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      "Uber Files": Pourquoi le nouveau ministre du Numérique ne traitera pas les dossiers en lien avec l'application

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 11 July, 2022 - 13:23 · 2 minutes

    Jean-Noël Barrot à l'Élysee le 4 juillet 2022. Jean-Noël Barrot à l'Élysee le 4 juillet 2022.

    POLITIQUE - Voilà un sujet d’actualité auquel il se trouve mêlé... et dont il devra se tenir éloigné. Après la publication des “Uber Files” pointant notamment du doigt les liens étroits entre la société Uber et Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie, Jean-Michel Barrot a annoncé à BFMTV qu’il n’interviendrait pas sur le sujet.

    Un lien familial qui pose problème

    Comme l’a révélé La Lettre A , le nouveau ministre délégué à la Transition numérique et aux Télécommunications, est en effet le frère de Hélène Barrot,  directrice de la communication de la société de VTC. Un lien de parenté qui oblige ce proche de François Bayrou à s’écarter de tout sujet en lien avec Uber, comme il l’a d’abord indiqué à La Lettre A . Après les révélations des “Uber Files”, il a réaffirmé cette position de principe ce lundi auprès de BFMTV :

    “Je vous confirme que ma sœur Hélène Barrot occupe le poste de directrice communication Europe de l’Ouest chez Uber, explique-t-il. Je vous confirme également que dans le cadre de mes nouvelles fonctions je me déporterai de tout sujet concernant la société Uber.”

    Si les contours du portefeuille du ministre doivent encore être déterminés par décret, les sujets concernant la compagnie de VTC devraient entrer dans le giron de la Première ministre, Élisabeth Borne, selon La Lettre A .

    Ce lien familial pourrait par ailleurs ne pas être la seul épine dans le pied du ministre. L’enquête du Monde révèle que plusieurs économistes français , dont David Thesmar et Augustin Landier, ont été rémunérés par Uber pour réaliser des études visant à donner une “une caution académique” à l’entreprise, et à défendre son modèle dans les médias. Tous deux ont ainsi été les auteurs d’une étude publiée en mars 2016 et rétribuée à hauteur de 100 000 euros.

    Or, comme l’a repéré le journaliste Martin Clavey sur Twitter, le ministre connaît bien ces économistes, puisqu’ils ont encadré sa thèse de sciences de gestion en 2012, David Thermas en tant que directeur de recherche et Augustin Landier comme rapporteur de thèse.

    À voir également sur le HuffPost : Des applaudissements aux huées, une Assemblée nationale hétéroclite face à Élisabeth Borne

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      De Boone à Braun, la ressemblance entre ces noms de famille au gouvernement amuse

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 4 July, 2022 - 14:11 · 2 minutes

    Certains membres du gouvernement ont un patronyme à la ressemblance troublante. Certains membres du gouvernement ont un patronyme à la ressemblance troublante.

    POLITIQUE - Saurez-vous prononcer leurs noms sans vous emmêler les pinceaux?  Après l’annonce des 41 membres du gouvernement d’Elisabeth Borne , plusieurs patronymes ont attiré l’attention de journalistes et internautes. Du nouveau ministre de la Santé au ministre des Transports en passant par la secrétaire d’Etat chargée des Affaires européennes, certains membres de l’exécutif ont des noms qui défieront votre diction.

    Après Élisabeth Borne , Première ministre, il faut en effet désormais compter au gouvernement François Braun à la Santé, Clément Beaune aux Transports, mais aussi Laurence Boone au secrétariat d’État chargé de l’Europe. Et si l’on veut compliquer encore les choses, ajoutons Emmanuel Bonne, toujours conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron.

    Un cauchemar de prononciation

    Si beaucoup se sont amusés de cette succession de noms commençant tous par la même lettre et à la prononciation proche, certains journalistes étrangers parlent d’un “cauchemar” pour réussi à les prononcer correctement.

    Le remplacement de Clément Beaune par Laurence Boone au secrétariat chargé des Affaires européennes pourrait malgré tout faire leur affaire, puisque que leurs noms se prononcent bien de la même façon.

    À voir également sur le HuffPost : Damien Abad quitte son ministère “avec beaucoup de regrets” et dénonce des “calomnies ignobles”

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      Rima Abdul Malak a "très envie" d'aller au Hellfest voir Guns N' Roses

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 21 June, 2022 - 10:01 · 3 minutes

    Rima Abdul-Malak, Ministre de la Culture, à l'Elysée le 14 juin 2022. Rima Abdul-Malak, Ministre de la Culture, à l'Elysée le 14 juin 2022.

    GOUVERNEMENT - Tout juste un mois après sa nomination comme ministre de la Culture, Rima Abdul Malak a accordé au Parisien une longue interview ce lundi 20 juin. Durant l’entretien riche en thématiques, le quotidien a notamment cherché à mieux connaitre les goûts de celle qui a été désignée pour remplacer Roselyne Bachelot.

    “J’ai très envie de me rendre au Hellfest pour y voir Guns N’ Roses car c’était mon tout premier concert, à la Halle Tony Garnier de Lyon, quand j’avais 14-15 ans”, a-t-elle commencé par dévoiler. À l’opposé elle affirme également apprécier la musique classique. “Alexandre Tharaud qui joue Bach est indépassable pour moi. Ça peut me faire pleurer. J’aime aussi l’opéra baroque”, ajoute la ministre présentant ses goûts musicaux comme “globalement assez larges”.

    Côté cinéma, Rima Abdul Malak se tourne vers le septième art venu d’Italie: “Federico Fellini, Nanni Moretti, Ettore Scola, Paolo Sorrentino…”. Et en France, elle affirme un penchant pour “ Jacques Audiard , Maïwenn, Noémie Lvovsky… J’ai vu tous les films d’Agnès Varda”, précise-t-elle également.

    Enfin, après avoir avoué ne pas trouver “assez de temps” pour regarder la télévision assidûment, la ministre affirme néanmoins se tenir à une lecture quotidienne de poésie. “C’est un peu mon rituel. Cela m’aide à démarrer mes journées et à me coucher le soir”, explique-t-elle.

    “La Culture m’a sauvé la vie”

    En succédant à Roselyne Bachelot, avec qui elle a travaillé durant trois ans en tant que conseillère culture , la nomination de Rima Abdul Malak au ministère prend un sens bien particulier pour elle.

    “La culture a sauvé ma vie”, affirme-t-elle au Parisien . Née à Beyrouth, la ministre a connu dix ans de guerre civile au Liban, durant lesquels elle n’a pas pu “aller une seule fois ni au cinéma, ni au théâtre, ni au musée”.

    “En arrivant en France, l’école et la culture m’ont construite, m’ont donné confiance, m’ont libérée de toute cette noirceur que la guerre du Liban avait implantée en moi et m’ont redonné goût et foi en la vie. Je crois que la culture, dans ce temps de crises que l’on vit, peut donner du sens à la vie des gens. Être aujourd’hui ministre de la Culture, c’est une grande émotion”, explique-t-elle.

    Rima Abdul Malak affirme également au Parisien vouloir être une “ministre d’action et de terrain”. Parmi ses mesures phares, elle compte notamment élargir le champ d’action du Pass Culture , en le rendant accessible aux sixièmes et aux cinquièmes à la rentrée 2023. Elle considère cet outil comme “un des leviers” pour inciter les jeunes à faire des sorties culturelles, à l’heure où ils “passent au moins trois heures par jour sur les écrans”, insiste-t-elle.

    Alors qu’aucune majorité claire ne s’est dessinée à l’issue du second tour des législatives ce dimanche 19 juin, la ministre se montre néanmoins “plutôt confiante sur le champ de la culture” à l’Assemblée Nationale . “C’est un sujet rassembleur, à l’exception des élus du RN. Il suffit de lire le programme de Marine Le Pen sur la culture pour comprendre qu’on n’a strictement rien en commun”, conclut-t-elle.

    À voir également sur Le HuffPost : La dissolution de l’Assemblée nationale, une option pour Macron (mais pas sans risque)

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      Pap Ndiaye au collège de Samuel Paty pour sa première visite comme ministre

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 23 May, 2022 - 18:13 · 2 minutes

    Le nouveau ministre de l'Education Pap Ndiaye s'est rendu à Conflans-Sainte-Honorine, dans le collège où enseignant Samuel Paty. Le nouveau ministre de l'Education Pap Ndiaye s'est rendu à Conflans-Sainte-Honorine, dans le collège où enseignant Samuel Paty.

    ÉDUCATION - Un geste fort. Le nouveau ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye s’est rendu ce lundi 23 mai au collège de Conflans-Sainte-Honorine où enseignait Samuel Paty , professeur assassiné en octobre 2020, faisant passer le message que “c’est la République qui gagne, malgré tout”.

    Pap Ndiaye a échangé durant une heure avec la communauté éducative du collège du Bois d’Aulne des Yvelines, marquée par la mort du professeur d’histoire-géographie, a constaté une journaliste de l’AFP.

    Le nouveau ministre, qui avait rendu hommage à Samuel Paty dès vendredi lors de la passation de pouvoir avec Jean-Michel Blanquer, a expliqué à la presse s’être rendu sur place pour délivrer “un message très simple, qui est celui du refus de la barbarie et de la haine”.

    “Mais aussi le message par lequel au fond, la République, par l’école, elle est plus forte. C’est la République qui gagne, finalement, malgré tout”. Il a évoqué “la résilience, les initiatives qui sont prises, par les enseignants, par l’équipe éducative, par les élèves” qui montrent bien ”à quel point la République plonge profond dans la nation”, soulignant que cela est “très émouvant”.

    Pap Ndiaye promet de revenir à Conflans-Sainte-Honorine

    “J’ai souhaité faire ma première visite après le premier Conseil des ministres ce matin, dans ce collège là, que je ne connaissais pas, mais que je connaissais à beaucoup d’égard parce que la mémoire de Samuel Paty est restée dans mon cœur et dans mon esprit”, a-t-il poursuivi.

    Pap Ndiaye a rappelé être “historien de formation”. “J’ai lu son livre (de Samuel Paty), ‘ Mémoire de recherche ’ (...) qui a été publié depuis sa mort et j’ai participé à d’autres hommages y compris à Sciences Po où j’étais professeur (...). Il est bien normal et naturel que je me rende donc ici”, a-t-il insisté.

    Le ministre de l’Éducation a expliqué avoir “conversé très librement” avec la communauté éducative. “J’étais là pour les écouter, on était là pour parler de leur situation, des difficultés éprouvées depuis octobre 2020, plus que des questions scolaires stricto sensu, sur lesquelles nous serons amenés à nous pencher”.

    “J’ai d’ailleurs promis que je reviendrai au collège pour parler de ces questions là. Des questions plus professionnelles. Donc c’est un au revoir et un à bientôt”, a-t-il ajouté. Pour Laurent Brosse, maire DVD de Conflans-Sainte-Honorine, présent dans l’établissement, “la symbolique (de cette visite) est forte pour les enseignants”, a-t-il déclaré à l’AFP.

    À voir également aussi sur le Huffpost: “Islamo-gauchisme”, “blackface”... Entre Pap Ndiaye et Jean-Michel Blanquer, le grand écart des idées

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      Le nouveau gouvernement sera annoncé ce vendredi après-midi

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 20 May, 2022 - 05:49 · 1 minute

    POLITIQUE - La fin de l’attente. La composition du nouveau gouvernement dirigé par Elisabeth Borne sera annoncée ce vendredi 20 mai après-midi, quatre jours après la nomination de la Première ministre.

    Le gouvernement se réunira lundi, près d’un mois après la réélection du chef de l’État , le 24 avril, avec 58,55% des suffrages, face à Marine Le Pen (RN), et à trois semaines du premier tour des législatives des 12 et 19 juin. D’ici à la fin du week-end se dérouleront les cérémonies de passation de pouvoir dans les ministères entre les sortants et les nouveaux arrivants.

    Jeudi, lors de son premier déplacement en tant que Première ministre, Elisabeth Borne avait indiqué vouloir “la meilleure équipe”. “On ne va pas se mettre la pression. (...) Évidemment on n’est pas en train de traîner. Je peux vous assurer qu’on y travaille très étroitement”, avait-elle déclaré.

    Consultations avec Philippe et Cazeneuve

    Le chef de l’État avait également été interpellé sur le sujet en marge de la visite à l’Élysée de son homologue moldave Maia Sandu: “Le travail continue mais ce n’est pas une chose légère”, la constitution d’un gouvernement “requiert du temps, des échanges de fond (...) donc autant de temps qu’utile et nécessaire car il s’agit du gouvernement de la France”, avait-il dit.

    Pour le préparer, Elisabeth Borne s’est rendue à plusieurs reprises à l’Élysée, a consulté les ex-Premiers ministres Edouard Philippe -qui a assuré qu’aucun poste ne lui avait été proposé- et Bernard Cazeneuve (ex-PS), ainsi que des responsables politiques et les partenaires sociaux.

    Marine Le Pen a jugé jeudi sur BFMTV “particulièrement anormale” l’absence de gouvernement “lorsque l’on connaît la situation quotidienne des Français”, confrontés à l’impact de l’inflation.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Élisabeth Borne face au défi d’une “planification écologique” encore floue

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      Le nouveau ministre de la culture va entrer en scène, et le secteur l'attend de pied ferme

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 6 May, 2022 - 05:00 · 4 minutes

    L'actuelle ministre de la culture Roselyne Bachelot, sortant de l'Elysée le 23 mars 2022 L'actuelle ministre de la culture Roselyne Bachelot, sortant de l'Elysée le 23 mars 2022

    POLITIQUE - Tout le monde attend les trois coups de bâton et le lever de rideau. Alors que gouvernement Castex doit rester en place jusqu’au 13 mai , les professionnels du cinéma, du spectacle vivant ou de la musique attendent de pied ferme le successeur de Roselyne Bachelot . Car après deux ans d’une crise de Covid qui a profondément marqué les habitudes culturelles des Français, les urgences sont nombreuses.

    Et la première est sans équivoque de redonner aux Français l’envie d’aller écouter un concert, voir un film ou une pièce de théâtre. Les salles de spectacles vivants accusent entre “15 et 40% de baisse de fréquentation selon les agglomérations”, indique au HuffPost Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques (SNSP), évoquant une conjonction entre “perte d’habitude” et “augmentation générale du coût de la vie”. “Il faut redonner l’appétence à nos concitoyens de revenir dans les salles de spectacle.”

    “On sort de la crise sans complètement en sortir”, décrit Jean-Christophe Bourgeois, président de l’association “Tous pour la musique” qui réunit l’ensemble des représentations professionnelles de l’industrie musicale en France. Si la filière s’est prise en main et a enfourché le tigre comme l’invectivait Emmanuel Macron entre deux confinements, elle attend désormais “un appui proportionné de l’état” à l’heure où 63% des Français déclarent fréquenter moins qu’avant la crise les lieux de musique .

    Même son de cloche du côté des salles obscures, qui enregistrent plus d’un tiers d’entrées en moins par rapport à 2019 depuis le début de l’année. “Il faut que le lien avec le public soit retrouvé”, assure aussi le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Marc-Olivier Sebbag pour qui inciter les gens à revenir et soutenir la relance des activités sont des besoins “immenses”.

    La culture dans le pacte républicain

    Outre l’effort financier du gouvernement dont le secteur culturel - qui représente 2,3% du PIB français - a bénéficié au plus dur de la crise, les différents acteurs attendent désormais aussi des changements structurels. L’inscription d’un pacte pour le savoir musical à l’école pour les uns, la modernisation des lieux et des équipements de projections ou des politiques incitatives fortes auprès des collectivités territoriales pour d’autres. Et aussi des éclairages sur l’avenir du financement des médias de l’audiovisuel public , que le président-élu n’a pas encore donnés, qui ont un “rôle majeur dans l’exposition de la diversité” des artistes, souligne Jean-Christophe Bourgeois.

    Si le débat culturel a été “plus qu’inexistant” au cours de la campagne présidentielle - “ce n’est malheureusement pas une nouveauté”, nous souffle-t-on - l’important est désormais de “reconnaître l’inscription d’une politique culturelle dans le pacte républicain au même titre que la santé ou l’éducation”, soutient Frédéric Maurin, aussi directeur d’une salle de spectacle à Vendôme, dans le Loir-et-Cher. Déçu du “manque de vision” des derniers quinquennats, le président du SNSP attend que l’État envoie “des signaux forts” pour que la culture ne “passe pas à la trappe” dans les villes comme dans les campagnes.

    Un discours qui résonne auprès des professionnels de l’industrie musicale. Jean-Christophe Bourgeois attend lui aussi de connaître “la vision” que portera ce ou cette nouvelle ministre sur la place de la musique dans la société. Car pour lui la “première pratique culturelle des Français” est un “véhicule unique pour créer du lien social” et contribuer à rompre “le sentiment d’abandon, de déclassement” qui s’est exprimé dans les urnes.

    Pour en finir avec “la valse” des ministres

    Alors plutôt que de savoir “qui” sera cette personne, nos interlocuteurs préfèrent demander “pour combien de temps” sera-t-elle en place. Car en cinq ans de présidence d’Emmanuel Macron, trois interlocuteurs se sont succédé: Françoise Nyssen, Franck Riester et Roselyne Bachelot. Et en dix ans, on compte sept ministres de la Culture différents. “On est un peu essoufflés de cette valse”, concède Frédéric Maurin. “Un ministre qui est là pour 18 mois ne s’engage pas à lancer des chantiers à moyen ou long terme”, abonde le président de “Tous pour la musique”.

    “Empreint de la mission presque régalienne de la culture”, “connaisseur des arcanes du secteur”, “doté d’un poids politique pour faire valoir ses arbitrages” et qui saura “inviter chaque filière à la table des discussions”: voilà le portrait-robot du ministre de la Culture qui pourrait relever ces défis. Pour que la culture, stigmatisée “pas essentielle” il n’y a pas si longtemps, revienne au centre de l’échiquier.

    A voir également sur Le HuffPost: De Biolay à Aubert, tout le monde avait un mot à dire à Bachelot aux Victoires de la musique

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      Covid : perquisitions chez les ministres, justice d’exception ou justice spectacle ?

      Laurent Sailly · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 18 October, 2020 - 03:30 · 6 minutes

    perquisitions

    Par Laurent Sailly.

    C’est un véritable coup de tonnerre judiciaire qui a éclaté jeudi 15 octobre 2020. Alors que tous les commentaires concernaient l’intervention présidentielle de la veille et le couvre-feu déclaré dans les grandes métropoles françaises, on apprenait dans la matinée, que plusieurs perquisitions étaient en cours au domicile et bureau du ministre de la Santé, Olivier Véran et d’autres responsables dans le cadre de l’enquête sur la gestion de la crise sanitaire.

    Perquisitions chez les ministres

    Dans le même temps, les gendarmes de l’OCLAESP (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique) et des policiers de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales), ont perquisitionné chez le directeur général de la Santé Jérôme Salomon et la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne, ainsi qu’aux domiciles ou dans les bureaux d’Édouard Philippe, Agnès Buzyn, et Sibeth Ndiaye.

    Ces perquisitions ont été décidées, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 7 juillet dernier, par la Cour de justice de la République (CJR) sur la gestion de la crise du coronavirus.

    Depuis le début de la crise du coronavirus, 90 plaintes contre des ministres ont été adressées à la CJR, seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour l’exercice de leur fonction. Neuf d’entre elles ont été jugées recevables , plaintes portant notamment sur « l’incohérence des mesures » prises au sommet de l’État ou encore « l’absence d’application des recommandations de l’OMS ».

    De son côté, le parquet de Paris, qui a reçu plusieurs dizaines de plaintes ciblant parfois des responsables de l’administration, a ouvert le 9 juin une vaste enquête préliminaire, notamment pour « homicides involontaires » ou « mise en danger de la vie d’autrui ».

    Réactions politiques aux perquisitions

    Les réactions politiques n’ont pas manqué. « Ça n’est pas l’urgence aujourd’hui, on doit lutter contre la deuxième vague et je ne suis pas persuadé qu’on doive perdre du temps avec ça » , a réagi sur BFMTV le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, qui ne croit « pas à la responsabilité pénale des ministres dans cette affaire » .

    « Je vois vraiment dans cette perquisition ordonnée au lendemain de la déclaration du président de la République par les plus hauts magistrats une vraie déclaration de guerre de la justice au pouvoir politique » , a estimé sur LCI Gilbert Collard, député européen proche de Marine Le Pen.

    « Je ne trouve pas que ces perquisitions soient opportunes, il y a une judiciarisation de la vie politique. C’est plus une mise en scène qu’autre chose » , a déploré sur LCI le député LFI Éric Coquerel.

    Ces trois interventions, émanant de trois ténors politiques de famille différente éloignée de la majorité gouvernementale, soulèvent trois problématiques : la responsabilité pénale des ministres, le risque d’un pouvoir des juges, la judiciarisation de la vie politique. Dans cet article, nous ne nous interrogerons que sur la première des trois problématiques.

    La responsabilité pénale des ministres

    Un des piliers de la démocratie réside dans sa capacité à évincer du pouvoir ceux qui en abusent ou ne répondent pas aux attentes du détenteur de la souveraineté, c’est-à-dire le peuple dans les démocraties libérales modernes.

    Pour Benjamin Constant, « les ministres sont souvent dénoncés, accusés quelquefois, condamnés rarement, punis presque jamais… » .

    La responsabilité pénale permet de mettre fin à la fonction du ministre qui s’est rendu coupable d’un délit, d’un crime, ou a failli à sa mission de façon grave et de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de son pays et cette sanction peut être assortie de condamnations pénales.

    Une procédure qui a évolué sous la Ve République

    La responsabilité pénale des membres du gouvernement, pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, a connu une évolution très importante en 1993. Auparavant, ils étaient responsables, comme le président de la République, devant la Haute cour de justice, sur décision du parlement.

    Depuis la révision constitutionnelle du 27 juillet 1993, un particulier peut déclencher les poursuites devant la Cour de justice de la République. Les requêtes sont examinées par une commission composée de magistrats professionnels, et sont ensuite soit classées, soit transmises au procureur général près la Cour de cassation pour saisir la Cour de justice de la République.

    Celle-ci est composée de 12 parlementaires et de trois juges professionnels (magistrats du siège à la cour de cassation), dont l’un préside la cour.

    Art. 68-1 de la Constitution de la Vème République

    Les membres du gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis.

    Ils sont jugés par la Cour de justice de la République.

    La Cour de justice de la République est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la détermination des peines telles qu’elles résultent de la loi.

    La Cour de justice de la République « constitue un privilège qui n’a plus de raison d’être »

    La Cour est accusée d’être une justice d’exception, symbole d’une justice à deux vitesses. Sa création en 1993 avait pourtant pour objectif de réconcilier l’opinion publique avec ses responsables politiques.

    En effet l’opinion jugeait très sévèrement la classe politique qui lui semblait échapper aux règles communes en particulier lors de certaines affaires liées au financement de la vie politique et surtout lors de l’affaire dite du sang contaminé.

    La légitimité de la CJR est contestée. Selon Cécile Guérin-Bargues, professeure de droit public, ses décisions sont peu convaincantes, les condamnations très faibles, parfois assorties de jugement moraux.

    De plus les ministres sont jugés par la CJR mais leurs conseillers par les tribunaux ordinaires, conduisant ainsi à une justice à deux vitesses et des jugements peu cohérents.

    Supprimer la CJR ?

    Plusieurs projets ou propositions de lois constitutionnelles ont proposé de supprimer la CJR. Les ministres devraient être jugés par les juridictions pénales de droit commun, y compris pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions, après autorisation préalable de la commission des requêtes.

    En 2018, un autre projet de loi proposait la suppression de la CJR, les ministres devant être jugés par la cour d’appel de Paris. Cette solution bancale doit être écartée.

    Les perquisitions ne sont que le début

    Toujours est-il que nous ne sommes qu’au début de la procédure judiciaire. Si l’un ou l’autre des protagonistes devait être déclaré coupable, une condamnation définitive n’est pas attendue avant de très longues années (les recours judiciaires sont nombreux).

    Quant à une parodie de justice, mon caractère optimiste me pousse à la rejeter. À défaut de ce positionnement, il faudrait accepter être dans un pays avec un régime autocratique. En cas d’acquittement des ministres poursuivis, nul doute que les accusations de parodie de justice fleuriront.

    Mon inquiétude porte sur un éventuel lynchage électoral ou politique via les réseaux sociaux des personnes incriminées face à la disparition progressive de la présomption d’innocence en France.