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      Le mythe de l’augmentation des inégalités aux États-Unis est erroné

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 29 January, 2023 - 04:00 · 4 minutes

    Pratiquement aucune affirmation n’a été répétée aussi souvent dans les médias que celle selon laquelle l’inégalité entre les pauvres et les riches a augmenté massivement d’année en année – partout dans le monde et surtout aux États-Unis .

    Pour mon livre In defence of Capitalism , j’ai commandé une enquête sur les perceptions du capitalisme dans 33 pays : nous avons présenté aux personnes interrogées dans les 33 pays une liste de 18 affirmations sur le capitalisme – positives et négatives. L’idée que le capitalisme conduit à une inégalité croissante figure parmi les cinq affirmations les plus fréquemment sélectionnées dans 30 de ces 33 pays.

    Les chercheurs ont maintenant confirmé qu’aux États-Unis , cette thèse est fondée sur des statistiques qui ne tiennent pas compte des deux tiers des paiements de transfert que l’État verse aux personnes à faible revenu. Dans le même temps, les impôts fédéraux, étatiques et locaux, dont 82 % sont payés par les 40 % des Américains les mieux rémunérés, ne sont pas pris en compte dans les statistiques officielles sur les inégalités.

    « Le résultat net est qu’au total, le Census Bureau choisit de ne pas compter l’impact de plus de 40 % de tous les revenus qui sont gagnés en paiements de transfert ou en impôts », écrivent Phil Gram, Robert Ekelund et John Early dans leur excellent livre The Myth of American Inequality .

    Ils montrent :

    « Il existe maintenant au moins une centaine de programmes fédéraux qui dépensent chacun plus de 100 millions de dollars par an pour fournir des paiements de transfert aux ménages, ainsi qu’un nombre incalculable de programmes plus modestes. Sur ce nombre total, le recensement n’en compte que huit dans sa mesure des revenus et choisit de ne pas compter les autres comme des revenus pour les bénéficiaires. »

    Cela n’aurait peut-être pas été un problème lorsque cette méthode statistique a été introduite il y a 75 ans et que ces paiements ne jouaient qu’un rôle mineur. Si les impôts élevés payés par les hauts revenus ne sont pas pris en compte dans les statistiques et que les importants paiements de transfert reçus par les bas revenus sont également largement ignorés, cela conduit logiquement à ce que les données sur l’inégalité croissante soient fausses. Si les impôts et les transferts sont pris en compte, le rapport entre le revenu des Américains les plus modestes et celui des 20 % les plus riches est de 4,0 pour un, et non de 16,7 pour un comme le montrent les données officielles du recensement.

    L’inégalité croissante soutenu par des économistes

    L’économiste français de gauche Thomas Piketty est l’un des principaux partisans de la thèse de l’inégalité croissante.

    Il affirme que les inégalités ont fortement augmenté dans de nombreux pays depuis 1990. Selon les données que Piketty et les économistes Emmanuel Saez et Gabriel Zucman présentent dans la base de données sur les inégalités mondiales, la part du revenu américain détenue par les 1 % d’Américains les plus riches est passée de 10 % à 15,6 % entre 1960 et 2015. Avant même Gramm, Ekelund et Early, d’autres scientifiques avaient signalé que ces données étaient erronées. Les économistes américains Gerald Auten et David Splinter ont montré qu’elles sont faussées vers le haut et qu’en fait, la part du revenu américain détenue par les 1 % les plus riches a augmenté plus modérément, passant de 7,9 % à 8,5 % entre 1960 et 2015.

    Il en va de même pour la part de la richesse américaine détenue par les 1 % les plus riches, qui, selon Piketty et ses collègues, est passée de 22,5 % à 38,6 % entre 1980 et 2014. Or, selon les calculs de Smith, Zidar et Zwick, elle est en réalité passée de 21,2 à 28,7 % au cours de cette période. Pour en savoir plus sur ces études et d’autres, cliquez ici.

    Cela ne tient même pas compte du fait que les données sur la richesse excluent la valeur actuelle des régimes de retraite à prestations définies et des programmes de sécurité sociale, qui faussent la comparaison au détriment des sections les plus pauvres de la population. Lors du calcul de la valeur des actifs, il est également important de se rappeler qu’elle dépend avant tout de l’augmentation des prix des logements par rapport aux prix des actions. Lorsque le prix des actions augmente beaucoup plus vite que celui des maisons, les personnes aisées en profitent davantage, car elles possèdent une part plus importante de titres que les personnes moins fortunées.

    Un autre problème est que de nombreuses études sur la richesse sont faibles sur le plan méthodologique, car il leur manque l' »élément dynamique » : le mouvement entre les cohortes de revenu ou de richesse au fil du temps, également appelé mobilité sociale. Il est très important – d’un point de vue économique, éthique et moral – de savoir si les 10 % les plus pauvres de la population en termes de répartition des revenus dans le pays X au cours de la première décennie sont toujours les mêmes personnes au cours de la deuxième décennie, ou si ce « décile » de la deuxième décennie est désormais composé de personnes complètement différentes. Le problème est que de nombreuses personnes qui ont des opinions tranchées sur l’inégalité n’ont que peu ou pas de connaissances en statistiques. Cela conduit à des chiffres grossièrement inexacts, encore et encore.

    Rainer Zitelmann est l’auteur du livre In Defence of Capitalism . Démystifier les mythes

    Coronavirus : les inégalités raciales et de classe face à la mort

    https://www.rtl.fr/actu/international/coronavirus-aux-etats-unis-pourquoi-la-population-noire-est-elle-la-plus-touchee-7800371798

    Ce sont les Américain-e-s noir-e-s qui sont les plus contaminé-e-s et qui meurent le plus. Le virus met en effet en lumière les inégalités qui fracturent la société américaine. Les Américain-e-s noir-e-s sont en moyenne plus pauvres, habitent des logements plus petits, dans des immeubles, et prennent plus les transports en commun. Souvent plus longtemps d’ailleurs parce qu’ielles habitent plus loin. Ielles ont aussi moins le luxe de télétravailler. Les Noir-e-s sont particulièrement nombreux parmi ceux qui ont une mauvaise voire pas du tout d’assurance santé.

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