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      France, patrie des droits de l’Homme : la fin d’un mythe

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 27 January, 2021 - 04:30 · 7 minutes

    France

    Par Patrick de Casanove.

    Avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 , la France est devenue la patrie des droits de l’Homme, au premier rang desquels figure la liberté. La France aujourd’hui s’emploie à les réduire à néant.

    Bien sûr, les politiciens continuent de brandir l’étendard de la liberté. Il suffit de lire le début du tweet d’Emmanuel Macron du 25 octobre 2020 : « La liberté, nous la chérissons »

    Il n’empêche.

    Le gouvernement français détruit la liberté avec application et ténacité. Bien qu’ayant dû retirer, sous la pression, son projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires déposé le 21 décembre 2020 il n’a pas dévié d’un pouce dans sa politique liberticide.

    Chassé par la porte il revient par la fenêtre

    Le 20 janvier 2021, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi du gouvernement consistant à « prolonger jusqu’au 1er juin 2021 au plus tard l’application de l’état d’urgence sanitaire en cours. […] Sont enfin reportées au 31 décembre 2021 : la caducité des dispositions du code de la santé publique organisant le régime d’état d’urgence sanitaire. […] la fin du cadre législatif concernant SI-DEP et Contact Covid. »

    L’Assemblée nationale, et plus généralement le Parlement, ne constitue pas une protection pour les Français qu’elle est supposée représenter. Elle n’offre aucune résistance à l’anéantissement de la liberté. Sous la Cinquième République, c’est une instance d’enregistrement des décisions de l’exécutif.

    Un degré de plus a été franchi le 20 janvier. La chambre des députés a de facto acté sa déchéance initiée en mars avec le vote de l’état d’urgence sanitaire .

    Le législatif s’efface au profit de l’exécutif réduit à un seul homme appuyé par différentes instances : Conseil scientifique , Conseil de défense, Comité analyse, recherche et expertise . Ces instances non élues n’ont de comptes à rendre à personne.

    Tout ce beau monde est irresponsable puisque le destinataire de ces conseils, le président de la République seul décisionnaire, est irresponsable , sauf devant la Haute Cour et bien entendu les électeurs. Cette responsabilité devant le peuple est un leurre. Ce n’est que la loi de la majorité… électorale.

    Quant au judiciaire, il veille à ce que les lois et règlements prévus soient appliqués et à éventuellement à sanctionner s’ils ne le sont pas. Que ces lois soient justes ou perverties n’est pas de son ressort. Ce n’est pas du ressort non plus du Conseil d’État , ni du Conseil Constitutionnel .

    « Il est tellement de la nature de la loi de faire régner la justice, que loi et justice, c’est tout un, dans l’esprit des masses. Nous avons tous une forte disposition à regarder ce qui est légal comme légitime, à ce point qu’il y en a beaucoup qui font découler faussement toute justice de la Loi. Il suffit donc que la Loi ordonne et consacre la Spoliation pour que la spoliation semble juste et sacrée à beaucoup de consciences. » Frédéric Bastiat, La Loi (1850)

    France : la démocratie bafouée

    Les Français contemporains sont attachés au mot démocratie ou République qui, pour eux, sont synonymes de liberté. Les personnes amoureuses de la liberté savent que ce n’est pas le cas.

    « La propriété, le droit de jouir du fruit de son travail, le droit de travailler, de se développer, d’exercer ses facultés, comme on l’entend, sans que l’État intervienne autrement que par son action protectrice, c’est la liberté » Frédéric Bastiat, Propriété et loi (1848)

    Mais aujourd’hui passons.

    L’article 4 de la Constitution de 1958 , énonce que les partis et groupements politiques doivent respecter les principes de la démocratie.

    L’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 , reprise dans le préambule de la Constitution, précise :

    Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

    Or les politiciens attentent aux droits naturels et imprescriptibles de l’Homme et ne respectent pas la démocratie dans ses principes fondamentaux : liberté des individus, séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Cela s’apparente à une forfaiture dans le sens où ils violent les devoirs de leur charge.

    L’article 5 de la Constitution énonce :

    Le Président de la République veille au respect de la Constitution.

    Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a hiatus entre la théorie et la pratique.

    La démocratie ne se réduit pas à des lois votées, en France par des Assemblées élues. Elle est aussi un principe, tout comme la liberté. Il ne faut pas reculer sur des principes ; sachant que reculer peut arriver n’importe où, même dans des pays aussi libres que la Suisse.

    Qui veut noyer son chien fait en sorte qu’il contracte la rage

    Le prétexte pour détruire la liberté est toujours le même et toujours aussi spécieux :

    « la circulation élevée de l’épidémie de Covid-19 et de la forte pression qu’elle engendre sur le système de santé […] Selon le gouvernement, […] il est nécessaire qu’il dispose pour plusieurs mois encore de prérogatives particulières pour répondre à la crise. »

    Nous l’avons déjà rappelé, l’État entretient la confusion entre la Covid et la crise dite du coronavirus.

    La Covid est une épidémie, ou des épidémies pour prendre en compte les variants. Elle ne justifie pas les mesures de coercition prise par l’État. Elle est peu mortelle quand elle est gérée médicalement avec tous les moyens à disposition, en particulier les traitements précoces. Elle ne l’a pas été en France où les médecins généralistes ont été mis de côté , voire poursuivis, et où des traitements ont été interdits. Maintenant, bien des médecins ont peur de traiter. Traiter ne fait d’ailleurs pas partie du triptyque de l’État qui est de « dépister, isoler, tracer . »

    La crise est engendrée par une décision politique. En France ce sont les Adresses aux Français des 12 et 16 mars 2020 et l’état d’urgence sanitaire du 23 mars 2020.

    Laisser les médecins traiter précocement aurait pourtant permis d’éviter une surcharge des hôpitaux et des services de réanimation.

    Remettre le nombre des services de réanimation au niveau de l’épidémie aurait été possible depuis des mois que dure le problème.

    Créer une réserve en cas de catastrophe aurait aussi été possible.

    Tout cela aurait coûté bien moins cher, en moyens matériels et humains , que les confinements, les couvre-feux, les restrictions de déplacements, les fermetures administratives etc. Cela aurait fait baisser la pression sur le système de santé. Cela aurait épargné des vies et évité la ruine du pays.

    Cela n’a pas été fait. Il faut que ce point faible du système de santé persiste parce que l’État en a besoin. Il a besoin de la pénurie, il a besoin de la peur , pour étendre son pouvoir et restreindre les libertés.

    L’État préfère enfermer plutôt que traiter en France

    En vérité, l’État français demande les pleins pouvoirs et l’abolition des libertés individuelles pour faire face à une épidémie, alors qu’il l’a très mal prise en charge et aggravée en prenant, en mars 2020, des mesures liberticides, politiques et non pas médicales et mettre fin à une crise qu’il a lui même provoquée.

    Malheureusement tout plie devant l’autorité centrale. Un régime au pouvoir sans limite, qui gouverne par la peur et le mensonge est un régime totalitaire. Un gouvernement qui détruit les libertés, fut-ce légalement, est totalitaire.

    Le mythe de la France patrie des droits de l’Homme, mis à mal depuis déjà plusieurs années, est mort. La question qui se pose maintenant est de savoir ce que va devenir la France ? Puisque cette politique va se poursuivre, avec bientôt un troisième confinement… en attendant la suite.

    « La seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien » – citation attribuée à Burke.

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      Crise sanitaire : l’État est en train d’assassiner le pays

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 13 November, 2020 - 04:45 · 8 minutes

    crise

    Par Patrick de Casanove.

    Il est faux de croire que le gouvernement encaisse une crise planétaire d’ampleur inédite. Il a créé cette crise . Le fait que d’autres gouvernements occidentaux en aient fait autant n’est pas une excuse. C’est un comportement moutonnier caractéristique d’une absence de caractère et de charpente intellectuelle solide.

    Une épidémie prise en charge différemment

    La différence essentielle entre la Covid-19 et les autres épidémies auxquelles nous avons fait face depuis le XXe siècle, pour nous limiter à une période récente, est que cette fois, c’est l’État qui a pris la main et l’a gardée.

    C’est très grave parce que la prise en charge de l’infection a quitté le domaine de la médecine pour celui de la politique. Elle a abandonné le domaine de la science pour celui de la pensée magique .

    La pensée magique c’est l’irrationnel. La France nage dans l’irrationnel. Les Français se désespèrent des incohérences du gouvernement , tant au niveau des consignes purement sanitaires que de celles qui régissent le confinement. Ils sont bien en peine d’y trouver le moindre bon sens. Certes, il y a des bonnes intentions. L’enfer en est pavé. D’ailleurs beaucoup de Français vivent un enfer.

    L’État a commencé à intervenir de manière significative dans la prise en charge d’une épidémie lors de la grippe A H1N1 de 2009. Roselyne Bachelot avait inventé les « vaccinodromes soviétiformes » et écarté les médecins généralistes de la vaccination. Le résultat, pas brillant, fut un énorme gaspillage, une immense défiance vis-à-vis des vaccins et une très mauvaise couverture vaccinale.

    Cela dit, malgré cette entorse partielle en 2009, pour toutes les épidémies précédant la Covid-19, le premier choc a été encaissé par les médecins généralistes. Tout permet de croire aujourd’hui que la Covid est une pathologie du domaine des médecins généralistes, comme bien des maladies infectieuses.

    Or depuis longtemps l’État a le plus grand mépris pour ces praticiens . C’est pourquoi il les a totalement court-circuités dans la prise en charge de l’infection à SARS-coV2, avec les résultats désastreux que l’on connaît.

    En résumé, il a achevé l’œuvre commencée avec les ordonnances de 1945 . Il a complètement retiré aux Français la responsabilité de leur santé.

    « Ce n’est jamais sans créer pour l’avenir de grands dangers et de grandes difficultés qu’on soustrait l’individu aux conséquences de ses propres actes ». — Frédéric Bastiat, Des Salaires (1850)

    « Ce n’est pas un moindre inconvénient à eux de détruire le principe de la responsabilité ou du moins de la déplacer. La responsabilité ! Mais c’est tout pour l’homme : c’est son moteur, son professeur, son rémunérateur et son vengeur. Sans elle, l’homme n’a plus de libre arbitre, il n’est plus perfectible, il n’est plus un être moral, il n’apprend rien, il n’est rien. Il tombe dans l’inertie, et ne compte plus que comme une unité dans un troupeau. » — Frédéric Bastiat, Services privés, service public (1850)

    L’État ne sait pas gérer

    Parce qu’il se prive d’informations

    Il se prive de l’information des prix qui renseigne sur l’offre et la demande , sur les besoins et leurs satisfactions.

    Le résultat est la pénurie : de tests, de masques et de gel hydroalcoolique au début de l’épidémie. Macron s’est vanté que la France réalisait 1,9 million de tests par semaine comme pour exorciser la pénurie du début d’année.

    Ces pénuries de médecins, d’infirmières, de lits existent depuis des années mais sont gravissimes en cette période. À cause de la pénurie, l’État rationne les soins, il trie. Ce fait, occulté avant la crise, est flagrant aujourd’hui. La crise met en exergue les faiblesses du système de soins français .

    L’État ne peut pas appréhender les milliards d’informations que des milliards de personnes échangent à chaque instant sur Terre. Donc il sélectionne, il se focalise sur un seul élément.

    « Le confinement dur ou souple est le seul moyen pour venir à bout de l’épidémie à SARS-coV2. »

    Le confinement est inefficace . Il n’a rien de médical même si des médecins le réclament ; ils sont des êtres humains, eux aussi s’y perdent et peuvent avoir peur. Traiter les patients en début d’infection ne fait pas partie de ce que retient l’État.

    Pire, il a interdit aux médecins d’utiliser l’hydroxychloroquine en phase précoce. Pourtant c’est efficace (voir infra) mais ça ruine sa théorie de « l’épidémie gravissime que l’Humanité n’a jamais connue et dont seul l’État peut nous sauver ».

    Cela ruine aussi la source de son pouvoir puisque il ne peut plus justifier l’ État d’urgence sanitaire. Ça donne un coup au capitalisme de connivence, ici certains laboratoires pharmaceutiques. Or, le capitalisme de connivence sait ne pas être ingrat envers ses serviteurs.

    Parce qu’il n’a pas le savoir-faire, ni la réactivité des acteurs de terrain

    Même épaulé par un Conseil scientifique et un Comité Analyse Recherche et Expertise .

    On ne fait pas d’un énarque, fut-il élu au suffrage universel, tout à la fois un médecin, un ingénieur, un paysan, un enseignant… on n’en fait rien d’autre qu’un énarque élu.

    Non, il n’est pas difficile de gouverner en ce moment.

    Ça l’est pour celui qui veut tout gérer . Ça l’est si l’on adopte une gestion totalement centralisée, lourde et administrative.

    Ça ne l’est pas si chacun reste dans son rôle. Les transmetteurs du savoir transmettent le savoir, les usines produisent, les services rendent des services, les paysans cultivent, les commerçants commercent, les étudiants étudient… les soignants soignent.

    L’État garantit les droits naturels de tout ce monde, point final. Il ne cultive pas à la place des paysans… il ne soigne pas à la place des soignants.

    « Si c’est un malheur que le sens de la responsabilité s’éteigne dans l’individu, c’en est un autre qu’elle se développe exagérément dans l’État. […] et quand l’État se charge de tout, il devient responsable de tout. Sous l’empire de ces arrangements artificiels, un peuple qui souffre ne peut s’en prendre qu’à son gouvernement ; et son seul remède comme sa seule politique est de le renverser. De là un inévitable enchaînement de révolutions. » — Frédéric Bastiat, Services privés service public (1850)

    Parce que son seul mode de gestion est la restriction des libertés

    L’État n’agit que par des règlements et des lois. Il fait croire que seuls les règlements et les lois peuvent régler les problèmes. Le bon sens dit que l’État ne peut pas résoudre les problèmes qu’il a engendrés.

    Chaque règlement, chaque loi est une coercition, une atteinte à la liberté . Quel que soit le problème, ici sanitaire, l’État, s’il s’en occupe, ne peut que restreindre la liberté des Français. La contrainte est minime quand l’État se limite à l’essentiel, qui est la protection des droits naturels individuels.

    Alors, les lois et règlements sont utilisés très parcimonieusement, très judicieusement et la main qui tient la plume est légère. Malheureusement ce n’est pas le cas, l’imagination coercitive de l’État est comme son imagination fiscale : sans limite !

    Avec cette gestion par réglementation, la responsabilité du désastre passe du gouvernement aux individus. L’État se défausse sur la société. Si l’épidémie progresse c’est parce que les Français ne respectent pas la réglementation imposée par le gouvernement qui fait le job. CQFD.

    Le plus désolant dans cette affaire c’est qu’une majorité de Français, médecins inclus, a fini par être convaincue par cette ineptie.

    Non, ce n’est pas la faute des mauvais Français si l’infection s’étend. Non, le gouvernement ne fait pas le job. Faire le job ce n’est pas pondre des règlements et des lois à n’en plus finir. Ce n’est pas enfermer les gens . Ce n’est pas exclure des solutions efficaces, simples et bon marché pour ne gérer que par la coercition et la contrainte.

    Ce n’est pas rouler dans la farine tous ces commerçants, artisans, entrepreneurs qui avaient scrupuleusement, à grands frais, respecté et fait respecter les gestes barrière, aménagé leurs locaux selon les directives sanitaires étatiques, pour pouvoir continuer à travailler, et qui doivent fermer. On remarquera que c’est le secteur marchand qui trinque. Or ce secteur est le seul qui crée des richesses, mesurées au travers du PIB marchand.

    Pour bien des gens, le gouvernement n’avait pas d’autre choix que d’attenter aux libertés. C’est faux. C’est l’État qui a créé la crise et qui s’est interdit tout autre choix. Peut-être par ignorance au départ, mais aujourd’hui par obstination coupable.

    Le résultat est le totalitarisme .

    « L’action gouvernementale se généralise par la contrainte. Elle invoque nécessairement le compelle intrare. Elle procède en vertu d’une loi, et il faut que tout le monde se soumette, car loi implique sanction. » — Frédéric Bastiat, Services privés, service public (1850)