Nous pensions ces dictateurs inébranlables. Ils gouvernent la Chine, l’Iran, la Russie et bien d’autres pays mais il semblerait bien qu’ils soient des géants aux pieds d’argile.
Leur règne peut durer très longtemps et peut être ébranlé par un évènement banal a priori banal mais pouvant conduire au chaos.
La Chine
Les différents dirigeants et particulièrement l’actuel Xi Jinping , ont proposé à la population chinoise un deal simple : lui garantir une meilleure qualité de vie en échange du pouvoir absolu.
Ce principe a parfaitement fonctionné jusqu’à ce jour. La pauvreté a fortement diminué, les Chinois ont pu jouir de meilleures conditions de vie en profitant des progrès apportés par une industrialisation facilitée par le savoir-faire transmis quasi gratuitement par l’Occident qui espérait naïvement les convaincre des bienfaits de la liberté.
Un premier accroc est apparu dernièrement : la crise immobilière a ruiné beaucoup de Chinois ayant fait confiance à l’État tout-puissant qui n’a pas vu venir l’effondrement de ce secteur. Les entrepreneurs ont empoché leur argent sans livrer le logement dont ils rêvaient. Les propriétaires ont protesté mais cela n’a pas été suffisamment mobilisateur pour déclencher une révolution.
En revanche, la retransmission d’un match de la Coupe du monde de football a entraîné des manifestations parmi une population pourtant habituellement soumise qui a pris conscience que le gouvernement lui a menti et donc trahi sa confiance.
En effet, durant trois années Xi Jinping a soumis son peuple à sa politique zéro covid . Certes avec quelques réussites au départ mais, orgueil du dictateur oblige, il a persisté dans cette voie tandis que l’Occident optait pour le vaccin.
Ne voulant pas se déjuger il impose aujourd’hui à une grande partie des Chinois et des étrangers sur place la même pratique initiale consistant en un confinement extrême, aboutissant même à ce que certains ne soient plus approvisionnés en nourriture.
Malgré un début de révolte et de nombreux suicides, il ne veut pas modifier sa décision alors que l’Occident ne fait plus appel aux confinements depuis bientôt deux années.
Ne voulant pas perdre la face Xi a caché la vérité à son peuple qui a cru en lui jusqu’à la retransmission des matchs de la Coupe du monde en direct qui lui a montré que les Occidentaux ne portaient plus le masque dans les gradins alors que la moindre promiscuité leur est formellement interdite.
Le mensonge a été dévoilé en quelques jours et a conduit les habitants à descendre dans la rue et oser affronter directement une police pourtant aux ordres.
La seule réponse du dictateur sera de censurer les passages des retransmissions montrant des images de supporters sans masque.
L’avenir nous dira s’il s’agit d’une révolution ou les prémices d’une prochaine qui de toute façon arrivera.
L’Iran
Les événements en Iran traduisent la lassitude d’une population confrontée à une théocratie islamique obtuse.
Depuis l’ arrivée au pouvoir de fanatiques musulmans ce pays a perdu toute sa liberté et a enfermé les femmes dans un carcan législatif d’un autre âge. Ce sont d’ailleurs elles qui ont manifesté leur opposition lors de rassemblements brutalement réprimés.
Elles se sont mobilisées, soutenues par la diaspora iranienne, afin de demander la fin des contraintes qui se sont dernièrement durcies.
Mais le nouveau président en a exigé l’application encore plus stricte en faisant appel à la répression de la police des mœurs. Le décès de Mahsa Amini pour « port de vêtement inapproprié » a déclenché des manifestations d’abord féminines et localisées pour se transformer en quasi révolution d’hommes et de femmes sur tout le territoire.
Souhaitons que cette contestation aboutisse, peut-être pas aujourd’hui, mais il est certain que ce sera le cas un jour.
La Russie
Ce sera certainement un peu plus long pour la Russie dont la population a été soumise à pratiquement un siècle de dictature.
Mais l’absolutisme de ses dirigeants a démontré la faiblesse de cette dictature toute en mensonges et dont la première révélation a été celle de l’état de son armée présentée pourtant comme la deuxième au niveau mondial et qui se fait damer le pion par un petit pays que Poutine pensait annexer en quelques jours.
L’histoire a démontré qu’une dictature ne résistait pas à une défaite militaire. Je pense que ce sera le cas pour Poutine, la seule inconnue étant qu’en l’état actuel il n’est pas certain qu’il sera remplacé par un gouvernement démocrate. Les oligarques qui gravitent autour de lui ont verrouillé le pays aussi bien économiquement que militairement avec des armées privées telles que Wagner.
Les dirigeants russes viennent de faire pour la deuxième fois consécutive la démonstration d’ un système totalitaire inefficace qui n’a que la violence pour se maintenir en place.
Avec ses réserves d’hydrocarbures et de matières premières la Russie est promise à un grand avenir mondial si elle sait se débarrasser de ses démons. C’est le rôle de l’Occident de convaincre son peuple et le pousser à se révolter et chasser ceux qui conduisent le pays à la catastrophe.
Usure du pouvoir
Le point commun de ces trois révoltes en cours est la durée beaucoup trop longue, pratiquement à vie, du pouvoir d’un dictateur qui perd alors tout sens des réalités.
Ces dictateurs surestiment toujours leur puissance et veulent conserver jusqu’à leur mort un pouvoir devenu pour eux l’équivalent d’un CDI.
Mais le pouvoir use et les empêche de rester lucides pendant des décennies. Il est par ailleurs difficile de toujours et tout le temps mentir. Le mensonge est l’apanage du dictateur mais aujourd’hui, avec les outils d’information modernes, il est amené à durcir sa position jusqu’à l’overdose pour maintenir son pouvoir.
Arrive un moment, et c’est le cas pour l’Iran, où le peuple pense que sa vie ne vaut plus rien et qu’il est alors préférable de la risquer en provoquant le tyran.
Un dictateur a de moins en moins la capacité à faire accepter ses mensonges à la population, la vérité finit par éclater et met fin à sa crédibilité.
Le mensonge est une arme qui se retourne automatiquement contre celui qui l’a proféré.
Un impératif : défendre la liberté
Tous ceux qui dénoncent en France des atteintes à la liberté de plus en plus nombreuses ont raison de le faire. Mais avant de qualifier nos dirigeants de dictateurs ils devraient ouvrir les yeux sur ce qu’est réellement une dictature.
Défendre la liberté et en premier lieu le libéralisme est un devoir, pensez à tous ces peuples qui se battent pour se rapprocher de notre système démocratique qui a certes des défauts mais qui fait actuellement la démonstration de son efficacité tout en garantissant le respect des droits de l’Homme.
Défendons la liberté, y compris par la force quand c’est indispensable, les massacres dont nous sommes témoins dans ces dictatures devraient nous conforter. Ne basculons pas vers une quelconque forme de dictature alors que nous constatons la détermination à s’en échapper de la part de ceux qui la subissent.
Dans l’attente d’un monde meilleur, il est impératif pour l’Europe de jouer plus collectif, y compris en ce qui concerne sa défense car c’est un fait évident actuellement : il n’y a pas de puissance économique forte sans puissance militaire forte afin de permettre de contrer les dictatures qui souhaitent notre disparition et surtout la disparition de notre modèle démocratique.