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« Catastrophe écologique » : protester, c’est augmenter son bilan carbone
ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 March, 2023 - 04:15 · 3 minutes
Pour la Macronie, tous les arguments sont bons à prendre pour faire passer une réforme des retraites qui bat des records d’impopularité.
Les derniers en date sont d’ Olivier Véran , le porte-parole du gouvernement, à propos de l’appel de l’intersyndicale contre la réforme des retraites. Mettre « à l’arrêt » le pays comme le menacent les syndicats serait « prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole ou sanitaire ».
« Mettre la France à l’arrêt, ce serait laisser filer une crise qu’on peut encore éviter. L’absence de pluie depuis plus de 30 jours maintenant en France fait peser un risque extrêmement fort sur l’état de nos réserves en eau cet été. Mettre le pays à l’arrêt, c’est prendre le risque d’une catastrophe écologique agricole sanitaire voire humaine dans quelques mois » a-t-il déclaré, sentencieux.
Déclaration délirante d’Olivier Véran :
« Mettre le pays à l’arrêt c’est prendre le risque d’une catastrophe écologique, agricole, sanitaire voire humaine… Mettre la France à l’arrêt ce serait négliger la santé de nos enfants » #ReformeDesRetraites #greve7mars #blocage7mars pic.twitter.com/1Ztftdh7tJ
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) March 1, 2023
« Catastrophe sanitaire ? »
Entendre Olivier Véran parler de « catastrophe sanitaire » en cas de mise à l’arrêt du pays pourra faire sourire ceux qui se souviennent vaguement de son rôle durant les trois dernières années dans la mise en place des confinements . Nous nous contenterons ici de reconnaître que l’argument n’est pas dénué de fondement , mais que les syndicats ont de qui tenir.
Cependant, l’essentiel du propos d’Olivier Véran est d’invoquer la « catastrophe écologique » pour condamner le mouvement social qui ose contester la réformette pilotée par le gouvernement Borne. Implicitement, en se mobilisant contre la marche inéluctable du progrès, les syndicats jouent le jeu du réchauffement climatique et de tout son bestiaire crépusculaire : les climatosceptiques, Big Business, les géants de l’énergie fossile, les pollueurs cyniques qui font leur vidange dans les parcs naturels. L’instrumentalisation de l’écologie, qui fait désormais partie du business politique ordinaire, agit comme une sorte de gourdin idéologique à droite, à gauche ou pour le centre autoritaire.
En effet, l’écologie est devenue le nouveau langage d’autorité absolu , qui invalide par son existence même toute discussion, tout raisonnement et toute réserve qui ne confirmeraient pas ses prémisses morales. Qui veut que la planète soit polluée, qui souhaite la mort des ours polaires et des petits oiseaux ? Les méchants, assurément. Chantage permanent à la vertu morale climatique, l’écologie s’est transformée en un rappel à l’ordre permanent, celui d’une classe technocratique qui, parce qu’elle a renoncé à promettre le bonheur, gouverne par la peur en s’appuyant sur le catastrophisme climatique.
Désormais, dans le débat public, il suffit de sortir la carte écologie de son poker menteur pour apparaître comme légitime, voire compétent.
Une vacance de M. Hulot
Le témoignage de Nicolas Hulot lors de son passage devant la commission d’enquête parlementaire sur l’indépendance énergétique en est une illustration ahurissante.
Un rapport classé secret défense préconisait en 2018 de construire 6 EPR arrive au ministère.
Il n’est jamais lu par l’ancien ministre de la Transition écologique du gouvernement Macron première mouture. Son ancienne directrice de cabinet, dont l’explication est aussi confuse que son ancien patron, semble sur le moment avoir réassigné au document une valeur moindre, celle d’un document RH technique, pour ne pas avoir à en tirer les conclusions qui s’imposaient.
Cette séquence est hallucinante. De honte, de gêne, de duplicité… Il est rare de voir des responsables politiques contraints de reconnaître avoir délibérément sacrifié la sécurité d’un pays. Le langage non-verbal mériterait à lui seul une étude… https://t.co/tB05DuRqMN
— Géraldine Woessner (@GeWoessner) February 28, 2023
Écartons donc les faits pour imposer l’écologie, seule voie acceptable pour l’émancipation de l’humanité. L’idéologie écolo prime sur tout, et démonétise toutes les autres perspectives politiques.
Résultat, la France aujourd’hui connaît sa pire crise énergétique de l’après-guerre. Bravo l’État stratège !
La Macronie oppose aujourd’hui aux syndicats le joker écologie. Demain, on invoquera le bilan carbone pour interdire les manifs ou l’urgence climatique pour légitimer les interventions militaires futures. Vous n’y croyez pas ? On en parle déjà , malheureusement.