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      "Elvis" de Baz Luhrmann: Comment le King a redéfini la masculinité dans le rock

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 26 June, 2022 - 05:55 · 8 minutes

    Austin Butler, incarnant le King Elvis Presley dans le biopic de Baz Luhrmann Austin Butler, incarnant le King Elvis Presley dans le biopic de Baz Luhrmann

    ELVIS - “J’ai vu ce garçon maigrichon se transformer en super-héros. Demain, toute l’Amérique ne parlera que d’Elvis Presley”. Voilà ce qu’assure le manager du King (incarné par Tom Hanks ) dans Elvis , biopic de Baz Luhrmann ( Romeo + Juliette, Moulin Rouge! ) dédié à l’artiste éponyme, sorti le 22 juin 2022 au cinéma. Un portrait d’Elvis Presley qui s’annonce flamboyant. Mais pas seulement.

    Car le cinéaste Baz Luhrmann est aussi connu pour ses exubérances visuelles, sa propension à allier classique et modernité, sa faculté à transgresser les attentes. Transgression et Elvis, une équation qui fait sens? A n’en pas douter. Outre-Atlantique, bien des journaux rappellent la modernité épatante du roi du rock. Aussi bien en termes de musique qu’en termes... de jeu avec les genres.

    Ainsi, The Observer n’hésite pas à l’affirmer: Elvis fut le premier grand artiste androgyne de la culture rock. Le premier à concilier masculinité et féminité en un tout subversif. Un chanteur qui aurait ainsi inspiré Mick Jagger, David Bowie, Freddie Mercury... jusqu’à la star de la pop Harry Styles .

    Elvis aurait-il redéfini la manière dont s’envisage la virilité dans la musique rock? Journaliste pour Numéro Magazine et autrice d’ouvrages rock ( Courtney Love, de l’enfer punk à la rédemption glam ), Violaine Schütz s’est penchée pour Terrafemina sur cette riche question.

    Terrafemina: The Observer voit en Elvis la première grande icône rock androgyne. Dans quelle mesure a-t-il contribué à redéfinir la masculinité dans le rock ?

    Violaine Schütz : C’est vrai qu’il avait un côté androgyne, pour l’époque. Le film de Baz Luhrmann le met d’ailleurs bien en valeur, notamment à travers les costumes signés Prada: pantalons larges, chemises moulantes, chemises ajourées en dentelle... Baz Luhrmann a interrogé les proches d’Elvis Presley, notamment son ex-épouse et sa fille, donc cet aspect-là est assez véridique.

    Et puis, on voit aussi Elvis se maquiller. On lui fait même une remarque à ce sujet: il serait maquillé comme une fille... On parle toujours du fait qu’Elvis ait volé sa musique aux Noirs (ce qui est vrai) ou qu’il a inventé le rock’n’roll (ce n’est pas vrai, il en est plutôt l’un des pionniers), mais rarement du fait qu’Elvis fait partie des premières figures dans la culture populaire à associer masculinité et féminité, comme a pu le faire un James Dean à l’époque. Bien avant Mick Jagger, bien avant le glam rock et Brian Eno (Roxy Music).

    Dans une interview du magazine Rolling Stone datée de 1995 et rapportée par Cheat Sheet , Mick Jagger déclare d’ailleurs: “Elvis était très androgyne. Les gens de l’ancienne génération avaient peur d’Elvis à cause de cela. C’est l’une des choses qu’ils ont vues chez Elvis. Ils le disaient efféminé”.

    “Efféminé” était effectivement une insulte à l’époque. Du temps de ses premiers concerts, Elvis évoluait dans le milieu très hétéronormé de la country. Et on le voyait se déhancher -son célèbre déhanchement... C’est un déhanchement de femme. On pense qu’il lui aurait été inspiré par Tura Satana, l’actrice du film culte Faster Pussycat! Kill, Kill! de Russ Meyer, qui lui aurait appris à danser comme ça [ Tura Satana était également gogo danseuse, ndlr ].

    De même, les gens disaient d’Elvis qu’il dansait comme un noir, ce qui n’était pas vraiment un compliment -le stéréotype était celui du Noir qui danse de manière “sauvage”, entre autres images ouvertement racistes de l’époque. Mais aussi... qu’il dansait comme une femme.

    C’est ça qui dérangeait: Elvis bousculait les normes du genre. Un homme ne devait pas se trémousser, faire bouger ses hanches de cette façon, comme les femmes pouvaient le faire dans les clubs de strip-tease notamment.

    Quelles furent les réactions lors de ses premiers concerts?

    Ces danses choquaient évidemment. On a rapidement fait à Elvis des procès de mauvaises mœurs. Les autorités essayaient de le coffrer. C’était quelque chose de très nouveau. On le surnommera Elvis the Pelvis (“le bassin”), en référence à son déhanché. Mais Elvis, ce sont aussi, en plein milieu des années cinquante, des cheveux gominés, des vêtements roses, des chemises près du corps, des traits fins, du maquillage aux yeux...

    En 1957, l’imprésario d’Elvis, le Colonel Parker, va le convaincre de lui faire faire son service militaire en Allemagne. On va donc l’envoyer à l’armée en mars 1958, et le masculiniser, c’est-à-dire: lui raser les cheveux. Cela revient à lui enlever ce qui fait sa force, son côté sexy. Les cheveux d’Elvis sont un peu comme ceux de Samson dans le mythe de Samson et Dalila...

    On parle beaucoup des costumes. Pourquoi contribuent-ils à sa facette androgyne?

    On observe plusieurs périodes d’Elvis à ce sujet. Celle où il arbore des pantalons très amples qui lui donnent l’impression de flotter. Des costumes un peu rockabilly, avec des chemises country, de belles chaussures, les cheveux gominés... Il aime beaucoup les vêtements.

    On va ensuite avoir le Elvis à l’armée. Puis le Elvis de 1968, qui fait son retour lors d’un mythique concert, le Elvis Presley 68 Comeback Special , diffusé sur la chaîne NBC, après avoir enchaîné des films très discutables où il portait des chemises hawaïennes et des shorts. Il revient avec un blouson de cuir très rock, moulé sur lui, une veste et un pantalon très sexy, il est très suave.

    Mais il y a également le Elvis du milieu des années 70, celui qui remplit Vegas tous les soirs. Il apparaît en combinaison strassée et hyper glam, grosses lunettes et cheveux longs, bottines, décolleté plongeant, torse épilé, il porte des bijoux. À ce moment-là, il me fait beaucoup penser à Elton John .

    C’est troublant de constater à quel point Elton John fait penser au Elvis des années Vegas. L’imagerie du glam rock en général fait écho à cette époque particulière d’Elvis. Le Elvis de Vegas m’évoque également le pianiste de music-hall Liberace, dont les costumes étaient très kitsch, exubérants.

    Elvis, de ce que l’on sait, n’était pas homosexuel, mais jouait beaucoup avec les codes féminins, les stéréotypes de genre. À l’instar d’icônes queer comme la chanteuse Cher, il avait cette démesure, ce côté extravagant, ce look pas facile à porter par tout le monde (surtout en dehors de Vegas)...

    Le look c’est important pour les artistes, du rock comme du rap aujourd’hui -ce que démontre par exemple l’émission de Netflix, Nouvelle École . On l’envisage avec la manière dont une star de la pop comme Harry Styles se met en scène – en robes, avec du vernis à ongles. On doit se créer une image très forte.

    On imagine mal Freddie Mercury sans marcel moulant: c’est une voix, et une musique, qui emprunte autant à l’opéra qu’au heavy metal, mais aussi un look, qui va autant déranger que fasciner.

    L’accoutrement pailleté d’Elvis est l’un des plus emblématiques de la pop culture, et a inspiré quantité d’imitateurs. Est-ce que ce culte du costume, du travestissement, l’a rendu populaire dans les soirées queer?

    Je ne sais pas car quand je pense à ça, je pense plutôt aux sosies d’Elvis, de ceux qu’on aurait pu voir dans les émissions d’Evelyne Thomas (rires) Des sosies qui ressembleraient plus à Dick Rivers d’ailleurs. Dans la communauté gay et music-hall, les costumes plus populaires renvoient davantage aux divas type Donna Summer.

    Le costume d’Elvis est presque devenu un déguisement de carnaval. Mais le fait qu’il le soit devenu démontre sa teneur iconique, aussi iconique que celui de Jessica Rabbit. Question “diva”, il faut aussi savoir qu’Elvis a failli jouer, à la fin des années 70, dans A star is born avec Barbra Streisand ...

    Est-ce que sa voix amenait quelque chose de différent des timbres masculins de l’époque?

    C’est un aspect intéressant effectivement. Récemment est sorti un disque de l’artiste country Orville Peck, cowboy officiellement queer, et par ailleurs ami avec l’actrice Riley Keough, la petite-fille d’Elvis -tout est lié. Et bien, sa voix ressemble vraiment à celle d’Elvis Presley. La voix d’Elvis n’était pas si masculine que ça malgré ses moments vraiment crooner. Comme c’est sexy, certaines intonations peuvent paraître plus transgressives.

    L’androgynie semble être une facette capitale de la culture rock. On pense à David Bowie , Robert Smith, Prince, Kurt Cobain ... Pourquoi cet aspect-là est si important selon toi?

    Little Richard déjà, aux prémices de la culture rock, n’était pas très viril non plus. Ni les Beatles, ni Mick Jagger, ni David Bowie effectivement. Comment l’expliquer? Je dirais que le rock est par essence une musique transgressive: on parle de musique du Diable.

    C’est la musique qui fait du bruit, énerve les autorités, les parents, va à l’encontre des normes. Quand on fait du rock c’est ce que l’on se sent différent, que l’on veut proposer quelque chose d’alternatif au monde où l’on vit, qui aille à l’encontre de l’establishment . Il y a l’idée d’une révolte, d’une rébellion.

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    À voir également sur Le HuffPost: La bande-annonce du très attendu biopic sur Elvis de Baz Luhrmann promet des paillettes et du rock’n roll

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      À Las Vegas, les sosies d'Elvis sommés de cesser les mariages

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 3 June, 2022 - 08:14 · 3 minutes

    À Las Vegas, les sosies d'Elvis sommés de cesser les mariages (Photo d'un mariage sur le thème d'Elvis à Las Vegas en février 2020. Mario Tama/Getty Images) À Las Vegas, les sosies d'Elvis sommés de cesser les mariages (Photo d'un mariage sur le thème d'Elvis à Las Vegas en février 2020. Mario Tama/Getty Images)

    ÉTATS-UNIS - Se faire marier par Elvis dans une petite chapelle de Vegas va-t-il être désormais plus compliqué? Chaque année, des milliers de touristes visitant Las Vegas ont recours à eux: des sosies d’Elvis Presley qui procèdent à des mariages express, unissant les tourtereaux d’un jour ou d’une vie dans des “chapelles” plus ou moins kitsch.

    Mais la société qui gère les droits du défunt “ King ” ne fait pas de sentiment et a sommé des chapelles ayant pour thème Elvis et son imagerie de cesser leurs activités ou de se mettre en conformité.

    Levée de boucliers de la part des sosies

    Authentic Brands Group (ABG), qui a pris le contrôle des droits du patrimoine d’Elvis Presley en 2013, a envoyé le mois dernier des lettres de mise en demeure, suscitant une levée de boucliers de la part des sosies, des propriétaires de chapelles et du maire de Las Vegas en personne.

    “Elvis Presley a longtemps élu domicile à Las Vegas et son nom est devenu synonyme de mariage à Las Vegas”, a déclaré à l’AFP Jason Whaley, président de la Chambre des mariages de la ville qui représente cette industrie florissante.

    “La Chambre des mariages de Vegas partage les inquiétudes de nombreuses chapelles et sosies dont la survie est en jeu, d’autant que beaucoup d’entre eux tentent encore de se remettre financièrement des difficultés provoquées par les fermetures liées au Covid”, explique-t-il.

    Continuer, mais dans le cadre de “partenariats” financiers

    ABG a présenté jeudi 2 juin ses excuses pour cette initiative, soulignant que le groupe soutenait les fans d’Elvis. “Nous sommes désolés qu’une communication récente avec un petit nombre de chapelles ait créé de la confusion et de l’inquiétude. Cela n’a jamais été notre intention”, affirme la société dans un communiqué à l’AFP.

    Artistes reprenant ses œuvres, sosies, chapelles et fans-clubs, “chacun de ses groupes contribue à garder Elvis en phase avec de nouvelles générations de fans”, poursuit-elle.

    Mercredi, le site Las Vegas Review-Journal indiquait que la société ABG avait proposé aux chapelles concernées de poursuivre leurs activités dans le cadre de “partenariats” financiers, comme des franchises annuelles.

    “Leur solution, c’est de payer 20.000 dollars par an pour continuer à faire ce que nous faisons depuis neuf ans”, déclare Kayla Collins, co-propriétaire du site LasVegasElvisWeddingChapel.com et de la Little Chapel of the Hearts. “Ce n’était pas sur la table voici quelques jours. Franchement, je pense que le fait de porter l’affaire sur la place publique les a fait réfléchir”, estime-t-elle.

    Une industrie à 2,5 milliards de dollars par an

    ABG contrôle aussi notamment les droits de Marilyn Monroe et de Mohammed Ali. Les mariages ayant pour thème Elvis ou célébrés par des sosies du chanteur sont une activité très lucrative à Las Vegas depuis les années 1970.

    Il en coûte par exemple jusqu’à 1600 dollars pour une “formule” permettant aux heureux mariés d’être unis par Elvis dans la chapelle “Viva Las Vegas” à bord d’une Cadillac rose décapotable de 1964.

    Selon la Chambre des mariages de Las Vegas, l’industrie réalise un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards de dollars.

    Harry Shahoian, l’un des dizaines de sosies d’Elvis basés à Las Vegas, a affirmé au Las Vegas Review-Journal qu’il avait officié “toute la journée de dimanche, 22 cérémonies”.

    À voir également sur Le HuffPost: Sophie Turner et Joe Jonas mariés à Las Vegas après les Billboard Music Awards