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      Andreï Chevtchenko organise un match de charité à Stamford Bridge pour une école en Ukraine

      sport.movim.eu / LEquipe · Wednesday, 31 May, 2023 - 21:23


    Andreï Chevtchenko va organiser un match de charité dans le stade de Chelsea. (A. Réau/L'Équipe) L'ancien joueur de Chelsea et de l'AC Milan Andreï Chevtchenko va lever des fonds pour une école ukrainienne par le biais d'un match de charité à Stamford Bridge, le 5 août prochain.
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      Ukraine : un plan de paix chinois aux allures de leurre diplomatique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 March, 2023 - 04:20 · 4 minutes

    Un lieu qui sonne comme un bis repetita. Le 17 février s’ouvrait à Munich la traditionnelle conférence sur la sécurité internationale.

    À quelques jours du premier anniversaire du confit russo-ukrainien, cet événement a été le théâtre d’un discours prononcé lors du deuxième jour du sommet par Wang Yi. L’homme de 69 ans, diplomate de profession, domaine où il a été introduit par son beau-père, a consacré l’immense majorité de sa carrière aux très tendues relations sino-japonaises, notamment entre 1989 et 1994 puis de 2004 à 2007, période durant laquelle il fut ambassadeur de Pékin dans la péninsule.

    Ministre des Affaires étrangères de 2013 à 2022, Wang Yi est depuis le 1er janvier directeur du bureau central des affaires étrangères, véritable organe dirigeant de la diplomatie chinoise.

    Son discours à Munich peut se résumer en un mot : paix. Un mot prononcé près d’une trentaine de fois mais qui n’empêchera pas le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken de qualifier sa rencontre avec son auteur de « franc et direct », entendez « conflictuel ».

    En cause : les soupçons occidentaux de soutien matériel déguisés de la Chine à l’agresseur russe. Des soupçons vigoureusement démentis alors que ce 24 février, date d’anniversaire du conflit, la Chine a mené une tentative d’offensive diplomatique dans la résolution pacifique du conflit en présentant ce qui est présenté comme un plan de paix.

    Des concernés apathiques

    Deux jours avant cet anniversaire, Vladimir Poutine évoquait la possibilité de déployer des missiles Sarmat, des missiles intercontinentaux, testés pour la première fois en avril 2022 et capables de transporter près d’une dizaine d’ogives nucléaires. Une preuve de plus que la volonté de paix n’était pas partagée par le Kremlin.

    À cette volonté de continuer le conflit s’ajoute l’absence de consultation de l’Ukraine. Après la conférence de Munich, Wang Yi a en effet mené une tournée diplomatique en Hongrie puis en Russie en oubliant volontairement Kiev.

    Malgré ce contexte, la Chine a donc tout de même proposé un plan de paix. Le texte, paru sur le site de son ministère des Affaires étrangères, se décompose en deux points : l’appel à la désescalade et la demande d’un cessez-le-feu basé sur le dialogue.

    Le texte mentionne ainsi l’opposition de Pékin à la menace atomique, la crise humanitaire et la nécessaire fin des sanctions.

    Un non-agir de façade

    Ce texte n’étonnera personne tant la politique étrangère chinoise est faite d’à-coups visant à renforcer les intérêts de la puissance asiatique sur le long terme. Une politique qui semble suivre les préceptes taoistes, l’un des très ancrés trois piliers de la pensée chinoise notamment fondé sur le concept du « non-agir », des actions précises, ponctuelles en opposition à une forme d’acharnement.

    Cette pensée semble continuer de guider la diplomatie chinoise mais uniquement en apparence puisque depuis le début du conflit, Pékin se veut officiellement neutre. Une neutralité contrainte car dès mars 2022, les États-Unis ont fait pression sur l’État communiste pour empêcher la livraison d’armes à la Russie.

    Malgré cela, la Chine continue d’acheter des ressources à bas prix au plus vaste État du monde.

    À ce soutien passif s’ajoutent des soupçons d’aide, cette fois active et malgré les démentis de la diplomatie chinoise, d’entreprises « privées ». Des guillemets de circonstances lorsqu’on sait que la Chine, comme la France, a une fâcheuse tendance à brouiller les pistes entre privé et public. Un brouillage habituel partout dans le monde s’agissant d’un secteur aussi stratégique que l’armement.

    Un discours digne de Miss France

    Dans son treizième bulletin géopolitique paru le 27 février, l’avocat et historien spécialiste de géopolitique Philippe Fabry est revenu sur ce plan, qu’il décrit comme une simple suite de principes.

    En effet, la définition d’un plan de paix est une convention précise avec des concessions concrètes et réciproque. En l’état, le dit « plan de paix » n’en a donc aucune caractéristique et s’apparente davantage à un discours digne d’un concours de beauté en prime time le samedi soir qu’à autre chose.

    Alors, quel est l’intérêt de Pékin d’avoir publié ce texte ?

    Selon l’historien, il ne s’agirait que d’une opération de communication destinée à justifier le soutien de la Chine aux Russes suite au refus prévisible des Occidentaux et en particulier des Américains, renforçant ainsi l’aspect de guerre par procuration, c’est-à-dire un conflit militaire n’impliquant qu’indirectement deux puissances. L’expression, née durant la guerre froide, a ainsi désigné une vingtaine de conflits militaires depuis 1946, à la manière de la guerre de Corée ou du Vietnam.

    Paroles, paroles …

    Et pour cause, puisque ce plan peut également s’apparenter à un programme politique mondial, voire à des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, selon l’expression corrézienne bien connue inventée par l’ancien président du Conseil et natif de Neuvic, Henri Queuille puis évidement reprise par Jacques Chirac.

    Et preuve en est : le jour même de la parution du plan de paix, le 24 février, le journal allemand Der Spiegel révélait que la Chine s’apprêterait à livrer à Moscou des drones kamikazes.

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      Les poutiniens et leur scabreux retour à la réalité

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 March, 2023 - 03:50 · 15 minutes

    L’un après l’autre, les mensonges sont exposés, les mauvais prétextes démontés, et les poutiniens se retrouvent face à la réalité. La Russie n’est pas une hyperpuissance, juste un gros acteur régional. Et l’OTAN jamais n’a été une menace pour la Russie, la preuve en est apportée aujourd’hui. Ce double déni de réalité des poutiniens a coûté aux Russes au moins une génération de retard dans leur épanouissement culturel et économique.

    Si tous les autocrates étaient vénaux, ils tueraient moins. Ils se laisseraient acheter. Les pires gouvernants ne sont pas les kleptocrates, mais les sincères, les honnêtes, ceux qui ont la foi et sont persuadés de faire le bien, car la conscience morale ne voit pas de crimes dans les actes perpétrés pour la bonne cause. Le président Poutine est de ceux-là. Il accomplit une mission. S’il posait les problèmes en termes d’intérêt, on pourrait négocier. Mais on ne marchande pas avec ceux que le destin a chargés d’un devoir historique.

    Quelle est cette mission poutinienne ?

    L’homme l’a décrite lui-même dans plusieurs interventions, et pour prendre parmi les plus récentes, son adresse à la nation du 24 février 2022, le jour de l’agression contre l’Ukraine, et celle au forum de Valdai (« le Davos des autocrates »), le 28 octobre 2022.

    Deux objectifs ressortent clairement de ces déclarations :

    1. Redonner à la Russie la coprésidence du monde qu’elle exerçait à l’époque soviétique avec les USA. Ou au moins, siéger dans un triumvirat qui inclurait la Chine
    2. Repousser l’OTAN hors de la partie orientale de l’Europe, sinon du continent tout entier, où Poutine prétend que cette organisation constitue pour la Russie « une menace existentielle ».

    Ces buts exprimés viennent de loin. Ils naissent d’une vision du monde westphalienne, collectiviste, informée par une philosophie politique, qui part de Platon, salue au passage tous les penseurs de l’autocratie, depuis les plus présentables, Hobbes , Hegel, Marx, jusqu’aux plus sulfureux, Julius Evola, Alexandre Douguine , en saupoudrant d’une bonne dose de religion orthodoxe et en complétant par quelques politologues contemporains, comme Samuel Huntington et John Mearsheimer.

    Je tenterai de résumer cette philosophie politique très construite, très cohérente, dans le second article de cette série. Mais d’abord, quelles illusions les poutiniens doivent-ils perdre pour revenir à la réalité ? Il leur faut admettre que la Russie ne sera plus jamais une hyperpuissance. Ensuite il leur faut dissiper cette illusion (à moins que ce ne soit qu’un prétexte cynique) que l’OTAN présente pour la Russie une « menace existentielle ».

    La Russie échoue à la coprésidence du monde

    Il était bipolaire, les USA et l’URSS décidaient de son avenir dans une rude concurrence.

    Puis le monde n’a compté qu’une seule vraie puissance. Et ce n’était pas la Russie. Ça ne pouvait pas l’être, avec son économie rouillée, son territoire raboté, ses gouvernements successifs incompétents, corrompus et gravement paranoïaques. Poutine le sait et ça lui reste en travers de la gorge. Il s’est senti profondément insulté, rapportent les observateurs, lorsqu’ après avoir capturé la Crimée , il s’est attiré la raillerie du seul rival digne de lui dans son esprit, le président des États-Unis : « La Russie est une puissance régionale qui met en difficulté ses voisins, non du fait de sa force, mais de sa faiblesse. »

    Ça fait mal ! Poutine est de ces personnes qui identifient leurs projets à eux-mêmes. Le trait est fréquent chez les fondateurs d’entreprises, les chefs de parti politique, souvent les artistes, mais surtout les autocrates. « L’État, c’est moi ! » « Je suis la France. » Les avanies que ces individus subissent, le ressentiment qu’ils éprouvent, la violence qui surgit en eux, toutes ces émotions deviennent des actes de gouvernement. Peu importe la nature du projet, réalisable ou pas, bénéfique ou pas à la population, seule compte la vision qui les porte. Ce déni de réalité est un mécanisme psychologique, expliquent les psys. C’est une défense en réaction à un traumatisme. Nul ne sait de quel traumatisme l’homme Poutine se protège, son enfance fut agitée, paraît-il, mais les Russes sont mal guéris de l’effondrement de l’URSS, et lorsque leur président les berce d’un fantasme de toute-puissance et attise en même temps un délire de persécution et brandit une « menace existentielle » de l’OTAN aux frontières, ils écoutent. Ils se sentent confortés. Pourtant, s’ils réfléchissaient, la contradiction de ce discours – invincibilité/vulnérabilité – ne devrait pas les rassurer.

    Je l’ai écrit dans d’autres articles sur Contrepoints , et c’est évident, le président Poutine veut capter l’attention du monde. Il réussit. En razziant ses voisins depuis 20 ans, en Tchétchénie, en Géorgie, dans le Caucase du nord, en Ukraine, avec une « drôle de guerre » après 2014, puis une invasion en règle il y a un an, sans compter les interventions en Syrie et en Afrique, on parle de lui, il fait l’ouverture des JT et sature les fils Twitter. Le maître du Kremlin est une vedette mondiale. Certains le craignent, peu l’admirent. Et le jeu finira mal pour les Russes, appauvris et pleurant leurs morts. N’est-ce pas le sort des Russes qui seul devrait compter pour leur président, et pas celui de l’entité artificielle, appelée Russie ?

    L’histoire est la nécrologie des grandes entités disparues, ces puissances que furent Athènes, la Perse, Rome, la Chine impériale, les Habsbourg, les Ottomans… L’empire colonial russe était formé de conquêtes contiguës. Elles sont restées sous le joug plus longtemps que les possessions outre-mer des Britanniques et des Français. Mais on ne trouvera aucune raison politique, économique, historique ou morale pour que cet empire russe perdure. C’est la guerre coloniale de nos grand-papas que Poutine a engagée.

    Mais pourquoi ? Quel sens donner à cet impérialisme ?

    Des historiens trop imprégnés de marxisme ont postulé que toute guerre a un fondement économique. Elles viseraient l’appropriation de terres et de matières premières. On peut douter que des millions d’hommes au cours des siècles fussent partis au casse-pipe pour des affaires de bilans et de budgets. Il leur fallait une autre chanson, la patrie, la terre sacrée des ancêtres, la révolution, Dieu… La question est de savoir quelle légende motive aujourd’hui les vatniks , les décervelés par la propagande du Kremlin, et les mobiks , les mobilisés, qui se font hacher menu pour une cause qui n’est pas la leur, sur un territoire qui n’est pas à eux et dans une guerre dont les survivants porteront la honte.

    Cette affabulation qui les envoie à la mort n’est en tout cas pas la dénazification de l’Ukraine. Il y a des débiles et puis il y a même des débiles plus profonds qui croient les télévisions russes, mais la débilité ne peut aller jusqu’à gober l’existence d’un gouvernement nazi à Kyiv. Reste l’argument de la menace que l’OTAN ferait courir à la Russie.

    L’OTAN n’a jamais menacé la Russie, et nous en avons la preuve aujourd’hui

    Elles seront rendues publiques un jour, les historiens les décortiqueront, et les archives révéleront quelles garanties la Russie a reçues que l’OTAN ne s’étendrait jamais à l’est de l’Allemagne (une conversation à bâtons rompus entre le ministre James Baker et le président Gorbatchev ne peut guère constituer une garantie).

    Mais qu’importe ? Qui serait perdant dans cette affaire ? L’OTAN encerclant la France empêche-t-elle les Français de bien vivre ? Les Italiens et les Allemands, qui hébergent des bases de l’OTAN sur leur propre territoire, sont-ils moins heureux, moins prospères, leurs libertés sont-elles étouffées par cette présence ? Et si l’on perçoit l’OTAN comme un ogre dévorant, pourquoi les Polonais, les Baltes, les Roumains, ont-ils tambouriné des années à la porte des chancelleries occidentales pour être placés sous sa houlette ?

    La réalité est que l’OTAN n’a jamais représenté la moindre menace pour les Russes. Nous en avons la preuve. La voici :

    Il était déjà impensable qu’une organisation de 30 membres dont les décisions sont prises à l’unanimité, puisse voter un beau matin d’attaquer le géant russe. Même Poutine n’y croyait pas. Or maintenant que la Russie est clairement l’agresseur d’un pays européen, que ses troupes ont pris d’assaut des territoires ukrainiens, l’OTAN tient l’occasion de tailler des croupières à la Russie, si tel était son but. Le bon droit avec elle. Le prince des casus belli derrière elle. Le rêve du va-t-en-guerre réalisé pour elle.

    Or que font les pays de l’OTAN, soutiens de l’Ukraine ? Ils livrent des armes, mais seulement défensives, et au compte-gouttes. Ils refusent les avions, les missiles, les canons à très longue portée, les drones à large rayon d’action, que l’Ukraine pleure pour avoir. Pourquoi ? Comment expliquer cette retenue ? Parce que, disent les dirigeants de l’OTAN, il se pourrait que les Ukrainiens frappent une cible sur le territoire russe. Peut-être même par accident.

    Voilà la « menace existentielle » que l’OTAN présente pour la Russie. Il n’est pas question de l’attaquer aujourd’hui. Parce qu’il n’en a jamais été question.

    Tous ceux qui en sont encore à rebattre cette antienne du Kremlin que la Russie se protège de l’OTAN doivent d’abord expliquer pourquoi l’OTAN ne déverse pas le feu de l’enfer aujourd’hui sur les terres russes. Sans cette explication, l’argument de « la menace existentielle » est du pipeau.

    Au contraire, on peut affirmer que loin d’avoir voulu détruire la Russie, les pays de l’OTAN, à travers leurs entreprises, ont largement investi en Russie, ont développé et modernisé son potentiel économique – et ce n’est pas la faute de ces investisseurs si la corruption à tous les niveaux, la législation embrouillée, et le risque politique ne leur ont pas permis de faire plus.

    Mais c’est vrai que l’OTAN gêne le pouvoir russe. Totalement vrai. Les fourbes poutiniens sont devant l’OTAN comme le renard qui voit le fermier clôturer sa basse-cour. Le renard proteste. Le grillage lui gâche la vue, lui fait de l’ombre. La réalité est qu’à cause de la clôture, il n’a plus la possibilité de saigner des poules.

    L’OTAN n’a jamais menacé personne. L’OTAN essaie de protéger ses membres, et le comportement russe depuis deux décennies prouve la nécessité de cette protection.

    Pas de paix durable sans déroute de la Russie

    Le sous-titre est provocateur. Il n’est pas incorrect. Il reflète une réalité géopolitique qu’on peut décrire.

    Cette réalité, c’est l’égarement des Occidentaux dans leur relation avec la Russie, le pacifisme schlinguant le gaz des Allemands, la russophilie naïve des Français et des Italiens, la courte vue des Anglo-saxons (plus la sympathie de Trump pour un compère autocrate) et la surdité de tous aux avertissements des pays de l’Est, qui avaient payé pour connaître le gang du Kremlin.

    La théorie applicable à ce gang comme à tous les autres est celle de la « vitre brisée ». Si dans un quartier une vitre brisée n’est pas vite remplacée, si une épave n’est pas enlevée et les graffitis effacés, le sentiment d’impunité chez les auteurs favorise l’escalade des incivilités vers toujours plus de délinquance et de violence.

    L’autocratie de Poutine a suivi la théorie. Elle s’est affirmée au cours de l’hiver 1999-2000 par la répression d’une férocité indicible du mouvement indépendantiste tchétchène. Puis il y a eu la prise de contrôle sur les médias, l’étouffement de l’opposition, la manipulation des élections, mais pour en rester à la politique étrangère sur laquelle les autres États avaient à se prononcer, il fallait punir les violations du droit international, la mainmise sur le nord de la Géorgie en 2008, l’invasion de l’est de l’Ukraine en 2014 et l’annexion de la Crimée. Or ces crimes sont restés impunis, ou presque. Chacun a marqué une escalade sur le crime précédent. Et nous voici donc depuis le 24 février 2022 avec une guerre totale en Europe.

    L’impunité nourrit le crime. L’impunité doit cesser.

    (Cette guerre se terminera lorsque les diplomates s’en saisiront. Mais tant qu’ils ne discutent pas, la seule exigence moralement acceptable est celle de la « déroute de l’envahisseur », la « victoire totale » et le « châtiment des agresseurs ». Entend-t-on des dirigeants russes dire qu’il ne faut pas « humilier Zelenski » ? Ils évoquent plutôt l’apocalypse nucléaire. Ils n’entravent pas à l’avance la position de leurs négociateurs. Paraphrasant Khrouchtchev, qui lui-même citait Staline, le mandat des diplomates russes autour du tapis vert tient dans une formule « Ce que nos soldats occupent est à nous, ce qui reste est négociable. »)

    Deux poids différents, deux mesures appropriées

    Un dernier mot sur l’impunité.

    L’argument ne tient pas, qui relève que les Occidentaux aussi ont commis des crimes, et donc n’ont pas à juger ceux d’autrui. Bien sûr que les Occidentaux ne sont pas sans reproche. Mais la culpabilité des uns n’absout pas les autres. Ce n’est pas parce que Sophie est une délinquante qu’on ne peut pas juger les délits de Marie. Mais si l’on cause de paille et de poutre, on doit noter que chaque intervention soviétique, puis russe, a voulu renforcer un pouvoir criminel, en Allemagne de l’est, en Corée du Nord, Hongrie, Pologne, Vietnam, Cuba, Syrie, et contre les réformistes du commandant Massoud en Afghanistan…, alors que chaque intervention militaire de l’Occident (si mal avisée qu’elle fut sur le moment) a voulu libérer les peuples de ces mêmes régimes oppresseurs et de leurs odieux semblables, Corée, Vietnam, Irak, Talibans afghans, Somalie, Kosovo, Bosnie, Lybie…

    Deux poids, deux mesures, c’est vrai, parce que d’un côté, on juge des criminels et leurs complices, alors que dans l’autre plateau de la balance, on pèse les intentions louables (hélas, souvent infructueuses) de ceux qui veulent militairement renverser ces criminels.

    Le plus grand crime de Poutine devant l’Histoire n’est pas ce qu’il a fait

    En devenant l’homme fort du Kremlin après les turbulences sous son prédécesseur, Poutine pouvait engager son pays sur la voie du rattrapage économique de l’Occident. Il pouvait apporter la prospérité à son peuple sans cesser d’être autocrate. Nombre d’experts soutiennent qu’un régime autocratique, qui vise la modernisation du pays, présente des avantages sur un régime libéral. Lorsque le chemin de la croissance est déjà tracé par d’autres, il n’y a pas besoin de débattre. Il suffit de copier ce qui a fonctionné. Les précédents sont probants : Chiang Kai-shek à Taïwan, Park Chung-hee en Corée du Sud, Lee Kuan Yew à Singapour…, et on pourrait même ajouter Deng Xiaoping en Chine.

    Ce sont ces précédents qui ont fait espérer en Occident que les dictatures chinoise et russe n’étaient que provisoires. Une fois enrichis, arrivés au stade où l’on ne peut plus copier, où il faut innover, ces pays auraient besoin de contestataires, de perturbateurs, donc de libéralisme dans tous les domaines.

    C’était cependant réfléchir en individualiste et oublier que pour les collectivistes le but de la politique n’est pas la satisfaction des personnes mais le renforcement du pouvoir de l’État, la grandeur du pays et son statut géopolitique. Dans ce contexte, le président Poutine a déjà perdu la partie. Quelle que soit l’issue de la guerre, même si elle est victorieuse, ce qu’à Dieu ne plaise, la Russie sera militairement dégradée, démographiquement sapée, économiquement sur la paille et géopolitiquement discréditée. Elle se voulait l’égale des États Unis, elle aurait pu être une puissance économique mondiale, elle terminera vassale de la Chine, comme un pays sous-développé, juste bon à fournir des hydrocarbures tant qu’on en aura l’usage.

    Mais les Russes ne doivent pas juger l’échec de leur gouvernement par rapport à la situation d’avant-guerre. Il leur faut encore mesurer le coût d’opportunité . Si leur gouvernement avait suivi la voie allemande, japonaise, sud-coréenne de reconstruction, aujourd’hui, après 20 ans d’inclusion dans l’économie libérale, quelle n’eût pas été leur qualité de vie, leur niveau de revenu, leur confort matériel, leur accès à la culture mondiale, et donc leur légitime fierté – non pas celle d’être craints, mais d’être enviés ?

    Et juste retour des choses : aux frontières de la Russie rompue, l’Ukraine sera reconstruite – comme le furent le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud après la guerre – une Ukraine sûre d’elle, hypermodernisée, compétitive, une véritable puissance européenne.

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      Conférence IREF : la guerre en Ukraine avec Thierry Wolton

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 03:30 · 1 minute

    Jeudi 9 mars à 19 heures, l’IREF a le plaisir d’organiser une conférence avec Thierry Wolton, journaliste et essayiste spécialiste des régimes communistes et post-communistes : « Guerre en Ukraine : comment en est-on arrivé là ? Quels sont les risques ? Comment la finir ? »

    Lauréat du prix Jan-Michalski de littérature 2017, Thierry Wolton est l’auteur de plusieurs ouvrages dont une monumentale Histoire mondiale du communisme en trois volumes, au cours desquels il propose une méditation sur les origines, les causes et les conséquences du phénomène communiste.

    En 2008, il a publié un livre prémonitoire Le KGB au pouvoir. Le système Poutine . Alors que l’URSS n’existe plus et que le communisme a disparu d’Europe, les héritiers du KGB soviétique continuent de régner en maîtres à Moscou. Dans Le négationnisme de gauche (Grasset, 2019), il analyse l’aveuglement historique et idéologique d’une certaine gauche concernant les crimes du communisme, et qui trouve ses racines dans l’aveuglement des intellectuels vis-à-vis de cette idéologie durant le XX e siècle.

    Pour Thierry Wolton, l’invasion russe de l’Ukraine a des origines profondes et il faut compter parmi celles-ci la compromission et l’indifférence vis-à-vis de l’idéologie communiste en Occident. Depuis longtemps, nous disposons de toutes les informations nécessaires pour ne nourrir aucune illusion sur Poutine et son régime. Pourtant, le mythe d’une Russie encerclée par l’Otan continue de résonner au point de donner un blanc-seing aux exactions du régime et de l’armée russe – voire de faire porter la responsabilité de la guerre sur les pays occidentaux.

    Animée par Nicolas Lecaussin, directeur de l’IREF, cette conférence sera l’occasion de s’intéresser aux causes de la guerre en Ukraine, des risques pour ce pays mais aussi pour le monde occidental de manière générale. Enfin, il conviendra d’analyser les différentes voies possibles pour en sortir.

    Rendez-vous au 35 avenue Mac-Mahon, 75017 Paris.

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      Vers une Europe de la défense ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 27 February, 2023 - 12:00 · 6 minutes

    Kiev serait-elle la nouvelle destination diplomatique à la mode ? En tout cas, les dignitaires occidentaux s’y relaient avec application et après Biden ou Von Der Leyen, c’est au tour du Premier ministre espagnol de s’y rendre . Apparemment, la capitale ukrainienne serait l’endroit indispensable où se montrer pour espérer avoir droit à une photo dans les médias grand public…

    De loin, on pourrait presque croire que tout ce qui est diplomatique, militaire et européen se passe en fonction de Kiev : en surface, l’économie de l’Union européenne paraît s’organiser pour l’effort de guerre contre la Russie. On voudrait nous faire croire que l’Union est en train de devenir un centre de défense militaire qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

    Malheureusement, la réalité est un peu moins palpable.

    Ainsi, on force de façon un peu grossière l’image d’une Europe soudainement unie face à ce qu’on brosse maintenant comme un ennemi commun alors que, en cela comme dans tout le reste, l’Europe avance encore une fois en nuage dispersé, indiscipliné et dont les membres ne sont clairement pas tous intéressés par le même but ni les mêmes méthodes.

    D’une part, la dépendance de l’Europe vis-à-vis des ressources (notamment énergétiques) étrangères et notamment russes est très différente d’un État membre à un autre ; de ce point de vue, l’ambiguïté évidente est totale de la part de l’Allemagne et de ses jolis moulins à vent inefficaces, qui a continué à s’alimenter en gaz russe jusqu’à l’explosion des pipelines Nordstream. À présent, elle continue à consommer de grosses bouchées dodues de charbon russe sans que ni la presse, ni les politiciens ne s’en émeuvent (ou alors, c’est fort discret).

    D’autre part, les intérêts économiques tissés depuis des décennies des deux côtés de l’Oural sont si nombreux que couper net les ponts avec la Russie est bien plus facile à pérorer devant des parlementaires ou dans les médias qu’à réaliser effectivement (et la France est du reste assez mal placée pour donner des leçons ).

    Enfin, on a largement pu observer que la distribution musclée de sanctions particulièrement mal conçues a bien plus sûrement plongé l’Europe dans l’embarras que la Russie. Est-il utile de revenir sur les petits prouts stridents que le Bruno de Bercy émet à présent que l’économie russe ne s’est pas du tout effondrée, au contraire de l’économie française ?

    Autrement dit, à mesure que les mois de conflit s’additionnent, l’unité européenne n’est plus qu’une façade entretenue par la presse et les sourires crispés des politiciens. Dans les couloirs feutrés du Conseil de l’Union, les choses sont nettement moins roses.

    En effet, au-delà des dissensions entre États membres sur les sujets économiques et politiques, les dissensions sur les aspects militaires ne s’amoindrissent guère non plus, d’autant plus que la guerre en Ukraine est un devenu prétexte à lancer l’idée que « l’Europe de la défense » serait quelque chose de souhaitable voire possible et ce alors même que la simple coopération de deux ou trois membres européens sur le même programme militaire relève de la gageure qui a échoué plus d’une fois ; il n’est qu’à se rappeler des essais d’avions ou d’hélicoptères « européens » (ou maintenant de drones) pour comprendre que cette Europe militaire tient plus pour le moment d’un vœu pieu que d’une réalité ou d’une possibilité tangible, solide.

    En outre, l’Union européenne semble vouloir s’additionner à l’institution militaire déjà en place, à savoir l’OTAN.

    Cela ne peut pas se passer sans heurts : dans le meilleur des cas, on obtiendra un doublement des étages administratifs. On peine à voir l’intérêt. Dans le pire des cas, on aboutira à une concurrence bureaucratique difficilement saine pour un commandement militaire d’autant que les buts de l’OTAN ne recouvrent assurément pas ceux de l’Union en matière géostratégique.

    Pour illustrer ce dernier point, il n’est qu’à voir l’épisode récent et tragicomique de l’idée de livrer des chars d’assauts à l’Ukraine pour comprendre la mécanique d’enfumage actuellement à l’œuvre en Europe et l’absence de toute coordination européenne à ce sujet.

    Rappelons que Zelensky, le président ukrainien, a récemment réclamé de nouveaux bataillons de tanks, les siens ayant été plus ou moins éparpillés lors de l’année écoulée. Il fut donc – assez mollement – décidé que les pays européens lui en fourniraient quelques-uns (on évoque une centaine de différents types puisque les Allemands, les Français et les Britanniques semblaient prêts à fournir ces véhicules).

    Sans même s’appesantir sur les aspects purement logistiques – autant d’engins différents imposent pièces détachées et main-d’œuvre formée en nombre suffisant, ce qui n’est ni simple ni rapide à obtenir pour le dire gentiment – rappelons que l’Allemagne avait subordonné sa livraison de chars Leopard à la livraison de chars Abrams par les États-Unis. Manque (commode) de chance pour les Américains : il s’avère que ces derniers chars ne seront pas livrés avant plusieurs mois au mieux ; non seulement l’armée américaine ne veut pas se départir de ceux dont elle dispose pour elle-même, mais en plus il apparaît aussi que ceux qui seront livrés (un jour peut-être) devront être « adaptés » pour le terrain ukrainien, c’est-à-dire rétrofittés pour éviter toute récupération technologique par l’ennemi russe.

    Autrement dit, ces chars américains pourraient bien arriver comme la cavalerie des Tuniques Bleues, c’est-à-dire après la guerre. Les Allemands, dont quelques-uns de leurs Leopard sont apparemment déjà en chemin vers l’Ukraine, pourraient l’avoir saumâtre, passant une fois encore comme les dindons d’une tragique farce américaine qui démontre assez bien les objectifs de l’OTAN assez peu Europe-compatibles.

    En fait de créer une force armée unifiée, comme à son habitude l’Europe s’enlise mollement dans ses petites gesticulations habituelles et ses manigances de politique politiciennes. Profitant de l’occasion, la Pologne semble décidée à largement renforcer sa propre armée, pensant même pouvoir prétendre rapidement à devenir la première puissance militaire européenne . On lui souhaite bien du courage (notons néanmoins qu’étant en dehors de la zone euro, les Polonais pourraient s’en sortir mieux que les autres puissances militaires européennes).

    En définitive, c’est probablement le seul point saillant de l’aspect militaire en Europe, provoqué par cette invasion russe en Ukraine : elle a clairement montré l’état sous-optimal des armées européennes actuelles, qui se sont beaucoup trop reposées sur le parapluie américain au point d’en être devenues les vassaux plus ou moins volontaires. L’explosion actuelle des budgets militaires européens chez les principaux États membres montre cette prise de conscience et l’absence criante de toute organisation européenne au-delà de l’OTAN démontre s’il le fallait encore que « l’Europe de la Défense » n’est encore qu’un rêve même pas humide.

    Du reste, peut-on s’en étonner ? Une armée unique suppose une unification bien plus forte, bien plus profonde des États européens et notamment une harmonisation fiscale qu’aucun État membre ne désire vraiment. Et d’ailleurs, du point de vue du citoyen lambda, un super-État européen, avec armée et fiscalité européenne, est-ce vraiment souhaitable ?

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      Joe Biden en Pologne : la Liberté concurrencée par la Reconnaissance

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 04:20 · 5 minutes

    Pendant quelques heures Varsovie a vécu à nouveau comme une atmosphère de guerre froide, le temps d’un discours du président américain Joe Biden .

    En prenant la parole en Pologne pour défendre le monde « libre » contre l’agression russe en Ukraine, stigmatisant l’impérialisme du Kremlin et assurant du soutien inconditionnel de l’Amérique contre la tyrannie, Biden a choisi de chausser les bottes de Ronald Reagan .

    Même élan optimiste, offensif et en quelque sorte même ennemi moscoutaire : « Nous voyons à nouveau aujourd’hui ce que le peuple polonais et les peuples de toute l’Europe ont vu pendant des décennies : les appétits de l’autocrate ne peuvent être apaisés. Ils doivent être combattus. ».

    Joe Biden leader du « monde libre »

    Le discours est connu, cependant, le contexte a complètement changé, ce qui lui donne une portée et une signification toute différente. Le leader du « monde libre » s’est adressé en priorité à son propre camp tout comme un jour avant Vladimir Poutine s’est adressé en priorité au sien . Les deux ont répété dans les grandes lignes leurs grands récits respectifs, la défense de la liberté et de la démocratie contre l’exigence d’un monde multipolaire « libéré » d’une tutelle occidentale hypocrite et corrompue.

    Seulement, ce n’est plus au monde bipolaire de la guerre froide que s’adressent les leaders des deux grandes puissances mais à celui instable de la montée en puissance de l’Asie, de la contestation de l’hégémonie occidentale par la Chine et une partie du « Global South », de la transformation des alliances héritées pour répondre aux nouvelles menaces perçues comme telles aujourd’hui. La tragédie ukrainienne n’a été que la mèche qui a dynamité le monde ancien.

    Ce faisant, la signification des deux discours a changé car les circonstances ont changé. Les discours russe et américain mettent des mots sur une lutte engagée entre deux conceptions fondamentales de la morale, l’une fondée sur l’exigence de liberté, l’autre sur celle de reconnaissance .

    Rassembler son camp

    En s’adressant à une Europe centrale toujours inquiète des interférences de son encombrant voisin russe en jouant la partition de la liberté, Joe Biden ne peut que susciter l’adhésion enthousiaste. La liberté acquise y est quelque chose de concret, que les Ukrainiens paient par le sang chaque jour. Ce droit aux institutions libres est une conception partagée en théorie avec tout le camp occidental, de l’Europe de l’Ouest à l’Amérique du Nord en passant par l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.

    En fustigeant l’hypocrisie américaine, sa corruption morale et son néocolonialisme, Vladimir Poutine se pose en résistant face à un autre type d’injustice, le mépris occidental pour le reste du monde. C’est ce manque de reconnaissance et même la subordination symbolique d’une partie de l’humanité sur l’autre qui alimente le ressentiment anti-occidental tout comme la propagande du Kremlin.

    Il est assez facile de relever les manquements de l’Occident à la liberté, l’écart réel entre l’idéal et la réalité. La guerre contre le terrorisme, les guerres en Irak, Afghanistan, Yemen, la gestion de la crise sanitaire, l’extension morale du wokistan, l’emprise des technocraties, de Big Tech ou de Big Business sont autant d’occasion pour les opinions critiques de fustiger des puissances occidentales imparfaites, et à raison.

    Il faut reconnaître que c’est aussi cette capacité à l’autocritique, produit de la liberté, qui permet l’amélioration, l’innovation et les corrections dans le domaine social et politique autant que dans le domaine économique.

    Il faut également reconnaître que chaque fois que l’Occident s’éloigne de l’idéal de la liberté, c’est pour emprunter aux modèles autoritaires qui lui sont devenus étrangers depuis des siècles mais qui demeurent en cours en Russie, en Chine ou en Iran.

    Il est aussi assez facile de faire sortir Vladimir Poutine de l’humanité ordinaire en lui assignant la place extraordinaire de monstre, tyran ou fou : son discours revanchiste peut susciter l’empathie des nouveaux damnés de la Terre, les floués des promesses occidentales d’émancipation. Peut-on comprendre la mentalité chinoise sans les guerres de l’opium ? Peut-on comprendre le reflux de la France en Afrique sans la mémoire d’une colonisation que la Russie se fait un plaisir de rappeler ?

    Le futur de la reconnaissance

    Négliger la problématique de l’identité et de la reconnaissance, c’est jeter un voile sur les conflits qui sont en train de se former sous nos yeux, comme l’avait déjà vu Samuel Huntington dans son Choc des civilisations . Seulement, la demande de reconnaissance peut rendre aveugle jusqu’à la tragédie : c’est contre l’invasion américaine et pour défendre la souveraineté du pays que l’État Islamique est né en Irak, que les Talibans ont repris Kaboul, que la Corée du Nord a transformé son pays en prison à ciel ouvert ou que les mercenaires de Wagner progressent en Afrique.

    Aujourd’hui, la Russie a déclenché un conflit conventionnel inhumain et sanglant contre son voisin aussi parce qu’elle s’estimait ignorée et méprisée par un Occident arrogant et certain de son bon droit. Comme l’a rappelé fort justement Joe Biden dans son discours : cette guerre n’a jamais été une nécessité, mais une tragédie.

    Les défenseurs de la liberté doivent désormais compter avec la montée en puissance des demandes de reconnaissance sur la scène internationale, qui contestent à l’Occident son magistère moral.

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      Des libertariens manifestent contre la guerre en Ukraine à Washington

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 21 February, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    « No NATO, No war ! » « End The Fed ! » « Free Julian Assange ! » Voilà ce que criaient les quelques milliers de manifestants pacifistes massés au Lincoln Memorial à Washington ce dimanche pour protester contre la guerre en Ukraine .

    Sous la bannière « Rage Against The War Machine », la mobilisation prétendait dépasser les clivages partisans pour dénoncer l’implication du gouvernement américain dans une guerre par procuration coûteuse en hommes, en fonds publics et poussant l’Occident tout entier vers la troisième guerre mondiale.

    Alors que Joe Biden en visite à Kiev promet une rallonge de 500 millions aux Ukrainiens, les rares opposants se font entendre devant le capitole.

    Pas un penny pour la guerre

    Le message était simple, pas un penny de plus pour la guerre en Ukraine : « Les Démocrates et les Républicains ont armé l’Ukraine avec des dizaines de milliards de dollars en armes et en aide militaire. La guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, en a déplacé des millions, et nous pousse vers une troisième guerre nucléaire. Arrêtez de financer la guerre. »

    De fait, ce sont deux petits partis, l’un libéral, l’autre d’extrême gauche, qui se sont entendus pour fédérer la colère contre une politique étrangère jugée capturée par les néoconservateurs. Le parti libertarien s’est associé au Movement for a People’s Party en invitant des personnalités aussi diverses que Tulsi Gabbard, Jill Stein ou encore Jimmy Dore pour soutenir le retrait américain du conflit.

    Ron Paul , figure tutélaire du mouvement libertarien américain, a également pris la parole. Au plus grand plaisir de ses partisans, il a réaffirmé sa solution miracle pour en terminer avec toutes les guerres américaines, présentes et à venir : « end the fed ! », Fermez la Fed, la banque centrale américaine et revenez à l’étalon or.

    Une opposition de longue date à la guerre

    Ce n’est pas la première fois que des libertariens s’associent avec la gauche radicale pour protester contre la guerre. Au moment de l’intervention américaine dans les Balkans en 1995 se crée le site anti-interventionniste Antiwar.com. Sous le patronage du paléolibertarien Justin Raimondo , des personnalités de tout bord politique vont se rencontrer et s’associer pour condamner « l’impérialisme » américain. De Pat Buchanan à Noam Chomsky, tout le monde est le bienvenu quand il s’agit de s’opposer à la guerre.

    Tous les libertariens ne partagent pas l’initiative de la coalition antiguerre, loin de là.

    Pour certains, la naïveté des libertariens joue en faveur du Kremlin et de ses agents d’influence, qui veulent au même titre que les pacifistes la diminution des crédits américains dans la guerre. Certaines organisations d’obédience libertarienne ont en conséquence fait le choix inverse de celui du Parti libertarien, soutenant l’effort de guerre et l’aide aux réfugiés chassés par le conflit.

    On a vu lors de la manifestation contre la guerre, certes des pacifistes, des conservateurs et des anarchistes, mais aussi des poutinistes authentiques ou des nostalgiques de l’URSS (parfois les deux).

    Ces images désastreuses pour la communication du parti ont alimenté des critiques qui déjà s’alarmaient de la droitisation du parti libertarien opéré lors des dernières élections internes .

    Pour d’autres, le Parti libertarien inverse les rôles et de fait reprend la propagande russe à son compte : ce ne sont pas les USA ou l’Occident qui ont agressé la Russie, mais la Russie qui a envoyé ses chars contre l’Ukraine et qui se défend avec l’aide de l’Amérique et de l’Union européenne.

    Sur la crise ukrainienne comme sur la crise covid, le mouvement libertarien américain apparaît donc plus divisé que jamais, y compris sur ses principes fondamentaux.

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      Lettre aux hommes

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 February, 2023 - 03:40 · 1 minute

    Par Tonvoisin.

    « Mon cœur s’est noyé dans l’océan de tes rêves !

    Au loin, le temps, la vie des vagues silencieuses,

    se brisait en cadence sur l’absence de trêve

    Et le monde riait ! La folie est joyeuse !

    J’aurais vécu pour rire dans un monde à pleurer

    sans mépriser mes juges de ma peine cruelle

    Enfant je suis, enfant je meurs. Me faut-il expliquer ?

    La tristesse des autres est ma seule étincelle !

    Je me croyais vivant et soudain je suis mort !

    Gloire à mes assassins, qui ont sali mon âme,

    les plaines de mes pensées, mon unique trésor

    courent dans des lendemains inconnus des infâmes !

    Ignorant par principe du travers des hyènes

    ma lanterne brisée, je titube dans l’espoir

    de ne pas m’être perdu dans la nature humaine

    un sourire cicatrice comme dernier territoire

    À rêver de partir sans savoir où aller…

    On traverse la vie, et la vie vous transperce

    Mes combats inutiles, qu’importe de les gagner ?

    Je n’ai vaincu que moi ! Ce monde n’est qu’ivresse.

    Il se tient devant vous l’Amazigh fatigué !

    les mots n’arrêtent rien ! Le drame se prépare !

    À l’ombre des silences et des infatués,

    la vérité se terre à l’abri des regards !

    Un poème pourra-t-il convaincre votre coeur

    que le mal est en marche déguisé en sauveur ?

    un poème pourra-t-il faire taire votre peur ?

    hurler à mes côtés pour sauver le bonheur ?

    Le bien alimente le mal, s’en pensant exempté

    la propagande violente altère la raison

    elle transforme les hommes en produits exaltés

    des hommes vont mourir, ils n’auront pas de noms

    Ceux qui décident les guerres ne partent pas au combat

    et la guerre se rapproche comme solde de tout compte

    de peuples « insupportable »s qui réclament l’équitable

    La troisième guerre mondiale, elle se fera sans moi !

    Je ne reste debout que par mépris des balles !

    Pour clamer ma tristesse devant l’inconséquence

    Je demeure vivant en quête d’idéal

    Si les hommes sont fous. Toutes mes condoléances !

    Amen Tonvoisoin

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      La souveraineté nucléaire française : un statut figé ?

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 3 January, 2023 - 03:50 · 10 minutes

    Par Raphaël Chauvancy.
    Un article de Conflits.

    Les velléités expansionnistes chinoises puis l’invasion russe de l’ Ukraine ont initié une réinitialisation des architectures sécuritaires. L’idéal d’une régulation des conflits par le dialogue et le respect du droit international s’effacent devant le pragmatisme des rapports de force, l’équilibre de la terreur nucléaire, la solidité des principes de sécurité collective et entraînent la redéfinition de la notion de souveraineté militaire.

    Vieil État-nation, la France place naturellement au cœur de ses idéaux politiques le maintien d’une souveraineté dont la condition première est la capacité à défendre ses frontières. Dans un pays bien décidé à ne jamais plus revivre la boucherie de 14-18 et la débâcle de 1940, l’entretien d’une dissuasion nucléaire autonome et exclusive fait consensus.

    Dans la pensée française, le feu nucléaire est indissociable de la souveraineté nationale. De fait, on peut renoncer à certains pans de souveraineté mais pas la partager. Une souveraineté partagée n’est pas plus crédible que l’illusion d’une « armée européenne », tout récemment balayée par le chef d’état-major des armées lors de son audition à l’ Assemblée nationale .

    Soixante ans après sa conception, la doctrine stratégique élaborée sous le général de Gaulle fait ainsi figure de dogme confortable et rassurant. Elle entretient peut-être aussi les Français dans l’illusion de la sécurité et d’un rang mondial considérés comme acquis. Mais les lignes bougent à l’ère de la compétition globale.

    Et si la conception française de la souveraineté nucléaire était obsolète ?

    L’ère du partage ?

    Alors que la pire guerre qu’ait connue l’Europe depuis 1945 dévastait l’Ukraine depuis plusieurs mois, la Pologne a annoncé en octobre 2022, par la voix de son président Andrzej Duda , être en tractation avec les États-Unis pour rejoindre le programme de partage nucléaire de l’ OTAN . À Varsovie, beaucoup jugent en effet que Kiev a commis une erreur historique en renonçant à son arsenal nucléaire à la chute de l’URSS et que l’atome est le seul frein aux ambitions de Moscou. En 2016, d’ailleurs, le gouvernement polonais avait déjà exprimé des velléités de partage nucléaire et lancé des appels du pied restés sans effet en direction de… la France .

    Initié durant la Guerre froide, le partage nucléaire consiste à intégrer certaines nations, en l’occurrence l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Turquie et l’Italie, à la dissuasion américaine en leur confiant des bombes H aéroportées B-61 à double clef. Washington conserve à la fois le pouvoir de décision finale sur leur emploi éventuel et sa dissuasion propre. De surcroît, ce dispositif dope les ventes de son industrie aéronautique militaire en Europe sous prétexte d’interopérabilité. Il n’en constitue pas moins le pivot sécuritaire des participants qui bénéficient de la jouissance nucléaire à défaut d’en avoir la possession.

    La déclaration polonaise s’inscrit dans une redéfinition de l’approche sécuritaire des démocraties, de plus en plus contestées et inquiètes pour leur sécurité. À l’autre bout du globe, le Japon, confronté à l’agressivité croissante de la Chine et au durcissement de la Russie, opère une mue historique. 83 % des citoyens du pays d’Hiroshima se disent désormais ouverts au débat sur l’hypothèse d’un partage nucléaire avec les États-Unis .

    La Corée du Sud elle-même, forte du soutien de plus de 70 % de ses citoyens au développement d’une force de frappe nucléaire nationale, hésite à se lancer dans une course aux armements susceptible d’accroître les risques géopolitiques, mais cherche à renforcer ses garanties stratégiques. L’idée d’un partage nucléaire avec les Américains, sur le modèle de ce qui se pratique en Europe dans le cadre de l’ OTAN , a commencé à être évoquée publiquement en 2019, après l’échec des conférences d’Hanoï entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump . La signature du traité AUKUS a donné aux débats une impulsion nouvelle, déterminante pour le futur de l’architecture sécuritaire du Pacifique.

    Il faut dire que l’alliance AUKUS, conclue en 2021, a brisé un tabou, Londres et Washington ayant proposé à Canberra de la doter en sous-marins à propulsion nucléaire. Certains appellent d’ores et déjà à aller plus loin, comme le Lowy Institute, un influent think-tank de Sydney. Partant du constat qu’un sous-marin nucléaire d’attaque est une arme d’emploi, non de dissuasion, cet organisme est allé jusqu’à affirmer l’inutilité d’en acquérir. Quel que soit son mode de propulsion, ce type de bâtiment ne bouleverserait pas le rapport de force militaire avec Pékin. Par conséquent, sa contribution à la sécurité de l’Australie serait à peu près nulle.

    Le Lowy Institute a évoqué à la place le principe d’une mutualisation nucléaire stratégique avec le Royaume-Uni dans le cadre de l’ AUKUS . Un à deux sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) à équipages mixtes et à deux clefs apporteraient au pays la garantie stratégique qui lui manque . Le choix des Britanniques plutôt que des Américains permettrait d’envisager une relation relativement équilibrée entre deux nations qui partagent déjà le même chef d’État, le roi Charles.

    La sécurité collective comme défense des intérêts nationaux

    Ces réflexions prospectives posent la question de la prolifération nucléaire. Or la bombe repose désormais sur une technologie ancienne à la portée de tous les États développés, y compris les plus irresponsables. Le partage offre aux démocraties raisonnables une protection rendue indispensable dans un monde dangereux, sans cautionner la prolifération, puisque le pouvoir d’ouvrir le feu reste ultimement sous contrôle de ses détenteurs historiques.

    Ainsi pourrait s’ouvrir une nouvelle ère où la jouissance atomique militaire se généraliserait, diminuant l’intérêt de la possession. Le nouveau jeu stratégique ne consisterait alors plus à cultiver une exception capacitaire mais à se placer au centre des systèmes de sécurité collective tout en conservant la clef décisionnaire. La puissance d’un État se mesurerait autant à sa capacité à partager certains éléments de sa force stratégique qu’à celle de riposter de manière souveraine en tout temps et en tout moment.

    Cette évolution consacre le principe de la sécurité collective en surplomb des seuls intérêts nationaux. Malgré le retour des affrontements de haute intensité, l’art de la guerre moderne substitue de plus en plus la planification environnementale à la planification opérationnelle. C’est-à-dire qu’il consiste moins à vaincre les forces ennemies qu’à mettre en place des matrices sécuritaires, politiques, économiques, culturelles, etc. favorables, afin de réduire les marges de manœuvre adverses tout en accroissant les siennes propres. Ce que l’on appelle la guerre par le milieu social, la GMS, le milieu social devant être compris comme l’ensemble des structures et interactions matérielles ou immatérielles constitutives d’une société .

    L’armée française sait faire beaucoup de choses mais désormais la puissance consiste aussi à savoir les faire faire, à être un catalyseur en plus d’un effecteur. Le leadership français n’a jamais été pleinement accepté au sein de l’Union européenne et a échoué à rééquilibrer la relation du continent avec les États-Unis vers le partenariat plutôt que la dépendance. Peut-être faut-il changer d’approche.

    Au splendide isolement capacitaire qui revient à se tenir à l’écart de la compétition pour l’élaboration des architectures sécuritaires de demain, ne serait-il pas possible de substituer la puissance par le rayonnement et l’influence ? La France est la première nation militaire d’Europe, la plus autonome et la plus emblématique. Ne devrait-elle pas devenir la plus indispensable, la plus centrale et la plus fédératrice ? C’est-à-dire devenir la pierre d’angle de la Défense collective du continent ?

    Le cas polonais

    On a ainsi beaucoup reproché aux Polonais d’avoir fait en 2020 le choix d’équiper leur armée de l’air de F 35 américains au détriment d’une solution européenne ou française, comme le Rafale, puis d’avoir logiquement choisi un groupe américain plutôt qu’EDF pour construire leur première centrale nucléaire en 2022. C’est oublier un peu vite que les appels du pied nucléaires de la Pologne sont passés pour une incongruité à Paris et n’y ont pas été pris au sérieux.

    Malheureusement, l’agression russe en Ukraine a montré que les craintes de Varsovie pour sa sécurité n’étaient pas l’expression d’une haine historique recuite envers la Russie. Peut-être les Français ont-ils raté une occasion unique de construire la Défense européenne en prêtant une oreille plus attentive aux préoccupations de leurs alliés d’Europe orientale.

    Le général de Gaulle est mort

    Paris adopte désormais une vision intégrée en réseau. Sa nouvelle posture est celle du partage dynamique de matériel et de compétences dans le cadre bilatéral du partenariat militaire opérationnel en Afrique ou du multilatéralisme européen et otanien.

    Une forme de tabou, la peur de perdre sa spécificité et le poids des habitudes écartent de cette approche nouvelle la sphère nucléaire. Paris a toujours, à juste titre, refusé de participer au Groupe des plans nucléaires (NPG) de l’OTAN, pour ne pas voir sa souveraineté nucléaire absorbée ou entravée par la puissance américaine.

    Pourtant, nous l’avons vu plus haut, la question nucléaire traverse l’ensemble du monde démocratique. Dotée d’une force stratégique totalement indépendante, Paris ne peut se permettre de rester en dehors des débats, ce qui implique de se poser la question de proposer à certains pays proches de l’UE une solution alternative ou complémentaire à la voie américaine. Puissance moyenne, la France offrirait des rapports plus équilibrés qu’avec le mastodonte américain pour une garantie ultime plus crédible – les intérêts vitaux de la France sont en Europe, ce qui n’est pas le cas des Américains. Le sujet mérite au moins d’être étudié.

    À l’inverse de l’extension officielle du parapluie nucléaire français à l’ensemble de l’UE en 2020, qui a laissé froids nos alliés, la solution du partage les impliquerait. C’est ce besoin d’implication qui a d’ailleurs fédéré 12 nations de l’UE autour du projet de bouclier anti-missiles allemand. Un partage nucléaire distinct de l’OTAN dans un cadre européen exercerait un effet centripète sur les nations de l’Union. Il s’agirait d’une étape décisive dans le développement d’un écosystème sécuritaire propre, en sus de l’Alliance atlantique. Une dissuasion étendue et renforcée, une solidarité accrue entre alliés, une base industrielle et technologique de Défense (BITD) consolidée en résulteraient. Nous avons vu depuis le 24 février dernier qu’un tel outil manquait à l’heure des périls.

    La souveraineté de la France en serait-elle affaiblie ou au contraire renforcée ? Elle est indissociable de sa puissance. Or cette dernière n’est pas un bien matériel à conserver, mais une relation stratégique à développer . Pour demeurer souveraine, la France n’a d’autre choix que de fédérer, d’influencer, de devenir une force d’entraînement, une nation-cadre pour conserver la capacité d’agir. Ce qui est assumé sur le plan conventionnel ouvre des perspectives sur le plan nucléaire – précisons pour les esprits chagrins que le partage nucléaire n’implique aucunement de renoncer au pouvoir de décision finale.

    L’affichage de capacités exclusives et statutaires ne suffit plus. Le paradigme ancien de la souveraineté consistait à s’affranchir des contraintes collectives. Celui de la souveraineté moderne, plus actif, est de participer aux mécanismes collectifs et de les influencer. Le général de Gaulle est mort. Mais l’histoire souveraine de la France se poursuit avec d’autres outils, d’autres stratégies pour assurer le primat de l’intérêt national.

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