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      Au Festival d'Avignon, une pièce de 13 heures attire les intrépides

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 11 July, 2022 - 10:28 · 3 minutes

    "Le nid des cendres" se joue depuis le 7 juillet au Festival d'Avignon.

    THÉÂTRE - “Quelle abnégation”, lance la comédienne au public. “Soit, ils sont masochistes”, plaisante un autre comédien. Au Festival d’Avignon , qui s’est ouvert jeudi 7 juillet, une épopée théâtrale relève le défi de garder assis des spectateurs pendant 13 heures... avec quelques entractes tout de même.

    Ce n’est pas une première. En 2018, Julien Gosselin faisait une adaptation de dix heures de trois romans de l’Américain Don DeLillo, et cette année même, le directeur sortant du festival, Olivier Py, monte sa monumentale oeuvre Ma Jeunesse exaltée (10 heures également).

    À la Fabrica, une des scènes du festival juste en dehors de la Cité des papes, le public, resté globalement jusqu’au bout, s’est levé vers minuit pour applaudir bruyamment les 17 comédiens et comédiennes du Nid de cendres , du dramaturge trentenaire Simon Falguières.

    Après chacun des quatre entractes et deux pauses, deux comédiens s’extasient (“Ils ne sont pas partis!”) et s’amusent à encourager ou à taquiner l’assistance.

    Une “bonne bizarrerie”

    Cette épopée, divisée en sept parties et qui oppose un monde réel à celui des contes, raconte d’abord l’histoire d’un couple qui abandonne son bébé près de la roulotte d’une troupe itinérante de théâtre, puis celle d’une reine malade - une sorte d’allégorie, un roi et une princesse qui veulent la guérir.

    Les deux mondes, séparés par une scénographie différente et efficace, se rejoignent au bout des 13 heures, après une série de péripéties où la fable se mélange aux clins d’œil à l’actualité.

    Malgré des scènes qui pourraient sembler décousues, certains spectateurs interrogés par l’AFP au bout de ce marathon avaient l’air transportés par l’expérience. “Ce format mérite d’exister. C’est une bonne bizarrerie. J’ai très peu regardé mon téléphone, les infos, les messages, on est un peu hors du temps”, affirme Jude Butel-Gans, 23 ans, étudiant en sciences sociales venu de Lyon.

    “On est content d’avoir tenu, on se laisse emporter”, rit Marie Roux, 45 ans, entraînée dans cette expérience par sa fille Manon, 17 ans, élève au Conservatoire de Paris. Mais je pense que c’est compliqué que ça se fasse ailleurs qu’à Avignon.” Pas tout à fait. L’actuel directeur du Centre dramatique national d’Angers Thomas Jolly a présenté, au mois de juin dernier, un spectacle de 24 heures, regroupant quatre pièces de théâtre de Shakespeare et dix entractes.

    Un “vrai travail de troupe”

    “Je trouve qu’il y a des moments où ça aurait pu être plus creusé mais c’est facile à suivre”, commente la fille de Marie. Julie, metteuse en scène venue de Strasbourg, n’a pas du tout aimé le propos, mais nuance: “prendre ce temps-là, d’arrêter nos montres, c’est un beau geste”.

    Dans la presse, l’épopée de Simon Falguières ravit. Dans Le Monde , on apprend que “le dispositif laisse toute la place aux comédiens, qui offrent le plaisir d’un vrai travail de troupe, où chacun prend sa place dans un collectif vivant et divers”.

    Même son de cloché chez Libération , selon qui c’est “grâce à eux, à l’empilement des heures, à l’état second dans lequel ils nous plongent, que naît à force l’impression d’une formidable machine de théâtre s’auto-engendrant pour son propre plaisir”. Les Échos vont plus loin, espérant que ce spectacle de 13 heures est si beau “qu’on voudrait qu’il ne se termine jamais”.

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