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      « Cop » : aux origines de la mascarade

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Friday, 12 January - 18:34 · 11 minutes

    À Dubaï, siège de la dernière « Cop » ( Conference of parties ), le lobby des énergies fossiles se trouvait en position confortable. Pas moins de 2.456 participants à l’événement entretenaient des liens avec le secteur du gaz et du pétrole. Tout indique qu’il en sera de même pour la suivante. La Cop 28 avait été organisée par Sultan al-Jaber, président de la principale compagnie pétrolière des Émirats arabes unis. La Cop 29 le sera par Mukhtar Babayev, qui cumule seize années de direction à SOCAR , le géant pétro-gazier d’Azerbaïdjan . L’omniprésence des intérêts fossiles aux dernières « Cop » fait ressortir le souvenir des premiers « sommets de la Terre », convoqués avec une certaine nostalgie . Pourtant, dès la conférence de Stockholm (1972), le secteur de l’or est présent. Il bénéficie d’un allié de taille : Maurice Strong , pétrolier et sous-secrétaire général de l’ONU. Naviguant entre le Club de Rome et les énergies fossiles, il allait avoir une influence considérable dans la configuration des sommets à venir.

    L’histoire se répète-t-elle ?

    Le premier « sommet de la Terre » se tient en 1972 à Stockholm. Un événement d’ampleur : douze jours de débats, cent quatre-vingt pays et deux cent cinquante ONG évoquent pour la première fois ensemble l’avenir de la planète.

    Signe des temps. Ce début de décennie est marqué par des préoccupations environnementales croissantes. Le sommet précède de peu la publication du « rapport Meadows » The Limits to Growth ( Halte à la croissance ? ). Dans ce best-seller , Donnella Meadows et son équipe cherchent à mettre en évidence l’incompatibilité entre les ressources finies de la planète et un essor économique et démographique infini. Les interactions entre diverses variables sont étudiées : accroissement démographique, niveau d’industrialisation, niveaux de pollution, choix politiques, etc, et une douzaine de scénarios futurs sont élaborés. La plupart présentent des résultats peu enviables : chute de la population provoquée par des pics de pollution, pénurie extrême de ressources 1 .

    Le « rapport Meadows » prévoit forte augmentation des capacités industrielles (courbe en tiret), entraînerait un fort pic de pollution (courbe en pointillés) qui entraînerait à son tour une baisse de la disponibilité des ressources naturelles (courbe en traits et en points). Après un bref essor du quota alimentaire (courbe continue), celui-ci chuterait fortement, entraînant à son tour une baisse drastique de la population (courbe en gras). Il ne s’agit que d’un scénario envisagé, qui illustre, pour les auteurs du rapport, l’interdépendance entre les variables.

    À Stockholm donc, ONG et militants sont conviés à participer aux négociations de ce qui apparaît comme la première chance pour une diplomatie climatique multilatérale de voir le jour. Aujourd’hui encore, on s’en souvient comme un laboratoire d’idées, que l’on convoque avec enthousiasme. Dans une archive de l’INA, le journaliste scientifique François de Closets ne tarit pas d’éloges sur l’organisation de ce sommet : « Très rarement a-t-on vu tous les pays du monde aborder un sujet aussi nouveau aussi rapidement » se réjouit-il 2 .

    La réalité est toute autre. Aurélien Bernier, dans un article pour le Monde diplomatique, rappelle le cadre étroit dans lequel s’est tenu le sommet. En amont, vingt-sept intellectuels s’étaient réunis pour préparer ce grand rendez-vous, et avaient accouché du « rapport Founex », du nom de la ville où ils s’étaient retrouvés. Celui-ci pose que le libre-échange doit être préserve coûte que coûte : « Le principal danger, tant pour les pays développés qu’en développement, est d’éviter que l’argument environnemental ne se transforme en argument pour d’avantage de protections. Quand le sujet devient les conditions de production et plus seulement la qualité environnementale d’un produit, il faut tirer la sonnette d’alarme dans le monde entier, car ce pourrait être le début de la pire forme du protectionnisme ». 3

    Membre du Club de Rome, responsable onusien des événements climatiques, Maurice Strong est actionnaire de multiples géants fossiles et siège au comité exécutif de la fondation Rockefeller.

    Alors que la mise en place de barrières commerciales aurait pu constituer un levier pour lutter contre la dévastation environnementale, celle-ci est jugée non conforme au cadre économique dominant. Les principaux points du « rapport Founex » sont repris sous forme de « recommandations » et présentées aux participants du sommet de Stockholm.

    La recommandation 103, qui fera consensus parmi l’assemblée, assène un principe fort : « tous les États à la Conférence acceptent de ne pas invoquer leur souci de protéger l’environnement comme prétexte pour appliquer une politique commerciale discriminatoire ou réduire l’accès à leur marché ». D’emblée, la voie protectionniste était écartée ; le premier « Sommet de la Terre » pouvait-il être autre chose qu’une belle série de déclarations d’intention ?

    Derrière cette adhésion au cadre économique dominant, on trouve de puissants intérêts.

    Maurice Strong : un pétrolier pour diriger la diplomatie climatique

    Dans son livre, Le Grand Sabotage Climatique (Les liens qui libèrent, 2023), le journaliste Fabrice Nicolino analyse le rôle du sous-secrétaire général de l’ONU Maurice Strong dans l’orientation néolibérale de nombreux sommets internationaux. Ayant analysé les questions environnementales durant trois décennies, Nicolino ne cesse d’être stupéfait de l’influence de Strong sur la diplomatie climatique. Des années 1970 à la fin des années 2000, on ne peut évoquer un événement mondial sur le climat sans que Strong soit impliqué. Il est partout.

    Avant de rejoindre le Club de Rome et de devenir le responsable onusien des événements climatiques, Strong est un businessman . Vice-président du pétrolier privé Dome Corporation à seulement vingt-cinq ans, il devient par la suite actionnaire d’un nombre croissant de géants fossiles (dont Petro Canada), et siège au comité exécutif de la fondation Rockefeller. En 1972, ses multiples liens avec le secteur pétrolier sont multiples et il n’a témoigné aucun intérêt pour les questions environnementales. Et pourtant, c’est à lui que l’on confie la lourde tâche de présider le « sommet de la terre » de 1972 à Stockholm.

    C’est Strong qui est à l’origine du Programme des Nations-unies pour l’environnement (PNUE) et de Organisation météorologique mondiale (OMM) pour le compte de l’ONU. Il participe également à la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il demeure l’un des organisateur du Sommet de la Terre de Rio en 1992.

    Où l’on voit que, dès les années 1970, la diplomatie climatique était entre de bonnes mains…

    Du « rapport Meadows » au « rapport Brundtland »

    Si le « rapport Meadows » était au contre des discussions lors des sommets des années 1970, le « rapport Brundtland » sera le centre d’attention du troisième sommet de la Terre à Rio en 1992.

    Du nom de l’ancienne première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland, c’est ce document qui consacrera le terme de sustainable development – traduit en français par « développement durable ». La définition donnée dans le « rapport Brundtland » est la suivante :

    « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins. »

    La conférence de Kyoto (1997) visant à faire reculer l’émission de gaz à effets de serre, est saluée comme une réussite. En 2014, loin d’avoir diminué, elles avaient connu une augmentation de 6,4%

    Formulation vague et floue, que l’on trouve à chaque page du « rapport », sans danger, on le devine, pour les intérêts dominants. Fabrice Nicolino rappelle que la traduction française devait encore édulcorer la charge politique du terme : s ustainable a d’abord été traduit par « soutenable », puis « durable ». Ce glissement n’est pas anodin : un écosystème est soutenable quand « il maintient, sur le long cours, malgré tous les aléas, ses équilibres et ses fonctions ». Le terme « durable », quant à lui, ne renvoie à aucun mot d’ordre écologique concret.

    Quant au « développement », il devait rencontrer l’opposition d’une partie du sud du monde. Aminata D. Traoré, ancienne ministre de la Culture et du Tourisme malienne, en rappelle la teneur dans un article du Monde Diplomatique de 2002 :

    « [Le concept] de développement (antinomique avec la notion de durabilité) et celui de mondialisation libérale procèdent de la même logique déshumanisante. Il s’agit, pour l’Afrique, de leur opposer des principes de vie, ainsi que des valeurs qui privilégient l’humain : l’humilité contre l’arrogance. » 4

    Pour Aminata Traoré, cette conception toute occidentale du « développement » était destinée à pérenniser son hégémonie.

    « Toutes les précautions étaient prises pour que jamais le feu ne s’éteigne. L’alliance avec la nature, les différentes formes de solidarité étaient les garantes de cette pérennité, plus forte que la durabilité. […] Mais le développement — même durable — n’est qu’un mot-clé et un mot d’ordre de plus. Il est d’autant plus redoutable qu’il permet la poursuite de la mission « civilisatrice » des puissances coloniales. »

    Le « développement durable » allait pourtant devenir l’étendard de la diplomatie climatique ultérieure.

    Le défilé des COP

    Lors de la dernière COP, quatre jours sur les treize de l’événement ont été accaparé par des discours de chefs d’État, se relayant à la tribune pour y prêcher leur détermination à sauver la planète. C’est le lieu privilégié des déclarations destinées à marquer l’histoire oratoire – on pense à Jacques Chirac déclamant « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » à Johannesburg en 2002. À Johannesbourg comme ailleurs, l’inflation rhétorique semble étroitement corrélée à l’inaction climatique.

    La COP 3 à Kyoto, en 1997, reste aujourd’hui citée comme une référence. Elle avait pour but de contenir la hausse des émissions carbone, notamment par des mécanismes de marché. L’enjeu était de parvenir à une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 5 % en 2014 par rapport aux niveaux 1990. Les plus grands pollueurs mondiaux n’ont pas daigné se joindre à l’effort. L’Amérique d’Al Gore (que l’on devait célébrer plus tard pour ses documentaires sur le climat) a refusé de ratifier l’accord ; son voisin canadien a jeté l’éponge dès 2011 pour des raisons économiques. En 2014, loin d’avoir diminué, les gaz à effet de serre avaient connu une nette augmentation de 6,4% 5 !

    Si l’on ne peut rien attendre de ces événements réunissant le gratin de l’oligarchie pétrolière, la prise stratégique qu’ils offrent pour faire avancer la prise de conscience écologique est-elle négligeable ?

    Dix-huit ans plus tard, à Paris, une nouvelle COP fortement médiatisée prenait place. Les hérauts du climat Laurent Fabius, Ségolène Royal et François Hollande allaient ébranler le statu quo. Une limite, destinée à faire référence, était fixée : en aucun cas la température moyenne globale ne devrait dépasser les 2°C. Et les gouvernements proclamaient leur attachement à ce principe.

    Bien sûr, ces accords n’étaient nullement contraignants pour les États, peu disposés à accepter une autorité transnationale qui menacerait leur souveraineté. La structure organisationnelle des COP favorise l’immobilisme : les décisions étant prises non pas à la majorité mais au consensus, les propositions les plus ambitieuses sont systématiquement rejetées.

    Et c’est ainsi qu’à Dubaï, le terme « sortie ( phase out ) des énergies fossiles » a été remplacé par une vague formule qui évoque les plus grandes heures du « rapport Brundtland » « Processus de transition hors ( transitioning away from ) des énergies fossiles ».

    Une diplomatie climatique sans COP ?

    L’histoire des sommets de la Terre commence avec un pétrolier, et les COP sont fidèles à cette tradition : le président de la prochaine n’est autre que Mukhtar Babayev, qui a travaillé pendant vingt ans pour le compte de la compagnie pétrolière nationale d’Azerbaïdjan – avant, rassurons-nous, de devenir ministre de l’Environnement.

    Une mascarade de plus ? Si les plus pessimistes vont jusqu’à jeter le principe même des COP, il faut relever que c’est lors de ces réunions mondiales que les questions environnementales sont mises en avant. Ils peuvent servir de catalyseurs à une prise de conscience plus globale – et de repères pour prendre les États en défaut dans leur manquement aux objectifs climatiques.

    Les COP sont également des tribunes pour les pays du Sud, ainsi que le note Thomas Wagner « Les pays du Sud y viennent avec l’espoir d’y obtenir quelque chose. Ils ont bien plus de poids aux COP qu’à Davos ou à l’OMC. Oui, il faut attendre plus des COP, mais en attendre un miracle, c’est ne pas comprendre la complexité des négociations climatiques. » 6

    Si l’on ne peut rien attendre de ces événements réunissant le gratin de l’oligarchie pétrolière, la prise stratégique qu’ils offrent pour évoquer les questions climatiques et faire avancer la prise de conscience écologique est-elle négligeable ?

    Notes :

    1 On ne s’étendra pas ici sur la méthodologie de ce rapport. Fortement critiqué à sa sortie par divers économistes néolibéraux (dont Friedrich Hayek, qui mentionne Halte à la croissance ? lors de sa remise du prix de la Banque de Suède en 1974), les marxistes ne lui ont pas réservé une meilleur réception, pointant du doigt son caractère (ouvertement) malthusien.

    2 Conférence de Stockholm, JT 13h, ORTF, 19/06/1972 : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf94072876/conference-de-stockholm .

    3 Aurélien Bernier, « La face cachée des sommets de la Terre », Le Monde diplomatique , Juin 2022.

    4 Aminata Traoré, « L’oppression du développement », Le Monde diplomatique , septembre 2002.

    5 « Kyoto ou tard », Datagueule , décembre 2015.12/2015.

    6 Thibault Wagner, « COP 28 : Qui aurait pu prédire une telle issue ? », BonPote , décembre 2023.

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      Résolution à l’ONU : le monde est-il contre la Russie ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 26 February, 2023 - 04:15 · 3 minutes

    Un an après l’invasion de l’ Ukraine par la Russie , l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté jeudi une résolution exigeant de nouveau le retrait des forces russes. Mais le monde entier est-il contre la Russie ?

    Les Nations Unies adoptent une résolution sur l’Ukraine

    Au deuxième jour d’une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations Unies – qui compte au total 193 États membres – la résolution intitulée « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine » a été adoptée ce jeudi 23 février.

    L’Assemblée générale « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités ».

    La résolution souligne « la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies ».

    En attendant, elle « demande aux parties au conflit armé de respecter pleinement les obligations qui leur incombent en vertu du droit humanitaire international… »

    Le monde entier est contre la Russie selon la presse française…

    … en tout cas une « écrasante majorité » ! En effet, 141 pays ont voté « pour » la résolution sur 193 pays.

    Alors oui, pour l’hebdomadaire L’Express c’est une « majorité écrasante à l’Assemblée générale de l’ONU pour exiger le retrait russe d’Ukraine » ; ou encore le très sérieux quotidien national Le Monde ; « L’isolement diplomatique de Moscou s’accroît » pour L’Opinion . « L’Assemblée générale des Nations unies s’est prononcée pour un retrait « immédiat » de l’armée russe, un an après le début de l’offensive en Ukraine » publie plus modestement l’autre hebdomadaire Le Point .

    La tendance est identique pour la presse quotidienne régionale comme La Dépêche , La Montagne … Il s’agit même d’un « vote historique » pour L’Indépendant !

    Arrêtons-là cet inventaire non exhaustif. On pourrait se féliciter d’une telle « union sacrée » de l’analyse journalistique. Malheureusement, point d’analyse commune. Simplement la multiplication des « copié-collé » de deux dépêches l’une de l’agence Reuters ( L’Opinion ; L’Indépendant ), l’autre de l’AFP ( L’Express ; Le Point ; La Dépêche ; La Montagne ).

    Un monde sans la Chine ni l’Inde… ni la Russie

    Nous l’avons vu 141 pays ont voté Pour cette résolution.

    Mais c’est vite oublier que 7 pays ont voté Contre, 32 pays se sont abstenus et 13 n’ont pas participé au vote.

    C’est oublier aussi qu’à l’Assemblée générale des Nations Unies : un pays = une voix !

    Ainsi, la première puissance militaire du monde (actuellement les États-Unis) a le même poids que le Costa Rica (qui n’a pas d’armée).

    Ainsi, se sont opposés à cette résolution : Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée.

    Se sont abstenus : Algérie, Angola, Arménie, Bangladesh, Bolivie, Burundi, Centre Afrique, Chine, Congo, Cuba, Salvador, Éthiopie, Gabon, Guinée, Inde, Iran, Kazakhstan, Kirghizstan, Laos, Mongolie, Mozambique, Namibie, Pakistan, Afrique du Sud, Sri Lanka, Soudan, Tadjikistan, Togo, Ouganda, Ouzbékistan, Vietnam, Zimbabwe.

    En fait de majorité écrasante, ce sont les représentants de plus de la moitié de la population mondiale (environ 4,112 milliards d’individus) qui se sont opposés ou ont refusé de prendre une position hostile à la Russie !

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      Quand la couche d’ozone sera-t-elle complètement reconstituée ?

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 9 January, 2023 - 17:26

    La couche d'ozone va mieux, c'est confirmé. Preuve s'il en faut que des mesures fortes sont efficaces. Mais, il faudra attendre encore un peu avant que ce soit pleinement rétabli. [Lire la suite]

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      Après le passé de l’URSS, voici celui de la Food and Agriculture Organization

      Carl-Stéphane Huot · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 15 December, 2022 - 03:30 · 4 minutes

    L’actuelle demande d’une plus grande protection de la biodiversité via la protection des forêts mondiales à la COP15 de Montréal (décembre 2022) repose sur une falsification importante des données sur les forêts mondiales . Voici l’histoire.

    C’est la Food and Agriculture Organization des Nations Unies (FAO) qui s’occupe à intervalle plus ou moins régulier de prélever et mettre en forme lisible les statistiques sur la superficie que les forêts occupent dans le monde. La première édition date de 1948 et la dernière de 2020. Le résultat peut être lu ici .

    Des données publiques falsifiées

    J’ai repris les différentes éditions du Global forest ressources assessment de la FAO. En ne lisant que la valeur « courante » -celle de l’année de publication- on peut lire d’abord une baisse de 1948 à 1990, la superficie des forêts du monde passant de 40 à 34 millions de km 2 . Par la suite une croissance intéressante  est survenue, amenant une mesure de 41 millions de km² en 2020, au moins égale sinon légèrement supérieure à la valeur de 1948. Déjà là nous avons un premier problème : où est la déforestation massive que se plaisent à dénoncer les groupes environnementalistes depuis des années?

    Si l’on lit un peu plus, on peut s’apercevoir qu’à partir de 1990  à peu près la FAO augmente sensiblement et systématiquement les valeurs passées, ce qui fait apparaître une baisse continue de la superficie des forêts et une disparition assumée des écosystèmes. La valeur de 1990 a été revue à la hausse  à chaque édition successive depuis. De 34 millions de km² en 1990, on est passé à 36 millions en 1995, à 40 millions en 2000, à 41 millions en 2005, et à 42 millions en 2010 et 2020. Pour une différence après 30 ans de « plus » de 7 millions de km². Cela permet donc, par comparaison, oh surprise !, de faire apparaître une baisse de deux millions de km² entre 1990 et 2020 et aux environnementalistes de crier à la déforestation continue.

    Rendu là, on peut quand même éliminer un argument, celui du délai de transmission des données. En effet, les données sur l’agriculture prennent environ trois ans avant d’être (à peu près) complètement transmises par les pays à la FAO. Il est donc possible qu’il y ait une certaine différence entre deux éditions pour cette raison. Il est possible qu’il y ait des erreurs de frappe ou que l’utilisation d’une meilleure méthode permettent de faire apparaître un meilleur estimé des données sylvicoles. Mais cette correction dépasse largement cela. Après 30 ans, il s’agit ni plus ni moins que d’une entreprise de falsification systématique des données publiques.

    On peut y ajouter tout ce qui est dépensé par les gouvernements pour améliorer la qualité de l’air et de l’eau, sans compter toutes les restrictions gouvernementales via les lois et règlements, sous la pression des environnementalistes.

    Je ne vois donc que deux alternatives : ou les actions des gouvernements en environnement sont complètement sans effet, ou la baisse de biodiversité n’est que du gros n’importe quoi.

    Les problèmes qui en découlent sont nombreux

    On peut s’en douter. Et ils dépassent largement le cadre de la FAO.

    Mentionnons-en quelques-uns :

    Ces données nous appartiennent, à vous et à moi en premier lieu. Nous payons des gens par nos taxes pour mesurer ici la superficie des forêts en plus d’évaluer les proportions des différentes espèces et le pourcentage d’arbres morts par exemple. Quelles que soient les valeurs obtenues et la précision (même relative) de celles-ci, nous devons exiger qu’elles soient conservées. Cela permet entre autres de juger de l’efficacité des politiques pour améliorer la situation, quitte à en abandonner certaines si le rapport coût-bénéfice n’est pas au rendez-vous.

    La conservation des données participe aussi à la reddition de compte que nos gouvernements nous doivent. Si celle-ci n’est pas satisfaisante elle doit être prise en considération lors du choix périodique de nos représentants élus.

    Cela finit par semer le doute dans la population sur les intentions réelles de nos gouvernements, sans compter leur capacité à résoudre un problème quel qu’il soit. Ce n’est pas en truquant les données que les gouvernements vont nous prouver leur sérieux.

    On a beaucoup parlé des conspirationnistes durant la crise liée au covid. Ce genre de falsification entraîne probablement à chaque fois une hausse de leur nombre, rendant le débat public tout de même un peu plus difficile chaque fois. Certes les gouvernements peuvent à bon droit se réjouir de la hausse de leur nombre car cela complexifie la reddition de compte.

    En effet, plus les conspirationnistes sont sous le feu de la ramp, moins ils ont à rendre de comptes. Il suffit de balayer toute question, même sérieuse et bien étayée en l’accusant d’émaner de la mouvance conspirationniste.

    Cela a pour effet de focaliser l’attention sur certains problèmes au détriment d’autres qui seraient possiblement plus pressants au gré de l’agenda politique de certains. Il serait bien de pouvoir définir un certain nombre de problèmes, de leur assigner un niveau de préoccupation réaliste et de débattre des méthodes de résolution voire des montants que l’on peut réellement y consacrer. Au lieu de cela, certains peuvent s’immiscer dans le débat politique sans être élus, ni être redevables et imposer leurs vues -même clairement fausses- sans tenir compte du reste.

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      L’ONU, arme d’extinction massive de l’humanité

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 9 December, 2022 - 12:00 · 5 minutes

    Mercredi dernier avait lieu l’ouverture de la « COP15 sur la biodiversité ». Oui, vous avez bien lu : il s’agit encore (!) d’un gros pince-fesses international médiatisé où le petit four écoconscient produit en biodynamie se déguste après un voyage en jet privé pour discuter d’un problème créé de toutes pièces et y apporter des solutions forcément géniales. Les élites s’ennuient, il faut bien les occuper, que voulez-vous.

    Rassurez-vous : s’il y a un problème (forcément gros, forcément mondial) qui pèse sur la biodiversité, au moins les choses sont claires dès le début et tout le monde sait d’emblée que le plus grand des dangers, le monstre le plus baveux, le plus dentu, le plus crochu et le plus vorace, c’est sans nul doute l’humanité tout entière.

    D’ailleurs, pour Antonio Guterres, l’actuel dodu en charge de l’ONU, pas de doute : l’ humanité est devenue une « arme d’extinction massive » .

    Pensez donc : comme l’indique très bien l’AFP dans sa petite notule poussivement écrite avec les sourcils froncés et un petit bout de langue au coin des lèvres, il est sûr et certain que « Les produits chimiques, les plastiques et la pollution atmosphérique étouffent la terre, l’eau et l’air » , tandis que « le réchauffement de la planète dû à la combustion des énergies fossiles provoque un chaos climatique – des vagues de chaleur et feux de forêt aux sécheresses et aux inondations » comme en atteste d’ailleurs le graphique suivant de Our World In Data :

    On voit nettement que la tendance est à l’augment ahem bon bref enfin vous comprenez : non seulement nous allons tous mourir mais ce sera de notre faute (et seulement de notre faute), notamment parce que nous sommes coupables à la fois d’exister (ce qui est un crime abominable en soi) mais aussi et surtout parce que nous avons commis moult écocides, notion apparue commodément il y a près de 10 ans et qui revient avec régularité pour ne pas laisser retomber la pression moralisante .

    Ah, l’écocide ! C’est une notion d’autant plus pratique qu’elle est fort mal définie et que n’importe quelle dérive ou exploitation de n’importe quoi peut entrer dans son champ d’application, rendant coupable potentiellement n’importe qui.

    Et à force d’écocide méchant, à force de pollution très méchante et à force de surpopulation très très méchante, il devient maintenant inévitable que tout l’écosystème s’effondre (pouf, d’un coup). Si ce n’est pas demain, ce sera après-demain, dans l’horreur totale (forcément). C’est certain. Promis juré craché : il faut agir maintenant, c’est notre dernière chance pour sauver la biodiversité qui a surmonté l’ère glaciaire, les météorites, les méga-explosions volcaniques mais ne surmontera jamais le plastique produit par les humains. C’est tellement vrai que cela fait même 50 ans qu’on nous répète que les prochains mois sont notre dernière chance.

    Et moyennant une surdose de gloubiboulga environnemental bien-pensant dont le résultat – terroriser les jeunes générations et les citoyens impressionnables, allécher les politiciens peu scrupuleux – est déjà garanti, on va proposer des solutions de plus en plus drastiques qui toutes, très concrètement et à la fin, reviennent à grignoter sans pause et sans merci chacune de nos libertés fondamentales pour ne plus nous laisser que celle de vivre et de travailler pour une élite qui – coïncidence heureuse ! – sera commodément à l’abri des restrictions mises en place.

    Pour le moment, outre l’élaboration quasi-religieuse de 10 commandements flous et niaiseux , on commence avec des petites choses « simples » (sur le papier), des restrictions, des interdictions pas trop contraignantes qui passeront sans encombre, comme par exemple la sanctuarisation d’une portion toujours plus grande de terres et de mers du globe et de certaines zones devenant ainsi inaccessibles au commun des mortels :

    Parmi la vingtaine d’objectifs en discussions, l’ambition phare, surnommée 30 × 30, vise à placer au moins 30 % des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d’ici 2030. Contre respectivement 17 % et 10 % dans l’accord précédent de 2010.

    Ces zones inaccessibles le seront aussi de facto lorsqu’on aura largement réduit la capacité de la piétaille humaine à se déplacer tout court, puisqu’on trouve aussi dans les cartons des projets de limiter largement les libertés de mouvements d’un maximum de gueux (rappelez-vous le « 4 vols par vie», c’est tout dont il a déjà été fait mention et qui ne manquera pas de trouver un relai frémissant dans la bouche de politiciens militants), jusqu’à l’assignation à résidence pure et simple : la tentative actuellement en cours de mise en place à Canterbury n’est pas une erreur mais bien un galop d’essai de ces restrictions tous azimuts destinées à incarcérer la turbulente population occidentale.

    Cette multiplication de COP et autres sauteries médiatiques ne doit rien au hasard : l’agenda des globalistes repose en effet sur une adhésion aussi large que possible d’un maximum d’individus à ces thèmes qui visent tous très concrètement à ne laisser aucune marge de manœuvre à l’individu et à laisser absolument tout le pouvoir aux institutions puis, par voie de conséquence, à ceux qui sont et seront à leur tête. Le jeu est vieux comme l’humanité puisqu’il s’agit de devenir roi à la place du roi, bien sûr.

    Cependant, cette fois-ci, ce jeu dispose d’un petit twist supplémentaire puisqu’il sera aussi question, par idéologie pure, de réduire autant que possible la base des assujettis (oui, c’est de vous qu’il s’agit).

    Pour le moment, ces gens sont ridicules : avec leur religion en carton, leurs commandements aussi flous que niais et leurs termes attrape-tout et culpabilisateurs, ils ne convainquent que les convaincus et ceux dont la vision de la nature et de l’environnement est totalement décalée avec la réalité.

    Cependant, l’étape suivante sera l’application des interdictions, des vexations et des obligations diverses qui toucheront tous les gueux, transformant rapidement l’humanité en prison à ciel ouvert peuplée de miséreux obéissants.

    Sur le web

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      L’Europe dans le Sahel : la culture de l’impuissance ?

      Pierre d'Herbès · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 7 December, 2022 - 03:50 · 5 minutes

    Un coup dur pour la mission de l’ONU, déjà privée cet été de l’appui déterminant de l’opération Barkhane. Outre la recrudescence des attaques et des violences intercommunautaires, l’Europe est aussi menacée de voir son influence régionale diminuée au profit de ses compétiteurs stratégiques.

    Pendant quelques mois, Berlin avait fait planer le doute sur ses intentions, jusqu’à envisager officiellement, en mai, l’augmentation de ses effectifs déployés sur le théâtre malien.

    Finalement, l’Allemagne a annoncé son retrait de la Minusma d’ici au début de l’année 2024. Elle prend la suite des Britanniques qui ont indiqué leur retrait à la mi-novembre, ainsi que des Suédois (février). À noter que l’Égypte, la Côte d’Ivoire et le Bénin, trois alliés de la France, ont aussi annoncé leur départ.

    En parallèle, la mission européenne de formation de l’armée malienne, EUTM Mali, se réduit aussi. Ses effectifs de 500 hommes ont été réduits cet été à 300 par Bruxelles. Ses effectifs étaient majoritairement fournis par l’Allemagne et l’Espagne. Le départ allemand de la Minusma et la dégradation des relations entre l’Europe et le Mali ne laissent que peu de doutes sur la pérennité de la mission sur le long terme. La République tchèque a initié un premier mouvement en ce sens, au début du mois de novembre, en indiquant son retrait de la mission.

    L’impuissance européenne

    La mauvaise volonté du gouvernement malien et sa collaboration avec les mercenaires de l’agence russe Wagner sont en partie à l’origine de ces départs en cascades. On peut aussi y voir un soutien à la position française vis-à vis du régime de transition malien. Le départ cet été des derniers soldats français du Mali a également rappelé à la Minusma et aux forces européennes leur dépendance opérationnelle à l’opération Barkhane. De facto , toutes les rares forces déployées par des pays européens dans le Sahel étaient dépendantes de la France.  Non seulement les missions EUTM et la Minusma mais aussi la Task Force Takuba . Sans compter les 300 combattants britanniques, danois et estoniens intégrés organiquement à l’Opération Barkhane.

    Or c’est bien le nœud du problème : indépendamment des services parfois décisifs qu’ils peuvent fournir les pays européens ne peuvent rien militairement sans l’intervention d’une nation cadre. Et l’ Occident n’en compte que deux :  les États-Unis et France. L’esprit de défense est par ailleurs singulièrement bas : dans le cadre de la Minusma, l’Allemagne refusait que ses soldats soient mis en danger tout en peinant à trouver un accord au niveau politique dans le degré de son implication. Un facteur limitant largement la palette opérationnelle de Berlin et son utilité aux côtés de Paris.

    Perte d’influence européenne

    Ce retrait progressif de l’Europe dans le Sahel est symbolique de la perte d’influence mondiale de l’Europe.

    La guerre d’Ukraine dans laquelle le continent est plus spectateur qu’acteur en est l’expression la plus flagrante. La sous-région du Sahel n’en demeure pas moins un enjeu stratégique car la guerre d’Ukraine n’a pas fait disparaître l’instabilité structurelle de la région et les risques qu’elle fait peser sur l’Europe. Au Mali comme au Burkina Faso, les attaques des groupes armés terroristes et les violences intercommunautaires s’amplifient à mesure que la réponse internationale (Barkhane, Minusma, EUTM) s’affaiblie. La menace métastase et commence à s’implanter vers le nord du golfe de Guinée (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin).

    Parallèlement, d’autres pays s’y affirment, comme la Russie via le groupe Wagner. En collusion avec Moscou , l’Algérie tente actuellement de réactiver ses structures de commandement « multilatérales », le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) et l’Unité de fusion et de liaison (UFL), qui avaient été marginalisées par l’opération Barkhane et la mise en place du G5 Sahel. Alger a toujours considéré la zone comme sa chasse gardée. La Turquie tente, elle aussi, de s’y implanter. La montée en force régionale de ces puissances revient à déléguer une partie de la sécurité de la France et de l’Europe à des compétiteurs stratégiques. Sans compter la simple perte d’influence. Déjà des narratifs anti-allemands et anti-italiens commencent à se développer.

    La crise n’est pas terminée

    Comment se présentent les évènements ?

    Paris recompose aujourd’hui son dispositif autour du Niger et du Tchad. Les relations sont restées très bonnes avec ces pays tout comme avec la Mauritanie. Dans les mois qui viennent, l’opération Barkhane devrait disparaître au profit de nouvelles modalités d’intervention.

    Selon les déclarations d’Emmanuel Macron au début du mois de novembre l’armée française gardera 3000 soldats dans la région mais n’agira plus qu’en accompagnement des forces de ses partenaires. À voir les modalités concrètes : car ces dispositions sont proches de celles formulées par le sommet de Pau en janvier 2020. C’était d’ailleurs la raison d’être de la Task Force Takuba .

    Parallèlement, l’effort européen apparait, sans surprises, assez minime. Bruxelles réfléchit à déplacer la mission EUTM au Niger. De son côté l’Italie dispose toujours de sa mission (CIMIN) de coopération et de formation de l’armée nigérienne. Mais la situation n’est pas figée.

    Il n’est pas impossible que la France temporise avant de se doter d’un nouveau plan d’action. Dans le cas contraire on peut penser que Paris n’aurait pas gardé autant de personnels sur place : le même nombre qu’au début de l’opération Barkhane en 2014. Or, la « saison fraiche » est de retour et les attaques vont se multiplier. Il n’est pas interdit de voir la situation se dégrader rapidement au Mali, sans que le groupe Wagner puisse s’y opposer. Déjà depuis quelques mois, la situation du régime de Transition apparait de plus en plus précaire .

    La France pourrait alors être amenée à intervenir de nouveau, avec une légitimité réaffirmée. Avec, on l’espère, une doctrine d’influence et de maitrise de son environnement cognitif plus élaborée qu’auparavant : sa seule véritable erreur ces dernières années.

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      C’est la décision historique qu’il faut retenir de la COP27

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 21 November, 2022 - 09:55

    La COP27 aboutit à la création d'un Fonds pour les pertes et dommages. Derrière cette décision certes historique, aucun accord n'a pu être trouvé sur les sources d'émissions de gaz à effet de serre. [Lire la suite]

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      À cause du Covid, l’Humanité est revenue 5 ans en arrière

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Saturday, 10 September, 2022 - 07:00

    template-jdg-12-158x105.jpg planète terre

    Le monde a beau être (presque) revenu à la normale, la pandémie de Covid-19 a laissé des traces. C'est en tout cas ce qu'indique un nouveau rapport de l'ONU paru ce jeudi.

    À cause du Covid, l’Humanité est revenue 5 ans en arrière