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      À Jérusalem, les obsèques de la journaliste d'Al Jazeera tournent à l'affrontement

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 13 May, 2022 - 13:28 · 5 minutes

    INTERNATIONAL - “Au revoir Shireen, au revoir la voix de la Palestine.” Ce vendredi, 13 avril, les Palestiniens ont dit adieu à une de leurs journalistes vedettes, Shireen Abu Akleh , tuée d’une balle dans la tête deux jours plus tôt à Jénine, en Cisjordanie occupée, alors qu’elle couvrait un raid israélien .

    Ses obsèques ont été source de tensions. Des violences ont éclaté dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Joseph de Jérusalem à la sortie du cercueil de la journaliste quand la police israélienne a dispersé une foule brandissant des drapeaux palestiniens, selon des journalistes de l’AFP et de médias locaux. Sur des images de la chaîne Palestine TV, on voit le cercueil de la reporter manquer de tomber au sol.

    Les forces israéliennes ont fait irruption dans l’enceinte de l’hôpital situé à Jérusalem-Est, dans le secteur palestinien de la ville occupé et annexé par l’État hébreu. “Si vous n’arrêtez pas ces chants nationalistes, nous devrons vous disperser en utilisant la force et nous empêcherons les funérailles d’avoir lieu”, a déclaré dans une mégaphone un policier israélien en direction de la foule, selon une vidéo diffusée par la police.

    Affrontement entre la police israélienne et les Palestiniens

    Selon elle, “des centaines de personnes” se sont rassemblées à l’hôpital et des pierres ont été jetées en direction de la police qui a été “obligée d’utiliser des moyens de dispersion anti-émeute”. “De brutales forces spéciales israéliennes attaquent le cortège funèbre de Shireen Abou Akleh sortant de l’hôpital Saint-Joseph”, a dénoncé sur Twitter Hanane Achraoui, une ancienne ténor de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

    Dylan Collins, journaliste à l’AFP, explique sur Twitter que la police a frappé les personnes présentes dans le cortège. Selon Al-Jazeera, la police israélienne “attaque les Palestiniens”. L’un des journalistes de la chaîne explique que “l’armée israélienne demande aux gens s’ils sont chrétiens ou musulmans. Si vous êtes musulmans, vous n’êtes autorisés à l’intérieur.”

    Le cercueil de Shireen Abu Akleh a finalement été transporté vers la Vieille Ville où est a été célébrée une messe dans une église, avant l’inhumation dans un cimetière à proximité. Après la cérémonie, une foule a suivi l’ambulance transportant sa dépouille jusqu’au point de passage entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par l’Etat hébreu. Les habitants de Cisjordanie, dans leur écrasante majorité, n’ont pas accès à Jérusalem.

    Un gilet pare-balles siglé “presse”

    Les funérailles de la reporter de 51 ans ont lieu sur fond de violences persistantes, alors que de nouveaux heurts ont éclaté dans le camp de réfugiés de Jénine où elle a été tuée. 13 Palestiniens y ont été blessés par balle lors d’une nouvelle opération de l’armée israélienne, selon des sources palestiniennes.

    Le camp de Jénine est un bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie, d’où étaient originaires des auteurs d’attaques récentes en Israël. L’armée israélienne y avait lancé une opération pour appréhender des Palestiniens recherchés.

    Vendredi, lors d’un nouveau raid, elle a pilonné une maison et blessé par balle à l’abdomen un Palestinien lors de heurts, d’après Wafa. Un autre Palestinien a été blessé par balle près de Ramallah lors d’un autre incident, selon l’armée israélienne. Il avait lancé une brique vers une voiture et tenter d’entrer à l’intérieur.

    Al Jazeera a accusé les forces israéliennes d’avoir tué “de façon délibérée” Shireen Abu Akleh, sa journaliste vedette qui portait un gilet pare-balles siglé “presse” et un casque de reportage.

    L’origine du tir mortel n’a pas été identifiée

    Israël, après avoir dit qu’elle avait “probablement” succombé à un tir palestinien, a affirmé ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats. Vendredi, l’armée israélienne a finalement indiqué qu’il n’était pas possible de déterminer dans l’immédiat l’origine du tir ayant tué la journaliste. “L’enquête montre qu’il y a deux possibilités pour l’origine du tir l’ayant tuée”, selon l’armée.

    La première option est celle d’un “tir nourri d’hommes armés palestiniens (en direction des forces militaires israéliennes), alors que des centaines de balles ont été tirées depuis plusieurs endroits”, a estimé cette source.

    “L’autre option est que pendant la fusillade, l’un des soldats (israélien) a tiré quelques balles depuis une jeep à l’aide d’une lunette télescopique vers un terroriste qui tirait sur son véhicule”, a indiqué l’armée, pour qui il est “possible que la journaliste qui se tenait près du terroriste (...) ait été touchée”.

    Lors de la cérémonie à Ramallah, le président palestinien Mahmoud Abbas a dit tenir les autorités israéliennes pour “complètement responsables” de la mort de la journaliste, refusant une enquête conjointe avec Israël. “Les autorités israéliennes ont commis ce crime et nous ne leur faisons pas confiance”, a-t-il affirmé.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Évasion de prison par un tunnel de six palestiniens en Israël