis l’origine qu’elles sont en vigueur, et personne ne les a vues naître. Il semble en effet constant que la liberté est un droit naturel auquel est aujourd’hui porté des atteintes de plus en plus significatives.

    Déjà, au XVIIe siècle Pascal écrivait :

    « Sans doute, l’égalité des biens est juste ; mais ne pouvant faire qu’il soit force d’obéir à la justice, on a fait qu’il soit juste d’obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien. »

    Monsieur le Président de la République, ouvrez les facultés, libérez l’économie plutôt que d’oppresser les jeunes Français !

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      Supprimer l’école à la maison est techniquement impossible

      Jean-Baptiste Noé · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 17 October, 2020 - 03:40 · 4 minutes

    école à la maison

    Par Jean-Baptiste Noé.

    La décision d’interdire l’école à la maison est une atteinte profonde à la liberté éducative et aux droits des parents d’instruire leurs enfants. C’est une mesure inutile pour lutter contre l’islamisation des jeunes puisque, jusqu’à présent, 100% des terroristes sont passés par l’école publique. Mais c’est aussi une mesure impossible à appliquer compte tenu de son coût et des besoins humains qu’elle nécessite.

    L’école à la maison aurait-elle plus de succès que l’on croit ?

    L’État a toujours dissimulé le nombre d’ enfants scolarisés à domicile pour camoufler la défiance des parents à l’égard de l’Éducation nationale. On ne pouvait accéder à ses données qu’en croisant plusieurs rapports et en recoupant les remontées d’association.

    Voilà qu’Emmanuel Macron, tout affairé à la lutte contre le séparatisme , a annoncé que 50 000 enfants étaient scolarisés à domicile, ce chiffre étant de 35 000 il y a cinq ans. C’est un terrible désaveu de l’école républicaine et laïque qui n’est plus capable d’instruire correctement les enfants.

    La plupart des parents qui choisissent l’école à la maison le font pour des raisons de commodités organisationnelles et pour permettre à leurs enfants de recevoir une instruction de qualité.

    Interdire l’école à la maison , c’est donc intégrer en septembre 2021 50 000 enfants supplémentaires dans l’école d’État. C’est techniquement impossible, car jamais le ministère ne pourra en supporter le coût financier et répondre aux besoins humains que cela suppose.

    Les classes ayant en moyenne 30 élèves, 50 000 élèves en plus à l’école représentent près de 1600 classes à créer. Soit autant d’instituteurs à embaucher. Ne connaissant pas l’âge de ces élèves il n’est pas possible de savoir lesquels iront à l’école et lesquels iront au collège.

    S’ils vont au collège, il faudra recruter encore plus de professeurs, en langues, en mathématiques, en physique, etc. des disciplines où la pénurie est forte. Confrontée au double phénomène d’un accroissement des démissions et d’une absence de candidats aux concours, l’Éducation nationale n’est plus en mesure de mettre les professeurs nécessaires en face des élèves. Lui ajouter 50 000 élèves à la rentrée prochaine, c’est accroître encore davantage une machine qui est déjà très fortement sous tension.

    Impossible de créer les classes nécessaires

    Une centaine d’établissements scolaires correspond à 1600 classes, étant bien entendu que les élèves scolarisés à domicile ne sont pas répartis de façon égale sur le territoire. Toujours est-il que pour les intégrer dans le système national d’éducation il va falloir créer de nouveaux établissements.

    Donc, trouver des terrains à bâtir et investir dans de nouvelles écoles. Recruter des chefs d’établissement, des administratifs, du personnel d’entretien, des surveillants, etc. Le coût d’investissement est colossal et ne pourra jamais être mobilisé d’ici septembre 2021. Quand bien même l’État disposerait des moyens financiers, il n’aura jamais le temps de construire ces établissements d’ici la rentrée prochaine.

    À cela s’ajoutent les coûts de fonctionnement. Le coût moyen d’un élève du primaire est de 6200 euros annuel, celui d’un collégien de 8600 euros. Intégrer 50 000 élèves dans l’école publique représente donc une dépense annuelle de près de 4 milliards d’euros. Jamais l’État ne trouvera l’argent nécessaire pour supporter et l’investissement et le fonctionnement généré par une telle décision.

    Souvenons-nous d’une promesse de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron : le dédoublement des classes de ZEP pour passer de 26 à 13 élèves par classe. Outre que cette mesure est inutile sur le plan pédagogique elle était impossible à réaliser sur le plan technique : dédoubler les classes signifie multiplier leur nombre par deux, donc d’instituteurs et d’établissements. Cette mesure n’a jamais été appliquée. Jean-Michel Blanquer a fait quelques dédoublements en Seine-Saint-Denis, pour donner le change et faire croire à son application, et tout s’est arrêté.

    Il en ira de même pour cette mesure. Les parents qui instruisent leurs enfants à la maison font réaliser d’importantes économies à la collectivité nationale : ils payent pour un service qu’ils ne consomment pas.

    Attendons donc les mois à venir et voyons comment le ministère de Grenelle va se dépatouiller de cette idée qui ne pourra pas aller plus loin que le papier.