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      Climat : n’enterrons pas trop vite les hautes capacités de l’esprit humain

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 15 December, 2022 - 04:40 · 6 minutes

    Je vous ai déjà parlé de mes conversations déprimantes sur le climat et la démocratie. En voici une troisième qui s’est tenue samedi dernier : mon interlocuteur, ingénieur, admet volontiers que la Terre a déjà connu des évolutions climatiques d’ampleur mais il considère que le contexte actuel des émissions anthropiques de CO 2 va provoquer un changement à la fois si dramatique et si rapide, plus rapide que jamais auparavant, que l’Homme sera incapable de mettre en œuvre son génie technologique dans les temps pour s’adapter à la nouvelle donne.

    D’où, hélas, la nécessité d’adopter au plus vite des mesures strictes de limitation des émissions de gaz à effet de serre ; d’où, hélas, la nécessité de rogner un peu sur les libertés publiques. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il en vient à juger souhaitable de revenir sur les acquis démocratiques des deux cent cinquante dernières années, mais nécessité fait loi. Quand l’avenir qui se profile à brève échéance est si sombre – guerres à répétition, migrations massives, luttes à mort pour l’eau et les autres ressources – il n’est plus temps de faire les délicats sur les libertés individuelles.

    L’espoir de la fusion thermonucléaire

    La conversation se porte alors sur l’énergie nucléaire et plus spécifiquement sur les espoirs qu’on peut mettre dans la fusion thermonucléaire – laquelle est l’objet de vastes travaux de recherches, notamment le programme international ITER de Cadarache en France et le programme américain du laboratoire national Lawrence Livermore basé en Californie.

    Le problème, me dit mon interlocuteur, c’est que pour l’instant, l’énergie consommée est supérieure à l’énergie produite. Gênant. De ce fait, il est exclu d’imaginer la moindre mise en œuvre concrète avant un siècle au moins, et encore, seulement si les recherches aboutissent et à ce moment-là, il sera trop tard.

    Coïncidence à peine croyable (qui a motivé cet article), trois jours après cette conversation, le laboratoire Livermore a annoncé avoir réussi à produire par fusion nucléaire expérimentale plus d’énergie qu’il n’en a consommé pour obtenir ce résultat :

    Excellente nouvelle, car la fusion nucléaire qui consiste à reproduire à notre échelle ce qui se passe au cœur du Soleil , possède de nombreux avantages appréciables par rapport à la technologie de la fission utilisée actuellement pour produire de l’électricité. Les déchets, peu nombreux, sont faiblement radioactifs ; pas de haute activité et vie longue (HAVL) parmi eux. Et surtout, du point de vue de la gestion des incidents, la fusion entraîne des réactions qui s’effondrent si elles ne sont pas entretenues, c’est-à-dire s’arrêtent net en cas de problème, au contraire de la fission qui peut devenir critique (et exploser).

    Oh, bien sûr, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Le rendement énergétique obtenu reste faible et rien ne permet pour l’instant d’envisager une application industrielle fiable et durable à court terme. De l’avis même des chercheurs du laboratoire Livermore, les défis à relever restent énormes. Première étape indispensable, reproduire l’expérience. À ce propos, il n’est pas interdit de penser que cette annonce a aussi pour objectif de relancer l’intérêt pour la fusion et de faire affluer en conséquence les financements nécessaires pour la suite.

    Mais est-il vraiment nécessaire de faire grise mine d’entrée de jeu ?

    À lire les comptes rendus de certains médias, on a la triste impression que cette avancée technique les dérange, à tel point qu’ils font tout pour en minimiser l’impact, histoire d’éteindre immédiatement tout espoir de trouver des solutions d’adaptation au changement climatique.

    On devine chez certains comme une sorte de joie maléfique à expliquer que « cette très vieille idée […] ne sera de toute façon pas mûre pour aider à lutter contre le réchauffement climatique » ;  ou ailleurs que « la perspective d’une centrale électrique dérivée d’un tel dispositif reste, elle, complètement fantasmatique » .

    Circulez, il n’y a rien à voir.

    Dans cet état d’esprit, tout se passe comme s’il existait un dogme infranchissable sur le réchauffement climatique : rien, jamais, ne nous permettra de nous adapter. La seule solution s’appelle décroissance à marche forcée impliquant limitation des déplacements, limitations de l’habitat, limitation des consommations agricoles, limitation des consommations industrielles, limitation démographique. Une pure perspective de pauvreté obligatoire , sans aucune liberté pour chercher à améliorer nos conditions de vie.

    Les prophètes de malheur s’en défendent mais l’aboutissement de leur pessimisme est invariablement un autoritarisme. Rappelons-nous par exemple ce que disait Aurélien Barrau , astrophysicien et star hexagonale du catastrophisme écologique au journal Le Point le 17 juin 2019 :

    J’exécrerais évidemment l’avènement d’une dictature mais si on continue à dire que chacun peut faire ce qu’il veut, on oublie le commun.

    Si cette phrase signifie quelque chose, c’est qu’il existerait des circonstances – gravissimes, bien sûr, et jamais vues depuis la nuit des temps, naturellement – qui pourraient justifier l’avènement d’une dictature.

    Or, il n’est qu’un seul ingrédient absolument indispensable au développement harmonieux de l’Homme dans la nature et cet ingrédient s’appelle liberté. Liberté d’inventer, de créer, d’imaginer et d’expérimenter à foison.

    Sur la fusion nucléaire comme sur de multiples autres sujets tels que la santé ou les déplacements, gardons l’esprit ouvert plutôt que de nous engouffrer tête baissée dans des décisions purement politiques qui reviennent à figer l’état de la science sans aucune base scientifique ou technologique (choix du tout-électrique en Europe, par exemple).

    La posture perpétuellement pessimiste n’est pas plus raisonnable que l’optimisme béat invétéré. Entre les deux, l’Homme a démontré depuis les débuts de son existence sur la Terre qu’il était largement doté d’un judicieux mélange de prudence nécessaire et d’audace indispensable pour s’adapter à son milieu et améliorer sa vie. Il a même montré depuis une bonne cinquantaine d’années qu’il était conscient des soins à apporter à son environnement.

    Aussi, n’enterrons pas trop vite les hautes capacités de l’esprit humain. Après tout, c’est bien un pas en avant qui vient d’être fait en fusion nucléaire.

    Pour plus d’informations sur la fusion nucléaire au cœur du Soleil, je suggère la lecture de Dans la courbure de l’univers (15 février 2016).

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      L’écologie contre la vie

      Bruno Lebeau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 6 December, 2022 - 04:10 · 6 minutes

    D’article en article sur Contrepoints , de nombreux auteurs ont largement argumenté sur les dérives de l’idéologie écologiste et comment elle dessine peu à peu les contours d’un avenir dystopique , comme on dit maintenant. Même aseptisé ce mot semble presque irréel, relevant d’un cinéma d’anticipation dont les cauchemars ne pourraient « bien évidemment » pas se réaliser, tentons-nous de nous convaincre pour nous rassurer.

    Dimanche, longeant la mer sur la Côte d’Azur, par une belle et plutôt douce journée automnale, je pensais à tout ce que les écologistes menaçaient dans leurs diatribes vindicatives.

    Quand l’écologie menace la vie

    Ils ne s’en prennent pas seulement au progrès technique, moteur de la croissance économique des entreprises, de l’emploi, du niveau de vie d’un pays. C’est à l’essence même de la vie.

    Des militants écologistes s’obstinent à vouloir dégrader l’art, saccager dans des raids menés dans les musées du monde entier comme sur les places publiques. Mélange de revendications fantaisistes contre le pétrole (comme si des œuvres de Léonard de Vinci ou de Van Gogh avaient quelque chose à y voir), et de wokisme ( statues couvertes de peinture quand elles ne sont pas purement et simplement déboulonnées comme aux États-Unis avec la complicité d’autorités municipales démocrates complaisantes).

    La nourriture et ce qui produit ce lien avec les autres, tels le barbecue du dimanche entre amis, sont devenus l’objet négatif de leurs fantasmes, auquel il faudrait mettre fin. Devrions-nous vraiment renoncer aux chipolatas et aux steaks pour ingurgiter des insectes, nouveau standard de la pensée inique qui s’est immiscée jusqu’au G20, bien que les convives étaient, eux, attablés autour de fruits de mer et de bœuf Angus de premier choix ? Il est vrai que ce qui « bon » pour le peuple l’est moins à la table des rois.

    De la créativité à la connaissance et la science, faudrait-il renoncer à Aristote, Descartes, Kant, au logos pour la logorrhée, au rationalisme pour des peurs irrationnelles, au langage pour la novlangue, à l’esprit critique pour l’idéologie, aux Lumières pour l’obscurantisme ? N’est-ce pas le dessein des écologistes que de tout ramener à la peur du ciel qui nous tombe sur la tête, menant leurs inquisitions contre toute forme de progrès technique et économique ?

    Le progrès technique est bénéfique pour tous

    Le progrès technique, la croissance économique, l’expansion de l’industrie dans la majeure partie du monde ont pourtant permis un progrès humain vertigineux depuis la première révolution industrielle au XIX e siècle. En 1800 la quasi totalité du milliard d’habitants vivait dans la pauvreté pour ne pas dire la misère. De 1988 à 2018, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a été divisé par 2,5 en passant de 1,7 milliard à 660 millions, selon un rapport de la banque mondiale ; soit 9 % de la population mondiale contre 34 % en 1988 ! Et ce alors que la population mondiale bondissait de 5,1 milliards à 7,6 dans la même période.

    Dans un article du New-York Times , Carl Zimmer relatait comment l’espérance de vie avait plus que doublé, passant de 30 ans en 1900 à plus de 70 ans en 2018. Plus précisément, de 1960 à 2018, l’espérance de vie est passée de 50,7 ans à 70,6 ans pour les hommes et de 54,6 à 75,1 ans pour les femmes, publiait le Statista Research Department dans un rapport du 30 août 2019.

    Et cette tendance est mondiale : ainsi en 1910 l’espérance de vie d’une Chilienne était de 33 années ; aujourd’hui elle dépasse 78 ans. En 1910, elle avait une probabilité sur trois de mourir avant l’âge de 5 ans ; aujourd’hui, moins d’une sur cinquante.

    La créativité, l’innovation dans tous les domaines de la science et des techniques, la croissance économique, l’industrialisation, ont permis de meilleurs accès à la santé, à l’éducation, à un meilleur niveau de vie, qui a profité à une immense partie de la population mondiale, notamment au cours du XX e siècle. Les progrès de la science ont été considérables, particulièrement en médecine mais ils ont aussi permis d’améliorer les conditions de travail, rendant celui-ci progressivement moins harassant et destructeur de la santé. Comment comparer le machiniste de la locomotive à vapeur de La bête humaine (1938) au pilotage de n’importe quel TER de nos jours ?

    Du train à la voiture, il est un dernier pas. L’automobile a été un progrès immense dans le monde entier. L’évolution des transports a été évidemment fondamentale pour le progrès économique et son extension dans le monde entier. Le camion est l’apanage de l’expansion des entreprises, de l’exploitation des ressources naturelles, l’outil essentiel des échanges commerciaux au moins dans leur dernière étape de distribution.

    Mais la voiture fut aussi l’incarnation d’un autre progrès humain primordial : la liberté de se déplacer rapidement et facilement à travers nos contrées dans tous les espaces habitables de la planète. Il n’est nul lieu, même le plus reculé, qu’on ne peut atteindre avec une voiture, même simplement adaptée aux chemins les plus escarpés et aux terres les plus isolées.

    Elle fut le moteur de toutes les mobilités ayant aussi contribué au développement économique de par le monde.

    L’automobile a permis la mobilité des travailleurs, mais au-delà elle fut aussi l’instrument de la liberté des Hommes. De la Nationale 7 aux virées du samedi soir, d’un week-end à Rome sur une musique ritale aux riders adeptes des grands espaces chevauchés sur la moto sa cousine, la voiture sera devenue plus qu’utilitaire, la compagne de nos vacances comme de nos virées romantiques et d’épopée fantastique le long de la route 66 comme de la croisière jaune en 1931, pari fou et tenu d’ André Citroën . Qui n’a pas frissonné un instant au vrombrissement du moteur, promesse d’un voyage ou d’un rendez-vous changeant une vie ?

    Symbole de la liberté individuelle, sacre de son avènement, la voiture n’est-elle pas encore le rite de passage à l’âge adulte et la liberté sitôt obtenu le précieux papier rose, passée l’adolescence ?

    Oui, c’est bien à tout cela, au progrès humain, à la liberté de chacun, que l’écologisme politique et sa vision totalitaire veut diriger les conduites individuelles, contraindre quiconque à la servitude d’États qui ont oublié les enseignements de John Stuart Mill et d’ Alexis de Tocqueville ; ce que le philosophe Français Paul Ricœur, appelait « le rique permanent de l’abus de pouvoir et de l’arbitraire ». Le principe même de l’État de droit n’est-il pas justement de garantir qu’obéir aux lois est précisément de s’émanciper pour ne plus servir des maîtres ?

    Car c’est bien là, aux fondements mêmes des Lumières , du principe de liberté individuelle, socle de la démocratie libérale, que s’attaque l’écologie. Il ne s’agit plus de s’amuser d’un éventuel retour à la lampe à huile, mais bien d’une guerre de civilisation que les écologistes mènent contre chacun d’entre nous. Il faut vaincre cette idéologie pour préserver notre principe le plus fondamental : le droit de vivre libre dans la dignité et avec l’objectif d’un progrès humain accessible à tous grâce à la croissance, l’élévation du niveau de vie et la liberté, autrement dit ce qui donne sens à la vie.

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      Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité

      Daniel Borrillo · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 2 November, 2022 - 04:30 · 6 minutes

    Le 2 novembre se célèbre la journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité.

    En réalité la périphrase désigne l’euthanasie ou le suicide assisté. Le climat politique illibéral dans lequel baigne la France rend difficile l’affirmation de choisir sa mort. Pourtant, la philosophie classique proposait une herméneutique de l’existence articulée autour de la mort.

    Pour Socrate, savoir vivre impliquait savoir mourir et la philosophie n’est autre chose qu’une « pratique de la mort » ( mélétè thanathou) : mourir dans le corps pour naître dans la pensée. La Grèce antique, qui n’avait pas peur de désigner clairement la réalité, voyait dans la kallos thanatos , la mort noble, un idéal de vie, tout comme les Romains : Bene autem mori est effugere male vivendi periculum (bien mourir, c’est échapper au danger de mal vivre), affirmait Sénèque : «  je choisis moi-même mon bateau quand je m’embarque et la maison où je vais habiter ; j’ai le même droit de choisir le genre de mort, par où je vais sortir de la vie » (Lettres à Lucillus).

    Qu’indique la pensée libérale sur le droit de mourir dans la dignité ?

    La pensée libérale reprend cette tradition en laissant l’individu libre de choisir sa mort . L’État est conçu comme une protection de l’individu contre autrui. John Stuart Mill affirmait que « en ce temps de progrès des affaires humaines , il faut que l’individu conteste les règles provenant de l’extérieur, se décide par lui-même, au point que personne n’est en droit de lui prescrire des normes, y compris pour l’empêcher de se faire tort à lui-même ». Chacun devant « poursuivre son propre bien selon sa propre voie », en se retenant de léser autrui, il en découle que « toute restriction en tant que telle est un mal » ( On Liberty , 1859).

    La tradition judéo-chrétienne refuse de voir une distinction entre euthanasie et homicide. Selon le catéchisme de l’Église catholique :

    « L’euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre. Elle est gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur ».

    Toutefois, depuis Pie XII l’acceptation, voire l’encouragement des soins palliatifs par l’Église est venue nuancer la condamnation théologique et donner une dimension compassionnelle à la question de la fin de vie. C’est dans cette tradition de commisération que furent adoptés en France les principaux textes depuis la circulaire du 26 août 1986 relative à « l’organisation des soins et à l’accompagnement des malades en phase terminale » et plus tard la loi du 9 juin 1999 « visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs » jusqu’à la loi du 2 février 2016 en passant par la loi Kouchner de 2002 et loi Leonetti de 2005 .

    Respecter la vie ou respecter la volonté de mourir

    L’esprit de tous ces textes pourrait se résumer comme suit : mieux vaut respecter la vie du patient plutôt que sa volonté de mourir.

    Il s’agit cependant de deux questions distinctes. En tant qu’actes médicaux visant à soulager la douleur, à apaiser la souffrance et à soutenir le malade et son entourage, les soins palliatifs constituent un droit nécessaire mais pas suffisant. La réalité démontre que le développement des soins palliatifs y compris la sédation profonde ne mettent pas fin à la demande sociale d’aide active à mourir. L’un n’exclut pas l’autre et seule l’euthanasie et surtout le suicide assisté (sans pressions ou influences externes) garantissent l’autodétermination et la souveraineté individuelles à condition que le patient puisse choisir également les soins palliatifs en toute liberté 1 .

    L’histoire juridique de la fin de vie en France montre bien que la question n’a jamais été traitée comme celle d’une liberté protégée par l’État mais comme d’un acte médical de compassion.

    C’est effectivement dans ce climat d’émotion populaire provoquée par certaines affaires très médiatisées (Chantal Sébire, Vincent Humbert, ou encore Vincent Lambert) que le politique a réagi en mobilisant son magistère d’experts agrées : Commission de réflexion sur la fin de vie , sous la direction du Pr Didier Sicard, avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir (avis n° 63 et n° 121) , Conférence de citoyens , Espaces régionaux de réflexion éthique , Rapport sur le débat public concernant la fin de vie du CCNE, État généraux de la bioéthique , etc.

    François Hollande avait même fait de « l’assistance médicalisée de la mort » une promesse électorale jamais tenue. Alors que 94 % des Français approuvent le recours à l’euthanasie et 89 % sont favorables au suicide assisté, alors que le président Macron s’est dit personnellement favorable à l’euthanasie et que le CCNE ouvre la voie à une aide active à mourir 2 , alors que nos voisins belges, suisses, italiens, luxembourgeois, espagnols, anglais, autrichiens disposent déjà du droit de l’aide médicale à mourir, la France peine à proposer un nouveau cadre légal et ceci malgré le fait que plusieurs parlementaires avaient déposé le 19 janvier 2021 une proposition de loi n° 3755 « visant à affirmer le libre choix de la fin de vie et à assurer un accès universel aux soins palliatifs en France », largement soutenue de manière transpartisane.

    Les bonnes intentions politiques et expertales relèvent plus du paternalisme et du dolorisme que de la recherche d’une solution émancipatrice respectueuse de l’autonomie du malade. L’État libéral est celui qui permet à l’individu de choisir librement et de manière éclairée (selon ses convictions personnelles, sa situation sanitaire, sa tolérance à la souffrance, sa perte d’autonomie, etc.) en garantissant son droit de mourir naturellement, d’accéder aux soins palliatifs à l’hôpital ou à domicile et à la sédation profonde, de laisser des directives anticipées pour organiser la fin de vie mais aussi de disposer d’une aide active à mourir sous toutes ses formes ou de la refuser. Seul l’individu sait ce qui est digne pour lui et aucune autorité, en dehors de celle de sa conscience, peut lui imposer de subir une souffrance considérée insupportable.

    1. Il faut distinguer l’aide médicale à mourir, appelée aussi euthanasie active , de la cessation de traitement qui entraîne la mort, connue comme euthanasie passive . La cessation de traitement découle du droit de chaque individu de consentir ou non à des soins. On parle de suicide assisté lorsqu’un médecin fournit les substances létales à une personne, qui se les administre elle-même. L’aide médicale à mourir se distingue de cette situation en ce que l’acte doit être posé par un médecin et dans des conditions établies strictement par la loi par exemple lorsque la personne se trouve dans l’incapacité physique ou psychologique de le faire alors qu’elle avait effectué une demande explicite.
    2. CCNE, Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité, avis n° 139, 13 septembre 2022.
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      Restrictions sanitaires : la France s’enlise, le Texas se libère

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 March, 2021 - 10:04 · 4 minutes

    Texas

    Par Frédéric Mas.

    Pendant que toute la France attend de l’intervention de Jean Castex prévue ce soir de nouvelles restrictions sanitaires liées à la crise covid , le Texas a décidé de les lever et de mettre fin au port du masque obligatoire.

    Le gouverneur de l’État américain Greg Abbott a en effet annoncé mardi que le Texas était de nouveau 100 % ouvert, et que « les gens et les entreprises n’ont plus besoin que l’État leur dise comment fonctionner » . Dès la semaine prochaine, les mesures seront effectives, et tous les commerces seront libres de rouvrir complètement.

    Dans les comtés 1 où le taux d’hospitalisation reste élevé, c’est-à-dire où le nombre de patients atteints du covid atteint 15 % de la capacité d’hospitalisation, les autorités locales auront le droit de limiter l’activité commerciale, à condition que le plafond ne soit pas inférieur à 50 %.

    Si le masque n’est plus obligatoire, cela ne signifie pas que M. Abbott l’estime inutile, bien au contraire. « Les individus sont fortement encouragés à se couvrir le visage lorsqu’il n’est pas possible de maintenir les distances sociales entre personnes ne faisant pas partie du même ménage » a-t-il déclaré. Les Texans n’encourent plus de poursuites en cas de non-port du masque. Désormais, c’est aux individus de prendre leurs propres dispositions pour se protéger de l’épidémie.

    L’opposition démocrate, Joe Biden en tête, a vertement critiqué l’initiative du républicain Abbott, et appelle à ignorer ses déclarations. « Les masques font la différence… La dernière chose dont nous avons besoin est une pensée de Néandertal » a même déclaré le président des États-Unis , transformant au passage les propos du gouverneur. Il faut croire que l’homme de Néandertal est plus respectueux des libertés individuelles et moins accoutumé au paternalisme étatique qu’Homo Sapiens Democratus.

    En Europe, on déconfine ou on se prépare à déconfiner. Angela Merkel a annoncé mercredi que l’Allemagne allait s’engager à assouplir les restrictions sanitaires par étapes. Le plan de déconfinement progressif se mettra en place d’ici le 8 mars prochain. Autour de nous, l’Espagne, l’Italie ou la Suisse rouvrent leurs secteurs fermés et revoient leurs mesures sanitaires.

    Alors que la campagne vaccinale française était censée nous laisser entrevoir le bout du tunnel, il y a quelques mois, le gouvernement, prisonnier de l’immobilisme du « en même temps » hésite entre reconfinement et statu quo .

    Ce mercredi, le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a déclaré à la sortie d’un conseil des ministres un hypothétique retour à la vie normale « mi-avril » , même si entretemps auront lieu « des semaines de gros temps » . Le couvre-feu dure depuis des mois, on reconfine le Pas-de-Calais, après Nice et Dunkerque, tout en épargnant Paris et sa proche banlieue, et cela malgré les messages de la mairie de Paris (qui a rétropédalé depuis et s’est lancée dans une campagne de communication tous azimuts pour dire tout et son contraire sur le sujet).

    La vaccination n’avance pas, les restrictions sanitaires sont toujours là, et l’épidémie demeure. Mais la France sera prête en avril, sans doute par l’opération du Saint Esprit.

    Depuis quelques semaines, le conseil scientifique de Macron s’est effacé. Quelques esprits de bon sens commencent à relativiser la pertinence du système de mesures prises pour justifier l’autoritarisme sanitaire triomphant qui est toujours en train de sacrifier nos libertés et notre jeunesse .

    La classe politique française semble avoir repris la main mais navigue à vue, ballottée entre les demandes de reconfinement comme de déconfinement. La campagne vaccinale continue de s’enliser dans les méandres bureaucratiques de notre modèle social franco-français, et le gouvernement n’a à ce jour aucun plan et aucun courage pour sortir le pays de la situation liberticide dans laquelle il est enlisé.

    Quelle différence avec le Texas, qui apparaît comme le contre-modèle français ! Le modèle texan repose sur la liberté individuelle et accepte la prise de risque, le modèle français vénère le collectivisme politique et a fait du principe de précaution sa religion séculière.

    1. L’État du Texas, qui compte 28 millions d’habitants, se subdivise en 254 comtés, équivalents de nos municipalités locales.
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      Larry Flynt : l’antidote contre la sexophobie

      Daniel Borrillo · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 13 February, 2021 - 04:40 · 4 minutes

    larry flynt

    Par Daniel Borillo.

    Larry Flynt nous a quittés et avec son départ l’Amérique perd l’un des plus grands défenseurs de la liberté d’expression mais aussi un redoutable homme d’affaires qui a fait fortune grâce à sa capacité de travail, son talent et son sens aigu du commerce.

    Connu surtout comme pornographe , il a combattu l’hypocrisie de la société américaine en engageant une lutte politique pour la liberté de caricaturer. Celle-ci l’a notamment mené en 1988 devant la Cour suprême contre le pasteur ultraconservateur Jerry Falwell pour l’avoir montré comme un ivrogne incestueux ou encore en critiquant fortement les médias américains qui ont refusé de publier les caricatures de Mahomet après les attentats de Paris en 2015.

    En France, le combat contre la liberté d’expression était jusqu’à récemment le monopole des associations religieuses. Il suffit pour ce faire de se souvenir de certaines affaires : la tentative de censure du film Je vous salue Marie de Godard en 1985, de La dernière tentation du Christ de Scorsese en 1988 ; ou les attaques à l’affiche du film Larry Flynt ; ou encore lorsque le tribunal de grande instance de Paris a donné raison à l’association Croyances et libertés (instrument de l’épiscopat) en ordonnant l’interdiction d’affichage d’une publicité pour une marque de vêtements mettant en scène sensuelle un groupe de femmes représentant La Cène de Léonard de Vinci.

    Une nouvelle forme de conservatisme contre la liberté d’expression

    Aujourd’hui, une nouvelle forme de conservatisme met en danger la liberté d’expression. En effet, depuis la fin des années 1970, le collectif américain Women Against Pornography demande l’interdiction de la pornographie au nom de la dignité et de l’égalité des femmes et quelques années plus tard, les principales figures féministes du collectif n’hésiteront pas à s’associer avec Ronald Reagan dans une croisade contre la pornographie en considérant cette pratique à l’origine des crimes sexuels et des comportements asociaux 1 .

    En France, à l’exception notable du Planning Familial, la majorité des associations féministes s’est mobilisée pour l’ abolition de la prostitution et la pénalisation des clients , cristallisée dans la loi de 2016.

    Les arguments du féminisme anti-libéral arrivent ainsi avec force en France également contre la pornographie. L’entreprise est d’autant plus redoutable que ce féminisme radical a permis de sortir les questions sexuelles du registre de la morale en fournissant des arguments considérés comme plus raisonnables surtout dans un État laïc. On est ainsi passé du harcèlement sexuel au harcèlement à la sexualité.

    C’est justement la sexualité telle qu’elle est et non pas telle elle devrait être qu’a voulu montrer Larry Flynt et, partant, il s’est attaqué au pouvoir au sens foucaldien du terme, c’est-à-dire non comme un instrument ou une propriété détenus par un appareil d’État ou par certains individus mais comme l’ensemble des relations stratégiques dont le but serait les actions sur les autres permettant ainsi de diriger et de modifier leurs conduites, ou encore de structurer leur champ d’actions possibles.

    Le pouvoir qui réprime la sexualité

    Pour cela, le pouvoir politique va s’imbriquer étroitement avec le savoir. Certes, le propre du pouvoir est de réprimer. Dans le domaine de la sexualité, il réprime le plaisir, les énergies inutiles, l’intensité des plaisirs, les conduites irrégulières.

    La pornographie est menacée et avec elle non seulement la liberté d’expression mais aussi le respect de la vie privée. Et cette menace provient non seulement des ennemis traditionnels tel le discours religieux, le conservatisme moral des bonnes mœurs ou l’hygiénisme sexuel (la psychiatrisation du désir pervers) mais aussi et surtout des ennemis émergents tels que la panique morale, le discours psychanalytique et le féminisme radical.

    Contre ces nouvelles formes de puritanisme et de sexophobie, les garants de la liberté sexuelle demeurent à la fois la protection de la privacy et de la liberté d’expression. Rappelons ce que la CEDH affirme dans le célèbre arrêt Handyside c./Royaume-Uni :

    « La liberté d’expression vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population ».

    En montrant la sexualité dans sa dimension inquiétante, Larry Flynt a rompu avec le sens univoque que les conservatismes de toute sorte souhaitent donner à la sexualité. Par son combat il a dit haut et fort que l’individu adulte dans ses relations librement consenties demeure le seul juge de sa sexualité et de ses fantasmes érotiques.

    1. Rapport Meese du nom du procureur général des USA sous la présidence Reagan.
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      Plan contre le cancer : une critique libérale

      Finn Andreen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 9 February, 2021 - 03:30 · 6 minutes

    cancer

    Par Finn Andreen.

    Le président de la République vient d’annoncer un plan contre le cancer . L’information est relayée entre autre par Franceinfo, la radio de l’État français qui est évidemment tout à fait incapable de voir d’un œil critique et indépendant cette annonce gouvernementale.

    Quelle approche libérale à propos du plan cancer

    Une personne libérale ne devrait-elle pas faire une exception à son idéologie, quand l’État se propose de sauver des vies ? La réponse est évidemment non, pour les raisons suivantes.

    Le libéral se rappellera que l’État veut avant tout préserver sa légitimité. Cet instinct de survie est dans son ADN, même si, personnellement, Macron n’incarne peut-être pas directement ce phénomène.

    L’État doit constamment justifier, moyennant ses chiens de garde , son contrôle sur une grande partie de l’économie française, malgré une incompétence et une inefficacité évidentes. Il fait souvent cela en créant des plans, contre le cancer ou autres fléaux réels ou imaginés, que supposément le secteur privé n’aurait pas le cœur ou l’intérêt de prendre en charge.

    En tant que libéral, il serait possible d’argumenter que le secteur privé peut avoir un cœur tout aussi grand que l’État et également vouloir sauver des vies, comme le démontrent la philanthropie et d’innombrables initiatives privées dans les pays les plus libres.

    Mais un meilleur argument est plutôt celui du libre marché ; cet ordre spontané unique qui, dans sa recherche du profit, génère de la satisfaction client. Dans ce cas précis : survivre au cancer.

    Il n’existe pas de domaines qui soient exclus de ce principe de libre marché. Mais l’étatiste pense que ce principe capitaliste est valable pour certains secteurs mais pas pour d’autres ; c’est donc à lui qu’incombe la tâche de démontrer en quoi le secteur de la santé serait si spécial qu’il n’obéirait pas à la loi du marché, qui pousse inexorablement la qualité vers le haut et le prix vers le bas.

    Un autre principe libéral à garder en tête par rapport à ce plan cancer, est celui de la liberté des individus de choisir ce qu’ils veulent consommer. La question n’est pas de savoir si le tabac, l’alcool, la cocaïne, le sucre, ou quelque autre produit que ce soit, est nuisible ou non à la santé sur le court ou long terme. Certains le sont clairement, mais toujours en fonction du type de consommation et de sa constitution personnelle.

    L’individu doit avoir le droit de prendre toutes les décisions relatives à son propre corps ; cela veut dire aussi le droit d’endommager sa propriété, sciemment ou non. C’est l’idée que le droit devrait être basé sur le principe de non-agression . C’est loin d’être le cas, puisque l’État dépense énormément de ressources non seulement à la poursuite de violations des biens publics, mais également à punir ou interdire des comportements qui ne nuisent pas à autrui , se substituant ainsi à une figure parentale.

    Quand l’État dissuade de consommer du tabac via des taxes ou des paquets neutres , par exemple, ceci est aussi une forme d’agression, certes plutôt légère. C’est le concept de nudge que pratiquent de nos jours tous les gouvernements. Les inventeurs de ce concept le baptisèrent « paternalisme libertarien », ce qui est évidemment un contradictio in terminis , car par définition un paternalisme d’État ne peut pas être libertarien.

    Il est en cela préférable que les entreprises privées pratiquent le nudge en réalisant des plans de marketing pour essayer de modifier les comportements de clients libres de leurs choix.

    Il existe cependant un argument non libéral qui pourrait légitimer des actions coercitives envers les citoyens afin qu’ils réduisent leur consommation de produits considérés nocifs. Il s’agit de l’argument des coûts dans un système de santé largement socialisé comme le système français. La majorité des coûts de dépistage et de traitement du cancer en France étant pris en charge par l’État, il semble raisonnable que celui-ci puisse inciter la population à changer de comportement pour épargner des ressources financières et humaines futures. Un État en déficit a besoin non seulement des taxes sur les cigarettes , mais également de contribuables en vie.

    Mais cet argument n’est jamais utilisé par le gouvernement, sûrement parce qu’il serait perçu comme cynique. De plus, cet argument n’est jamais naturel pour l’État ; le gouvernement français est l’exemple flagrant d’un gouvernement qui ne se sent pas responsable de la bonne gestion de l’argent des contribuables.

    Le libéral pourrait voir de l’humour noir de la part du gouvernement avec ce plan cancer en pleine pandémie. Car les confinements de la population tout entière sont toujours présentés comme des mesures nécessaires et salvatrices qu’il est considéré presque indécent de remettre en question.

    Ils vont pourtant générer un nombre beaucoup plus élevé de cancers et d’autres conséquences graves sur la santé. En effet, de nombreuses études montrent déjà les effets néfastes du confinement à cause des retards dans le dépistage de cancers et de leurs traitements.

    Une étude du Lancet de juillet 2020 annonce une mortalité significativement accrue de plusieurs cancers à cause de ces mesures gouvernementales. Cette étude conclut que les mesures restrictives pour lutter contre la Covid-19, équivalentes au Royaume-Uni aux mesures françaises, donneront, selon les types de cancers, 5 % à 15 % de décès additionnels dans les cinq années suivant le diagnostic. Et ce nouveau plan cancer se dit vouloir lutter, comme le dit l’article de Franceinfo, « contre les cancers à mauvais pronostic (taux de survie à cinq ans inférieur à 33%) »…

    Ces conséquences choquantes sont inévitables quand on néglige la leçon de Frédéric Bastiat , désormais vieille d’un siècle et demi, de ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas . Bastiat a été l’un des premiers à identifier la notion d’externalités, en particulier pour les politiques publiques. Le gouvernement français se moque de ce principe ; il se focalise uniquement sur la mortalité due à la Covid-19, selon la formule maintenant notoire de « Quoi qu’il en coûte ».

    La priorité politique est de sauver les malades atteints de la forme grave de la maladie. Par contre, les milliers de décès prématurés du cancer et les années de vie perdues des Français, qui seront les conséquences futures des actions de ce gouvernement ne semblent pas préoccuper outre mesure l’exécutif.

    Le libéral sait qu’il ne s’agit pas uniquement d’incompétence de la part de l’État. Il faut rejeter l’idée d’un gouvernement n’ayant que des bonnes intentions mais qui se trompe souvent.

    Les impacts des confinements et autres restrictions étaient déjà connus et présagés dès le début de la pandémie. La prise en compte d’externalités est connue depuis le milieu du XIXe siècle. Le libéral a donc plusieurs raisons de ne pas se méprendre sur cette annonce plutôt hypocrite de ce plan cancer.

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      En France, la liberté est passée aux oubliettes

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 8 February, 2021 - 04:45 · 6 minutes

    la liberté

    Par Patrick de Casanove.

    Nous avons abordé récemment la prolongation de l’état d’urgence sanitaire au 1 er juin, votée en première lecture, par l’Assemblée nationale le 20 janvier.

    La destruction des libertés fait consensus

    Le 27 janvier le projet de loi est passé en première lecture devant le Sénat qui a lui aussi voté la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Il s’est contenté d’en modifier quelques paramètres (limiter la durée au 3 mai 2021, passer devant le Parlement pour un nouveau confinement).

    En clair le Sénat est favorable aux mesures liberticides qui donnent les pleins pouvoirs au gouvernement.

    « Je suis donc obligé de vous le dire, bien sûr à regret, notre responsabilité est bien d’accepter la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. » Philippe Bas, Rapporteur de la Commission des Lois.

    Les sénateurs sont bien conscients du caractère coercitif de ces mesures mais ils les trouvent nécessaires.

    « Si nous n’avons pas voté tous les textes de loi relatifs à l’état d’urgence sanitaire qui nous ont été présentés, ce n’est pas parce que nous contestions la nécessité de prendre des mesures qui, malheureusement, restreignent les libertés fondamentales des Français.

    C’est précisément parce que nous étions conscients de la nécessité de ces mesures et que notre approche démocratique de la question nous conduisait à vous poser la question suivante : qu’y a-t-il de gênant pour le gouvernement à revenir régulièrement devant le Parlement […] pour obtenir son autorisation ? » Philippe Bas, Rapporteur de la Commission des Lois.

    Il faudra quand même expliquer en quoi instaurer l’oppression de la population est une approche démocratique. Sauf bien sûr si la démocratie se limite à faire enregistrer par le Parlement, à intervalles réguliers, les mesures contraignantes décidées par une sorte de politburo.

    C’est une démocratie sans liberté, une « démocratie populaire » . Si la France en est désormais une, les Français doivent le savoir.

    Le Sénat connaît aussi la dangerosité de donner les pleins pouvoirs à un seul individu.

    « Vous le savez, l’Assemblée nationale et le gouvernement sont issus de l’élection du président de la République. C’est ce que j’appelle l’hyperprésidentialisation. L’état d’urgence renforce encore la verticalité du pouvoir, […] ce tête-à-tête entre, d’une part, un président de la République […] qui décide seul et par là même est seul responsable, et, d’autre part, nos concitoyens, est fondamentalement dangereux . […] Avec l’état d’urgence, le Parlement et la société civile n’ont plus rien à dire. » Philippe Bonnecarrère, groupe Union centriste .

    Il les accorde cependant sans grand état d’âme.

    La politique avec des œillères

    Le 28 janvier en Commission mixte paritaire sur ce sujet, Jean-Pierre Pont, député, rapporteur pour l’Assemblée nationale, précisait :

    « Nous sommes tous conscients que le caractère préoccupant de la situation justifie le maintien de mesures d’exception ».

    Nous sommes en pleine pensée unique.

    Les sénateurs comme les députés sont des gens sérieux et mainstream . Ils ne se laissent pas embobiner par ceux qui ont l’outrecuidance d’affirmer que priver les gens de liberté est contre-productif, mais surtout indigne et qu’il existe d’autres solutions.

    Ils savent que ce ne sont que billevesées ! Comme tous les bien-pensants, ils sont persuadés que les mesures liberticides sont indispensables pour vaincre l’épidémie.

    Cet état d’esprit ne rassure pas quant à la valeur qu’ils donnent à la liberté, consubstantielle à la personne humaine. Liberté qui figure en première place dans la devise de la République rrançaise.

    Comme c’est le cas depuis le début, le gouvernement, beaucoup de médecins, de médias, une partie de l’opinion ne conçoivent la gestion de l’épidémie que de manière politique.

    La spécificité du politique c’est la contrainte légale. C’est son seul moyen d’action. Il en use et en abuse. Il n’est pas inutile de rappeler qu’une bonne gestion comprend une épidémie contrôlée, une économie prospère et une société harmonieuse . Ce n’est pas la voie choisie en France.

    Son seul objectif est de vaincre l’épidémie « quoi qu’il en coûte », sans que l’on sache vraiment ce que cela signifie. Pour y parvenir le politique regarde la Covid par le petit bout de la lorgnette. Toutes les solutions non coercitives lui sont invisibles. Toutes les conséquences de la coercition, malheurs humains, dislocation sociale, détérioration des conditions sanitaires du pays et de l’état de santé des personnes, désespoir et suicides, ruine de l’économie, lui sont invisibles.

    Tous ces pays du monde qui, en Asie ou en Afrique, s’en sortent très bien, avec une économie préservée, des liens sociaux persistants, une épidémie contenue, le tout sans confinement, sans destruction des libertés qui prévalaient avant l’épidémie, lui sont invisibles.

    La liberté par principe

    Les mesures de contraintes sociales sont souvent contestées ou réclamées sur des critères d’efficacité et de pertinence vis-à-vis du contrôle de l’épidémie. Le confinement est inutile et dangereux, cela a été mis en évidence dès juin .

    Tous les travaux sérieux basés sur la vraie vie confirment que les mesures de contraintes sociales aggravent l’épidémie et sont délétères pour les personnes, l’économie, la société, la vie sociale.

    Bien sûr d’autres allégueront , à partir de simulations mathématiques, qu’elles sont pertinentes.

    En vérité l’opposition aux mesures coercitives est éthique.

    Elle se fonde sur leur inhumanité. L’être humain étant naturellement une personne, libre et propriétaire. En dehors d’une sanction judiciaire pour dommage aux droits naturels d’autrui , il est indigne et inhumain de porter atteinte à ces mêmes droits naturels. C’est une question de principe et de philosophie.

    En conséquence, dans un pays libre, ces mesures liberticides ne peuvent en aucun cas être envisagées, et encore moins mises en œuvre. Dans les pays occidentaux présentés comme de vieille civilisation, dans lesquels l’individu est peu à peu devenu une personne, les mesures de coercition sont une trahison de leur culture civilisationnelle humaniste.

    Ce qui signifie que même en cas d’absence de traitement, ces mesures honteuses ne doivent pas être prises et d’autres réponses doivent être trouvées. Or dans le cas de la Covid des traitements existent. En phase inflammatoire ils font l’unanimité ou presque. Ce sont les actions thérapeutiques en phase virale qui sont controversées.

    Assez de politique, revenir à la médecine

    « Protéger les plus faibles – dépister les malades – les mettre à l’écart et les soigner ». ( source )

    Les solutions précoces sont des solutions de combat, proposées par des professionnels de santé qui se battent en première ligne et refusent de subir. Elles sont personnalisées, reposent sur la confiance entre le professionnel et le patient.

    Elles font appel à la responsabilité individuelle. Les gens font face à l’adversité et ne se terrent pas . Les approches peuvent varier mais les médecins de terrain discutent et ne baissent pas les bras. Ils font des propositions qui évoluent en fonction des connaissances acquises sur le front.

    Les prises en charge précoces sont efficaces ce qui rend cette politique coercitive encore plus inacceptable.

    Liberté fin de partie

    Au final la prorogation de l’état d’urgence sanitaire votée en deuxième lecture par l’Assemblée nationale le 2 février ne prend pas en compte les changements paramétriques proposés par le Sénat . Sur le fond cela ne change rien.

    En France, la liberté est passée aux oubliettes.

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      Macron offre un état d’urgence sanitaire éternel pour Noël !

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 24 December, 2020 - 04:00 · 6 minutes

    Macron

    Par Nathalie MP Meyer.

    Chers lecteurs, voici venu pour moi le moment d’afficher ma traditionnelle crèche de blog et de vous souhaiter du fond du cœur un très Joyeux Noël 2020. Malgré les restrictions et la morosité ambiante, j’espère que ce sera pour vous l’occasion d’échanges joyeux et chaleureux en famille !

    Pour ma part, je compte faire le vide politique dans ma tête et oublier pour un temps les nombreux tourments de notre actualité. Mais au moment où j’écris ceci, j’ai cependant le cœur lourd car pour Noël, Emmanuel Macron a décidé de nous offrir un état d’urgence sanitaire éternel. Quelle immonde trahison !

    On commençait à se dire qu’avec l’apparition de plusieurs vaccins anti-Covid prometteurs, l’année 2021 signifierait peut-être le retour très attendu à une vie sanitaire, politique, économique et sociale à peu près normale. Mais tout montre hélas que ce sera une vie à peu près normale au sens où on l’entend dans la France d’Emmanuel Macron.

    Souvenez-vous, il y a un an…

    Il y a un an, en décembre 2019, il n’était pas encore question de Coronavirus, ni de masques, ni de gel, ni de confinement, ni de couvre-feux, ni d’état urgence sanitaire, ni de mise à l’arrêt administrative de l’économie, ni d’installation de la grande roue de Lille… sans public .

    Mais le pays était déjà sens dessus dessous et la SNCF était une fois de plus en grève à la veille des vacances de Noël pour protester contre la réforme des retraites concoctée par le gouvernement.

    Quant au gouvernement de l’époque, au-delà de la mesure de fin des régimes spéciaux qui avait motivé le grève – et qui était effectivement souhaitable – il cherchait alors à parachever la collectivisation complète de notre système de retraite en faisant main basse sur les réserves excédentaires des régimes autonomes des pharmaciens, des avocats, etc.

    Le président de la République Emmanuel Macron avait d’ailleurs déjà prouvé mille fois auparavant qu’il n’avait rien d’un grand libéral sur le plan économique – sauf dans la vision hallucinée d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’un syndicaliste de la CGT. Et il avait prouvé mille fois de plus qu’il méprisait les libertés civiles tout en se gargarisant de discours sur la France des Lumières qui ne renoncera jamais aux caricatures.

    Belle hypocrisie.

    Macron et les restrictions de libertés en cascades

    Que vaut l’hommage à Samuel Paty , cet enseignant décapité pour avoir utilisé des caricatures du prophète Mahomet dans un cours sur la liberté d’expression, si par ailleurs tout est organisé pour réduire petit à petit et bien souvent sans trop le dire, les degrés de liberté des citoyens dans l’ensemble de leur vie quotidienne ? Il ne vaut rien.

    Or dès octobre 2017, soit quelques mois à peine après son accession au pouvoir, Emmanuel Macron « mettait fin » à l’état d’urgence instauré par François Hollande en novembre 2015 après les attentats terroristes du Bataclan… en intégrant ses dispositions les plus caractéristiques dans le droit commun !

    Dès ce moment, l’orientation du quinquennat était claire : l’État d’abord, les citoyens ensuite.

    Nous avons donc eu droit à une véritable déferlante de restrictions des libertés individuelles : d’abord la loi contre les fake news (2018), puis la loi anti-casseurs  (2019) heureusement censurée par le Conseil constitutionnel, puis la création du Conseil de déontologie journalistique (2019), puis la loi Avia contre la haine en ligne (avril 2020), heureusement retoquée elle aussi par le Conseil constitutionnel, puis le vote contrarié sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire (4 novembre 2020).

    Avec les textes en préparation tels que le projet de loi contre les séparatismes, il est question de réduire la liberté scolaire et de réintroduire des éléments de la loi Avia contre la haine en ligne, et avec le projet de loi de sécurité globale, il est question d’interdire la diffusion d’images des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions au mépris de la liberté de la presse et de la liberté d’informer (le fameux article 24 ).

    Macron, un pas de plus vers toujours moins de libertés

    Et maintenant, Emmanuel Macron fait un pas de plus, un pas de trop, dans sa conception liberticide des libertés : via son Premier ministre Jean Castex, il a déposé avant-hier en fin de journée un projet de loi en procédure accélérée « instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires ». Autrement dit, comme pour l’état d’urgence tout court, il est question d’intégrer l’état d’urgence sanitaire dans le droit commun. Il fallait s’y attendre, c’est la méthode Macron.

    Dans un État libéral comme celui qu’Emmanuel Macron prétend défendre contre les pulsions illibérales de certains pays, la maîtrise médicale prévisible de la pandémie grâce aux vaccins commanderait une seule action : la fin pure et simple de l’état d’urgence sanitaire qui autorise le gouvernement à prendre pratiquement toutes les mesures de restriction qu’il souhaite en matière de déplacements des personnes, activités des entreprises, réquisitions de biens et services et fixation des prix.

    Mais comme l’écrivait Margot Arold hier dans Contrepoints , ce ne sera pas le cas :

    Vous aviez apprécié les mesures mises en place par la Chine ? Vous allez adorer celles prévues par la France !

    Le stade du « libérer-protéger » autour duquel s’articulait la théorie politique d’Emmanuel Macron à ses débuts est largement dépassé. Il s’agit dorénavant de tout fossiliser – les individus, les idées, les initiatives, pour accroître le pouvoir des hommes de gouvernement de « faire notre bien » malgré nous, alors même qu’on sait par expérience historique que ce genre de pouvoir ne génère que malheur, pauvreté, corruption et coercition.

    On peut se moquer des leaders populistes friands d’autoritarisme inlassablement dénoncés par notre Président – dénoncés à raison d’ailleurs – nous avons clairement le même à la maison.  À notre tour maintenant de dénoncer sa dérive liberticide de plus en plus voyante et systémique et d’affirmer que rien, ni la gestion de la pandémie, ni la gestion du terrorisme, ni aucune gestion de quoi que ce soit, n’exige de soumettre nos vies quotidiennes à un état d’exception perpétuel.

    La recherche du bonheur est notre affaire, pas celle de nos gouvernants. Au lieu d’inscrire le climat dans l’article I de la Constitution par pur racolage démagogique, c’est cela qu’il faudrait réaffirmer au fronton de nos institutions politiques.

    Sur le web