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      La Chine creuse un trou de plus de 10 kilomètres de profondeur

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Sunday, 11 June, 2023 - 10:15

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    Dans le désert de Taklamakan, loin de toute agitation urbaine, la China National Petroleum Corporation (Sinopec) a lancé un ambitieux projet de forage. L'objectif : creuser un puits de plus de 10 kilomètres de profondeur, parmi les plus profonds jamais réalisés, à la recherche de nouvelles réserves de pétrole ultra-profondes. Une initiative qui pourrait non seulement redessiner la carte énergétique chinoise, mais aussi apporter de précieuses informations géologiques.

    La Chine creuse un trou de plus de 10 kilomètres de profondeur

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      La fin prématurée du pétrole condamne l’avion, mais aussi l’économie

      André Pellen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 8 January, 2023 - 04:30 · 7 minutes

    Dans un article publié sur Atlantico en décembre dernier, Damien Ernst s’efforce de montrer que l’affirmation de Jean-Marc Jancovici selon laquelle la disparition du pétrole condamne l’avion n’est pas fondée.

    Hélas, un examen rationnel et lucide des conséquences de cette disparition ne peut déboucher sur une autre conclusion. Aussi, professer que le seul moyen de contrarier la marche funeste du climat est de sevrer l’économie de sa nourriture principale fait-il courir un risque considérable aux sociétés humaines.

    Pour Damien Ernst, à défaut de pétrole, la pérennisation de la circulation aérienne pourrait être assurée par un succédané du kérosène tiré du charbon par le procédé Fischer-Tropsch ou tiré par ce même moyen de l’hydrogène électrolytique et du CO 2 atmosphérique.

    Regardons ça de près.

    La première phase du procédé Fischer-Tropsch génère de l’hydrogène à partir d’une combustion incomplète du charbon produisant un mélange gazeux hydrogène-monoxyde de carbone suivant la formule CH4 + 1/2O2 –> 2H 2 + CO.

    La deuxième phase du procédé consiste à soumettre ce mélange à une liquéfaction catalytique passant par le reformage de l’eau et visant au dosage convenable de l’hydrogène, selon la formule : (2n+1)H 2 + nCO –> CnH(2n+2) + nH 2 O. Le carburant ainsi obtenu est notoirement moins stable et de moins bonne qualité que le kérosène, notamment à cause de la faiblesse de son indice d’octane.

    État des lieux de la circulation aérienne

    La circulation aérienne mondiale consomme actuellement de l’ordre de 360 milliards de litres de kérosène par an, soit environ 300 milliards de kg ou 0,3 milliard de tonnes. Évaluons l’énergie produite par la combustion d’une telle masse de carburant sachant que le pouvoir calorifique inférieur ou PCI du kérosène est 10 300 kcalories/kg et que 1 Wh = 860 calories, amenant un PCI du kérosène de 12 kWh/kg ou 12 MWh/tonne.

    Partant, le PCI de 0,3 milliard de tonnes de kérosène est de 3,6 milliards MWh ou 3600 TWh.

    C’est donc une énergie de 3600 TWh annuels que Damien Ernst pense raisonnablement possible de produire à partir du carburant de charbon ou d’hydrogène-CO 2 fourni par le procédé Fischer-Tropsch. Pourquoi pas ?

    La filière charbon tout d’abord

    Avec un r endement énergétique global du Fischer-Tropsch de l’ordre de 50 %, il est nécessaire de prévoir la fourniture charbonnière de 7200 TWh/an, soit d’extraire la quantité suivante de ce combustible dont le PCI est 9,25 kWh/kg : 7200 milliards/9,25 = 778 milliards de kg de charbon ou 778 millions de tonnes annuellement consacrées à la seule aviation.

    La filière hydrogène – CO 2 ensuite

    Étant donné qu’on est ici dispensé de passer par la phase combustion charbon du Fischer-Tropsch, concédons un généreux rendement de 65 % à la seule seconde phase de ce dernier. En revanche, pour évaluer le rendement global des productions préalables d’H 2 et de CO 2 à l’aide de la seule électricité, on ne peut que se livrer à la grossière estimation suivante : lui affecter la généreuse valeur de 45 % tirée de l’altération du rendement de 65 % de l’électrolyse par le rendement difficile à estimer mais sans doute médiocre de la captation, du stockage et de la réduction en CO du CO 2 .

    Ainsi, le rendement électrique global de la production de kérosène à partir de H 2 et de CO 2 ne peut-il être guère différent de R = 0,65 x 0,45, soit 0,3.

    Compte tenu que ce kérosène doit produire annuellement une énergie de 3600 TWh, l’énergie électrique requise par la synthétisation ne peut être inférieure à : 3600/0,3 = 12 000 TWh. Pour être cohérent avec l’approche du Fischer-Tropsch au charbon – une énergie primaire – ajoutons que ces 12 000 TWh électriques font 30 000 TWh d’énergie primaire essentiellement nucléaire après application d’un généreux rendement de production de 40 %.

    La production mondiale d’électricité nucléaire et renouvelable ne parviendrait pas à faire voler plus des trois quarts de la flotte actuelle !

    Le besoin Fischer-Tropsch filière H 2 -CO 2 serait donc de 12 000 TWh électriques/an… quand la production mondiale des renouvelables hors hydraulique est actuellement de 5670 TWh, celle du nucléaire de 2710 TWh, la totalité de ces deux seules productions soit 8380 TWh, ne parvenant à faire voler que 70 % de la flotte mondiale… et à quel prix ?!

    Une circulation aérienne étriquée et néanmoins hors de prix

    À quel prix, justement, produire de la sorte du carburant aéronautique synthétique, à commencer par celui de l’électricité ? On laisse au lecteur le soin de calculer combien seraient aujourd’hui payés les 12 000 TWh annuels à raison de quelque 300 euros le MWh et même à 50-60 euros le MWh.

    Et ce n’est pas tout, car personne n’imagine que le coût de la production d’un H 2 se vendant aujourd’hui entre 4 et 7 euros le kilo se réduise à celui de la consommation d’électricité, sachant que le prix d’un électrolyseur est donné de 800 à 1000 euros/KW selon le mode de raccordement au réseau. Et ne parlons pas des nécessaires captage et séquestration du CO 2 à des coûts compris entre 80 et 180 euros la tonne, selon Les Échos .

    Il en va de même du coût de la production du carburant issu du charbon, ne se limitant pas à celui sans doute incomplet de 70 à 80 euros le baril : la nécessité de traiter annuellement 778 millions de tonnes de charbon avec des installations Fischer-Tropsch coûtant 250 millions d’euros pièce et capables de n’en traiter que 100 000 tonnes commence par l’obligation d’investir quelque 750 milliards d’euros.

    Regarder lucidement l’avenir ou s’exposer au pire

    Eu égard à ce qui précède, qui peut croire possible de voir un jour nos territoires jonchés de terrils et de monceaux de charbon pulvérulent pour le seul usage de la circulation aérienne ? Qui peut même croire qu’un pays, un industriel ou un quelconque groupement coopératif s’avisent de faire voler des avions au carburant synthétique avec un pétrole se tenant sous la barre des 150 à 200 dollars le baril ?

    Or, ce qui est à reprocher à Jean-Marc Jancovici et aux adeptes de la croisade climatique – dont, hélas, beaucoup trop de chefs d’États – est précisément d’amener ce cours à s’envoler artificiellement. Ils portent l’essentiel de la responsabilité de ce qui commence à peine à découler du dramatique constat ci-après.

    En décembre de l’an dernier, avant la guerre d’Ukraine donc, le ministre saoudien du Pétrole, Abdulaziz ben Salman, alertait déjà contre un risque majeur de crise énergétique dans les prochaines années du fait de l’effondrement des investissements pétroliers. Il estimait que la production mondiale pourrait baisser de 30 millions de barils par jour – d’environ 30 % – d’ici à 2030 ; et cela même si dans les prochains mois l’offre devait demeurer supérieure à la demande, ce qui ne durera pas. Les investissements dramatiquement insuffisants dans l’exploration de nouveaux gisements et dans le développement des plus récents ne permettent plus de renouveler les capacités de production. Or, le pétrole et le gaz assurent encore pour longtemps 57 % de la consommation d’énergie dans le monde. Ainsi, avec un déclin de 4 à 8 % par an de la production des champs existant aujourd’hui dans le monde, non seulement les considérables investissements nécessaires à stabiliser la production ne sont-ils plus au rendez-vous, mais selon l’agence Bloomberg, en 2020, ils ont plongé de 30 % dans le pétrole et dans le gaz.

    En résumé, selon le ministre saoudien, il manquera 20 millions de barils/jour à la fin de la décennie 2050, soit plus que la consommation annuelle d’un pays comme les USA et encore dans le scénario de développement durable sobre de l’AIE le plus optimiste, c’est-à-dire le plus improbable.

    Dans ces conditions, continuer de prôner l’abandon progressif du transport aérien et l’adoption d’un mode de vie de plus en plus sobre est non seulement avouer que la fin du pétrole est bien la fin de l’économie moderne, mais c’est délibérément provoquer l’une et l’autre. Certes, la fin des hydrocarbures arrivera bien un jour, mais aux dires des vrais spécialistes, dans un délai suffisant pour permettre aux Hommes de trouver le substitut énergétique sans lequel ils savent leur économie en perdition dans tous les cas. Or, ce substitut ne peut qu’être les nucléaires de fission et de fusion, y compris pour la circulation aérienne. Il y a donc d’autant moins de temps à perdre à mettre le paquet dans les R&D de ces deux secteurs que les besoins énergétiques des substituts encore à inventer de la pétrochimie pourraient se révéler considérables.

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      Prospérité électrique : de Superphénix à Tesla

      André Pellen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 26 October, 2022 - 02:40 · 7 minutes

    Il fut longtemps considéré comme un truisme que, outre l’honnêteté, la qualité la plus attendue d’un gouvernement est la compétence, la disposition la plus appréciée le talent rehaussé d’une dose de courage et d’une pincée de clairvoyance.

    Hélas, depuis près de 30 ans, une trivialité toujours plus insolente gagne dans l’indifférence générale ce qui n’aurait jamais dû cesser d’être un sanctuaire de la méritocratie comme celui qui éleva la jeune nation américaine au rang des nations les plus développées, grâce au chemin de fer et à un vigoureux essor industriel notamment pétrolier. Avec ce qui est succinctement rapporté ci-dessous, la France connut bien quelque chose d’analogue, il y a 50 ans, mais notre médiocratie politique s’emploie depuis à en corrompre méthodiquement le produit.

    Le choc pétrolier

    Le choc pétrolier de 1973 conduisit ce pays dépourvu de ressources fossiles à se doter au plus vite de la production électronucléaire massive que l’on connait.

    Conçu avec un sens aigu de l’homogénéité et de la cohérence, l’outil industriel qui en naquit fut constitué des trois éléments complémentaires suivants, soigneusement dimensionnés :

    – un instrument de production d’électricité composé de centrales nucléaires à eau pressurisée – ou PWR – standardisées, générant du plutonium à hauteur d’environ 1 % du poids de son combustible irradié ;

    – un appareil de retraitement de ce dernier permettant d’en récupérer le plutonium, d’en extraire l’uranium appauvri pour 96 % de son poids et d’en séparer soigneusement les 3 % restant en déchets composés de produits de fission et d’actinides mineurs ;

    – un instrument de production d’électricité dont le plutonium issu des PWR entrait dans la composition du combustible et dont le premier exemplaire fut baptisé Superphénix, superlatif dérivé du nom du prototype Phénix déjà en exploitation depuis quelques années. Superphénix était et serait encore le plus puissant et le plus sophistiqué des réacteurs dit à neutrons rapides (RNR) en développement dans le monde. À l’époque, la confiance en l’avenir de ce type de réacteur était telle que la construction d’un second exemplaire était envisagée à Saint-Étienne-des-Sorts, près de Bagnols-sur-Cèze, dans le Vaucluse.

    On sait ce qu’il est advenu de la radieuse promesse technologique, industrielle et finalement économique. On sait également à quel pis-aller EDF est aujourd’hui condamnée pour valoriser tant bien que mal le plutonium continuant d’être produit par nos réacteurs PWR ; à savoir, alimenter certains de ces derniers avec un combustible mixte dit MOX (pour mixed oxides ), mélange constitué d’environ 92 % d’uranium appauvri et de 8 % de plutonium.

    La France n’a pas optimisé la production électrique

    Ce que les Français connaissent moins c’est l’économie, le confort industriel et technologique dont le gouvernement Jospin les priva délibérément, en saccageant de la sorte l’optimisation du cycle du combustible.

    Ce qui suit permet de s’en faire une idée, en ne perdant pas de vue que un kilo de pétrole produit environ 6 KWh.

    L’énergie électrique tirée de un kilo d’uranium naturel est de 50 MWh par un PWR non « moxés », de 100 MWh par un PWR « moxés » et de 5000 MWh par un RNR.

    Traduits en taux de combustion de cet uranium naturel, les chiffres précédents donnent respectivement : ~ 0,6 % ; ~ 1 à 2 % ; près de 100 %.

    Traduits en consommation annuelle de cet uranium naturel brûlé dans un réacteur de 1000 MW produisant par hypothèse 7 TWh/an, ces chiffres donnent respectivement : 150 tonnes/an ; 100 tonnes/an  ; < 2 tonnes/an d’uranium naturel ou d’uranium appauvri avec lequel un RNR peut être indifféremment chargé, aux côtés du plutonium.

    Pour compléter le rappel, il convient d’ajouter ceci :

    – Les besoins d’enrichissement de l’uranium naturel mesurés en UTS/an (unité de travail de séparation des molécules U235 et U238 exprimée en Kg), pour 7 TWh/an, sont respectivement : ~ 250 000 ; ~ 175 000 ; 0.

    – La quantité du combustible plutonium présente dans chacun des trois types de réacteurs : ~ 1 tonne ; 2,5 tonnes ; ~ 5 tonnes régénérées ou surgénérées en permanence, suivant que le RNR est iso ou surgénérateur comme l’était Superphénix.

    Enfin, l’évocation du forfait Superphénix ne saurait être refermée sans mentionner l’argent que ses auteurs jetèrent aux orties :

    • 6,2 milliards d’euros d’investissements ;
    • 3,5 milliards d’euros de non consommation de 10 années de fonctionnement déjà provisionnés dans les deux cœurs du réacteur prêts à être exploités ;
    • 0,9 milliard d’euros d’un démantèlement avancé de 40 ans (15 % des investissements) ;

    Soit un total de 10,3 milliards d’euros, sans compter le dédommagement des partenaires italien et Aallemand d’EDF… et les 40 années de non-production.

    Ainsi, l’exécution du plan d’optimisation technico-économique de la production électrique française le plus fécond de ceux adoptés par les pays de l’OCDE fut-elle brutalement interrompue en 1997. Dont acte.

    Il n’est pas trop tard

    Aujourd’hui, non seulement il n’est pas encore trop tard pour amorcer une nouvelle optimisation, mais il est plus que jamais nécessaire de l’inscrire dans la situation industrielle du moment, en l’élargissant au système production-consommation typiquement français ; ceci, bien entendu, concomitamment à la relance immédiate de la R&D des RNR et à une mise en chantier de nouveaux réacteurs PWR absolument prioritaire.

    Hormis le succès déjà ancien du chauffage électrique, la consommation française se caractérise par une croissance du parc de voitures électriques sensiblement plus soutenue que dans la plupart des pays de l’Union européenne. Coupler ce stimulant tropisme à une volonté industrielle authentiquement retrouvée pourrait se révéler la plus formidable opportunité économique offerte à la France depuis très longtemps. Chez un pays figurant encore parmi les mieux armés dans la course vers l’indépendance énergétique, un tel éclair de lucidité le réconciliant avec son nucléaire seul à même de le faire entrer de plein pied dans la modernité électro mobile lui ferait, en effet, franchir un pas décisif sur le chemin de l’autonomie énergétique et de la prospérité.

    Pour autant, l’idée d’éradiquer administrativement le moteur thermique, quel qu’en soit le délai, est une suicidaire ânerie, la conquête des usagers de la route par la voiture électrique ne pouvant qu’être commerciale sur la durée. C’est pourquoi il y a une urgence à supprimer tout soutien public au secteur industriel concerné, sans quoi la subventionnite dont Bruxelles et Paris sont gravement atteints débouchera immanquablement et plus tôt qu’on ne pense sur la plus grande catastrophe socioéconomique connue en temps de paix, depuis les années 1930.

    Tordons ensuite le cou à l’imposture consistant à laisser croire que, techniquement, cette conquête peut être totale, en considérant ce que les Start-up Electra et Tesla ont seulement commencé de promettre aux Français, avant 2030 : quelque chose comme l’installation de 11 000 bornes de recharges d’une puissance unitaire allant de 400 à 600 KW . Non seulement la mise en service d’un tel ensemble promet de rapidement se traduire par l’appel permanent d’une puissance totale quasiment de l’ordre de 6 à 7 GW, c’est-à-dire la pleine puissance de 6 à 7 réacteurs, mais une borne Electra prévue pour délivrer 300 KWh à la demi-heure ne pourra accueillir que 6 à 7 automobilistes à la demi-heure. Par ailleurs, nos décisionnaires amateurs imaginent-ils bien l’infrastructure industrielle nécessitée par la construction en n exemplaires de stations de recharge comprenant seulement 10 bornes délivrant chacune une puissance de 600 KW ?… C’est-à-dire nécessitant n fois le même raccordement au réseau qu’une ferme de 3 éoliennes de 2 MW !

    Où l’on voit que la synergie commerciale, industrielle et sociale qui se dessine ne tardera pas à se heurter à un plafond matériellement indépassable, installant définitivement les équilibres fluctuants entre, d’une part, les tailles des parcs automobiles concurrents et, d’autre part, entre besoins et offres de puissances correspondants. Il n’empêche : tout échec enregistré par la mobilité électrique ne peut désormais qu’être relatif et/ou passager, car on ne « désinventera » pas un produit techno industriel dont on a autant poussé la sophistication, quelles que puissent être les tensions sur l’ approvisionnement de métaux et de terres rares plus répandus qu’on ne croit.

    Le profit économique autrefois apporté par l’optimisation énergétique dont on avait chargé Superphénix pourrait donc être restitué au moins partiellement à notre pays par l’avènement de la voiture électrique si –  condition expresse !  – la communauté nationale parvenait à rompre son asservissement interne et externe à un marché du KWh falsifié.

    En attendant qu’une filière RNR française lui rende totalement ce profit – il est encore permis de rêver… – parvenir à arracher un reconditionnement de la centrale de Fessenheim entièrement dédié à notre parc de voitures électriques serait déjà de très bon augure.

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      Pourquoi ce "check" de Biden en Arabie saoudite ne passe pas inaperçu

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 15 July, 2022 - 19:59 · 4 minutes

    Joe Biden et Prince Mohammed ben Salmane, le 15 juillet 2022. Joe Biden et Prince Mohammed ben Salmane, le 15 juillet 2022.

    INTERNATIONAL - Près de quatre ans après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi , dont le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) est accusé d’être le commanditaire par les renseignements américains, la visite de Joe Biden en Arabie saoudite est scrutée de près. Et le salut poing contre poing entre le président américain, qui avait promis de faire de l’Arabie saoudite un ”État paria”, et MBS, ce vendredi 15 juillet, a été largement commenté.

    L’avion du dirigeant américain a atterri à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, après un vol direct depuis Israël, une première alors que Washington cherche à normaliser les relations entre ses deux plus importants partenaires au Moyen-Orient.

    Joe Biden, portant des lunettes de soleil, n’a pas été reçu par ses homologues sur le tarmac de Jeddah mais par le gouverneur de La Mecque, le prince Khaled al-Fayçal, et la princesse Reema Bandar Al-Saoud, ambassadrice saoudienne à Washington. Il s’est rendu quelques minutes plus tard au palais royal de Jeddah où il a été accueilli par un check du poing, forme de salutations répandues depuis le Covid-19, par Mohammed ben Salmane, le puissant dirigeant de facto du royaume saoudien âgé de 36 ans.

    À Jeddah, Joe Biden a rencontré le roi Salmane, malade et âgé de 86 ans, avant une “session de travail” menée par le jeune prince, incontournable sur tous les dossiers, du pétrole au militaire.

    Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un “paria”

    La Maison Blanche souhaitait éviter les images d’une poignée de main entre Biden et MBS, selon les médias américains. “Il est aussi important de noter qu’il s’agisse d’un check ou d’une poignée de main, MBS obtient ce dont il désire depuis longtemps: une validation publique du leader du monde libre”, a commenté un journaliste du Washington Post. Le journal avait longuement enquêté sur l’assassinat de Jamal Khashoggi, qui tenait une chronique dans ses colonnes.

    “Oui, c’est un check plutôt qu’une poignée de main, a tweeté une autre journaliste du média américain. MAIS Biden a tout de même checker l’homme qui a commandité le meurtre -et le démembrement à la scie- d’un journaliste américain [Jamal Khashoggi était exilé aux États-Unis], après avoir refusé de dire s’il allait confronter directement MBS sur le meurtre de Jamal Khashoggi.”

    Jamal Khashoggi avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu’il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage avec sa fiancée turque.

    Imaginant ce que son fiancé aurait tweeté après ce check, l’autrice turque Hatice Cengiz a écrit en s’adressant à Biden: “Est-ce là votre façon de faire rendre des comptes aux responsables de mon meurtre? Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains.”

    Une visite critiquée par les défenseurs des droits humains

    Lorsqu’il était encore candidat, Joe Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un “paria”, en particulier à cause de l’assassinat en 2018 du journaliste et critique saoudien Jamal Khashoggi. Une fois élu, il avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité du prince dans ce meurtre. Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe de MBS dans ce meurtre.

    La visite de Joe Biden a été particulièrement critiquée par les défenseurs des droits humains, la puissante monarchie du Golfe étant accusée de graves violations, avec une répression féroce des opposants.

    La rencontre entre Joe Biden, en plein exercice d’équilibriste, et MBS est le point d’orgue de cette tournée au Moyen-Orient, alors que Washington cherche à convaincre le royaume d’ouvrir les vannes de sa production pétrolière. L’enjeu: abaisser le prix du gallon d’essence à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis.

    Début décembre, Emmanuel Macron avait été l’un des premiers dirigeants occidentaux à rencontrer en Arabie saoudite le prince héritier depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Le chef de l’État avait jugé nécessaire de parler au “premier pays du Golfe en termes de taille” pour pouvoir “œuvrer à la stabilité de la région”. Mais cela “ne veut pas dire qu’on est complaisant”, avait-il ajouté, en faisant allusion à cet assassinat.

    À voir également sur Le HuffPost: Un spectacle de samba en Arabie saoudite déclenche la polémique

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      Attal contre la taxation des entreprises qui font des "superprofits"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 29 June, 2022 - 13:45 · 5 minutes

    Le ministre en charge des Comptes publics, Gabriel Attal, le 14 juin 2022. Le ministre en charge des Comptes publics, Gabriel Attal, le 14 juin 2022.

    POLITIQUE - Face à l’envolée des prix des carburants et des matières premières, dans le contexte de la guerre en Ukraine , le gouvernement et les oppositions s’opposent sur la méthode à adopter pour faire contribuer les entreprises qui font des “superprofits”. Gabriel Attal , ministre délégué en charge des Comptes publics, s’est opposé ce mercredi 29 juin à une taxation de ces entreprises, une mesure pourtant appliquée dans plusieurs pays comme l’Espagne, l’Italie ou encore le Royaume-Uni.

    Emmanuel Macron a dénoncé, mardi en conférence de presse en marge de la clôture du G7, les “producteurs[qui] font des superprofits en pétrole et en gaz”, relevant que “depuis la crise, les marchés mondiaux se sont envolés”. Le président de la République a ensuite appelé l’Europe à se coordonner sur la manière de répondre aux “profiteurs de guerre”.

    Et pour le gouvernement français, les faire “participer à l’effort pour améliorer le pouvoir d’achat des Français” ne devrait passer par de nouvelles taxes , a-t-il fait savoir par la voix de Gabriel Attal. “On a eu un certain nombre de discussions avec des grands groupes qui les a amené à prendre des décisions”, a poursuivi le ministre, citant l’exemple de Total “qui a mis en place une ristourne à la pompe de 10 centimes par litre en plus des 18 centimes qui sont financés par l’État”.

    L’ancien porte-parole du gouvernement de Jean Castex vante une méthode “plus rapide et plus efficace” que la taxation. “Passer par une taxe, passer par de l’impôt que l’État va venir prélever ça prend beaucoup plus de temps que de demander à ces entreprises de mettre en place directement des mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français”, a-t-il estimé.

    Dans le même temps, le ministre délégué en charge de l’Europe, Clément Beaune, a fait savoir ce mercredi que l’État allait “demander un effort aux pétroliers pour faire baisser les prix à la pompe”.

    Roussel propose une baisse immédiate du prix des carburants

    Une position à rebours d’une taxation des entreprises défendue par le Rassemblement national et la gauche. Marine Le Pen , cheffe du groupe des députés du parti d’extrême droite, a redemandé, ce mercredi sur Franceinfo, que les “superprofits” soient “exceptionnellement taxés pour pouvoir financer les mesures de soutien au pouvoir d’achat des Français” sur l’exemple de la Hongrie.

    Le député communiste, Fabien Roussel , a annoncé ce mercredi qu’il allait déposer “un texte de loi visant à baisser immédiatement de 35 centimes les taxes sur l’essence”. “Nous sommes à quelques jours des départs en vacances, le litre d’essence flirte avec les 2,30 euros, 2,50 euros, c’est insupportable pour beaucoup de nos concitoyens, y compris pour les travailleurs qui ont besoin de leur voiture pour se rendre à leur travail”, a-t-il ajouté.

    “Au lieu de nous demander si nous sommes prêts à participer à un gouvernement, je leur demande: ’êtes-vous prêts à soutenir une telle proposition de loi?”, a poursuivi l’ancien candidat à la présidentielle. Durant la campagne, Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, avait également défendu la taxation des groupes pétroliers et un blocage des prix des carburants.

    Valérie Rabault, députée PS du Tarn-et-Garonne, a, quant à elle, dit son exaspération devant “le gouvernement [qui] ne veut pas qu’on pose l’ensemble de l’équilibre budgétaire avec des solutions qui peuvent-être [...] la taxation des superprofits de la part de compagnie pétrolière”.

    Ce mercredi, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a mis une nouvelle piste sur la table, dont il propose de “discuter avec tous ceux qui le souhaitent à l’Assemblée nationale”. Il s’agirait de prolonger jusqu’à la fin de l’année la remise de 18 centimes par litre, censée prendre fin en août, a-t-il déclaré sur Cnews.

    Il a aussi demandé en début de semaine un effort au géant TotalEnergies pour qu’il prolonge ou amplifie sa propre remise de 10 centimes au litre, se disant plus favorable à cette action directe qu’à une taxation exceptionnelle des profits record du géant de l’énergie et d’autres grandes entreprises qui tirent parti de l’inflation.

    TotalEnergies a réalisé une année 2021 inédite avec un bénéfice de 16 milliards de dollars profitant de la forte hausse des cours des hydrocarbures. Au premier trimestre 2022, le groupe pétrolier a encore dégagé un résultat net de 4,9 milliards de dollars. Le groupe Engie a également profité de la hausse du prix du gaz.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Élisabeth Borne face au défi d’une “planification écologique” encore floue

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      "Joe!" Au G7, Macron interpelle Biden et ça ne passe pas inaperçu

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 28 June, 2022 - 13:22 · 3 minutes

    INTERNATIONAL - Parler de la stratégie à adopter envers les pays producteurs de pétrole devant les caméras, une bonne idée? Emmanuel Macron a peut-être la réponse. Ce lundi 27 juin, en marge du G7 en Allemagne, le chef de l’État a interpellé le président américain alors que celui-ci discutait avec un conseiller.

    Les images filmées par BFMTV montrent Joe Biden en train discuter avec Jake Sullivan, son conseiller à la sécurité nationale. Emmanuel Macron, en retrait, s’approche. “Joe! Monsieur le président!”, l’apostrophe-t-il en anglais.

    “Monsieur le président, excusez-moi de vous interrompre...”, commence-t-il, toujours en anglais, avant d’expliquer la raison du dérangement. “J’ai pris la décision d’appeler le président des Émirats arabes unis pour lui demander d’augmenter la production”, explique-t-il, faisant fi des caméras et micros.

    “Peut-être que nous devrions en discuter à l’intérieur”

    Pourtant, le sujet est sujet sensible. L’embargo pétrolier contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine a fait exploser les prix et les Occidentaux pressent les pays de l’Opep et de l’Opep+ - 23 pays qui produisent la moitié du pétrole mondial - d’augmenter encore leur production pour alléger la pression sur les prix.

    Après son appel à Mohammed ben Zayed, Emmanuel Macron rapporte la teneur de leurs échanges à Joe Biden: “[Le pays] est à son maximum [de production de pétrole], c’est ce qu’il prétend, c’est tout ce qu’il peut faire. Ensuite, il m’a dit que les Saoudiens pouvaient augmenter la leur [...]. Enfin, concernant le pétrole russe, il m’a dit que nous devions nous assurer que l’Inde...”

    Emmanuel Macron n’a pas le temps de terminer pas sa phrase, interrompu pour une raison inconnue. À la fin de la séquence, publiée par un compte du Parti Républicain américain anti-Biden, alors que le président français semble vouloir poursuivre la conversation, on entend un conseiller - sans doute Jack Sullivan - l’interrompre à nouveau: “Peut-être que nous devrions en discuter à l’intérieur.” “OK, OK”, répond Emmanuel Macron.

    Les Émirats arabes unis réagissent

    Plus tard, dans un communiqué, le ministre émirati de l’Énergie et des Infrastructures, Souhail ben Mohammed Al-Mazrouei a confirmé que “la production des Émirats (était) à un niveau proche de la capacité maximale prévue actuellement dans le cadre de l’Opep+, soit 3168 millions de barils par jour”.

    Découvrant que la séquence tournait en boucle sur les réseaux sociaux, il a ensuite mis les points sur les “i” sur Twitter. ”À la lumière des récents reportages dans les médias, je voudrais préciser que les Émirats arabes unis produisent près de notre capacité de production maximale sur la base de leur production de base actuelle de l’Opep+ à laquelle les Émirats arabes unis se sont engagés jusqu’à la fin de l’accord”, a-t-il réaffirmé.

    C’est dans ce contexte que Joe Biden doit se rendre pour la première fois depuis son élection dans les pays du Golfe, notamment en Arabie saoudite, à la mi-juillet. La question du pétrole sera sans doute encore une fois au cœur des discussions.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Au gala de la presse à Washington, quelques vannes entre Biden et Trevor Noah, et beaucoup de Russie

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      La prochaine guerre mondiale aura-t-elle lieu en Arctique ?

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Sunday, 5 June, 2022 - 18:46 · 13 minutes

    Avec la fonte des glaces, les grandes puissances, États-Unis, Chine et Russie en tête, investissent de plus en plus le Grand Nord. La disparition de la banquise offre en effet l’opportunité d’exploiter de nombreux gisements d’hydrocarbures et de terres rares et de développer le trafic maritime. Mais l’intérêt pour la région n’est pas qu’économique : alors que la Chine affirme sa puissance et qu’une nouvelle guerre froide émerge entre la Russie et les Etats-Unis, l’Arctique se remilitarise. Article de l’économiste James Meadway, originellement publié par Novara Media , traduit par Jean-Yves Cotté et édité par William Bouchardon.

    L’onde de choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est propagée dans le monde entier, des frontières de l’Oural jusqu’au point le plus septentrional du globe. Début mars, pour la première fois depuis sa création, les travaux du Conseil de l’Arctique – un forum fondé en 1996 par les huit pays dont une partie du territoire se trouve dans le cercle arctique (Canada, Danemark, Islande, Finlande, Norvège, États-Unis, Suède et Russie) – ont été suspendus.

    Invoquant le fait que la Russie assure pendant deux ans la présidence tournante, les sept autres membres ont condamné la « violation des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale » par cette dernière et mis le Conseil en pause en suspendant provisoirement ses activités. Le représentant de la Russie au Conseil a riposté en dénonçant les demandes d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, compromettant ainsi « la coopération dans les hautes latitudes ».

    Bien qu’il se soit élargi depuis sa fondation en conférant le statut d’observateur à des pays « proches de l’Arctique », tels le Royaume-Uni et la Chine, le Conseil avait en vingt-six ans d’existence évité de s’impliquer dans des conflits entre pays membres. La déclaration d’Ottawa relative à la création du Conseil interdit en effet expressément de se saisir des questions d’ordre militaire et, pendant un quart de siècle, ce consensus a été maintenu, le Conseil se concentrant sur les questions civiles et scientifiques. Cependant, alors que la crise climatique s’accélère, l’équilibre politique au sein du Conseil – véritable microcosme des conflits liés aux ressources et des litiges territoriaux que la dégradation de l’environnement entraîne à l’échelle mondiale – se désagrège.

    Sous la banquise, des sous-sols convoités

    Bien que la guerre en Ukraine a entraîné un niveau de confrontation inédit depuis la Guerre froide entre l’Occident et la Russie, cette suspension des travaux du Conseil de l’Arctique s’explique aussi par d’autres enjeux liés à la fonte de la banquise arctique. Cette dernière s’accélère : en été, la couche de glace ne représente plus que 20 % de ce qu’elle était dans les années 1970. Ce dérèglement climatique crée trois sources de compétition interétatique potentielles, menaçant la fragile coopération qui régissait les relations dans le cercle arctique.

    Premièrement, la fonte des glaces met au jour de nouvelles sources de matières premières. Ces dernières années, la prospection pétrolière et gazière et les projets d’exploitation minière se sont rapidement multipliés – 599 projets ont déjà vu le jour ou sont en chantier – et la production pétrolière et gazière devrait croître de 20 % dans les cinq prochaines années. Les banques occidentales, dont on estime qu’elles auraient contribué au financement de projets liés au carbone arctique à hauteur de 314 milliards de dollars , ainsi que les grandes compagnies pétrolières, comme la française Total Energies et l’américaine ConocoPhillips, investissent dans la région aux côtés d’entreprises publiques ou soutenues des états, tels la China National Petroleum Company ou le Fonds de la Route de la soie, un fonds souverain chinois. Total Energies s’est par exemple engagée avec la société russe Novatek et des investisseurs soutenus par l’État chinois dans Yamal LNG et Arctic LNG 2, deux sites géants de gaz naturel liquéfié (GNL) qui devraient être mis en service au cours des prochaines années.

    Selon le Wall Street Journal , le sous-sol du cercle arctique recèlerait mille milliards de dollars de terres rares.

    Par ailleurs, selon le Wall Street Journal , le sous-sol du cercle arctique recèlerait mille milliards de dollars de terres rares . Paradoxalement, l’intensification des efforts de décarbonation rend ces gisements potentiels de plus en plus précieux. On estime ainsi que le Groenland possèderait un quart des réserves mondiales de terres rares , indispensables aux véhicules électriques et aux éoliennes. La transition mondiale en faveur des énergies renouvelables exacerbe en effet la lutte pour découvrir de nouvelles sources de terres rares. Les pays occidentaux sont particulièrement demandeurs de nouvelles sources d’approvisionnement, étant donné que la Chine contrôle actuellement 70 % des gisements connus. Parallèlement, Inuit Ataqatigiit (IA), un parti de gauche indépendantiste, a été élu à la tête du Groenland l’an dernier après avoir fait campagne contre les projets miniers. L’extraction d’uranium a depuis été interdite et le moratoire illimité sur la prospection pétrolière et gazière dans les eaux groenlandaises a été reconduit. Alors que la demande continue à croître, les pressions s’exerçant sur ce gouvernement devraient être de plus en plus fortes dans les années à venir.

    De nouvelles routes commerciales

    Deuxièmement, la diminution de la banquise arctique a permis d’ouvrir des routes maritimes autrefois impraticables la majeure partie de l’année. D’une part, la route maritime du Nord relie d’Est en Ouest les détroits de Behring et de Kara, longeant sur 4000 kilomètres la côte la plus septentrionale de la Russie. D’autre part, le passage du Nord-Ouest serpente entre le Canada et l’Alaska. Avec la fonte de la banquise arctique, ces étendues océaniques deviennent autant de voies de navigation rentables.

    Selon d’anciennes prévisions, les routes arctiques ne devaient pas devenir commercialement viables avant 2040. Mais la fonte des glaces plus rapide que prévu, alliée à la compétition internationale, pousse à les utiliser sans plus attendre. Les volumes de fret empruntant la route maritime du Nord atteignent des records , le trafic ayant été multiplié par 15 au cours de la dernière décennie, l’essentiel du trafic étant composé de méthaniers transportant du GNL, dont la demande ne cesse d’augmenter. Il y a cinq ans à peine, la navigation était pratiquement impossible pendant les mois d’hiver. L’hiver dernier, 20 navires par jour en moyenne ont emprunté cette route. Parallèlement, la première traversée du passage du Nord-Ouest en hiver sans l’aide d’un brise-glace a été réalisée en 2020 par un bateau norvégien, réduisant de 3000 miles nautiques le trajet entre la Corée du Sud et la France.

    Malgré le défi climatique, l’appel à faire transiter le transport maritime par le toit du monde est donc de plus en plus fort. Il y a une dizaine d’années, Vladimir Poutine le rappelait déjà : « La route la plus courte entre les plus grands marchés d’Europe et la région Asie-Pacifique passe par l’Arctique. » La route par le toit du monde entre, mettons, l’Asie de l’Est et l’Europe est bien plus courte que la route actuelle par le canal de Suez : environ 3000 miles nautiques et 10 à 15 jours de moins. Un raccourci qui pourrait générer d’énormes économies, estimées entre 60 et 120 milliards de dollars par an rien que pour la Chine .

    L’intérêt de la Chine pour ces nouvelles routes commerciales est d’ailleurs manifeste. Actuellement, 80 % des importations de pétrole de l’Empire du milieu transitent par le détroit de Malacca, entre la Malaisie et l’Indonésie, véritable goulet d’étranglement que pourrait bloquer une puissance ennemie. Ses exportations vers l’Europe doivent quant à elles emprunter le canal de Suez, dont le blocage par l’ Ever Given l’an dernier a été à la source d’un chaos économique. Les exportations chinoises vers l’Amérique du Nord passent quant à elles par le canal de Panama, qui est un fidèle allié des Etats-Unis.

    Outre le commerce maritime, la Chine s’emploie depuis plusieurs années à accroître discrètement sa présence dans l’Arctique en associant investissements directs et diplomatie.

    C’est pour surmonter de tels obstacles que la Chine a décidé d’investir massivement dans ce qu’elle appelle les nouvelles routes de la soie, un ensemble gigantesque de nouveaux investissements routiers et ferroviaires qui se déploie à travers l’Asie et en Europe. La perspective d’une nouvelle route maritime, cependant, ne se refuse pas. Les économies sont phénoménales et la Chine s’emploie déjà activement à les promouvoir en fournissant des itinéraires détaillés aux armateurs . En 2018, sa politique arctique évoquait ainsi le développement d’une nouvelle « route polaire de la soie » par le Grand Nord, et décrivait la Chine comme un « État proche de l’Arctique ».

    Outre le commerce maritime, la Chine s’emploie depuis plusieurs années à accroître discrètement sa présence dans l’Arctique en associant investissements directs et diplomatie. L’Islande, durement touchée par la crise financière de 2008, s’est ainsi tournée vers la Chine pour obtenir une aide économique, devenant en 2013 le premier État européen à signer avec elle un accord de libre-échange . La Chine finance désormais des recherches dans les universités de Reykjavik et les investisseurs chinois ont entamé des pourparlers pour deux nouveaux ports en eau profonde sur l’île , destinés au transbordement au large des nouvelles voies maritimes arctiques.

    Sur le plan diplomatique, la Chine a été admise comme observateur au Conseil de l’Arctique 2013. Elle a également construit de nouveaux brise-glaces et commandé des patrouilleurs « renforcés pour les glaces». Mais cette puissance inquiète de plus en plus. Les intérêts chinois croissants au Groenland ont amené le Danemark à exprimer officiellement son inquiétude, tandis que la Russie – même si elle coopère avec la Chine pour l’exploitation de gisements de gaz arctiques, en particulier la raffinerie de gaz naturel liquéfié Yamal sur la côte sibérienne – s’est fermement opposée à l’utilisation de brise-glaces étrangers le long de la route maritime du Nord ( bien que la déclaration conjointe des deux pays en février les engagent à « intensifier la coopération pratique pour le développement durable de l’Arctique » ). La Lituanie a elle ajourné les investissements chinois dans le port de Klaipeda , porte d’entrée du passage du Nord-Est, arguant de son appartenance à l’OTAN et d’un prétendu danger pour sa sécurité nationale.

    Comme l’a illustré la crise de Suez en 1956 ( où la France et le Royaume-Uni tentèrent de bloquer la nationalisation du canal par Nasser, ndlr ), le contrôle d’une route commerciale est déterminant dans une économie capitaliste mondialisée. Et, comme pour le canal de Suez, la course à la puissance donne lieu à une présence militaire croissante lourde de menaces.

    Branle-bas de combat

    La troisième et dernière source de conflit potentielle découle également de la position géographique privilégiée de l’Arctique. La militarisation de l’Arctique, situé à la distance la plus courte possible entre les deux principales masses continentales du globe, est depuis longtemps une réalité. Les postes d’écoute de Skalgard (Norvège) et de Keflavik (Islande), établis pendant la guerre froide pour surveiller les mouvements de la flotte sous-marine soviétique, et par la suite russe, de la mer de Barents, témoignent de l’intérêt stratégique du grand Nord. Avec la montée des tensions entre Washington et Moscou ces dernières années, la région est de plus en plus réinvestie par la Russie et les États-Unis sur le plan militaire.

    La Russie a ainsi rouvert 50 postes militaires datant de la guerre froide situés sur son territoire arctique , comprenant 13 bases aériennes et 10 stations radar. Elle a également testé des missiles de croisière hypersoniques et des drones sous-marins à propulsion nucléaire destinés à l’Arctique, conduisant le Pentagone à exprimer officiellement son inquiétude au sujet de sa « voie d’approche » des États-Unis par le Nord. Renforcée au cours de la dernière décennie, la Flotte du Nord russe, composée de sous-marins nucléaires, de cuirassés et d’engins de débarquement, ainsi que de brise-glaces et de bâtiments de soutien, forme depuis 2017 la pièce maîtresse de la stratégie arctique de la Russie.

    En face, l’OTAN a achevé le mois dernier son exercice semestriel dans l’Arctique norvégien, avec 30 000 soldats engagés, soit le plus grand contingent depuis la fin de la guerre froide. Début avril, Ben Wallace, le secrétaire d’État à la Défense britannique, a quant à lui promis des troupes supplémentaires pour le Grand Nord lors de sa rencontre avec son homologue norvégien . Dans le cadre de la coopération entre les deux États, des sous-marins nucléaires britanniques ont été accueillis dans un port norvégien pour la première fois . Alors que la Norvège est historiquement attachée au principe de neutralité, son armée a pour la première fois participé à l’exercice semestriel Mjollner dans le Grand Nord en mai, aux côtés des forces armées du Danemark, de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne. Le Canada accroît lui aussi sa présence militaire dans l’Arctique , notamment par l’achat de deux nouveaux brise-glaces et de 88 avions de chasse.

    Malgré la tragédie environnementale monumentale que vit l’Arctique, le système capitaliste continue de remodeler la planète pour ses propres besoins.

    La volonté de la Finlande et de la Suède d’intégrer l’OTAN s’inscrit dans le contexte d’une intensification de l’activité militaire dans l’Arctique, leur entrée potentielle faisant de la Russie la dernière nation de la région à ne pas appartenir à l’OTAN . Enfin, la nouvelle stratégie de l’armée américaine dans la région , publiée au début de l’année dernière et baptisée « Dominer à nouveau l’Arctique », propose de «redynamiser » des forces terrestres arctiques qui opéreraient aux côtés de forces navales et aériennes élargies .

    Ainsi, malgré la tragédie environnementale monumentale que vit l’Arctique ( extinction de masse, destruction de communautés indigènes, perte d’une nature sauvage irremplaçable ), le système capitaliste continue de remodeler la planète pour ses propres besoins. De l’« unification du monde par la maladie » à la création d’un système alimentaire fondé sur les monocultures, le capitalisme a en effet toujours remodelé l’environnement qu’il exploite, et n’a jamais cessé de s’adapter à ces évolutions pour poursuivre sa soif de croissance intarissable. Le redécoupage en cours de l’Arctique n’est donc qu’une étape supplémentaire dans un processus séculaire de compétition et d’exploitation. Le capitalisme ne détruira pas le monde, mais il le refaçonnera. Dans un tel contexte, la résistance à ce processus, comme celle organisée par les écosocialistes indigènes au pouvoir au Groenland , devient donc un impératif politique de plus en plus fondamental.

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      Guerre en Ukraine: du pétrole des Émirats plutôt que de Russie pour la France?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 5 June, 2022 - 13:04 · 2 minutes

    Pour faire face à l'embargo frappant les hydrocarbures russes, la France pourrait faire appel aux Émirats arabes unis pour se fournir en pétrole (photo montrant le port commercial et la raffinerie de Jebel Ali, à Dubaï). Pour faire face à l'embargo frappant les hydrocarbures russes, la France pourrait faire appel aux Émirats arabes unis pour se fournir en pétrole (photo montrant le port commercial et la raffinerie de Jebel Ali, à Dubaï).

    GUERRE EN UKRAINE - Une alternative en vue? La France est en “discussions” avec les Émirats arabes unis pour trouver des solutions de remplacement au pétrole russe frappé d’un embargo européen , a affirmé dimanche le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire sur Europe 1 et CNews.

    “C’est des discussions qui sont déjà engagées avec les Émirats arabes unis”, a affirmé Bruno Le Maire, ajoutant que Paris cherchait “des substituts à l’approvisionnement en gaz ou en diesel venus de Russie”.

    L’Union européenne a imposé vendredi son 6e paquet de sanctions contre Moscou, comprenant un tarissement de ses approvisionnements en pétrole. L’objectif est de moins participer au financement de la guerre russe en Ukraine au travers des achats massifs d’énergie au régime de Vladimir Poutine .

    L’embargo progressif touchera les deux tiers des achats européens. L’Allemagne et la Pologne ayant décidé de leur propre chef d’arrêter leurs livraisons via l’oléoduc Droujba d’ici la fin de l’année, les importations russes seront touchées à plus de 90%, selon les Européens. Dans ce contexte, Abou Dhabi peut être “une solution de remplacement au moins temporaire au pétrole et au diesel russes”, a estimé Bruno Le Maire.

    Des doutes sur la croissance en 2022

    Plus tôt dimanche, le commissaire européen en charge du marché intérieur Thierry Breton avait affirmé sur Europe 1 que “derrière, il faudra aussi, et je m’y prépare, s’exonérer du gaz” russe, citant l’augmentation voulue des importations de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis et du Qatar.

    La guerre a entrainé une envolée des prix énergétiques et alimentaires , pesant nettement sur les perspectives de croissance française. La croissance s’est déjà contractée de 0,2% au deuxième trimestre selon l’Insee fin mai, menaçant le pays d’une récession technique, c’est à dire deux trimestre consécutifs de contraction du PIB.

    Le gouvernement français va réviser sa prévision de croissance, qui est actuellement de 4%, a ajouté le ministre de l’Économie, estimant qu’“il est évident qu’avec la guerre en Ukraine, l’inflation, tout cela va remettre en cause les perspectives”. La croissance sera toutefois “positive en 2022”, a estimé Bruno Le Maire, renvoyant les annonces de révision des perspectives à après les élections législatives.

    À voir également sur le HuffPost : Total en Russie? On a interrogé les actionnaires sur l’invasion de l’Ukraine

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      Guerre en Ukraine: l'UE valide le plus fort paquet de sanctions contre Moscou

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 3 June, 2022 - 14:06 · 2 minutes

    Une partie de la section polonaise du gazoduc Yamal reliant la Russie à l'Europe de l'ouest, près de Wloclawek en Pologne, le 23 mai 2022. Une partie de la section polonaise du gazoduc Yamal reliant la Russie à l'Europe de l'ouest, près de Wloclawek en Pologne, le 23 mai 2022.

    GUERRE EN UKRAINE - Au terme de négociations ardues en raison de la pression de la Hongrie , l’Union européenne a décidé de bannir la majeure partie des importations de pétrole russe avec un embargo dans les six mois, dans son 6e paquet de sanctions contre Moscou. L’objectif? Tarir le financement de la guerre contre l’Ukraine .

    “Au 100e jour de la guerre de la Russie en Ukraine, le Conseil européen a officiellement adopté un sixième paquet de sanctions qui inclut un embargo sur le pétrole russe, a tweeté ce vendredi 3 juin Charles Michel, président du Conseil européen. L’UE est unie et fera tout ce qu’elle peut pour mettre fin à cette désastreuse guerre.”

    L’UE élargit aussi sa liste noire à une soixantaine de personnalités dont l’ex-gymnaste russe Alina Kabaeva , selon les sanctions publiées ce vendredi 3 juin au journal officiel de l’UE. Visée en raison de son rôle dans “la propagande” du Kremlin, des médias lui prêtent une relation avec le président russe Vladimir Poutine que ce dernier a démentie.

    Plus forte salve de sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine

    Le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, que Bruxelles voulait sanctionner pour son soutien à la guerre a en revanche été épargné, en raison du refus du Premier ministre hongrois Viktor Orban au nom de la défense de la “liberté religieuse”. L’exclusion de la principale banque russe du système Swift, rouage essentiel des échanges bancaires internationaux, est également acté.

    Cette nouvelle salve de sanctions est la plus forte contre Moscou après plus de trois mois d’offensive en Ukraine. L’arrêt des importations par bateaux de pétrole brut aura lieu dans les six mois et celui des produits pétroliers dans les huit mois. L’approvisionnement par oléoduc peut en revanche continuer “temporairement” mais sans fixation de date limite. Il alimente notamment trois pays sans accès à la mer, Hongrie, Slovaquie et République tchèque.

    Une concession obtenue sous la pression de Viktor Orban, dont le pays dépend à 65% de sa consommation du pétrole bon marché acheminé par l’oléoduc Droujba.

    L’embargo progressif concernera 2/3 des achats européens. L’Allemagne et la Pologne ayant décidé de leur propre chef d’arrêter leurs livraisons via Droujba d’ici la fin de l’année, les importations russes seront touchées à plus de 90%, font valoir les Européens.

    À voir également sur Le HuffPost: Mort d’un journaliste français en Ukraine : “Ce sujet ne peut pas rester impuni”, affirme Emmanuel Macron