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      S’il y a plus de pauvres, ce n’est pas la faute aux riches

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 25 January, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Chaque année, Oxfam publie une étude à l’occasion du Forum économique mondial de Davos . Les rapports précédents étaient souvent basés sur des données erronées et des méthodes non scientifiques. Néanmoins, les médias ont toujours accordé une large place aux rapports annuels d’Oxfam.

    Cette année, cependant, l’une des conclusions d’ Oxfam est exacte : pour la première fois en 25 ans, l’extrême richesse et l’extrême pauvreté ont augmenté simultanément et Oxfam se fait un devoir de critiquer cette évolution. Cependant, Oxfam n’a jamais signalé que c’est exactement le contraire qui se produisait les années précédentes.

    Comme le montre le graphique ci-dessous, le nombre de milliardaires n’a pas cessé d’augmenter au cours des dernières décennies, tandis que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté n’a pas cessé de diminuer.

    Avant l’émergence du capitalisme, la plupart des gens dans le monde vivaient dans une extrême pauvreté. En 1820, environ 90 % de la population mondiale vivait dans la pauvreté absolue. Aujourd’hui, ce chiffre est inférieur à 10 %. Et le plus remarquable : au cours des dernières décennies, le recul de la pauvreté s’est accéléré à un rythme inégalé au cours des périodes précédentes de l’histoire de l’humanité. En 1981, le taux de pauvreté absolue était de 42,7 % ; en 2000, il était tombé à 27,8 % ; en 2021, il était inférieur à 10 %. Le nombre de milliardaires, quant à lui, a été multiplié par cinq depuis 2000, selon Forbes .

    C’est cette tendance principale qui persiste depuis des décennies qui est cruciale. Il est vrai – contrairement aux attentes initiales de la Banque mondiale, qui compile ces données – que la pauvreté a de nouveau augmenté au cours des deux dernières années. Mais cela est en grande partie dû à la pandémie mondiale de Covid-19, qui a exacerbé la situation dans des pays où la pauvreté était déjà relativement élevée.

    D’autres tendances à long terme sont également encourageantes. Par exemple, le nombre d’enfants qui travaillent dans le monde a considérablement diminué, passant de 246 millions en 2000 à 160 millions vingt ans plus tard, en 2020. Et cette baisse intervient alors que la population mondiale est passée de 6,1 à 7,8 milliards d’habitants au cours de la même période.

    Cela montre que ce que croient les anticapitalistes, à savoir que les riches s’enrichissent au détriment des pauvres, est une idée fausse. En fait, c’est le contraire qui est vrai : la croissance économique signifie que plus le nombre de personnes riches augmente, plus le nombre de personnes vivant dans la pauvreté diminue – à l’échelle mondiale.

    La Chine en est un exemple : en 1981, 88 % de la population chinoise vivait encore dans une extrême pauvreté.

    Puis Deng Xiaoping a lancé ses réformes de libre-échange avec le slogan : « Que certains s’enrichissent d’abord. » Avant cela, la Chine ne comptait pas un seul milliardaire car la propriété privée n’était pas autorisée sous le règne de Mao. Aujourd’hui, il y a plus de milliardaires en Chine que partout ailleurs dans le monde, à l’exception des États-Unis. Et le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est tombé à moins de 1 %.

    Le Vietnam est un autre exemple : en 1993 encore, jusqu’à 80 % de la population vietnamienne vivait dans la pauvreté. En 2020, cette proportion n’était plus que de 5 %. Ce résultat a été rendu possible par l’introduction de droits de propriété privée et de réformes du marché libre. En même temps, cela a permis à certains Vietnamiens de devenir très riches et il y a même aujourd’hui plusieurs milliardaires dans un pays qui était autrefois l’un des plus pauvres du monde.

    Comment lutter efficacement contre la pauvreté et la faim ?

    De nombreuses personnes pensent que la réponse est l’aide au développement, bien qu’elle n’ait rien changé de fondamental en Afrique au cours des 50 dernières années. En revanche, ce qui a très bien fonctionné dans tout une série de pays, c’est l’introduction d’une économie de marché et de droits de propriété privée.

    Les anticapitalistes, comme l’organisation de gauche Oxfam, voient le monde en termes de « somme nulle ». Ils nous disent que les pauvres ne sont pauvres que parce que les riches sont riches. Mais si c’était vrai, comment expliquer qu’à mesure que le nombre de personnes extrêmement riches a augmenté, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a diminué ? C’est la règle depuis 200 ans. Une année où c’est le contraire qui se produit, en grande partie à cause des effets de la pandémie de coronavirus d’une part et d’un marché boursier très positif d’autre part, est une exception très rare.

    Rainer Zitelmann est un historien et sociologue allemand, auteur de l’ouvrage In Defense of Capitalism

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      Oxfam, retraites : où s’arrêtera la bêtise française ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 25 January, 2023 - 04:10 · 3 minutes

    YAKA : c’est à partir de cette formule magique qu’une majorité de Français résoudrait une grande partie des problèmes du pays. Je me permets de parler des Français et non pas de certains d’entre eux car ils sont une large majorité (66 %) à soutenir l’idée d’Oxfam d’une taxe sur la fortune des milliardaires français pour combler le déficit du financement des retraites. Mais ils ne s’arrêtent malheureusement pas à ce prélèvement sur les milliardaires.

    OXFAM France

    En effet, dans son dernier rapport Oxfam a la solution pour combler le trou de 12 milliards d’euros dans le financement des retraites : taxer à 2 % les 42 milliardaires français pour combler le déficit de 12 milliards d’euros qui vont manquer cette année. C’est en quelque sorte le retour d’un super ISF car avant d’être supprimé, le taux maximal était de 1,5 % et calculé non pas sur l’ensemble de la fortune puisque l’outil de travail était exonéré et qu’un plafonnement à 75 % du revenu annuel était prévu.

    De quoi donc faire fuir encore plus de milliardaires et faire réfléchir ceux qui désiraient revenir en France.

    La secrétaire générale d’EELV Marine Tondelier vient de le confirmer : « Nous voulons une France sans milliardaires ».

    La députée Insoumise Malthide Panot a déclaré : « le gouvernement a choisi, il préfère tuer des centaines de milliers de gens au travail plutôt que de taxer 42 personnes ».

    Odoxa

    Là encore la bêtise n’a pas de limites.

    En 2021 un sondage du baromètre de l’économie réalisé par Odoxa révèle qu’ une majorité de Français (66 %) choisirait de taxer les grandes fortunes pour réduire la dette.

    Cette dette de 3000 milliards d’euros correspondant à l’accumulation de 50 années de dérives financières et d’engagements pris par ce même État.

    Engagements de l’État pour la retraite

    Un rapport de la Cour des comptes de 2021 affirme que l’engagement de l’État pour les pensions des fonctionnaires s’élève à 2534 milliards d’euros + 101 milliards pour les autres retraites. Soit un total de 2635 milliards d’euros à trouver dans les années à venir.

    C’est dire si nous aurons besoin de beaucoup plus de milliardaires à ponctionner qu’aujourd’hui.

    Si l’on voulait faire payer toutes ces dettes actuelles et à venir avec une ponction de 2 % sur les milliardaires il faudra que leur fortune atteigne un total de 131 750 milliards d’euros soit 1,3 fois le PIB mondial ! Je sais bien qu’impossible n’est pas Français mais sachant que la fortune des 400 Américains les plus riches atteint péniblement 1700 milliards de dollars nous pouvons mesurer l’incompétence de ces marchands de chimères qui ne reculent devant rien pour plaire à leurs électeurs.

    Conclusion

    Le financement des retraites doit se faire uniquement à partir des cotisations sur les salaires.

    L’ âge de départ à la retraite doit être porté rapidement à 67 ans et en une seule fois.

    Pour obtenir une retraite décente, il faut intégrer une part de capitalisation .

    Au nom de l’égalité, il convient de procéder à la suppression de tous les régimes spéciaux sans application de la « clause du grand-père » injustifiée quand le système est en crise. Pour le secteur privé l’État a bien augmenté les taux de prélèvements sans remettre en question le contrat d’embauche.

    Il faut revoir les programmes scolaires pour y inclure l’enseignement de l’économie dont la quasi absence produit des étudiants qui défilent dans la rue pour leur retraite alors que rien ne peut être garanti à échéance de 50 ans.

    Ces bonimenteurs doivent être sanctionnés. Ils manipulent une population qui croira de moins en moins à la politique et ils contribuent au déclin déjà engagé du pays.

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      Oxfam contre les riches

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 04:00 · 5 minutes

    Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus entendu parler d’Oxfam.

    L’ONG britannique sort à peine d’une série de scandales qui ont grandement entamé sa crédibilité mais la prochaine mobilisation sur la réforme des retraites présentait une trop belle occasion pour qu’elle tente à nouveau de faire parler d’elle. Et comme d’habitude, Oxfam aura mis les pieds dans le plat en prétendant que « taxer la fortune des milliardaires français à hauteur d’à peine 2 % permettrait de financer le déficit prétendument hors de contrôle des retraites »

    Oxfam ne pouvait pas rater une telle occasion de sortir une énorme bêtise.

    Parce que bien évidement, sa solution ne mène à rien et est basée sur des calculs erronés et une totale incompréhension des mécanismes économiques.

    La fortune des « milliardaires » : cette formule n’a pas plus de sens que la notion même de milliardaire. Si on compte uniquement l’argent en banque sur un compte courant et les billets et pièces dans les poches, il n’y a pas de milliardaire. Personne n’a plus d’un milliard d’euros sur son compte en banque. Au mieux, certaines personnes peuvent posséder des parts de sociétés qui elles peuvent avoir une telle somme disponible en liquidité.

    La richesse pour les anticapitalistes

    Pour assouvir la soif de jalousie et habiller leur homme de paille, Oxfam et avec elle tout une bande de prétendus « économistes » ont donc construit leur propre calcul.

    En ligne de mire, le fameux « capital » défini depuis Karl Marx selon la formule alambiquée suivante :  le capital est la somme d’argent utilisée pour acquérir les équipements, les biens et services nécessaires à la production (matières premières, biens de production, énergie, etc.), additionnée de la somme d’argent servant à payer les salariés, en attendant que la production de ces derniers soit vendue et engendre des rentrées d’argent.

    Mais comme cette définition du capital est bien trop compliquée et conduit à un montant bien trop faible (vu qu’il ne s’agit en fait que du volume du fonds de roulement nécessaire pour faire tourner une activité économique en payant fournisseurs et salariés) les « économistes » ont tout simplement étendu la notion de capital à celle de propriété.

    Alors que la définition de Marx comparait deux flux différents : celui alimenté par les ventes et celui alimenté par le salaire, les « économistes » se sont mis à comparer des bananes et des navets. À moins que ce soient des carottes et des navets ? Ou alors des bananes et des carottes ? Personne ne sait vraiment et si vous faites bien attention, on parle toujours d’estimation de fortune quand on essaie de décrire la richesse des « milliardaires ».

    Estimation, parce que en regardant de plus près, cela n’a absolument aucun sens. De quoi est composée la « fortune » de Bernard Arnault , de Bill Gates ou d’Elon Musk ? Essentiellement de portefeuilles d’actions dont la valeur est estimée en multipliant le nombre par la valeur unitaire.

    On peut comparer cette richesse à celle du vase de Chine de votre arrière-grand-mère que vous avez mis en vente 1000 euros sur un site de vente en ligne depuis trois ans et qui n’a jamais trouvé acheteur. Si on suit la logique d’Oxfam, il faudrait vous taxer de 2 % sur cette somme de 1000 euros que vous n’avez pas.

    Notez que si on reprend la définition de Marx, ça n’a pas de sens non plus. Taxer le capital revient à aller prélever de l’argent dans le fonds de roulement servant à payer les fournisseurs et les salariés. On comprend donc immédiatement ce qui se passe : une diminution de l’activité et du chômage parce qu’il n’y a alors plus assez d’argent pour faire tourner l’activité. C’est d’ailleurs pour cette raison même que Marx pensait que le capitalisme ne pouvait tomber que par une révolution et que les tentatives de régulation du système n’aboutiraient qu’à accroître la misère des prolétaires. C’est un des très rares points sur lequel on peut être d’accord avec lui.

    L’immoralité élevée en valeur

    Passons sur l’absurdité économique, les points les plus graves dans la diffusion d’idées telles que celles véhiculées par Oxfam sont moraux. Ce genre d’affirmation génère la haine sociale et encourage le crime.

    Utiliser la force pour allez se servir chez son voisin, ça s’appelle du vol ou du pillage. Que la force employée soit légale, démocratique ou soi-disant justifiée n’y change absolument rien.

    Penser que les riches ce sont les autres est à la fois totalement immoral mais également totalement faux. On est toujours le riche de quelqu’un d’autre. Au passage, c’est d’ailleurs une pensée profondément essentialiste dans le sens le plus répugnant, celui de l’essentialisme suprémaciste, vu sous l’angle d’infériorité.

    À long terme, ce genre de tolérance finit toujours par se révéler être un très mauvais calcul. Dès lors que l’on ferme les yeux sur la nuisance que l’on fait subir aux autres, que ce soit à son profit ou non d’ailleurs, il arrive toujours un moment où l’on se fait prendre à son propre jeu.

    Il arrive toujours un moment où l’on se trouve de l’autre coté du manche. La règle d’or morale (ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse) n’est pas juste un dogme illusoire inventé pour vous faire courber l’échine. C’est une règle à la fois empirique et logique.

    Dès lors que l’on invalide une justice morale au nom d’une autre justice morale, dans le cas présent, prendre de force de l’argent aux uns pour en donner aux autres, on invalide par là même toute la logique du raisonnement : rien ne permet plus alors de juger objectivement que l’opération soit juste ou non dans son ensemble.

    En d’autres termes : si vous admettez que l’on puisse commettre des actions immorales, vous devenez alors totalement illégitime pour juger, votre capacité de jugement n’a plus aucune valeur. Un juge ne peut pas être un criminel quand ça l’arrange.

    Rien ne permet de transformer par magie une chose injuste en une chose juste. La fin ne justifie jamais les moyens. Jamais.

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      Affaire du siècle : la baudruche écolo se dégonfle

      Philippe Charlez · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 January, 2021 - 03:40 · 7 minutes

    affaire du siècle

    Par Philippe Charlez.

    Historique et revendications

    Le 17 décembre 2018, en pleine crise des Gilets jaunes , quatre ONG environnementalistes (Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France) envoient une missive au gouvernement. Elles y accusent l’État d’être défaillant en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Pour appuyer leur démarche, les quatre ONG lancent une pétition en ligne le 18 décembre 2018. En 36 heures le nombre de signataires atteint le million puis deux millions en un peu plus de trois semaines.

    Bien que la comptabilisation des signataires organisée par Greenpeace ait pu faire l’objet d’interrogations, cette action qui prend le nom d’ Affaire du siècle est alors portée devant le tribunal administratif de Paris.

    Le recours demande aux autorités judiciaires de condamner l’État pour ses « manquements en matière de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre le changement climatique » . La première audience de ce procès emblématique a eu lieu devant le tribunal administratif de Paris ce jeudi 14 janvier 2021. Une mise en accusation vague et générale qu’il convient d’abord de détailler et d’analyser.

    Selon l’Affaire du Siècle, « la France ne respecte pas ses objectifs de court terme que ce soit en matière de réduction de gaz en effet de serre, de développement des énergies renouvelables et de l’amélioration de l’efficacité énergétique » .

    Reprenant les conclusions du dernier rapport du GIEC, ces « non-respects » auraient des conséquences significatives sur le réchauffement planétaire : changement de la composition de l’atmosphère, acidification des océans, fonte des glaces, hausse du niveau des mers, perte de biodiversité, dégradation de la qualité de l’air, exposition de la population à des phénomènes météorologiques extrêmes (vagues de chaleur, précipitations extrêmes, ouragans). Plus la liste est longue plus l’émotion est forte !

    Au titre de la Constitution française ( protection des citoyens vis-à-vis des risques environnementaux ), mais aussi de ses participations et engagements dans des instances internationales (convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, convention-cadre des Nations Unies, Accords de Paris) la France serait donc pénalement responsable des conséquences de ses non-respects.

    Situation de la France aujourd’hui en termes de GES

    Selon l’Affaire du Siècle, depuis le premier Grenelle de l’environnement et au fil des plans pluriannuels sur l’énergie et des lois sur la transition énergétique, la France s’est ainsi engagée à :

    • réduire ses émissions globales par rapport à 2005 de 14 % à horizon 2020 et de 37 % à horizon 2030,
    • porter la part des énergies renouvelables à 23 % de sa consommation d’énergie finale en 2020
    • réduire sa consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2012, en visant un objectif intermédiaire de 20 % en 2030

    Depuis 2005, les émissions de la France se sont réduites de 24 % passant de 390 MtC02 à 299 MtC02 en 2019. L’Hexagone a donc largement dépassé les objectifs qu’elle s’était fixés.

    Par contre, l’objectif renouvelable est loin d’être atteint puisqu’en 2019, sa part (incluant l’hydroélectricité) dans l’énergie finale n’était que de 11 %. Impossible dans ces conditions d’atteindre les 23 % annoncés pour 2020. Enfin, en ce qui concerne l’énergie finale, elle a été réduite de 7 % entre 2012 et 2019.

    L’analyse de l’Affaire du siècle est contestable. L’accroissement largement insuffisant de la part des renouvelables et la réduction insuffisante de la consommation n’interviennent que comme « outil de réduction » ; ils ne sont en rien des critères pertinents pour juger si la France respecte ou pas ses engagements climatiques.

    Seule la réduction des émissions de GES représente le « juge de paix » du réchauffement climatique. Et sur ce point la France a largement rempli ses engagements. Quant aux objectifs post-2020 même si certains ne seront à coup sûr pas atteints, un tribunal ne peut pas préjuger l’Etat sur ses visions prospectives.

    Nous critiquons quand même au passage la naïveté des agendas inversés systématiques des gouvernements se donnant des objectifs irréalistes à long terme sans se poser de questions sur les moyens techniques et économiques pour y arriver, ni sur les conséquences sociétales que ces agendas pourraient engendrer.

    Ainsi, peut-on démontrer facilement qu’une réduction de la consommation finale de 50 % à l’horizon 2050 deviendrait incompatible avec une croissance économique même faible.

    L’Affaire du Siècle se garde bien de signaler dans sa missive que grâce à sa génération électrique nucléaire , la France est parmi les meilleurs élèves du monde en termes d’intensité énergétique (1 kWh/euros) et champion d’Europe toutes catégories en termes d’émissions par habitant (4,5 tCO2/hab). Et que finalement ses émissions sont inférieures à 1 % des émissions mondiales. Rendre la France responsable de tous les maux climatiques est aussi injuste que stupide.

    La mémoire courte

    Avant d’attaquer le gouvernement, certains leaders de l’Affaire du Siècle auraient dû commencer par s’autoflageller. Nous pensons à Nicolas Hulot dont la fondation est l’un des quatre signataires.

    Quatre mois avent le déclenchement de l’Affaire, l’ancien journaliste vedette était toujours ministre de la Transition écologique et solidaire. Il avait démissionné sans préavis le 28 août 2018 invoquant « l’accumulation de frustrations, de défaites, d’arbitrages qui se sont faits systématiquement au profit des lobbies du vieux monde au détriment de l’environnement et de la santé ».

    Une démission sonnant comme un électrochoc environnemental, un message subliminal à la planète verte et à l’écologie militante. La réalité était évidemment toute autre.

    Bien au-delà des « lobbies fantômes » la démission de Nicolas Hulot n’est que le résultat de l’impitoyable réalité des chiffres que les politiciens détestent dans la mesure où ils leur donnent rarement raison.

    Son rétropédalage sur le nucléaire de novembre 2017 fut pour le ministre en herbe le début d’un long chemin de croix au cours duquel la réalité des faits l’a chaque jour emporté sur ses convictions, irréalistes au moins dans leur timing.

    Et que dire de Cécile Duflot , aujourd’hui présidente d’ Oxfam France et signataire d’un document attaquant l’État pour sa carence en termes de rénovations énergétiques de l’habitat. Elle a probablement oublié qu’elle fût ministre de l’Égalité des territoires et du logement dans les gouvernements Ayrault I et II de mai 2012 à mars 2014.

    On perçoit donc derrière l’Affaire beaucoup de frustrations et de ressentiments politiques, des frustrations qui ne feront malheureusement pas… baisser nos émissions de gaz à effet de serre.

    Un climat instrumentalisé

    Derrière l’Affaire se cache surtout une stratégie qui vise à démanteler notre société de croissance et son démon capitaliste que les écologistes détestent au plus haut point.

    Cette nouvelle forme de lutte des classes qui s’appelle le marxisme écologique mélange de façon sournoise requêtes énergétiques, pétitions sociétales et tentations décroissantistes.

    Ainsi, les « demandes politiques » de l’Affaire partent du constat que « notre modèle économique actuel n’est pas viable et génère pollutions, maladies, inégalités et injustices » .

    Elle mélange les genres en réclamant à la fois « le développement massif des énergies renouvelables » considérant que « le nucléaire reste le principal frein aux économies d’énergie et au développement des énergies renouvelables » mais aussi « une fiscalité socialement juste au service de la lutte contre le changement climatique » et « la fin des cadeaux aux grandes entreprises » .

    Le réchauffement climatique ne serait que le fait de quelques riches privilégiés et de quelques lobbies industriels égoïstes qu’il suffirait de détruire pour résoudre le problème. Pour arriver à cette conclusion naïve, les ONG ont aussi la fâcheuse tendance d’interpréter les chiffres à leur avantage.

    Ainsi OXFAM France affirme que les 10 % les plus riches de la planète sont responsables d’environ la moitié des émissions mondiales de CO₂ alors que dans la réalité, les pays de l’OCDE en émettent 35 % contre 65 % pour les pays émergents.