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      Ce masque permet de téléphoner dans le train sans déranger les autres

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 8 January - 08:15

    La startup toulousaine Skyted a mis au point un masque qui isole complètement la voix, pour pouvoir téléphoner dans un train, dans un avion ou dans un open-space sans faire de bruit. Les commandes sont ouvertes depuis quelques heures.

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      Véran annonce la fin du masque obligatoire dans les transports, mais le covid est toujours là

      news.movim.eu / Numerama · Wednesday, 11 May, 2022 - 13:41

    C'est une nouvelle étape dans l'allègement des mesures contre le covid : le gouvernement suspend l'obligation de port du masque dans les transports en commun (bus, métro, train). [Lire la suite]

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      Stocks de masques : la comédie politicienne continue

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 2 July, 2020 - 08:11 · 3 minutes

    stocks de masques

    Par Frédéric Mas.

    La secrétaire d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher a indiqué ce mercredi que les entreprises devront prévoir un stock de 10 semaines de masques en prévision d’une éventuelle seconde vague du coronavirus, en précisant au passage que « nous avons désormais des producteurs français ».

    L’État s’est révélé totalement incapable de gérer son propre stock , mais s’estime tout de même compétent pour dicter aux entreprises ce qu’elles doivent faire en la matière, après bien entendu avoir plus ou moins interdit la vente de masques aux particuliers au moment où nous en avions le plus besoin.

    L’intention du gouvernement n’est d’ailleurs qu’accessoirement sanitaire. Elle vise surtout à maintenir à bout de bras une production de masques nationaux qui n’a plus aucune raison d’être la crise passée.

    L’État gère les stocks de masques

    L’Assemblée nationale a auditionné cette semaine Agnès Buzyn et Marisol Touraine pour avoir le fin de mot de l’histoire sur la disparition du stock de masques stratégique de l’État à la veille de la crise sanitaire. Les réponses sont confuses ou évasives. Elles décrivent toutes une administration en roue libre, en réorganisation permanente, sans doctrine sanitaire précise, dans laquelle les responsabilités sont suffisamment diluées pour ne pas avoir à assumer quoi que ce soit. Loin du milliard de masques stocké en 2009, les citoyens ont dû lors de la crise se contenter de ceux fabriqués en urgence, avec les moyens du bord, par les bénévoles puis les PME.

    Au moment où la population en a eu le plus besoin, alors que la communication gouvernementale expliquait que les masques n’étaient pas indispensables, l’État réquisitionne les stocks qu’il n’a pas pu conserver pour les distribuer au personnel soignant prioritaire. Cela entraîne la pénurie et l’assèchement des commandes, sur fond d’interdiction de vente de masques aux particuliers.

    L’empilement de décisions administratives, avec sa clarté proverbiale, désorganise la production au pire moment. C’est la société civile qui sauve la mise de l’État, les bénévoles qui se mobilisent, les entreprises qui réorganisent pour l’occasion leur production pour soutenir l’effort collectif.

    Tout ça est oublié aujourd’hui, et tout le monde réclame davantage de socialisme. L’expérience n’a visiblement pas été suffisamment claire.

    Maintenant, aux entreprises de gérer les stocks

    La crise sanitaire est derrière nous, la crise économique devant. Bien entendu, le gouvernement se prépare à la première en aggravant la seconde. Il faut désormais faire peser le coût de la sécurité sanitaire sur des entreprises qui sont en train de lutter pour leur survie, et cela en imitant les excellentes méthodes étatiques sur la question, méthodes qui ont fait leurs preuves ces derniers mois.

    L’ambition du gouvernement est cependant assez transparente politiquement : il s’agit de soutenir la filière française du textile, qui avec la crise s’est lancée dans la production de masques, et qui aujourd’hui se retrouve avec des millions d’invendus avec sa disparition.

    Il s’agirait donc de soutenir avec l’argent public et la réglementation des filières entières qui ne répondent à plus aucune demande pour maintenir une industrie nationale et des emplois et cela au détriment d’entreprises qui, elles, sont encore rentables pour peu que l’État les laisse un peu tranquilles.

    Plutôt que de pétrifier la production nationale au nom du sacro-saint principe de précaution, il serait temps de retenir la véritable leçon donnée par la gestion bureaucratique de la crise sanitaire : laissez faire les entreprises, laissez faire les citoyens.

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      À quoi sert un ministre de la Santé ?

      Bernard Kron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 2 July, 2020 - 03:30 · 8 minutes

    Ministre de la santé

    Par Bernard Kron.

    « Vous ne pouvez pas dire qu’on n’a pas été réactifs » , a martelé Agnès Buzyn devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée d’évaluer la réponse gouvernementale à l’épidémie de Covid-19.

    Elle a peut-être été réactive pour interdire aux médecins de ville de soigner (« Je place l’hydroxychloroquine parmi les toxiques » ) mais pas pour prendre les bonnes décisions. En particulier pour la gestion des masques et des tests.

    À qui la faute ?

    Quelques ministres de la Santé médecins ont marqué particulièrement leur ministère car ils avaient la capacité d’agir, même si c’était parfois en mal.

    Léon Schwartzenberg , pour quelques jours : il a démissionné de son poste sous le gouvernement de Michel Rocard pour avoir proposé publiquement un dépistage systématique du sida chez les femmes enceintes et pour ses positions en faveur de la légalisation et de la mise en vente de la drogue, sous contrôle de l’État.

    Michèle Barzach s’est fait remarquer par ses déclarations mal fondées après la catastrophe de Tchernobyl et le passage du nuage radioactif sur la France en 1986.
    La contamination de certains territoires avaient été très importante dans l’est notamment conséquence des chutes de neige en montagne qui avaient concentré les particules radioactives. Le sud de la France, en particulier la Corse et les Alpes furent particulièrement touché.

    Bernard Kouchner : le « French Doctor » a donné son nom à la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. En supprimant le concours de l’Internat des hôpitaux qu’il avait raté, il sonnera le glas de ce qui faisait la qualité du système de santé, l’élitisme. Vouloir la même formation pour tous est une utopie. Le passage aux 35 heures sera l’une des causes principale de la pénurie de soignants à l’hôpital avec la sur-administration .

    Philippe Douste-Blazy : il a été l’un des plus efficaces pour stopper cette évolution mais a été remplacé par des ministres qui se montreront antilibéraux comme Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot.

    Marisol Touraine secondée par Olivier Véran et Jérôme Salomon ne renouvellera pas le stock de masques, chargeant les organismes locaux de leur gestion. Il y en avait plus d’un milliard, ils ont disparu sans être remplacés ou bien ont été détruits.

    Agnès Buzyn a suivi la même ligne. Elle n’a pas anticipé la situation lorsqu’elle a pris le ministère alors que ses services et son directeur étaient informés de l’absence de masques en stock pensant que les agences allaient faire le nécessaire.

    « Un chef ça doit cheffer »

    C’est ce que disait Jacques Chirac. Notre système connaît donc la crise la plus profonde de son histoire. Il était le premier il y a 20 ans mais est passé au vingt-quatrième rang des pays de l’OCDE selon certains items, et l’espérance de vie recule pour la première fois de son histoire.

    La grogne des médecins qui avait commencé en mars 2019 a rebondi violemment avec la pandémie de Covid-19. Ils ont été en première ligne sans aucune protection pour l’affronter.

    51 sont morts, 5000 ont été contaminés comme plus de 40 % des internes. Et on leur interdisait de soigner. « N’allez pas chez votre médecin appelez le 15 en cas de symptômes. »

    Pour réformer, un autre ministre est en charge pour le Ségur de la santé. Le nouveau ministre Olivier Véran était déjà à la manœuvre en 2014, avec Marisol Touraine, avec une loi qui était délétère car méprisant la médecine de ville. Il ne changera pas de cap malgré l’échec des plans santé précédents et les errances actuelles.

    Cette absence de changement de cap de la politique menée depuis plus de vingt ans totalement hospitalo-centralisée est la raison principale de cette crise. Elle accélère le déclin de tout le système.

    Nombre de services hospitaliers sont toujours à la pointe mais les soignants n’en peuvent plus . Les hôpitaux craquaient déjà de toutes parts avant cette pandémie, maintenant c’est pire. Pourquoi ? Parce que l’État intervient directement dans le financement et l’organisation de l’offre sanitaire et médico-sociale en multipliant les agences et les contraintes.

    À ce titre, les ministères chargés des Solidarités et de la santé, de l’action et des comptes publics, assument un éventail de responsabilités toujours plus grand rendant impossible toute efficience. Alors il faut se poser la question, un ministre de la Santé est-il utile ?

    Un ministre de la santé, est-ce utile ?

    Oui, à condition de redéfinir son périmètre d’action et de simplifier la pléthore des agences de santé qui coûtent cher et paralysent les soins.

    Le pilotage par les agences et la mise en œuvre des politiques de santé publique, de veille et de sécurité sanitaire dans le but de « protéger » les populations ont été d’une totale inefficacité face au Covid-19.

    L’Institut national de veille sanitaire, L’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP), la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’IGAS comme les directives européennes ont toutes été en retard pour réagir face à la crise.

    Les ARS, agences régionales de santé

    Elles sont censées assurer la coordination de la prévention et à veiller à une gestion cohérente des ressources. Elles ont été incapables de mettre la main sur le nombre de masques nécessaires pour éviter le confinement et se sont contentées de réquisitions, ce qui a eu l’effet inverse.

    L’origine du mal

    Notre pays dépense une part de sa richesse nationale plus élevée que la moyenne des autres pays développés (sur les 450 milliards d’euros dépensés pour le social, 270 milliards sont consacrés à la Santé). Avec l’épidémie de Covid-19, le déficit de la Sécu a explosé, dépassant cette année les 50 milliards d’euros.

    La France bénéficie pourtant encore des meilleurs soignants, d’hôpitaux nombreux. Pour le Covid en France, ce fut un scénario catastrophe.

    Le scandale du sang contaminé, de l’hormone de croissance et la pandémie de Covid-19 vont-ils enfin remettre en cause le centralisme étatique ? De « responsables mais pas coupables » cela sera-t-il « pas responsable, ce sont les agences, donc pas coupables » ?

    Ce centralisme explique en grande partie le retard et l’insuffisance des mesures qui ont été prises pour la pandémie, tant pour la mise en quarantaine que pour les tests et la commande de masques . En l’absence de moyens thérapeutiques, seule une démarche rigoureuse de prévention pouvait permettre de réduire les risques et les conséquences de l’épidémie.

    Cela n’a pas été fait pour le Covid-19. Pourquoi ? On ne sait plus qui décide entre Bercy, le ministère ou les ARS et les autres agences de santé.

    « Il n’ y a pas de capitaine à la barre du Titanic de la santé. »

    Les agences de « sécurité sanitaire »

    Leur multiplication témoigne de leur incapacité à régler les problèmes. Les mesures pour éviter la propagation ont été inadaptées, insuffisantes et trop décalées dans le temps pour avoir la moindre efficacité.

    Les touristes arrivés par des vols sanitaires pour les rapatrier depuis l’Asie ont certes été isolés et testés pour essayer de stopper l’épidémie, mais en vain car il n’y avait pas de masques ni de tests.

    Les équipages navigants n’avaient pas été protégés ni isolés après leur arrivée et n’ont pas été testés.

    Le port de gants et d’un masque FFP2 en cas de risques de contacts avec un porteur du virus aurait du être recommandé, mais la France n’en avait pas. Ils sont restés trop peu nombreux pour protéger ne serait-ce que les soignants.

    Les corps de contrôle telles la Cour de comptes ou l’Inspection générale des Affaires Sociales vérifient l’exécution de la loi de financement de la Sécurité sociale, rendent des rapports souvent alarmants mais les rapports de la Haute Cour ne sont pas écoutés et les circulaires des agences non lues, non analysées ou restent lettre morte.

    La quarantaine ou le confinement

    Ce système a permis d’endiguer et de vaincre la plupart des épidémies dans le passé. Mais une quarantaine à l’échelle nationale voire planétaire peut à long terme être plus dangereuse que la propagation du Covid-19 lui-même.

    La deuxième conséquence de la pandémie est économique avec cent milliards de dettes ou de déficits pour la Sécu et les hôpitaux en France.

    Une troisième conséquence tout aussi gravissime est que de nombreux malades n’ont pas pu accéder aux soins pour des pathologies graves, cardiovasculaires et chirurgicales. La peur d’être contaminés faute de masque et la réquisition des cliniques ont fait retarder la prise en charge des soins, avec plus d’un million d’intervention à rattraper.

    Alors oui, un ministre de la Santé c’est utile mais il doit être de plein emploi pour les soins et la prévention, il doit avoir des relais plus simples sous sa direction avec une totale autorité.

    Une réforme de ce ministère s’impose avec un périmètre réduit à la santé et aux soins et un organigramme simplifié des agences. Ce serait une source d’économies et d’efficacité. On ne doit plus avoir un administratif derrière chaque soignant.

    Le Ségur de la santé et cette crise seront l’objet d’un face à face avec André Bercoff sur SudRadio, ce 3 juillet à 12 heures 10.

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      Impression 3D de masques : l’Europe doit accélérer

      Théophile Gacogne · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 17 May, 2020 - 03:35 · 3 minutes

    impression 3D

    Par Théophile Gacogne.

    Dès le début de la pandémie de Covid-19, de nombreux pays, dont la France, se sont trouvés en pénurie de masques. Il a fallu passer des commandes en urgence, qui ont mis du temps à arriver et encore aujourd’hui, 4 mois après le début de la crise, le grand public a encore du mal à se procurer des masques réellement efficaces.

    Si aux États-Unis, tout est loin d’être parfait, l’industrie de l’impression 3D propose une solution alternative pour pallier ce manque. Jonathan Roberts, un ancien de chez Microsoft, s’est toutefois rendu compte que les masques conçus en impression 3D n’étaient pas tous aussi efficaces, et avec l’aide de nombreux collaborateurs, il a mis au point un modèle performant, certifié par les autorités américaines de santé.

    Un masque imprimable gratuitement partout dans le monde

    C’est depuis Seattle que Jonathan Roberts a fait jouer ses relations pour créer un organisme à but non-lucratif, Maker Mask, qui propose désormais gratuitement les plans d’impression 3D pour un masque respiratoire. Si d’autres ont déjà conçu des masques de ce type ces dernières semaines, le Maker Mask est le premier à recevoir l’approbation fédérale du National Institutes of Health (NIH), qui a validé son efficacité.

    Maker Mask est un organisme non-lucratif, avec un objectif simple, celui de devenir une bouée de sauvetage fiable afin de fournir des masques à tous ceux qui en ont besoin. Roberts et ses équipes bénévoles ont réquisitionné une église de Seattle où ils produisent actuellement un peu plus de 2000 masques par jour.

    Ce n’est évidemment pas suffisant pour répondre à la demande actuelle, mais le but de Maker Mask est de permettre à tous les détenteurs d’imprimantes 3D de produire ces masques pour venir en aide aux hôpitaux de leur région, aux commerçants et à tous ceux ayant besoin de se protéger.

    L’appel a été entendu, et la certification par le NIH a motivé de nombreuses compagnies, ainsi que des particuliers, qui jusque-là craignaient de produire des masques inefficaces. Au bout de quelques semaines, les plans d’impressions ont été téléchargés plus de 35 000 fois dans 117 pays.

    La Commission européenne et l’impression 3D

    Sur le vieux continent, des actions sont également mises en place. Le mercredi 18 mars, la Commission européenne a lancé un appel afin de recenser les imprimeurs 3D en Europe ayant les capacités suffisantes et la disponibilité de produire des masques et du matériel médical, comme des valves respiratoires ou des ventilateurs.

    La réponse a été rapide et de nombreuses sociétés ont proposé leurs services. Très vite des plans d’impression ont été mis en ligne gratuitement, et on peut donc imprimer des masques en PLA, en utilisant des fichiers disponibles sur plusieurs sites comme opensourcemask.com, Cluts3D ou encore Copper3D.

    Cependant, aucun masque n’a pour l’instant été réellement validé par la Communauté européenne, et il existe des contraintes juridiques pouvant freiner les envies des imprimeurs 3D de mettre à disposition leurs imprimantes.

    C’est ce qu’explique Filip Geerts , directeur général du CECIMO : « les États membres devraient envisager de déroger temporairement à certaines des exigences sur les dispositifs médicaux pour les biens stratégiques pendant cette période de crise. »

    En effet, afin de pouvoir aider le plus efficacement possible, les masques doivent être conçus rapidement. L’Europe doit être capable de produire localement pour répondre immédiatement aux besoins des soignants. On estime qu’une commande de 250 millions de masques permet de tenir 15 jours en France ; à l’échelle nationale il faudrait donc une production quotidienne de 15 à 20 millions de masques.

    En proposant un masque facile à imprimer, certifié par la Communauté européenne, peu coûteux et imprimable gratuitement par tous les possesseurs d’imprimantes 3D, on pourrait probablement répondre à la demande et reconstituer des stocks suffisants pour faire face plus sereinement à une deuxième vague de Covid-19.

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      Coronavirus : ce que révèle la polémique sur les masques

      Philippe Silberzahn · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 7 May, 2020 - 03:15 · 7 minutes

    Par Philippe Silberzahn.

    Alors que les masques sont désormais disponibles en grand nombre dans la grande distribution, une polémique fait rage, alimentée par des professionnels de santé et des élus qui s’étonnent que les soignants en manquent toujours. Comme souvent, une vive émotion révèle des modèles mentaux profonds, reflets de notre identité nationale et de la façon dont nous voyons le monde. Cette polémique est particulièrement instructive en la matière.

    Serons-nous capables de nous en extraire ?

    L’histoire est tchèque. Jésus et Saint Pierre voyagent incognito, quémandant sans grand succès nourriture et hospitalité aux paysans qu’ils rencontrent. Enfin un couple généreux accepte.

    Le lendemain matin, Jésus et Saint Pierre révèlent leur identité.

    Jésus propose : « Pour remercier votre charité bénie, vous pouvez recevoir ce que vous voulez. »
    Les deux paysans chuchotent un moment, puis l’homme se tourne vers Jésus : « Notre voisin a une chèvre qui fournit du lait pour toute la famille… »
    Jésus anticipe : « Et donc vous voudriez une chèvre pour vous également ? »
    Le paysan répond : « Non, nous voudrions que vous tuiez sa chèvre. »

    L’histoire est tchèque mais elle pourrait être française. Je ne peux en effet m’empêcher d’y penser en observant la polémique actuelle sur les masques  désormais disponibles à la vente dans les grandes surfaces.

    Le marché au banc des accusés

    Cela fait des mois que nous attendons ces masques , des mois que les soignants en manquent, que la population est laissée sans protection. Finalement, la grande distribution réussit à s’en procurer pour les rendre largement disponibles à tous. Et au lieu de s’en réjouir « Enfin des masques pour protéger toute la population, et pas seulement ceux qui ont des amis bien placés » que fait-on ? On attaque la grande distribution ! On la menace de poursuite au pénal. On parle de profiteurs en période de guerre.

    Bien sûr, nous ne serions pas humains si nous n’étions pas scandalisés en voyant des soignants n’ayant pas de masques, et pour le moins étonnés qu’il puisse y en avoir dans les supermarchés alors que les hôpitaux en manquent. Mais comment se fait-il qu’un élan d’amour, de respect et de compassion envers les soignants se transforme en haine envers les supermarchés ?

    Comme très souvent, les réactions très vives à une situation traduisent des modèles mentaux sous-jacents, c’est-à-dire des croyances très fortes sur la façon dont nous voyons le monde. Au-delà de ce qui nous fait choisir la haine plutôt que la joie, nous pouvons en identifier quelques-uns :

    Accuser les supermarchés

    Au lieu de nous demander quelles sont les leçons à tirer du fait que les supermarchés parviennent à se procurer des masques alors que l’État échoue à le faire depuis deux mois , nous préférons accuser les grandes surfaces. Nous tirons sur ce qui fonctionne au lieu d’interroger ce qui ne fonctionne pas.

    Ne devrions-nous pas au contraire profiter de ce bel exemple pour nous demander pourquoi l’État est incapable d’équiper ses fonctionnaires, soignants et policiers ? Pourquoi cet État qui depuis des semaines nous explique que les masques sont inutiles reproche maintenant à la grande distribution d’en avoir ?

    Critiquer les marchands

    Cette hostilité sourde est très fortement présente en France. Le marchand c’est le profiteur , celui qui se moque de la morale. Pendant de ce modèle, une confiance très forte en l’État, acteur neutre agissant dans l’intérêt de tous. C’est pour cela que depuis le début de l’épidémie tout le monde a accepté sans discussion que l’État ait le monopole de l’achat et de la distribution des masques, en interdisant la vente au secteur privé. Nous avons vu le résultat. Aucun masque disponible : les Français peuvent mourir, les principes sont saufs.

    Alors parlons morale : est-il immoral que la grande distribution vende des masques alors que les soignants en manquent ?

    La question se pose, mais peut-être pouvons-nous la reformuler ainsi : est-il immoral que la grande distribution vende des masques à la population et réussisse ainsi à la protéger alors que l’État en est incapable depuis des semaines ? Nous pouvons en douter. Qu’on le veuille ou non, nous devrons à la grande distribution d’être protégés, pas à l’État.

    C’est de cela qu’il faut tirer les leçons, pas nécessairement en assurant que « l’État ce n’est pas bien et le privé c’est bien » , car l’hôpital public a très bien géré l’épidémie ; mais plutôt en nous demandant « qu’est-ce qui explique que l’État ait failli à une tâche aussi importante que celle de protéger les fonctionnaires en première ligne mais aussi sa propre population, alors que c’est son devoir premier ? »

    Comment se fait-il que cette question n’intéresse pas les professeurs de morale ?

    Trouver un coupable

    Nous détestons les chèvres de nos voisins et nous pensons que ce que gagnent les uns est volé à d’autres. Si la grande distribution a des masques, ceux-ci sont volés aux soignants. On parle de stocks cachés ! On veut absolument un coupable à une situation jugée inacceptable, et on va bientôt évoquer les koulaks ! On s’indigne des prix pratiqués , oubliant que les masques sont acheminés par avion alors qu’en temps normal ils le sont par bateau.

    Comme le disait pourtant Michel-Édouard Leclerc à ce sujet : nous nous sommes organisés pour trouver des masques, puis nous les avons mis en vente. Bref, il a fait son métier, à la manière des marchands, sans tambour, ni trompette, ni point-presse quotidien visant à mentir aux Français et cacher ses insuffisances. Ses clients ont besoin de masques.

    Dès que l’État cesse de lui en interdire la vente et lui demande même de le faire, il s’en procure, et les vend à ses clients. C’est un exploit humain, technique, logistique et commercial dans un contexte où le monde entier se bat pour en obtenir. Et il devrait s’excuser ?

    Accueillir et fêter les bonnes nouvelles

    Pourquoi ne pas célébrer cette nouvelle pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une belle réussite qui protégera nos concitoyens ?

    Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’être simplement heureux de ce qui est objectivement une bonne nouvelle ?

    Pourquoi ne sommes-nous pas capables de célébrer une réussite française, celle de son industrie et de ses acteurs économiques dont j’observe chaque jour l’incroyable énergie pour continuer à faire tourner la boutique malgré des conditions épouvantables ?

    Pourquoi ne faisons-nous pas des héros de ceux qui ont rendu cela possible, leurs dirigeants et leurs collaborateurs qui ont travaillé comme des forcenés pour arriver à ce résultat, comme nous avons fait des héros de nos soignants durant des semaines, et à juste titre ? Pourquoi « ou » et pas « et » ?

    Alors soyons fiers de nos entrepreneurs, de la grande distribution, de notre industrie et de ceux qui y travaillent, soyons-mêmes – Ô pensée hardie en France- fiers de nos marchands, comme nous sommes fiers de nos soignants.

    Suggérons à l’État, dont nous sommes il faut bien le reconnaître, un peu moins fiers, d’admettre son incapacité à résoudre le problème, de lâcher la bride au secteur médical et de laisser les hôpitaux commander des masques aux supermarchés de leur région, et tout sera réglé en deux semaines.

    Nous pourrons alors tous clouer le bec aux professeurs de vertu, aux mouches du coche et aux ectoplasmes, et nous retrouver le 14 juillet pour célébrer cette belle réussite de l’intelligence et de la fraternité, à la française car tel est, malgré tout et malgré les chèvres, notre véritable caractère. Chiche ?

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