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      James Madison, Père de la Constitution – Les Héros du progrès (44)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 5 March, 2022 - 03:40 · 10 minutes

    Par Alexander Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Voici le quarante-quatrième épisode d’une série d’articles intitulée « Les Héros du progrès ». Cette rubrique est une courte présentation des héros qui ont apporté une contribution extraordinaire au bien-être de l’humanité.

    Notre héros de la semaine est James Madison . Il est l’un des Pères Fondateurs et le quatrième président des États-Unis. Il a composé les premières ébauches, et donc le cadre de base, de la Constitution des États-Unis et de la Déclaration des Droits (le Bill of Rights ).

    On le surnomme souvent le « Père de la Constitution ». Il a passé la plus grande partie de sa vie à s’assurer qu’elle soit ratifiée et que les libertés de religion, d’expression et de la presse soient protégées par la loi.

    James Madison est né le 16 mars 1751 à Port Conway, en Virginie. Il grandit sur la plantation familiale. Son père est l’un des plus gros propriétaires terriens de la région du Piedmont. Il est l’aîné d’une fratrie de douze enfants, mais seuls six d’entre eux atteindront l’âge adulte, ce qui est assez courant à l’époque, même chez les riches. Au début des années 1760, la famille part s’installer sur le domaine de Montpelier en Virginie.

    Adolescent, il est instruit par plusieurs précepteurs célèbres. À l’inverse de la plupart des Virginiens aisés de son époque, il ne fréquente pas le Collège de William et Mary.

    Au lieu de cela, en 1769, il s’inscrit au Collège du New Jersey, aujourd’hui Université de Princeton, principalement en raison de l’hostilité de l’établissement envers l’épiscopat. Tout en étant Anglican, il est opposé à un épiscopat américain. Pour lui, c’est une façon d’affirmer le pouvoir de la monarchie britannique ainsi qu’une menace pour les libertés civiles et religieuses des colons.

    Au Collège du New Jersey, il achève son programme d’études de quatre ans en deux années seulement. Après l’obtention de son diplôme en 1771, il y reste pour étudier l’hébreu et la philosophie politique sous l’égide de son président John Witherspoon, un autre Père Fondateur à venir, qui influence fortement ses opinions en matière de philosophie et de morale.

    Terence Ball, un biographe de Madison, a écrit qu’au New Jersey, il « était immergé dans le libéralisme des Lumières et converti au radicalisme politique du XVIIIe siècle ».

    En 1773, il entre à Montpelier. Sans carrière en vue, il se plonge dans la lecture des livres de droit et s’intéresse rapidement aux relations entre les colonies américaines et la Grande-Bretagne.

    En 1775, quand la Virginie se prépare à la Guerre d’Indépendance, il est nommé colonel dans la milice du comté d’Orange. Comme il a fréquemment des problèmes de santé, il ne prend pas part aux combats et abandonne rapidement toute carrière militaire et se lance en politique.

    En 1776, il représente le comté d’Orange à la Convention constitutionnelle de Virginie, où il contribue à concevoir un nouveau gouvernement d’État, indépendant du droit britannique.

    Pendant le temps passé à cette Convention, il lutte souvent pour la liberté de religion et réussit à convaincre des délégués de modifier la Déclaration des Droits de Virginie pour que l’exercice de la religion bénéficie d’une « égalité de droits » plutôt qu’une simple « tolérance ». Il y rencontre aussi son ami de toujours, Thomas Jefferson, un Père Fondateur qui devait devenir le troisième président des États-Unis.

    Après la promulgation de la Constitution de Virginie en 1776, Madison entre à la Chambre des Délégués et se fait bientôt élire au Conseil d’État pour le gouverneur de Virginie, à l’époque, Thomas Jefferson.

    En 1780, il se rend à Philadelphie en tant que délégué de la Virginie au Congrès Continental, un ensemble de délégués des treize colonies américaines qui allaient créer les États-Unis d’Amérique.

    Les articles de la Confédération sont ratifiés par le Congrès Constitutionnel en 1781 et servent de première Constitution aux treize colonies. Ils donnent de grands pouvoirs aux États qui agissent plus comme des pays indépendants que comme une union.

    Madison sent que cette structure place le Congrès en position de faiblesse et ne lui donne pas la possibilité de gérer la dette fédérale ou de maintenir une armée nationale. Déterminé à changer cet état de fait, il commence à étudier de nombreuses formes de gouvernements.

    En 1784, il revient dans la législature de Virginie et s’assure rapidement que soit rejeté un projet de loi qui promettait d’accorder un soutien financier payé par les contribuables aux « enseignants de religion chrétienne ». Au cours des années suivantes, il est à la tête d’un mouvement qui incite à des changements dans les articles de la Confédération et qui a abouti à la Convention Constitutionnelle de 1787, là encore, à Philadelphie.

    Madison y présente son projet pour un gouvernement efficace connu sous le nom de « Plan de Virginie ». Il observe que les États-Unis ont besoin d’un gouvernement fédéral fort, séparé en trois branches (législative, judiciaire et exécutive) et gérées avec un système de poids et contrepoids, de sorte qu’aucune branche ne puisse dominer une autre. Tout au long du Congrès, il prend des notes et modifie son plan pour le rendre plus acceptable. Au final, le Plan de Virginie est la base de grandes parties de la Constitution des États-Unis.

    Une fois la Constitution rédigée, il fallait qu’elle soit ratifiée par neuf des treize États. Au départ, le document est reçu avec réticence, beaucoup d’États considérant qu’il accordait trop de pouvoir à l’État fédéral. Afin de promouvoir la ratification de la Constitution, il collabore avec les Pères Fondateurs Alexander Hamilton et John Jay . Ensemble, ils écrivent une série d’essais anonymes de soutien à la Constitution intitulés les Papiers fédéralistes.

    Après la publication de 85 essais et des débats approfondis à la Convention Constitutionnelle, la Constitution des États-Unis est signée en septembre 1787. Le document est finalement ratifié en 1788, après que le New Hampshire soit devenu le neuvième État à le faire.

    En 1790, le nouvel État fédéral devient effectif. Les idées innovantes et éclairées de la Constitution des États-Unis ont résisté à l’épreuve du temps et c’est aujourd’hui la plus ancienne Constitution écrite en usage dans le monde.

    Madison est immédiatement élu à la nouvelle Chambre des Représentants et commence à travailler sur l’ébauche du Bill of Rights , une liste de 10 amendements à la Constitution énoncant les droits fondamentaux détenus par chaque citoyen américain. Ils incluent, entre autres, la liberté d’expression, de religion et le droit de porter des armes.

    Dans le neuvième amendement, il stipule également l’existence de droits non énumérés. Après un important débat, son travail porte ses fruits et le Bill of Rights est promulgué en 1791.

    Ces amendements uniques pour leur époque soulignent que les États n’accordent pas de droits à la population : ce sont les citoyens qui lui concèdent des pouvoirs afin de protéger les droits « pré-existants » du peuple.

    Après un désaccord avec le leader fédéraliste Alexander Hamilton au sujet de sa proposition de créer une banque nationale, Jefferson et Madison fondent le parti républicain-démocrate en 1792.

    C’est le premier parti d’opposition aux États-Unis. Madison quitte le Congrès en 1797. Il revient à la politique en première ligne en 1801, en rejoignant le cabinet du président Thomas Jefferson . En tant que secrétaire d’État, il supervise l’acquisition de la Louisiane à la France en 1803, ce qui a doublé la taille du nouveau pays.

    De 1809 à 1817, il est le quatrième président des États-Unis. Une grande partie de sa présidence est entachée de problèmes outre-mer. En 1812, il prononce une déclaration de guerre contre la Grande-Bretagne. Les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Europe cessent, ce qui impacte sévèrement les commerçants américains.

    Au même moment, la Nouvelle Angleterre menace de faire sécession de l’Union. En 1814, Madison est forcé de fuir Washington, la nouvelle capitale, après que les troupes britanniques l’ont envahie et incendié plusieurs bâtiments dont la Maison Blanche, le Capitole et la Bibliothèque du Congrès.

    En 1815, la guerre se termine dans une impasse. Après deux mandats comme président, il retourne à Montpelier en 1817 et ne quitte plus la Virginie. Il demeure un écrivain actif et respecté. En 1826, il devient recteur de l’université de Virginie, fondée par Thomas Jefferson en 1819.

    Comme beaucoup de ses contemporains du sud, il possédait des esclaves. Cela dit, il a œuvré pour abolir l’esclavage. Sous sa direction, l’État fédéral a racheté des esclaves à leurs propriétaires pour les réinstaller au Liberia.

    Madison passe ses dernières années malade et alité. En juin 1836, âgé de 85 ans, il meurt d’un arrêt cardiaque.

    Il a contribué à la rédaction de la Constitution des États-Unis et du Bill of Rights . La Constitution était la première de son genre, sous la forme d’un document unique au monde. Les principes des Lumières sur les droits et libertés individuels qu’elle défendait sont devenus les fondations de dizaines d’autres constitutions libérales créées par des États partout dans le monde. Pour sa création du cadre légal qui protège d’innombrables personnes des abus de l’État, James Madison est à juste titre notre quarante-quatrième héros du progrès.

    Article publié initialement le 22 novembre 2020.

    Traduction par Joel Sagnes pour Contrepoints de Heroes of Progress, Pt. 44: James Madison

    Les Héros du progrès, c’est aussi :

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      Érasme, défenseur de la tolérance et de la paix – Les Héros du progrès (43)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 15 November, 2020 - 04:20 · 10 minutes

    Érasme

    Par Alexander C. R. Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Voici le quarante-troisième épisode d’une série d’articles intitulée « Les Héros du progrès ». Cette rubrique est une courte présentation des héros qui ont apporté une contribution extraordinaire au bien-être de l’humanité.

    Notre héros de la semaine est Didier Érasme (Desiderius Erasmus), philosophe du XVIe siècle unanimement considéré comme l’un des plus grands savants de la Renaissance nordique.

    Pendant la Réforme protestante, où les persécutions religieuses étaient monnaie courante en Europe, Érasme a été le premier défenseur de la tolérance religieuse et de la paix.

    Selon l’historien James Powell, toute sa vie, le philosophe « a défendu la raison contre la superstition, la tolérance contre la persécution, et la paix contre la guerre… [et a contribué à établir] l es fondements intellectuels de la liberté dans le monde moderne ».

    Desiderius Erasmus Roterodamus est né le 28 octobre 1466 à Rotterdam, aux Pays-Bas. On ne connaît pas l’année exacte de sa naissance mais la plupart des historiens s’accordent sur 1466.

    Il est le second fils illégitime de Roger Gérard, un prêtre catholique, et de Margaretha Rogerius. On sait peu de choses sur sa mère si ce n’est qu’elle était peut-être la servante de son père.

    Il fréquente plusieurs écoles monastiques et à l’âge de neuf ans, il est envoyé à Deventer, dans l’une des plus prestigieuses écoles latines des Pays-Bas.

    Pendant son enfance, il assiste à de nombreuses scènes de violences religieuses. Il a à peine huit ans quand il voit plus de 200 prisonniers de guerre écartelés sur des chevalets sous les ordres d’un évêque local. Cette exposition précoce à la violence inspirée par la religion va influencer sans aucun doute ses futures convictions.

    Durant son séjour à Deventer, il commence à mépriser les règles rigoureuses et les méthodes strictes utilisées par ses éducateurs religieux. Il écrira plus tard que le but d’une discipline implacable était d’enseigner l’humilité en brisant l’esprit d’un garçon.

    Son éducation à Deventer prend fin en 1483 quand ses parents meurent de la peste bubonique.

    Vers 1485, Érasme et son frère, vivant dans une extrême pauvreté et désespérés, entrent dans des monastères.

    Il devient alors chanoine régulier du monastère de Saint-Augustin, dans le petit village hollandais de Stein. Pendant les sept années qu’il y passe, il occupe le plus clair de son temps à la bibliothèque à étudier la philosophie.

    Il s’intéresse particulièrement aux œuvres de différents penseurs romains dont Cicéron. Lorsque ses supérieurs cessent de soutenir ses études classiques, il commence à avoir de plus en plus envie de quitter le monastère.

    Ordonné prêtre catholique en avril 1492, Érasme part alors pour devenir secrétaire de l’évêque de Cambrai qui avait eu vent de ses compétences en latin.

    En 1495, il commence à étudier la théologie à l’université de Paris mais il en vient à développer une aversion pour son régime quasi-monastique.

    Afin de financer la poursuite de ses études, il commence à enseigner ; l’un de ses élèves, Sir William Blount, l’invite en Angleterre en 1499.

    Son séjour là-bas se révèle fructueux. Il s’y lie d’amitié avec des intellectuels en vue et enseigne à l’université d’Oxford. Au cours des 15 années suivantes, il vit et voyage en France, en Angleterre, en Belgique et à Bâle.

    En 1509, il obtient un doctorat en théologie à l’université de Turin, et de 1509 à 1514, travaille à celle de Cambridge. Cependant, souvent en mauvaise santé, il se plaint que Cambridge n’arrive pas à lui procurer de vin correct, à l’époque, le médicament utilisé contre les calculs biliaires dont il est affecté.

    En 1500, il compile et traduit 818 proverbes latins et grecs sous la forme d’un volume intitulé Collectanea Adagiorum . La publication de cet ouvrage est le premier de ses multiples travaux destinés à mettre fin au monopole de l’Église sur l’érudition.

    Tout au long de sa vie, Érasme n’aura de cesse de compléter ce livre. Au moment de sa mort, en 1536, on y compte plus de 4151 entrées. On doit à sa traduction beaucoup d’expressions d’usage courant aujourd’hui comme « une chose à la fois », « en tête à tête » et « la nuit porte conseil ».

    À la faveur des ré-éditions d’ Adages (ainsi que serai connue plus tard cette œuvre), il ajoute davantage de commentaires plaidant contre la violence des dirigeants ainsi que des prédicateurs soutenant les guerres dans leur intérêt propre.

    Dans un passage, il note « Ne voyons-nous pas que de nobles cités sont fondées par le peuple, et détruites par les princes ? … que les bonnes lois sont faites par les magistrats plébéiens, et violées par les princes ? Que le peuple aime la paix, et que les princes excitent la guerre ? »

    En 1513, à la suite de la mort du « pape soldat » Jules II, Erasme écrit une courte satire où il dénonce sa violence, sous-entendant qu’il n’irait pas au paradis, ayant trop guerroyé plutôt que lu les Évangiles.

    En 1514, il publie Familiarium colloquiorum formulae , auquel on fait souvent référence sous le titre de Colloques .

    Il y tourne en ridicule les ecclésiastiques avides, les rituels qu’il considère sans objet et déclare le mariage préférable au célibat.

    Les autorités de France, d’Espagne, des Pays-Bas, d’Autriche et d’une grande partie de l’Italie décrètent que quiconque possède une copie de Colloques pourrait être exécuté. Malgré la sévérité de ces lois, plus de 24 000 exemplaires du livre sont  vendus de son vivant. Selon John Dalberg-Acton, un historien italien du XIXe siècle, c’était « l’ouvrage le plus populaire de son époque ».

    Dans une édition ultérieure d’ Adages publiée en 1515, Érasme s’attaque à la formation des prêtres et y avance qu’ils devraient être formés à la « philosophie du Christ » plutôt qu’à différents domaines scolaires. Il déclarera par la suite que « si on prêchait réellement les Évangiles, cela épargnerait au peuple chrétien de nombreuses guerres ».

    En 1516, en raison de toutes les erreurs de traduction de la Vulgate, l’édition officielle latine de la Bible, il reprend des manuscrits grecs pour produire une nouvelle traduction plus précise du Nouveau Testament.

    Ses travaux inspirent beaucoup d’autres à faire de même dans d’autres langues ; en l’espace de 20 ans, ce sont des versions allemande, anglaise, hongroise et espagnole qui voient le jour. Très peu de personnes lisent le latin, de ce fait ces nouvelles traductions rendent la Bible plus accessible partout en Europe.

    Il n’est plus nécessaire de se reposer sur l’interprétation de la Bible en latin par un prêtre, on peut s’instruire soi-même sur sa religion.

    Les années suivantes, il publiera une série d’ouvrages en faveur de la paix, expliquant que le salut n’est pas atteint par des rituels religieux mais en cultivant foi et bonté.

    Contrairement à beaucoup de penseurs de son époque, il s’est aussi opposé au colonialisme et a soutenu une « monarchie limitée, contrôlée, et réduite par une aristocratie et par la démocratie ».

    Pendant la Réforme protestante, il se considère comme impartial, critiquant à la fois la hiérarchie de l’Église catholique et les Réformateurs protestants. Il reste catholique et se consacre à réformer l’église de l’intérieur.

    Tout au long de sa vie, Erasme s’est beaucoup querellé avec Martin Luther, figure protestante principale de l’époque. Selon lui, Luther est un ennemi de la liberté, du côté des autorités tyranniques plutôt que de celui du peuple.

    À la fin de sa vie, il avertit que des guerres de religion pourraient bientôt éclater en Europe. Dans l’un de ses derniers ouvrages, De l’aimable concorde de l’église , il lance un dernier appel aux catholiques et aux protestants pour qu’ils « se tolèrent les uns les autres ». Il meurt dans la douleur le 11 juillet 1536 à Bâle après une lutte de trois semaines contre la dysenterie. Il est inhumé dans la cathédrale de Bâle.

    Hélas pour les Européens, ses prédictions à propos des guerres de religion imminentes se sont réalisées, et les décennies qui ont suivi sa mort ont vu l’Europe  entraînée dans des violences religieuses faisant des centaines de milliers de morts parmi les catholiques et les protestants.

    Néanmoins, quelques siècles après sa disparition, les philosophes des Lumières ont redécouvert son œuvre. L’encyclopédiste Denis Diderot, a ainsi écrit : « Nous lui sommes redevables principalement de la renaissance des sciences, de la critique et de l’attrait pour l’antiquité ».

    Tout au long de sa vie, il s’est vu offrir des postes prestigieux dans des institutions académiques partout en Europe, mais il les a tous refusés, préférant mener une vie d’universitaire indépendant consacrée à l’écriture, dans le but de faire progresser la société. Bien que son œuvre n’ait pu empêcher les guerres de religions, elle a continué d’avoir une énorme influence sur les idées de rationalité, de paix et de liberté à l’époque des Lumières.

    On reconnaît souvent qu’il a été la figure la plus influente de la Renaissance nordique, et le premier défenseur moderne de la tolérance et de la paix. Pour ces raisons, Didier Érasme est notre quarante-troisième héros du progrès.

    Les Héros du progrès, c’est aussi :

    Traduction par Joel Sagnes pour Contrepoints de Heroes of Progress, Pt. 43: Desiderius Erasmus

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      Charles Dotter et Andreas Grüntzig, l’angioplastie – Les Héros du progrès (39)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 18 October, 2020 - 03:20 · 9 minutes

    dotter

    Par Alexander Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Voici le trente-neuvième épisode d’une série d’articles intitulée « Les Héros du progrès ». Cette rubrique est une courte présentation des héros qui ont apporté une contribution extraordinaire au bien-être de l’humanité.

    Nos héros de la semaine sont Charles Dotter et Andreas Grüntzig, deux radiologues à l’origine de l’angioplastie, une technique chirurgicale visant à élargir des vaisseaux sanguins étroits ou bouchés. Non traitée, l’athérosclérose artérielle (l’accumulation de plaques graisseuses dans les vaisseaux) peut engendrer de graves problèmes médicaux notamment des maladies coronariennes, des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, etc.

    Le forum économique mondial estime que plus de 15 millions de vies ont été sauvées depuis la découverte de l’angioplastie par Dotter puis par les améliorations apportées par Grüntzig.

    Charles Dotter est né le 14 juin 1920 à Boston, dans le Massachusetts. Il fréquente une école primaire puis un lycée à Freeport, sur l’île de Long Island. On l’a décrit plus tard comme un enfant intelligent et curieux. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse à la mécanique et tire grande satisfaction à démonter et remonter des appareils. En 1941, il obtient une licence à l’université Duke. La même année, il s’inscrit à l’école de médecine de l’université Cornell.

    Il effectue ensuite un stage à l’Hôpital naval américain de l’État de New York, puis s’installe à l’université de New York. Il a à peine 30 ans quand on lui offre un emploi comme membre de la faculté à l’école médicale Cornell. Deux ans après, il accepte les fonctions de professeur et de président au service de radiologie de l’université de l’Oregon.

    Ce nouvel emploi fait de lui le plus jeune président connu d’un service de radiologie pour une grande école américaine de médecine.

    Pendant son séjour à l’université de l’Oregon, il rencontre un énorme succès sur plusieurs projets. On le considère généralement comme le fondateur d’une spécialité médicale totalement nouvelle, la radiologie interventionnelle : un ensemble de techniques reposant sur les rayons X, l’IRM et l’imagerie par ultra-sons afin d’apporter des soins médicaux à l’intérieur du corps du patient.

    En 1950, entre autres appareils, pour aider au développement de ce nouveau domaine, il crée le chargeur de rouleau de film pour rayons X. Pour des radiologues, la meilleure façon de visualiser le flux sanguin d’un patient est de recourir à la fluoroscopie en temps réel (imagerie aux rayons X en continu).

    Auparavant, on devait faire les clichés radiologiques un par un et un manipulateur devait changer de cassette radiographique pour chaque nouvelle image, ce qui engendrait des manques dans la séquence d’images. En revanche, le chargeur de Dotter permettait d’obtenir une image toutes les deux secondes.

    Une grande partie de son travail consistait à analyser des vues d’imagerie de patients destinées aux chirurgiens. Comme tous les radiologues de l’époque, il aurait dû insérer un cathéter dans l’artère d’un patient, y injecter un produit de contraste, puis prendre des photos aux rayons X afin d’analyser la circulation et rechercher toute obstruction potentielle. En fonction de ces clichés, les chirurgiens savaient alors où opérer.

    Cependant, il pose la théorie qu’au lieu d’utiliser le cathéter pour simplement injecter un produit de contraste dans l’artère bouchée, il pourrait le pousser lui-même à travers l’obstruction, débouchant de ce fait le vaisseau et améliorant la circulation sanguine, sans avoir à recourir à des techniques invasives et à une anesthésie générale.

    En 1964, il a l’opportunité de mettre en application sa théorie lorsqu’une patiente de 82 ans au pied gauche douloureux est admise à l’hôpital universitaire de l’Oregon. Il découvre que son artère fémorale superficielle est bouchée et que le manque de circulation sanguine a engendré un ulcère non guérissant et des orteils gangrenés. Elle refuse l’amputation recommandée par tous les médecins de l’hôpital et le chirurgien chargé d’opérer suggère à Dotter d’essayer sa nouvelle technique.

    Il se lance le 16 janvier 1964. Il commence par faire glisser une série de cathéters de plus en plus gros dans l’artère bouchée afin de dilater doucement le bouchon. Il ajoute ensuite un stent , un petit tube de maillage métallique destiné à empêcher l’artère de se refermer. L’intervention est un succès et en quelques minutes, la jambe reprend vie. Une semaine après, les douleurs ont disparu, l’ulcère commence à guérir et la patiente retrouve toute sa mobilité.

    Malgré ce début prometteur, les idées de Dotter sont largement rejetées par la communauté des chirurgiens vasculaires. Et c’est ici qu’Andreas Grüntzig fait son entrée dans notre histoire.

    Il est né le 25 juin 1939 à Dresde, en Allemagne. En 1951, il s’inscrit au lycée Thomasschule, la plus ancienne école publique d’Allemagne. Une fois obtenus ses diplômes avec mention en 1957, il s’envole pour Heidelberg, en RFA, juste avant que les communistes ne ferment la frontière est-allemande.

    Il débute des études de médecine à l’université de Heidelberg à l’automne 1958. Il est diplômé 6 ans plus tard. Pendant les 5 années qui suivent, il voyage beaucoup et suit une série de différents stages en RFA et au Royaume-Uni.

    À la fin des années 1960, il découvre l’angioplastie de Dotter lors d’une conférence que celui-ci donne à Francfort. Il est inspiré par ses efforts et commence à travailler sur différentes méthodes d’angioplastie.

    Après une confrontation avec l’inertie bureaucratique ouest-allemande, il décide de partir s’installer en Suisse. L’année 1969 marque ses débuts dans le service d’angioplastie de l’hôpital universitaire de Zürich.

    En 1971, il commence à utiliser la technique de Dotter pour traiter des patients. Il se met aussi à imaginer l’ajout d’un ballon aux cathéters de Dotter dans le but d’élargir des artères bouchées.

    Sans le moindre financement, il occupe sans relâche ses soirées et ses week-ends à développer son idée de ballonnets suffisamment robustes pour gonfler les artères de l’intérieur. En l’espace de deux ans, il réussit à fabriquer des cathéters à ballonnet faits main.

    Il présente ses découvertes et ses succès avec ses cathéters à ballonnet sur des animaux, au congrès de l’ American Heart Association (AHA) en 1976. Malgré le scepticisme de la plupart des participants, le Dr Richard Myler du Saint Mary’s Hospital de San Francisco suggère au duo de collaborer à la première angioplastie coronaire humaine avec leur cathéter.

    Le 16 septembre 1977, Grüntizg et Myler l’utilisent pour la première fois sur un patient humain conscient. La technique de ballonnet de Grüntzig est un succès. Qui plus est, elle se révèle à la fois plus rapide et plus sûre que celle de Dotter avec des cathéters de diamètre croissant.

    Un an plus tard, lorsqu’il présente ses quatre premiers cas d’angioplastie par cathéter à ballonnet à l’AHA, l’assistance lui fait une ovation et sa technique est ensuite rapidement adoptée par l’ensemble de la communauté scientifique.

    Dotter est resté à l’université de l’Oregon pendant 33 ans, de son arrivée en 1952 jusqu’à son décès le 15 février 1985. Il est couramment reconnu comme le père de la radiologie interventionnelle et l’université de l’Oregon a créé le Dotter Interventional Institute en son honneur.

    Grüntzig finit par émigrer aux États-Unis en 1980. Il devient directeur du service de médecine cardiovasculaire interventionnelle à l’université Emory. Le 27 octobre 1985, il meurt avec son épouse dans l’accident de l’avion qu’il pilotait. L’université Emory l’honore avec l’ Andreas Grüntzig Cardiovascular Center .

    En 1978, Dotter et Grüntzig ont été sélectionnés pour le Prix Nobel de Physiologie ou Médecine pour leurs travaux novateurs.

    Pour avoir créé un tout nouveau domaine d’étude médicale et lancé une méthode qui a permis de sauver plus de 15 millions de vies et évité des millions d’amputations, Charles Dotter et Andreas Grüntzig méritent bien d’être nos trente-neuvièmes héros du progrès.

    Les Héros du progrès, c’est aussi :

    Traduction par Joel Sagnes pour Contrepoints de Heroes of Progress, Pt. 39: Dotter and Gruentzig

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      Malcom McLean, les conteneurs de transport – Les Héros du progrès (17)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 17 May, 2020 - 03:25 · 5 minutes

    Malcolm McLean

    Par Alexander Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Voici le dix-septième épisode de notre série d’articles intitulée « Les Héros du progrès ».  Ces articles proposent un court portrait de héros qui ont apporté une extraordinaire contribution au bien-être de l’humanité.

    Malcom McLean est un chauffeur de camion américain, devenu plus tard l’homme d’affaires qui a développé le conteneur de transport moderne. Le développement par McLean de conteneurs standardisés a permis de réduire considérablement le coût d’expédition des marchandises dans le monde entier.

    La baisse des coûts d’expédition a considérablement stimulé le commerce international, contribuant à sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté . La conteneurisation de McLean demeure un pilier essentiel de notre économie mondiale interconnectée.

    Avant que McLean ne mette au point le conteneur d’expédition standardisé, presque toutes les marchandises étaient transportées dans une variété de barils, caisses, sacs, boîtes et autres paquets hétéroclites.

    Avant qu’existent les conteneurs, un navire typique contenait jusqu’à 200 000 pièces de cargaison qui étaient chargées à la main sur le navire. Il fallait souvent autant de temps pour charger et décharger la cargaison que pour naviguer jusqu’au port de destination. Cette inefficacité contribuait à pratiquer des coûts d’expédition très élevés. C’est ici que McLean entre dans l’histoire.

    Malcolm McLean naît en novembre 1913 à Maxton, en Caroline du Nord. Lorsqu’il obtient son diplôme d’études secondaires en 1935, sa famille n’a pas suffisamment d’argent pour l’envoyer à l’université. Alors il commence à travailler comme chauffeur pour l’entreprise de transports de ses frères et sœurs.

    En 1937, McLean fait une livraison de balles de coton à un port de Caroline du Nord pour expédition au New Jersey. Comme il ne pouvait pas partir avant que sa cargaison n’ait été chargée sur le navire, il reste assis pendant des heures à regarder des dizaines de dockers charger des milliers de petits paquets sur le navire. McLean se rend compte que le processus de chargement gaspille énormément de temps et d’argent, et il commence à se demander s’il ne pourrait pas y avoir une solution plus productive.

    En 1952, McLean imagine charger des camions entiers à bord d’un navire pour les transporter le long de la côte atlantique américaine (de la Caroline du Nord à New York). Bien que ce procédé puisse réduire considérablement les temps de chargement, il se rend vite compte que ces « navires remorques » ne seraient pas très efficaces à cause de la grande quantité d’espace de chargement perdue.

    McLean modifie alors son idée originale de sorte que seuls les conteneurs – et non le châssis des camions – soient chargés sur le navire. Il met également au point une façon d’empiler les conteneurs les uns sur les autres. C’est ainsi que naît le conteneur maritime moderne.

    En 1956, il obtient un prêt bancaire de 22 millions de dollars (soit 209 millions de dollars actuels). Il utilise cet argent pour acheter deux navires-citernes de la Seconde Guerre mondiale et les convertir pour le transport de ses conteneurs.

    La même année, l’un de ses deux navires, le SS Ideal-X, chargé de 58 conteneurs navigue du New Jersey à Houston, au Texas. À l’époque, la compagnie de transport maritime de McLean offrait des prix de transport inférieurs de 25 % à ceux de son concurrent, ainsi que la possibilité de verrouiller les conteneurs afin d’empêcher le vol de marchandises, ce qui lui amène également de nombreux nouveaux clients.

    En 1966, McLean lance son premier service transatlantique et trois ans plus tard il lance une ligne maritime transpacifique. Devant l’évidence des avantages du système de conteneurs de McLean, sont alors développés des navires plus gros, des conteneurs plus sophistiqués et des grues plus grandes pour le chargement des marchandises.

    En 1969, McLean vend sa première compagnie maritime pour 530 millions de dollars (soit 3,8 milliards de dollars actuels) et lance une série d’autres projets commerciaux. Il achète notamment la compagnie maritime United States Lines en 1978 et construit une flotte de 4400 porte-conteneurs. McLean continue à raffiner ses conteneurs d’expédition pour le reste de sa vie.

    Il décèdera à Manhattan en 2001 à l’âge de 87 ans. À sa mort, le magazine Forbes décrivit Malcom McLean comme « l’un des rares hommes qui ont changé le monde » .

    En 1956, le chargement manuel d’une cargaison sur un navire dans un port américain coûtait 5,86 dollars par tonne (55,58 dollars d’aujourd’hui). En 2006, les conteneurs d’expédition ont réduit ce prix à seulement 16 centimes la tonne (0,21 dollar d’aujourd’hui). Matt Ridley, membre du conseil d’administration de HumanProgress, souligne que « le développement de la conteneurisation dans les années 50 a rendu le chargement et le déchargement des navires environ vingt fois plus rapides et a ainsi réduit considérablement le coût du commerce » .

    Cette réduction spectaculaire des coûts d’expédition a stimulé le commerce international. Autrement dit, les consommateurs ont maintenant accès à des produits du monde entier à un prix inférieur à ce que l’on aurait pu imaginer auparavant. De même, la réduction des coûts d’expédition a contribué à améliorer le niveau de vie de centaines de millions de personnes dans les pays exportateurs en développement au cours des dernières décennies.

    Sans les conteneurs de McLean, le commerce mondial serait bien en deçà du niveau actuel, et la quasi-totalité d’entre nous serait moins bien lotis. C’est pour ces raisons que Malcom McLean est notre dix-septième héros du Progrès.

    Sur le web

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      Abel Wolman et Linn Enslow, la purification de l’eau – Les Héros du progrès (16)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 10 May, 2020 - 03:00 · 4 minutes

    wolman enslow

    Par Alexander Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Voici le seizième épisode d’une série d’articles intitulée « Les Héros du progrès ». Cette rubrique présente une courte description des héros ayant apporté une contribution extraordinaire au bien-être de l’humanité.

    Nos seizièmes héros du progrès sont Abel Wolman et Linn Enslow. Ces deux scientifiques américains du XXe siècle ont découvert comment utiliser en toute sécurité le chlore pour rendre l’eau potable. La formule de Enslow et Wolman a été perfectionnée en 1923 et grâce à leur découverte, plus de 190 millions de vies ont été sauvées dans le monde jusqu’ici.

    On n’avait pas attendu Wolman et Enslow pour se servir du chlore afin de purifier l’eau. Lors d’une épidémie de choléra en 1854, il a été utilisé pour l’eau potable de Londres. De même, le premier brevet américain pour un système de chloration de l’eau a été accordé en 1888. Alors qu’il était admis que le chlore pouvait tuer les bactéries, on en savait peu quant au procédé de purification et le chlore pouvant être toxique pour l’Homme, en mettre dans l’eau pour la purifier restait dangereux.

    Au début du XXe siècle, les villes d’Amérique croissent à un rythme rapide et le luxe d’avoir l’eau courante à l’intérieur des foyers se développe de plus en plus. Sans méthodes simples ou efficaces pour la purifier, les fournisseurs d’eau propageaient souvent malgré eux tout un tas de maladies telles que le choléra, la dysenterie et la typhoïde. C’est ici que Wolman et Enslow entrent en scène.

    Abel Wolman, né en juin 1892, à Baltimore, Maryland, était l’un des six enfants d’immigrés juifs polonais. Bien qu’il ait voulu initialement se consacrer à la médecine, ses parents l’ont incité à devenir ingénieur. En 1915, il devient la  quatrième personne à obtenir un Bachelor Degree (l’équivalent du baccalauréat scientifique, NdT) de la nouvelle école d’ingénieurs de l’Université John Hopkins.

    Linn Enslow naît en février 1891 à Richmond, Virginie. Il étudie la chimie à l’Université John Hopkins où il fait la connaissance de Wolman. Une fois diplômés, ils commencent à travailler au Service public de Santé du Maryland. En 1918, ils s’associent pour étudier l’action du chlore dans la purification de l’eau.

    Lors de leurs recherches, Enslow et Wolman sont amenés à analyser l’effet du chlore sur l’acidité, les propriétés bactériennes et le goût de l’eau potable. En 1923, le duo crée une formule standard détaillant la quantité de chlore nécessaire pour purifier les réserves d’eau en toute sécurité.

    Les recherches scientifiques rigoureuses de Enslow et Wolman avaient jeté les bases de la purification de l’eau dans le monde entier.

    Après leur découverte, Wolman, plus activement qu’Enslow, encourage les États et les pays à adopter leur formule. Il peut enfin appliquer cette nouvelle méthode de purification à la réserve d’eau potable du Maryland.

    Vers 1930, les cas de typhoïde dans cet État diminuent  de 92 %. En 1941, 85 % de la totalité de l’approvisionnement en eau des États-Unis ont recours à la formule Enslow-Wolman. Le reste du monde a suivi l’exemple américain.

    La carrière de Wolman décolle. Tout juste trentenaire, il devient président de la Commission de Planification de l’État, consultant auprès du Service public de Santé fédéral, ingénieur en chef public du Service public de santé du Maryland. Il crée le Service d’ingénierie sanitaire à l’Université Johns Hopkins en 1937.

    Au cours de sa vie, Wolman siégera à de nombreux conseils d’administration et conseillera des États sur la purification de l’eau partout dans le monde. Il prendra sa retraite en 1962 et décèdera en 1989, dans sa ville natale de Baltimore à 96 ans.

    Entretemps, Enslow était devenu rédacteur en chef de la revue Water and Sewage Works pour laquelle il a travaillé  jusqu’à son décès prématuré d’une crise cardiaque en 1957.

    Grâce aux travaux de Enslow et Wolman, des milliards de personnes ont à présent accès à de l’eau potable exempte de toute une série de maladies potentiellement mortelles. On estime que l’adoption de leur formule dans les systèmes de distribution d’eau dans le monde a permis de sauver près de 200 millions de vies.

    C’est pour cette raison que Linn Enslow et Abel Wolman sont nos seizièmes héros du progrès.

    Les Héros du progrès, c’est aussi :

    Traduction par Joel Sagnes pour Contrepoints de Heroes of Progress, Pt. 16: Abel Wolman and Linn Enslow

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      Maurice Hilleman, des vaccins vitaux – Les Héros du progrès (11)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 5 April, 2020 - 03:30 · 4 minutes

    hilleman

    Par Alexander Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Notre onzième héros du progrès est Maurice Hilleman, un microbiologiste américain qui a développé plus de 40 vaccins sauvant des vies. Sur les quatorze vaccins recommandés dans les programmes de vaccination actuels, Hilleman en a mis au point huit. On attribue à Hilleman le mérite d’avoir sauvé plus de vies que tout autre scientifique médical du XXe siècle.

    Hilleman naît le 30 août 1919 dans le Montana. Sa mère meurt deux jours après sa naissance. Au décès de sa femme, le père doit assumer seul la charge de huit enfants. C’est pourquoi l’oncle et la tante de Maurice, éleveurs de poules, et restés sans enfants, acceptent de se charger de lui.

    Hilleman attribuera une grande partie de ses succès ultérieurs à son travail à la ferme lorsqu’il était enfant – depuis les années 1930, les œufs de poule sont utilisés pour cultiver des virus pour les vaccins.

    Par manque de moyens financiers, il s’en faut de peu que Maurice n’aille pas à l’université. Heureusement, son frère aîné intervient et lui prête l’argent nécessaire pour ses études.

    Hilleman termine premier de sa promotion à l’Université d’État du Montana en 1941 et obtient une bourse pour faire des études de troisième cycle en microbiologie à l’Université de Chicago. Il obtient son doctorat en 1944.

    Une fois diplômé, Hilleman rejoint l’E R Squib & Sons – un laboratoire de virologie basé dans le New Jersey. Peu après avoir commencé à y travailler il met au point avec succès un vaccin contre l’encéphalite B japonaise. Cette infection originaire d’Asie et du Pacifique occidental, avait commencé à se propager parmi les troupes américaines qui combattaient dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale.

    En 1948, Hilleman commence à travailler comme chef du Département des maladies respiratoires au Centre médical de l’armée à Silver Spring, dans le Maryland. En 1957,  il observe les premiers signes d’une pandémie de grippe imminente qui se propageait à Hong Kong. Hilleman et ses collègues s’empressent de produire un vaccin dont il supervise la production : plus de 40 millions de vaccins sont immédiatement distribués à travers les États-Unis.

    Bien que 69 000 Américains sont morts après avoir contracté le virus, sans les efforts de Hilleman, la pandémie aurait pu causer des millions de décès. En reconnaissance de son travail, l’armée américaine lui décerne la Médaille pour services exceptionnels.

    En 1963, la fille de Hilleman, qui travaille chez Merck & Co, l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques du monde, contracte les oreillons. Hilleman se rend rapidement à son laboratoire pour récupérer l’équipement nécessaire afin de pouvoir cultiver les prélèvements effectués sur sa fille.

    En 1967, l’échantillon original prélevé sur la gorge de Jeryl Lynn est devenu la base du vaccin contre les oreillons nouvellement approuvé. Il est connu sous le nom de « souche Jeryl Lynn ». Plus tard, Hilleman combinera son vaccin contre les oreillons avec les vaccins contre la rougeole et la rubéole – qu’il a également mis au point – afin de créer le vaccin ROR.

    Outre les vaccins mentionnés ci-dessus, Hilleman a également développé des vaccins contre l’hépatite A, l’hépatite B, la varicelle, la méningite, la pneumonie et l’ Hemophilus influenza type B. Il a également joué un rôle dans la découverte des adénovirus à l’origine du rhume, des virus de l’hépatite et du virus SV40 cancérigène.

    En 1984, à l’âge de la retraite obligatoire de 65 ans, Hilleman démissionne de son poste de vice-président senior des laboratoires de recherche Merck. Insatisfait de son inactivité, il commence à diriger le nouvel Institut Merck de Vaccinologie quelques mois plus tard seulement.

    Il travaillera à l’Institut de vaccinologie jusqu’à son décès en 2005, à l’âge de 85 ans.

    Tout au long de sa vie, Hilleman a reçu une série de récompenses, dont la National Medal of Science, la plus haute distinction scientifique des États-Unis, et le prix de l’Organisation mondiale de la santé pour l’ensemble de ses réalisations.

    Il est souvent décrit comme le vaccinologue le plus brillant de l’Histoire ; c’est pour cette raison que Maurice Hilleman est notre onzième héros du progrès.

    Les Héros du progrès, c’est aussi :

    Françoise Barré-Sinoussi, la découverte du VIH
    Richard Cobden, héros du libre-échange
    William Wilberforce : une vie contre l’esclavage
    Ronald Ross : la transmission du paludisme
    Alexander Fleming et la pénicilline
    Jonas Salk et le vaccin contre la polio
    Landsteiner et Lewisohn, l’art de la transfusion
    Edward Jenner, pionnier du vaccin contre la variole
    Fritz Haber et Carl Bosch, le rendement des cultures
    Norman Borlaug, père de la révolution verte

    Sur le web