Par le Dr Gérard Maudrux.
Un « grand » film commence à circuler sur la gestion du Covid. J’en ai vu quelques extraits, je ne regarderai pas le film. Il y a certainement des vérités, la bande annonce est séduisante avec un rappel du bêtisier de nos élus et responsables de la (mauvaise) gestion du Covid, mais il y a trop, beaucoup trop de choses effarantes. Ce film ne fait pas avancer le débat, il le fait reculer.
Je suis peut-être mal tombé avec le premier extrait que j’ai vu :
Elle n’est pas la seule à s’exprimer ainsi. Nous sommes face à un problème inattendu, banal, une maladie infectieuse qui tue, pas facile à gérer. On peut critiquer ce qui a été fait car on pouvait faire mieux, mais partir dans des délires, Troisième Guerre mondiale préparée, les nazis, l’antisémitisme, les riches qui préparent l’extermination des pauvres, la 5G, etc. Il y a un symptôme du Covid qui n’a pas encore été décrit : il rend fou.
Si on peut faire certaines critiques sur cette gestion, le faire de cette manière jette le discrédit sur toutes les critiques, quelles qu’elles soient.
Pour ma part, mon combat prioritaire est celui du traitement, pour mettre fin à cette épidémie. Il faut que les médecins puissent traiter librement, avec la pharmacopée dont disponible à ce jour, pas avec des promesses, car chaque journée perdue apporte son lot de décès. Il faut que le traitement revienne entre les mains des médecins, pas des fonctionnaires, des politiques ou de soi-disant experts qui ont failli depuis le début.
Ce combat contre des erreurs doit se faire avec des arguments crédibles, étayé par des faits concrets, des chiffres vérifiables, des études sérieuses. Pour critiquer il faut être juste, cohérent, crédible. Voici un exemple de message manipulé qui sera de suite retourné discréditant ses auteurs, alors qu’avec de bons arguments, il aurait pu passer.
Ainsi nous est montrée une courbe des décès, avec un pic pendant le premier confinement. Conclusion : le confinement tue.
Le problème est qu’il y a un décalage entre la contamination, les premiers symptômes et le décès : de 11 à 12 jours pour l’hospitalisation, deux à trois semaines pour les décès. Ce pic de décès correspond donc à la période de contamination d’avant confinement. Ceux qui ont interprété cette courbe soit sont incompétents, soit manipulateurs.
Inversement, comme il y a chute après trois semaines de confinement, cela prouve son efficacité ! Ce n’est pas avec un mensonge pareil que l’on va démontrer les méfaits du confinement.
Quand je vous ai donné des chiffres optimistes , qui ont démarré avant le second confinement, je vous ai dit : attention, il y a un décalage, ces chiffres correspondent aux contaminations d’il y a 15 jours, ils peuvent donc doubler, attendons 8 jours pour être sûrs.
Voici maintenant une démonstration crédible, tenant compte du décalage : c’est la courbe des décès en Suisse, avant et après l’arrêt du traitement par hydroxychloroquine (interdite du 27 mai au 11 juin) suite à l’article du Lancet . Les décès augmentent quinze jours après l’arrêt, pour redescendre 15 jours après la reprise.
Pour être crédible, il faut utiliser de bonnes courbes et ne pas les détourner. Quand il y a une manipulation, un mensonge, cela rend suspects les messages qui sont avant et après.
Dans la gestion du Covid, il y a eu des erreurs, pire, des mensonges de la part de nos autorités, mais quand pour mettre en évidence un mensonge on le fait par un mensonge encore plus gros, on transforme le premier en vérité.
Ce film se veut critique, mais il aura l’effet inverse, renforçant l’attitude et la légitimité de ceux qu’il veut critiquer. Pas très malin. Ce film voulait mettre en avant le peu de crédibilité de ceux qui gèrent la crise, la seule chose qu’il va mettre en avant c’est le peu de crédibilité de ceux qui critiquent.
Pire, en faisant cela il renforce l’action de ceux qu’il voulait critiquer, et gêne tous ceux qui essaient de faire les choses correctement, surtout ceux qui comme moi se battent pour que l’on traite pour mettre fin à cette épidémie, car l’amalgame sera vite fait, et le film aura l’effet inverse de celui souhaité par ses auteurs.