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      Esclavage moderne au Qatar : les multinationales épargnées par la critique

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Monday, 2 January, 2023 - 17:32 · 11 minutes

    A l’occasion de la Coupe du monde de football, les nations occidentales ont, à juste titre, accusé le Qatar, pays hôte, de se livrer à une exploitation des travailleurs et de faire preuve d’autoritarisme. Le monde post-colonial a de son côté reproché à l’Occident son hypocrisie sur le sujet. Les multinationales, pourtant grandes gagnantes de la compétition, ont elles été épargnées par les critiques. Article de notre partenaire Jacobin , traduit par Alexandra Knez et édité par William Bouchardon.

    La récente Coupe du monde 2022 de la FIFA a suscité de nombreux articles à propos de la politique de soft power par le sport – décrit par certains comme du « sports washing » – pratiquée par le Qatar. Avant le tournoi, les commentateurs occidentaux ont critiqué l’autoritarisme politique et les conditions de travail draconiennes du pays hôte de la compétition. En réponse, les commentateurs des pays anciennement colonisés ont légitimement pointé du doigt l’hypocrisie de l’Occident. Après tout, les anciennes superpuissances coloniales ont bien jeté les bases de la débâcle qui a eu lieu au Qatar.

    Bien que chaque camp soulève des remarques pertinentes, la discussion qui en a résulté n’a guère été productive. Le discours politique autour du mondial 2022 a surtout montré que les récits de « choc des civilisations » continuent de dominer l’imaginaire politique mondial, malgré une réalité moderne toute autre dans laquelle le capital international – qu’il soit oriental ou occidental – règne en maître, et a le pouvoir de mettre les gouvernements au pas. Pendant que nous sommes occupés à nous pointer du doigt les uns les autres, les multinationales se frottent les mains.

    Le scandale de la Coupe du Monde

    Depuis qu’il a obtenu, en 2010, le feu vert pour l’organisation de la Coupe du monde du football dans des circonstances de corruption manifestes , le petit pays pétrolier du Qatar, qui ne possédait que peu ou pas d’infrastructures sportives au départ, a lancé un mégaprojet de 220 milliards de dollars pour accueillir l’événement télévisé le plus regardé au monde.

    Si l’économie qatarie fait depuis longtemps appel aux travailleurs migrants dans tous les secteurs, leur nombre a augmenté de plus de 40 % depuis que la candidature a été retenue. Aujourd’hui, seuls 11,6 % des 2,7 millions d’habitants du pays sont des ressortissants qataris. Il y a eu une augmentation massive de migrants précaires, principalement originaires d’Asie du Sud-Est, embauchés pour effectuer le travail manuel nécessaire à la construction des infrastructures pratiquement inexistantes en vue de 2022.

    Stade de Lusail au Qatar. © Visit Qatar

    Malgré les centaines de milliards investis, les conditions de travail de ces travailleurs manuels ont fait l’objet d’une exploitation flagrante . Les travailleurs migrants du Qatar ont dû faire face à des environnements de travail mettant leur vie en danger, à des conditions de vie précaires, à des paiements tardifs et dérisoires, à des passeports confisqués et à des menaces de violence, tout en effectuant un travail manuel rendu particulièrement pénible par la chaleur étouffante du soleil du Golfe. Selon The Guardian , 6 751 travailleurs migrants sont décédés depuis que le Qatar a obtenu l’organisation de la Coupe du monde.

    Les principaux médias occidentaux n’ont commencé à souligner ces injustices qu’au cours du mois précédant le tournoi, une fois les billets achetés, les hôtels entièrement réservés et toutes les infrastructures terminées.

    Alors que les ONG de défense des droits de l’homme et les journalistes avaient documenté l’exploitation rampante des travailleurs migrants au Qatar depuis environ une décennie avant la Coupe du monde 2022, les principaux médias occidentaux n’ont commencé à souligner ces injustices qu’au cours du mois précédant le tournoi – une fois les billets achetés, les hôtels entièrement réservés et toutes les infrastructures terminées. Le média occidental le plus virulent a été la BBC, qui a même refusé de diffuser la cérémonie d’ouverture , choisissant plutôt de diffuser une table ronde condamnant le bilan du Qatar en matière de droits de l’homme.

    Bien sûr, les critiques de la BBC à l’égard du Qatar sont tout à fait valables. Toutefois, elles ne reconnaissent pas le rôle de l’héritage colonial du Royaume-Uni dans l’établissement des conditions d’exploitation de la main-d’œuvre qui existaient au Qatar bien avant la Coupe du monde. La Grande-Bretagne est en effet intervenue d’une manière matérielle et codifiée qui continue de profiter à la fois à la monarchie qatarie et au marché mondial dominé par le capital international.

    Le kafala , un héritage britannique ?

    Au cœur de l’exploitation systémique des travailleurs d’Asie du Sud-Est au Qatar et au Moyen-Orient en général, se trouve le système de kafala (parrainage), qui dispense les employeurs parrainant des visas de travailleurs migrants de se conformer aux lois du travail protégeant les ressortissants qataris. Les travailleurs migrants n’ont pas le droit de chercher un nouvel emploi, de faire partie d’un syndicat, ni même de voyager.

    La version moderne du système de kafala a pour origine un fonctionnaire colonial relativement inconnu nommé Charles Belgrave. L’actuel Qatar, et plus généralement une grande partie du Golfe de la péninsule arabe, sont tombés sous domination coloniale britannique après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale. Belgrave, un vétéran anglais de la Grande Guerre, a été nommé en 1926 conseiller de la monarchie tribale de ce qui allait devenir l’actuel Bahreïn, dans le but d’aider à créer un État-nation moderne doté d’une bureaucratie gouvernementale fonctionnelle.

    L’intention des Britanniques en administrant le Moyen-Orient post-ottoman, composé de « protectorats » ou de « mandats » plutôt que de colonies, était de garantir les intérêts britanniques à long terme dans la région. Ainsi, si le colonisateur disposait d’un certain pouvoir, les élites locales ont également conservé une grande part de leur influence et de leur patrimoine, donnant naissance à une symbiose entre les intérêts des classes dirigeants locales et celles du Royaume-Uni . Prévoyant l’éventuelle non-viabilité de la domination coloniale directe au lendemain de la guerre, l’objectif était de créer des structures stables pour que des gouvernements d’État favorables à l’Occident et alignés sur un système économique de marché libre puissent prendre le relais.

    Avant la découverte du pétrole, Bahreïn et la région environnante abritaient des sociétés côtières et nomades gravitant autour de la pêche et de la culture des perles. L’avènement des frontières tracées par les colonisateurs a créé des obstacles à cette industrie régionale qui reposait sur la libre circulation du commerce et de la main-d’œuvre à travers la mer, désormais restreinte par de nouveaux concepts comme les passeports et les visas.

    Pour y remédier, Belgrave, en coopération avec les élites locales, a codifié la première version du système moderne de kafala , qui s’est rapidement étendu à d’autres gouvernements nouvellement formés dans la région. Cela a finalement permis à Bahreïn, au Qatar, à Oman et à d’autres États du Golfe de faciliter l’immigration et l’exploitation de travailleurs d’Asie du Sud-Est.

    En 1957, la forte impopulaire du kafala au Bahreïn conduit à des protestations qui finissent par faire démissionner Belgrave de son poste. Mais le système a persisté bien après le départ de ce dernier et la fin du pouvoir britannique dans le Golfe dans les années 1960 et 1970, témoignant de l’attachement des dirigeants locaux à cet équivalent moderne de l’esclavage. Si, à la suite des révélations des ONG et d’une enquête de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le système du kafala a théoriquement été aboli en 2019 , très peu semble avoir changé en réalité. Selon un ancien haut-fonctionnaire international sur Blast , l’OIT aurait même été acheté par les qataris pour qu’une exception leur soit accordée et que la procédure judiciaire soit classée sans suite.

    Les multinationales, véritables vainqueurs du mondial

    Le kafala n’est qu’un des nombreux systèmes modernes d’exploitation du travail dans le soi-disant « tiers-monde » qui remontent à la domination coloniale occidentale. De manière générale, le mode de vie de consommation dont jouissent de nombreux Occidentaux est rendu possible par l’externalisation d’une exploitation économique extrême dans des pays post-coloniaux socialement répressifs et politiquement autoritaires.

    Ignorant les faits historiques, les reproches de l’Occident à l’égard du Qatar ont donc été, à juste titre, qualifiés d’ hypocrites par de nombreux acteurs du monde post-colonial . Un certain nombre de commentateurs se sont empressés de souligner les lacunes des gouvernements occidentaux dans leur propre lutte contre leurs mauvaises conditions de travail, sans parler du racisme, de la misogynie et de l’homophobie (autres griefs légitimes à l’encontre du gouvernement qatari) existant dans leurs propres pays.

    Ces critiques ont des arguments légitimes, tout comme le sont les critiques envers le Qatar lui-même. Mais ce débat n’a mené nulle part, l’Occident reprochant à l’Orient son retard et l’Orient reprochant à l’Occident son éternelle hypocrisie. Ce discours s’appuie sur un clivage Est/Ouest réducteur et ne parvient pas à saisir les intérêts communs des gouvernements occidentaux et orientaux et de leurs entreprises respectives dans le maintien de régimes d’exploitation et de répression sociale.

    L’administration Biden a donné son feu vert à une vente d’armes d’un milliard de dollars au Qatar pendant la mi-temps du match entre l’Iran et les États-Unis.

    Le Qatar, très proche de l’Iran, abrite la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient. Ce n’est donc pas une coïncidence si l’administration Biden a donné son feu vert à une vente d’armes d’un milliard de dollars au Qatar pendant la mi-temps du match entre l’Iran et les États-Unis. Un comportement habituel : les États-Unis ne se privent pas de fermer les yeux sur le despotisme de leurs alliés riches en pétrole dans le Golfe, tout en critiquant leurs ennemis autoritaires qui adoptent pourtant ce même comportement.

    Les gouvernements et les entreprises de l’Union européenne entretiennent également des relations profitables avec le Qatar. À ce sujet, quatre membres du Parlement européen ont été accusés le 11 décembre dernier d’avoir reçu des pots-de-vin de la part de responsables qataris qui cherchaient à influencer des décisions politiques. Pourtant, le fait que l’Occident profite du despotisme qatari – et de celui du Golfe en général – n’a pas été pris en compte dans les critiques adressées au Qatar ces dernières semaines. Cela n’a pas non plus été souligné par ceux qui se sont empressés d’esquiver ces critiques.

    Les critiques et les détracteurs ont très peu parlé des sponsors occidentaux , des marques de vêtements de sport , des diffuseurs sportifs et d’autres entités commerciales internationales qui ont engrangé des bénéfices massifs sur le dos des travailleurs qui ont peiné et sont morts en préparant ce tournoi. La seule organisation occidentale complice de la controverse Qatar 2022 faisant l’objet de critiques justifiées est la FIFA, une entité non corporative ou gouvernementale. À l’instar des gouvernements occidentaux, les entreprises occidentales ont été largement épargnées.

    Les critiques et les détracteurs ont très peu parlé des sponsors occidentaux, des marques de vêtements de sport, des diffuseurs sportifs et d’autres entités commerciales internationales qui ont engrangé des bénéfices massifs sur le dos des travailleurs.

    Ce récit de « choc des civilisations » qui alimente le discours autour du mondial 2022 détourne l’attention d’un autre plus grand problème qui touche à la fois le Moyen-Orient et les travailleurs migrants exploités dans le monde entier, à savoir le capitalisme néolibéral mondialisé. Le véritable gagnant de la Coupe du monde est le capital international, qu’il soit occidental ou qatari, et les véritables perdants sont les travailleurs migrants exploités et les citoyens politiquement réprimés du Qatar et du Moyen-Orient post-colonial.

    La focalisation respective de chaque partie sur des nations orientales vues comme barbares ou sur des nations occidentales hypocrites ne rend pas compte du caractère financiarisé et international du capitalisme du XXIe siècle et de la façon dont il a modifié le paysage politique mondial – unissant souvent l’Est et l’Ouest dans un projet commun visant à tirer un maximum de profit des populations pauvres exploitées de par le monde.

    Sur une note plus optimiste, la Coupe du monde 2022 a également vu l’expression d’une solidarité panarabe et post-coloniale qui va au-delà de ces frontières dessinées par la colonisation, une forme de conscience politique historiquement liées à des tendances anticapitalistes et de gauche dans les décennies passées. La présence continue du drapeau palestinien et le soutien massif dont a bénéficié l’équipe du Maroc de la part des Arabes et des Africains suggèrent le retour possible d’un discours politique post-colonial qui rompt avec ces récits improductifs de « choc des civilisations » souvent liés à l’existence des États-nations.

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      Au Texas, 46 migrants retrouvés morts dans un camion, une "horrible tragédie"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 28 June, 2022 - 05:53 · 5 minutes

    Au Texas, 46 migrants ont été retrouvés morts dans un camion le 27 juin 2022. Au Texas, 46 migrants ont été retrouvés morts dans un camion le 27 juin 2022.

    ÉTATS-UNIS - Une “horrible tragédie”. Un camion transportant des migrants a été découvert lundi 27 juin avec 46 cadavres dans sa remorque à San Antonio, au Texas , dans le sud des États-Unis , après une journée de forte chaleur. Trois personnes ont été interpellées, ont indiqué les autorités.

    Le drame, l’un des pires en matière migratoire ces dernières années, intervient cinq ans après un drame similaire dans la même ville, où dix clandestins avaient perdu la vie dans une remorque surchauffée. “Nous avons jusqu’ici pris en charge environ 46 corps”, a indiqué Charles Hood, chef des pompiers de la ville, lors d’une conférence de presse tenue à la fin d’une journée où la température a frôlé les 40°C.

    Seize personnes -douze adultes et quatre enfants- ont été prises en charge et étaient “conscientes” lors de leur transport vers des hôpitaux des environs, a-t-il précisé. “Nous sommes confrontés ce soir à une horrible tragédie humaine”, a commenté Ron Nirenberg, maire de San Antonio. “Nous espérons que les personnes responsables d’avoir placé ces gens dans de telles conditions inhumaines seront poursuivies dans toutes les limites de la loi”.

    Pas d’eau dans le camion

    Les camions tels que celui retrouvé à San Antonio, grande ville du Texas à environ 240 km de la frontière avec le Mexique, sont un moyen de transport fréquemment utilisé par des migrants souhaitant entrer aux États-Unis.

    Un tel voyage est extrêmement dangereux, d’autant que ces véhicules sont rarement climatisés et que leurs occupants en viennent rapidement à manquer d’eau. “Les patients que nous avons vus étaient brûlants au toucher, ils souffraient de coups de chaleur, d’épuisement dû à la chaleur, on n’a pas trouvé trace d’eau dans le véhicule”, a énuméré le chef des pompiers.

    Le charnier a été découvert par un individu travaillant non loin, qui a “entendu un appel au secours” et s’est approché pour voir de quoi il retournait, a raconté le chef de la police de San Antonio, William McManus, lors de la conférence de presse.

    Trois personnes ont été interpellées, a-t-il précisé, mais “nous ne savons pas si elles sont absolument liées à ceci ou non”. L’enquête, désormais fédérale, a été confiée aux enquêteurs du ministère de la Sécurité intérieure, a précisé M. McManus.

    Greg Abbott rejette la faute sur Joe Biden

    Quelque 60 pompiers ont été mobilisés pour prendre en charge les dépouilles et vont recevoir un accompagnement psychologique, a précisé leur chef Charles Hood. “On n’est pas censés ouvrir un camion et y trouver des piles de corps”, a-t-il dit pour expliquer le traumatisme auquel ses hommes ont été confrontés.

    Le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a regretté sur Twitter une “tragédie”. Il a indiqué que le consul mexicain à San Antonio s’était rendu sur place et avait appris que deux des quatre enfants hospitalisés étaient de nationalité guatémaltèque. Le drame “a très probablement été perpétré par des trafiquants”, a-t-il jugé.

    Le secrétaire d’État à la sécurité intérieur Alejandro Mayorkas a fait part de sa tristesse sur Twitter: “Beaucoup trop de vies ont été perdues alors que des individus -dont des familles, des femmes, des enfants- font ce dangereux voyage.” “Nous avons besoin d’une action urgente -démanteler les réseaux de passage de clandestins et les remplacer par des voies élargies de migration légale qui reflètent nos valeurs et répondent aux besoins de notre pays”, a de son côté écrit le candidat démocrate au poste de gouverneur Beto O’Rourke.

    Le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott , candidat pour un troisième mandat à la tête de l’État en novembre, s’est immédiatement saisi du drame pour en rejeter la faute sur le président démocrate Joe Biden. “Ces morts sont (de la responsabilité de) Biden. Elles sont le résultat de sa politique mortelle d’ouverture des frontières”, a-t-il attaqué.

    Un drame similaire en 2017

    Les arrivées de migrants clandestins ont fortement augmenté après l’élection de Joe Biden, bien que ce dernier tente depuis son arrivée à la Maison Blanche d’endiguer l’afflux migratoire en confiant notamment cet épineux dossier à sa vice-présidente Kamala Harris.

    En juillet 2017, une tragédie similaire avait marqué les esprits: dix migrants avaient trouvé la mort dans une remorque surchauffée garée sur un parking de supermarché près de San Antonio.

    À l’époque, les services de l’immigration avaient indiqué que la température dans la remorque, où des dizaines de migrants avaient pris place, avait pu grimper jusqu’à 65°C.

    Le conducteur du camion, qui avait affirmé ne pas avoir remarqué qu’il transportait une centaine de personnes dans sa remorque, a été condamné en avril 2018 à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Au Texas, les images saisissantes de milliers d’enfants migrants entassés dans un centre

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      Espagne: mort de 18 migrants à Mellila, Madrid accuse "les mafias" de passeurs

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 25 June, 2022 - 18:03 · 3 minutes

    Des migrants arrivent sur le sol espagnol après avoir traversé les clôtures séparant l'enclave espagnole de Melilla du Maroc à Melilla, en Espagne, le vendredi 24 juin 2022. Des migrants arrivent sur le sol espagnol après avoir traversé les clôtures séparant l'enclave espagnole de Melilla du Maroc à Melilla, en Espagne, le vendredi 24 juin 2022.

    ESPAGNE - Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a accusé ce samedi 25 juin “les mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains” d’être responsables du “violent assaut” à la frontière avec le Maroc à Melilla qui a entraîné la mort de 18 migrants sub-sahariens vendredi.

    “S’il y a un responsable de tout ce qui s’est passé à la frontière, ce sont les mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains. Par conséquent, il s’agit d’une attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays”, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse dans la capitale espagnole.

    Selon un dernier bilan des autorités marocaines, 18 clandestins ont trouvé la mort vendredi lors de la tentative d’entrée de près de 2.000 migrants dans Melilla , enclave espagnole au Maroc. Les 18 migrants qui ont péri ont trouvé la mort “dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer” qui sépare cette enclave du territoire marocain, lors d’“un assaut marqué par l’usage de méthodes très violentes de la part des migrants”, a souligné une source des autorités de la province de Nador.

    Ce bilan de 18 morts, qui n’est que provisoire, est -de très loin- le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l’autre enclave espagnole de Ceuta, qui constituent les seules frontières de l’UE avec le continent africain. Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, spécialiste des migrations entre l’Afrique et l’Espagne, le bilan s’élèverait en réalité à 27 morts.

    Au total, 130 migrants sont parvenus à entrer vendredi à Melilla. Un seul d’entre eux restait hospitalisé, selon des sources de la préfecture espagnole. Par ailleurs, u n premier bilan des autorités faisait état de cinq morts et 76 blessés, dont 13 grièvement, parmi les migrants, et de 140 policiers blessés, dont cinq grièvement.

    Demande d’une enquête indépendante

    Pour sa part, la principale organisation marocaine de défense des droits humains a demandé ce samedi “l’ouverture d’une enquête rapide et transparente” sur cette “tragédie” sans précédent au Maroc, selon les déclarations à l’AFP de Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) à Nador (nord du Maroc).

    En Espagne, une députée européenne du parti de gauche radicale Podemos , allié des socialistes au sein du gouvernement minoritaire de Pedro Sánchez, lui a fait écho samedi. “Une enquête est nécessaire pour éclaircir les faits et les responsabilités”, a déclaré dans un tweet Idoia Villanueava, responsable de Podemos pour les affaires internationales.

    De nombreux témoignages mettaient en avant la violence de part et d’autre lors des événements de vendredi. “C’est la tentative” d’entrer à Melilla “la plus violente que j’ai jamais vu”, a confié à l’AFP Rachid Nerjjari, serveur dans un café situé en face de la clôture qui marque la frontière dans le quartier marocain de Barrio Chino. Il a assuré avoir vu “des migrants armés de bâtons et de barres de fer, une première dans la région”.

    Tout en reconnaissant que l’assaut des migrants avait été “violent”, Eduardo de Castro, le président (maire) de Melilla et plus haute autorité politique de cette ville autonome, a ainsi dénoncé une “réponse disproportionnée” du Maroc à la tentative de passage en force des clandestins.

    “Le Maroc se permet certaines choses qui ne seraient pas acceptables” en Espagne, a-t-il dit. Sur les lieux, le calme est revenu samedi à Nador, cité limitrophe de l’enclave espagnole, ainsi qu’aux alentours de la haute clôture de fer qui sépare le Maroc de Melilla, selon des journalistes de l’AFP.

    A voir également sur Le HuffPost: Face aux migrants, Pedro Sanchez chahuté à son arrivée à Ceuta et Melilla

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      Le vol britannique censé expulser des migrants vers le Rwanda annulé en dernière minute

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 14 June, 2022 - 23:09 · 5 minutes

    Le Boeing 767 qui devait emmener les premiers migrants vers le Rwanda, depuis Amesbury en Angleterre, le 14 juin 2022. Le Boeing 767 qui devait emmener les premiers migrants vers le Rwanda, depuis Amesbury en Angleterre, le 14 juin 2022.

    ROYAUME-UNI - C’est un revers humiliant pour le gouvernement britannique de Boris Johnson: malgré sa détermination à expulser des migrants vers le Rwanda pour dissuader les arrivées illégales au Royaume-Uni, le premier vol prévu ce mardi 14 juin dans la soirée a été annulé à la suite de recours de dernière minute.

    Avec son projet d’envoyer des demandeurs d’asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni dans ce pays d’Afrique de l’Est, à plus de 6000 km de Londres, le gouvernement prétend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d’augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l’immigration depuis le Brexit.

    Ce projet critiqué par l’ONU est très populaire au sein de l’électorat conservateur, alors que Boris Johnson tente de restaurer son autorité après avoir échappé à un vote de défiance de son parti.

    Mais après des recours en justice, et une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l’Homme, l’avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d’euros est finalement resté au sol.

    Un volte-face qui a “déçu” la ministre de l’Intérieur Priti Patel qui s’en est pris à la CEDH. “J’ai toujours dit que cette politique ne serait pas facile à appliquer et je suis déçue que les contestations judiciaires et les réclamations de dernière minute aient empêché le vol d’aujourd’hui de décoller”, a-t-elle déclaré ce mardi soir.

    Un vol passé de 130 à 0 migrants

    La ministre a jugé “très surprenant que la Cour européenne des droits de l’homme soit intervenue malgré des succès antérieurs répétés devant nos tribunaux nationaux”.

    “On ne nous découragera pas de faire ce qu’il faut et de mettre en œuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays”, a-t-elle cependant averti, ajoutant que l’équipe juridique du gouvernement “examine chaque décision prise sur ce vol et la préparation du prochain vol commence maintenant”.

    À l’origine, les autorités comptaient expulser jusqu’à 130 migrants (Iraniens, Irakiens, Albanais ou Syriens) dans ce premier vol, un chiffre qui s’est réduit comme peau de chagrin à la suite de divers recours individuels.

    Et dans un rebondissement de dernière minute, la CEDH a stoppé ce mardi soir l’expulsion d’un demandeur d’asile irakien, en prenant une mesure d’urgence provisoire. Une source de soulagement pour les associations de défense des droits des migrants qui jugent le projet du gouvernement cruel et inhumain.

    La CEDH, basée à Strasbourg, a estimé que l’expulsion de l’Irakien devait être repoussée jusqu’à ce que la justice britannique ait examiné la légalité du projet de loi, ce qui est prévu en juillet. Il s’agit en particulier de s’assurer que les migrants puissent avoir accès à des procédures équitables au Rwanda et que le Rwanda soit considéré comme un pays sûr.

    Au Rwanda, dirigé par le président Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts selon l’ONU, le gouvernement est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique.

    Revers cinglant pour le gouvernement de Boris Johnson

    Des associations ou organisations de soutiens aux réfugiés se sont félicités de ce dénouement comme Refugee Council qui a fait part sur Twitter de son “immense soulagement”.

    “Maintenant, nous devons nous préparer à résister à l’assaut total des conservateurs sur la CEDH qui est sûrement à venir”, a averti la Première ministre écossaise et cheffe des indépendantistes écossais, Nicola Sturgeon.

    Selon le quotidien conservateur The Telegraph , le gouvernement britannique pourrait reconsidérer son adhésion à la Convention européenne des droits de l’homme afin de pouvoir mettre en œuvre sa stratégie, malgré les critiques, de l’église anglicane jusqu’au prince Charles qui juge le projet “consternant”, selon le Times .

    En attendant, pour le gouvernement le revers est cinglant. Les quotidiens Metro et The Mirror évoquent une “mascarade” tandis que le journal de gauche The Guardian souligne le “chaos” provoqué.

    “Milliers de migrants”

    À Calais, dans le nord de la France, d’où partent de nombreux migrants désireux de rejoindre l’Angleterre, des candidats au départ ne semblaient pas dissuadés de partir. Ainsi, Moussa, 21 ans, originaire du Darfour, a expliqué à l’AFP vouloir aller en Angleterre pour “obtenir des papiers” et pour l’anglais qu’il maîtrise déjà.

    En vertu de son accord avec Kigali, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres (140 millions d’euros). Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait aux migrants la possibilité “de s’installer de manière permanente”.

    Lors d’une conférence de presse à Kigali, la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo a indiqué que le Rwanda serait “heureux” d’accueillir “des milliers de migrants”.

    Avec ce projet, le gouvernement veut dissuader les traversées illégales de la Manche qui  provoquent régulièrement des tensions avec la France. Depuis le début de l’année, plus de 10.000 migrants ont traversé illégalement pour atteindre les côtes britanniques sur de petites embarcations, une hausse par rapport aux années précédentes, déjà record. Plusieurs centaines sont arrivés ces derniers jours et mardi matin.

    À voir également sur Le HuffPost : Boris Johnson massivement hué lors de son arrivée à la messe du jubilé

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      L'expulsion de migrants vers le Rwanda pousse le prince Charles à prendre position

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 11 June, 2022 - 13:33 · 4 minutes

    Le prince Charles, ici au jubilé de la reine Elizabeth le 5 juin 2022, a exprimé en privé son opposition au projet du gouvernement de renvoyer les migrants clandestins au Rwanda. Le prince Charles, ici au jubilé de la reine Elizabeth le 5 juin 2022, a exprimé en privé son opposition au projet du gouvernement de renvoyer les migrants clandestins au Rwanda.

    ROYAUME-UNI - Une prise de position rare. Le prince Charles a jugé en privé “consternant” le projet du gouvernement britannique de renvoyer au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni , a rapporté ce samedi 11 juin le quotidien The Times , à quelques jours de premiers départs prévus.

    Une source a affirmé au journal avoir entendu plusieurs fois le prince de 73 ans exprimer en privé son opposition à cette politique destinée à dissuader les traversées illégales de la Manche par des migrants, toujours plus nombreuses.

    L’héritier de la couronne britannique s’est dit particulièrement gêné par ce sujet, craignant que cela n’éclipse une réunion du Commonwealth qui se tiendra à partir du 20 juin au Rwanda, où il représentera sa mère la reine Elizabeth II .

    Le prince Charles “déçu par cette politique”

    “Il a dit qu’il était plus que déçu par cette politique”, a déclaré cette source anonyme. “Il a dit qu’il pensait que toute l’approche du gouvernement était épouvantable”, a-t-elle ajouté.

    Un premier vol transportant une trentaine de demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni est prévu mardi, après l’échec vendredi du recours en justice d’associations de défense des réfugiés.

    Le juge de la Haute Cour de Londres Jonathan Swift, qui examinait l’affaire en urgence, a déclaré qu’il était “important dans l’intérêt public que la ministre de l’Intérieur puisse mettre en œuvre des décisions de contrôle de l’immigration”.

    Le Premier ministre Boris Johnson s’est félicité de cette décision de justice, assurant que cette stratégie contribuerait ”à briser le modèle commercial de ces criminels impitoyables”.

    Les plaignants, dont les associations Care4Calais et Detention Action, ont cependant interjeté appel, qui sera entendu lundi, à la veille des premiers départs prévus. Clarence House, qui gère la communication du prince Charles, n’a pas démenti ses propos mais insisté sur la neutralité politique de l’héritier du trône.

    Officiellement, le prince Charles “reste neutre”

    James Nichol, avocat et administrateur de l’association Care4Calais, a dénoncé une politique “brutale” visant “des gens qui viennent de pays déchirés par la guerre” et “sont déjà traumatisés”. Sonya Sceats, directrice générale de l’association Freedom From Torture, a également exprimé sa “déception”, mais souligné que le combat était “loin d’être terminé”.

    “Nous ne commentons pas de supposées conversations privées anonymes avec le prince de Galles, sauf pour réaffirmer qu’il reste politiquement neutre. Les questions politiques sont des décisions pour le gouvernement”, a indiqué un porte-parole.

    Bien que le prince Charles ait exprimé ses opinions sur différents sujets au cours de sa vie, ses interventions sur des questions prêtant à controverse se sont faites plus rares ces dernières années, à mesure qu’il se prépare à succéder à sa mère Elizabeth II, âgée de 96 ans. Dans une interview à la BBC en 2018, il avait promis de rester neutre une fois devenu roi.

    En envoyant des demandeurs d’asile à plus de 6.000 kilomètres de Londres, ce qui rappelle la politique menée par l’Australie, le gouvernement compte dissuader les arrivées clandestines dans le pays, toujours plus nombreuses.

    Une diversion pour Boris Johnson?

    Depuis le début de l’année, plus de 10.000 migrants ont traversé illégalement la Manche pour atteindre les côtes britanniques sur de petites embarcations, une hausse considérable par rapport aux années précédentes, déjà record.

    L’évêque de Douvres, une des villes du sud-est de l’Angleterre où arrivent les migrants après avoir traversé la Manche, Rose Hudson-Wilkin, a exprimé sa “honte d’être britannique” et sa “colère”.

    “Nous créons un système de réfugiés à deux niveaux.(...) Si vous avez l’air un peu différent, alors nous ne voulons pas de vous ici, vous allez au Rwanda. C’est mal”, a-t-elle déclaré à Times Radio. Ce projet est aussi vu par l’opposition travailliste comme une tentative de “diversion” face aux scandales politiques affaiblissant le Premier ministre Boris Johnson.

    Le Rwanda, dirigé par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, selon l’ONU, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique. Boris Johnson avait lui décrit ce pays d’Afrique de l’Est comme l’un des “plus sûrs au monde, mondialement reconnu pour son bilan d’accueil et d’intégration des migrants”.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Boris Johnson massivement hué lors de son arrivée à la messe du jubilé

    Déclaration transnationale sur les luttes des #migrants au temps de la #pandémie

    Collectif des Travailleurs sans papiers de Vitry
    Coordinamento Migranti Bologna

    “La pandémie, répandue partout dans le monde, montre que même si le #travail des migrants est considéré comme essentiel, la vie des femmes et des hommes migrants ne l’est pas. Nous, les migrants, pouvons être laissés dans la mer ou aux portes de l’ #Europe, nous pouvons être enfermés dans des centres de détention ou d’accueil, nous pouvons être viré et perdre ainsi nos #papiers, nous pouvons être laissés au milieu de la rue sans-abri”

    “Nous exigions la mise en place d’un permis de séjour européen illimité et inconditionnel, qui soit indépendant de nos conditions familiales, de l’emploi ou du revenu. Il est temps de nous organiser à travers et au-delà des frontières contre les politiques #racistes qui exigent de nous un travail essentiel alors que nos vies peuvent toujours être sacrifiées : il est temps d’affirmer notre liberté contre l’exploitation.”

    Le texte en entier : http://www.laboursolidarity.org/declaration-transnationale-sur-les

    #internationalisme #CNT #CNT31