SANTE - “Il n’y a aucune preuve scientifique que l’endométriose aurait une origine pareille. Aucune, alors qu’on manque cruellement de recherche fondamentale”, a réagi l’AAERS, un collectif pour la recherche scientifique autour de l’
Adénomyose
et l’Endométriose, suite à la diffusion d’un extrait de l’émission de France 2 “Ça commence aujourd’hui” dédiée à l’endométriose.
Introduite comme autrice et spécialiste du développement personnel, Natacha Calestrémé y présentait l’
endométriose
comme “un message de notre corps qui nous dit qu’avant, il y a eu une souffrance énorme d’une personne qui a associé le mot enfance et mort”. Une prétendue explication qui a suscité la colère de nombreuses associations. Hier, mardi 3 mai,
France 2 a annoncé déprogrammer son émission
, prévue pour ce mercredi 4 mai.
Maladie gynécologique, l’endométriose, qui touche 10% des femmes, reste encore méconnue. Il s’agit d’une “maladie complexe”, souligne en ce sens l’association française de lutte contre l’endométriose
EndoFrance
, sur son site Internet. Celle-ci se définit par la présence de muqueuse utérine en dehors de l’utérus, pouvant être à l’origine de fortes douleurs au niveau du bas du ventre ou d’infertilité. Parmi les priorités de la recherche: l’identification des causes de cette maladie.
L’hypothèse des menstruations rétrogrades
“Les mécanismes qui conduisent à l’endométriose restent mal connus”, expose en effet l’Inserm. Et de fait, l’Organisation mondiale de la santé évoque de son côté des “causes multiples” et des facteurs “différents”. À l’heure actuelle,
l’OMS expose trois hypothèses
.
D’abord, celle des menstruations rétrogrades, “qui se caractérisent par la remontée de sang menstruel contenant des fragments d’endomètre par les trompes de Fallope et jusque dans la cavité pelvienne, alors même que les règles se produisent”. Celles-ci peuvent alors “amener des cellules semblables à du matériel utérin à se déposer en dehors de l’utérus”, précise l’OMS. C’est également l’hypothèse principalement mise en avant par l’Inserm et EndoFrance.
À cette première hypothèse, l’OMS ajoute celle de la métaplasie. “Il se pourrait que des cellules situées en dehors de l’utérus se transforment en des cellules semblables à du matériel utérin et commencent à croître”, explique l’organisation mondiale. Enfin, la maladie pourrait aussi découler “de cellules souches provoquant la maladie, laquelle se propagerait ensuite dans l’organisme à travers les vaisseaux sanguins et lymphatiques”.
Des facteurs multiples
Néanmoins, “alors que les cliniciens estiment que 90% des femmes présentent des saignements rétrogrades, seules 10% développent des lésions d’endométriose”,
souligne l’Inserm
. Le collectif AAERS cite à ce sujet les conclusions d’une étude parue en 2013 dans la revue internationale
Fertility and Sterility
: “les résultats de cette étude démontrent qu’une menstruation rétrograde seule, n’explique pas la pathogénèse [l’origine des symptômes] de l’endométriose”.
D’autres facteurs contribuent donc au développement de l’endométriose. Parmi lesquels “une altération ou déficience de la réponse immunitaire, des influences hormonales complexes et localisées, la
génétique
, voire des contaminants environnementaux”, détaille l’OMS. “Les chercheurs estiment que chaque cas d’endométriose serait imputable pour moitié à des facteurs génétiques et pour moitié à des facteurs
environnementaux
. Les scientifiques s’interrogent par exemple sur le rôle éventuel des perturbateurs endocriniens”, complète l’Inserm.
Autre facteur, enfin, selon l’OMS: les œstrogènes. Ces
hormones
“favorisent les inflammations, le développement de l’endométriose et les douleurs qui y sont associées”, éclaire l’organisation. Avant de nuancer: “Le lien entre œstrogènes et endométriose est toutefois complexe, car l’absence d’œstrogènes n’empêche pas forcément l’endométriose d’être présente”.
Un enjeu toujours d’actualité pour la recherche
L’identification des causes possibles de l’endométriose continue d’être un enjeu de la recherche au sujet de cette maladie chronique. Sur son site Internet, l’Inserm évoque notamment l’avancée de la recherche à propos des gènes de susceptibilité. Si l’établissement cite plusieurs études ayant “conduit l’identification de variations génétiques significativement associées à la maladie”, il souligne néanmoins que “ces gènes expliquent à peine 6% des cas d’endométriose”.
L’une des priorités concernant la maladie est “de mener davantage d’études sur la pathogenèse, la physiopathologie, la progression naturelle, les facteurs de risque génétiques et environnementaux”, estime en ce sens l’OMS.
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