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      La petite "Martine" débarque aux Galeries Lafayette dans un nouvel album

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 1 July, 2022 - 16:06 · 4 minutes

    La couverture de La couverture de "Martine à la ferme", album sorti en 2016.

    LIVRE - Après Martine fait ses courses en 1964, dans laquelle la célèbre fillette achetait “un livre de biscuits”, celle-ci se retrouve aujourd’hui aux Galeries Lafayette , où elle y parcourt la “Beauty Galerie”. Un tournant commercial surprenant pour cette héroïne populaire. Le nouvel album Martine aux Galeries Lafayette sort ce vendredi 1er juillet, mais exclusivement dans les magasins de l’enseigne.

    “Les Galeries Lafayette sont une exception dans la collection, un partenariat”, d’après Anne-Sophie Congar, responsable éditoriale petite enfance de Casterman, maison d’édition de la série de livres . “Pourquoi l’héroïne (...) ne deviendrait-elle pas influenceuse ?”, se demande de son côté le site internet d’actualité de la mode FashionUnited .

    “Cet ouvrage illustre bien l’ambition de notre marque d’offrir à nos visiteurs du monde entier une expérience unique à chaque visite”, commente le directeur de la communication des Galeries Lafayette, Guillaume Houzé, dans un communiqué du groupe.

    Si à la deuxième page de l’aventure Martine passe par la “Beauty Galerie”, devant des rayonnages de produits de beauté, c’est par souci de réalisme. “On rentre forcément par cet endroit-là” dans le grand magasin parisien, ajoute Anne-Sophie Congar.

    Sur la couverture, les auteurs restent les mêmes: Gilbert Delahaye et Marcel Marlier, tous deux décédés en 1997 et en 2011. À l’intérieur, en tout petits caractères, on découvre que le texte est en fait signé d’une femme, Rosalind Elland-Goldsmith. Cette Franco-Britannique avait déjà récrit en trois ans, de 2015 à 2018, les 60 “Martine”, pour les adapter au goût du jour.

    Pas de sortie en librairie, une pratique “dénoncée par les libraires”

    Si les projecteurs se braquent tant sur cette opération commerciale, c’est aussi parce que les librairies ne pourront donc pas se le procurer. La pratique n’est pas nouvelle, mais est toujours “dénoncée par les libraires”, commente le délégué général du Syndicat de la librairie française, Guillaume Husson, interrogé par l’AFP.

    Pour autant, “il aurait sans doute été difficile pour eux de vendre un titre aussi identifié à l’un de leurs concurrents, sans compter que Martine est une héroïne assez datée dont les ventes sont en déclin depuis de nombreuses années”, ajoute-t-il.

    Un avis que ne partage pas Céline Charvet, des éditions Casterman, Martine reste “un très grand succès”. La preuve: “On a été surpris par son ampleur en relançant la série. On avait tiré 15.000 exemplaires en pensant qu’ils feraient deux ans, et au bout de trois semaines on réimprimait”.

    La série compte une soixantaine de titres, de “Martine à la ferme” en 1954 à “Martine et le Prince mystérieux en 2010″, en passant par “Martine à l’école”, “Martine petit rat de l’opéra” ou encore “Martine fait du camping”.

    Casterman a fait redémarrer la série en juin 2021 avec “Martine au Louvre” (50.000 exemplaires vendus à ce jour), puis “Martine au château de Versailles” en mai (30.000 exemplaires). Cela reste loin des ventes des années 1950 à 1980: Casterman estime que 110 millions d’exemplaires de “Martine” au total ont été écoulés en français.

    “Faire de Martine un personnage intemporel”

    À en croire Céline Charvet, Martine avait deux défauts. Ses histoires étaient trop longues pour un public qui avait rajeuni, aux alentours de quatre ans aujourd’hui. Et selon l’éditrice, des lectrices conviées à donner leur avis “butaient sur des représentations stéréotypées de ce qu’étaient une fille et un garçon, un père et une mère”.

    Par exemple, le titre de Martine petite maman , qui sous-entendait que la fillette était vouée à devenir mère de famille et s’entraînait à ce rôle, a changé. Martine garde son petit frère , plus neutre, est fidèle à l’intrigue de cet album de 1968.

    “On n’a pas transformé Martine en héroïne féministe. Le but était d’en faire un personnage intemporel, dans le respect de l’œuvre originelle”, explique Céline Charvet. Quant aux dessins, ils n’ont pas bougé, même dans les nouveaux albums. Ce sont toujours ceux de Marcel Marlier.

    “On a un réservoir d’images considérable, d’une qualité exceptionnelle”, affirme Anne-Sophie Congar. “L’exigence est de continuer à puiser à cette source, puisque c’est le souvenir que les lecteurs gardent de Martine. Chez ceux qui ont oublié les histoires, les images sont restées dans leur rétine.”

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