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#Metooamnésie: aider les victimes d'amnésie traumatique, c'est possible
Annabel Benhaiem · news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 7 March, 2021 - 00:45 · 4 minutes

VIOLENCES SEXUELLES - Comment aider quelqu’un qui sort d’une amnésie traumatique liée à des violences sexuelles? Comment s’aider soi quand des bribes de souvenirs remontent à la surface? Ces questions resurgissent à l’aune du #Metooamnesie qui a débuté le 21 février dernier.
Ce hashtag est né dans l’espoir de voir l’amnésie traumatique prise en compte par la justice. Laquelle classe sans suite nombre d’affaires de crimes sexuels en raison du délai de prescription.
Des dizaines de témoignages ont émergé racontant le désarroi des victimes face à l’impunité de leurs agresseurs présumés. Le délai de prescription des crimes sexuels sur mineurs a beau avoir été élargi à 30 ans après la majorité en 2018, il n’en demeure par moins que l’amnésie traumatique peut durer plus longtemps.
J’avais 5ans violée par un médecin.Amnésie de 45ans, une vie à se souvenir de quelques choses de très désagréable et associé à une douleur vaginale. Jamais porté plainte. Ce jour là cet homme a fait de moi une proie facile pour les autres,c fini! #MetooAmnesie #StopPrescription pic.twitter.com/3y1eGNI9ZF
— Quéguiner Amélie (@AmelieQueguiner) February 21, 2021
“L’amnésie traumatique enferme tout”
L’actrice Nadège Beausson-Diagne en a proposé une définition simplifiée le 27 février: “L’amnésie traumatique enferme tout ce qui s’est passé dans votre cerveau au moment de l’agression et elle occulte tout. En fait, ce sont des flashs qui essaient de vous rappeler ce qui vous est arrivé. Moi, mes flashs, c’était une douleur. Je peux la ressentir encore dans mon corps.”
"Le pédocriminel est plus fort que l’enfant vulnérable" | 40 ans après, Nadège Beausson-Diagne ressent encore la douleur des viols qu’elle a subis alors qu'elle était enfant. Elle revient sur ce traumatisme et fait un rappel : les violeurs sont les seuls responsables des viols. pic.twitter.com/fQJCPP8gvv
— Konbini news (@konbininews) February 27, 2021
Le passage est bel et bien délicat entre l’enfouissement des souvenirs et leur résurgence. “Quand les personnes commencent à avoir des réminiscences, elles sont un peu floues, elles arrivent parfois sous la forme de cauchemars”, souligne Cathy Milard, présidente de SOS inceste et violences sexuelles .
“Les personnes sont particulièrement fragiles dans cette période, continue-t-elle. En effet, c’est là que peuvent advenir des crises d’angoisse très importantes, des états dépressifs, et même des symptômes physiques, parce qu’ils revivent le trauma.”
“Il ne faut surtout pas laisser ces personnes seules, il faut les accompagner et les soutenir, continue Cathy Milard. Les amis et la famille ne sont pas là pour la prise en charge, il faut avoir recours à un médecin généraliste, si on lui fait confiance, à un psychiatre ou à un psychologue.”
Situation médicale d’urgence
Pour la Dre Muriel Salmona , spécialiste de la mémoire traumatique liée aux violences sexuelles, ce moment particulier s’apparente à une situation médicale d’urgence.
“Beaucoup de patients disent que le retour de la mémoire traumatique peut être d’une violence inouïe. C’est alors le médecin qui est le plus à même de prendre en charge la personne, car il doit pouvoir identifier les symptômes comme l’anxiété, le stress post-traumatique, les troubles du sommeil, les crises d’angoisse, la croyance que l’on est sur le point de basculer du côté de la psychose. Il faut s’assurer auprès d’un professionnel que ces remontées sont bien des flashs traumatiques.”
“Si la personne n’est pas prise en charge, continue la psychiatre, on se retrouve face à des risques suicidaires importants, des accidents du travail, parce que la résurgence des souvenirs place dans une sidération qui peut être dangereuse si l’on est sur la route ou si l’on manipule des objets lourds ou dangereux. Ou bien encore, cela peut nous mettre dans des difficultés au travail ou dans le couple. Ou bien encore créer des troubles du sommeil, des troubles alimentaires, des comportements addictifs.”
Ensuite, s’il s’agit de mineurs, d’adolescents qui vous font part de ces souvenirs diffus, il faut veiller à faire un signalement au procureur. C’est une obligation légale.
Il faut également demander si les personnes sont encore en contact avec les potentiels agresseurs. “En général, les victimes qui peuvent retrouver leur mémoire traumatique, précise la Dre Salmona, ce sont celles qui se sont éloignées de leur agresseur.”
>> Plus d’informations sur le site www.memoiretraumatique.org .
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