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      Le rebond de l’euro ne convainc pas les créanciers européens

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 22 April, 2023 - 03:15 · 5 minutes

    Le rebond de l’euro par rapport au dollar semble rassurer sur les politiques des dirigeants, mais les créanciers semblent retenir leur enthousiasme pour les obligations européennes.

    Le graphique ci-dessous montre la valeur du dollar contre l’euro.

    Après un engouffrement des capitaux vers le dollar au début de l’année 2022, la situation retourne vers une norme, avec l’euro au-dessus de la parité. Le rapport du dollar à l’euro revient autour des niveaux de 2019.

    La directrice de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, intervient sur les plateaux de télé américains cette semaine :

    « Tout d’abord, il y a bien une reprise. C’est ce qui est clair, je pense, à présent, alors que ça ne l’était pas encore il y a 6 mois, quand nous pensions tous que nous allions vers une récession, même de l’ordre technique. Si vous regardez les différentes prévisions, elles sont toutes positives. »

    La force de l’euro fait partie des points positifs pour les élus.

    Les Échos donne des chiffres sur la remontée de l’euro :

    « Au plus haut depuis douze mois, l’euro, au-dessus de 1,10 dollar, s’approche du niveau qu’il avait au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. Une monnaie forte aide la Banque centrale européenne à lutter contre l’inflation, supérieure de deux points dans la zone euro à celle des États-Unis. »

    Le journal continue :

    « Le rebond de l’euro offre une aide bienvenue à la BCE dans son combat contre l’inflation. L’euro gagne 4,5 % par rapport au yen, 2,5 % contre le yuan et perd moins de 1 % face au franc suisse et à la livre sterling. Le taux de change global de la monnaie européenne est en hausse de 2 % en 2023. »

    Les hausses de taux attirent des fonds vers des placements en euros, en particulier les obligations des sociétés et gouvernements.

    Les investissements dans les titres en euros reviennent à une demande pour la devise, et ainsi une hausse du niveau de change.

    Les Échos :

    « La hausse des taux dans la zone euro va accentuer les achats de dette européenne par les investisseurs étrangers cette année. En 2022, les banques centrales avaient entamé un retour massif vers les obligations d’Etat de la zone euro. »

    Comme l’explique Bloomberg , des taux d’intérêts plus élevés ont déclenché un engouement pour les obligations au début de l’année 2023 :

    « Les investisseurs ont tenté de placer 530 milliards d’euros sur les trois premières semaines de l’année, pour des émissions de créances de seulement 168 milliards d’euros sur le marché primaire, d’après les données de Bloomberg. »

    Cependant, le marché des obligations en Europe baisse en volume depuis le début de l’année.

    Méfiance des marchés sur les obligations européennes

    En janvier, les entreprises et gouvernements ont émis 229 milliards d’euros d’obligations. En février, ils ont émis 113 milliards, puis environ 50 milliards en mars, selon Bloomberg.

    En somme, la manne des taux d’intérêts plus élevés pour attirer les investisseurs dans les actifs en euros a peut-être atteint ses limites.

    Par contre, les émissions de dette aux États-Unis vont de l’avant. Vous verrez ci-dessous que les émissions de dette, uniquement de la part des entreprises, atteignent 150 milliards de dollars par mois en janvier et février et dépassent toujours les 100 milliards en mars.

    L’attrait pour les obligations américaines, au-dessus de la dette européenne, indique peut-être un retour vers la parité pour l’euro.

    Une méfiance vis-à-vis des émissions de dette en euros signale peut-être aussi de l’inquiétude sur l’état des banques et autres groupes, comme les assurances ( ma co-rédactrice Simone Wapler a montré leur point de faiblesse par rapport aux hausses de taux ).

    Déformations de marché au profit des gouvernements

    Le système vient d’absorber une chute d’envergure dans la valeur des actifs en portefeuille. Je vous ai montré la semaine dernière le graphique ci-dessous, d’un indice de la valeur des obligations d’entreprises en euros.

    Déjà, la presse demande davantage de régulations autour des banques au nom de la sécurité des dépôts.

    Une tribune de Boursorama , pour la rubrique Le Cercle des Économistes , proclame :

    « Pour éviter le risque macro-économique de la hausse des taux d’intérêt sur le secteur bancaire, la garantie des dépôts (à hauteur d’une limite de 250 000 dollars) a été étendue à tous les dépôts quel que soit leur montant. C’est ainsi que, de crise en crise, le système bancaire est devenu peu ou prou un service extérieur de l’État […] Pour éviter ce gâchis, il convient de reconnaître que la garantie des dépôts, qui représente une subvention implicite aux actionnaires, encourage l’endettement et la prise de risque. Par conséquent, la régulation bancaire doit concerner tous les établissements financiers ayant des dépôts car ils présentent tous directement ou indirectement un risque systémique, quelle que soit leur taille. »

    Les sauvetages des banques stimulent en effet davantage de prise de risque.

    Ils éliminent aussi les vertus de la concurrence puisque le contribuable protège les dépôts dans tous les cas.

    La régulation ne résout pas le problème. Elle met les décisions entre les mains des élus à l’origine du problème.

    Vous aurez vu la nouvelle : la France approche des 3000 milliards d’euros de dette . Les dirigeants ne veulent pas de crise ni de panique. Ils souhaitent un maximum d’épargnes dans les banques, ou politiques d’assurance-vie ou livrets A, et ainsi un maximum d’acheteurs pour les émissions de dette de la part des gouvernements.

    Ni l’endettement des gouvernements ni la création d’argent pour les sauvetages et mesures de relance ne vont prendre fin dans l’immédiat. Sans la demande de la part des investisseurs pour les obligations européennes, la monnaie pourrait repartir à la baisse.

    Retrouvez un nouveau site web sur lequel vous pouvez suivre gratuitement les écrits de l’auteur et vous abonner à la quotidienne.

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      Comment l’argent facile a tué la Silicon Valley Bank

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 15 March, 2023 - 04:30 · 7 minutes

    Par Daniel Lacalle.

    La deuxième plus grande faillite d’une banque de l’histoire récente après celle de Lehman Brothers aurait pu être évitée. Aujourd’hui, l’impact est trop important et le risque de contagion est difficile à mesurer.

    La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) est le résultat d’un bank run classique provoqué par un problème de liquidité mais la leçon importante pour tout le monde est que l’énormité des pertes non réalisées et le trou financier dans les comptes de la banque n’auraient pas existé s’il n’y avait pas eu une politique monétaire ultralibre. Permettez-moi d’expliquer pourquoi.

    Au 31 décembre 2022, la Silicon Valley Bank disposait d’un total d’actifs d’environ 209 milliards de dollars et d’un total de dépôts d’environ 175,4 milliards de dollars, selon ses comptes publics. Ses principaux actionnaires sont Vanguard Group (11,3 %), BlackRock (8,1 %), StateStreet (5,2 %) et le fonds de pension suédois Alecta (4,5 %).

    La croissance et le succès incroyables de SVB n’auraient pas pu se produire sans les taux négatifs, la politique monétaire ultralâche et la bulle technologique qui a éclaté en 2022. En outre, l’épisode de liquidité de la banque n’aurait pas pu se produire sans les incitations réglementaires et monétaires à accumuler de la dette souveraine et des titres adossés à des créances hypothécaires (MBS).

    « Ne vous battez pas contre la Fed »

    La base d’actifs de SVB est l’exemple le plus clair du vieux mantra « Ne vous battez pas contre la Fed » . SVB a commis une grave erreur : suivre exactement les incitations créées par une politique monétaire et une réglementation laxistes.

    Que s’est-il passé en 2021 ? Un succès massif qui, malheureusement, a aussi été le premier pas vers la disparition. Les dépôts de la banque ont presque doublé avec le boom technologique. Tout le monde voulait une part du nouveau paradigme technologique imparable. Les actifs de la SVB ont également augmenté et presque doublé.

    La valeur des actifs de la banque a augmenté. Plus de 40 % étaient des bons du Trésor et des titres adossés à des créances hypothécaires à long terme. Le reste était constitué d’investissements dans les nouvelles technologies et le capital-risque, apparemment à la conquête du monde.

    La plupart de ces obligations et titres à « faible risque » étaient conservés jusqu’à leur échéance. La SVB suivait les règles habituelles : des actifs à faible risque pour équilibrer des investissements en capital-risque. Lorsque la Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt, la SVB a dû être choquée.

    L’ensemble de ses actifs reposait sur un seul pari : des taux bas et un assouplissement quantitatif pour plus longtemps. Les valorisations des entreprises technologiques ont grimpé en flèche pendant la période de relâchement de la politique monétaire, et la meilleure façon de couvrir ce risque était de miser sur les bons du Trésor et les titres adossés à des créances hypothécaires. Pourquoi parier sur autre chose ? C’est ce que la Fed achetait par milliards chaque mois. Il s’agissait des actifs les moins risqués selon toutes les réglementations et selon la Fed et tous les économistes traditionnels, l’inflation était purement « transitoire », une anecdote à effet de base. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

    Bonjour la panique

    L’inflation n’était pas transitoire et l’argent facile n’était pas illimité.

    Les hausses de taux ont eu lieu. Et la banque s’est retrouvée avec des pertes massives partout. Adieu, les prix des obligations et des titres adossés à des créances hypothécaires. Adieu, les valorisations technologiques du « nouveau paradigme ». Et bonjour la panique. Une bonne vieille ruée sur les banques, malgré la forte reprise des actions SVB en janvier. Les pertes non réalisées, évaluées à 15 milliards de dollars, représentaient presque 100 % de la capitalisation boursière de la banque. La déroute.

    Comme le dit le directeur de la banque dans le célèbre épisode de South Park : « Aaaaand it’s gone » . La SVB a montré à quelle vitesse le capital d’une banque peut se dissoudre sous nos yeux.

    La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) interviendra mais cela ne suffira pas car seuls 3 % des dépôts de la SVB étaient inférieurs à 250 000 dollars. Selon le magazine Time , plus de 85 % des dépôts de la Silicon Valley Bank n’étaient pas assurés.

    Et ce n’est pas tout. Selon Bloomberg, un tiers des dépôts américains se trouvent dans de petites banques et près de la moitié ne sont pas assurés. Les déposants de la SVB perdront probablement la majeure partie de leur argent, ce qui créera également une grande incertitude dans d’autres entités.

    La SVB était l’exemple type de la gestion bancaire dans les règles de l’art. Elle a suivi une politique conservatrice consistant à acquérir les actifs les plus sûrs – les bons du Trésor à long terme – alors que les dépôts augmentaient.

    La SVB a fait exactement ce que recommandaient ceux qui ont attribué la crise de 2008 à la « déréglementation ». La SVB était une banque ennuyeuse et conservatrice qui investissait ses dépôts croissants dans des obligations souveraines et des titres adossés à des créances hypothécaires, croyant que l’inflation était transitoire, comme tout le monde le répétait, sauf nous, la minorité de fous.

    La SVB n’a fait que suivre point par point la réglementation, les incitations de la politique monétaire et les recommandations des économistes keynésiens. La SVB était l’exemple même de la pensée économique dominante. Et le courant dominant a tué la star de la tech.

    Nombreux sont ceux qui accuseront la cupidité, le capitalisme et l’absence de réglementation, mais devinez quoi ? Davantage de réglementation n’aurait rien changé, car la réglementation et la politique encouragent l’achat de ces actifs à « faible risque ». En outre, la réglementation et la politique monétaire sont directement responsables de la bulle technologique.

    Les valorisations de plus en plus élevées de technologies non rentables et le flux prétendument inarrêtable de capitaux pour financer l’innovation et les investissements verts n’auraient jamais eu lieu sans des taux réels négatifs et des injections massives de liquidités. Dans le cas de SVB, sa croissance phénoménale en 2021 est une conséquence directe de la politique monétaire démente mise en œuvre en 2020, lorsque les grandes banques centrales ont porté leur bilan à 20 000 milliards de dollars comme si de rien n’était.

    La SVB est une victime de l’idée selon laquelle l’impression monétaire n’entraîne pas d’inflation et peut se poursuivre à l’infini. Ils y ont adhéré sans réserve, et aujourd’hui ils ont disparu.

    SVB a investi dans la bulle de tout ce qui était possible : obligations souveraines, titres adossés à des créances hypothécaires et technologie. L’ont-ils fait parce qu’ils étaient stupides ou imprudents ? Non. Ils l’ont fait parce qu’ils pensaient que ces actifs présentaient très peu de risques, voire aucun. Aucune banque n’accumule de risque dans un actif qu’elle croit à haut risque. Les banques ne peuvent accumuler des risques que si elles pensent qu’il n’y en a pas. Pourquoi perçoivent-elles qu’il n’y a pas de risque ? Parce que le gouvernement, les régulateurs, les banques centrales et les experts leur disent qu’il n’y en a pas. Qui sera le prochain ?

    Beaucoup blâmeront tout sauf les incitations perverses et les bulles créées par la politique monétaire et la réglementation, et ils exigeront des baisses de taux et un assouplissement quantitatif pour résoudre le problème. Le problème ne fera que s’aggraver. On ne résout pas les conséquences d’une bulle par d’autres bulles.

    La faillite de la Silicon Valley Bank met en évidence l’énormité du problème de l’accumulation de risques par des moyens politiques. La SVB ne s’est pas effondrée en raison d’une gestion imprudente, mais parce qu’elle a fait exactement ce que les keynésiens et les interventionnistes monétaires voulaient qu’elle fasse. Félicitations.

    Traduction Contrepoints.

    Sur le web

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      L’inflation est-elle causée par des hausses de salaires trop importantes ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 6 March, 2023 - 04:00 · 4 minutes

    Une hausse des salaires signifierait une augmentation des coûts de production que les entreprises répercuteraient sur les prix. D’où l’exigence, en termes de politique économique, de limiter la croissance des salaires lorsqu’elle dépasse la croissance de la productivité du travail.

    D’un point de vue théorique, on peut toutefois se demander si les entreprises sont réellement en mesure de répercuter la hausse des coûts salariaux sur les prix dans des conditions de concurrence ou si la baisse des taux de profit n’est pas plutôt la conséquence de la hausse des salaires.

    En outre, on peut se demander si les entreprises ne réagissent pas à la hausse des salaires en remplaçant la main-d’œuvre par des machines, réduisant ainsi la masse salariale qu’elles doivent payer. Les investissements de rationalisation pourraient entraîner une hausse du chômage, affaiblir le pouvoir de négociation des syndicats et limiter ainsi la hausse des salaires. La question est donc de savoir si une spirale prix-salaires se met en place.

    En tout état de cause, seules des augmentations de salaires supérieures à la croissance de la productivité pourraient entraîner une hausse des taux d’inflation. Le fait qu’elles entraînent plutôt une baisse des taux de profit ou une hausse de l’inflation devrait dépendre des conditions de concurrence. En outre, la question de la causalité se pose également ici : des augmentations salariales nominales élevées pourraient être une conséquence plutôt qu’une cause de taux d’inflation élevés.

    Par ailleurs, l’augmentation des coûts pour les entreprises ne résulte pas uniquement de la hausse des salaires mais également de l’augmentation des coûts des moyens de production. Ce point de vue est probablement le plus pertinent pour les hausses de prix actuelles, si l’on pense par exemple à l’augmentation des prix des énergies fossiles.

    En 2022, les salaires nominaux ont augmenté de 3,7 % 1 , mais l’indice des prix à la consommation a augmenté de 5,9 % 2 . Les salariés ont donc subi en moyenne une baisse de salaire réel de 2,2 %.

    En revanche, dans la phase actuelle d’inflation accélérée, les augmentations nominales de salaires ne pourront plus compenser la hausse des prix – les salariés vont perdre une grande partie de leur pouvoir d’achat.

    Une autre explication de l’inflation met certes aussi l’accent sur les salaires en tant que moteur supposé de l’inflation. Elle ne part pas de la pression sur les coûts du côté de l’offre mais de l’attraction de la demande déclenchée par la hausse des salaires. La hausse des salaires entraînerait une augmentation de la demande qui pousserait les prix à la hausse. Ce faisant, on occulte le fait que la hausse des profits est également une source de demande. Si la part des salaires dans le produit de valeur augmente, la part des profits diminue – et inversement : si la part des profits augmente, la part des salaires diminue.

    Les prix ne peuvent être poussés à la hausse que si le pouvoir d’achat combiné des salaires et des profits augmente – et si la production ne peut pas suivre cette augmentation du pouvoir d’achat. C’est ce dernier point qui semble être le plus important pour expliquer la récente vague d’inflation.

    La situation internationale : cause de l’inflation

    La théorie monétariste de l’inflation basée sur la théorie quantitative de l’argent, et la théorie des pressions salariales, ne peuvent pas expliquer la récente hausse des taux d’inflation. L’inflation ne peut être attribuée ni à une trop forte expansion de la masse monétaire ni à une trop forte augmentation des salaires. Il est plus plausible que les perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales dues à la pandémie aient contribué à l’inflation et que la production fortement limitée en 2020 par la pandémie n’ait pas pu suivre la reprise de la demande en 2021.

    La baisse des investissements dans ce secteur et la limitation des livraisons de gaz par la Russie à l’été 2021, suite au conflit autour du gazoduc Nord Stream 2 , ont probablement également contribué à la hausse des prix des énergies fossiles.

    Les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, en particulier, ont ensuite encore été poussés à la hausse par l’escalade de la guerre en Ukraine ainsi que par les sanctions de l’Occident contre la Russie.

    Les théories inflationnistes du courant dominant de la science économique ne sont manifestement pas plausibles .

    Le débat critique sur la nouvelle vague d’inflation n’en est en fait qu’à ses débuts. Il faudrait également discuter plus en détail de l’importance de la formation spéculative des prix sur les marchés à terme des marchandises. Le problème au fond n’est-il pas là ?

    1. Banque de France : Fin 2022, le salaire mensuel de base (SMB) (c’est-à-dire le salaire effectivement versé, hors primes et heures supplémentaires) et le salaire moyen par tête (SMPT, qui prend aussi en compte les primes, les heures supplémentaires et les effets de composition de la main-d’œuvre) ont tous les deux augmenté de 3,7 % sur un an alors qu’au dernier trimestre 2021, leur croissance sur un an était de 1,7 %.
    2. INSEE : En décembre 2022, les prix à la consommation augmentent de 5,9 % sur un an Indice des prix à la consommation – résultats provisoires (IPC) – décembre 2022
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      Non, les cryptomonnaies ne sont pas mortes

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 March, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    L’écosystème des cryptomonnaies a particulièrement été malmené ces derniers temps, entre la chute du projet blockchain Terra Luna, et la faillite de FTX, une plateforme de trading.

    Créée en 2018, Terra Luna est une blockchain dont le stablecoin, le TerraUSD (UST), est adossé à cinq monnaies traditionnelles (dollar américain, euro, livre sterling, yen et yuan), mais qui a perdu sa parité avec le dollar avant de chuter de manière drastique en 2022. De la même manière, la chute de FTX a été provoquée par les actions frauduleuses de son fondateur, Sam Bankman-Fried, ayant réinvesti les fonds de ses clients dans des paris douteux. Des répercussions désastreuses à la fois pour les investisseurs, mais aussi pour les entreprises qui proposaient des services liés de près ou de loin à ces projets.

    Nul doute que ces événements ont donné du grain à moudre aux prétendus visionnaires du « scam » (en français, arnaque) que sont les cryptomonnaies. Des échecs qui conforteraient l’idée selon laquelle la monnaie ne peut être gérée par des acteurs privés et plus généralement des échecs qui seraient une preuve supplémentaire de l’incapacité de l’écosystème à tenir ses promesses. Les mêmes qui ont déclaré la mort de Bitcoin plus de 400 fois depuis sa popularisation (nous l’attendons toujours), et accusé entre autres d’être la plus grande pyramide de Ponzi de tous les temps – au risque d’étaler au grand jour leur méconnaissance du fonctionnement intrinsèque du protocole.

    Nous assistons pourtant à un mécanisme inhérent à toute économie de marché : l’élimination des mauvais acteurs – en l’occurrence, ceux ayant reproduit les défauts de la finance traditionnelle comme le fait de confier son capital à un acteur centralisé, avec les risques que cela implique – pour repartir sur des fondations plus saines. Le fait que 91 % des cryptomonnaies ont disparu depuis 2014, le plus souvent en raison d’un trop faible volume d’échange ou d’un abandon pur et simple du projet, est particulièrement probant. Pendant ce temps, d’autres projets, comme Ethereum, continuent de progresser et de bénéficier de l’investissement sans relâche de leur communauté.

    La deuxième blockchain en termes de valorisation et la première en termes d’usage a effectué en 2022 une mise à jour fondamentale dans son protocole, appelée « The Merge ». L’évolution consiste à adopter un nouveau mécanisme de consensus, moins énergivore : le Proof of Stake (POS). Après son implémentation, la consommation énergétique du réseau a chuté de 99,9 % , et alors qu’elle oscillait entre 46,31 et 93,98 térawattheures (TWh) par an auparavant, elle est désormais proche de 0,03-kilowattheure (kWh). En plus de contrecarrer les arguments critiques sur l’impact écologique des cryptomonnaies, le POS est présenté comme un moyen pour améliorer la scalabilité d’Ethereum, à savoir la capacité d’une blockchain à s’adapter à la hausse progressive des transactions (un élément essentiel pour son développement). Cette mise à jour aura donc des répercussions certaines sur le développement de tout un écosystème.

    N’oublions pas que la popularisation d’Internet et l’avènement du web2 ont aussi valu bon nombre de condamnations prématurées , avant de s’ancrer pleinement dans le quotidien de chacun. Certes, cette révolution est de nature différente de celle des cryptomonnaies – dont les origines relèvent d’une philosophie foncièrement hostile au monopole étatique de la monnaie, au contrôle des transactions économiques par les États et à leur ingérence dans la vie privée des citoyens à l’ère d’Internet. Nous ne pouvons que le constater aujourd’hui : les gouvernements et banquiers centraux ont tout intérêt à empêcher leur développement, ou du moins à minimiser leur portée en les présentant comme de simples outils spéculatifs.

    Les récents événements illustrent les travers dont souffre l’écosystème mais ils ne doivent pas occulter le fait que d’autres projets, qui reposent sur des bases plus solides, ne cessent de progresser. Il serait donc prématuré d’enterrer une révolution technologique qui n’est encore qu’à ses prémices.

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      La cryptomonnaie décryptée (1) : oui, la blockchain est une révolution !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 17 February, 2023 - 04:30 · 7 minutes

    En plusieurs étapes nous vous proposons de rendre la cryptomonnaie à la portée de toutes et tous.

    La blockchain

    Décrire et expliquer la technologie blockchain n’est pas une sinécure pour la rendre compréhensible à tout un chacun… avant d’en venir au bitcoin et à la cryptomonnaie revenons si vous le voulez bien sur son histoire. Pour faire très simple, la blockchain est une base de données avec pour principales particularités : Décentralisation, immutabilité, consensus.

    Décentralisation

    La prise de décision pour valider une transaction quelle qu’elle soit est collective… Et les valideurs doivent avoir prouvé leur expertise !

    Immutabilité

    Il est impossible de modifier une transaction qui a été inscrite sur la blockchain.

    Consensus

    Un système blockchain établit des règles concernant le consentement des participants pour l’enregistrement des transactions. Nul ne peut enregistrer de nouvelles transactions si l’ensemble des participants du réseau n’a pas donné son accord.

    La blockchain est-elle totalement secure ?

    Dans le monde du hacking , qu’il soit éthique ou dévoyé, il est une règle intangible : tout ce qui est fait par l’homme peut être défait par l’homme !

    Au demeurant, s’il existe, le risque de piratage d’une blockchain est infime !

    Seule une attaque des 51 % connue sous le nom d’ attaque Goldfinger peut fonctionner. Sachez par ailleurs que les attaques des 51 % sont des problèmes pour les petits réseaux blockchain qui fonctionnent en « Proof Of Work » ; le peu de mineurs y opérant peuvent facilement être débordés par un attaquant. Nous reviendrons dans un prochain article sur la notion de « Proof Of Work » et « Proof Of Stake » et de mineurs. Retenez que le piratage d’une blockchain peut se faire seulement s’il y a une combinaison de hackers expérimentés et capables de fournir la puissance équivalente à 51 % de la puissance de calcul total des mineurs de la blockchain. Bref, notez juste que c’est un risque extrêmement rare.

    Quelle que soit la finalité de la blockchain qui, adaptée, peut se mettre au service de nombreux secteurs bien au-delà de la cryptomonnaie, banque, assurance, agroalimentaire, etc . elle est une technologie de stockage et de transmission d’informations de manière sécurisée et décentralisée. Cela signifie qu’au lieu de stocker des données sur un seul serveur centralisé, la blockchain répartit les informations sur un réseau de participants, appelés nœuds . Chaque nœud possède une copie de la blockchain et valide les transactions qui y sont ajoutées.

    La blockchain est souvent associée aux cryptomonnaies telles que le bitcoin mais elle a de nombreuses autres utilisations potentielles. Par exemple, elle peut être utilisée pour stocker des contrats, des données de vote, des informations médicales, des certificats d’authenticité et bien plus encore. La sécurité de la blockchain repose sur des algorithmes cryptographiques qui garantissent l’intégrité des données et la confidentialité des utilisateurs.

    Blockchain et cryptomonnaie

    Vous le savez certainement si vous êtes un expert, la blockchain n’est pas née de la dernière pluie de bitcoin tombée – ou pas –  dans votre escarcelle, tant s’en faut !

    La personne (ou le groupe anonyme) connue sous le nom de Satoshi Nakamoto est considéré comme le créateur de la première cryptomonnaie moderne : le bitcoin. Celui ou ceux qui se cachent derrière ce pseudonyme sont présenté(s) comme les artisans de l’architecture blockchain rendant le bitcoin et les autres cryptomonnaies possibles…

    Mais les choses sont légèrement plus complexes, n’en déplaise à leur génie, ils n’en sont pas les inventeurs, si vos serviteurs peuvent vous éclairer deux remarques :

    D’une part, ils ont pour ainsi dire hacké au sens constructif du terme la blockchain originelle disponible en open source. Nakamoto a ainsi et dans un premier temps, téléchargé en 2008 le code open source (donc modifiable) de la blockchain sur SourceForge afin que les développeurs de logiciels du monde entier puissent contribuer au projet, l’élaboration d’une blockchain adaptée à la cryptomonnaie…  Bitcoin voit ainsi le jour en 2009.

    D’autre part, dans sa thèse intitulée « Systèmes informatiques établis, maintenus et approuvés par des groupes mutuellement méfiants » ( Computer Systems Established, Maintained and Trusted by Mutually Suspicious Groups David L. Chaum — Published April 1982) David Chaum a décrit une base de données blockchain.

    C’était en 1982 et c’est d’une part la première proposition connue d’un protocole blockchain… soit 27 ans avant Bitcoin. Et pour rendre réellement à Caesar ce qui appartient à Caesar, Chaum est également connu pour avoir développé ecash, une application de monnaie électronique visant à préserver l’anonymat d’un utilisateur, un système qui a été mis en application dans les années 1990 par l’entreprise DigiCash. Ce cypherpunk né en 1955 est ainsi le pionnier, tant sur ses recherches sur les communications anonymes que pour avoir été le premier à conceptualiser l’argent liquide numérique. Oui, forcément cela calme les génies bitcoinien ! Nous en sommes désolés Satoshi Nakamoto !

    Le bitcoin dans la lignée des cypherpunk

    Le bitcoin n’est ainsi pas né ex nihilo ! Il a émergé en force en s’appuyant sur des expérimentations préexistantes, dans la dynamique et la poursuite d’une idéologie cypherpunk, des individus qui prônent l’utilisation proactive de la cryptographie dans le but d’assurer la confidentialité et la liberté des individus sur Internet.

    En définitive, le bitcoin, les cryptomonnaies n’ont fait que populariser le buzzword blockchain ! Il est dans toutes les bouches qui s’en gargarisent à l’envi et n’y comprennent pas forcément grand-chose, mais cela pose son homme et sa femme dans une soirée high tech.

    Un registre ouvert kesako ?

    Pour ce qui concerne la cryptomonnaie, c’est le registre public de toutes les transactions bitcoin par ordre chronologique !

    Cela permet d’assurer la traçabilité des transactions bitcoin. Le but est simplement d’empêcher qu’un petit malin, autrement appelé un escroc, puisse dépenser ses bitcoins auprès de plusieurs usagers différents au même moment.

    Clé publique et clé privée. Quel rôle dans la blockchain ?

    Avant d’aller plus avant dans l’univers des cryptomonnaies, il vous faut comprendre la différence entre une clé publique et une clé privée et comment elles s’insèrent dans la blockchain des cryptomonnaies.

    Facile une fois encore, cela relève de la cryptographie asymétrique inventée dans les années 1970. Comme vous pouvez le deviner la clé privée doit être conservée précieusement par son utilisateur et ne doit être divulguée sous aucun prétexte, tandis que la clé publique doit être partagée avec le réseau.

    Suivez-nous bien… concentrez-vous : une clé publique est générée à partir d’une clé privée à l’aide d’une méthode de multiplication par courbe elliptique. Cette méthode n’est pas réversible (il est impossible de retrouver une clé privée grâce à la clé publique). Dans le domaine des blockchain, une clé privée permet de signer une transaction et donc d’envoyer des cryptomonnaies… Si un utilisateur décide d’envoyer des bitcoins à un autre usager de façon cryptée (clé privée), le réseau pourra valider ou non la transaction (clé publique).

    Vos clefs, vos cryptos !

    Le dicton « vos clefs, vos cryptos » est un avertissement important pour les détenteurs de cryptomonnaies.

    En effet, contrairement aux comptes bancaires traditionnels, les transactions de cryptomonnaies ne sont pas complètement régulées par des tiers de confiance, ce qui signifie que la sécurité de vos fonds dépend entièrement de la manière dont vous les protégez. La clé privée est la clé secrète qui permet d’accéder à votre portefeuille de cryptomonnaies. Elle doit être gardée en sécurité et jamais partagée avec quiconque. La clé publique, quant à elle, est l’adresse publique de votre portefeuille de cryptomonnaies. C’est cette adresse que vous pouvez partager pour recevoir des paiements.

    Les échanges centralisés permettent d’acheter facilement des cryptomonnaies mais ils représentent également un risque important pour la sécurité de vos fonds (nous vous invitons à vous renseigner sur la récente affaire FTX si vous souhaitez en savoir davantage). Les échanges centralisés conservent généralement vos clés privées, ce qui signifie que si l’échange est piraté ou fait faillite, vos fonds peuvent être perdus. En outre, les échanges centralisés peuvent être la cible d’attaques de hackers , ce qui peut également compromettre la sécurité de vos fonds. Par conséquent, il est important de transférer vos fonds vers votre propre portefeuille de cryptomonnaies, où vous contrôlez vos clés privées et donc la sécurité de vos fonds. Ne vous inquiétez pas, nous vous expliquerons tout dans cette suite d’articles.

    « Quand l’innovation transforme l’électronique en mine d’or, on sait qu’une blockchain est passée par là. » Khaled Haddad

    À suivre : les mystères mystérieux du Smart Contract

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      Livret A et financement du nucléaire : l’arbitraire de l’épargne administrée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Ce n’est qu’une piste, envisagée par le gouvernement, face aux projets d’investissements massifs dans le nucléaire (les EPR). Quoi de plus tentant que de songer aux milliards du livret A, cette épargne préférée des Français étant en pleine forme ? Même si ce n’est qu’une hypothèse à l’étude parmi d’autres elle révèle la vraie nature du livret A et de l’ épargne administrée, l’arbitraire à tous les niveaux.

    Les Français aiment bien le livret A. Il est maintenant disponible dans les banques et pas seulement à la Banque postale ou à la Caisse d’épargne, il est exonéré d’impôts sur le revenu. C’est une forme très liquide d’épargne disponible à tout moment. Certes il est plafonné à 22 950 euros, ce qui en fait justement une forme d’épargne populaire pouvant attirer tout le monde ou presque : 55 millions de Français possèdent un livret A. Son succès ne se dément pas : 33,49 milliards de plus en 2022, pour atteindre un record de 375 milliards. De quoi attirer bien des convoitises. Mais ce ne sont pas les besoins du financement de l’économie qui décident, via les marchés, de l’affectation de cette somme. Avec le livret A, c’est l’arbitraire étatique à tous les niveaux.

    Arbitraire de la rémunération

    Il y a d’abord l’arbitraire de sa rémunération.

    Certes, il existe une formule officielle qui a évolué dans le temps, mêlant moyenne du taux d’inflation et des taux d’intérêt monétaire à court terme. À partir de là, le gouverneur de la Banque de France fait une proposition de taux au ministre de l’Économie, qui peut déroger à ce calcul en cas « de circonstances exceptionnelles ». Bien que très rarement appliquée cette formule est arbitraire.

    Le résultat est que le taux du livret A est en général bien en dessous de celui de l’inflation. L’épargnant est ainsi perdant puisque l’intérêt ne couvre pas la hausse des prix : en termes de pouvoir d’achat réel, la somme placée perd de la valeur. Jusqu’en février 2022, le taux était de 0,5 % ; il est alors passé à 1 %, puis à 2 % en août 2022 et enfin à 3 % au 1er février 2023. L’épargnant peut se satisfaire de cette augmentation mais avec une inflation de 6 %, force est de constater que son épargne a perdu 3 % de sa valeur.

    Arbitraire de l’affectation

    Pour l’essentiel, les sommes déposées dans les livrets A servent à financer le logement social via la Caisse des dépôts .

    Telle a été la volonté tout aussi arbitraire des pouvoirs publics : cette épargne ne va pas être investie dans les priorités du moment, en fonction des besoins en financement de l’investissement mais selon la volonté des pouvoirs publics vers le financement du logement social. On peut considérer qu’il s’agit d’une priorité, mais investir dans l’économie pour créer des emplois peut l’être aussi y compris sur le plan social. Ce choix explique aussi pourquoi le gouvernement est toujours réticent face à une augmentation éventuelle de la rémunération du livret A, puisque cela rend plus onéreux le financement du logement social.

    En pratique, il existe d’autres utilisations moins importantes quantitativement. Ainsi, lors du plan de relance de 2020, une partie de la collecte du livret A a été utilisée essentiellement pour des prêts aux collectivités locales mais pas uniquement les infrastructures des collectivités publiques. Il peut s’agir de prêts aux PME, voire du microcrédit ; ou encore des investissements sur les marchés financiers, en actions, en obligations et en particulier en emprunts d’État pour financemer la dette publique.

    La présomption fatale

    On nous explique que tout cela est très codifié (mais les règles sont elles aussi arbitraires), en fonction de « l’intérêt général » défini par la Caisse des dépôts, c’est-à-dire des hauts fonctionnaires et du gouvernement.

    C’est là que face aux besoins colossaux du financement du nucléaire (plus de 50 milliards pour les six EPR prévus), a germé cette idée de ponction sur les énormes sommes issues du livret A puisque EDF ne peut assumer seule cette dépense. On s’empresse d’expliquer que ce n’est qu’une piste à l’étude parmi d’autres et que rien n’est décidé. Mais c’est très révélateur de ce qui se passe avec l’argent du livret A et donc des épargnants.

    On pourrait se réjouir d’assister à une diversification de cette utilisation qui ne se limiterait pas au logement social car il y a tant de choses utiles à financer. Mais pourquoi le nucléaire ou tel autre usage possible ? C’est là que l’on retrouve le problème de fond : l’arbitraire des décisions publiques, qu’elles émanent directement de l’État ou de son bras financier, la Caisse des dépôts. C’est tout le drame de l’épargne administrée : la présomption fatale des hommes politiques ou de leurs représentants, qui pensent savoir mieux que les agents décentralisés ce qui est bon pour l’économie. Laissons les ménages, les entreprises, les banques, en vertu du principe de subsidiarité, décider des bons placements. Si EDF, le nucléaire, les collectivités publiques ou le logement social ont besoin de financements, ils les trouveront, à condition d’en payer le vrai prix, au lieu de se financer arbitrairement et à bon compte sur le dos de l’épargnant.

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      Le bitcoin ne serait pas un abri en cas de crise monétaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 04:20 · 5 minutes

    La première des cryptomonnaies concentre beaucoup d’attention mais ne constitue pas un refuge dans la crise monétaire qui s’annonce, estime le fondateur du plus grand fonds spéculatif.

    Pour Ray Dalio – fondateur du plus grand fonds spéculatif au monde – le bitcoin reçoit trop d’attention. Après quarante-sept ans d’ investissement , Ray Dialo s’est mis en retrait de la gestion de Bridgewater Associates mais reste au Comité exécutif de son fonds qui gère près de 126 milliards de dollars.

    Dans une récente interview sur CNBC, Ray Dialo assassine le bitcoin :

    « Bitcoin n’est relié à rien. C’est une chose minuscule qui reçoit une attention disproportionnée. […] La valeur du bitcoin représente moins d’un tiers de la capitalisation de Microsoft. Ce n’est pas un moyen de stockage efficace de la valeur. Mais nous sommes dans un monde dans lequel la monnaie telle que nous la connaissons est en danger. »

    Mais qu’est-ce que « la monnaie telle que nous la connaissons » ?

    Ray Dialo évoque la plupart des grandes devises actuelles : dollar, euro, yen et critique : « nous en imprimons trop et ce n’est pas seulement les États-Unis mais aussi l’Europe, le Japon… »

    Selon lui, ces monnaies sont aujourd’hui principalement vues comme un moyen d’échange mais demain renaîtra un souci de monnaie comme « moyen de conserver de la valeur » (1 minute 30 secondes). La monnaie idéale est celle qui est capable de « sécuriser le pouvoir d’achat » (2 minutes 30 secondes) et est « négociable partout » (2 minutes 55 secondes).

    Il estime cependant que la valeur du bitcoin est trop fluctuante pour sécuriser le pouvoir d’achat.

    Le bitcoin : un moyen d’échange dont l’usage est insignifiant

    Ray Dialo a raison sur deux points.

    Premier point : en douze ans, la progression de l’utilisation du bitcoin comme moyen d’échange au quotidien est effectivement insignifiante. Vous ne voyez pas souvent l’inscription « Bitcoin accepted » sur les vitrines des commerçants même dans les centres-villes touristiques.

    Dans mon livre paru en 2021 , je donnais un lien permettant de visualiser le nombre de commerçants acceptant le bitcoin . La situation n’a pas beaucoup évolué depuis et nous sommes loin d’une croissance exponentielle.

    Le deuxième point sur lequel Ray Dialo me semble pertinent est la menace qui pèse sur les devises telles que nous les connaissons.

    Les grandes devises incapables de sécuriser le pouvoir d’achat dans le temps

    Les monnaies étatiques actuelles sont effectivement incapables d’assurer une fonction de stockage de « pouvoir d’achat » dans le temps.

    Les taux d’intérêt négatifs en Europe étaient une anomalie multimillénaire. Cette anomalie a disparu mais les taux d’intérêt réels (taux directeurs diminués du taux d’inflation) restent encore largement négatifs.

    Nous vivons dans un monde où l’épargne ne vaut plus rien. Le système bancaire est ainsi fait qu’il crée l’argent qu’il prête. Il n’a besoin de l’épargne des déposants que pour obtenir ce privilège. Dans ce système « les crédits font les dépôts » et non plus l’inverse.

    Citons à ce sujet le ministère de l’Économie et des Finances :

    « Tous les crédits ne donnent pas lieu à de la création monétaire. Lorsque des établissements financiers spécialisés (par exemple spécialisé dans le crédit à la consommation), qui ne sont pas habilités à recevoir des dépôts accordent un crédit, ils ne peuvent le faire que parce qu’ils sont préalablement financés et non pas en créant de la monnaie. Seules les banques qui gèrent les dépôts ont le pouvoir de création monétaire. Mais tous les crédits attribués ne donnent pas lieu à création monétaire. »

    Tous les crédits ne donnent pas lieu à création monétaire, mais la majorité des crédits, oui ! C’est ce qui explique que de nos jours, la notion de capacité d’endettement a remplacé celle de capacité d’épargne. Par conséquent, parler de monnaie comme réservoir de valeur n’a plus aucun sens.

    Trop de dettes et pas assez de rendement

    Ce système de « créditisme » et non pas de capitalisme est à bout de souffle. Il y a trop de dettes (publiques et privées) mais pas assez de rendement (ou de véritable croissance) pour payer des taux d’intérêt normaux, c’est-à-dire supérieurs aux hausses de prix constatées.

    Illustration récente en France : le bouclier énergétique qui permet aux ménages de continuer à consommer de l’électricité ou des hydrocarbures qu’ils n’auraient plus les moyens de payer en totalité eux-mêmes. Dans le même temps, la dette publique française émise pour financer ces largesses est complaisamment rachetée par la Banque centrale européenne.

    La crise d’insolvabilité dégénérera en crise monétaire lorsque les gens exigeront un moyen de sécuriser eux-mêmes leur pouvoir d’achat sans attendre d’hypothétiques chèques que leurs gouvernements ne pourront plus payer.

    Nous n’y sommes pas encore tout à fait et les gouvernements insolvables n’ont pas encore tiré leurs dernières cartouches…

    Les dernières munitions des banques centrales pour camoufler l’insolvabilité

    Promouvoir les monnaies numériques de banques centrales est l’une de ces cartouches restant à tirer. Ainsi, les gens seraient prisonniers du système financier et monétaire et tributaires d’une monnaie dont l’attribution pourrait être conditionnée par une note de « crédit social ».

    Ce danger n’a pas échappé aux Suisses : l’initiative sur l’argent liquide a abouti collectant plus de 157 000 signatures . Ceci devrait permettre aux citoyens helvètes de se prononcer par référendum sur la garantie constitutionnelle du maintien des espèces et du franc suisse.

    Comme le bitcoin, mais avec plus d’antériorité, l’or est une monnaie apatride qui n’est la dette de personne.

    C’est ce qui explique probablement que les achats d’or de la part des banques centrales se soient intensifiés en 2022 .

    La « relique barbare » selon Keynes n’a donc pas dit son dernier mot. On peut cependant regretter que certains pays – dont la France – s’emploient à rendre l’or difficilement négociable pour les particuliers. La monnaie idéale selon Ray Dialo – celle qui cumule garantie de pouvoir d’achat et facilité de négociation partout dans le monde – existe. Mais, bitcoin ou or, encore faut-il que les citoyens expriment la volonté de s’approprier ces monnaies apolitiques et supranationales avant l’éclatement de la crise monétaire généralisée qui couve .

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      Non à la monnaie numérique proposée par la banque centrale

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 February, 2023 - 03:50 · 5 minutes

    Par Connor O’Keeffe.

    Que cela vous plaise ou non, les monnaies numériques des banques centrales (CBDC pour « central bank digital currencies » ) arrivent. C’est ce qui ressort d’une récente chronique technique du Wall Street Journal . Des organisations telles que le Forum économique mondial , le Fonds monétaire international et l’ Atlantic Council adoptent un ton similaire.

    La lecture de ces sources pourrait vous amener à assimiler les soi-disant CBDC aux camions autonomes ou aux écrivains à intelligence artificielle (IA) – une technologie qui répond si bien aux besoins des consommateurs qu’il est impossible d’y résister. Mais ce n’est pas le cas. Les CBDC ne constituent pas un développement révolutionnaire de la technologie financière. Elles constituent la prochaine étape de la corruption de l’argent par le gouvernement et une grave menace pour la liberté.

    L’argent a évolué de manière organique sur le marché libre. Des personnes travaillant à leurs propres fins, contraintes par la rareté et la loi économique, ont choisi différentes marchandises pour les aider à transcender le troc et à s’engager dans des échanges indirects . Le bétail, les coquilages, le cuir et le bronze sont les premières formes de monnaie. Mais lorsque les nations qui peuplaient la surface du globe ont commencé à interagir et à commercer, les métaux précieux comme l’or et l’argent sont devenus la forme dominante de monnaie.

    Les hôtels des monnaies privés ont commencé à façonner les métaux pour en faire des pièces, jouant leur réputation sur leur capacité à indiquer avec précision le poids et la finesse d’une pièce – des attributs importants pour les commerçants. Plus tard, les marchands ont compris qu’ils pouvaient éviter de transporter de lourdes pièces en stockant leur argent et en échangeant avec les reçus de dépôt .

    La monnaie s’est développée sans autorité centrale, mais comme pour le droit et la langue, la classe politique a détourné cette institution apatride pour servir ses propres intérêts. Le contrôle de l’État a représenté un tournant pour la monnaie, passant d’une évolution ascendante à une corruption descendante. Cela a commencé avec les monnaies d’État et les lois sur le cours légal, qui permettaient aux gouvernements de déprécier les pièces.

    Puis vint la banque centrale, un partenariat entre le gouvernement et les banques pour gonfler le nombre de reçus de dépôt au-delà de la masse monétaire qu’ils sont censés représenter. La dépréciation de la monnaie s’est poursuivie jusqu’à ce que les gouvernements rompent le lien entre les billets de banque et la monnaie réelle en suspendant l’étalon-or. C’est ce qui s’est passé dans la plupart des pays occidentaux dans les années 1930 et aux États-Unis en 1971. Cette décision a marqué le début de l’ère de la monnaie par décret gouvernemental, ou monnaie fiduciaire, dans laquelle nous vivons aujourd’hui.

    Comment les monnaies numériques des banques centrales s’inscrivent-elles dans cette histoire ?

    Elles représenteraient la prochaine étape de la déchéance monétaire. Jusqu’à présent, les gouvernements se sont lentement octroyé un contrôle direct sur la masse monétaire. Les CBDC iraient encore plus loin et donneraient au gouvernement le contrôle de la distribution et de la circulation de l’argent. Le système contournerait le système bancaire et obligerait les Américains à détenir des dollars numériques sur un compte auprès de la Réserve fédérale.

    Le fait que les banques politiquement liées seraient abolies avec l’adoption des CBDC de détail est probablement le plus grand obstacle auquel se heurte le programme. Les CBDC testées aujourd’hui sont des CBDC de gros ou des réserves numériques que les banques déposent auprès de la Fed. Le déploiement des CBDC de détail directement auprès des particuliers se produirait très probablement lors d’un effondrement bancaire national, lorsque Washington pourrait laisser tomber les banques du pays sans crainte de représailles.

    Mais remarquez la différence entre l’évolution économique et la corruption politique de l’argent. L’une est choisie, et l’autre est imposée. Et si quelque chose est imposé, on peut y résister. Il n’y a rien de naturel ou d’inévitable dans les CBDC, malgré ce que disent certains chroniqueurs techniques. Si suffisamment de personnes se levaient et disaient « non », il n’y aurait pas de CBDC. Il suffit de regarder ce qui est arrivé au mandat de vaccination de l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) du président Joe Biden.

    Les personnes de toutes tendances politiques devraient s’opposer aux CBDC. Ce nouveau système bancaire nationalisé permettrait au gouvernement fédéral d’ajouter ou de retirer des dollars numériques des comptes bancaires des ménages et de retracer la destination de ces dollars. Les chèques de relance pourraient être déposés et contrôlés et peut-être même assortis d’une limite de temps. Washington, en quête de sanctions, pourrait rendre les boycotts étrangers obligatoires. Le gouvernement fédéral pourrait geler l’argent de n’importe qui à tout moment pour des raisons allant de la suspicion de crime à la dissidence politique. Les implications inquiétantes ne manquent pas. Et même si certaines semblent exagérées, il est naïf de confier au gouvernement le contrôle total de l’argent et d’espérer qu’il s’abstiendra d’utiliser tout ce pouvoir à son propre avantage.

    Comme tout programme gouvernemental, le moment pour annuler les CBDC serait avant leur mise en œuvre. Un autre argument en faveur des CBDC de détail est qu’elles aideront les personnes non bancarisées à accéder au système financier mondial. Il existe de nombreuses façons de résoudre ce problème sans violer les droits de quiconque. Mais si les CBDC sont utilisées, ceux qui dépendent de ces monnaies seront utilisés pour vilipender toute personne tentant de réduire le programme. « Retirez-nous le contrôle de l’argent, et les pauvres seront coupés de l’économie » sera la menace implicite utilisée par la classe politique, sous couvert d’un langage compassionnel.

    Les monnaies numériques des banques centrales ne sont pas une technologie financière nouvelle et innovante. Elles représentent l’étape suivante de la corruption de l’argent par les gouvernements. Mais si suffisamment de personnes sont sensibilisées aux dangers que représente un système bancaire nationalisé, le programme de la CBDC de détail pourrait ne jamais voir le jour. Comme il est beaucoup plus difficile de faire reculer un programme gouvernemental que d’en empêcher la mise en œuvre, c’est maintenant qu’il faut dénoncer haut et fort le gouvernement qui ose même envisager une prise de pouvoir aussi flagrante.

    Traduction Contrepoints

    Sur le web

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      Exchange Traded Fund (ETF) : 30 ans déjà

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 4 February, 2023 - 04:00 · 4 minutes

    Les ETF (Exchange Traded Fund) ou trackers , ces fonds indiciels cotés en bourse qui connaissent un succès retentissant, fêtent cette semaine un anniversaire. Il y a exactement 30 ans le premier ETF était coté aux États-Unis sous le code SPY. Il s’agit du SPDR (prononcez Spider ) S&P500 de State Street (troisième gestionnaire d’ETF au monde). À vrai dire, le SPY était prêt dès 1990. Mais l’étude de la SEC (Securities and Exchange Commission) a pris trois ans pour s’assurer du caractère réglementaire de ce qui apparaissait comme un Ovni de l’investissement.

    Lorsque l’on pense à l’histoire des ETF, un nom revient souvent. C’est celui de John Bogle, le fondateur de Vanguard. Vanguard est aujourd’hui le second gestionnaire d’ETF au monde avec une part de marché d’environ 20 %. C’est Bogle qui, dans les années 1970, a créé le premier fonds indiciel après une expérience malheureuse dans la gestion active. C’est sans doute un des grands inspirateurs des ETF.

    Pourtant, il est injuste de lui en attribuer la paternité. À mon sens, la personne ayant eu le rôle le plus décisif est Nathan Most. Il était à tête de l’équipe de développement de nouveaux produits chez AMEX ( American Stock Exchange ). L’idée a commencé à germer après le krach de 1987. L’objectif initial de Nathan Most était d’apporter de la liquidité et de réduire la volatilité du marché grâce aux ETF. Mais Most avait besoin d’une société de gestion. Lorsqu’il est venu voir John Bogle pour lui proposer de lancer les ETF, ce dernier n’a pas apprécié l’idée. Il ne les voyait pas d’un bon œil. Pour lui, les ETF étaient une façon de dévoyer la gestion indicielle car ils risquaient d’inciter les investisseurs au trading . Finalement Nathan Most s’est tourné vers State Street.

    Le lancement n’a pas été un succès. À ses débuts, les actifs sous gestion se sont montés à 6,5 millions de dollar. Les volumes sont longtemps confidentiels. Il a même été question de le fermer. Il a été la risée de la profession. Le patron de Fidelity de l’époque disait : « je ne peux pas croire que les investisseurs américains se satisferont d’une performance d’un indice qui n’est qu’une moyenne ». C’est aujourd’hui le plus gros fonds mutuel au monde avec 370 milliards de dollars. C’est également le titre le plus échangé au monde.

    Nathan Most ne savait probablement pas qu’il venait de révolutionner le monde de la gestion d’actifs. Les chiffres sont parlants.

    • En termes de « stocks », d’ici 2027, il devrait avoir plus d’actifs en ETF que dans les fonds mutuels.
    • En termes de « flux », en 2022, les fonds mutuels ont décollecté un montant record de mille milliards de dollars pendant que les ETF en collectaient 506 milliards.
    • Aujourd’hui, plus de 70 % des nouveaux fonds sont des ETF.
    • Les sociétés de gestion américaines transposent leur Fonds Mutuel en ETF. Les sociétés de gestion les plus adaptées au stock picking comme Fidelity ou Franklin Templeton lancent leur propre gamme d’ETF.

    Ainsi, les ETF constituent sans doute la plus grande révolution financière de ces 30 dernières années. Par essence, ils coupent le lien entre la stratégie d’investissement et le véhicule d’investissement. Ils déplacent la valeur ajoutée du gérant du fonds au sélectionneur de l’ETF. Étant dix fois moins chers qu’un fonds mutuel, ils permettent une économie très substantielle pour l’investisseur. Ils offrent une solution à ceux qui estiment qu’il suffit de détenir une exposition indicielle en réalisant des apports réguliers pour obtenir des résultats satisfaisants, ou à l’autre extrémité du spectre des investisseurs, à ceux qui achètent et vendent plusieurs fois par jour. Ils donnent accès à des marchés inaccessibles jusqu’alors.

    De là à prévoir la disparition des fonds mutuels au profit des ETF, il n’y qu’un pas qui pourrait être franchi lorsque la réglementation européenne autorisera l’implémentation de la gestion active au sein des ETF. Car en réalité, les ETF ne sont finalement qu’un mode de cotation d’un panier de titres plus efficace que les vieux Fonds mutuel dont nous fêterons les cent ans l’année prochaine. D’ailleurs vous aurez noté, cher lecteur, que le terme « ETF » ne fait aucunement mention de la notion d’indice !

    Avec son système de commissionnement des distributeurs le mode de distribution des OPCVM en Europe est un frein au développement des ETF. Est-il suffisant pour réserver les ETF aux seuls initiés ? Je ne le crois pas. Des solutions permettant aux distributeurs de toucher une juste rémunération existent. La réglementation avance également et mets en risque le schéma actuel des rétrocessions.

    Au final, comme dans toutes révolutions, il y a des gagnants et des perdants. Les perdants seront essentiellement ceux parmi les professionnels qui n’auront pas su s’adapter. Les gagnants seront avant tout les investisseurs.

    Pour en savoir plus :

    Invitation à notre webinaire : « ETF : 30 ans déjà » le 12 févier à 11 h 30 : Inscription préalable nécessaire