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      Idée reçue : « la dette, c’est pas un problème ! »

      Eddie Willers · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 3 January, 2023 - 03:40 · 3 minutes

    Par Eddie Willers .

    Pour l’économiste Thomas Porcher, la dette française ne serait pas un problème car la France disposerait en face de 1,5 fois la valeur de cette dette en actifs. Il suffirait alors de vendre ces actifs pour payer la dette de la France.

    Donc si la dette n’est plus un problème, nous pouvons continuer à nous endetter et à financer les programmes les plus dispendieux de notre État social-démocrate . Magnifique théorie Thomas, mais regardons d’un peu plus près ce qu’il se passe lorsque la dette d’une entreprise est égale à la valeur de ses actifs.

    Les ressources de la société

    Les actifs d’une société constituent ses ressources, celles qui lui permettent de générer des profits et donc de survivre. Ces actifs peuvent prendre des formes très diverses : des usines, des brevets, des bureaux, des ordinateurs mais aussi des créances clients, du cash et même des savoir-faire. Bref, ce sont tous les éléments essentiels au bon fonctionnement de l’entreprise.

    Une société qui ne prend pas soin de ses actifs se retrouve rapidement face à une situation compliquée car elle ne produit pas aussi efficacement qu’elle le pourrait et se protège mal face à la concurrence d’autres acteurs.

    Vendre ses actifs peut avoir du sens, notamment si ces actifs ne permettent pas de produire plus efficacement les biens ou services vendus. Il n’est par exemple pas nécessaire d’avoir un entrepôt gigantesque lorsque l’on est une société de conseil.

    Imaginons maintenant que l’État français vende le château de Versailles, il récupèrerait alors directement de quoi payer une partie de sa dette mais perdrait dans le même temps le bénéfice associé à l’exploitation du château. Si le château est un contributeur positif du budget de l’État il faudra alors se réendetter pour payer les autres postes de dépense auparavant couverts par les recettes du château de Versailles. Premier écueil.

    Le problème de la liquidité

    Deuxième écueil : celui de la liquidité. Malheureusement lorsque vous en venez à vendre un actif et que vous n’avez pas préparé cette vente, vous êtes pris par le temps. Il vous faut donc trouver un acheteur face auquel vous serez en position de faiblesse. Et pour de nombreux actifs, le nombre d’acquéreurs potentiels est limité. Donc vous devez vous résoudre à vendre au rabais.

    Ce fut le cas par exemple pendant la crise de 2008 , vous êtes un fonds de pension et souhaitez vendre des actions de la société X, vous en détenez un gros stock et tout le monde a peur, donc personne n’achète. Vous souhaitez absolument vendre, donc vous faites des remises encore plus grosses pour être certain que quelqu’un en veuille bien.

    Bilan : vous croyez que votre actif valait 100 dans vos comptes mais au moment de vendre il ne vaut plus que 70. Il ne faut jamais oublier que la valeur d’un actif ne peut être déterminée que lorsqu’il y a une transaction, vous pouvez tenter de l’approximer via diverses méthodes mais vous n’en serez jamais sûr tant que quelqu’un ne l’aura pas acheté. Et jusqu’à nouvel ordre, personne n’a acheté la Tour Eiffel ou le Palais Bourbon dans un passé récent.

    Les capitaux propres

    Enfin, pour faire face aux coups durs, une société doit disposer de capitaux propres, une couche tampon qui permet d’absorber les pertes. Si votre bilan n’est composé que de dettes et d’actifs vous n’avez aucune sécurité, vous marchez sur un fil et risquez la chute au moindre coup de vent.

    Ah oui et j’ai oublié de vous préciser, l’actif de l’État au 31 décembre 2016, selon la Cour des comptes atteignait 978 milliards d’euros pour des dettes de 2181 milliards d’euros et des engagements hors-bilan (majorité de pensions de fonctionnaires, donc concrètement des dettes) de plus de 4000 milliards d’euros : un rapport de 15 %. Mais c’est pas grave, après tout la dette n’est pas un problème.

    Sur le web

    Article publié initialement le 9 janvier 2018

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      Pourquoi le libéralisme n’est ni le laisser-faire, ni le laisser-aller

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 2 January, 2023 - 03:40 · 8 minutes

    Par Johan Rivalland.

    « Laissez-nous faire, laissez passer le grain. »

    Voilà le cri du cœur lancé par un certain Legendre, marchand de son État, répondant à Colbert sur les moyens d’aider le commerce. Une formule sortie de son contexte et manipulée par la suite… mais toujours d’actualité.

    Douzième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

    La liberté d’action et de circulation

    Voici ce que rappelait Jean-Yves Naudet , en lien avec l’actualité en 2014, à ce sujet :

    « Il faut remonter au XVII e siècle et à Colbert. Celui-ci recevait une délégation de chefs d’entreprises menée par Legendre. Colbert, en interventionniste fondateur du colbertisme, leur demande « que puis-je faire pour vous aider ? » . Dans son esprit, cela signifie : subventions, privilèges, monopoles, réglementations, fermeture des professions… La réaction de Legendre a laissé Colbert perplexe : « Laissez-nous faire » . Nous n’avons pas besoin de votre aide et de vos fonctionnaires, pas besoin que l’État se mêle de ce que nous savons faire nous-mêmes. Mais au moins ne nous mettez pas de bâtons dans les roues, rendez-nous notre liberté, le reste, nous nous en chargeons. »

    Cet épisode et ce Legendre ont-ils vraiment existé ou s’agit-il d’une formule qui serait en réalité l’œuvre de Vincent de Gournay, dont Turgot dressait un éloge vibrant , celui-ci l’ayant largement inspiré dans ses réflexions et ses actions ?

    Peu importe.

    Ce qui est sûr est que les disettes étaient courantes encore à l’époque et qu’il était d’une complète aberration et proprement inouï que, par ses mesures réglementaires et protectionnistes, empêchant la libre-circulation des grains d’une contrée à une autre en France, des gens souffrent ou meurent alors même qu’à quelques kilomètres à peine de chez eux des excédents de récoltes leur auraient permis de manger à leur faim. Tout cela parce que, par son interventionnisme criminel, l’État empêchait la liberté du commerce .

    Et on voudrait incriminer le libéralisme, lui prêter des intentions dites « égoïstes » n’ayant rien à voir avec ses principes ? Nous n’avons affaire là qu’à pure ignorance. Et il est un fait que l’ignorance prend bien plus souvent le pas sur la connaissance que l’inverse.

    Laissez-nous faire, cessez de nous mettre des bâtons dans les roues !

    Plus de 300 ans après, c’est un autre cri du cœur similaire qui est lancé par le maire de Mandelieu-la-Napoule le 25 novembre 2019, suite aux inondations qui ont touché de manière impressionnante les Alpes-Maritimes. Là encore, on peut qualifier l’interventionnisme de criminel – même si ce n’est bien évidemment nullement intentionnel – pour ne pas dire absurde, en tous les cas inconséquent.

    Car c’est une nouvelle fois le poids de la réglementation – pire, ses contradictions parfois absurdes – qui mène à la catastrophe et à la mort d’individus. Lisons un extrait de l’article de presse mis en lien ci-dessus concernant l’appel de ce maire (et de plusieurs autres responsables publics locaux en accord avec ses propos) :

    « … Il dénonce « une contrainte totalement contradictoire » en matière d’urbanisme : « On nous demande de faire des logements en nombre – je dois en faire 2500 pour être dans la loi et on me punit de ne pas les faire et de l’autre côté on me demande de rendre à la nature le plus de sols possible », explique-t-il. « Moi, je préfère privilégier la lutte contre l’inondation mais pour faire des aménagements contre l’inondation, il me faut des dizaines d’années de procédures puisque c’est très compliqué », poursuit-il. « J’en appelle donc au président de la République et aux parlementaires : je leur demande de simplifier la législation, de simplifier les réglementations, de rendre le pouvoir aux locaux pour pouvoir aménager. Laissez-nous faire, on peut le faire, mais laissez-nous agir et arrêtez de nous contraindre avec des procédures qui n’en finissent pas.

    Le libéralisme, un « laisser-aller » ?

    Le « laisser-fairisme » n’est donc qu’une simple vision de l’esprit créée par des ennemis du libéralisme, puis répandue médiatiquement, pour s’ancrer dans les esprits de tout un chacun de manière insidieuse et difficilement réversible.

    La philosophie libérale est bien plus fine que les caricatures que l’on veut bien en dresser de manière souvent scandaleuse . Et lorsque d’aucuns prônent le « laissez faire » (avec un « z » et non un « r ») dans tel ou tel domaine ce n’est jamais avec l’intention qui lui est généralement prêtée.

    Pire encore, il en va de même avec cette idée parfaitement insidieuse qui consiste à associer le libéralisme avec le « laisser-aller ». Une nouvelle fois nous sommes dans la grossière caricature. Et le plus désolant est que des gens, même de bonne foi, sont parfaitement convaincus de la validité de ce type d’assertion.

    Hier encore, j’écoutais face à moi quelqu’un de tout à fait sympathique et agréable, nullement mal intentionné et plutôt assez instruit, qui devisait – à la veille des grandes grèves qui allaient débuter ce 5 décembre 2019 – sur les risques et dérives de notre société actuelle. Les inquiétudes face aux mouvements sociaux, les Gilets jaunes, casseurs et autres voyous venant de banlieues jusqu’à Paris, Christophe Guilluy et la France périphérique … jusqu’au moment où, évoquant certains quartiers fermés à la police où règne la loi des dealers, cette personne se met à sortir un couplet sur l’ultralibéralisme qui régnerait dans ces quartiers.

    Je n’ai rien dit – parfois c’est vain et je n’avais de toute façon pas du tout le temps car j’étais très occupé – mais c’était hélas tout à fait représentatif ce que beaucoup pensent, emportés par leurs croyances et ignorants des fondements philosophiques du libéralisme. Poursuivant sa pensée, cette personne mélangeait alors loi de la cité, absence d’autorité, trafic en toute impunité, règlements de comptes par le moyen d’une balle dans la tête et « ultralibéralisme » à la Alain Madelin (qui, si d’aventure il lit ces lignes, ne pourra que s’en attrister, tant cette caricature est d’une ignominie consternante). Je ne pouvais que prendre ma plume pour tenter de lutter à ma toute petite échelle contre de telles horreurs d’attributions intellectuelles…

    Laisser-aller et État-gendarme

    Ceci m’a aussi laissé entrevoir la contradiction incroyable qui peut régner dans certains esprits (universitaires) entre d’un côté cette idée absurde que nous venons d’évoquer d’un « laisser-aller », et une autre facette souvent caricaturale – en parfaite contradiction – prêtée au libéralisme, souvent apparenté à une sorte « d’État-gendarme ». Avec toute l’évocation péjorative que l’on peut imaginer derrière cette formule réductrice… Comme quoi nous ne sommes plus à une contradiction près et que lorsqu’on évoque le libéralisme, on ne sait pas très bien de quoi on parle, si ce n’est d’une sorte d’épouvantail protéiforme qui a bon dos et permet une forme de défoulement apaisante.

    Rappelons, si besoin est, que le libéralisme est par nature attaché au respect des droits des individus, aux libertés fondamentales, au droit de propriété, à la protection de la personne à la fois dans son intégrité physique et morale, à la responsabilité.

    Comment imaginer un seul instant que « loi de la cité » et libéralisme auraient quoi que ce soit à voir ensemble ?

    Laisser-aller : mais de qui parlons-nous ?

    Pour conclure, car le thème de cet article pourrait largement occuper un ouvrage entier à lui seul – mais il faut ici faire court – j’aurais tendance à renverser les propos contenus dans les idées reçues esquissées précédemment en faisant remarquer que c’est plutôt l’État, par son interventionnisme excessif , qui a tendance – malgré lui – à conduire dans de nombreux domaines au laisser-aller. Joli paradoxe. À vouloir se mêler de tout et de rien il finit par être très souvent inefficace et causeur de troubles. Cela ne date pas d’hier, ainsi que nous l’avons vu, et ses interventions, par leur absurdité parfois et leurs contradictions comme nous l’avons vu aussi, peuvent s’avérer nuisibles.

    Un seul exemple – en lien avec l’actualité : le système des retraites. Avec un petit rappel à tous ceux qui marquent leur refus inflexible de toute réforme ( ou changement de système ) quelle qu’elle soit : à force de laisser-aller et d’inconséquence politique de la part de « l’État » et ceux qui le représentent, la Grèce dos au mur a fini par devoir consentir d’autorité une baisse généralisée des retraites de 30 % du jour au lendemain. Voilà qui laisse songeur. Et qui pourrait bien nous arriver. Mais c’est sans doute là un autre sujet… quoique.

    À lire : articles de la série « Ce que le libéralisme n’est pas » :

    Article initialement publié en décembre 2019 .

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      Le libéralisme caricaturé

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 3 December, 2022 - 03:50 · 7 minutes

    Un article de La Nouvelle Lettre

    Pas enseigné, pas pratiqué, le libéralisme est caricaturé : loi de la jungle, vol organisé, égoïsme débridé, inégalités croissantes, victoire de l’avoir sur l’être, société de consommation, concurrence sauvage, obsession de la rentabilité, etc. Il est facile de réfuter ces attaques : la réalité est autre.

    Il y a mieux à faire : il est temps d’appliquer les vrais principes libéraux. Pourquoi préciser les « vrais » principes ? Parce qu’il est dit beaucoup de choses ridicules et mensongères à propos du libéralisme et ce n’est pas par hasard : les antivax sont à l’œuvre.

    Le libéral à la mode américaine

    Il faut tout d’abord dénoncer le mensonge qui consiste à définir le libéral à la mode dite américaine (mais qui a tendance, récemment, à s’étendre à la France).

    Le liberal américain est tout le contraire d’un libéral classique.

    Il n’existe en fait que depuis les années 1930, quand les socialistes anglo-saxons, principalement américains, ont prôné et réalisé, notamment avec Roosevelt , une politique tendant à confier à l’État le rôle d’organisateur de la société. Aux États-Unis la planification économique a été mise en place, les nationalisations se sont multipliées, les pouvoirs fédéraux ont été renforcés.

    Pourquoi les tenants de cette révolution voulaient-ils se dire libéraux ?

    Parce qu’il s’agissait de libérer le peuple du système capitaliste auquel les socialistes attribuaient la crise de 1929 et le chômage naissant (que Roosevelt ne cessa de multiplier jusqu’à le rendre massif). Aujourd’hui en France on voit l’extrême gauche (et en particulier les Insoumis) se déclarer libérale pour soulever le peuple contre un régime dénoncé artificiellement comme complice des riches. Il n’y a pas eu autant de défenseurs de la liberté dans notre pays, y compris de gens qui souhaitent la révolution prolétarienne. L’adjectif libéral est confisqué et trafiqué comme l’adjectif « démocratique » pour jadis qualifier les républiques communistes d’Europe centrale et de l’est et aujourd’hui désigner les dictatures algériennes ou autres.

    Certes le pouvoir en place chez nous aujourd’hui a multiplié les atteintes à la liberté individuelle en prenant notamment prétexte de la pandémie. Mais de là à faire honneur à notre gouvernement en le dénonçant comme « libéral » voire même « néo ou ultra libéral » (c’est ce que fait en particulier l’extrême droite), il y a méprise et mensonge.

    Plus mensongers encore, et ceux-ci de façon délibérée et inacceptable : ceux qui se réfèrent aux grands noms et aux grands thèmes du libéralisme classique pour soutenir que l’État est le seul à pouvoir réformer l’État et qui voient volontiers le président actuel à la tête de cette tranquille révolution, au cours d’un nouveau mandat bien sûr.

    Pourquoi ces gens-là ont-ils le front de s’afficher « libéraux » ? Pourquoi aiment-ils le despotisme au prétexte qu’il se dit « éclairé » ?

    Le libéral classique n’aime pas le despotisme.

    Il est vrai que tous ces mensonges sur le libéral et le libéralisme font mouche dans un pays qui depuis des siècles n’a pratiquement jamais connu ni vécu une politique libérale. C’est pourquoi il convient d’insister sur ce que n’est pas le libéralisme. Voici ce qu’on entend dire du libéralisme, et ce qu’il n’est pas. La liste est hélas assez longue.

    Le renard libre dans le poulailler libre

    « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

    Célèbre sentence de Lacordaire mais tout à fait ambiguë , car les êtres humains seraient-ils à l’image des animaux condamnés à des rapports de force ? Leur liberté est aussi d’aimer et de servir les autres. Et quelle est la loi à laquelle Lacordaire se réfère ? Si c’est celle de l’État ou du Parlement, elle peut bien souvent opprimer et asservir pour avantager une minorité au pouvoir. Le droit positif est moins efficace que les accords spontanés inscrits dans les contrats, les arbitrages, la coutume.

    La propriété c’est le vol

    Tout aussi célèbre sentence de Proudhon , qui la reniera en fin de compte.

    L’être humain affirme son identité et sa personnalité en développant ses capacités et à travers ses œuvres propres. Ne pas reconnaître ce que chacun a en propre c’est l’aliéner, le réduire à un simple numéro comme l’ont fait les régimes collectivistes : l’homme naît propriétaire (Bastiat). On ne gère bien que ce qu’on possède (Aristote).

    Le triomphe du « chacun pour soi »

    L’intérêt personnel ne signifie pas l’ignorance des autres.

    Tout au contraire, nul ne peut se suffire à lui-même et on ne peut satisfaire ses propres besoins qu’en satisfaisant le besoin de quelqu’un d’autre. L’échange est aussi le propre de l’Homme . On n’a jamais vu des chiens échanger des os (Smith). C’est le souci des autres (empathie) qui apporte satisfaction et concourt à l’intérêt général. Le libre échange est catalectique : il transforme des intérêts opposés en accord réciproque.

    Une société libre est une société où règne la confiance mutuelle.

    Entre riches et pauvres l’écart se creuse

    Sans doute le plus grand mensonge actuel.

    Les menteurs manipulent les statistiques et en particulier ne tiennent aucun compte des revenus de redistribution largement perçus par les personnes dont les revenus d’activité sont insuffisants. Les indices de développement humain prennent en compte non seulement le produit par habitant mais aussi l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants.

    Les famines ont disparu : en moins d’un siècle sept milliards et demi d’êtres humains ont pu survivre et les pays naguère du tiers-monde sont aujourd’hui émergents quand ils ont accepté la liberté économique.

    L’avoir et l’être

    La société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être : c’est Jacques Delors qui prétendait que la rentabilité et la productivité poussaient les entreprises à asservir les consommateurs en leur imposant des biens et services qu’ils ne désirent pas réellement.

    Aujourd’hui il est aussi jugé indispensable de ralentir la croissance pour économiser les ressources naturelles menacées par l’appât du gain. Mais qui peut dire ce qui est nécessaire ou superflu ? Les choix du consommateur sont purement personnels et il est difficile de juger les préférences des autres. Quant à la dignité de l’être (à travers ses choix), c’est sans doute affaire d’éducation et de responsabilité plutôt que de consommation.

    La concurrence sauvage

    Cette idée participe sans doute d’ une fausse conception de la concurrence qui impliquerait que tous les concurrents soient égaux. Il faudrait donc « harmoniser la concurrence ».

    Tout au contraire la concurrence signifie la diversité, qui permet la sélection et la découverte de meilleurs biens et services. Mais cette idée est accréditée par une réalité incontestable : les États font tout pour protéger et promouvoir les producteurs nationaux et bloquer la concurrence étrangère élargie par la mondialisation. Ainsi existe une collusion entre monde des affaires et classe politique : c’est ce qu’on appelle le capitalisme de connivence .

    À qui profite la loi du profit ?

    Aux grandes sociétés internationales, comme les GAFAM dit-on.

    Mais les profits concernent aussi des millions de PME, notamment des start up. En fait, la méfiance à l’égard du profit et de la rentabilité vient de Marx qui a fait du profit une rente pour les capitalistes constituée au détriment des salariés qui ne reçoivent jamais leur dû. La réalité est autre : dans une entreprise tout le monde profite de la performance réalisée. D’ailleurs le profit est un signe de bonne gestion . C’est aussi un signal du marché : comme les prix relatifs il révèle les priorités exprimées par la communauté. Il rémunère l’art d’entreprendre ( entrepreneurship ) démontré par l’entrepreneur individuel ou les administrateurs des sociétés sous gouvernance des associés et actionnaires.

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      « L’homme rétréci des Lumières » de Xavier Martin

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 March, 2021 - 03:40 · 4 minutes

    Par Johan Rivalland.

    Et si les philosophes des Lumières n’étaient pas tout à fait ce qu’on en dit habituellement ?

    À travers cet ouvrage, Xavier Martin entend dénoncer le contresens établi, selon lui, par la plupart des historiens au sujet du prétendu humanisme des philosophes des Lumières. Loin d’évoquer l’unité du genre humain, ces grands philosophes en sont plutôt arrivés à sous humaniser de nombreux « appelés homme ». Jusqu’à poser la question de qui est digne ou non d’appartenir à l’espèce humaine.

    De nombreuses citations très parlantes et sans équivoque

    Analysant, à travers une série de sept chapitres, les expressions utilisées par ces philosophes, Xavier Martin entend montrer les dérives potentielles susceptibles de découler des idées et du vocabulaire ainsi utilisés. Selon ces auteurs, en effet, l’espèce humaine serait composée d’êtres aussi différents les uns des autres, au point que pas grand-chose ne distinguerait beaucoup d’entre-eux de l’animal. L’homme ne serait pas réellement maître de sa liberté et serait intégralement manipulable. À tel point que les Lumières françaises rêveraient de façonner l’humanité. Telle est l’accusation grave, mais fondée sur de nombreux éléments attestés, de l’universitaire à l’égard de ces philosophes.

    L’animal lui-même serait plus ou moins homme. De même qu’un certain nombre d’individus seraient plus ou moins « non-homme ». Autrement dit, seul un très petit nombre d’individus jouirait réellement de la raison.

    Xavier Martin s’en prend ainsi entre autres à Diderot , dont les facéties, les outrances verbales et le ton ironique ne seraient que des artifices et une apparence d’irréflexion, là où ses propos sont tout à fait réfléchis. Nulle improvisation, mais au contraire de la préméditation. Sous le dehors des extravagances, une doctrine bien réelle, selon l’auteur.

    Diderot, rejoint par Voltaire , ou encore d’Holbach , prônerait ainsi une forme d’élitisme raffiné dangereuse à laquelle appartiennent, bien sûr, les philosophes eux-mêmes (ce qui rappelle, dans une certaine mesure, Platon ). Une forme de défense du despotisme « éclairé » de l’État monarchique ? Anti-humanisme, contrairement à ce qu’on dit des philosophes des Lumières ? D’Holbach, par exemple, écrit ceci :

    L’homme […] sans raison n’est-il pas plus méprisable et plus digne de haine que les insectes les plus vils ?

    Voltaire, parangon de cette vision

    Et d’enchaîner sur la haine voltairienne, au sujet de laquelle il a écrit un ouvrage et le mépris avec lequel Voltaire considérait une grande part de l’humanité. Sans épargner Buffon, Helvétius, Rousseau, ou d’autres encore. De la chosification des femmes à la banalisation du viol ou du mépris des Noirs ou des Arabes à la haine des religions, sans oublier la haine à l’égard des Juifs ou le mépris des gens du peuple, la charge est particulièrement lourde. Xavier Martin en multiplie les références, les citations, les éléments de preuve, à travers de multiples notes de bas de passage très précises, soucieux d’en prouver le caractère incontestable.

    On ressort de la lecture de ce recueil un peu abasourdi, quelque peu assommé par toutes ces démonstrations si peu conformes à l’image que l’on peut avoir des Lumières.

    Idéalisation, auto-aveuglement, légende dorée, telles seraient les explications de notre vision tronquée des philosophes des Lumières , dont on ne retient finalement que ce qui a pu séduire beaucoup d’entre nous.

    Une vraie matière à réflexion

    De Xavier Martin, j’avais lu et apprécié son ouvrage La France abîmée , portant sur la période de la Révolution française. Le présent recueil est une forme de synthèse résultant de plus d’une dizaine d’ouvrages de l’auteur sur le sujet. Je l’ai abordé avec une certaine circonspection, avant de convenir, devant l’accumulation des « preuves », qu’il y a vraiment matière à réflexion. J’ai commencé par être surpris par l’apparente rudesse de la charge et par la hargne qui semblait guider l’auteur, avant de comprendre qu’il y a de quoi éprouver un vrai sentiment de révolte et de désir de remettre en cause les idées reçues.

    Et pour ceux qui se montreraient dubitatifs – car nous ne renierons pas ici pour autant un certain nombre des apports attachés à la pensée de certains des philosophes des Lumières, à commencer par Voltaire lui-même, même si sous certains aspects il apparaît plus contestable – il n’est nullement question ici d’anachronismes (l’une des choses que je crains toujours le plus), encore moins de Cancel culture, mais bien d’arguments fondés et basés sur des recherches sérieuses et très nombreuses, dont ce recueil n’est qu’une petite partie.

    De quoi donner à réfléchir et inviter à toujours examiner les choses sous différents angles avant de verser dans l’idéalisation aveugle.

    Pour ma part, je constate comme sur la plupart des sujets qu’il me reste toujours énormément à apprendre. Ce qui n’est pas une surprise, mais renforce l’idée d’humilité à avoir eu égard à l’infinité du champ de la connaissance et au recul sans cesse nécessaire qu’il convient d’avoir par rapport à la connaissance, par nature incertaine.

    Xavier Martin, L’homme rétréci par les Lumières – Anatomie d’une illusion républicaine , éd. Dominique Martin Morin, septembre 2020, 120 pages.

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      Les actionnaires exigent-ils vraiment 15% de rentabilité ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 19 February, 2021 - 04:35 · 7 minutes

    actionnaires

    Par Christophe Bonnet.
    Un article de The Conversation

    Une petite musique revient souvent dans les médias : les actionnaires exigent 15 % de rentabilité, c’est beaucoup trop. Curieusement, cette croyance n’a jamais fait l’objet d’un examen par la communauté académique.

    C’est ce que nous avons entrepris avec Michel Albouy dans un article récemment paru dans la revue Finance Contrôle Stratégie . Poser la question des objectifs des actionnaires est légitime, en particulier dans une période où les enjeux environnementaux sont cruciaux. Mais apporter une réponse fausse à une bonne question a rarement fait progresser la science et la société, et l’actualité récente nous montre que les vérités « alternatives » peuvent influencer les comportements sociaux.

    Nous montrons que la supposée exigence de 15 % de rentabilité n’est pas confirmée, puis nous mettons en évidence la façon dont cette croyance s’est diffusée en France depuis les années 1990 sous l’influence de leaders d’opinion et de médias de référence. Nous expliquons son apparition par le contexte économique et institutionnel des années 1990 (libéralisation des marchés financiers, arrivée massive de fonds d’investissement étrangers) et la réaction de certains grands patrons et observateurs vis-à-vis de ces évolutions.

    Cette prétendue norme s’est diffusée en France grâce à la présence d’un terreau favorable (faibles connaissances en économie et finance, hostilité à l’économie de marché) et est devenue au fil du temps un outil d’une critique simpliste du capitalisme .

    La norme de 15 % de rentabilité n’existe pas

    L’idée d’une exigence de 15 % de rentabilité par les actionnaires est contraire à la théorie financière. Comme l’indiquent les manuels de finance, les actionnaires cherchent à optimiser le couple rentabilité/risque de leurs investissements.

    L’investissement en actions est risqué, les fluctuations du CAC 40 en témoignent (baisse de 38 % entre février et mars 2020 suite à l’effet Covid-19) et un investisseur n’a pas la même espérance de rentabilité pour tous ses investissements. Investir dans une grande entreprise stable et solide justifie une « prime de risque » faible alors qu’investir dans des start-up, dont 50 à 70 % échouent, ne peut se faire de façon durable que si les succès permettent, a minima, de compenser les pertes, c’est-à-dire rapportent au moins 20 % par an. Pour cette raison, l’idée d’une norme unique de rentabilité ne fait pas sens.

    L’existence d’une telle norme est réfutée par l’ensemble des données empiriques disponibles. Sur la période 1980-2016, seules 37 % des entreprises françaises et 52 % des entreprises américaines ont un ROE ( return on equity ou rentabilité des capitaux propres) supérieur à 15 %. À long terme, la rentabilité des investissements en bourse est inférieure à 10 % par an. Les modèles utilisés en finance pour estimer la rentabilité espérée par les actionnaires infirment également l’existence d’une norme universelle de 15 % (l’ensemble des références figure dans notre article ).

    En dépit de ces observations, on pourrait supposer que les investisseurs en actions ont des attentes de rentabilité irréalistes, déconnectées du passé et de la théorie. Mais les enquêtes montrent qu’ils attendent en moyenne 5 à 12 % (les résultats varient selon les pays et les types d’investisseurs). Les objectifs de rentabilité publiés par les grands fonds de pension américains sont en moyenne de 9,5 % pour les sociétés cotées.

    Une croyance qui s’est imposée dans la presse

    Nous avons analysé les articles de la presse économique mentionnant la norme de 15 % de rentabilité et parus sur la période 1995-2016 dans six médias français ( Le Monde , Le Figaro , Les Échos , L’Agefi quotidien , Alternatives Économiques et L’Expansion ) et quatre journaux de langue anglaise ( The Economist , Forbes , The Financial Times et The Wall Street Journal ). Nous constatons que les références à cette norme sont fréquentes dans les médias français mais absentes dans la presse anglo-saxonne. Les premières mentions apparaissent en 1997 et leur nombre connaît un pic en 1999 puis décline lentement ensuite (cf. Figure 1).

    Figure 1 : Nombre d’articles de presse mentionnant la norme des 15 %, par an en France sur la période 1995-2016.
    Auteur (D.R.)

    Cette norme est très majoritairement présentée comme vraie (87 % des articles) et ayant un impact négatif (sur les entreprises, les salariés, la société). Les affirmations concernant les 15 % sont basées essentiellement sur des opinions ou des observations relatives à une entreprise ou à un secteur d’activité, pas sur des études sur large échantillon. De plus, curieusement, très peu d’investisseurs professionnels (gérants de fonds) sont interrogés dans ces articles et, lorsqu’ils le sont, ils réfutent l’existence d’une telle norme.

    Rôle du contexte institutionnel et historique

    Cette croyance a été diffusée par la presse économique française à partir de la fin des années 1990 sans être soumise, semble-t-il, à vérification ni examen critique. Pour quelles raisons est-elle apparue ?

    Le chiffre de 15 % est proche des niveaux de performance, historiquement élevés, atteints par les entreprises et les bourses américaines dans les années 1990. Cette époque marque le passage à une nouvelle phase du capitalisme, le capitalisme « actionnarial » ou « financier », avec la libéralisation des marchés financiers et une pression accrue des actionnaires sur les entreprises. L’arrivée massive d’actionnaires institutionnels étrangers, notamment les fonds de pension, change les règles du jeu du capitalisme français.

    Les réactions négatives de certains grands patrons vis-à-vis de ces évolutions sont abondamment relayées par le journal Le Monde . Mais ces réactions ne sont-elles pas liées à une perte de pouvoir ? On assiste en effet au déclin d’un mode de gouvernance à la française, aux mains d’élites relativement fermées et dans lequel les dirigeants des grandes entreprises avaient peu de comptes à rendre.

    Une légitimé supplémentaire est apportée au mythe des 15 % en 2002 par le rapport du commissariat général du plan « Rentabilité et risque dans le nouveau régime de croissance » coordonné par Dominique Plihon. Ce rapport martèle l’existence d’une norme de 15 % de ROE fixée par les actionnaires (29 fois au total, dont 6 dans l’introduction !), sans que, sur ce point précis, aucune référence (déclaration de dirigeant ou d’actionnaire, enquête, article académique…) ne soit indiquée. L’existence de la norme y est affirmée sans aucun élément de preuve. Le mythe des 15 % est ensuite peu remis en cause et devient un outil de la critique du capitalisme, un symbole de l’avidité supposée des actionnaires.

    Les Français sensibles aux mythes financiers ?

    Le mythe des 15 % s’est répandu en France parce que le terreau culturel y est favorable. Les Français sont hostiles à l’économie de marché et, comme le montrent les études du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) , ont un faible niveau de connaissances financières. L’enseignement de l’économie au lycée fait l’objet de nombreuses critiques .

    L’apparition et la persistance du mythe des 15 % s’adossent aussi sur des biais cognitifs bien connus, notamment le biais d’intentionnalité , souvent à l’œuvre dans les théories du complot, qui fait voir des agents porteurs d’intentions collectives concertées là où il n’y en a pas.

    Ainsi une donnée financière objective (les entreprises américaines ont généré en moyenne 15 % de rentabilité durant les années 1990) s’expliquerait par une intention collective des actionnaires (« ils exigent 15 % »). Or, si les entreprises ont produit de tels niveaux de rentabilité, ceci ne veut pas dire que les actionnaires les exigent collectivement. Plus simplement, certaines conditions économiques et financières ont abouti, temporairement, à ces résultats.

    Ce mythe survit dans les médias et fait toujours l’objet de peu de contradiction. Il nous semble pourtant que la critique du capitalisme et des marchés financiers devrait se fonder sur une meilleure connaissance de la finance. Le mythe des 15 % n’est pas le seul mythe financier répandu en France. La recherche nous montre que ces fausses croyances ont des conséquences négatives : décisions non optimales par les investisseurs, mise en place de régulations inadaptées. Plus généralement, ils contribuent à l’inculture économique et financière qui nuit à l’innovation et à la qualité du dialogue social.

    Christophe Bonnet , Professeur de finance, Grenoble École de Management (GEM)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

    The Conversation

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      Pourquoi libéralisme et social ne doivent pas être opposés

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 28 December, 2020 - 04:45 · 7 minutes

    libéralisme

    Par Johan Rivalland.

    La philosophie libérale est relativement méconnue en France. Et nous sommes nombreux à l’avoir découverte un peu par hasard. J’observe que pour certains lecteurs, par exemple, c’est en tombant sur un article de Contrepoints qu’ils disent avoir découvert et pris conscience de ce qu’est le libéralisme. Mais aussi de ce qu’il n’est pas…

    Dix-neuvième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

    L’idée de progrès social

    Il se peut que j’aie découvert le libéralisme à travers la lecture des ouvrages de Jean-François Revel . Mais avais-je pour autant mis un mot sur les idées que je m’étais en partie appropriées, pas si sûr. À vrai dire, je ne m’en souviens plus très bien.

    Il me semble plutôt que c’est en tombant sur un exemplaire de « la Nouvelle lettre », parution hebdomadaire et actuellement bi-mensuelle de l’ALEPS, association qui existe depuis plus de cinquante ans, que j’ai ensuite découvert cette philosophie en tant que telle.

    Or, que signifie ALEPS ? Association pour la Liberté Économique et le Progrès Social. Autant dire que l’idée de progrès social est bien inscrite dans les gènes du libéralisme et constitue l’une de ses finalités essentielles.

    Car c’est bien en faisant confiance aux individus et à la liberté que l’on peut souhaiter qu’ils aient en matière de création, de commerce, d’échange, d’économie entre autres, que l’on peut espérer créer les conditions qui permettront de parvenir au progrès social.

    Le libéralisme étant un tout, rappelons-le, ne prenant pas en considération, loin de là, que la dimension économique, qui n’est absolument pas la seule préoccupation des libéraux – cette série en témoigne – même si elle est en revanche essentielle.

    Et c’est donc en favorisant la liberté d’entreprendre, de circuler, d’échanger, de s’exprimer, que l’on parvient à encourager le développement, ainsi que l’épanouissement des individus, de sorte que le maximum d’entre eux puissent ensuite jouir des progrès qui en résultent.

    Des progrès bien réels

    Même si la crise liée au Covid engendre des reculs momentanés, avec une montée du chômage et de la pauvreté, le mouvement de fond qui a prédominé au cours des deux derniers siècles, et qui s’est accéléré au cours des toutes dernières décennies, va dans le sens d’un recul très net de la pauvreté, aussi bien que des maladies et de l’âge de mortalité (espérance de vie), ou encore de l’analphabétisme, de la sous-alimentation, des guerres, et même – quoi que certains en disent – des taux de pollution. Tandis que les guerres, violences, inégalités (quoi qu’on en dise là encore) régressent là aussi.

    Tous éléments que vous pouvez aisément retrouver de manière très bien expliquée par exemple dans l’excellent et très réjouissant ouvrage de Johan Norberg Non, ce n’était pas mieux avant , dont je vous conseille une nouvelle fois vivement la lecture.

    Mais bien sûr, il ne faut jamais perdre de vue que ces bienfaits demeurent fragiles. Or, qu’est-ce qui semble clairement aller dans le sens de ces progrès ? Ceux avant tout des libertés fondamentales, ainsi que de celles évoquées plus haut, toutes constitutives de ce que l’on nomme le libéralisme.

    Aussi limitées soient-elles ; car quoi qu’en pensent là encore certains, nous sommes loin d’évoluer dans un monde dominé par le libéralisme.

    Libéralisme et progrès social ne sont pas incompatibles

    En 2014 déjà, Vincent Delhomme développait dans ces colonnes l’idée que le libéralisme n’est pas antisocial . Il démontait ainsi un certain nombre d’idées reçues sur ce que beaucoup attribuent à tort à cette philosophie. À l’instar de ce que nous avons déjà eu l’occasion d’affirmer, il montrait en quoi le libéralisme défend l’émancipation de chaque individu, et non comme on voudrait nous le faire croire de manière parfaitement grossière, des « riches ».

    Loin de considérer que les pauvres ne doivent leur sort qu’à leur paresse ou à leur manque d’initiative – affirmation attribuée à tort aux libéraux – le libéralisme cherche au contraire à améliorer les conditions susceptibles de permettre le recul de la pauvreté. Et donc du nombre de pauvres.

    Cela est sans doute moins immédiatement visible et moins « généreux » en apparence que ce que d’aucuns organisent, généralement avec l’argent des autres – sans forcément mettre en place les conditions propices au développement économique qui bénéficiera au plus grand nombre – mais est bien plus responsable que des systèmes artificiels et interventionnistes qui n’aboutissent que bien trop souvent au développement de véritables trappes à pauvreté.

    Car ce n’est pas par les subventions, les incitations, la répression, ou encore le protectionnisme, que les libéraux entendent créer les conditions indispensables à l’amélioration de la condition de chacun. Ni par la dépense publique ou la redistribution.

    Pas plus que par la loi qui, à l’image du SMIC dont on sait depuis longtemps qu’il empêche l’embauche de personnes très peu qualifiées , de la même manière que les réglementations trop rigides sur le licenciement, n’ont pour effet que de perturber la plupart du temps le marché et créer de la misère de fait. Sous couvert de bonnes intentions ou de cette très théorique et illusoire question de la « justice sociale » .

    Sans même évoquer la question du système de retraites par répartition , condamné par essence à péricliter, et qui en attendant n’assure que des performances bien médiocres au regard de la capitalisation , tout en ne permettant pas la force d’entraînement sur l’économie (et donc sur nos conditions) qu’autoriserait cette dernière.

    Mais c’est plutôt par l’appel de tous au sens de l’initiative, de la responsabilité, par la création des conditions propices à la liberté de créer et d’entreprendre que l’on peut au contraire espérer stimuler les forces d’entraînement qui dynamisent l’activité et permettent ainsi de créer des emplois, de la richesse, du bien-être.

    Et lorsque cela ne suffit pas, ou en attendant, par des systèmes d’entraide, la charité privée, voire pourquoi pas des systèmes limités d’aide mais sous certaines conditions et strictement réservés aux plus démunis ou accidentés de la vie, ou encore via toute autre forme de fraternité , de système d’assurance ou de solidarité volontaire .

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