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      Mais pourquoi les jeunes s’envoient le nombre 143 par WhatsApp ?

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Tuesday, 5 September, 2023 - 10:30

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    Une nouvelle tendance a envahi WhatsApp : des millions d'adolescents échangent des codes numériques mystérieux.

    Mais pourquoi les jeunes s’envoient le nombre 143 par WhatsApp ?

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      5 conseils d’expert en cyber avant d’offrir un smartphone à son enfant

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 4 September, 2023 - 09:55

    L'achat d'un smartphone à son enfant pour la rentrée est souvent un grand pas accompagné de nombreuses inquiétudes. Voici quelques conseils pour protéger au mieux la vie numérique des plus jeunes. [Lire la suite]

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      L’éducation, facteur fondamental de la démocratie

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 26 February, 2023 - 03:40 · 8 minutes

    On sait depuis longtemps que le niveau d’éducation est un facteur essentiel de pérennité de la démocratie. Les victimes du pouvoir sont les plus démunies culturellement. Certes, on pourra citer mille exemples de philosophes , écrivains, scientifiques, artistes s’étant vendus à des dictateurs . Les individualités médiocres, voire les cas pathologiques, ne manquent pas dans ce domaine mais globalement l’être humain disposant d’un niveau culturel suffisant résiste mieux à la propagande. Pour pérenniser nos démocraties il faut donc considérer l’enseignement, l’éducation en général, comme un facteur essentiel.

    Des contes moraux des autocrates au jardin d’Eden des populistes

    La guerre en Ukraine nous permet de mieux comprendre l’apathie du peuple russe face à la consolidation de la dictature poutinienne.

    Le premier facteur de faiblesse est l’absence totale d’expérience démocratique du fait du passage du tsarisme au communisme, puis rapidement ensuite à un régime politique de plus en plus autoritaire. Les Russes des milieux populaires , qui n’ont jamais voyagé à l’étranger, n’ont aucune idée de ce que peut être la liberté. Dans le célèbre film Le Docteur Jivago , après la Révolution de 1917, un paysan russe demande si Lénine est « le nouveau tsar ». Voilà ce que doit encore être l’univers mental de beaucoup de Russes n’ayant suivi qu’un niveau d’enseignement élémentaire. Qui dirige ? Qui est le chef ? À qui faut-il obéir ?

    Il est particulièrement facile de circonvenir cette population presque inculte par des récits n’ayant aucun rapport avec la réalité. Conformément au conte moral officiel, la guerre en Ukraine est donc une guerre de libération, de dénazification, voire de désatanisation d’un morceau de territoire ayant échappé à la Russie éternelle par la malignité des puissances occidentales.

    Les témoignages des spécialistes de la Russie permettent de penser qu’il n’en va pas ainsi dans les milieux cultivés de Moscou ou de Saint-Pétersbourg. L’intérêt personnel d’un cadre administratif ou militaire ou d’un dirigeant d’entreprise peut conduire à l’extrême prudence, mais l’obéissance au pouvoir résulte alors d’un calcul et non d’une croyance. L’exode massif de la jeunesse des villes (plus d’un million de personnes) après la mobilisation militaire du printemps 2022 prouve que l’attirance de la liberté est forte dans les couches les plus favorisées.

    Un autre exemple actuel du lien entre éducation et liberté est fourni par l’Iran . Si la paysannerie des contrées reculées ne bouge pas, la jeunesse universitaire de Téhéran et des grandes villes ne supporte plus les diktats des vieux religieux à l’esprit étriqué qui gouvernent le pays. L’Iran est devenu en 1979 une République islamique dont le discours officiel s’appuie sur le Coran, un texte de plus de 1300 ans qui ne peut évidemment pas être adapté au monde du XXI e siècle. La jeunesse cultivée iranienne n’accepte plus cette tyrannie religieuse et veut faire éclater le carcan dans lequel l’enferment des religieux crispés sur un passé révolu.

    La même analyse pourrait s’appliquer au populisme occidental, qui se développe depuis quelques décennies en Europe (droite nationaliste et gauche radicale) et aux États-Unis (trumpisme) en s’appuyant sur des promesses d’avenir radieux résultant d’un simple changement de gouvernants. La désinformation sur les réseaux sociaux (dite fake-news ) est un des outils privilégiés par les leaders populistes, qui cherchent à atteindre un public démuni intellectuellement.

    Mea culpa

    Seule une capacité d’analyse suffisante et de relativisation de toute démonstration, fût-elle élaborée par des spécialistes du sujet, permet de résister aux assauts de désinformation du monde contemporain. Le travail à accomplir en direction de notre jeunesse, abandonnée aussi bien économiquement que culturellement, est colossal.

    Nous avons livré notre jeunesse aux grands fauves qui configurent le monde du XXI e siècle et ne songent qu’à leur puissance, qu’il s’agisse des grands dirigeants de multinationales ou des autocrates. La loi du marché, ce n’est pas l’élimination des concurrents par tous les moyens. Or, le marché mondial fonctionne ainsi. Un bon fonctionnement du marché suppose la sanction des pratiques anticoncurrentielles, c’est-à-dire un droit de la concurrence qui n’existe pas à l’échelle de la planète. Nos démocraties n’ont pas su se protéger des dérives du capitalisme et ce sont évidemment les plus jeunes qui le paient aujourd’hui au prix fort. La loi de la jungle pour les jeunes actifs et la sécurité des retraites par répartition pour les vieux ? Qui pourrait croire qu’une démocratie puisse survivre à une telle injustice ?

    D’un point de vue culturel, nous n’avons pas su non plus faire évoluer les systèmes d’enseignement afin de permettre à chaque élève, collégien, lycéen, étudiant, d’atteindre le niveau le plus élevé auquel il puisse prétendre. Les systèmes d’enseignement ont évolué en fonction d’une demande de la population relayée politiquement. En France, la massification a bien eu lieu puisque de 1970 à 2020 le pourcentage de bacheliers dans une classe d’âge est passé de 20 % à plus de 80 %. Mais la démocratisation, c’est autre chose. L’ambition de diffuser la culture, c’est-à-dire la capacité pour chacun de se constituer en être raisonnable déterminant librement ses finalités, ses idées, ses actes (définition plus ou moins kantienne) n’a pas été portée par les gouvernants. Ils ont répondu aux sollicitations de leurs électeurs en distribuant des diplômes de valeur inégale, mais ils n’ont pas imposé un socle culturel incontournable pour chaque niveau de formation.

    Une tâche colossale mais enthousiasmante

    La tâche qui s’impose désormais aux démocraties dans le domaine de l’enseignement est redoutablement complexe et relève du long terme.

    Il faut d’abord cantonner la désinformation circulant sur internet. Seuls des contrepouvoirs informationnels puissants et attractifs en seraient capables. Mais comment les faire naître ? Seuls des spécialistes peuvent y réfléchir.

    Il faut ensuite révolutionner les systèmes d’enseignement qui ne sont plus adaptés à l’époque. Si l’enseignement élémentaire et le début de l’enseignement secondaire (niveau collège) ne peuvent s’envisager que par l’intégration quotidienne dans un petit groupe humain (la classe), il n’en va pas de même de l’enseignement secondaire de second cycle et encore moins du supérieur. Il est clair que la numérisation de l’information, la naissance d’Internet, l’émergence de l’Intelligence Artificielle, le big data conduisent à utiliser les outils numériques pour former les individus. Le cours magistral a vécu et il disparaîtra progressivement. L’enseignement concentrationnaire visant à regrouper quotidiennement des centaines ou des milliers de jeunes dans un même lieu atteindra son terme dans le courant du siècle. Cela ne signifie pas l’isolement physique des individus face à leur écran mais une organisation radicalement différente des rencontres, dans le cadre de groupes plus petits et avec moins de déplacements. La fluidité totale de l’information permet en effet d’organiser souplement des contacts dans des centres de proximité de type espace de coworking.

    Il ne sera plus envisageable très longtemps de concentrer les étudiants dans des établissements pour leur asséner la connaissance du haut de la chaire puisqu’ils pourront trouver facilement les réponses par l’intermédiaire d’une intelligence artificielle. Chat GPT n’est pas du tout au point actuellement et ne produit que des réponses élémentaires en éludant systématiquement toute problématique intéressante. Mais ce n’est qu’un tout petit début. Chacun peut imaginer les capacités futures de ces algorithmes d’intelligence artificielle.

    L’intelligence artificielle a une puissance incontestable : la capacité de traiter en un instant une quantité d’informations totalement inaccessibles à un cerveau humain. Elle a une faiblesse : le manque total d’originalité, de créativité, l’inaptitude radicale et définitive à produire une analyse subtile, esthétiquement et émotionnellement attractive car personnalisée. Une pensée n’est vraiment intéressante que si elle est incarnée, si elle provient d’une personne humaine, d’un être possédant une conscience et des émotions. Le traitement de l’information par un algorithme, aussi sophistiqué soit-il, restera une accumulation habile, purement technique, de savoir et non une réflexion créative. L’intelligence émotionnelle est le propre de l’Homme et le restera. Il faut la cultiver sans relâche. (voir en annexe la réponse Chat GPT à la question : L’éducation, facteur fondamental de la démocratie)

    Sauver la démocratie au XXI e siècle, c’est résister aux autocrates et aux populistes n’aspirant qu’au contrôle du pouvoir. Nous ne le pourrons qu’avec une population véritablement libre, c’est-à-dire capable de clairvoyance face aux manœuvres de tous ceux qui aspirent au pouvoir. Cela repose sur la culture.

    ANNEXE

    Réponse de Chat GPT sur le sujet : L’éducation, facteur fondamental de la démocratie.

    « L’éducation est en effet un facteur fondamental de la démocratie. Dans une société démocratique, les citoyens ont le droit de participer activement au processus de prise de décision. Pour pouvoir exercer efficacement ce droit, ils doivent être informés et éduqués sur les enjeux politiques, économiques et sociaux de leur communauté.

    L’éducation permet aux citoyens de développer leur esprit critique et leur capacité à penser de manière autonome. Elle les aide à comprendre les enjeux de la société dans laquelle ils vivent et à participer de manière informée aux débats publics. Les citoyens éduqués sont également plus susceptibles de voter et de prendre part à des activités politiques, ce qui renforce la démocratie.

    En outre, l’éducation peut également aider à réduire les inégalités sociales et économiques, qui sont souvent des obstacles à la démocratie. Une éducation de qualité peut aider à donner aux enfants issus de milieux défavorisés les outils dont ils ont besoin pour réussir et pour participer pleinement à la vie démocratique de leur pays.

    En somme, l’éducation est un facteur clé pour la démocratie. Elle permet aux citoyens de comprendre les enjeux de leur société, de participer activement aux décisions publiques et de réduire les inégalités sociales et économiques. »

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      En Russie, la littérature pour enfants devient une arme de propagande

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 03:40 · 10 minutes

    Par Laure Thibonnier-Limpek et Svetlana Maslinskaia .

    En Russie, l’offre culturelle se transforme sous l’effet indirect des lois adoptées par les députés depuis le 24 février 2022. C’est notamment le cas dans le domaine de la littérature jeunesse, où des activistes et des spécialistes des questions culturelles favorables au régime ont appelé à restreindre l’accès des jeunes lecteurs à certains livres, voire à les interdire, visant surtout les ouvrages qui diffuseraient les «valeurs occidentales », comme ceux de J. K. Rowling .

    Le 13 décembre 2022, Vladimir Poutine a appelé le gouvernement à adopter des mesures susceptibles de populariser parmi la jeunesse « les héros de l’histoire et du folklore russe conformes aux valeurs traditionnelles ». Un objectif immédiatement soutenu par une partie des spécialistes des politiques culturelles .

    Il existe en Europe une tradition de régulation de la lecture enfantine par les adultes afin de transmettre à la jeune génération des connaissances et des valeurs communes. Généralement, les États optent pour la voie de la recommandation : ils font élaborer et diffusent des listes d’œuvres dont la lecture est recommandée aux enfants. Mais lorsque la littérature pour enfants devient une arme de propagande, le pouvoir utilise la censure pour restreindre l’accès des lecteurs aux textes qui, de son point de vue, menacent l’idéologie dominante. C’est ce qui se passe aujourd’hui en Russie.

    La doctrine patriotique et les livres pour enfants dans la Russie actuelle

    Désormais, la politique russe en matière de littérature jeunesse repose principalement sur l’idée que celle-ci doit transmettre des « valeurs spirituelles et morales traditionnelles » qui seraient propres à la Russie. Plusieurs lois fédérales encadrent l’édition jeunesse :

    Ce dernier document définit ainsi les « valeurs spirituelles et morales traditionnelles » :

    «La vie, la dignité, les droits et libertés de l’Homme, le patriotisme, le sens civique, le service de la Patrie et la responsabilité envers son destin, de hauts idéaux moraux, une famille solide, un travail créatif, la priorité du spirituel sur le matériel, l’humanisme, la charité, la justice, l’esprit collectif, l’entraide et le respect mutuel, la mémoire historique et la continuité des générations, l’unité des peuples de Russie. »

    Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolaï Patrouchev, a déclaré le 30 mai 2022 que l’État devait commander plus de produits culturels susceptibles de « préserver la mémoire historique, susciter la fierté nationale et la formation d’une société civile mature consciente du rôle qu’elle a à jouer dans son développement et sa prospérité ».

    Selon la vision conservatrice du gouvernement, la Russie aurait été tout au long de son histoire encerclée par des ennemis déterminés à la détruire. Cette volonté de démantèlement de la Russie aurait culminé avec la Seconde Guerre mondiale, laquelle est largement ramenée, dans le récit déployé par les autorités russes, au triomphe de l’URSS sur le nazisme allemand, triomphe dont la Russie actuelle serait la seule héritière .

    L’art et l’éducation doivent donc inculquer aux jeunes cette idée que la Russie d’aujourd’hui est avant tout le pays qui a sauvé le monde du nazisme en un effort héroïque dont aucun aspect ne saurait être remis en question. Les évocations de faits historiques susceptibles d’assombrir cette vision irénique (rappel du pacte Molotov-Ribbentrop, des erreurs des dirigeants, de la quantité colossale des pertes humaines dont une partie au moins aurait probablement pu être évitée, etc.) sont considérées comme des falsifications de l’histoire et sont poursuivies en vertu de la loi fédérale n°278-FZ du 01.07.2021 Sur les modifications de la loi fédérale « Sur la commémoration de la victoire du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 ».

    « L’Arbre de Noël d’armoise »

    Les mésaventures que subit actuellement le roman d’Olga Kolpakova L’Arbre de Noël d’armoise illustrent parfaitement les conséquences du durcissement du régime sur ces questions.

    Le livre, sorti en 2014 chez la maison d’édition Kompas Guide , a remporté en 2019 le prix Piotr Erchov, attribué à des ouvrages destinés à la jeunesse, dans la catégorie « meilleure œuvre patriotique pour la jeunesse ».

    Cependant, à l’été 2022, le département de politique intérieure de la région de Sverdlovsk (Oural) a donné aux bibliothèques la consigne orale de retirer le livre du libre-accès . Les bibliothèques ne peuvent plus prêter ce livre aux mineurs, ni l’utiliser dans leurs manifestations à destination du jeune public. Comment un livre jusque là salué par les enseignants et les fonctionnaires a-t-il pu faire l’objet d’une telle interdiction ?

    La protagoniste du roman, qui se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, est une fillette de cinq ans, Marihe, du diminutif allemand Mariechen (petite Marie). Elle vit près de Rostov-sur-le-Don avec sa famille qui parle allemand et ne connaît que quelques rudiments de russe car elle appartient au groupe des Allemands de Russie .

    De même que les Allemands de la Volga , dont le sort tragique est plus connu, ces Soviétiques descendent des populations germaniques installées dans l’Empire de Russie dans la seconde moitié du XVIII e siècle. Catherine II les avait invitées pour peupler et cultiver les terres nouvellement rattachées à l’Empire de Russie dans les régions de la Volga, du sud de la Russie et de l’est de l’Ukraine actuelles. Dans les quelque 150 années suivantes, il n’y a pas eu, les concernant, de politique de russification ni d’assimilation massive. Les communautés allemandes formaient des villages entiers. La pénétration de la langue russe s’est faite de manière hétérogène, au gré des trajectoires sociales. La différence de religion a joué un rôle, limitant les mariages interconfessionnels dans lesquels le russe aurait pu devenir la langue commune. L’école n’a pas non plus pu imposer la langue russe puisqu’elle n’était pas obligatoire.

    En 1941, lorsque l’avancée des troupes nazies menace ces régions, les hommes valides sont envoyés au front et leurs familles, dont celle de Marihe, sont déportées en Oural et en Sibérie.

    La narration est menée du point de vue de la fillette. Ainsi, l’auteure décrit les événements historiques des années 1941-1942 tels qu’ils ont pu être perçus par un jeune enfant. Ce texte écrit « en se mettant à genoux », selon l’expression d’ Erich Kästner , ce regard enfantin, construit une voix narrative sincère et chargée d’émotions exprimant une nette position antifasciste.

    Kolpakova puise aussi dans la tradition littéraire des XIX e et XX e siècles pour décrire l’enfance malheureuse de Marihe. L’intrigue reprend les événements majeurs de cette représentation : la séparation avec un des parents, l’errance, la vie chez des étrangers, la mort d’un proche (frère, sœur, mère ou père), l’éloignement puis la rencontre fortuite avec des amis ou des parents, la faim, le dénuement, la maladie, l’aide providentielle d’étrangers, le travail physique éprouvant…

    La fillette décrit ainsi la faim :

    Au printemps, ma grand-mère s’est mise à faire de la soupe avec des orties, des pissenlits et de l’aneth. Parfois, Lilia allait chercher de l’oseille dans la montagne. De l’eau et des orties, ce n’est vraiment pas bon, surtout sans sel ni pommes de terre. Je pleurais, je ne voulais pas manger cette mixture.

    Ces privations matérielles sont présentées comme des épreuves qui font grandir.

    Le regard naïf porté par Marihe sur le contexte politique est contrebalancé par la prise de position tranchée de l’auteur contre le fascisme. L’enfant donne sa tonalité éthique au récit :

    « Dans toute nation, il y a des gentils et des méchants, des personnes bonnes et mauvaises, cupides et généreuses. Ceux qu’on appelait désormais « nazis”, c’étaient les Allemands méchants. Voilà ce que papa avait dit. »

    Censure et harcèlement

    Mais en juin 2022, dans le cadre de ses charges administratives, Ivan Popp, maître de conférences à l’Université pédagogique de l’Oural, expertise le livre à la demande du gouvernement de la région de Sverdlovsk.

    Selon ses conclusions , le roman « déforme les faits historiques, spécule et invente des légendes » et « suivant la tendance libérale européenne, compare l’Union soviétique avec l’Allemagne fasciste […], falsifie les faits historiques et discrédite les dirigeants et l’histoire » russes. Svetlana Outchaïkina, ministre de la Culture de la région de Sverdlovsk, s’est appuyée sur cette analyse pour exiger, à travers une circulaire confidentielle , le retrait du livre des bibliothèques pour enfants.

    À la mi-juillet 2022, Olga Kolpakova met en ligne le texte de Popp et rapporte des cas de retrait de l’ouvrage du libre accès de certaines bibliothèques. Cette annonce émeut les écrivains pour la jeunesse et les spécialistes de la lecture enfantine qui publient sur les réseaux sociaux des textes soutenant le roman et critiquant l’analyse qu’en a faite Popp , et qui continuent de relayer les annonces relatives à sa situation. Des écrivains ont aussi lancé un mouvement pour soutenir financièrement l’auteur et son éditeur. Le Moskauer Deutsche Zeitung , revue bihebdomadaire rédigée en allemand et russe, a pris position en faveur du livre et des écrivains pour enfants ont écrit au gouvernement de la région de Sverdlovsk pour défendre l’ouvrage et son auteure. Evguéni Roïzman, ancien maire d’Ekaterinbourg (la plus grande ville de l’Oural) aujourd’hui prisonnier politique , a également soutenu le livre. L’éditeur a demandé à l’Institut de littérature de l’Académie des sciences russe, la Maison Pouchkine, de procéder à une analyse littéraire du roman.

    Ce rapport d’expertise , rédigé par le Centre de recherche sur la littérature pour enfants, souligne la qualité littéraire et didactique du roman de Kolpakova. Après l’avoir lu, le gouverneur de la région de Sverdlovsk, Evguéni Kouïvachev, a déclaré en août 2022 que l’interdiction du livre était inadmissible.

    Aucune décision officielle n’a suivi, si bien que les bibliothèques continuent de retirer le roman de leurs rayons .

    Malgré la chape de plomb qui pèse sur la Russie aujourd’hui, ce soutien multiforme, y compris de la part d’un responsable haut placé comme Kouïvachev, montre qu’il existe quand même encore un petit espace de débat dans la Russie d’aujourd’hui. Pour autant, à l’instar du sort réservé au livre Un Été en cravate de pionnier , d’Elena Silvanova et Katerina Malisova, faisant l’objet de poursuites pour propagande LGBT+ , la censure de L’Arbre de Noël d’armoise fait peser de sérieuses inquiétudes sur le climat intellectuel dans lequel grandissent les enfants russes. Cet épisode révèle des mécanismes de contrôle des esprits dont l’impact sur la société russe risque de se faire sentir encore longtemps. The Conversation

    Laure Thibonnier-Limpek , Enseignant-Chercheur à l’Institut des Langues et Cultures d’Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie (ILCEA4), membre du Centre d’Etudes Slaves Contemporaines, Université Grenoble Alpes (UGA) et Svetlana Maslinskaia , Professeur de littérature russe invitée à l’ILCEA, Université Grenoble Alpes (UGA)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

    The Conversation

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      Vive les réseaux sociaux ! Comment TikTok fait lire les ados

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 29 January, 2023 - 03:40 · 6 minutes

    C’est entendu, TikTok est un fléau social. Il est addictif et abrutit les ados avec ses contenus débiles et ses algorithmes vicieux. Il conduit à leur isolement social. Il est une fabrique de crétins digitaux. Mais est-ce si vrai ? Je l’ai longtemps pensé mais j’ai changé d’avis. En fait, TikTok fait lire les ados.

    Voici pourquoi, et pourquoi c’est important.

    C’est l’histoire d’une jeune lectrice de 10 ans. Elle aime Harry Potter qu’elle dévore épisode après épisode. Puis un jour, pour son anniversaire, on lui offre le téléphone mobile qu’elle voulait tant. Et la lecture s’arrête instantanément. Au beau milieu d’un épisode, le marque-page est encore bien en place.

    Plus un livre, rien. « Lire ça m’ennuie, rétorque-t-elle » lorsqu’on lui demande ce qui s’est passé. Et pourtant l’histoire ne s’arrête pas là. Un jour, cinq ans plus tard, elle vient voir son père et lui demande s’il peut lui acheter L’Étranger , d’ Albert Camus . Comme ça, surgi de nulle part. Et le père de s’exécuter sans poser de question. Puis d’autres demandes suivent. Les ouvrages sont divers : des classiques, des livres de bien-être, de nutrition mais aussi des romans tirés de séries télé, dont certains en anglais. Mais plutôt de très bonne tenue dans l’ensemble. La jeune fille s’est remise à lire goulûment. Que s’est-il passé ?

    En un mot : TikTok. Pour ceux qui ne le connaissent pas, TikTok est une espèce de mini Youtube, permettant à ses abonnés, généralement des ados, de produire facilement des vidéos très courtes accompagnées de musique. La plateforme a été créée en Chine par ByteDanse. Elle compte environ 500 millions d’utilisateurs actifs mensuellement. La plupart des vidéos sont assez pauvres (mon chat saute dans mon lit !) mais certaines sont très sophistiquées. TikTok, c’est l’art de faire percutant en un maximum de 180 secondes. Avec le développement du service depuis 2016, de nouvelles catégories sont créées, et notamment… les revues de livres ! Et oui, les ados créent des vidéos dans lesquelles ils présentent les livres qu’ils lisent à d’autres ados. Résultat ? Quelqu’un parle leur langage, a leur âge et est donc crédible. Si une vidéo leur plaît, ils veulent lire le livre.

    TikTok fait lire les ados

    Et c’est ainsi que Tiktok fait mentir tous les pessimistes et les professeurs de morale grincheux.

    Car que n’entend-on pas sur lui ! Quand ils sont sur Tiktok, les ados ne lisent pas ! C’est une fabrique de crétins ! Il est addictif ! Il isole les jeunes qui n’ont plus de liens sociaux. Ou pire encore : c’est un agent de subversion du gouvernement chinois !

    Peut-être mais ce n’est pas aussi simple. Ainsi dire que quand les ados sont sur TikTok, ils ne lisent pas est une évidence rhétorique – on ne peut pas faire les deux à la fois – mais rien de plus. Elle suppose que s’il n’y avait pas Tiktok, ils se précipiteraient à la bibliothèque. Qui peut le croire ? La réalité c’est qu’ils feraient autre chose, qui serait tout aussi condamné par la morale : sortir dans la rue, jouer au tarot, fumer, etc. Il n’y a absolument aucune étude qui montre que Tiktok et la lecture sont substituables. Beaucoup de ceux qui passent leur temps sur les réseaux sociaux ne liraient pas de toute façon.

    Mais cela va plus loin car en fait, réseaux sociaux et lecture des ados ne s’opposent pas : un article récent du journal Le Monde observait que les ados passent de plus en plus de temps sur écran mais ne lisent pas moins pour autant. En véritables innovateurs, ils réinventent les usages de la lecture avec les nouveaux médias. Bien plus : FranceTV rapportait récemment que « TikTok est devenu une machine à faire lire les ados » et prend désormais une place importante dans la stratégie des éditeurs. Il est grand temps que nous révisions notre opinion de TikTok et des réseaux sociaux.

    Toutes les technologies ont été accusées de corrompre la jeunesse

    L’hostilité à TikTok n’est pas surprenante. Cela fait plus d’un siècle que chaque nouvelle technologie est accusée de corrompre la jeunesse et de fabriquer des crétins. La lecture des romans a été traitée de « maladie » et accusée d’isoler les enfants socialement. La radio était accusée de les empêcher de faire leurs devoirs. Un journal signalait que les jeunes filles du collège Wellesley aux États-Unis étaient « accros aux télégrammes ». L’usage de la bicyclette était considéré comme dangereux pour la santé psychologique par les médecins.

    La radio, elle encore, était accusée de tuer la musique et le métier de musicien. Le patin à roulettes était accusé d’entraîner une déformation des jambes, d’empêcher la croissance et surtout de réduire la présence à l’église. Les premiers utilisateurs de la Camera obscura (appareil photo) étaient accusés d’être juste des fainéants qui ne prenaient pas le temps d’apprendre à faire « du vrai art ».

    Plus récemment, dès leur émergence, les jeux-vidéo et Internet ont été accusés de promouvoir la violence. Ce fut le cas notamment pour la tuerie de masse à Colombine en 1999 au cours de laquelle 12 élèves et un professeur ont été tués par deux élèves. Dans une contre-enquête, le réalisateur Michael Moore a pourtant montré qu’avant leur acte, les deux élèves avaient joué… au bowling ! D’ailleurs les tueries de masse existent aux États-Unis depuis plus d’un siècle. On pourrait continuer durant des pages et des pages jusqu’à ChatGPT accusé, devinez quoi… de fabriquer des crétins.

    Prendre chaque nouvelle technologie au sérieux

    Le message ici n’est pas celui d’une admiration béate de la technologie.

    Chacune a ses avantages et ses inconvénients et il en va de même pour TikTok. Chacune peut être utilisée pour faire le bien comme le mal. Chacune se développe dans un contexte culturel et social qui génère des usages surprenants et inattendus, certains souhaitables et d’autres moins. Le message est plus simplement que nous devons prendre chaque nouvelle technologie au sérieux. Et la meilleure façon de le faire est de se garder de tout jugement moral a priori car nous jugeons souvent le nouveau à l’aune du passé. En outre, le jugement moral tend à être systématiquement négatif : il accentue le risque perçu et ignore le bénéfice potentiel plus difficile à imaginer. Le coût de ce pessimisme est important en opportunités perdues.

    Prendre une nouvelle technologie au sérieux, c’est d’abord s’y intéresser sincèrement, être au contact de ceux qui l’utilisent, jouer avec elle, et voir venir. C’est la meilleure façon de prendre conscience de son potentiel. Alors abandonnons nos postures morales, qui bien souvent ne font que traduire une paresse intellectuelle et un mépris aristocratique pour des pratiques jugées vulgaires et intéressons-nous sérieusement à ce qui intéresse nos enfants. Il se pourrait bien que nous y apprenions des choses passionnantes.

    Voir la publication originale de la recherche : The impact of digital media on children’s intelligence while controlling for genetic differences in cognition and socioeconomic background .

    La source pour de nombreux exemples de critique contre les nouvelles technologies est l’excellent site Pessimist archive .

    Sur le pessimisme et l’hostilité face à la technologie, lire mes articles précédents :

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      La Passeuse de Mots : à la découverte de la saga fantasy phénomène

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Thursday, 1 December, 2022 - 10:30

    passeuse-de-mots-saga-litteraire-158x105.jpg Passeuse de Mots

    La Passeuse de Mots revient pour un troisième tome chez Hachette Romans. Nous avons rencontré Alric et Jennifer Twice, lauréats du prix Babelio et auteurs de ce nouveau succès du rayon jeune adulte.

    La Passeuse de Mots : à la découverte de la saga fantasy phénomène

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      Maroc : le marketing au service des jeunes diplômés contre le chômage

      Kaoutar Zaidane · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 1 December, 2022 - 03:40 · 4 minutes

    Selon le Haut-Commissariat au plan marocain, « entre le troisième trimestre de 2021 et celui de 2022, avec une création de 136 000 postes en milieu urbain et une perte de 194 000 en milieu rural, l’économie nationale a perdu 58 000 postes d’emploi au niveau  national » et le taux de chômage a atteint au troisième trimestre de l’année 2021 12,3 % au niveau national,

    Effrayant et réel, les jeunes Marocains ont du mal à décrocher un emploi. Chaque entreprise publique ou privée voulant conjuguer croissance et bénéfice passant par la conception d’offres de produits (ou services) en fonction des attentes des consommateurs doit impérativement commencer par des études de marchés pointues lui permettant de mieux cerner le besoin des consommateurs potentiels.

    Découper le marché en des groupes homogènes sur la base d’un ensemble de critères (sociodémographiques, psychologiques, comportementaux…) est la deuxième étape connue sous l’appellation de segmentation. Cette dernière ouvre le bal pour le ciblage qui consiste à choisir le ou les segments sur lesquels l’entreprise sera la plus compétitive, pour enfin déterminer sa position dans l’esprit des consommateurs, choisir un positionnement adéquat à la vision stratégique de l’entreprise.

    La phase de réflexion vient d’être achevée et l’entreprise devra passer à l’action.

    Le marketing mix (ou 4P) devra prendre place : l’organisation détermine les caractéristiques spécifiques du produit (ou service) offert, tranche pour le prix, choisit la politique de communication la plus adaptée à la nature de l’offre et enfin distribue son produit pour une meilleure couverture du marché.

    Nous avons maintenant un aperçu de la démarche suivie par les entreprises avant de voir le jour et lancer des appels de recrutement.

    Fraîchement diplômé ? Vous n’arrêterez pas d’entendre la fameuse question :

    « Khdmti wla mazal ? » (as-tu trouvé un poste ou pas encore ?)

    Et si vous répondez par non, la société vous aide à trouver des excuses : nous sommes en pleine crise ;  les offres d’emploi sont limitées ; si vous n’avez pas de piston vous n’obtiendrez jamais d’un job digne de votre niveau académique et intellectuel.

    Vous confirmez ? Secouez-vous et pensez-y encore une fois. Vous êtes capables d’être parmi les meilleurs. Vous saurez décrocher l’une des offres d’emploi plus en plus nombreuses. Vous devriez vous convaincre que si vous ne trouvez pas un emploi ce n’est pas intégralement à cause de la crise financière mais plutôt à celle des profils.

    Êtes-vous déjà remis en question ? Avez-vous une idée claire sur ce que vous voulez réellement ? En avez-vous les acquis demandés ?

    Que font les entreprises pour vous faire une place sur le marché ?

    Ne croyez-vous pas que je, vous, ils, sommes des produits (compétences) à vendre ? Nous nous vendons à une entreprise ayant des attentes et besoins spécifiques que nous devrions satisfaire (vous êtes la solution).

    Propulsons les étapes du marketing dans notre quête d’ emploi . Vous verrez, c’est magique mais vous trouverez que c’est efficace.

    Vous ne pouvez pas être recruté sans avoir exploré les tendances du marché de l’emploi, les entreprises opérant dans le secteur de votre spécialité, les évolutions du métier recherché…

    L’évidence dit qu’il faut commencer par une étude de marché. Puis il faut que vous découpiez l’ensemble de ces entreprises en petits groupes en prenant par exemple le domaine d’activité, le chiffre d’affaires, la présence à l’international comme critères de  segmentation. Vous avez maintenant une vision de plus en plus claire de là où vous voulez travailler, il faut donc cibler les entreprises qui vous font le plus vibrer. En dernier lieu, de cette phase invisible, vous devriez déterminer la position que vous voulez détenir dans l’esprit de votre recruteur (par exemple je veux qu’il pense à moi à chaque fois qu’il évoque le dynamisme).

    Vous êtes désormais prêts à passer à l’action. Vous avez entre les mains toutes les données permettant d’intégrer le monde de l’entreprise.

    Comme évoqué plus haut tout en restant fidèle à la démarche marketing suivie par les entreprises, il faut parler du mix marketing. Il s’agit d’abord du produit qui est vous-même : vous devriez donc vous connaître avant de vous vendre. Se remettre en question, connaître ses points forts, ses lacunes, ses ambitions ainsi que son projet professionnel, tel est la clé du succès dans sa quête de travail.

    Vous devriez en suite connaître votre propre valeur et réussir à négocier votre salaire qui constituera votre prix sur le marché de l’emploi.

    Personne ne peut nier qu’actuellement, le monde est connecté à internet et nous avons tous au moins un compte sur les réseaux sociaux. Il faut en profiter et se faire une e-notoriété qui incitera les entreprises à vous contacter. Faites-vous de la publicité en répondant présent sur les sites d’embauche (Rekrute.ma, dreamjob.com… la liste est longue)

    Enfin soyez mobiles et distribuez-vous partout, soyez prêts à vous être disponibles pour toute proposition d’entretien ; ceci vous aidera à vous y habituer et à vaincre votre stress.

    Je conclue mon article en attirant votre attention sur le fait que si vous vous organisez et que vous suiviez ces étapes vous aurez toujours votre piston sur vous, c’est désormais vous. Je vous souhaite à tous bonne chance.

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