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      Europe de l’Est : croissance et plein emploi grâce à la liberté économique

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 7 February, 2021 - 04:40 · 7 minutes

    Europe de l

    Par Aymeric Belaud.
    Un article de l’Iref-Europe

    Les anciens pays d’Europe de l’Est, appelés « démocraties populaires » sous le communisme, connaissent un développement économique grandissant et une amélioration des conditions de vie de leur population. C’est un véritable boom.

    L’un des exemples les plus marquants est celui de la République Tchèque. En effet, les Tchèques deviennent plus riches que les Espagnols et les Italiens . Quelle est la recette de cette réussite ? La réponse est simple, c’est le libéralisme économique.

    Plus de liberté économique en Europe de l’Est

    Ayant connu le totalitarisme communiste, les pays de l’Est se sont empressés de rendre leur pays et leur économie plus libres. Dès la chute du mur , certains États se sont réformés en profondeur. Ce fut le cas dès 1995 de la République Tchèque et de l’Estonie qui figurent maintenant parmi les pays les plus libres d’Europe.

    L’indice de liberté économique, créé en 1995 par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal , est un excellent outil permettant de mesurer la liberté laissée aux acteurs économiques. Il prend en compte 12 indicateurs, allant du niveau de dépense publique au respect de la propriété privée en passant par la santé fiscale ou encore l’efficacité de la justice.

    L’Estonie se retrouve comme l’un des pays les plus libres en Europe, et même dans le monde avec une 10e position en 2020 dans ce classement . La République Tchèque est 23e, devant l’Allemagne 27e. La France, elle, est 64e…, loin derrière la Roumanie 38e, et la Pologne 46e.

    Il y a un réel effort de libéralisation de l’économie à l’est de l’Europe. Et quand on compare les indices de liberté économique, on découvre aisément que les pays de l’Est ont une dynamique dépassant celle de certains pays de l’Ouest, même de l’Allemagne.

    Dans le prochain tableau, comme pour les suivants, apparaissent en rouge les deux plus mauvais classements, et en vert les deux meilleurs.

    Indice de liberté économique et ses évolutions europe de l Source : https://www.heritage.org/index/heatmap

    Si certaines nations se sont ouvertes plus tôt à des réformes libérales à la sortie des années communistes, comme l’Estonie et la République Tchèque qui sont les pays de l’Est les plus libres, d’autres accélèrent le mouvement depuis une petite dizaine d’années.

    C’est notamment le cas de la Pologne et de la Roumanie, qui sont passées devant la France dans le classement et se rapprochent de l’Allemagne. Ce sont les deux pays qui ont enregistré la plus forte libéralisation de l’économie entre 2009 et 2020.

    L’opposition à ces réformes est mineure en Estonie et en République tchèque où les partis politiques, de gauche, de droite ou même populistes, ont quasiment tous inséré dans leur programme des éléments libéraux.

    Car les réformes ont permis une amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population, et elles portent aujourd’hui leurs fruits avec des résultats excellents.

    … pour plus de croissance et moins de chômage

    La liberté favorise une croissance économique et une chute du chômage. Sur le tableau suivant, on voit que la croissance des pays qui se libèrent économiquement augmente.

    Taux de croissance du PIB réel et son évolution par rapport à l’évolution de l’indice de liberté économique europe de l Sources : https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=File:%C3%89volution_du_PIB_r%C3%A9el,_2009-2019_FP2020.png ; https://www.heritage.org/index/heatmap

    Mis à part la Hongrie, les pays où les acteurs économiques ne subissent pas le poids de l’État bénéficient d’une forte croissance, qui ferait pâlir toute l’Europe de l’Ouest et du Sud. La Roumanie et la Pologne, avec une évolution de l’indice de liberté de plus de 6 points sur les dix dernières années, connaissent une croissance moyenne de plus de 3 % par an sur la même période.

    Bons résultats aussi en ce qui concerne le chômage, dont le taux est relativement bas dans les pays de l’Est, par rapport aux pays du sud de l’Europe.

    Comparaison entre le taux de chômage et l’indice de liberté économique PNG - 11.3 ko Sources : https://fr.countryeconomy.com/marche-du-travail/chomage ; https://www.heritage.org/index/heatmap

    La République Tchèque cartonne avec un taux de chômage à 2 % ! Le plein emploi est une réalité également en Pologne, avec moins de 3 % de chômage. L’Espagne, l’Italie et la France, pays les moins libres de ce classement, sont ceux qui comptent un nombre massif de chômeurs.

    La Hongrie pourrait à première vue faire figure d’OVNI, avec un indice de liberté faible, qui stagne depuis 10 ans (-0,4), mais un chômage très bas et une croissance proche de 5 % en 2019.

    Un examen détaillé des indicateurs de l’indice de liberté économique nous fournit l’explication : liberté commerciale très importante (86,4) tout comme la liberté des investissements (80,0), et niveau de taxation assez faible (noté 79,9, soit un très bon score). À l’inverse, en France, ces mêmes indicateurs sont respectivement à 81,4, 75,0 et 48,8 (soit très proche de l’enfer fiscal !).

    C’est l’indicateur du niveau de taxation qui influe de façon importante sur les résultats économiques de la Hongrie. Celle-ci a supprimé l’impôt sur la fortune et institué un impôt sur le revenu à taux unique, 16 %. L’impôt sur les sociétés y est aussi très bas, avec deux taux à 10 et 19 %. Résultat : pas d’effet de seuil et des entreprises qui peuvent prospérer.

    Cette fiscalité permet à la Hongrie d’atteindre de très bons résultats en termes de croissance et de chômage. Pour autant, elle est le pays de l’Est affligé de la plus forte dette, alors que les pays plus libres ont une dette plus basse.

    Les économies les plus libres ont les États les mieux gérés

    La liberté économique permet aussi d’avoir un État bien géré, et donc peu endetté. Les pays de l’Est l’ont bien compris et leur endettement est faible par rapport à celui de la France, de l’Italie ou de l’Espagne.

    Dans le tableau suivant, on observe que les deux pays ayant le taux d’endettement le plus bas sont aussi les deux pays ayant l’indice de liberté économique le plus élevé, et inversement que les pays les plus endettés sont aussi ceux où la liberté économique est la plus basse.

    Comparaison entre la dette publique et l’indice de liberté économique Comparaison entre la dette publique et l Source : https://www.touteleurope.eu/actualite/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne.html ; https://www.heritage.org/index/heatmap

    Une gestion de la COVID-19 difficile à évaluer

    En cette période de crise pandémique, les pays ont adopté des stratégies différentes. Mi-janvier, l’Estonie était l’un des pays d’Europe imposant le moins de restrictions . Avec seulement le masque obligatoire et des limitations dans les commerces, les seules fermetures d’établissements sportifs et culturels concentrées dans la région de la capitale, Tallinn.

    Et le pays s’en sort bien avec 321 morts par million de personnes depuis le début de la crise ce qui le classe parmi les très bons élèves. En revanche, la situation est plus détériorée en République Tchèque (1509 morts/million de personnes) et en Hongrie (1245) malgré des mesures strictes (couvre-feu en Tchéquie, confinement partiel en Hongrie). La Pologne confinée obtient de meilleurs résultats (989 morts/million d’habitants) même si les mesures sanitaires annexes sont moins strictes qu’en Tchéquie et Hongrie.

    Les stratégies Covid varient donc d’un pays à l’autre en Europe centrale et de l’Est, rendant les comparaisons hasardeuses.

    En revanche, un consensus établit que le libéralisme permet un meilleur développement économique. Les années 2020 et 2021 vont ralentir cette expansion.

    Mais quand tout sera revenu à la normale, il est probable que d’ici 20 à 30 ans, les anciens pays communistes seront des puissances économiques régionales et des places d’échanges incontournables. Les pays du sud de l’Europe, dont la France fait partie, peuvent encore revenir dans le jeu.

    Mais pour cela, il faudrait avoir le courage de réformer en profondeur, de lutter contre l’endettement public et de libérer les forces vives de l’excès de réglementations, d’impôts et charges.

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      L’agilité de l’Estonie, une force contre la pandémie

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 1 May, 2020 - 03:30 · 6 minutes

    Par Philbert Carbon.
    Un article de l’Iref-Europe

    Coincée entre le géant russe et la mer Baltique, face à la Finlande, l’Estonie ne fait généralement pas parler d’elle. Il est vrai que si elle a une superficie équivalente à l’ancienne région Midi-Pyrénées (45 000 km2), sa population est plutôt celle d’un gros département (1,3 million d’habitants, soit l’équivalent de la Gironde), mais avec la densité d’un petit (29 habitants/km2, comme l’Ariège ou la Haute-Marne). Que pourrait donc bien apprendre un si « grand pays » comme la France d’un si petit État ?

    L’Estonie est souvent citée en exemple pour être la « digital nation » ou la « start-up nation » avec nombre de fleurons et de licornes dont la plus connue, en ces temps de distanciation sociale, est sûrement Skype.

    Pourtant le pays revient de loin. Après avoir souffert sous le joug soviétique de 1939 à 1991, l’Estonie « a fait le choix d’une rupture franche avec le système administratif précédent, contrairement à d’autres républiques socialistes soviétiques » écrivent Violaine Champetier de Ribes et Jean Spiri.

    Les dirigeants politiques estoniens se sont, en effet, dès la « libération », évertués à créer un État plateforme ou État numérique. Non pas pour créer un pays moderne à tout prix où le digital serait roi, mais bien dans l’idée d’avoir un État « minimal et efficace » servant aux mieux ses citoyens, quasiment considérés comme des « clients ».

    Les principes de l’administration en Estonie

    Parmi les grands principes essentiels qui gouvernent l’administration estonienne, on trouve, par exemple, que :

    « le secteur public organise ses processus de manière à ce que les citoyens, les entreprises et les entités publiques n’aient à entrer leurs informations qu’une seule et unique fois » ou que « les individus sont propriétaires de leurs données personnelles [et] contrôlent l’usage qui en est fait ».

    Ainsi l’Estonien qui a fourni un jour son relevé d’identité bancaire aux impôts n’aura plus jamais à le donner. Les différentes administrations s’échangent les informations dont elles ont besoin. Si votre commune de résidence a besoin de votre RIB, elle le trouvera auprès de l’administration qui le détient.

    Vous serez informé de l’échange de données et vous pourrez demander à votre commune à quelle fin elle se procure cet élément. Commune qui est tenue de répondre sous risque de se faire condamner par la justice.

    Chaque citoyen estonien possède une carte d’identité électronique (e-ID) lui permettant, entre autres choses, d’accéder aux services numériques de l’État. En 2018, 99,5 % des services publics étaient dématérialisés.

    Comme le dit un représentant de l’administration, cité par Champetier de Ribes et Spiri, « seulement trois démarches ne sont pas réalisables en ligne : se marier, divorcer, acheter un logement » ! Non pas que ce soit techniquement impossible, mais parce qu’on n’a pas jugé cela souhaitable.

    L’e-prescription médicale

    Dans le domaine de la santé, sujet d’actualité s’il en est, on peut donner l’exemple de l’e-prescription médicale. Les médecins, hôpitaux, pharmacies sont connectés au Service d’Ordonnance Digitale.

    « Le patient doit simplement présenter son e-ID à la pharmacie. Le pharmacien récupère alors les données du patient, accède à son ordonnance en ligne et lui délivre ses médicaments. Le système interagit avec les données du Fonds estonien d’Assurance maladie, appliquant ainsi directement aux prix des réductions et aides de l’État auxquelles le patient aurait droit.

    L’autre avantage essentiel de ce système réside dans le fait que le renouvellement d’ordonnances ne nécessite plus de visite chez le médecin. Les patients peuvent contacter leur médecin par mail, Skype ou téléphone et ce dernier peut alors délivrer l’ordonnance en seulement quelques clics. Un gain de temps à la fois pour les patients et les médecins, et qui réduit globalement la charge administrative ».

    L’Estonie, un pays d’entrepreneurs pour lutter contre le coronavirus

    En seulement deux ans, de 1992, au lendemain de la « libération », à 1994, le nombre d’entreprises en Estonie est passé de 2000 à 70 000, soit une augmentation de 3400 % ! Il faut dire qu’entretemps le gouvernement a mis en œuvre une flat tax pour les entreprises (20 % sur les bénéfices non réinvestis), mais aussi pour les individus (26 %).

    Aujourd’hui le pays occupe la dixième place de l’ Index of economic freedom 2020 publié par Heritage Foundation , loin devant la France classée 64ème.

    Ainsi quand la crise du Covid-19 s’est déclarée, le pays balte a pu compter sur ses entrepreneurs. Dès le 13 mars, soit le lendemain de la déclaration de l’état d’urgence, l’écosystème start-up estonien, sous l’impulsion de Kai Isand, chef de projet chez Accelerate Estonia , une plateforme d’innovations citoyennes, lance « Hack the crisis ». Il s’agit d’un hackaton , c’est-à-dire d’un « marathon » de développeurs informatiques qui, pendant 48 heures non-stop, travaillent sur des projets en mode collaboratif afin de tester une idée ou produire un prototype.

    Plus de 1000 personnes ont participé en ligne. Les cinq projets, récompensés de 5000 euros chacun, vont pouvoir être développés immédiatement :

    • une carte interactive, pour visualiser les données sur le coronavirus dans le pays ;
    • un chabot, pour répondre aux questions les plus fréquentes sur la crise ;
    • un questionnaire d’auto-évaluation, pour informer les personnes sur leur risque d’être infectées ;
    • un site web, pour recenser les volontaires prêts à prêter main forte dans les hôpitaux en cas de besoin ;
    • une plateforme, pour permettre aux entreprises de se prêter temporairement de la main d’œuvre.

    Cette initiative spontanée a fait des petits, puisqu’un hackaton s’est déroulé début avril à l’échelle mondiale (« The global hack ») avec 12 000 participants issus de 98 pays. Nombre de projets similaires ont également émergé dans une cinquantaine de pays, dont la France.

    Le pays le mieux préparé à la crise

    Comme le dit Anett Numa, de l’ e-Estonian Briefing Centre , un organisme chargé de promouvoir l’exemple estonien à travers le monde, le pays balte est probablement « le mieux préparé aux conséquences de cette crise » .

    En effet, pour elle,

    « La numérisation de notre société a rendu notre vie plus simple et c’est encore plus vrai en ce moment ! L’État est entièrement numérique et 99 % des services publics sont disponibles en ligne 24/7, l’accès aux services reste facile et fluide même en pleine crise. Les fonctionnaires peuvent également travailler à distance depuis leur domicile ce qui contribue à l’efficacité de la lutte contre la propagation du virus sans que les services soient interrompus ».

    Une agilité des services publics estoniens qui va de pair avec leur sveltesse.

    En France, l’État obèse est incapable du moindre mouvement, toute tentative pourrait même le faire tomber dans le gouffre au bord duquel il se tient depuis trop longtemps. Puisse cette crise nous faire prendre conscience que la centralisation, les réglementations et la bureaucratie, les déficits et la dette, sont des boulets dont il faut nous défaire.

    L’Estonie peut être un exemple. L’Allemagne, dont on a tant parlé ces derniers jours, aussi. Les chiffres de la pandémie parlent malheureusement d’eux-mêmes : 180,1 cas de Covid-19 en France pour 100 000 habitants ; 184,2 en Allemagne ; 119,8 en Estonie à la date du 24 avril 2020. Mais c’est surtout sur le nombre de décès que la différence est criante : 32,6 morts en France du coronavirus pour 100 000 habitants ; 6,7 en Allemagne ; 3,4 en Estonie.

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