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      Indemnité exigées à Haïti par la France: pourquoi l'article du "New York Times" fait polémique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 23 May, 2022 - 16:21 · 8 minutes

    Dans une série d'articles, le Dans une série d'articles, le "New York Times" revient en longueur sur les indemnités imposées par la France à Haïti à la fin du XIXe siècle. Un récit mal connu, mais dont le traitement fait polémique chez les historiens.

    HISTOIRE - C’est un pan de l’Histoire de France qui n’est pas enseigné au plus grand nombre, au collège ou au lycée. Vendredi 20 mai, le New York Times a publié une série d’articles qui reviennent en détail sur les indemnités réclamées à Haïti par la France en 1825 , après que les esclaves ont mené une révolution pour chasser les colons et obtenir leur indépendance.

    Une page historique qui s’est occasionnellement invitée dans l’actualité, notamment en 2015 au travers d’une phrase de François Hollande sur la “rançon de l’indépendance”, ou en 2004 lorsque le président haïtien d’alors, Jean-Bertrand Aristide , a été contraint à l’exil après des manœuvres franco-américaines pour empêcher que le sujet fasse les gros titres. Sauf que pour le grand public, ce récit demeure bien mystérieux.

    Des pertes colossales à travers les siècles

    Vendredi 20 mai donc, le prestigieux quotidien new-yorkais a mis en ligne plusieurs articles à ce propos, publiés en anglais, en français et en créole. Ils reviennent sur les origines de cette “dette” haïtienne imposée par la France, sur ses désastreuses conséquences au long cours pour le pays caribéen, sur le profit qu’en a tiré depuis le XIXe siècle la banque française CIC (qui finança notamment la construction de la tour Eiffel) ou encore sur la manière dont Paris a œuvré au fil des années pour éviter que l’affaire soit rendue (trop) publique.

    Un travail fouillé et précis, dont l’accomplissement principal, se targue le New York Times , est de parvenir à la première estimation du coût réel de ces indemnités pour les Haïtiens. Car si la France exigea, en 1825, sous peine d’attaquer l’île, cinq paiements annuels de 30 millions de francs (soit déjà six fois les revenus d’Haïti à l’époque), les répercussions furent bien plus grandes.

    Du fait de l’incapacité des Haïtiens à payer une telle somme, ils furent contraints de recourir à des prêts... auprès de banques françaises. Avec comme effet direct, l’ajout d’intérêts colossaux aux sommes déjà ridicules réclamées par Paris. Tant et si bien que certaines années entre 1825 et le dernier paiement en 1888, “ce sont plus de 40 % des revenus du gouvernement d’Haïti que la France accaparera.”

    Ce qui fait dire au quotidien américain qu’Haïti ayant eu à payer cette double dette (les indemnités et les intérêts), le pays a été privé de dizaines de milliards de dollars au cours des siècles, et par ricochet d’effets de croissance et de développement chiffrés à 115 milliards de dollars. “Soit huit fois la taille de l’économie haïtienne en 2020”, précise le NYT , et des montants qui auraient permis au pays d’atteindre le même niveau de développement que la République dominicaine, l’autre État qui partage l’île d’Hispaniola.

    Vraiment une découverte?

    Voilà pour le constat. Sauf qu’au-delà de l’attention accordée à ce pan de l’Histoire par la publication de tels articles dans un journal possédant neuf millions d’abonnés, le New York Times a aussi suscité la polémique. Ainsi, depuis vendredi, nombre d’universitaires, de militants et de journalistes multiplient les reproches à l’égard du journal. Méthode scientifique qui divise, absence de certaines sources, “découverte” qui n’en est pas une... plusieurs critiques reviennent régulièrement, tout en concédant que la lumière mise sur le sujet est à saluer.

    La première critique concerne le “ Colombusing ”, un concept américain proche de celui d’appropriation culturelle. Dérivé du nom de Christophe Colomb (Colombus en anglais), il sert à décrire les “découvertes” qui n’en sont que pour une certaine partie de la population mondiale. Avec pour point de départ l’idée que la “découverte” de l’Amérique par le navigateur génois n’en était une que pour le monde blanc et occidental, des peuples entiers vivant dans les Caraïbes et sur le continent américain depuis des siècles.

    En l’occurrence, ce que disent ces premières critiques, c’est que la “double dette” d’Haïti n’est aucunement un scoop pour la population qui endure ses conséquences depuis des siècles. Et que de nombreuses publications ont déjà traité des indemnités haïtiennes sans jamais avoir le même retentissement que le New York Times , ni recevoir les mêmes louanges.

    Les spécialistes du sujet oubliés?

    C’est par exemple l’argument de Michael Harriot, auteur et journaliste pour le The Root , publication qui s’adresse à la communauté d’afrodescendants aux États-Unis. Dans une série de tweets, il ironise ainsi sur le fait que son magazine ait maintes fois écrit sur le sujet.

    Et cet argumentaire va au-delà du journalisme, comme en ont encore fait le reproche plusieurs chercheurs et professeurs d’université , déplorant que les ressources universitaires aient été occultées des sources avancées par le Times et des experts cités dans les articles. Et cela alors que le quotidien a mis en ligne un article décrivant “ ce qu’il s’est passé sous le capot ” pour parvenir à l’élaboration du dossier sur Haïti.

    Ainsi, alors que le New York Times assure que “seule une poignée d’universitaires a étudié dans le détail la double dette” et “qu’aucun calcul approfondi n’a été tenté, d’après les historiens, de ce que les Haïtiens ont effectivement payé”, nombreux sont ceux qui s’insurgent face à cette idée. Notamment parce que la question était abordée dans les grandes largeurs dès 1944 dans “Capitalisme et esclavage”, un ouvrage de référence écrit par Eric Williams, futur Premier ministre de Trinité-et-Tobago, ou parce que Jean-Bertrand Aristide avait lui-même avancé les mêmes montants en 2004, lorsqu’il avait été poussé à l’exil après avoir réclamé un remboursement à la France.

    Difficile coopération entre journalistes et historiens

    “C’est bien que le NYT publie cela. C’est important de dire ce que les Haïtiens et les historiens hurlent depuis des générations”, ironise par exemple l’essayiste kényane Nanjala Nyabola. Et Aaron Bundy, spécialiste de littérature africaine, d’ajouter : “C’est drôle de voir une équipe entière de journalistes produire une ‘série d’investigation’ pour découvrir ce qui est écrit dans n’importe quel bouquin à peu près correct sur le sujet.”

    Une controverse qui, comme l’écrivent entre autres l’historien américain Paul Cohen et son confrère français Paul Chopelin, résume bien la difficile cohabitation entre journalistes et historiens. Car si les premiers cherchent à vulgariser et à apporter une dimension de nouveauté, ils se fondent nécessairement sur le travail bien plus poussé et beaucoup moins mis en avant des seconds, qui planchent pendant des années sur ces dossiers. En l’occurrence, plusieurs historiens qui ont fourni travaux et contacts aux journalistes du Times disent n’avoir jamais été cités, ni remerciés pour leur aide, et déplorent cette “invisibilisation” de leur rôle.

    Car en ne pouvant être exhaustifs, les journalistes se coupent mécaniquement de la méthode scientifique, ce qui rend nécessairement leur travail critiquable par les historiens. Ici, Paul Chopelin donne un exemple de cela: “L’Histoire contrefactuelle (que serait-il arrivé si...?) est un exercice toujours utile, mais qui nécessite la plus grande rigueur”, écrit-il sur Twitter. Or “ici tous les possibles ne sont clairement pas explorés.”

    Une différence de méthode de travail et de buts recherchés qui crée une distance et une défiance réciproque. Et qui a pu, dans ce cas précis, occulter la publication d’un récit qui demeure mal connu d’une vaste partie de la population.

    À voir également sur le HuffPost : En Haïti, après le séisme de magnitude 7,2, on recherche les survivants sous les décombres

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      Le "Wordle" du jour du "New York Times" retiré à cause de l'actualité récente

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 9 May, 2022 - 21:08 · 2 minutes

    Une personne jouant à Une personne jouant à "Wordle" sur un smartphone à Arlington, en Virginie aux États-Unis, le 9 mai 2022.

    WORDLE - Le New York Times , propriétaire du populaire jeu de lettres Wordle , a modifié à la hâte la solution à trouver lundi, parce qu’il s’agissait de “fœtus”, un mot qui tombait mal à ses yeux sur fond de menace pour le droit à l’ avortement aux États-Unis.

    Ce lundi 9 mai, parmi les millions de joueurs quotidiens de Wordle , “certains pourraient tomber sur une solution obsolète qui semble étroitement liée à un événement majeur de l’actualité récente. C’est tout à fait involontaire et c’est une coïncidence”, a écrit dans un très sérieux message aux utilisateurs la directrice éditoriale de la rubrique jeux du prestigieux quotidien, Everdeen Mason.

    Sans citer le mot “foetus” -“fetus” en anglais-, elle a précisé que les cinq lettres avaient été générées et enregistrées “l’année dernière”, avant la révélation il y a une semaine d’un projet d’arrêt de la Cour suprême qui, s’il est adopté tel quel, renverra les États-Unis 50 ans en arrière, quand chaque État était libre d’interdire ou d’autoriser les avortements.

    “À la rubrique jeux du New York Times , nous prenons au sérieux notre place de lieu de divertissement et d’évasion, et nous voulons que Wordle reste éloigné de l’actualité”, a ajouté Everdeen Mason.

    “Quelque chose de très inhabituel”

    Mais, a-t-elle ajouté, “quand nous avons découvert la semaine dernière” que le mot “fœtus” était la solution du jour, il était trop tard pour pouvoir le modifier pour tous les utilisateurs.

    “Nous voulons souligner que c’est quelque chose de très inhabituel”, a insisté le journal, qui avait déjà annoncé mi-février avoir nettoyé Wordle de mots “blessants ou grossiers” à venir. Le New York Times , qui compte l’une des plus grandes rédactions du monde, cherche depuis des années à se diversifier pour gagner des abonnés et avait acheté en janvier le jeu phénomène pour plusieurs millions de dollars.

    Sur les réseaux sociaux, certains internautes partageaient les deux solutions du jour, “fetus” et un mot beaucoup plus anodin, certains raillant le luxe de précautions pris par le journal classé au centre gauche.

    Le comité éditorial du New York Times , qui réunit des journalistes de sa rubrique opinions, a formellement pris position en faveur du droit à l’avortement la semaine dernière, avec une tribune intitulée “L’Amérique n’est pas prête pour la fin de Roe versus Wade”, du nom de l’arrêt de la Cour suprême qui l’inscrit dans le droit constitutionnel américain.

    À voir également sur Le HuffPost : Cette “Pixel War”sur Reddit déclenche une guerre des streamers

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      La mort de Régine a fait la Une du "New York Times"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 2 May, 2022 - 20:48 · 1 minute

    La mort de Régine a fait la Une du La mort de Régine a fait la Une du "New York Times"

    PEOPLE - Les obsèques de la chanteuse et comédienne Régine , décédée ce dimanche à l’âge de 92 ans, auront lieu lundi 9 mai à Paris, a annoncé lundi sa petite-fille Daphné Rotcajg.

    La cérémonie est prévue à 10h00 au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, salle de la Coupole. Cette annonce est arrivée alors que la nouvelle de sa mort se répandait notamment aux États-Unis où elle était l’une des rares artistes françaises à s’être fait un nom.

    Comme vous pouvez le voir ci-dessous, l’icône des années 60 qui avait été propriétaire de jusqu’à 22 discothèques qui portaient son prénom dans le monde entier était même en première page du New York Times ce lundi.

    Le célèbre quotidien a réservé une place de choix à la “créatrice de la première discothèque qui régnait sur une brillant empire” pour retracer ses exploits, après sa disparition.

    C’est elle qui avait fait remplacer les “jukebox” (distributeur automatique de chansons enregistrées sur des disques) par des tourne-disques et des disc-jockeys en lieu et place des jukeboxes.

    À voir également sur Le HuffPost: Céline Dion reporte (encore) sa tournée européenne pour raison de santé