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      Aucune excuse à la grossophobie! - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 20 June, 2022 - 09:03 · 5 minutes

    Dès le plus jeune âge sont formulées des équations Dès le plus jeune âge sont formulées des équations "grosse baleine" comme "honte à toi" auprès des enfants qui sont ronds. Les carnets de santé soulignant les sorties de courbes en rajoutent. Bien sûr qu’il est essentiel de s’intéresser aux prises de poids intempestives mais il faut faire attention à comment on met en œuvre la prévention.

    GROSSOPHOBIE - Réfléchissez plutôt avant de sourire, avant de jeter un regard méprisant , avant de tolérer le moindre quolibet ou avant de l’encourager par vos propres remarques désobligeantes à l’effet induit par ce type d’attitudes en transposant sur un de vos points faibles. Impossible que vous n’en ayez pas si vous avez un minimum d’honnêteté envers vous-même.

    Comme si faire honte à quelqu’un pouvait servir à quoique ce soit, ou à qui que ce soit à part peut-être aux grossophobes qui se rassurent à peu de frais de leur supériorité.

    Imaginons que vous croyez que sans réprobation il y ait encouragement au laisser-aller dont vous croyez coupables ces Gros qui vous dégoûtent au point de leur faire bien sentir ce rejet physique et moral qui est celui des grossophobes .

    Renseignez-vous plutôt et sortez de cette ignorance qui vous déshonore.

    Une récente mise à jour  du 2 mars 2022 par la Haute Autorité de Santé (HAS) - élaborée au travers d’échanges interprofessionnels à laquelle j’ai participé avec une quinzaine d’experts durant une année - met en lumière les ravages des moqueries .

    La grossophobie est entrée dans le dictionnaire en 2018 pour pouvoir nommer ce qui aggrave un narcissisme défaillant à l’origine de nombreux maux dont l’obésité. Passer dans le corps ses difficultés psychiques n’est pas réservé à l’obésité. C’est la définition même d’un symptôme physique lorsque la mentalisation et la parole ne suffisent pas, pour des raisons appartenant à l’histoire singulière de chacun. La conversion, pour utiliser le terme psy, remplace ce que la psychanalyse va essayer de restaurer pour sortir du symptôme : la mise en mots plutôt que l’expression corporelle.

    La grossophobie, c’est d’abord la projection sur d’autres d’une terreur personnelle: ressembler à ces personnes.

    Dans terreur, il y a erreur

    La fabrique de l’obésité repose sur de nombreux facteurs dont la grossophobie cachée, latente en chacun d’entre nous. Les Gros y compris… Déjà le mot est difficile à encaisser parce qu’il ne décrit plus objectivement une personne. Y est associée une connotation négative. C’est devenu « un gros mot ». Quasi plus imprononçable que de l’argot si courant dans notre société, Gros est une insulte. D’ailleurs on dit « Gros abruti » ou autre nom d’oiseau pour en aggraver la portée.

    Lorsque nous nous désolons de quelques kilos pris durant l’hiver, ou lors d’un confinement, derrière c’est une haine du gras qui se niche. Prendre du poids serait une faute. Aller à la plage avec des bourrelets ? Se préparer pour « l’épreuve du maillot de bain », rentrer le ventre et se cacher sous des tuniques, des paréos, … tout ceci montre que nous avons intégré, sans y réfléchir, une vision très dévalorisante de toute morphologie s’éloignant de la minceur, ferme et tonique. Jeune également…

    Ces associations d’idées entre « gros - pas beau » sont tellement ancrées qu’elles sont à peine conscientes et d’autant plus agissantes pour cette simple raison.  Les interroger c’est déjà s’en distancier. Ce que je vous invite à faire au plus vite.

    « Se mettre au régime » est une idée bien farfelue quand on s’interroge. Si on considère qu’il est nécessaire de limiter un peu ses apports excessifs, une hygiène de vie plus frugale en résulte. Mais pourquoi le régime si c’est en vue de perdre des kilos rapidement, sans autre raison qu’un désir esthétique créé par une mode ? Les injonctions à ressembler à tel type de corps si ce n’est pas le nôtre sont responsables de ce qui fait prendre du poids. Les honteuses méthodes ou scandaleux programmes pour aller vers des pertes de poids qui seront refusées par le corps et reprises dès l’interruption de ces suivis surfent sur un besoin de s’aimer.

    Dès le plus jeune âge sont formulées des équations “grosse baleine” comme “honte à toi” auprès des enfants qui sont ronds. Les carnets de santé soulignant les sorties de courbes en rajoutent. Bien sûr qu’il est essentiel de s’intéresser aux prises de poids intempestives, mais il faut faire attention à comment on met en œuvre la prévention.

    La grossophobie parle d’abord de vous, de votre phobie à vous.

    Souligner en rouge une prise de poids sans en creuser le pourquoi, c’est un acte qui pèsera lourd dans l’avenir de l’enfant. De très nombreux adultes s’en souviennent encore comme d’un stigmate.

    Ignorez-vous aussi que parfois le corps gros protège comme une cuirasse?

    Une méconnaissance de la question devrait inviter à plus d’humilité et de recul. C’est souvent vous le problème dans cette affaire de surpoids et plus tard d’obésité! Vous qui vous moquez et qui regardez de travers des personnes auxquelles vous avez peur de ressembler si vous vous laissiez aller à des penchants que vous leur attribuez du haut de votre projection. Une avidité sans fin, un désir sans faim, une gloutonnerie qu’il vous paraît indispensable de cadenasser… De quelles pulsions avez-vous peur en vous-mêmes?

    La grossophobie parle d’abord de vous, de votre phobie à vous…

    En ce début d’été 2022 je n’ai qu’un seul désir, mettre chacun face à ses responsabilités dans la fabrication de l’obésité. Vraiment, croyez-vous que faire honte soit bénéfique?

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