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      Éric Zemmour: "L'union de la gauche" sera "la principale force d'opposition"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 28 May, 2022 - 23:08 · 2 minutes

    Éric Zemmour, ici lors d'un département dans le Var, au Luc, le 27 mai 2022. Éric Zemmour, ici lors d'un département dans le Var, au Luc, le 27 mai 2022.

    LÉGISLATIVES - “L’union de la gauche autour de Jean-Luc Mélenchon et de l’islamo-gauchisme va dépasser allègrement les 100 députés et sera évidemment la principale force d’opposition au macronisme”, a pronostiqué ce samedi 28 mai Éric Zemmour , en regrettant que son mouvement Reconquête! soit désormais “l’adversaire privilégié” du RN.

    En déplacement à Cheval-Blanc, près de Cavaillon (Vaucluse), pour soutenir la candidature de Stanislas Rigault, l’ancien journaliste a semblé acter par avance de mauvais résultats pour la droite aux législatives des 12 et 19 juin, en raison de la division du “bloc national”.

    “C’est évident, c’est sûr, c’est déjà réglé, et évidemment le choix fait par Marine Le Pen en particulier, et aussi les dirigeants de LR, est qu’ils arriveront eux-mêmes avec des petits groupes, mais apparemment ils s’en satisfont”, a accusé le président de Reconquête!, lors d’une conférence de presse improvisée, après avoir pris la parole devant quelque 400 personnes, dans le jardin d’un mas.

    Éric Zemmour était venu apporter son soutien à Stanislas Rigault, le président de Génération Z, le mouvement des jeunes de Reconquête!, qui se présente dans la deuxième circonscription du Vaucluse.

    Reconquête!, “l’adversaire privilégié” du RN

    “Moi j’ai voulu rassembler, comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon à gauche , comme l’a très bien réussi Jean-Luc Mélenchon, mais manifestement ni Marine Le Pen ni les dirigeants de LR n’ont voulu ou su en faire autant”: “Donc voilà, nous partons divisés”, a regretté Éric Zemmour.

    “Et nous aurons en vérité deux gauches, la gauche d’Emmanuel Macron, qui est au pouvoir, et la gauche de Jean-Luc Mélenchon , qui sera la principale opposition, et le reste n’existera pas”, a-t-il conclu.

    Commentant la visite récente de Jordan Bardella, le président par intérim du Rassemblement national, dans le Var, là où lui-même est candidat, et sa visite annoncée dans le Vaucluse le 4 juin, Éric Zemmour a constaté que Reconquête! était devenu “l’adversaire privilégié” du RN.

    “C’est absolument lamentable de sa part. (...) Mais au moins les choses sont claires. Il pourrait aller se battre contre des candidats de Mélenchon ou des candidats d’Emmanuel Macron, mais non, il vient cibler les meilleurs, les candidats les plus connus de Reconquête!, j’y vois une stratégie délibérée du RN”, a-t-il accusé.

    Jeudi, c’est Marine Le Pen qui avait accusé le leader de Reconquête! d’être responsable des éventuels mauvais résultats de son parti aux législatives: “Si dans un certain nombre de circonscriptions, nous n’arrivons pas en tête, ce sera également le fait (des) candidats (de Reconquête!), alors qu’ils savent pertinemment qu’ils n’auront pas d’élus”, avait-elle affirmé lors d’un déplacement en Seine-Maritime.

    À voir également sur Le HuffPost : Zemmour appelle à la mobilisation contre les blocs “macroniste” et “islamo-gauchiste”

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      Et maintenant, un peu d’islamo-gauchisme universitaire !

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 22 February, 2021 - 08:30 · 6 minutes

    par h16

    Et voilà que l’islamo-gauchisme est le grand thème du moment.

    Il était pourtant évident que certain sujets ne devaient pas être abordés. Il était pourtant clair que certains concepts n’avaient pas le droit d’être évoqués, surtout dans le cadre policé, calme, pondéré et bien comme il faut, propre sur lui, de l’Université française. Et pourtant, malgré tout, il y a quelques jours, une ministre a abordé un sujet et évoqué un concept qu’elle n’aurait vraiment pas dû. Et là, c’est le drame.

    Tout est allé très vite, dans un moment que certains qualifieront d’égarement tant il était clair, dès le départ, qu’il ne pouvait être question de ce genre de concepts dans ce qui tient lieu d’élite intellectuelle française : au cours d’un entretien accordé à CNews (pour rappel, il s’agit de cette horrible chaîne d’extrême droite selon la classification officielle ), Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, réagissait suite à un article paru dans Le Figaro au sujet de l’islamo-gauchisme selon lequel certains enseignants se trouveraient empêchés dans leurs recherches et leurs enseignements par « certains militants gauchistes épaulés par l’entrisme d’activistes proches des Frères musulmans » .

    Cet article faisait d’ailleurs lui-même suite aux déclarations du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, quelques jours après la décapitation de Samuel Paty , sur les complaisances islamo-gauchistes de certains universitaires. Soufflant sur ces braises politiques, la ministre de l’Enseignement supérieur estime quant à elle que l’islamo-gauchisme gangrène en effet toute la société, dont l’Université fait partie intégrante et dans laquelle infusent donc les tensions et problèmes.

    En somme, Vidal explique ici que certains enseignants, certains chercheurs universitaires utilisent leur aura pour porter un discours militant, et plus précisément dans le cas qui nous occupe, un discours gauchiste et favorable aux idées islamistes, et que ce militantisme peut se traduire assez concrètement par, notamment, l’empêchement de certaines recherches…

    Ces déclarations, bien qu’assez banales finalement, n’ont pas manqué de déclencher un véritable tsunami de protestations chez les universitaires qui se sont empressés de mitrailler de la tribune (les pétitions électroniques enfiévrées ne devraient plus tarder).

    Pour les intéressés, pas de doute : l’islamo-gauchisme est un concept qui n’existe pas et soupçonner qu’il puisse y avoir des mandarins capables de censurer des collègues au motif qu’ils ne sont pas idéologiquement alignés, c’est vraiment pousser le bouchon trop loin ; comment peut-on ainsi ouvertement admettre que certains seraient non seulement gauchistes, mais surtout islamistes ?! Vous n’y pensez pas !

    Pas de doute : on a touché là un nerf ultra-sensible. Une fibre a été excitée. Un cri a été poussé, une armée s’est levée. L’affront devra être lavé tant ces accusations sont insoutenables !

    Toute cette bronca, assez peu spontanée, est intéressante pour plusieurs raisons.

    D’une part, elle tend à alimenter le brouhaha universitaire sur l’islamisme et le gauchisme.

    Pourtant, ces universitaires, généralement les premiers à se baigner dans des piscines de moraline, se targuent de vouloir prendre en compte les problèmes des étudiants et notamment leurs difficultés liées à la période actuelle. Or, s’agiter comme ils le font sur le sujet est parfaitement contre-productif de leur souci affiché : on finirait presque par oublier les étudiants coincés chez eux, la chute continuelle du niveau académique français, l’état consternant des bâtiments et tout ce qui fait le charme délicat des universités du pays.

    En revanche, l’attitude des outrés est tout à fait en ligne avec ce qu’on a l’habitude de voir dans le petit milieu universitaire français : on fait corps, on fait tribune, on proteste et on fait grève en transformant quelques bâtiments en ZAD. Un classique qu’on n’évitera probablement pas cette fois-ci.

    D’autre part, la réaction semble avoir largement dépassé la réponse proportionnelle au sujet dont il est question. En pratique, ça fulmine de tous les côtés, ça s’emporte dans des tribunes médiatiques, sur twitter et un peu partout sur les réseaux sociaux, pour un concept que tous s’accordent pourtant bruyamment à dire qu’il n’existe pas.

    Pour quelque chose qui n’a pas de réalité, pour quelque chose dont nos effervescents universitaires s’empressent de dire qu’il n’a aucune « base scientifique », voilà une bien curieuse surréaction là où un haussement d’épaule et quelques yeux au ciel auraient dû logiquement suffire.

    Pourtant, ces mêmes universitaires ne manquent pas, a contrario , d’abondamment utiliser d’autres termes polémiques, des notions floues, mal cadrées, bancales, sans la moindre caution scientifique lorsqu’il s’agit d’évoquer le climat, le genre, l’économie ou la politique. Ce sont les mêmes qui s’étranglent de voir le concept d’islamo-gauchisme débouler dans l’arène publique qui ont, des décennies durant, déblatéré à qui mieux mieux sur l’ultralibéralisme, le néolibéralisme ou ses autres parfums sans avoir jamais réussi à en définir clairement les contours. Ce sont les mêmes qui nous abreuvent de leurs foireuses pensées sur les « constructions sociales du genre », la « domination patriarcale » et les autres foutaises intersectionnelles d’ampleur intergalactique, colonialistes et autres, et qui fulminent à présent lorsqu’un terme finalement assez facile à comprendre vient bousculer leurs plates-bandes.

    C’est assez peu cohérent mais c’est assez cocasse.

    Enfin, tout ce barouf ridicule montre surtout que les vieux réflexes staliniens du désir de censure ressortent vite : il va falloir faire taire ceux qui ont osé aborder le sujet, Vidal en premier.

    Pétitionnons, tribunons, pamphlétisons mais surtout, agitons-nous pour ne surtout pas laisser l’engeance réactionnaire et autres hyènes dactylographes s’emparer de la question islamogauchiste à l’Université ! S’il y a débat, ce ne sera pas sur ce sujet, ce ne sera pas dans ces termes et ce ne sera pas avec ces gens-là. Qu’on se le dise !

    De ce point de vue, vouloir la démission de la ministre donne raison à la même Vidal qui, à l’Assemblée, expliquait que la radicalisation des discours empêchait de plus en plus les débats contradictoires. Au moins, elle n’aura pas eu besoin d’attendre longtemps pour en avoir une preuve éclatante…

    Cette affaire est encore une fois une parfaite illustration de la façon dont le pays fonctionne : chaque nouveau sujet, d’une importance relative, chasse l’autre avec vigueur. Tout se passe comme si l’actualité était bâtie par les médias et les politiciens pour cacher les évolutions profondes de la société (augmentation de la misère et des violences, évaporation du régalien , absence consternante de toute gestion économique de moyen ou de long terme, instruction en berne).

    Cette succession maintenant trop rapide de sujets garantit qu’aucun d’eux, surtout d’importance, ne sera correctement appréhendé par les médias, analysé par les politiciens et digéré par le peuple. Quant à la polarisation grandissante des débats, elle accroît la fracture entre le peuple et les élites dont les universitaires font partie.

    À discuter du sexe des anges, cette élite auto-proclamée s’aliène chaque jour un peu plus ceux dont elle tire son pouvoir.

    Forcément, cela va bien se terminer.


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      Islamo-gauchisme à l’université : Frédérique Vidal ouvre la boîte de Pandore

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 17 February, 2021 - 13:00 · 7 minutes

    Par Frédéric Mas.

    En lançant une enquête sur l’« islamo-gauchisme » à l’université, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a provoqué l’indignation des universitaires et d’une partie de la classe politique et médiatique. Madame Vidal a ainsi annoncé sur Cnews avoir chargé le CNRS de mener une « étude scientifique » pour définir ce qui « relève de la recherche et du militantisme » .

    Elle est revenue à la charge ce mardi devant l’Assemblée nationale : va être mis en place un bilan de recherches afin de distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». Déradicaliser les facs en commandant un rapport ? L’ambition paraît à la fois extraordinaire dans ses buts et plutôt modeste dans ses moyens.

    Sur les bancs de la gauche radicale, qui s’est sentie visée, on s’est insurgé contre une « chasse aux sorcières » intolérable. La conférence des présidents d’université n’est pas en reste. Elle n’a pas caché son indignation, jugeant la « polémique stérile » . Elle regrette la « confusion » faite entre liberté académique et « ce qui relève d’éventuelles fautes et infractions » . Elle condamne également l’ « instrumentalisation » du CNRS.

    La gauche universitaire, elle, se moque. Les facs françaises seraient-elles aux mains de hordes de maoïstes pénétrés des idées de Khomeiny ? Tout cela tient du café du commerce et le monde éthéré de la recherche et de l’enseignement supérieur n’a de comptes à rendre qu’à lui-même, liberté académique oblige. Et puis d’abord l’islamo-gauchisme, est-ce que ça existe, en dehors des plateaux télé de Cnews et des pages de Valeurs actuelles ?

    La gauche républicaine contre l’islamo-gauchisme

    Pour certains, parler d’islamo-gauchisme, c’est faire de la politique et pas de la science. Seulement l’argument suppose que l’enseignement échappe comme par magie au débat public.

    L’expression « islamo-gauchiste » est une invention sémantique du politologue Pierre-André Taguieff pour désigner une reconfiguration particulière de la gauche de la gauche qui s’est accommodée de l’islamisme ou pire encore, qui l’instrumentalise comme critique de l’Occident et du capitalisme.

    Ce n’est pas un élément de langage de l’extrême droite, mais de la gauche républicaine. Il s’agissait pour elle de désigner une frange de la gauche radicale en rupture avec d’autres courants d’émancipations classiques. Bien entendu, comme tout ce que la gauche abandonne, comme la liberté d’expression, la laïcité ou la République, l’extrême droite s’est empressée de se réapproprier le terme.

    Pour Philippe Raynaud , la tolérance d’une partie de la gauche de la gauche vis-à-vis de l’islamisme la mettait déjà en tension vis-à-vis des courants républicains mais aussi des courants féministes et/ou favorables à la liberté des mœurs « qui perçoivent l’‘intégrisme’ musulman comme un danger (au moins) aussi grave que le conservatisme traditionnel 1 ».

    Les affinités entre les franges les plus collectivistes et réactionnaires de l’Islam et celles du gauchisme le plus nihiliste n’étaient il y a 15 ans qu’un courant mineur de la gauche. Aujourd’hui, avec l’effondrement de la gauche républicaine modérée, les rapports de force ont changé.

    La pression islamiste dans les médias et au sein des partis politiques de gauche s’est accrue, comme elle s’est accrue au sein de la société civile et des services publics. Pourquoi l’université serait-elle épargnée ? L’idéologie décoloniale et indigéniste qui en normalise le discours fait partie de l’éventail idéologique de la gauche actuelle, gauche qui a toujours prospéré dans l’enseignement public.

    Quelle frontière entre opinion et recherche ?

    Seulement Frédérique Vidal ouvre la boîte de Pandore. La frontière entre la science et la politique est sujet à débats depuis la naissance même des sciences sociales. Existe-t-il un étalon universel et faisant consensus au sein de la communauté scientifique permettant de distinguer l’opinion de la connaissance ?

    Les différentes variétés de marxisme, de théories post-modernes ou de sociologies critiques qui prospèrent dans l’enseignement supérieur s’accordent au moins pour réduire la science à des rapports de pouvoir, d’idéologie et de domination.

    Dans la discipline économique, toute pensée hétérodoxe, en particulier libérale, est proscrite. Pour qu’un Jean Tirole puisse être reconnu sur le plan mondial, il a fallu s’extraire du système universitaire français et inventer l’école capable de recruter et de former en se tenant à distance de la tambouille idéologico-politique de la gouvernance des universités comme de ses réflexes corporatistes profonds.

    Avec les Cultural Studies qui s’installent depuis maintenant une dizaine d’années en France, la frontière a totalement disparu aux yeux même de ses pseudo-chercheurs : la position de pouvoir que constitue l’enseignement doit servir de levier pour transformer la société en fonction de la critique féministe, post-coloniale, racialiste, etc. L’idéologie doit tout commander, y compris la recherche en sciences exactes.

    Faudra-t-il ressusciter le positivisme sociologique comme idéologie étatique officielle pour distinguer clairement les rentes idéologiques qui se sont agrégées au sein des universités des chercheurs consciencieux qui travaillent tranquillement dans leur labo ? L’exercice paraît vain et peu praticable, Auguste Comte est bien mort.

    La solution libérale

    Une solution libérale pourrait orienter l’action publique pour aider à dégonfler l’extrémisme anticapitaliste, dont l’islamo-gauchisme n’est qu’un avatar, au sein de l’université.

    Elle nous est suggérée par le philosophe Robert Nozick . Beaucoup d’intellectuels sont anticapitalistes parce qu’ils estiment que le système économique ne récompense pas leurs compétences correctement. De leur point de vue, ils méritent plus que les honneurs et le statut que le marché tend à leur donner. Ils vont donc valoriser les politiques publiques et les idéologies qui vont modifier les règles du jeu économique pour leur attribuer une plus grande place en société.

    Cela peut se traduire politiquement par la monopolisation étatique de l’enseignement supérieur pour pallier une pseudo-défaillance du marché des honneurs et du prestige social.

    Privatiser l’enseignement supérieur ou au moins libéraliser l’enseignement supérieur pourrait ainsi participer à dégonfler le marché des « intellectuels radicaux » et à les renvoyer à leur véritable valeur aux yeux du reste de la société, c’est-à-dire à pratiquement rien, et cela sans attenter aux libertés universitaires. Plus ambitieux qu’un rapport du CNRS mais moins porteur électoralement parlant, pas sûr que cela séduise nos édiles…

    1. Philippe Raynaud, L’extrême gauche plurielle , Cevipof/autrement, p.50.