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      Réindustrialisation : les leçons à tirer de la Suisse

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 3 November, 2022 - 03:50 · 12 minutes

    Depuis des années, l’économie française est dans une situation très difficile : tous les indicateurs sont  au rouge et le pays recourt chaque année à la dette pour faire tourner la machine économique. Il semblerait bien que nos gouvernants ne sachent pas comment s’y prendre pour redresser la situation. Curieusement, ce problème n’a pas été abordé par les candidats lors de la dernière campagne présidentielle.

    Et voilà qu’à présent, nous entrons dans une période très trouble du fait des bouleversements amenés par la guerre en Ukraine : les prix de l’énergie ont été multipliés par trois ou par quatre, et l’inflation fait à nouveau son apparition mettant nos gouvernants dans le plus grand embarras. Emmanuel Macron dresse des boucliers tarifaires et distribue des chèques pour protéger la population et les entreprises. Le budget présenté à l’Assemblée nationale pour 2023 se soldera à nouveau par un très important déficit.

    Le problème est de savoir comment redresser la barre.

    De vaines recherches d’explication

    Il faut bien voir que la France est à la traine, comme le montrent les comparaisons avec les autres pays de l’Union européenne : le pays se situe maintenant en onzième position seulement en matière de PIB par tête, un seuil 30 % inférieur à celui de la Suède, et inférieur à la moitié de celui de la Suisse.

    Graphique PIB/capita

    Diminuer la pression fiscale

    Les libéraux disent qu’il faut baisser les impôts. Effectivement, la France est le pays où la pression fiscale est extrêmement élevée, comme le montre le relevé ci-dessous :

    Les prélèvements obligatoires en pourcentage du PIB (Source : INSEE 2020)

    • Danemark…………… 48,0 %
    • France………………… 47,5 %
    • Allemagne…………… 41,5 %
    • UE (27)……………….. 41,3 %
    • Pays Bas ……………… 40,0 %
    • Espagne ………………. 37,5 %

    Mais la pression fiscale n’explique pas tout : le Danemark dont la pression fiscale est pratiquement égale à la nôtre n’est pas dans la même situation au plan économique.

    Augmenter le temps de travail

    La France est le pays où les personnes travaillent le moins, comme l’a montré  l’OCDE qui a pris le soin de ramener le nombre total des heures travaillées au nombre des habitants.

    On a ainsi le tableau suivant :

    Moyenne annuelle du nombre d’heures travaillées par personne (Source OCDE)

    • France………………….. 630
    • Espagne……………….. 697
    • Allemagne……….……. 722
    • Grande Bretagne…… 808
    • Suisse…………………… 943
    • Corée …………………… 1000

    L’OCDE, qui s’inquiète de la situation française, note que sur chaque actif repose le revenu d’un jeune et d’un senior.

    Rexecode donne le nombre d’heures travaillées chaque année par les salariés à temps plein en Europe : en 2020 1680 heures pour la France contre une moyenne européenne de 1846 heures, et plus de 2000 heures dans les pays de l’est de l’UE. Aussi, avant la crise sanitaire Emmanuel Macron avait-il fait de la nécessité d’augmenter le temps de travail des Français l’un des axes de ses réformes. Mais il revient constamment sur ce projet.

    Le taux d’emploi de la population est très faible.

    Taux d’emploi en 2018 (Source : OCDE)

    • Suède………..…. 82,6 %
    • Suisse…………… 82,5 %
    • Allemagne…….. 79,9 %
    • Pays Bas……….. 79,2 %
    • France………….. 71,8 %
    • Italie…………….. 63,0 %

    En France une trop grande partie de la population est en dehors de la vie professionnelle, ce qui ressort également du tableau précédent.

    Curieusement, nos gouvernants n’ont pas cherché à comprendre comment des pays ayant des niveaux de PIB/habitant bien supérieurs au nôtre sont parvenus à ce résultat. Et de leur côté, les économistes n’ont pas non plus beaucoup contribué à les aider dans cette recherche.

    Examinons à grands traits le cas de la Suisse qui est, en Europe, le pays disposant du plus haut niveau de PIB par habitant, le Luxembourg mis à part. La Suisse est un pays dont l’économie est libérale et qui n’a pas voulu s’intégrer dans ce qui est aujourd’hui l’Union européenne afin de conserver toute sa liberté d’action. Elle a sa propre monnaie : le franc suisse.

    L’économie suisse

    Nous nous bornerons à quelques éléments essentiels, tout d’abord en rappelant qu’à la différence de notre pays, la Suisse est un pays à économie libérale où il est pratiqué un système de démocratie directe. Dans ce pays l’initiative populaire est un droit : les Suisses ont été appelés aux urnes 321 fois depuis 1848. Les citoyens proposent des mesures qui sont soumises au vote de la population, ce que les Suisses appellent des « votations populaires ».

    Que constate-t-on ? La monnaie suisse est très forte, sa balance commerciale est constamment excédentaire, le pays est très peu endetté, et le taux de chômage est le plus faible d’Europe :

    Taux de chômage (janvier 2022)

    • Italie…………… 8,8 %
    • France………… 7,0 %
    • Pays Bas……… 3,6 %
    • Allemagne…… 3,1 %
    • Tchéquie…….. 2,2 %
    • Suisse…………. 2,0 %

    La Suisse manque de main-d’œuvre, et chaque jour des milliers de travailleurs frontaliers se précipitent pour y travailler.

    À quoi donc sont dues ces excellentes performances ?

    Le premier constat que l’on peut faire, et c’est l’Institut des Libertés qui a eu le mérite de mettre en évidence le phénomène, c’est que dans ce pays il existe un parallèle très étroit entre l’évolution de la production industrielle et celle du PIB, comme le montre le graphique ci-dessous :

    Ce constat conduit à examiner la corrélation pouvant exister, dans différents pays, entre leur production industrielle et leur PIB per capita . Comme le montre le graphique précédent, l’industrie joue un rôle clé dans la création de richesse. Ce phénomène est finalement aisé à mettre en évidence en examinant l’importance de la production industrielle dans différents pays, une importance qui est très variable.

    C’est ce que montre le graphique ci-dessous où il est pris, en abscisses, pour variable explicative, la production industrielle des pays calculée par habitant (et non pas, comme le font habituellement les économistes, en pourcentage des PIB) et en ordonnées, les PIB/capita de ces pays. Les données sur la production industrielle sont fournies par la BIRD qui inclut la construction dans l’industrie, les productions industrielles étant mesurées, ici, en valeur ajoutée selon les données des comptabilités nationales.

    Graphique corrélation production industrielle/habitant et PIB/capita

    Avec une production industrielle faible de 6432 dollars par habitant la France a un PIB/capita de seulement 39 030 dollars ; avec un ratio bien meilleur de 12 279 dollars le PIB/capita de l’Allemagne s’élève à 46 208 dollars ; avec un chiffre record de 22 209 dollars, la Suisse dispose d’un PIB/capita de 87 097 dollars, le plus fort d’Europe.

    Il est aisé de comprendre d’où proviennent les difficultés de notre économie.

    Les effectifs du secteur industriel français ont fondu : de 6,5 millions de personnes à la fin des Trente glorieuses à seulement 2,7 millions aujourd’hui. La contribution du secteur industriel à la formation du PIB n’est plus que de 10 %, alors que dans les pays où l’économie est prospère et bien équilibrée, comme c’est le cas de l’Allemagne ou de la Suisse, les ratios se situent entre 23 % ou 24 %. La France est le pays le plus désindustrialisé d’Europe , la Grèce mise à part. C’est un pays sinistré, mais qui ne le sait pas.

    Du fait du recul de la production industrielle dans la formation du PIB, le pays s’est appauvri. L’État  s’est donc trouvé obligé d’augmenter chaque année ses dépenses sociales, d’où une augmentation régulière des dépenses publiques. Et cela a conduit inévitablement à des prélèvements obligatoires de plus en plus élevés. Ceux-ci n’étant jamais suffisants, le recours régulier à l’endettement a généré une dette extérieure du pays supérieure au PIB. Le pays est enfermé dans une spirale déclinante et  s’endette un peu plus chaque année.

    C’est avec la crise du covid que les dirigeants ont pris la mesure des graves inconvénients de la très forte désindustrialisation du pays, mais seulement sous l’angle de la sécurité des approvisionnements, en omettant celui de l’appauvrissement du pays. Aussi, pour tenter de réindustrialiser le pays, Emmanuel Macron vient de lancer le plan France 2030 destiné à faire naître de nouveaux champions  industriels. La tâche va être particulièrement longue et ardue, bien plus que nos dirigeants ne l’imaginent. Le président fait de gros efforts pour attirer des investissements étrangers et a lancé le programme Choose France pour les convaincre.

    Le climat social en Suisse

    Il est excellent. En Suisse, et il n’y a jamais de grève.

    Jours de grève par an pour 1000 salariés dans le secteur privé (Source : Fondation Hans-Böckler)

    • France ………………….. 114
    • Belgique………………… 91
    • Espagne………………… 54
    • Grande Bretagne……. 19
    • Allemagne……………….  6
    • Suisse……………………..  1

    Cette paix sociale est très précieuse pour le bon fonctionnement de l’économie. Elle est le résultat d’une convention passée en 1937 entre les syndicats et le patronat qui ont convenu de régler leurs conflits par des négociations et non pas par des grèves. Cet accord est devenu un élément de l’identité suisse. On est donc très loin de la situation française où la Charte d’Amiens a, jusqu’à une période récente, constitué l’ADN du syndicalisme français révolutionnaire qui prône la lutte des classes et qui a pour arme la grève générale.

    Le droit du travail suisse

    Le droit du travail en Suisse est extrêmement libéral : le Code du travail suisse ne contient qu’une trentaine de pages. L’État ne fixe que quelques règles qui constituent un cadre général, alors qu’en France l’État s’immisce dans le dialogue social, un dialogue à trois, ce qui n’est pas le cas en Suisse.

    Ainsi un employé peut être licencié sans motif, ce qui autorise beaucoup de souplesse dans la gestion des entreprises. La loi prévoit simplement des délais de préavis : un mois la première année, deux mois pour des anciennetés de 2 à 9 ans, et trois mois ensuite. Et il n’y a pas généralement d’indemnités de licenciement. La loi du travail indique que les durées de travail peuvent aller de 45 à 50 heures par semaine. Elle fixe une obligation de quatre semaines de vacances annuelles pour les salariés. Il existe d’assez nombreuses conventions collectives qui régissent les conditions de travail selon le secteur d’activité et accordent des avantages supérieurs aux dispositions légales.

    En dehors de ces conventions collectives ce sont les lois normales du travail qui s’appliquent, en respectant des règles fixées par le Code des obligations.

    La fiscalité suisse

    La Suisse figure parmi les pays où la fiscalité des entreprises sur le plan international est la plus basse : les règles sont assez complexes et PwC indique que les impôts sur les sociétés varient entre 12 % et 24%, la moyenne se situant à 14,9 %.

    Il y a trois niveaux : communal, cantonal et national.

    Le coût du travail

    Compte tenu du niveau des salaires, le coût du travail en Suisse est extrêmement élevé.

    En 2018, l’Office fédéral des statistiques indiquait comme coût horaire le chiffre de 69,90 francs suisses, ce qui en fait l’un des plus chers d’Europe. Les entreprises industrielles doivent donc se positionner sur des activités à très forte valeur ajoutée : industrie pharmaceutique nourrie constamment par des innovations, électronique de pointe, mécanique fine, horlogerie de luxe, etc.

    Une étude comparative avec la France, disponible sur le Blog de David Talerman , indique les chiffres suivants relatifs aux cotisations salariales :

    Charges patronales :

    • France…… 42,0 %
    • Suisse……. 28,9 %

    Charges salariales :

    • France……. 22,0 %
    • Suisse…….. 14,7 %

    Que retenir de l’expérience suisse ?

    La France n’est certes pas la Suisse : sa sociologie n’est pas la même, leurs histoires respectives sont très différentes. On peut néanmoins tirer de l’expérience suisse plusieurs pistes utiles.

    La place de l’industrie dans l’économie

    La production industrielle par habitant est le triple de la nôtre.

    Il faut donc reconstituer rapidement un secteur industriel de haut niveau et compétitif. La Suisse montre que le coût du travail n’est pas nécessairement un élément rédhibitoire. Il faudrait qu’en matière de production industrielle par habitant la France se situe au niveau de l’Allemagne, c’est-à-dire le double de la valeur actuelle.

    Le droit du travail

    Il est constitué de quelques règles très simples.

    Les entreprises ne sont donc pas étouffées par une réglementation paralysante et coûteuse. La France est-elle capable de procéder à une profonde réforme de sa législation du travail ? Déjà, en 2004, le Medef demandait que le Code du travail ne constitue plus une entrave à l’embauche.

    La durée du travail

    Les durées du travail s’étend jusqu’à 50 heures hebdomadaires.

    Depuis 1948 l’âge de départ à la retraite est fixé à 65 ans . Le temps de travail moyen annuel est de 943 heures et de seulement 630 heures en France.

    Le climat social

    Il est évidemment difficile de changer l’état d’esprit des syndicats mais il faudrait obtenir qu’ils cessent de lancer des grèves dans le secteur industriel tant que celui-ci ne sera pas reconstitué.

    Le coût des systèmes de santé et de retraites

    En Suisse les entreprises ne sont pas impliquées dans leur financement, ce qui allège leurs charges. Il conviendrait donc d’aller vers des systèmes d’assurances privées et de financement par capitalisation.

    Dans un article du 30 mars 2021 intitulé « La Suisse : modèle libéral et efficace aux portes de la France » l’IREF évoque « une population éduquée et d’une industrie de pointe ».

    La dette fédérale ne représente que 25,8 % du PIB. Le pays vient en tête dans les comparaisons internationales pour sa qualité de vie : numéro un dans le classement de la base de données Numbeo ,  et numéro deux pour la société d’assurance Aesio-Mutuelle ; la France est au 29e rang dans le premier cas et entre le 20e et le 30e rang dans l’autre, selon les critères.

    Rappelons ce qu’avait déclaré le président de la confédération, Didier Burkhalter, lors d’une manifestation publique organisée par le district de Zurich, le 17 janvier 2014 :

    « La Suisse est une puissance économique à forte capacité d’innovation. Elle constitue la septième économie d’Europe, ce qui est proprement incroyable pour un pays de huit millions d’habitants. La Suisse est un modèle de réussite dont nous pouvons être fiers » .

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      La réindustrialisation de la France : « Une ardente obligation »

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 29 October, 2022 - 02:50 · 11 minutes

    On se souvient qu’au lendemain de la libération de la France, le général de Gaulle avait créé avec Jean Monet le Commissariat général au Plan pour redresser et moderniser l’économie française, et ce fut un succès.

    Il avait dit :

    « Il faut que les objectifs à déterminer par le Plan revêtent pour tous les Français un caractère d’ardente obligation » .

    Aujourd’hui, il serait utile que les Français et leurs dirigeants considèrent que la réindustrialisation du pays est « une ardente obligation » car il n’y a pas d’autre solution pour redresser la situation aux plans économique, social, et politique. Le général de Gaulle avait le sens de la formule et il connaissait la puissance des mots.

    Ce n’est seulement qu’ avec la crise du Covid-19 que la France a découvert les graves inconvénients de la désindustrialisation du pays, et encore les médias n’ont-ils mentionné que le problème de la sécurité des approvisionnements, oubliant complètement d’évoquer ses effets délétères sur l’économie du pays, en général, et sur le niveau de vie des Français, en particulier.

    Le rôle de l’industrie dans la création de richesse

    L’industrie joue un rôle clé dans la création de richesse.

    Ce phénomène est aisé à mettre en évidence en examinant la relation existant, dans différents pays, entre leur production industrielle et le PIB par tête de leurs habitants, le PIB/capita étant l’indicateur qu’utilisent les économistes pour mesurer la richesse des pays.

    C’est ce que montre le graphique ci-dessous où il est pris, en abscisses, pour variable explicative, la production industrielle des pays calculée par habitant, et en ordonnées, les PIB/capita de ces pays. Pour ce qui est des données sur la production industrielle, il s’agit des informations fournies par la BIRD qui inclut la construction dans l’industrie, les productions industrielles étant mesurées, ici, en valeur ajoutée selon les données des comptabilités nationales des pays. Et les PIB/capita sont ceux fournis, également, par la Banque mondiale.

    Graphique  correlation prod.indus par habitant et PIB/capita

    En France, les effectifs du secteur industriel ont fondu, passant de 6,5 millions de personnes à la fin des Trente glorieuses à seulement 2,7 millions aujourd’hui.

    Ainsi, avec une production industrielle faible de 6432 dollars par habitant le pays dispose d’un PIB/capita de seulement 39 030 dollars ; avec un ratio bien meilleur de 12 279 dollars l’Allemagne a un PIB/capita de 46 208 dollars ; avec un chiffre record de 22 209 dollars la Suisse en est à un PIB/capita de 87 097 dollars, le plus fort d’Europe.

    Aussi les maux de notre économie ont-ils pour origine essentielle la désindustrialisation du pays :

    La population réclame sans cesse une amélioration de son niveau de vie, et cela se traduit par des grèves et des mouvements populaires . La France est ainsi, et de très loin, le pays où chaque année le plus grand nombre de journées sont perdues du fait des grèves.

    Des top-sectors en déclin

    Le gouvernement des Pays-Bas désigne par top-sectors , dans sa politique d’intervention dans l’économie, les secteurs clés qui méritent une attention particulière : il s’agit dans ce pays de l’agro-alimentaire et de l’agriculture, avec notamment le secteur de la floriculture où les Pays-Bas sont champions mondiaux.

    En Allemagne, il existe quatre top-sectors : la machine outil, la construction automobile, l’agroalimentaire, et la chimie.

    En France , il existe quatre top-sectors également :

    La construction automobile

    La branche est en pleine révolution.

    La production décline depuis plusieurs années, les constructeurs doivent faire face maintenant à une mutation brutale : le passage du thermique à l’électrique. On est passé de 3,5 millions de véhicules fabriqués en 2000, à 1,35 million en 2020, pour tomber à 0,92 million en 2021.

    Pour des raisons de compétitivité les constructeurs ont considérablement délocalisé leur production. Le secteur automobile est quatre fois moins puissant à présent que le secteur allemand.

    Un autre danger apparait avec la voiture électrique . L’Europe ne se protège pas des exportations chinoises, alors qu’avec la révolution technique dans ce secteur d’activité la Chine est devenue un producteur très important de voitures électriques et de batteries. Au dernier salon de l’automobile à Paris la présence des grands constructeurs chinois a beaucoup marqué les esprits, les véhicules  présentés étaient au meilleur niveau technique, avec des prix 20 % inférieurs à ceux des voitures fabriquées en Europe.

    Plusieurs constructeurs chinois ont annoncé qu’ils allaient installer des unités de production en Europe, probablement dans les pays où le coût de la main-d’œuvre est le plus bas.

    L’agro-alimentaire

    Ce secteur industriel est traditionnellement très important au plan national.

    Dans une étude parue en janvier 2018 Alexandre Mirlicourtis du cabinet Xerfi, société d’étude spécialisée dans les études sectorielles, révèle que c’est un « fiasco français ».

    Le secteur est constitué de beaucoup trop de très petites entreprises qui manquent de compétitivité et de créativité. Ces dernières années, la France a été battue à l’exportation à la fois par les Allemands et les Hollandais. Ce secteur a perdu un peu plus de 20 000 emplois en 10 ans, et il a besoin d’être  restructuré.

    La construction aéronautique

    La France est un leader mondial grâce à des firmes comme Airbus, Snecma, Dassault.

    Ce secteur a certes souffert de la crise sanitaire mais l’activité repart fortement. Il emploie 177 000 personnes, dont 36 000 ingénieurs et il réalise 75 % de son chiffre d’affaires à l’exportation.

    Le secteur du luxe

    Il est l’ un des deux joyaux de l’industrie française . Les experts de la branche annoncent 165 000 emplois, un chiffre d’affaires de 90 milliards d’euros dont 85 % réalisés à l’exportation, soit 76,5 milliards d’euros.

    Selon le journaliste économique Jean-Marc Sylvestre dans Atlantico :

    « La France qui s’est cherchée une activité dominante pendant un demi-siècle l’a trouvée dans l’industrie du luxe ».

    Dans ce secteur, les Français dominent le marché mondial : LVMH (Bernard Arnault) est le numéro un mondial, Kering (François Pinault) est numéro deux. Les groupes français détiennent 130 marques de prestige sur les 270 mondiales recensées aujourd’hui. Parmi les dix premiers groupes mondiaux figurent aussi Hermès et l’Oréal.

    Il s’agit donc pour l’économie française d’une carte maîtresse, notamment en matière de commerce extérieur, soit 75 % de son chiffre d’affaires à l’exportation.

    Un secteur industriel en manque d’ETI

    La France s’est fortement désindustrialisée.

    Son secteur industriel ne représente plus que 10 % du PIB. Elle est devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce mise à part.

    Sur les quatre secteurs clés de son industrie, deux sont en difficulté, ce qui est extrêmement préoccupant. Et pour le reste de l’industrie le diagnostic n’est pas bon non plus : les entreprises industrielles françaises ont des problèmes de compétitivité, les produits ne sont pas suffisamment différenciés.

    Il y a trop peu d’ETI en France, ce qui est très pénalisant, car en plus des grands groupes, ce sont elles qui font de la recherche, qui sont capables d’exporter et qui peuvent se robotiser. Elles sont près de trois fois moins qu’en Allemagne et deux fois moins qu’en Grande-Bretagne.

    Avec la crise mondiale créée par la guerre en Ukraine les prix de l’énergie ont explosé, alors que le prix de l’énergie était le principal avantage dont pouvaient bénéficier nos entreprises industrielles. Il y a, de surcroit, pénurie de beaucoup d’éléments de la chaine de valeur, dont les composants électroniques . France-Industrie estime que la production industrielle pourrait reculer de 10 % sur le seul dernier trimestre 2022, et que la situation risque d’empirer au début de l’année prochaine.

    Les activités énergo-intensives sont particulièrement touchées : le verrier Duralex , par exemple, a dû diminuer considérablement son activité, et Aluminium Dunkerque a annoncé devoir réduire de 22 % sa production. Les clients des entreprises grandes consommatrices d’énergie vont aller se fournir ailleurs.

    Dans un article dans Le Figaro du 18 octobre 2022 le journaliste économique Emmanuel Egloff alerte : « Le risque de désindustrialisation européenne est bien là ».

    Le plan « France 2030 » pour la réindustrialisation selon Macron

    Dans ce contexte difficile, la France doit impérativement se réindustrialiser.

    Selon François Bayrou, nouveau Haut Commissaire au Plan , « la réindustrialisation doit devenir une obsession nationale ».

    En octobre 2021 et en présence de 200 chefs d’entreprise Emmanuel Macron a donc annoncé son plan « France 2030 », avec les objectifs suivants :

    • Faire émerger des réacteurs nucléaires de petite taille
    • Devenir le leader de l’hydrogène vert
    • Décarboner l’industrie
    • Produire deux millions de véhicules électriques
    • Produire un avion bas carbone
    • Produire 20 bio-médicaments contre le cancer et les maladies chroniques

    Au total, la puissance publique consacrera un budget de 30 milliards d’euros à ce plan, soit un rythme de 6 milliards d’euros par an. Il ne s’agit là que de mesures d’accompagnement. Ce plan est totalement insuffisant compte tenu des enjeux à relever.

    Pour un plan ambitieux de réindustrialisation de la France

    Il n’existe donc pas, actuellement, de plan de réindustrialisation de la France.

    Ce serait pourtant la tâche du nouveau Commissariat général au Plan de le concevoir et le faire approuver par le Parlement.

    Quel pourrait être un tel plan ?

    L’objectif serait de rétablir la situation économique dans une période de 10 ans :

    • Objectif : porter le secteur industriel à 18 % du PIB
    • Doctrine : pas d’intervention de l’État dans le choix des investissements
    • Moyen d’action : accompagnement de l’État par des aides étalées sur 10 ans, liées à la création d’emplois
    • Durée du Plan : 10 années

    Le montant des investissements à réaliser peut être estimé à 350 milliards d’euros, soit un rythme d’investissements de 35 milliards d’euros par an.

    Manifestement, les entreprises françaises et les éventuels nouveaux investisseurs nationaux n’y suffiront pas. Il faudra donc recourir très largement aux investissements étrangers, ce que les économistes nomment des IDE (investissements directs étrangers). Actuellement, en France, un montant annuel d’une dizaine de milliards d’euros est investi dans l’industrie. Il faudrait arriver, pour le moins, à 15 milliards.

    Le plan d’investissement annuel se répartirait de la façon suivante et pour un total de 35 milliards d’euros :

    • Entreprises françaises………….  20 milliards d’euros
    • Entreprises étrangères…………. 15 milliards d’euros

    Les investissements étrangers interviendraient donc pour 40 % dans la réindustrialiserion de la France. Il faudra pour cela que le pays soit particulièrement attractif. Au plan européen, les IDE industriels s’élèvent à une cinquantaine de milliards d’euros par an. La France doit être en mesure de capter, à elle seule, chaque année, environ 30 % de ce flux.

    Pour parvenir à réaliser un tel rythme d’investissement dans le secteur industriel, il faudra d’importantes mesures d’accompagnement de la part de la puissance publique. C’est ainsi, d’ailleurs, qu’Emmanuel Macron vient d’obtenir que la nouvelle usine de composants électroniques de ST Microelectronics et Sotelec vienne s’installer à Crolles, prés de Grenoble. Elles seront indispensables du fait que les entraves à la création et au développement d’activités industrielles dans notre pays sont nombreuses et diverses :

    • fiscalité rendant les entreprises industrielles non compétitives
    • droit du travail rigide nuisible à la flexibilité des entreprises
    • réglementations nombreuses alourdissant les coûts et freinant les acteurs économiques

    Et sans oublier la concurrence des pays de l’est de l’Union européenne dont les coûts du travail sont considérablement plus bas, comme l’indique le tableau ci-dessous, en euros et par heure (Source : Insee-Dares, Ed 2020) :

    • France…………..  37,3
    • Allemagne…….. 35,9
    • Hongrie………… 10,7
    • Pologne………… 10,4
    • Roumanie………  7,3

    Bon nombre de mesures ont certes été prises ces dernières années pour rétablir la compétitivité des entreprises françaises : CICE, pacte de responsabilité, transformation du CICE en allégements de cotisations sociales, réduction de l’IS, début de la diminution des impôts de production, etc.

    Mais elles restent totalement insuffisantes, d’autant qu’il va falloir attirer massivement les investissements étrangers.

    Pour Nicolas Dufourcq , le directeur de la BPI, interrogé par Ouest-France à l’occasion des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, le 8 juillet 2022 :

    « Pour réussir la réindustrialisation, il va falloir mettre beaucoup de cœur, d’émotion et de solidarité collective […] Il n’y a rien d’irréversible ».

    Gageons qu’il ait raison, mais la tâche est considérable et extrêmement ardue.

    Il s’agit de remettre sur pieds toute la machine économique du pays. Cet objectif doit constituer « une ardente obligation » pour les pouvoirs publics. Pour l’instant, ce n’est guère le cas. Le gouvernement préfère distribuer des chèques pour soutenir le pouvoir d’achat plutôt que de s’attaquer aux causes du mal.

    Le pays va donc continuer à décliner, sa dette va continuer à augmenter, et sa position dans le concert des nations ne va pas manquer de s’affaiblir chaque jour davantage.

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      L’énergie, notamment l’électricité, est vitale !

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 26 October, 2022 - 03:00 · 10 minutes

    Que n’ont-ils pas encore compris ?

    En 2019, le président Macron a décidé d’arrêter le projet de réacteur nucléaire de quatrième génération Astrid. Cette filière prometteuse permet pourtant d’utiliser 100 fois mieux le combustible uranium (donc 100 fois plus longtemps) pour produire une électricité souveraine, abondante, bon marché, et de mieux gérer les résidus nucléaires.

    C’était aussi le cas des prototypes de réacteurs Phénix et Superphénix stoppés sous le gouvernement de Lionel Jospin.

    De trahisons en enfumages, de bassesses en sombres marchandages politiques, il y en a des comptes à rendre aux Français … Mais les hommes politiques ne les rendront jamais car ils bénéficient de l’immunité de l’onction électorale. Et pour ne pas se suicider politiquement, ils ne reconnaîtront jamais leurs fautes !

    Suite au choc pétrolier de 1973, Pierre Messmer, alors Premier ministre de Georges Pompidou, lance en 1974 son plan nucléaire consistant en la construction de 58 réacteurs nucléaires.

    Jusqu’à 25 chantiers de construction de réacteurs nucléaires se déroulent en parallèle entre 1978 et 1983 et 13 réacteurs sont livrés en deux ans entre 1980 et 1982 !

    Ce plan a permis à la France de produire plus de 70 % de son électricité bon marché pendant environ 40 ans grâce au nucléaire . Notre pays est ainsi devenu le champion mondial de l’énergie décarbonée, le premier exportateur européen d’électricité. Les Français ont ainsi été protégés des variations de prix des énergies fossiles qui produisaient peu d’électricité.

    Un savoir-faire en berne ?

    Le savoir-faire d’EDF était alors reconnu mondialement dans ce domaine. Les sociétés Framatome et Cogema garantissaient notre approvisionnement en uranium ainsi que la fabrication des turbines nécessaires à la production d’électricité (Alstom). L’État maîtrisait toute la chaîne de valeur, de la production du combustible jusqu’à la distribution au client final.

    Peu de pays au monde pouvaient se targuer d’une telle prouesse, et d’une telle souveraineté énergétique réalisée en si peu de temps.

    Cinquante ans après, la moitié des réacteurs sont à l’arrêt, la France est importatrice d’électricité, la filière d’approvisionnement d’uranium est menacée. EDF vend sa production d’électricité nucléaire bon marché à ses concurrents (« parasites spéculateurs » appelés aussi « fournisseurs alternatifs ») moins de 5 c€/kWh. Elle est ensuite revendue aux Français au prix exorbitant de celle produite par du gaz ou du charbon (incluant le lignite allemand).

    EDF, ce fleuron de l’industrie française, est au bord de la faillite et vient d’être nationalisée .

    Pour couronner le tout, le gouvernement annonce la menace de coupures d’électricité cet hiver et fait la morale (!) aux Français en déclinant un avenir « sobre », c’est-à-dire de pénurie, en expliquant comment se comporter « pour économiser ».

    L’idée d’un « pass » énergétique (comprendre un ticket de rationnement) circule même dans certaines têtes de nos brillants dirigeants.

    Mais que s’est-il donc passé ?

    Lorsque Lionel Jospin accède au pouvoir en 1997 jusqu’en 2002 comme Premier ministre grâce à une alliance avec les communistes et les écologistes (« la gauche plurielle » ), il accepte de renoncer progressivement au nucléaire.

    Les conséquences néfastes sont rapides : désintérêt d’EDF pour la filière et annonce de l’abandon du réacteur novateur Superphénix en 1997 qui sera acté en 1998. Mais le plus pernicieux est longtemps resté invisible : ingénieurs, soudeurs spécialisés et techniciens hautement qualifiés cessent de s’orienter vers la filière nucléaire, entraînant une disparition progressive des compétences spécialisées requises pour cette industrie.

    Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel décide unilatéralement d’arrêter l’usage du nucléaire civil en Allemagne suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, et de se lancer à corps perdu dans la construction d’éoliennes qu’elle impose à toute l’Europe.

    Et, pour protéger l’industrie allemande, il devint inadmissible que la France continue de bénéficier d’une production nucléaire d’électricité à bas coût.

    Le grand visionnaire François Hollande, également soucieux de s’attirer les faveurs des écologistes pour accéder au pouvoir suprême, aggrave la situation en s’engageant à réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans notre mix énergétique en 5 ans (chiffre sorti du chapeau sans aucune étude préalable).

    Il s’agissait de « ne pas mettre tous les œufs dans le même panier »…

    Et afin de satisfaire également l’Allemagne, il va même jusqu’à décider la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim en parfait état de fonctionnement, actée en 2020 par Emmanuel Macron, réduisant ainsi la production nationale française de 2,5 %. Ce déficit est depuis compensé par la mise en service en Allemagne de centrales à charbon , dont les vents font bénéficier les Français de leurs particules fines.

    Or, la centrale de Fessenheim était fonctionnelle sur le plan de la sûreté. Le 7 avril 2021, le président de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) a ainsi rappelé « que les performances de Fessenheim étaient parmi les meilleures sur l’ensemble des sites », contrairement à ce qu’a affirmé le 5 septembre 2022 le président Macron qui a menti selon le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger.

    C’est également sous Hollande que les écologistes parviennent à imposer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques aux productions erratiques et intermittentes comme source d’énergie de substitution au nucléaire et au gaz en faisant fi des lois de la physique .

    Sous Macron, le processus s’accélère : 450 éoliennes géantes sont prévues le long du littoral atlantique.

    Pourtant, substituer aux centrales nucléaires des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) éoliennes et photovoltaïques augmente les émissions de CO2 !

    En effet, ces EnRI doivent être nécessairement adossées à des centrales à gaz ou à charbon pilotables « sûres » afin de pallier leur intermittence pour maintenir le fragile équilibre du réseau entre l’offre et la demande d’électricité.

    Où est la logique ?

    La logique et le simple bon sens devraient conduire à arrêter le massacre dans les plus brefs délais. Mais, au contraire, nos grands décideurs visionnaires s’orientent vers la construction d’encore plus d’EnRI.

    Comme si cela ne suffisait pas, en vertu de la sacrosainte concurrence libre et non faussée exigée par les traités européens, EDF doit vendre à perte à des opérateurs concurrents une partie de sa production , créant ainsi une concurrence artificielle qui s’apparente à du racket.

    Aujourd’hui en France, l’idéologie prévaut sur la raison et la politique énergétique en Europe n’a rien d’européenne : elle est exclusivement allemande… L’Allemagne défend rageusement ses propres intérêts. Elle s’emploie activement à mettre les autres pays à genoux, et notamment la France .

    En Europe, 70 % des éoliennes sont produites en Allemagne et presque 100 % des sociétés d’exploitation des parcs éoliens sont allemandes.

    Parallèlement, Merkel a négocié en 2015 avec la Russie la construction du gazoduc Nord Stream 2, avec comme objectif de devenir le centre de distribution du gaz (le hub gazier ) pour toute l’Europe.

    Bien vu ! Ainsi l’Allemagne a prévu que l’Europe devait d’une part lui acheter des éoliennes exploitées par des sociétés allemandes, et d’autre part du gaz « allemand » provenant directement de Russie.

    Et le gaz devint rare et cher…

    En créant un goulot d’étranglement sur le gaz, le conflit en Ukraine a changé la donne. Même l’Allemagne qui se voyait en plaque tournante du gaz russe pour l’Europe envisage maintenant de prolonger ses centrales nucléaires.

    Après avoir annoncé en 2018 la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici à 2035 (sur 56 aujourd’hui), le président Macron s’est enfin réveillé en décembre 2020 pour évoquer l’avenir du nucléaire dans son discours au Creusot. Il veut remettre le nucléaire sur les rails dans ses discours d’octobre 2021 à l’Élysée, de février 2022 à Belfort, puis de septembre 2022 lors de l’inauguration… d’éoliennes en mer à Saint-Nazaire.

    Il déclare maintenant : « aucun réacteur en état de produire ne doit être fermé » et veut lancer 6 réacteurs EPR avec une prévision pour 8 autres.

    Mais aujourd’hui, rien n’a encore bougé. La loi (la Programmation pluriannuelle de l’énergie) prévoit toujours de fermer 12 réacteurs nucléaires et d’abaisser la part du nucléaire de 75 % à 50 % de la production d’électricité d’ici à 2035…

    Or, après 20 ans de laisser-aller et de mépris, la capacité technique fait défaut ( étrange et surprenant, non ? ). La construction du nouveau réacteur EPR de Flamanville a rencontré de grandes difficultés alors que deux autres réacteurs EPR identiques ont été construits et fonctionnent parfaitement en Chine .

    De plus, la Commission européenne, contrôlée par l’Allemagne , est parvenue à instaurer un marché européen de l’électricité au désavantage de la France (hasard ?). En effet, le prix du kWh est dorénavant indexé sur le prix du gaz, annihilant ainsi l’avantage compétitif de la France en position de leader mondial du nucléaire civil qui assurait une sécurité énergétique à ses habitants

    Le contribuable français se voit donc contraint de payer l’addition en finançant la nationalisation et la dette abyssale d’EDF

    20 ans d’impéritie

    Les gouvernements et les hauts dirigeants qui se sont succédé depuis 20 ans en France ont contribué à cette situation énergétique catastrophique en pratiquant une politique spectacle de connivence à courte vue pour conquérir et garder le pouvoir « coûte que coûte »…

    Le magnifique outil EDF aurait pu devenir un facteur décisif du redressement de l’industrie française et de sa compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne empêtrée dans l’explosion du prix du gaz.

    Selon Maurice Duverger , le crime de haute trahison se définissait comme « un crime politique consistant à abuser de sa fonction pour une action contraire à la Constitution ou aux intérêts supérieurs du pays ».

    En sommes-nous si loin ?

    Le crime de forfaiture et de haute trahison ayant disparu respectivement du Code pénal en 1994 et de la constitution en 2007 , il ne reste plus que l’application de l’article 68 de la Constitution :

    « Le Président de la République ne peut être destitué (par le Parlement constitué en Haute Cour) qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ».

    Vague formule…

    Pourtant :

    • en négligeant, par manque de vision stratégique, d’assurer les sources vitales d’énergies pour la France, notamment d’électricité , nécessaires au fonctionnement de la nation française,
    • en laissant fermer la centrale nucléaire de Fessenheim ,
    • en arrêtant le projet Astrid de réacteur surgénérateur de quatrième génération,
    • en diminuant la souveraineté nationale par l’implantation à marche forcée de ruineuses énergies renouvelables intermittentes éoliennes et de panneaux solaires importés,
    • en bradant en tant que ministre de l’Économie un patrimoine industriel de pointe, et même stratégique (les turbines Arabelle d’Alstom), à un groupe privé étranger pour ensuite le racheter plus cher en tant que président de la République,
    • en s’obstinant dans le déni des réalités concernant l’électricité (davantage de consommation et moins de production qui dépendra du vent et du soleil…),

    le Président Macron a manqué à ses devoirs dans l’exercice de son mandat pour assurer la fourniture vitale d’énergie, et notamment d’électricité, à la France.

    Les Français, eux, en subissent les conséquences dans leur vie quotidienne, et pour longtemps encore.

    « Gouverner c’est prévoir . Ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte » (Émile de Girardin)