• chevron_right

      GameStop, citing “regulatory uncertainty,” winds down its crypto and NFT wallet

      news.movim.eu / ArsTechnica · Friday, 4 August, 2023 - 16:20

    GameStop NFT marketplace page reading

    Enlarge / An artifact from an earlier time in GameStop's crypto enthusiasm, the launch of its NFT marketplace in July 2022. (credit: GameStop)

    GameStop will still sell you NFTs, but you now have to store and secure them yourself. The game store is ending the wallet app it offered for iOS devices and Chrome browsers as of November 1 and is telling customers to double-check their "Secret Passphrase."

    GameStop's notice at the top of its wallet page and other crypto-related sub-sites cites "the regulatory uncertainty of the crypto space" for the removal of its wallet extension and app. The Securities and Exchange Commission sued Binance and Coinbase in June, citing the exchanges' failure to provide protections for customers, keep records, and accept inspection by the SEC.

    As noted by Game Developer , though, the decision may have been in the works before that. December 2022 layoffs at GameStop heavily impacted the team working on the Ethereum-based blockchain wallet.

    Read 5 remaining paragraphs | Comments

    • chevron_right

      GameStop en difficulté : fin de la partie pour Micromania ?

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Friday, 9 December, 2022 - 16:30

    copie-de-ajouter-un-titre-67-158x105.jpg

    La situation du géant de la vente vidéoludique physique continue de s’empirer et pourrait bien avoir des impacts en France.

    GameStop en difficulté : fin de la partie pour Micromania ?

    • chevron_right

      Analysis: GameStop NFT trading slows in marketplace’s first week

      news.movim.eu / ArsTechnica · Monday, 18 July, 2022 - 19:24 · 1 minute

    If GameStop's NFT business is gonna go "to the moon," total trade volume on the platform has been bending in the wrong direction so far...

    Enlarge / If GameStop's NFT business is gonna go "to the moon," total trade volume on the platform has been bending in the wrong direction so far...

    Last week, when Ars analyzed the first day of NFT sales on GameStop's heavily hyped crypto marketplace , some boosters were quick to suggest that this was just a starting point and that interest and trading volume might increase as time goes on and more people discover the trading platform. Over the marketplace's first week, though, interest in trading GameStop NFTs seems to be declining when compared to that launch day performance.

    An Ars-exclusive analysis of the GameStop NFT marketplace now shows that it has been responsible for about 5,254 ETH in total trading volume in its first week (worth about $7.8 million at current exchange rates). That's a daily average of about 750 ETH ($1.117 million) in total trade volume. GameStop takes a 2.25 percent fee for all those trades, representing a daily average of 16.9 ETH ($25,113) in direct revenue to the company. All told, six of the over 300 collections on the platform are responsible for a majority of that trading volume.

    (Note: Ever-volatile ETH prices have increased about 38 percent since last Tuesday, when Ars did its launch day analysis of the marketplace. Unless otherwise noted, we're using the current ETH spot price—$1,488.06 as of this writing—for conversions here, even though transactions earlier in the week likely took place at lower dollar/ETH rates.)

    Read 9 remaining paragraphs | Comments

    • chevron_right

      Analysis: GameStop’s NFT marketplace earns the company just $45K in first day

      news.movim.eu / ArsTechnica · Tuesday, 12 July, 2022 - 21:01 · 1 minute

    Is GameStop's "power to the players" NFT marketplace bringing any power to GameStop itself?

    Enlarge / Is GameStop's "power to the players" NFT marketplace bringing any power to GameStop itself?

    GameStop's new NFT marketplace—which finally launched in beta on Monday after months of teases and hype among some retail traders—has brought the game retailer about $45,000 in transaction fees in its first 24 hours, according to an Ars-exclusive analysis. While that revenue is a minimal drop in the bucket for a company of GameStop's size, it also means GameStop is now a surprisingly large player in the quickly shrinking market for NFTs.

    Ars' analysis is based on publicly available data from the Gamestop NFT marketplace webpage . So far, that marketplace is sorted into nearly 54,000 distinct NFTs (many of which are available in multiple limited "editions") that are all part of one of about 250 collections. The combined, displayed "total volume" for those NFTs—which includes both initial sales by the creator and subsequent sales by secondhand purchasers—totaled about 1,835 ethereum (ETH) as of Tuesday afternoon (roughly $1.98 million at current ETH market prices).

    GameStop takes a 2.25 percent marketplace fee on all those transactions (broadly in line with competing marketplaces), which translates to about $44,500 at current market rates. The rest of that sales volume goes to the people selling the NFTs, after crypto network fees and a variable creator royalty fee are taken into account.

    Read 14 remaining paragraphs | Comments

    • Co chevron_right

      Robinhood, vraiment un Robin des bois ?

      Philippe Alezard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 20 February, 2021 - 03:50 · 12 minutes

    Par Philippe Alezard.

    Robin des Bois est de retour, et avec lui, une armée de petits porteurs qui va s’en prendre aux usurpateurs du pouvoir financier, au Jean Sans Terre des marchés, les fonds d’investissement vendeurs à découvert. Robinhood et son armée de hors-la-loi, les WallStreetBets , WBS, vont ridiculiser le nouveau shérif de Nottingham, à savoir WallStreet. C’est MainStreet contre WallStreet.

    Robinhood créée en 2013 est une plateforme de trading qui souhaite démocratiser l’accès aux produits financiers par le biais d’un outil extrêmement simple, gratuit, et accessible via un téléphone portable. On reviendra plus loin sur ladite gratuité du service. L’objectif est de réunir un maximum de petits porteurs. Ceux-ci pourront se voir offrir l’opportunité d’acheter tout type d’action ou d’option grâce au trading on margin.

    Pour le client, le trading sur marge consiste en l’ouverture d’un compte de marge avec lequel il va payer seulement un pourcentage de l’actif qu’il souhaite acheter. Il emprunte la différence à son broker , en l’occurrence Robinhood, qui de fait, agit comme un préteur et l’actif détenu agit comme le collatéral de sécurité. C’est l’effet de levier qui permet de multiplier les gains mais également les pertes.

    C’est la qu’interviennent les fameux appels de marge quand l’actif prend le sens contraire de votre « pari ». Dans ce cas, pas d’autres choix que de créditer à nouveau le compte de marge ou de sortir à perte son achat.

    Robinhood sur Reddit

    Reddit est un site web communautaire partageant tout type d’actualité par le biais de forum, des subreddits , dont l’un des plus actifs actuellement, visant à lutter contre des marché financiers et leurs spéculateurs, est WallStreetBets (WSB).

    Avec la pandémie du covid et les confinements, Robinhood et WallStreetBets ont connu une progression en miroir avec chacun plus de trois millions d’utilisateurs supplémentaires. Selon une étude de Envestnet Yodlee une grande partie du fameux Stimmy Check, chèque de stimulus de 1200 dollars versé par le gouvernement américain, s’est retrouvée massivement investie sur les marchés financiers et en grande partie par le biais de Robinhood, qui est devenu le bras armé de WSB.

    Sur la base des derniers chiffres publiés en juin 2020, Robinhood comptait 13 millions de clients, et était devenu le premier broker américain, loin devant les anciens leaders, avec une moyenne journalière de 4,3 millions de trades . MainStreet va pouvoir prendre sa revanche sur WallStreet. Les 99 % vont enfin pouvoir prendre le pouvoir des fameux 1 %. La communauté WSB a une cible, les fonds vendeurs à découvert et s’est donné un objectif noble : sauver Gamestop .

    L’action Gamestop s’envole

    Gamestop, fin 2020, ce sont un peu plus de 5500 magasins de ventes de jeux-vidéo, contre 7535 fin 2017, dont 413 en France sous l’enseigne Micromania. Pour la petite histoire, la France est le pays le plus important en nombre de magasins pour la société, hors États-Unis.

    L’enseigne passe de 23 000 employés en 2017 à 14 000 en 2020. Le chiffre d’affaires est en baisse chaque année et le résultat d’exploitation négatif. Le business model souffre face aux plateformes de jeux en ligne et face aux ventes en lignes et semble, si ce n’est voué à l’échec, bien mal en point. Donc logiquement, un certain nombre d’acteurs, dont c’est le métier, s’était positionné à la vente sur le titre. Parmi eux, Citron Capital et Melvin.

    Les risques du short selling , la vente à découvert, sont infinis contrairement à un achat. Un titre que vous achetez 20 dollars, ne peut perdre au maximum que 20 dollars, mais a contrario, peut monter, en théorie, à l’infini. Ce risque impose aux vendeurs à découvert de couvrir ce risque en rachetant leur position à un niveau défini ou en en achetant des options d’achats. J’ai déjà eu l’occasion de définir les bénéfices et inconvénients de la vente à découvert ainsi que l’intérêt pour le marché.

    La communauté WSB veut forcer ces vendeurs à découvert à perdre beaucoup d’argent en les forçant à se racheter. Par le biais de Robinhood, elle se met à acheter massivement le titre Gamestop, notamment par le biais d’option d’achat, ce qui amplifie d’autant plus les achats sur le titre Gamestop. Le 22 janvier, ce sont plusieurs millions d’acheteurs qui entrent simultanément dans le casino avec l’argent public distribué par le gouvernement américain. L’action Gamestop s’envole de 42 dollars à 150 dollars en deux séances.

    Elon Musk à la rescousse

    Le mercredi 27 janvier, les WSB trouvent un soutien de poids, Elon Musk , dont la haine envers les vendeurs à découvert n’est plus à démontrer. Par un simple tweet, Gamestonk, il fait exploser le titre qui va coter un plus haut à 483 dollars le jeudi 28 janvier. Il faut dire que l’excentrique patron de Tesla est un grand spécialiste du genre, s’amusant à faire exploser les cours du dogecoin, du bitcoin et malgré lui de Signal.

    Dès le 21 janvier Citron Capital a jeté l’éponge dans la bataille, laissant au passage quelques belles plumes. Autres acteurs fortement impactés, Robinhood lui-même qui s’est trouvé pris à son propre piège. Car l’histoire est bien plus complexe que ce que pouvaient imaginer les militants de WSB. Robinhood est une plateforme de trading mais pas un market maker. Pour accéder à la place boursière du NYSE, New York Stock Exchange, Robinhood doit passer par un market maker.

    Robinhood et Citadel

    En l’occurrence il s’appuie sur Citadel, un des principaux market maker mondiaux et actionnaires de Melvin. Ce même Melvin, vendeur à découvert de Gamestop, qui devra être recapitalisé par Citadel, à hauteur de 2,5 milliards de dollars.

    Robinhood, comme toute société a besoin de revenus pour vivre. Or le trading sur sa plateforme est dit gratuit. Tout le monde sait que lorsque un service est gratuit c’est que l’utilisateur du service est le produit. Rappelons nous que le service « offert » est le trade sur marge. Les sources de revenu pour Robinhood sont directement liées à ce type de trading .

    La première de ces sources est le taux d’intérêt appliqué aux emprunts pour acheter l’actif. C’est un écart qui est appliqué entre le vrai prix de l’action coté sur le marché et le prix auquel va l’acheter le client Robinhood. Ce que l’on appelle le spread .

    Ensuite, puisque le client ne possède qu’une partie de l’actif, l’actif lui-même est détenu par Robinhood qui peut le prêter, moyennant un intérêt, aux hedge funds ou toute autre investisseur qui souhaite le vendre à découvert, drôle d’ironie.

    Robinhood offre un abonnement premium, qui constitue une source supplémentaire de revenu.

    Et enfin, nous sommes dans le monde du numérique et du big data. Les millions d’utilisateurs de la plateforme passent des millions d’ordres d’achats et de vente d’action et d’options. Robinhood vend ce flux aux market makers , comme Citadel et autres fonds de trading haute fréquence.

    Les robots de ceux-ci vont l’analyser, le décrypter afin d’en extraire un comportement et ces mêmes robots vont se placer quelques millièmes de seconde avant afin de tenter d’anticiper la demande. Ces millions d’aller-retour de quelques centimes par jours font des milliards de dollars à la fin du mois.

    Selon le Wall Street Journal , Citadel aura été le principal gagnant de l’affaire Gamestop. 30 % des flux de trading sur Gamestop ont été traités par Citadel. Autant dire que la société pouvait facilement recapitaliser Melvin.

    En apportant sur le marché ces millions d’ordres, les WSB vont faire s’envoler la volatilité intraday et implicite. Et là, vont entrer en jeu tous les fonds spécialisés dans l’arbitrage et la gestion de cette volatilité. D’un autre coté ces mêmes WSB achetant des millions d’actions ou d’options Gamestop vont par ailleurs créer un risque de contrepartie. Il n’y aura peut-être pas assez de vendeurs au moment de la livraison des actions.

    Robinhood doit se protéger quand il perd de l’argent

    C’est là qu’interviennent les appels de marges. Les volumes d’actions mis en jeu pour la livraison quotidienne ainsi que la volatilité de celles-ci, font que Robinhood fait face à un manque de liquidité le soir lors de la compensation. Alors Robinhood veut bien être Robin des Bois tant qu’il gagne de l’argent, mais quand cela risque de le mettre en péril, l’histoire est tout autre.

    Il doit se protéger, et pour cela pas d’autre solution que de limiter les achats de ses clients. Le 28 janvier, la communauté est informée que l’accès aux titres Gamestop est suspendu. Dès le 21 janvier l’action passe dans la journée de 483 dollars à 161 dollars.

    Une fois encore, les premiers gagnants, et surtout les gagnants à coup sûr, sont le market maker , Robinhood et les fonds qui étaient investis sur le titre Gamestop, qui eux, connaissent et maitrisent les règles de WallStreet. Certes de nombreux WSB ont gagné dans cette opération, mais d’autres ont perdu beaucoup d’argent ou vont en perdre encore beaucoup. À l’heure où j’écris cet article, l’action Gamestop vaut 50 dollars. Que vont devenir tout ceux qui, dans l’euphorie ont acheté à 200, 250 ou 400 dollars ?

    Comme son nom l’indique l’industrie financière est une industrie, avec ses règles, ses codes, sa régulation. C’est avec le nucléaire et le domaine de l’aérien probablement l’industrie parmi les plus réglementées au monde. Elle n’est ni bonne ni mauvaise, il n’y a pas, d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. Ce n’est pas le lieu pour des insurrections ou autre révolutions.

    Vouloir à tout prix, faire s’envoler Gamestop, Balckberry, Nokia et quelques autres sociétés cibles de WBS, n’a strictement aucun intérêt pour lesdites sociétés. L’intérêt est purement spéculatif pour WBS et par conséquent bien singulier comme démarche pour dénoncer cette même spéculation.

    Gare aux pompiers pyromanes

    Il y a des régulateurs, des faiseurs de lois que nous élisons démocratiquement. C’est à ce niveau que la finance doit être règlementée et jugulée si nécessaire. Mais gare aux pompiers pyromanes. C’est le politique qui fait l’économique, et c’est l’économie qui influe sur la finance et non l’inverse. Or, depuis des années le politique a démissionné de sa fonction en choisissant la facilité du whatever it takes ou du quoiqu’il en coûte.

    Certes, la pandémie méritait un traitement économique et financier spécifique, du fait de la mise en confinement de toutes les activités, mais les torrents de liquidités viennent hypertrophier des actifs qui lévitent déjà dangereusement en bulles. Les marchés financiers ont perdu toute notion de valeur, toute rationalité. La théorie de l’efficience du marché, chère à Eugène Fama , est définitivement obsolète.

    C’est devenu un immense casino ouvert à tout type de pari, pris en fonction de tels ou tels tweets. Les transactions sont déconnectées de la valeur sur laquelle portent ces transactions. Alors que l’économie mondiale connaît son plus fort ralentissement, le cours de toutes les matières premières explosent par rapport à leurs prix d’avant crise : le pétrole, l’or, l’argent, le cuivre, mais également le coton, le café, le soja, le blé. Tous les indices boursiers battent records sur records.

    L’effet Cantillon confirmé

    L’hélicoptère monnaie budgétaire américain a permis une fois de plus de confirmer l’effet Cantillon . L’inflation se loge au plus près de l’injection monétaire.

    Cette affaire Robinhood, Reddit, est très révélatrice de l’ère dans laquelle nous sommes projetés. Une ère où Darwin et Schumpeter n’ont plus de place. Les économies de tous les grands pays se sont figées il y a maintenant plus d’un an.  Depuis 2008, elles étaient déjà sous respirateur monétaire.

    La pandémie a pérennisé cet état végétatif. Personne n’osera débrancher les perfusions. Pire, chaque jour on augmente les doses de dollars ou d’euros.

    Madame Lagarde, d’un coté, parle de bazooka monétaire, et du coté du président Biden, fraichement élu, les enchères sont ouvertes. Ce n’est pas 3 %, 5 % ou 7 % mais c’est l’équivalent de 9 % du PIB qui se déversera sur les États-Unis avec toujours les mêmes effets, le creusement des inégalités.

    Ce creusement des inégalités, cette ségrégation entre ceux ayant accès aux richesses et les autres se cristallisent sur les réseaux sociaux. Les institutions, les gouvernements, les démocraties ont déjà été mis à mal, les garde-fous ont tous sauté les uns après les autres. Malheureusement, les femmes et hommes politiques usent et abusent de ces réseaux.

    Durant les quatre dernières  années, Donald Trump a répandu ses fake news à longueur de journée. Quand Robinhood suspend l’accès au marché, Elisabeth Warren et Bernie Sanders sautent sur l’occasion traitant le marche et l’économie de rigged game . Le domaine de la finance qui se pensait peut-être à l’abri ne l’est plus. Une communauté, un influenceur peuvent déstabiliser un système dont l’équilibre est déjà plus que précaire.

    La science, la raison doivent reprendre la place qui est la leur. Celle de pilier du développement. Elles ont montré qu’elles pouvaient vaincre en quelques mois un ennemi planétaire qui s’en prenait à toute notre espèce. Elles devront être accompagnées et encadrées par le politique qui devra également retrouver la raison et le courage de mettre fin à des années d’errements économiques afin de donner l’impulsion nécessaire à une juste répartition des richesses.

    Cet article a été publié une première fois sur le site de l’Institut Sapiens .

    • Co chevron_right

      GameStop ou GameOver ?

      Jean-Jacques Handali · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 17 February, 2021 - 04:00 · 4 minutes

    finance

    Par Jean-Jacques Handali.

    Depuis qu’un groupe de petits investisseurs a fait perdre plusieurs milliards de dollars à des Hedge Funds , certains se demandent si une nouvelle force n’est pas en train d’émerger à Wall Street. La presse financière loue leurs prouesses, et il est désormais impossible pour ces communautés de particuliers d’échapper à leur quart d’heure de célébrité.

    Leur cible ? GameStop dont le prix a été multiplié par 26 en un mois, passant de 18 à 480 dollars ! La presse est toujours friande de ces occurrences disruptives qui rompent avec l’ordinaire de ses articles, et qui la rendent moins modérée dans ses comptes-rendus.

    Un tour de force financier

    Félicitons d’abord ces nouveaux joueurs de leur tour de force, de leurs gains substantiels. Beaucoup les dépeignent comme des Gilets jaunes de la finance, des individus sans connaissances ni fortune.

    C’est bien connu, n’importe quel particulier sait décortiquer les arcanes d’un butterfly spread , d’une vente à découvert ou d’une représentation en chandeliers japonais ! Les leaders de cette communauté sont des spécialistes roués qui connaissent le système de l’intérieur, pratiquent son langage et maîtrisent les techniques les plus en pointe.

    Leurs motivations sont multiples. Certains sont animés par une sorte de croisade. La crise de 2008 a frappé leurs proches, leurs amis, leurs voisins… On les dit révoltés contre l’ establishment . Ils souhaitent secouer le système et sont soutenus dans leur quête par une armée d’agitateurs qui n’aspirent qu’à donner des coups de pied dans la fourmilière.

    Le reste de la communauté est composé d’accros aux réseaux sociaux . Ceux-là aussi préfèrent les batailles rangées et les conquêtes de villages, mais dans une ambiance plus proche des jeux-vidéo. Ils veulent surtout gagner des dollars comme ils gagnent des vies derrière leurs écrans.

    Cette communauté sera-t-elle pérenne ? Va-t-elle réellement changer l’idiome et les façons de Wall Street ? Rien n’est moins sûr. D’abord, parce que ce groupe de boursicoteurs imite en tout point les spéculateurs professionnels. Or, le cimetière des Hedge Funds est plein de vocations contrariées.

    Les indices qui servent de référence à cette catégorie d’actifs sont profondément révisés chaque année. Ce n’est pas tant que certains gestionnaires collent mieux au profil, c’est que beaucoup d’entre eux  explosent en vol. On reconstitue l’indice avec les rescapés ! Cette communauté de Robins des Bois est promise aux mêmes déboires.

    De plus, ce regroupement ouvert risque d’être noyauté par les fonds spéculatifs eux-mêmes. Nul doute que ces derniers cherchent déjà leur revanche. Rien de plus facile que de faire partie de la bande, de connaître les prochains coups de l’adversaire et de faire échouer ses desseins. Combien de temps ces petits investisseurs pourront-ils tenir avec un cheval de Troie dans la place ?

    Qu’adviendra-t-il lorsque les tendances du marché auront changé ? Bien sûr, on peut toujours vendre à découvert, que le marché soit haussier ou baissier. Mais lorsque le climat boursier se dégrade, les ambiances ne sont plus les mêmes, les audaces se font moins insolentes, les intérêts particuliers prennent le dessus sur ceux de la communauté…

    Face aux autorités

    Autre point crucial : la réaction des autorités. Pour l’heure, ces dernières observent les éruptions de marché, sans sévir. Or, cette façon de spéculer en meute a tous les composants d’une manipulation des cours. Amasser un titre pour forcer les vendeurs à découvert à racheter leurs positions s’est déjà produit dans le passé, et n’a pas plu au régulateur. Ce dernier a simplement augmenté les appels de marge, obligeant les instigateurs à réduire leurs prétentions.

    Sommes-nous parvenus à la fin d’un cycle ? Lorsque n’importe quel actif fait l’objet de spéculations sans lien avec ses fondamentaux, lorsque certains banquiers commencent à parler d’un nouveau paradigme, lorsque les petits porteurs participent à la danse sans restriction, on peut se demander si les marchés ne sont pas sujets à une exubérance irrationnelle. Greenspan avait utilisé cette formule en 1996. L’éclatement de la bulle internet eut lieu quatre ans plus tard, suivi d’une purge historique en 2008.

    Les boursicoteurs 2.0 ont réussi un coup d’éclat. Au départ, un coup d’éclat n’est rien d’autre qu’un plan prétentieux, aux ingrédients incertains, dont les probabilités de réussite demeurent hasardeuses. Toutefois, c’est par le mélange d’un enchaînement de gestes fluides, d’un dépassement des obstacles, de chance aussi, que le pari se gagne. Or, il ne saurait y avoir de coup d’éclat permanent.

    Vient un jour où la magie n’opère plus et l’exploit d’hier est remplacé par l’éclipse. En 1969, Woody Allen avait imaginé une comédie intitulée Prends l’oseille et tire-toi . Si j’étais à la place de ces petits investisseurs, je m’inspirerais de ce conseil.

    • Co chevron_right

      WallStreetBets : game over pour la finance ?

      Franky Bee · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:25 · 8 minutes

    WallStreetBets

    Par Franky Bee.

    Alors que nos médias franco-centrés avaient le regard tourné vers l’Élysée et Matignon, guettant les éventuels signaux avant-coureurs d’un troisième reconfinement, la planète finance était frappée par un évènement d’une ampleur exceptionnelle.

    En quelques jours, des groupes de milliers, voire millions, d’internautes, regroupés sous la bannière « WallStreetBets » – ou tout simplement « WSB » – ont mis la bourse américaine en ébullition. Et le symbole de cette action initiée à travers des groupes de discussion sur des plateformes telles que Reddit ou Discord, a été l’explosion à la hausse du cours de l’action GameStop .

    GameStop est une société bien connue outre-Atlantique, exploitant depuis les années 1980 une chaîne de magasins spécialisés dans les jeux-vidéo. Une activité de moins en moins rentable du fait de la montée en puissance du commerce en ligne et du streaming , ayant lentement conduit l’entreprise aux portes de la faillite, et avec pour couronner le tout une crise du Covid-19 qui est venue frapper de plein fouet l’ensemble des commerces physiques dits « non essentiels ».

    En clair, l’action GameStop est devenue une cible privilégiée pour des fonds d’investissement spécialisés dans la vente à découvert (les fameux hedge funds ), tels que Point72 ou Melvin Capital.

    Mais l’environnement boursier a quelque peu changé depuis mars 2020, avec l’arrivée massive de particuliers sur les marchés, fortement encouragés à investir par certains gouvernements et banques centrales prêts à tout pour faire remonter les indices. Jusque-là plutôt dociles, certains de ces particuliers ont subitement pris le parti de s’attaquer aux positions vendeuses des fonds spéculatifs, en faisant remonter violemment les cours d’actions comme GameStop via un effet de meute, afin de forcer les fonds à racheter en catastrophe leurs positions.

    De manière inédite, les courtiers en ligne sont intervenus (de leur propre gré ou non), limitant les achats sur certaines valeurs, voire liquidant carrément les positions de certains particuliers à leur insu. C’est notamment le cas du plus célèbre d’entre eux, l’américain Robinhood, dont les mesures à l’encontre de ses propres clients ont mis le feu aux poudres.

    Robin des Bois ou Shérif de Nottingham ?

    Fondée en 2013, la start-up Robinhood a longtemps été perçue comme l’emblème de cette ruée vers la bourse des apprentis traders américains. Il faut dire que les fondateurs de l’application ont toujours tout fait pour apparaître comme une évidence auprès des néophytes des générations Z et Y : un service simple et moderne aux allures de Robin des Bois, offrant à chacun la possibilité d’avoir sa part du gâteau, et bien sûr totalement gratuit.

    Mais vous connaissez sûrement ce vieil adage du monde de l’internet : « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit » . Et le pot aux roses a vite été découvert, puisqu’en juin dernier le célèbre blog Zero Hedge révélait que le modèle économique de Robinhood consistait à revendre toutes les données des ordres de bourse de ses clients au géant Citadel.

    Concrètement, à chaque fois qu’un particulier achète ou vend via Robinhood, Citadel aurait connaissance de son ordre avant tout le monde et pourrait donc passer devant lui (en jargon technique on parle de frontrunning ). Tout cela s’opère à haute fréquence, et reste donc totalement invisible du commun des mortels, mais la conséquence pour le petit porteur est que quelqu’un pourrait s’être discrètement servi sur son prix d’achat ou de vente.

    Si cette controverse n’avait visiblement pas refroidi les utilisateurs de Robinhood, la volte-face sur l’affaire GameStop a été perçue comme une trahison par la communauté des néo- traders . Pire, ceux-ci ont désormais le sentiment que tout est fait pour protéger les fonds d’investissement, et qu’il serait donc impossible de battre Wall Street à son propre jeu.

    Cela étant, non seulement les mesures prises par les courtiers n’ont pas arrêté l’action des WallStreetBets – avec des achats en meute qui continuent à s’opérer sur un grand nombre de titres financiers, mais aussi sur les cryptomonnaies et les métaux précieux – mais en plus un mouvement de fronde assez inédit a émergé sur les réseaux sociaux, en opposition au système financier et à ses dirigeants.

    On y retrouve évidemment ceux que l’on surnomme désormais les « Redditeurs », mais aussi une grande partie de la communauté de cryptos, des grandes figures de la Silicon Valley telles qu’ Elon Musk ou Chamath Palihapitiya (qui n’ont jamais vraiment eu de sympathie vis-à-vis de Wall Street), des politiciens désireux de récupérer l’affaire avec d’un côté des partisans de l’ex-président Trump et de l’autre des membres de l’aile radicale du parti démocrate emmenés par Alexandria Ocasio-Cortez, et enfin tous les sceptiques vis-à-vis de l’action menée par les banques centrales depuis deux décennies.

    « Il n’y a pas d’alternative »

    Pour les autorités politiques et monétaires américaines, l’ironie est cruelle, car c’est via ces mêmes fonds spéculatifs que tout a commencé. En effet, la défaillance de LTCM en 1998 fut le premier d’une longue série de plans de sauvetage d’institutions financières en déroute, avec toujours l’impression donnée aux citoyens que l’on distribue gratuitement de l’argent public à ceux qui ont contribué à créer les problèmes, tout en évitant soigneusement de sanctionner les personnes responsables et d’imposer des réformes de fond.

    Mais le problème ne s’arrête pas là pour les gouvernements et banquiers centraux. En effet, tout semble avoir été fait depuis des années – et encore plus depuis mars dernier – pour inciter les ménages à investir massivement, au son de la rhétorique du « il n’y a pas d’alternative » , corollaire du désormais célèbre « quoi qu’il en coûte ».

    « Pas d’alternative » aux actifs risqués comme les actions et l’immobilier. De quoi justifier n’importe quel niveau de prix au motif que de toute façon les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas, et que de toute manière on ne les remontera jamais.

    « Pas d’alternative » non plus à l’ explosion de l’endettement public et de la planche à billets . Ce qui constitue une victoire par KO de la pensée post-keynésienne, sans véritable débat démocratique, et jetant aux oubliettes le concept de destruction créatrice.

    Le problème de cette pensée est qu’elle a conduit les pays occidentaux à agir avec facilité, se satisfaisant de plans de sauvegardes massifs et non-sélectifs à répétition, au détriment de toute réforme sérieuse.

    Dans la durée, ce type de politiques annule tout espoir de reprise durable de la croissance, avec pour uniques perspectives l’hyperinflation des actifs et un problème de perte de compétitivité qui ne cesse d’aggraver. Et alors même que la raison aurait dû conduire à utiliser de manière temporaire les facilités d’emprunt à taux bas pour engager une vraie restructuration de fond, tout en assumant la disparition d’agents économiques sans avenir.

    Toutefois, l’illusion monétaire n’est pas un gadget sans conséquence. Si certains ont pu se gargariser de la hausse des prix des actifs, qu’ils soient financiers ou immobiliers, le souci est qu’une partie de plus en plus grande de la population se voit contrainte de participer à ce jeu absurde de la spéculation par crainte de tomber dans la pauvreté (en économie, on appelle ça la « peur de manquer »). D’où des comportements extrêmes comme ceux des WallStreetBets.

    Frankenstein ou le Prométhée moderne

    Pour résumer ce joyeux bazar fait de tweets et d’émoticônes, les autorités se retrouvent aujourd’hui dans la position de Victor Frankenstein, ayant créé un monstre qui menace de leur échapper et de tout détruire.

    Dans son célèbre roman, Mary Shelley faisait dire à sa créature : « Si je suis méchant, c’est que je suis malheureux. Ne suis-je pas repoussé et haï par tous les hommes ? Toi, mon créateur, tu voudrais me lacérer et triompher de moi ; souviens-t’en et dis-moi pourquoi il me faudrait avoir davantage pitié de l’homme qu’il n’a pitié de moi ? »

    C’est là le fond du problème. En se montrant méprisant vis-à-vis des boursicoteurs, le système économique et financier contribue à catalyser davantage les haines et l’envie d’en finir une bonne fois pour toutes avec Wall Street.

    À ce stade, il ne semble plus y avoir de bonne solution pour les autorités de régulation, au premier rang desquelles se trouve la Réserve Fédérale américaine. Soit elles s’attaquent à ce problème de spéculation incontrôlée, et se voient alors contraintes de redonner une vraie valeur à la monnaie, entraînant de facto l’ensemble des prix des actifs à la baisse. Soit au contraire, elles continuent de laisser faire, et les phénomènes tels que WSB continueront inexorablement à prendre de l’ampleur ; jusqu’au chaos ?

    Comme certains observateurs l’ont répété depuis plusieurs années, au point d’être accusés de complotisme, il est difficile voire impossible de faire marche arrière une fois que la boîte de pandore a été ouverte.

    Autrement dit, l’affaire GameStop pourrait bien déboucher sur un game over pour un système qui n’a eu de cesse de repousser les limites du raisonnable en mettant systématiquement sous le tapis tous les problèmes économiques et financiers.

    • Co chevron_right

      Gamestop, la bourse à portée de mèmes

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 08:30 · 8 minutes

    par h16

    Intéressante histoire boursière que celle de Gamestop et dont on commence tout juste à mesurer les effets sociaux et sur les marchés : en quelques jours, l’action de ce groupe spécialisé dans la vente de consoles et de jeux vidéo physiques a explosé à la hausse, entraînant une certaine panique dans des gros fonds de placement de Wall Street…

    La courbe du prix de l’action ne laisse guère de doute : il y a eu comme un mouvement.

    Les habitués de la bourse reconnaissent sans mal ce genre de graphiques particulièrement caractéristique d’un « short squeeze » : de façon claire, des fonds d’investissement s’étaient positionnés sur cette action en pariant de coquets montants à la baisse. Malheureusement, le cours a monté et bien au-delà de la variation habituelle que ces fonds étaient capables d’encaisser.

    Pour rappel, lorsqu’on parie à la hausse, on achète une action et on attend qu’elle monte. Lorsqu’au contraire, elle baisse, on devra vendre l’action rapidement pour éviter d’accumuler les pertes. Symétriquement, lorsqu’on parie à la baisse, on vend une action et on attend qu’elle baisse. Lorsqu’au contraire, elle monte, on se retrouve à devoir acheter l’action rapidement pour éviter d’accumuler les pertes. C’est ce dernier cas qui s’est produit avec la caractéristique que si une action ne peut pas baisser en dessous de zéro, elle peut, en revanche, monter sans limite ce qui met le fonds qui l’a « shortée » dans une position rapidement délicate.

    Même si ce n’est probablement pas dans les habitudes du boursicoteur lambda, ce procédé est relativement classique tout comme l’est aussi la brusque montée (« short squeeze ») lorsqu’une position baissière ne se déroule pas comme prévu.

    Ce qui l’est moins, en revanche, ce sont les raisons qui ont présidé à ce mouvement d’une très rare violence dans les annales boursières : en l’espace d’un mois, l’action a ainsi vu son cours être multiplié par plus de 17 (et le rapport s’établit à 58 si l’on revient neuf mois en arrière).

    Une bonne histoire nécessite un protagoniste et un antagoniste : l’aventure boursière de Gamestop n’y échappe pas puisqu’au départ (et pour résumer ce qui s’étale en réalité sur plus d’un an et méritera sans doute sa propre adaptation cinématographique) on trouve d’un côté des fonds de gestion, habitués de Wall Street, et gérant des sommes importantes dans des portefeuilles variés, pour lesquels travaillent des douzaines de salariés et d’analystes. De l’autre côté, c’est un groupe (assez important) d’individus inscrits sur la plateforme Reddit, dans le forum « WallStreetBets », dans lequel on échange idées et conseils d’investissements boursiers sur un mode décidément plus proche de 4chan que des terminaux d’investissement Bloomberg.

    Ceux que vous placez dans la catégorie protagonistes ou antagonistes n’a pas d’importance : il suffit de savoir qu’il y a quelques mois, deux événements vont avoir lieu. Le premier, c’est la publication de l’analyse détaillée d’Andrew Left, le gérant de Citron Research , un fonds d’investissement, sur les actions Gamestop. Aucun doute pour lui, les cours de cette société vont continuer à baisser : spécialisée dans le jeu physique dans un monde confiné où tout passe au numérique, l’avenir semble en effet très incertain pour cette chaîne de magasin présente aussi dans l’Hexagone sous l’enseigne Micromania.

    Le second événement, c’est lorsqu’un habitué du forum WallStreetBets décide de poster sa contre-analyse de l’action : les fondamentaux de Gamestop sont bons, le marché physique du jeu vidéo est effectivement en perte de puissance pour des raisons évidentes mais il y a clairement des opportunités et la société semble vouloir les saisir. Bref, tout n’est pas dit.

    Petit-à-petit, en l’espace de quelques mois, les forumeurs, convaincus du bien-fondé de l’analyse fournie, décident d’investir en utilisant les plateformes mobiles sans frais de courtage, de plus en plus utilisées pour ce genre de paris boursiers, comme Robinhood ou Ameritrade. Le cours de l’action commence à monter doucement.

    Mi-janvier, Zerohedge , un site d’actualité essentiellement financier, note avec surprise que la valeur est beaucoup shortée et que son cours augmente pourtant.

    Les petits achats prudents des habitués de WallStreetBets redoublent : le cours commence à monter. Comme les pertes deviennent plus lourdes à supporter pour les fonds qui ont parié à la baisse, ils se retrouvent forcés à acheter à leur tour, augmentant la pression du cours à la hausse. La courbe prend maintenant des allures gaillardes.

    Malin, ZeroHedge en profite pour tenir à jour une liste de toutes ces actions elles aussi pariées à la baisse et dans la ligne de mire des fonds d’investissement : après tout, ce qui est alors en train de se produire sur Gamestop pourrait se reproduire sur d’autres actions, comme Blackberry ou AMC Theatre (une chaîne de cinémas)…

    Rapidement, c’est la ruée : alors que les cours de Gamestop continue de grimper de plus en plus vite et de plus en plus haut, d’autres valeurs se redressent, portées par les « short squeeze » que les petits porteurs, coordonnés sur Reddit, provoquent à coups d’applications mobiles de courtage rapide.

    Et c’est aussi sans surprise que ces applications s’engorgent complètement , comme les sociétés plus traditionnelles : l’action Gamestop devient, un temps, l’action la plus échangée du monde… À tel point que les plateformes en question jugent utile de fermer l’achat sur les actions concernées , puis de carrément vendre autoritairement les actions pour leur porteurs , en parfaite violation contractuelle (ce qui se terminera probablement par un procès saignant ) : apparemment, on peut démocratiser le marché boursier seulement si les petits porteurs restent les dindons de la farce. À la fin, la grosse finance de connivence doit toujours l’emporter, n’est-ce pas.

    Parallèlement, les gérants de fonds, sentant le vent du boulet, doivent continuer à liquider leurs positions , avec d’importants dommages pour certains : Melvin Capital a ainsi dû faire appel à Citadel et Point72 pour près de 3 milliards de dollars afin de couvrir ses pertes.

    À ce point, l’aventure boursière commence à la fois à faire les gros titres dans la presse (et plus seulement financière) ainsi qu’à mobiliser quelques têtes politiques qui sentent, confusément, qu’un nouveau paradigme boursier est apparu, qu’il ne leur est guère favorable et qu’en conséquence apparaît l’indispensable besoin de fourrer les doigts de l’État dedans.

    L’affaire promet encore de nombreux rebondissements : d’autres actions, d’autres marchés s’offrent aux nouvelles masses de spéculateurs organisés en groupe.

    Sans grande surprise, ces mouvements de masse sont décriés par certains habitués. Caricaturalement, les pisse-copies de CNN et consorts ne peuvent s’empêcher de voir dans ce renversement des normes établies la marque inévitable du trumpisme, ce qui donne une bonne idée du traumatisme que cause chez eux l’absence soudaine de Némésis facile à vilipender.

    Inversement pour d’autres , les forumeurs-boursicoteurs de Reddit distribuent ici des fessées à ces gérants arrogants et ces analystes financiers détachés du réel. Mieux : ce serait un retour au vrai marché, au plus près du peuple, sans intermédiaires.

    Cependant, peu de politiciens, encore moins de journalistes ou d’analystes financiers semblent comprendre qu’une partie des comportements observés provient d’un puissant désir de vengeance provoqué par leurs politiques ineptes que le peuple subit depuis des décennies ; beaucoup de ces boursicoteurs n’ont ainsi toujours pas digéré la façon inique dont ont été soldées les agapes de la crise de 2008, par exemple. Ils trouvent là l’occasion de se refaire.

    De même, combien de ces politiciens, de ces journalistes et de ces analystes ont-ils réalisé que l’argent qui servait maintenant à massacrer certains fonds était celui qui provenait directement des aspersions invraisemblables d’argent gratuit des autres ces derniers mois ? En termes d’effet indésirable des chèques de stimulus, voilà une illustration croustillante.

    Cependant, on devra modérer un peu son enthousiasme devant ce retour de bâton vigoureux tant les dérives potentielles sont inquiétantes.

    Ici, pas de doute : les boursicoteurs agissent ici pour sauver une enseigne qu’ils estiment suffisamment valable pour y mettre un peu de leur capital, et ce au détriment douloureux de certains fonds qui se trouvent rincés dans l’opération. Tout est légal, et que certains analystes, certains gérants se soient fait attraper dans leur trop grande prise de risque, tant mieux : c’est exactement à ça que sert le marché et cette foule agissante.

    Mais qui peut garantir que cette même foule, ces mêmes boursicoteurs, ne seront pas un jour appelés en renfort pour faire exactement l’inverse, à savoir parier massivement à la baisse et tenter de mettre en faillite telle ou telle entreprise dont (exemple totalement choisi au hasard) le patron aura émis un avis politiquement incorrect, aura fait un choix légitime et argumenté mais qui aura déplu à ces groupes ?

    Peut-on vraiment se réjouir de cette potentialité effrayante non pas d’une nouvelle « démocratie des marchés » – rêve humide de certains naïfs comme on en trouve des trouzaines en France – mais bien d’une pure ochlocratie, démonstration parfaite de la puissance dévastatrice de la foule lorsqu’elle pert toute rationalité ?

    Bien sûr, le marché ne doit surtout pas être limité à une élite ; et oui, évidemment, chacun doit se l’approprier, autant que possible. Cette histoire montre à quel point des individus correctement informés sont capables de déplacer (ou dissoudre ?) des montagnes, de renvoyer les « analystes » à leurs études et de filer quelques claques méritées aux politiciens et aux grands médias.

    Mais comme toute technologie, comme tout nouveau comportement, il faut prendre conscience, dès maintenant, des risques qu’ils comportent intrinsèquement.


    —-
    Sur le web