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      Comment reconnaître les violences gynécologiques et que faire si on en est victime

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 22 June, 2022 - 14:08 · 7 minutes

    Les violences obstétricales sont “des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s. Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves”. Les violences obstétricales sont “des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s. Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves”.

    ​VIOLENCES OBSTÉTRICALES - Une secrétaire d’État accusée de viol par deux de ses anciennes patientes. Deux plaintes ont été déposées, le 25 mai et le 16 juin contre la secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou. Le parquet de Paris a confirmé l’ouverture d’une enquête ce mercredi 22 juin. Les faits reprochés ont été commis dans “le cadre médical”, a précisé une source proche du dossier à l’hebdomadaire Marianne , qui a révélé l’information.

    Eurodéputée LREM depuis 2019, Chrysoula Zacharopoulou, 46 ans, a été nommée secrétaire d’État le 20 mai. Une mission sur le thème de l’endométriose , un sujet sur lequel elle s’est engagée depuis des années, lui avait également été confiée par le précédent gouvernement. Son rapport a été remis en janvier à l’Élysée.

    Des accusations qui se multiplient

    Ce n’est pas le premier cas médiatisé de violences obstétricales ces derniers mois. Depuis 2014 et le hashtag #PayeTonUtérus, la parole s’est libérée autour des violences obstétricales et gynécologiques. À la fin de l’année 2021, plusieurs patientes et étudiants en médecine avaient pris la parole contre le Professeur Émile Daraï , un gynécologue spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon dans le 20e arrondissement de Paris.

    Une information judiciaire à son encontre, pour “violences par personne chargée d’une mission de service public”, a été ouverte en janvier et confiée à un juge d’instruction. Demis de ses fonctions de chef de service, le praticien continue toutefois d’exercer dans l’établissement et conteste ces accusations.

    Selon le Haut Conseil à l’Égalité qui a consacré un dossier à ce sujet en juin 2018, les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont “des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s. Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves”.

    Parce que ces violences obstétricales et gynécologiques prennent de nombreuses formes, elles ne sont pas toujours aisément identifiables par les femmes qui en sont victimes. Une bande dessinée parue fin août sur ce sujet propose d’identifier et de reconnaître ces violences.

    Des violences “passées sous silence”

    Intitulée Mon vagin, mon gynéco, et moi , elle est écrite par l’autrice féministe Rachel Lev et publiée aux Éditions Leduc Graphic. Pour elle, tout commence quand, après 10 ans d’errance médicale et d’examens douloureux et intrusifs, le verdict tombe: elle est atteinte d’une sévère endométriose. Pendant ces années, elle fait face à des médecins qui lui expliquent que ses douleurs sont psychosomatiques.

    En colère de voir d’autres témoignages de femmes qui ont vécu le même genre de situations, l’autrice raconte la construction de la société patriarcale et les violences, en particulier celles dites gynécologiques et obstétricales. Contactée par Le HuffPost , Rachel Lev, autrice et dessinatrice, expliquait: “Les violences gynécologiques et obstétricales regroupent un panel de violences dites minimes, ordinaires, banales et qui sont totalement passées sous silence tant elles sont courantes.”

    Rachel Lev illustre les violences gynécologiques et obstétricales Rachel Lev illustre les violences gynécologiques et obstétricales

    Comment identifier ces violences?

    Selon le rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, les violences gynécologiques et obstétricales peuvent se regrouper en 6 types d’atteintes, la liste n’étant pas exhaustive:

    • La non-prise en compte de la gêne et du caractère intime de la consultation par exemple, un sentiment de culpabilité.
    • Les propos porteurs de jugements comme une parole déplacée.
    • Les injures sexistes
    • Les actes exercés sans consentement, par exemple, un spéculum que l’on introduit sans consentement.
    • Les actes ou refus d’actes non justifiés
    • Les agressions sexuelles et les viols

    “Ce n’est pas la gynécologie ni les gynécologues qui sont maltraitants. C’est notre société qui est responsable de ces violences. La société porte un jugement de valeur sur le corps des femmes, entretient, nourrit et tolère le sexisme”, déclare l’autrice.

    Le SYNGOF, syndicat national des gynécologues médicaux et des gynécologues obstétriciens, indique de son côté “avoir l’ambition de faire évoluer les formations et les pratiques”. Il déclare soutenir le label Maternys qui vise entre autres à “améliorer l’accueil des femmes dans les maternités” et à “répondre à la demande de démédicalisation et d’autonomie”.

    Des cours sont également délivrés sur les thèmes des violences gynécologiques et obstétricales. Mais beaucoup de praticiens n’ont pas conscience d’être maltraitants envers les patients. Alors, comment lutter ensemble contre ces violences dues au sexisme ordinaire? Rachel Lev rappelle que ce genre de violences peut concerner toutes les personnes consultant en gynécologie et qu’il ne faut plus passer ces faits, gestes et actes sous silence.

    La première chose à savoir, c’est que, lors d’une consultation, il est important de reconnaître lorsque l’on se sent jugé, méprisé ou maltraité. Le plus important, pour elle, est de prendre conscience des raisons et de la source de ces violences afin de pouvoir devenir alerte. “Cette histoire est effrayante et passionnante en même temps: la comprendre, c’est pouvoir déceler, reconnaître et lutter contre le sexisme ordinaire. Nous devons - au-delà de ce que la société nous impose - protéger, aimer et respecter nos corps”.

    Ces dessins expliquent comment s'armer contre le sexisme ordinaire Ces dessins expliquent comment s'armer contre le sexisme ordinaire
    Ces dessins expliquent comment s'armer contre le sexisme ordinaire Ces dessins expliquent comment s'armer contre le sexisme ordinaire

    Au-delà de la prise de conscience, la prise en charge légale de ces violences est complexe. En effet, si une patiente est victime de cette forme de violences, il existe peu de recours. Il est possible de saisir l’Ordre des médecins ou l’ARS, ainsi que les médiateurs des hôpitaux. D’un point de vue pénal, “l’infraction spécifique de violences obstétricales n’existe pas”, rappelle le HCE. “Cependant, les violences gynécologiques obstétricales telles que décrites dans le présent rapport tombent sous le coup de la loi pénale.

    Ainsi, les infractions d’harcèlement sexuel, d’agression sexuelle ou de viol peuvent être retenues, avec la circonstance aggravante qu’elles ont été commises par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions, en l’espèce le.la professionnel.le de santé, ou commises sur une personne dont la particulière vulnérabilité est connue de l’auteur.rice.”

    L’association StopVOG recueille les témoignages sur les violences obstétricales et gynécologiques via les réseaux sociaux. Le “Collectif féministe contre le viol” propose également une ligne d’écoute gratuite et anonyme du lundi au vendredi de 10h à 19h.

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