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      Europe sociale : aux origines de l’échec

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Wednesday, 26 April, 2023 - 19:43 · 18 minutes

    « Trahison » ? Facteurs structurels ? Les causes de l’échec du projet d’« Europe sociale », porté haut et fort par la gauche durant les années 1970, ont fait couler beaucoup d’encre. C’est l’objet de l’ouvrage d’Aurélie Dianara, Social Europe : the road not taken (Oxford University Press, 2022), issu de sa thèse. Elle met en évidence la difficulté du contexte européen dans lequel François Mitterrand parvient au pouvoir, marqué par le mandat de Margaret Thatcher et une volte-face des sociaux-démocrates allemands. Surtout, elle souligne l’absence de soutien populaire à l’idée d’Europe sociale défendue par les socialistes français, qui fut déterminante dans son abandon. Dès lors que François Mitterrand acceptait de poursuivre la construction européenne sur une voie libérale, elle ne devait plus en dévier… Par Aurélie Dianara, traduction d’Albane le Cabec.

    « L’Europe sera socialiste ou ne sera pas »… À en juger par l’état de l’Europe actuelle, la prophétie séduisante de Mitterrand ne pouvait être plus éloignée de la vérité. Depuis, l’Union européenne plusieurs fois élargie s’est engagée sur une voie qui s’éloigne chaque jour davantage de cette « Europe sociale » que les socialistes européens défendaient dans les années 1970.

    Loin d’une Europe régulatrice, redistributive, planificatrice et démocratisée au service des travailleurs, se dessine une Europe de plus en plus néolibérale, dont la dimension sociale n’est plus seulement compatible avec le marché : elle constitue un véritable levier à la libre circulation des capitaux et à l’extension de la propriété privée. Que l’on choisisse d’y voir une illusion, un alibi ou une réalité, « l’Europe sociale » qui émerge à partir du milieu des années 1980 est à bien des égards à l’opposé de celle qu’avait pensé la gauche européenne précédemment.

    Volte-face des sociaux-démocrates allemands contre l’Europe sociale

    La victoire de la gauche en mai 1981 en France, lorsque François Mitterrand est élu président de la République et qu’un gouvernement de ministres socialistes prend les rênes, rejoints en juin par quatre ministres communistes, était un événement majeur pour la gauche européenne. La France était bien sûr un pays clé en Europe occidentale comme au sein de la Communauté Européenne (CE), l’ancêtre de l’Union européenne.

    Le nouveau gouvernement était bien conscient des contraintes imposées par l’interdépendance des économies européennes et par la Communauté elle-même, dans un contexte où ses principaux partenaires adoptaient des politiques d’austérité déflationnistes. Dans son programme commun de 1972, la gauche s’était engagée à réformer la Communauté et à préserver sa liberté d’action, nécessaire à la réalisation de son programme. Lorsqu’elle est finalement arrivée au pouvoir en 1981, elle s’y est essayée.

    Dès le 11 juin 1981, lors d’une déclaration commune, le nouveau ministre de l’Économie et des Finances Jacques Delors en appelait à un plan de relance concerté à l’échelle européenne, tandis que le ministre du Travail Jean Auroux plaidait pour des mesures radicales contre le chômage et défendait notamment la réduction du temps de travail. Le 29 juin, au Conseil européen, Mitterrand effectuait une déclaration officielle en faveur d’une Europe « sociale », appelant à la création d’un « espace social européen » fondé sur la réduction coordonnée du temps de travail, un dialogue social amélioré et l’adoption d’un plan européen de relance économique. Le gouvernement français publiait également un mémorandum le 13 octobre sur la revitalisation de la CE : l’Europe « doit parvenir à la croissance sociale et être audacieuse dans la définition d’un nouvel ordre économique », pouvait-on y lire.

    La stratégie des socialistes français reposait sur l’espoir que leur avènement au pouvoir soulèverait un enthousiasme populaire en Europe. Mais une fois élus, ils bénéficièrent d’un soutien extérieur bien faible ; y compris au sein de la gauche européenne

    Ces propositions avaient alors beau être prudentes, clairement dépourvues de rhétorique marxiste, moins ambitieuses que les revendications jusqu’alors portées par la gauche européenne, elles ne parvinrent pas à convaincre les partenaires de la France. Le chancelier social-démocrate allemand Helmut Schmidt ne se montrait pas beaucoup plus enthousiaste que son homologue Margaret Thatcher, frontalement hostile à cet agenda – et le soutien du gouvernement grec ne pesait pas bien lourd dans la balance. La proposition d’une relance européenne coordonnée en particulier, clé de voûte du plan français, fut accueillie avec un certain dédain.

    Les raisons de l’échec de l’Europe sociale sont nombreuses et complexes. Parmi elles, le rôle du gouvernement social-démocrate allemand, qui avait pourtant été l’un des principaux promoteurs d’une « Union sociale européenne » quelques années plus tôt, ne doit pas être sous-estimé. Dès 1974, il œuvrait à l’émergence d’un ordre international fondé sur l’austérité et le libre marché. Au G7 comme au Conseil européen, Schmidt insiste sur la priorité de la lutte contre l’inflation, plaide pour la suppression des obstacles à la mobilité des capitaux et souhaite voir les gouvernements européens renoncer à leurs prérogatives dans le domaine monétaire – confié à des autorités « indépendantes » telles que les banques centrales.

    Schmidt contribue en effet à engager non seulement le système monétaire européen mais les États-Unis eux-mêmes dans la discipline monétaire en 1979 – année du « choc Volcker ». Il plaide également pour que l’octroi de crédits par le FMI aux pays confrontés à des crises financières particulièrement graves – comme l’Italie et le Royaume-Uni en 1976 – soit conditionné à l’adoption de politiques anti-inflationnistes et de mesures d’austérité. À contre-courant des réponses interventionnistes et expansionnistes envisagées alors par la majorité de la gauche européenne, la réponse de l’Allemagne à la crise des années 1970 contribuait au « désencastrement » de l’ordre économique international.

    Côté britannique, Thatcher, figure de proue de la « révolution » conservatrice d’Europe occidentale, constituait un obstacle inamovible à toute orientation « sociale » de l’Europe. En parallèle, entre 1979 et 1984, la question de la contribution du Royaume-Uni au budget de la CE empoisonnait les relations entre États-membres. Dans ce contexte, les perspectives d’une Europe de la redistribution, de la régulation des marchés et de la solidarité s’amenuisaient ; les propositions européennes de Mitterrand essuient donc un refus cordial.

    ​Le « tournant de la rigueur » et l’Europe

    En 1983, le fameux « tournant de la rigueur » du gouvernement de Pierre Mauroy, qui allait devenir un traumatisme dans la mémoire collective de la gauche française, fut entrepris au nom de l’Europe. Pour ceux qui avaient cru au socialisme par l’Europe et à l’Europe sociale, il s’agissait là d’une cuisante défaite. Bien entendu, les causes de l’échec de l’expérience socialiste ne peuvent être réduites à la construction européenne. Il faut bien sûr mentionner la récession internationale, la politique déflationniste menée par les principales puissances mondiales ou le rôle des marchés financiers.

    De la même manière, le projet socialiste français n’était pas exempt de défauts qui ont pu nuire à sa mise en œuvre. Un élément demeure central : le soutien populaire manquait au projet « d’Europe sociale ». La stratégie des socialistes français reposait sur l’espoir que leur avènement au pouvoir soulèverait un enthousiasme populaire en Europe. Mais une fois élus, ils bénéficièrent d’un soutien extérieur bien faible ; y compris au sein de la gauche européenne.

    Il faut dire qu’avec le départ des travaillistes et Thatcher à la tête du gouvernement britannique, la France avait perdu un allié majeur. Malgré le soutien des socialistes français au gouvernement allemand concernant la question des euromissiles au cours des années précédentes, la coalition sociale-libérale de Schmidt refusait alors de considérer la proposition de Mitterrand pour un plan de relance coordonné afin d’éviter une nouvelle dévaluation du franc et une sortie du système monétaire européen. À l’instar des partis de gauche, les syndicats européens se caractérisaient eux aussi par leur absence de mobilisation – aussi bien au niveau institutionnel que dans la rue – en faveur de l’agenda français. En l’absence d’un mouvement populaire domestique et transnational à même de soutenir ses réformes, le recul du gouvernement français était difficilement évitable.

    Tous les efforts déployés pour accroître la coopération entre les syndicats et partis européens et construire l’unité programmatique nécessaire pour ériger une Europe alternative semblaient donc avoir été vains. Plus que jamais, la gauche européenne était prise dans le dilemme européen. D’un côté, le renoncement français semblait confirmer que le « socialisme dans un seul pays » n’était plus une option dans une économie mondiale de plus en plus interdépendante.

    De quoi donner du grain à moudre au discours désormais porté par la gauche européenne, selon lequel la réalisation du socialisme nécessiterait de s’organiser au-delà de l’État-nation. Malheureusement, d’un autre côté, les déboires de la gauche française, tout comme la défaite du combat de la gauche européenne pour un « New Deal » européen, pour une réduction du temps de travail, une démocratisation de l’économie, et une régulation des entreprises multinationales, avaient démontré l’incapacité de la gauche européenne à transformer la CE en une « Europe sociale ».

    Il était désormais évident que la Communauté constituait un carcan de plus en plus étroit dans lequel les politiques économiques, sociales, industrielles, budgétaires et fiscales ne pouvaient plus être décidées indépendamment par les États-membres. À la lueur de cet échec français, la gauche européenne fut contrainte de repenser sa stratégie socialiste. Alors que certains tiraient pour conclusion que le cadre institutionnel européen était intrinsèquement incompatible avec le socialisme, la plupart se convainquaient que ce dernier ne pourrait être atteint qu’à l’issue d’une réforme de la Communauté européenne. C’est ainsi que le « tournant européen » du gouvernement français fut justifié – celui-là même qui conduisit Mitterrand à relancer le processus d’union économique, monétaire et politique avec Helmut Kohl à Fontainebleau en 1984.

    ​Quand les socialistes français édifiaient l’Europe libérale

    Le sommet de Fontainebleau, tout comme la nomination de Jacques Delors comme président de la Commission européenne (1985-1995), confirmait le choix du gouvernement français, après avoir renoncé au « socialisme dans un seul pays », de réaffirmer son engagement européen aux côtés de son nouvel « ami » allemand, Helmut Kohl. Jacques Delors appartenait à l’aile libérale du parti socialiste français. C’était un homme politique expérimenté, qui avait été l’un des principaux artisans du virage français vers l’austérité et la persévérance au sein du système monétaire européen. Selon les propres mots de Margaret Thatcher, « en tant que ministre français des Finances, on lui savait gré d’avoir freiné les premières politiques socialistes du gouvernement et d’avoir assaini les finances françaises ».

    Les pressions des différents lobbies patronaux ont été déterminantes dans la refonte du marché européen à partir du milieu des années 1980. En 1979, le Comité d’action Jean Monnet incluait pour la première fois des représentants d’entreprises en son sein.

    Delors avait gagné la confiance des néolibéraux mais aussi celle du gouvernement allemand ; il connaissait le jargon bureaucratique européen aussi bien que la politique communautaire. Bien que le « moment Delors » soit souvent présenté comme le temps fort de la promotion d’une « Europe sociale », c’est d’abord l’intégration économique et le projet de marché unique que le nouveau président de la Commission plaça au sommet de son programme. Ce choix était consensuel, comme l’explique Delors lui-même quelques années plus tard : « Je devais me rabattre sur un objectif pragmatique qui correspondait aussi à l’air du temps, puisqu’on ne parlait alors que de déréglementation, de suppression de tout obstacle à la concurrence et aux forces du marché. »

    Bien que les droits de douane et les quotas aient été supprimés avec la création du marché commun suite au traité de Rome, de nombreuses « barrières non tarifaires » persistaient, comme les règles d’hygiène alimentaire, les normes techniques et les subventions étatiques aux entreprises et aux services. Le parachèvement du marché intérieur – grâce à la suppression des obstacles aux « quatre libertés » : libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes – était bien sûr encouragé par le gouvernement Kohl et par Thatcher elle-même. Le nouveau commissaire britannique chargé du marché intérieur et des services, Arthur Cockfield, ancien dirigeant de la chaîne britannique de pharmacies Boots qui avait détenu des portefeuilles ministériels dans les gouvernements Thatcher, joua un rôle central dans l’édification du projet.

    Le projet européen plus que jamais au service des classes dominantes

    Le projet de marché unique réunissait les aspirations de deux « fractions » rivales d’une classe capitaliste européenne de plus en plus transnationale. D’un côté, une frange « mondialiste », composée des plus grandes multinationales européennes (y compris les institutions financières). De l’autre, une frange « européiste » constituée de grandes entreprises industrielles desservant principalement les marchés européens et concurrencées par les importations bon marché extérieures à l’Europe. Les premiers défendaient un projet néolibéral pour l’Europe, avec une ouverture des marchés européens à l’économie mondiale appuyée par des déréglementations, des privatisations et la réduction de la place de l’État dans l’économie.

    Les seconds étaient davantage favorables à un projet néo-mercantiliste, attachés à un « marché domestique » européen élargi ainsi qu’à des politiques publiques industrielles censées stimuler les « champions européens » – dans le but de les rendre compétitifs par rapport à leurs homologues nord-américains ou japonais. Ces deux fractions convergeaient alors pour exercer une pression croissante sur les élites politiques européennes pour la levée de tous les obstacles au libre-échange au sein du marché intérieur.

    Les pressions des différents lobbies patronaux ont été déterminantes dans la refonte du marché européen à partir du milieu des années 1980. En 1979, le Comité d’action Jean Monnet incluait pour la première fois des représentants d’entreprises en son sein. En 1983, à l’initiative du directeur général de Volvo, Pehr Gyllenhammar, les dirigeants de dix-sept grandes multinationales – dont Volvo, Philips, Fiat, Nestlé, Shell, Siemens, Thyssens, Lafarge, Saint Gobain et Renault – se réunissaient à Paris pour fonder la Table ronde européenne des industriels (ERT). Son objectif était de promouvoir une plus grande ouverture des marchés ainsi qu’un soutien européen à l’industrie. Le « Livre blanc sur l’achèvement du marché intérieur » de la Commission de 1985 ressemblait comme deux gouttes d’eau aux recommandations de l’ERT. En particulier, il proposait quelques 300 mesures pour achever le marché unique d’ici 1992 par la suppression des barrières non tarifaires…

    La logique qui sous-tendait le programme institutionnalisé par l’Acte unique était intrinsèquement liée à celle du libre-marché. Loin de la « planification socialiste » promue par Delors quelques années plus tôt, l’objectif de ce programme était de construire un marché plus étendu, « censé conduire à une concurrence plus rude entraînant une plus grande efficacité, de plus grands profits et finalement par un effet de ruissellement, plus de richesse générale et plus d’emplois ». Le marché était conçu comme indispensable à la croissance économique et à la création d’emplois et pour redonner à l’Europe occidentale sa place d’acteur économique dans un monde de plus en plus compétitif et globalisé.

    Bien sûr, l’Acte unique européen ne se limitait pas à l’achèvement du marché unique européen : il étendait également le vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil (y compris sur quelques questions sociales telles que les normes de santé et de sécurité au travail) ; augmentait les pouvoirs législatifs du Parlement européen avec les procédures de coopération et d’avis conforme (plus tard consolidées avec la procédure de « codécision », bien que la chambre n’ait jamais obtenu le droit d’initiative) et définissait parmi ses objectifs le renforcement de la coopération en matière de développement régional, de recherche et de politique environnementale. Cependant, la majeure partie du nouveau traité concernait la libéralisation, l’harmonisation et la « reconnaissance mutuelle » dans le secteur économique. Au cours des années suivantes, des directives cruciales furent adoptées concernant la libéralisation des mouvements de capitaux et la déréglementation des banques et des assurances.

    Historiquement, et contrairement aux partis socialistes et aux syndicats locaux et nationaux, les structures socialistes et syndicales déployées à l’échelle européenne n’ont pas émergé d’une poussée populaire.

    Delors et ses collègues n’avaient-il pas prévu que l’explosion des échanges, la libéralisation des services et la libre circulation des capitaux sans harmonisation fiscale et sociale, mettraient inévitablement en concurrence les travailleurs et les régimes de protection sociale, provoquant un nivellement par le bas des droits sociaux et des salaires ? La question est d’autant plus prégnante que les socialistes européens avaient prôné tout au long des années 1970 une harmonisation sociale et fiscale par le haut, alliée à un contrôle accru des mouvements de capitaux et des entreprises multinationales.

    ​Carence de dimension populaire de l’idée européenne

    Une des principales raisons de l’échec des projets « d’Europe sociale » a résidé dans l’incapacité de la gauche européenne à construire une mobilisation populaire transnationale pour soutenir ses propositions. Une telle mobilisation aurait été – et serait toujours – nécessaire pour inverser le rapport de force en faveur des travailleurs et des travailleuses à l’échelle continentale. Il est significatif qu’en-dehors d’un rassemblement sous la tour Eiffel quelques jours avant les premières élections au Parlement européen, les partis socialistes n’aient pas même envisagé de se mobiliser sur leur projet européen ces années-là. Tout au long des années 1970, la politique européenne est restée l’affaire des chefs de parti, tout en n’étant qu’une préoccupation lointaine pour les militants des partis socialistes et communistes.

    Pourtant l’« Europe sociale » n’était pas complètement déconnectée des mouvements sociaux de l’époque. Ce projet avait été formulé par les élites de la gauche européenne en réponse aux revendications issues des contestations sociales vives et diverses des années 1970. Mais dans le même temps, cette évolution de la « vieille gauche » et de son projet d’Europe sociale peut être interprétée, au moins en partie, comme une tentative paternaliste de réaffirmation de son autorité sur ses électeurs sans jamais essayer de susciter un soutien populaire massif pour leur projet européen. Bien sûr, sa perte progressive de soutien au sein des classes populaires – qui allait s’accentuer dans les années 1980 – ne ferait que rendre la perspective d’un tel mouvement populaire en soutien à une Europe sociale plus lointaine et improbable…

    Les choses étaient quelques peu différentes du côté des syndicats où, comme le montre ce livre, il y a eu une véritable intention de construire un mouvement transnational des travailleurs pour soutenir « l’Europe sociale » à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Néanmoins, bien que la Confédération européenne des syndicats ait joué un rôle crucial dans l’élaboration de positions et d’une culture syndicale communes en contribuant à « l’européanisation » du syndicalisme, elle est restée jusqu’à ce jour un organe de représentation au sein des institutions, plutôt que de lutte.

    Historiquement, et contrairement aux partis socialistes et aux syndicats locaux et nationaux, les structures socialistes et syndicales déployées à l’échelle européenne n’ont pas émergé d’une poussée populaire. Elles ont résulté des décisions des dirigeants des partis et des syndicats, sont demeurées éloignées des mouvements de masse et donc limitées dans leur pouvoir et leur influence. Contrairement aux attentes de la fin des années 1970, faute de volonté politique de la plupart des confédérations nationales, et faute de moyens, la Confédération européenne des syndicats est toujours demeurée un colosse aux pieds d’argile.

    La gauche européenne n’a jamais réussi à édifier le bloc unitaire et combatif nécessaire pour construire un rapport de force suffisant et imposer une Europe alternative. Si elle y était parvenue, nous vivrions peut-être aujourd’hui dans une Europe très différente. Tout comme l’intégration européenne d’après-guerre était principalement un processus dirigé par les élites, l’« Europe sociale » est restée dans une large mesure un projet formulé et promu par les élites politiques et technocratiques.

    L’incapacité des partisans de « l’Europe sociale » à construire un lien organique avec les populations et avec les mouvements populaires n’est pas seulement la principale raison pour laquelle ce projet a échoué. C’est aussi une pièce du puzzle qui permet de mieux saisir la transformation de la social-démocratie européenne, et le changement de paradigme vers le capitalisme néolibéral à partir de la fin des années 1970.

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      Olivier Faure, la renaissance du patron du PS à la sauce Nupes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 14 July, 2022 - 17:12 · 6 minutes

    Quatre ans après son arrivée à la tête du Parti socialiste, Olivier Faure est désormais chouchou des Insoumis, copain avec Mélenchon, et influenceur politique à succès. Quatre ans après son arrivée à la tête du Parti socialiste, Olivier Faure est désormais chouchou des Insoumis, copain avec Mélenchon, et influenceur politique à succès.

    POLITIQUE - La rose reprend des couleurs. À gauche, Olivier Faure est en train de s’imposer comme l’un des hommes forts de la Nupes, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale . Il fallait le voir, lundi, à l’Assemblée nationale récolter les longues ovations de ses collègues , en défendant avec véhémence leur motion de censure. Le patron du Parti socialiste est sorti vainqueur à l’applaudimètre.

    Un élan inattendu pour celui qui promettait la “renaissance” du PS moribond au moment de prendre la suite de Jean-Christophe Cambadèlis en 2018. Quatre ans plus tard, le voilà désormais chouchou des Insoumis, copain avec Mélenchon, et influenceur politique à succès.

    “À chaque fois qu’Olivier éternue, il y a 2000 personnes qui twittent ‘bravo’”, s’amuse un proche du premier secrétaire, cité par l’AFP, satisfait de voir les roses s’affirmer au sein de la Nupes. Une bonne passe, idéale pour le Parti socialiste, après le camouflet de sa candidate, Anne Hidalgo, à la présidentielle... et sans doute plus encore pour le principal intéressé, pas malheureux de prendre la lumière.

    Pendant longtemps, je me suis restreint parce que je voulais être au point d’équilibre entre les différentes sensibilités. Olivier Faure, premier secrétaire du PS sur LCI

    Le député de 53 ans, plutôt discret lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, reconnait lui même une forme de libération. “Pendant longtemps, je me suis restreint parce que je voulais être au point d’équilibre entre les différentes sensibilités”, a-t-il confié sur LCI, mardi 12 juillet dernier, au lendemain de son discours remarqué contre la Macronie. “Le moment est venu de dire les choses et d’affirmer ce que nous sommes.”

    Force est de constater que son expression a effectivement changé. Son discours, offensif, lundi, au cours duquel il a intimé à la majorité de se “taire” sur fond d’alliance tacite avec le Rassemblement national en est un parfait exemple.

    Changement de ton ou de fond?

    “On le sent mieux, plus à l’aise dans ses pompes”, constate un bon connaisseur du PS, pour qui l’état d’esprit d’Olivier Faure version printemps n’a rien à voir avec celui de la version automne. “On va dire qu’il ne débordait pas d’enthousiasme”, se souvient celui qui a participé à la campagne -délicate- d’Anne Hidalgo, aux côtés du premier secrétaire, en maniant l’euphémisme, “là, il croît en ce qu’il fait.”

    Olivier Faure copie les attitudes de la France insoumise. Stéphane Le Foll, maire (PS) du Mans anti-NUPES

    D’où lui vient alors ce nouveau souffle? Certains de ses détracteurs à gauche lui reprochent un changement de ligne politique opportuniste. D’autres, parfois les mêmes, une allégeance à la France insoumise. Pour Stéphane Le Foll, le maire du Mans, Olivier Faure “copie les attitudes de la France insoumise” après s’être “aligné” sur son programme. “Il a été pris d’une colère il n’y a pas très longtemps et s’est mis à parler extrêmement fort pour une fois”, a ainsi ironisé l’ancien ministre de François Hollande, résolument anti-Nupes, mercredi sur Europe 1, en référence à l’envolée du chef des roses à l’Assemblée.

    Rien de tout cela pour l’intéressé qui ne cesse de se défendre de toute inféodation à la formation mélenchoniste. “Je ne vois pas la différence avec la ligne sociale-démocrate que vous décrivez et ce que je dis aujourd’hui (...) je suis clairement à gauche, je le dis, je n’ai pas de complexe à entretenir”, a-t-il répondu à la journaliste Élisabeth Martichoux qui lui demandait s’il avait radicalisé ses positions.

    Adoubé par les Insoumis

    Lui parle plutôt de l’enthousiasme que soulève l’Union des gauches. “Des gens me klaxonnent dans la rue pour me dire merci. C’est sacrément nouveau!”, expliquait-il, rayonnant, au HuffPost dès l’entre-deux-tours des élections législatives, convaincu d’avoir opté pour la meilleure des stratégies en topant avec Jean-Luc Mélenchon et les autres partis de gauche.

    Et pour l’instant, ça marche. Les voix dissidentes au PS se tarissent ou peinent à exister et la Nupes est conquise. Les Insoumis en tête. Antoine Léaument, le député essonnien, membre de la nouvelle génération LFI au Palais Bourbon n’hésite pas à saluer ses prises de position en citant Robespierre... Qui imaginait cela il y a quelques mois entre la jeune garde insoumise et le chef socialiste?

    Pour le député (LFI) du Nord, David Guiraud, le secrétaire national du PS “a réussi cet exploit de mettre derrière lui l’époque où on le renvoyait sans cesse au bilan de Hollande.” Les applaudissements de ses collègues à l’Assemblée le confirment, l’enthousiasme de la communauté insoumise sur les réseaux sociaux, aussi. “Il est bon Olivier Faure”, salue encore le nouvel élu dans les colonnes du Parisien .

    "Quand on n'arrive pas à trancher entre ses enfants, il est toujours plus facile de choisir son neveu. L'entourage d'Olivier Faure sur Mélenchon

    Une forme de suite logique. Les députés mélenchonistes adoubent le socialiste, dans le sillage de leur chef de file. Le troisième homme de la présidentielle a rapidement affiché sa proximité avec Olivier Faure une fois les tractations unionistes conclues, après s’être “profondément ignorés” pendant des années, selon les mots du tribun de 70 ans au HuffPost fin juin.

    Une “bromance” inattendue ... et le signe d’un passage de témoin entre les deux hommes? Si la succession de Jean-Luc Mélenchon à la tête de la toute jeune -et fragile- Nupes n’est pas encore une question, une chose est sure, le patron des socialistes prend de l’épaisseur au sein de l’alliance. “Quand on n’arrive pas à trancher entre ses enfants, il est toujours plus facile de choisir son neveu”, ne peut s’empêcher de glisser son entourage quand on l’interroge sur les liens entre les deux hommes.

    Le député, qui remet son poste de premier secrétaire en jeu à la fin de l’année, a de la suite dans les idées. Il n’oublie pas de faire la promotion du Parti socialiste entre ses ”éternuements” sur Twitter. Une pêche aux adhérents pour profiter de ce nouvel élan. Quant aux ambitions personnelles, certains se chargent d’en avoir pour lui, avec plus ou moins de sérieux. Le même réseau social a vu fleurir son premier visuel “Faure 2027”, façon “Obama 2012″. Une plaisanterie, pour l’instant.

    À voir également sur Le HuffPost: Faure avait tellement de choses à dire à l’Assemblée qu’il s’est fait couper le micro

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      LREM, RN, LR, PS, EELV... Ces partis n'en ont pas fini avec les élections

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 9 July, 2022 - 08:02 · 7 minutes

    Qui pour prendre la succession de Christian Jacob, Marine Le Pen et Stanislas Guérini? Qui pour prendre la succession de Christian Jacob, Marine Le Pen et Stanislas Guérini?

    POLITIQUE - Les échéances nationales derrière eux, la pression retombe au sein des différents partis politiques. Ou pas. Au Parti socialiste, au sein d’EELV, des Républicains ou encore à La République en Marche, bientôt rebaptisée Renaissance , l’automne va coïncider avec les élections internes pour désigner un nouveau chef. À pas feutrés, les guéguerres se préparent.

    Le Républicain Christian Jacob est le premier à s’être retiré le 1er juillet et son remplaçant est attendu avant 2023. Le timing est sensiblement le même pour Julien Bayou, secrétaire national des Verts, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, et le Rassemblement national de Marine Le Pen. Chez LREM, le remplacement de Stanislas Guérini est prévu dès la rentrée.

    Chez LR comme chez LREM, on est assuré de voir du changement. Au Rassemblement national aussi, Marine Le Pen préférant se consacrer à la présidence des députés. À gauche, la situation est moins claire. Candidats déclarés, intéressés et rivalités internes, Le HuffPost fait le point sur les guerres de succession à venir.

    • Au revoir LREM et Stanislas Guérini

    Au sein du parti fondé par Emmanuel Macron, une chose est actée: Stanislas Guérini, nommé ministre de la Fonction Publique dans le gouvernement Borne, ne reprendra pas les rênes de La République en Marche à la rentrée.

    Dans une interview au Figaro le 30 juin, il a confirmé que c’était “le bon moment de passer le relais”. À qui? Sans répondre directement, l’actuel délégué général vante le “sens politique” de l’eurodéputé Stéphane Séjourné qui “mène un travail très important pour constituer les bases du futur parti présidentiel”. Une semaine plus tard, l’intéressé confirme sa candidature. Il est à ce stade le seul postulant: sur BFMTV le 8 juillet le ministre des Transports Clément Beaune, dont le nom circulait, a écarté l’idée à ce stade.

    Les militants LREM seront appelés à voter en septembre, en même temps que sur la modification des statuts . Le bureau exécutif actuel de LREM souhaite que la refondation du parti concrétise son élargissement, en absorbant le micro parti de Franck Riester Agir et, celui d’Olivier Dussopt Territoires de progrès. Selon Le Parisien, ce n’est pas gagné, en particulier du côté du ministre du Travail.

    Si LREM arrive à ses fins, l’alliance ainsi créée s’appellera officiellement “Renaissance”. Le défi de cette coalition sera immense: il lui faudra assurer sa survie dans le paysage politique, sachant qu’elle sera privée d’Emmanuel Macron à l’Élysée à partir de 2027.

    • Au RN, la fin de l’ère Le Pen

    Une page se tourne au Rassemblement national. Occupée par ses 88 députés à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen a renoncé à la présidence et pour la première fois de son histoire, le parti ne sera plus dirigé par un membre de la famille Le Pen.

    Qui reprendra la flamme? Jordan Bardella, président par intérim, s’est positionné tout de suite. “Je proposerai aux adhérents de poursuivre le chemin qui a été tracé depuis maintenant un an et qui, je crois, d’après les résultats a plutôt bien fonctionné”, a-t-il déclaré une semaine après les législatives. Mais il pourrait bien ne pas être le seul candidat.

    Le maire de Perpignan Louis Aliot est lui aussi cité. Le 10 juin, il n’avait pris “aucune décision”. Mais, ajoutait-il sur RMC, “s’il le faut, en fonction des lignes politiques qui seront choisies, oui, je pourrais me porter éventuellement candidat.” Face à cette éventualité, Jordan Bardella se montre serein: “S’il y a plusieurs candidats, je trouverai ça sain pour la démocratie au sein du mouvement”, affirme-t-il.

    • Les Républicains, en attendant Wauquiez

    Rue de Vaugirard, un nom est dans toutes les têtes: Laurent Wauquiez. Christian Jacob l’a presque adoubé avant son départ. Selon lui, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a “toutes les qualités pour reprendre la présidence” des Républicains, après avoir déjà exercé la fonction entre 2017 et 2019: “L’expérience de gestion d’une grande collectivité, une expérience ministérielle...” Une rampe de lancement idéale avant 2027?

    Les choses ne seront pas si simples. Silencieux, pour l’instant, Laurent Wauquiez n’est pas le seul à penser à la chose. Parmi les possibles candidats, les noms du secrétaire général du parti Aurélien Pradié, de Michel Barnier ou Éric Ciotti sont régulièrement cités. Le premier donnera sa décision “durant l’été”, le second se tient “prêt à être utile” quand le dernier ne dit “pas non”. À l’heure actuelle, seul un homme s’est officiellement lancé: le maire d’Orléans, ancien député du Loiret, Serge Grouard.

    Les autres ont encore quelques semaines pour réfléchir. L’élection est prévue ”à l’automne, avant la fin de l’année”, selon les mots d’Annie Genevard, la présidente par intérim des Républicains. Invitée de Radio J, mercredi 6 juillet, la députée du Doubs a dressé le portrait du chef idéal. À savoir, “un champion pour 2027 susceptible de rassembler, entraîner, et faire cette espèce de synthèse” entre les différentes lignes chiraquienne, sarkozyste ou plus à droite. Une perle rare.

    • “Suspense” au Parti socialiste

    Olivier Faure a retrouvé le sourire. Réconcilié avec Jean-Luc Mélenchon , réélu député en Seine-et-Marne, le patron du Parti socialiste respire. Est-il assez solide parmi les siens pour être candidat à sa succession? Sur le plateau des “Quatre vérités” ce vendredi 8 juillet, il répond “suspense” avec un sourire en coin. “Nous verrons bien à ce moment-là. Mais j’ai à cœur de prolonger ce que j’ai engagé depuis quatre ans”, lâche-t-il.

    Gabrielle Siry-Houari, porte-parole du parti, confirme qu’il n’y a pas à ce stade de candidat déclaré. “On sent des velléités, mais tout le monde reste prudent pour l’instant”, nous raconte-t-elle. S’il n’y a pas de noms, “il y a des lignes” divergentes autour d’un point précis: l’alliance avec la NUPES.

    Le courant minoritaire, emmené par Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et opposée à la NUPES, pourrait tenter sa chance. Le nom de Carole Delga est aussi dans les esprits, même si l’intéressée ne dit rien de ses ambitions. Il y a aussi ceux qui, sans être contre l’alliance avec LFI, s’interrogent sur les modalités de l’accord. “Un certain nombre de personnes veulent se faire entendre sur ce point, et sur la question cruciale du ‘comment exister’ pour le PS au sein de la NUPES”, estime Gabrielle Siry-Houari. “C’est la première fois qu’il y a un tel enjeu sur le Congrès depuis 2018”, nous souffle-t-elle, espérant voir monter une nouvelle génération, de préférence plus paritaire.

    • Chez les Verts, le grand flou

    Les Verts doivent aussi changer de tête. C’est en tout cas ce que disent leurs règles. Sur le papier, un Congrès doit être organisé à la fin de l’année 2022 pour élire la nouvelle équipe dirigeante et leur confier les rênes pour trois ans. Sur le papier toujours, Julien Bayou, le secrétaire national, député et chef des écolos à l’Assemblée, est censé démissionner. Les statuts d’EELV n’acceptent pas le cumul des mandats. Mais pour l’instant, le flou règne... au risque de créer quelques crispations en interne.

    “Éva Sas et Jérémie Iordanoff ont annoncé leur démission (de la direction NDLR) mais ce n’est pas le cas de Sandra Regol et de Julien Bayou”, explique Alain Coulombel, un des porte-parole des Verts auprès du site spécialisé Reporterre . Pour lui, cela pose “problème vis-à-vis des règles statutaires” et entrave le fonctionnement du parti, dit-il dans cet article publié mercredi, le secrétaire national actuel étant “très occupé”.

    Signe de cette gêne? Rares sont ceux, chez EELV à souhaiter s’épancher sur la succession et les élections internes. De son côté, Julien Bayou explique simplement à Reporterre qu’un “groupe de travail” a ”été mis en place” sur la question et qu’il communiquera une fois “ses conclusions” rendues.

    Dans ce contexte, le meilleur résumé de la situation est sans doute offert par Sandrine Rousseau, la seule cadre du mouvement disponible pour nous répondre sur ces questions en cette fin de semaine: “Rien n’est décidé, pas de date modalité, on ne sait rien. Les Verts dans toute leur splendeur.”

    À voir également sur Le HuffPost: Les députés RN, des députés comme les autres? On a posé la question à leurs collègues

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      La NUPES, une alliance fragile de partis en trois indices

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 8 July, 2022 - 12:08 · 7 minutes

    Ces trois indices montrent que l'unité de la NUPES sera un combat Ces trois indices montrent que l'unité de la NUPES sera un combat

    POLITIQUE - L’avertissement du chef de bord. Jean-Luc Mélenchon, le leader de la NUPES , l’alliance des gauches à l’Assemblée nationale s’exprime dans un entretien à Libération , ce vendredi 8 juillet, et met en garde ses petits camarades contre toute désaffection. Gare à celui qui veut quitter la nouvelle coalition.

    “Désormais, il en coûtera très cher de descendre du train. Cela vaut pour tout le monde. Y compris pour nous insoumis”, fait valoir le troisième homme de la dernière présidentielle, pour qui cette union a “permis de dénouer une crise qui durait depuis une génération” à gauche.

    Pour l’instant, l’attelage semble tenir, malgré son score relativement décevant au soir du second tour des élections législatives . Comme un symbole, les différents partis qui forment la NUPES déposent une motion de censure commune contre le gouvernement d’Elisabeth Borne . Un premier motif de satisfaction après le refus des partenaires des insoumis de former un groupe unitaire à l’Assemblée nationale. Car derrière cette bonne entente, plusieurs épisodes montrent qu’il n’en faut pas beaucoup aux wagons de la coalition pour tanguer.

    Comme un doute sur la censure

    Sur leur premier texte, déjà. S’ils peuvent compter sur le soutien de leurs partenaires, les Insoumis ont passé du temps à les convaincre sur la motion de censure. “Je souhaite que toutes les décisions que nous prenons au nom de la Nouvelle union populaire écologique et sociale se prennent en commun”, expliquait ainsi Olivier Faure, le patron des socialistes, le 20 juin, “et non pas du seul fait des uns ou des autres”, un brin agacé par l’empressement de la France insoumise.

    Depuis, les différents chefs à plume se sont retrouvés autour d’une table pour aboutir à “une motion de défiance”, à mi-chemin entre la motion de censure et le vote de confiance. Une façon d’arrondir les angles -qui ne change rien sur la nature de la procédure- pour contenter le plus grand nombre. La socialiste Valérie Rabault, qui a pris ses distances avec la NUPES à plusieurs reprises, et qui aurait pu ne pas co-signer le texte selon l’AFP, s’y est finalement pliée.

    Le seul réfractaire vient, malgré tout, de ses rangs, en la personne de Dominique Potier. Le député de Meurthe-et-Moselle, membre du groupe PS, élu presque malgré lui avec le soutien de l’alliance des gauches, a refusé de s’associer à la motion de défiance. Comme le début d’un vent de fronde? “Il y a des débats en interne”, a ainsi résumé le chef des roses Boris Vallaud en présentant le texte, lundi après-midi, mais “la majorité a décidé de se rallier à cette proposition.”

    Différences de ton

    Censure ou défiance, le choix sémantique de la NUPES révèle aussi une différence de ton, entre des socialistes et écolos plus mesurés dans leurs expressions, que les insoumis. Quitte à engendrer quelques crispations. La journée de mercredi, celle du grand oral d’Elisabeth Borne à l’Assemblée nationale, est en cela un bon exemple, dans l’hémicycle et en dehors.

    À la tribune, c’est la dirigeante du groupe LFI, Mathilde Panot, qui s’est montrée la plus offensive pour fustiger la “stratégie” du “sauve qui peut” d’Elisabeth Borne, laquelle venait de prononcer son discours de politique générale. En Macronie, “l’essentiel est de simuler la démocratie pour mieux la bafouer”, a par exemple attaqué la députe du Val-de-Marne, en ciblant également le “forfait moral et politique” de la majorité à travers son vote pour l’élection de deux vice-présidents issus du Rassemblement national à l’Assemblée.

    Une charge qui fait écho à l’action organisée quelques minutes plus tôt par des députés LFI devant le Palais Bourbon. Masques sur la tête, une poignée d’élus a célébré le faux mariage d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen puis l’enterrement du “front républicain”.

    De quoi décontenancer certains de leurs camarades... soucieux de ne pas être associés de trop près à ce genre de démonstration. “Ils ont l’habitude (...) et on peut leur reconnaître un certain talent”, s’amuse un député écolo bien que pas très fan de ce happening “un peu gênant” . “Le problème désormais c’est que toute la NUPES est associée à ça, sans distinction”, nous dit l’élu en parlant de “vision” différente du mandat de député.

    Des critiques stratégiques

    Une simple question de forme? Sans doute, sur ce point, mais les critiques perlent également sur le fond. Fabien Roussel, avant sa valse-hésitation sur la possibilité d’envoyer des communistes au gouvernement, n’a pas perdu de temps pour évoquer les “limites” de l’alliance des gauches.

    Celui qui a pris soin de s’afficher sur aucune des photos de famille de la NUPES pendant la campagne électorale a regretté, dès le soir du second tour, la stratégie de la Nouvelle Union, qui ne parle, selon lui, qu’à “une partie de la France, celle des villes et non celle de la ruralité”. “Ça n’a pas empêché non plus l’extrême droite de progresser fortement, et ça, ça m’interpelle, ça me questionne (...) On voit bien que nous avons atteint des limites dans ce que nous sommes en train de faire”, expliquait-il à ce moment-là.

    Surtout, le communiste, toujours prompt à faire entendre sa petite musique personnelle, n’est pas seul sur ce crédo. “Nous nous sommes entendus mais je constate qu’on n’a pas gagné les élections, donc ça veut dire qu’il faut travailler”, estime ainsi Boris Vallaud, le chef des socialistes à l’Assemblée, sur le site de 20 Minutes ce vendredi.

    Pour lui, la NUPES “doit continuer à bosser” sur “la question du décrochage économique et social des classes populaires rurales.” “Je suis d’accord avec ce que dit François Ruffin” sur ces enjeux, explique-t-il encore à propos des doutes émis par le député LFI un peu plus tôt.

    Le spectre de la dissolution

    L’élu de la Somme a déjà essayé d’orienter le débat sur l’avenir de la NUPES et sa stratégie électorale, trop tournée, selon lui, vers les urbains.  “C’est très bien d’avoir posé l’idée du troisième tour, d’une revanche sur Macron. Même si je ne pensais pas possible d’avoir une majorité”, expliquait ainsi le député-reporter dans un entretien fleuve dans les colonnes du Monde , le 22 juin dernier, en regrettant une forme “d’abandon” des “Frances périphériques, des “gilets jaunes” aux mains du Rassemblement national.

    “On ne doit pas devenir la gauche des métropoles contre la droite et l’extrême droite des bourgs et des champs, qu’on leur laisserait”, ajoutait celui qui exhorte son camp à “se retrousser les manches”, à se “concentrer sur la valeur travail”. Une forme de mise en garde... pour les prochaines échéances électorales? Elles pourraient venir plus tôt que prévu.

    Depuis les résultats des législatives, le spectre d’une dissolution pèse sur la scène politique. Agitée par Emmanuel Macron, quand il appelle ses députés à “ne pas avoir peur du risque ou du combat”, et rêvée par Jean-Luc Mélenchon pour rebattre les cartes, cette hypothèse en forme de terminus apparaît aujourd’hui comme le meilleur ciment de la NUPES. La gauche résisterait mal au déraillement de son alliance.

    À voir également sur Le HuffPost: Il n’y a que deux chefs d’opposition que Borne n’a pas cité et ça en dit long

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      Législatives 2022: Le PS lance une procédure d'exclusion contre 79 dissidents

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 13:37 · 3 minutes

    Le PS lance une procédure d'exclusion contre 79 dissidents aux législatives Le PS lance une procédure d'exclusion contre 79 dissidents aux législatives

    POLITIQUE - Règlement de compte dans le parti à la rose. Le PS a lancé une procédure d’exclusion de 79 dissidents, candidats ou suppléants aux législatives contre des candidats de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) , a-t-on appris ce jeudi 30 juin auprès de la direction du parti et de l’opposition interne.

    La décision a été prise lors d’un bureau national du Parti socialiste , mardi soir. La direction a demandé au bureau national de suspendre immédiatement 79 personnes, “avec saisine de la commission nationale des conflits, en vue de leur exclusion”, a indiqué la numéro deux du parti, Corinne Narassiguin.

    Le bureau national a voté pour cette suspension par 31 voix pour et 17 contre, a précisé Patrick Menucci, membre du courant minoritaire opposé à la direction du parti, dénonçant une “purge”.

    Parmi les dissidents se trouvent l’ancien ministre des Transports Frédéric Cuvillier, qui était suppléant d’une candidate dissidente du Pas-de-Calais, le député de l’Ariège Laurent Panifous, élu face au député sortant et candidat de la Nupes-LFI Michel Larive, le patron du PS en Ardèche Laurent Ughetto, mais aussi tous les dissidents de la Sarthe soutenus par le maire du Mans Stéphane Le Foll , ou encore ceux de l’Hérault soutenus par la présidente de la région Occitanie Carole Delga et le maire de Montpellier Michael Delafosse.

    Le secrétaire national, Olivier Faure, avait dit à plusieurs reprises que les socialistes ayant fait le choix de maintenir leur candidature contre l’accord de la NUPES s’excluaient “de fait” du parti.

    Le cas Hollande interroge

    “Le grand pardon n’est pas possible”, a fait valoir Corinne Narassiguin. “Il faut que le Parti socialiste reste crédible, et retrouve le sens de la règle et de la vie collective. Il faut qu’on ait des règles politiques claires en interne, mais aussi vis-à-vis de nos partenaires”, a-t-elle dit.

    Par ailleurs, “on réfléchit à ce qu’on fait par rapport aux soutiens” qui, comme Carole Delga, Bernard Cazeneuve ou l’ancien président François Hollande, se sont mobilisés pour les candidats dissidents, a ajouté Corinne Narassiguin. “On est dans une démarche où on veut parler avec eux”, “voir dans quel état d’esprit ils sont, pas déclencher une guerre interne”, ”ça n’a pas de sens d’envoyer un ancien président de la République devant la commission des conflits”, précise-t-elle, même si en interne, “certains nous reprochent d’être trop magnanimes”. Olivier Faure devrait rencontrer Carole Delga prochainement, a-t-elle indiqué.

    “Une commission d’enquête” devrait également être mise en place pour “regarder le cas des fédérations dont on nous a signalé qu’elles auraient financé des dissidents, c’est un cas de déloyauté au parti”, a ajouté Corinne Narassiguin.

    “Ils veulent montrer à Jean-Luc Mélenchon qu’ils sont capables de maîtriser leur opposition”, a estimé Patrick Menucci, pour qui la question des dissidents est une question “politique”, qui “aurait dû se régler lors du prochain congrès”, prévu en fin d’année. Il a souligné que si son courant minoritaire l’emportait lors du Congrès, toutes les exclusions seraient annulées.

    À voir également sur Le HuffPost: Quels sont les enjeux du vote de confiance auquel Elisabeth Borne hésite à se soumettre ?

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      PS, NUPES... Lionel Jospin fait la leçon après les législatives

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 29 June, 2022 - 14:01 · 2 minutes

    "Le PS doit se remettre au travail", les leçons de Lionel Jospin après les législatives

    POLITIQUE - “L’avenir du PS n’est pas joué”. L’ancien Premier ministre Lionel Jospin livre son analyse des dernières élections législatives dans les colonnes du Monde ce mercredi 29 juin. Le socialiste distille les bons et mauvais points à Emmanuel Macron , “très assuré de lui-même”, ou de l’union des gauches , formée à la hâte sous la coupe de la France insoumise.

    Malgré le score famélique d’ Anne Hidalgo à la dernière élection présidentielle, le socialiste veut croît en une renaissance de son camp. “Si les partis peuvent s’éteindre”, “le PS comme d’autres”, estime Lionel Jospin, ce dernier a plusieurs atouts pour résister. À condition de se retrousser les manches.

    “Pourquoi faudrait-il exclure que le socialisme, un courant de pensée enraciné (...) puisse survivre à tant de constructions politiques éphémères et renaître, même si l’élection présidentielle fut pour lui catastrophique?”, s’interroge-t-il, visiblement perplexe quant au poids que s’accorde la France insoumise , “son style enflammé et son parti pris de radicalité”, dans la gauche actuelle.

    Les 12 travaux du PS, façon Jospin

    Première condition au retour des roses sur le devant de la scène: éviter une guerre interne, entre les unionistes et les anti-NUPES. “Les premiers n’ont fait que sauver les meubles et les seconds peinaient à offrir une alternative”, commente Lionel Jospin qui met en garde contre tout triomphalisme et toute “querelle stérile” entre le courant incarné par Olivier Faure et ceux menés par Carole Delga ou Stéphane Le Foll.

    Ensuite, ils devront répondre à plusieurs contradictions estime l’ancien Premier ministre, façon “douze travaux des socialistes”. “Celle du contraste entre l’affaiblissement de (notre) formation nationale” et l’ancrage territorial de bon nombre d’élus de terrain en est une, tout comme le manque d’incarnation des idées socialistes pourtant toujours d’actualité. À savoir: “Justice sociale, libertés publiques, régulation économique, société ordonnée ou sauvegarde de la planète”.

    En d’autres termes: “Pour convaincre, le PS doit se remettre au travail”, estime-t-il, en direction, notamment des classes populaires, pour “revisiter les questions sociales sans être obnubilé par les questions sociétales” et ainsi retrouver leur attention.

    Les limites de la NUPES

    Dans cette même interview, Lionel Jospin tente également de dresser un premier bilan des résultats de la Nouvelle Union populaire, qu’il a soutenue, malgré une construction hâtive et des fondations forcément instables.

    “J’ai approuvé la démarche unitaire et j’ai ressenti qu’elle soulevait un espoir à gauche. Mais je suis resté lucide sur les accommodements auxquels nos négociateurs ont dû consentir”, explique encore le socialiste, sans en dire davantage sur le fond, mais en regrettant quelque peu “l’attitude hégémonique” de la France insoumise dans les tractations post-élection présidentielle.

    Une stratégie “qui ne prenait pas toujours en compte les implantations locales”, raconte encore l’ancien chef du gouvernement sous Jacques Chirac, estimant même qu’elle a “privé la NUPES d’un résultat global supérieur.”

    À voir également sur Le HuffPost: Élue au perchoir,Yaël Braun-Pivet livre un discours personnel et féministe

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      La gauche et la crise

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 27 June, 2022 - 12:09 · 4 minutes

    Jean-Christophe Cambadélis, ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, le 17 juillet 2017. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP) Jean-Christophe Cambadélis, ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, le 17 juillet 2017. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP)

    TRIBUNE - La crise politique qui couvait depuis bien longtemps vient d’éclater au grand jour.

    Le Parlement est introuvable et le fait présidentiel tout autant.

    La légitimité présidentielle se heurte à la légitimité parlementaire . Le pays est à la recherche d’une cohabitation qui se dérobe, car le président ne va pas renoncer à sa primauté et les groupes parlementaires à leur identité. D’autant que l’exécutif laisse planer l’arme de la dissuasion nucléaire: la dissolution .

    Le pays qui est entre colère et amertume a été jusqu’au bout du dégagisme après les partis qui structuraient le bipartisme. Il a dégagé du pouvoir absolu le parti qui s’y maintenait par le rejet des extrêmes: les Macronistes.

    Les Français n’ont pas voulu donner tout le pouvoir au président Macron, sans pour autant donner le pouvoir à Mélenchon. Et dans cet entre-deux refoulé, c’est l’extrême droite qui s’est faufilée.

    Le président est, tout à la fois, dans le déni et le calcul. Refusant de cohabiter au nom de son élection, il provoque l’Assemblée nationale pour reconstruire le fait présidentiel.

    Le pays, entre colère et amertume, a été jusqu’au bout du dégagisme. Il a dégagé du pouvoir absolu le parti qui s’y maintenait par le rejet des extrêmes: les Macronistes.

    Jean-Luc Mélenchon est, tout autant, dans le déni. Il n’a non seulement pas gagné, il n’est pas Premier ministre et la Nupes ne fait pas le score escompté.

    Le leader de la France insoumise cherche à surmonter cette déconvenue par un forcing présentiel; par la proposition de fusion des groupes ; par la présence au milieu des députés de la France insoumise; par l’annonce de la motion de censure; par sa prise de parole trois minutes après l’intervention au 20H du président de la République pour enjoindre la Première ministre de se soumettre à la question de confiance. Bref la tortue a mis le turbo!

    Mais cela ne change rien à l’affaire. La Nupes n’a pas gagné.

    Ne faut-il pas calmement se poser les bonnes questions: pourquoi la Nupes n’a pas gagné? Comment sortir le pays de la crise? Et enfin, comment reconstruire un espoir gagnant?

    La Nupes n’était pas une union de projet. Mais, dès le départ, pour le Parti socialiste, le Parti communiste et les écologistes, elle constituait un Cartel visant à sauver des sièges et des groupes, au regard de leurs scores, siphonnés par le vote utile pour Mélenchon.

    Ensuite, la radicalité à gauche, due à une subordination programmatique à la France insoumise, ne correspondait pas au moment politique où plus de 50% des Français s’abstenaient, où 70% n’étaient pas à gauche et où l’extrême droite était en dynamique dans les têtes et dans les urnes. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que la Nupes allait faire un bon premier tour et se heurterait au second à un “tout sauf Mélenchon”.

    Enfin, Jean-Luc Mélenchon a fait ce qu’il fait de mieux: être le leader populiste de gauche pensant mobiliser le peuple par une stratégie de rupture avec les élites.

    Cela n’a pas marché et ne pouvait pas marcher. Dommage, car une union plus respectueuse et plus responsable aurait pu, soit l’emporter, soit devenir leader du “camp” parlementaire face au défi de l’exécutif.

    Doit-on donc persévérer dans cette voie si on veut sortir le pays de la crise et gagner? Il faut rompre le lien de subordination à Jean-Luc Mélenchon et rebâtir une union praticable par toutes et tous.

    Le PS doit construire une nouvelle alliance à partir des écologistes et du PCF; puis négocier un contrat de législature avec LFI. (...) Ensuite, postuler au nom de cet ensemble renouvelé à la direction du pays.

    Mélenchon nous entraîne dans la confrontation avec Emmanuel Macron qui n’est pas le dernier à la souhaiter. Ce n’est pas l’opposition frontale qu’il faut construire mais l’alternative praticable, tout à la fois populaire et responsable.

    C’est ici que le Parti socialiste a un rôle majeur à jouer parce qu’il est décisif pour la Nupes mais aussi pour Emmanuel Macron. Il doit sortir du syndrome minoritaire où il s’est fourvoyé. Il est le second groupe au Sénat et dirige la majorité des collectivités locales à gauche. Il doit prendre acte que cette stratégie d’union n’a pas marché. Il doit avoir le courage de dire: “les solutions de la France insoumise ne permettent pas de sortir le pays de la crise et de gagner. L’unité doit être reformulée.”

    Il lui faut construire une nouvelle alliance à partir des écologistes et du PCF; puis négocier un contrat de législature avec la France insoumise en vue d’un gouvernement d’urgence sociale; ensuite, postuler au nom de cet ensemble renouvelé à la direction du pays tout en indiquant au président qu’il ne s’agit de collaborer sur la base de son projet mais agir en commun pour le bien de la France et des Français.

    Ainsi ENSEMBLE et donc au président devrons-nous répondre.

    Cette union refondée nécessite un Parti socialiste restauré: la restauration du PS passant par une attitude décomplexée vis-à-vis de la radicalité et sa mutation idéologique et politique en partie d’inspiration sociale-démocrate.

    À voir également sur Le HuffPost: Après les législatives, Emmanuel Macron défie les oppositions

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      Borne consulte les oppositions à la recherche d'un "accord de gouvernement"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 27 June, 2022 - 07:50 · 5 minutes

    Borne consulte les oppositions à la recherche d'un Borne consulte les oppositions à la recherche d'un "accord de gouvernement" (photo d'illustration prise le 23 juin 2022)

    POLITIQUE - Sonder si un “accord de gouvernement” est possible: la nouvelle mission confiée par Emmanuel Macron à Élisabeth Borne pour la semaine s’annonce ardue, certains dans la majorité n’y croyant pas et les oppositions ayant déjà refusé de servir de “béquille”.

    Le chef de l’État a confirmé samedi 25 juin sa “confiance” en la Première ministre “dans la durée”, malgré le risque de blocage post-législatives .

    Au retour du président français jeudi des sommets du G7 en Allemagne et de l’Otan en Espagne, Élisabeth Borne devra faire des propositions “pour une feuille de route” et “pour la composition d’un nouveau gouvernement d’action” qui sera mis en place “dans les premiers jours du mois de juillet”, a indiqué Emmanuel Macron dans un entretien accordé samedi à l’AFP .

    D’ici là, elle consultera de nouveau les groupes parlementaires à partir de lundi, notamment sur un possible “accord de gouvernement” - voire leur participation à un gouvernement - ainsi que sur le vote des prochains textes de loi.

    À gauche et à droite, peu d’ouverture

    Mais chez Les Républicains, principale formation vers laquelle semble se tourner le président , le nouveau patron des députés Olivier Marleix refuse “de servir de béquille au pouvoir”. “Nous voulons être utiles aux Français” et “c’est ce qui nous animera lors de l’examen de chacun des textes”, a-t-il répété au Journal du dimanche .

    Côté PS, la députée Valérie Rabault a estimé ce lundi 27 juin qu’il était “impossible” de négocier une coalition en deux jours, comme le demande selon elle Emmanuel Macron, et a assuré que son parti ne participerait pas au gouvernement mais regarderait les textes “de manière pragmatique”. “Nous avons une position très claire, nous avons toujours dit que nous étions dans l’opposition et que nous ne participerions pas à un gouvernement”, a-t-elle insisté.

    Même son de cloche chez les écologistes. Évoquant une conversation de “20 minutes” avec Élisabeth Borne vendredi, Julien Bayou a estimé sur LCI ce lundi qu’“il n’y a rien, dans ce que nous nous sommes, qui peut laisser supposer qu’on puisse participer à une coalition”. Tout en se disant prêt à discuter de nouveau, le patron d’EELV juge que les consultations de la Première ministre relèvent “du théâtre”. “Si le gouvernement affiche une ambition sur le climat, on avancera, mais j’en doute”, ajoute-t-il. Sophie Taillé-Polian, vice-présidente des députés écologistes, assure aussi que ”évidemment non”, son groupe ne rejoindra pas la majorité présidentielle.

    Même au sein du camp présidentiel, certains sont sceptiques. Le patron du MoDem François Bayrou ne pense pas que des “accords d’appareil” ou une “coalition” soient possibles avec des oppositions. “Peut-être le sens de la persuasion va faire bouger les choses...” Mais le dirigeant centriste croit plutôt ”à un gouvernement des bonnes volontés et aux majorités d’idées”.

    Borne a “une marge de manoeuvre assez étroite”

    “Confiant mais pas optimiste”, le député LREM Gilles Le Gendre constate aussi que “manifestement les forces politiques de gouvernement ne sont pas prêtes à la grande coalition telle que nous pourrions la rêver sur un modèle à l’allemande”. Cependant, “il y a des personnalités qui ont exprimé le désir de travailler” avec la majorité.

    Élisabeth Borne a “une marge de manœuvre assez étroite”, note également sur FranceInfo Marc Lazar, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po. Car “ce n’est pas l’intérêt des partis qui viennent d’être élus” de passer un accord, cela risque “de les diviser profondément”. Le chercheur souligne aussi le laps de temps très restreint accordé à la cheffe de gouvernement, alors que “dans tous les autres pays européens, quand on s’engage dans des contrats de gouvernement, ça peut durer des mois”.

    Du côté de l’Élysée, on espère cette semaine des “clarifications” puisqu’au sein des oppositions il y a “des voix dissonantes”, certains étant “fermés” quand d’autres montrent “une disponibilité”.

    Ni NUPES ni RN

    Avec 245 députés, Emmanuel Macron a obtenu la majorité relative la plus basse de l’histoire de la Ve République. Mais des parlementaires sont décrochés un à un, et Élisabeth Borne comptait jeudi 252 députés, à 37 voix de la majorité absolue.

    Pour l’insoumis Éric Coquerel, le président “fait mine de maîtriser la situation”. “Jupiter patauge”, renchérit François Ruffin. Leur formation, tout comme le Rassemblement national, est exclue par le chef de l’État de tout projet de coalition car ils “ne s’inscrivent pas comme des partis de gouvernement”. Le numéro 2 de LFI Adrien Quatennens a confirmé dimanche qu’il n’y avait “pas d’arrangement possible” avec un gouvernement d’Emmanuel Macron. Et “pas de risque” à ses yeux d’un éclatement de l’alliance de gauche Nupes sur la question.

    Néanmoins Fabien Roussel, patron des communistes, fait planer le doute: “Nous soutiendrons tout ce qui va dans le sens de la défense du pouvoir d’achat des Français” mais, a-t-il prévenu sur LCI, “nous ne pourrons pas participer à un gouvernement qui prévoit d’allonger l’âge de départ à la retraite”. Ceux de l’alliance qui rejoindraient le gouvernement seraient dans une “mésaventure individuelle”, selon l’insoumise Clémentine Autain.

    La Nupes s’apprête à déposer “une grande loi d’urgence sociale” et les députés LR vont également mettre sur la table des propositions sur le pouvoir d’achat. Le texte gouvernemental en préparation propose la hausse de 4% d’une série de prestations sociales.

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    Un an après leur élection à l’Assemblée, plusieurs députés UDI-Agir, accompagnés par ceux de la France insoumise (LFI), avaient en effet repris les propositions du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes pour faire de la Constitution un texte garant “de l’égalité femmes-hommes”. La majorité avait, alors, refusé.">
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      La justice donne raison au PS et valide l'accord avec la Nupes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 10 June, 2022 - 15:47 · 3 minutes

    Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure photographiés ensemble à Caen (illustration) Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure photographiés ensemble à Caen (illustration)

    POLITIQUE - Bonne nouvelle pour la gauche unie. La justice a validé ce vendredi 10 juin en appel l’accord conclu entre le PS et la Nouvelle alliance de la gauche ( Nupes ), infirmant la décision du juge des référés de Créteil qui avait jugé que le PS n’avait pas respecté les statuts du parti pour conclure cet accord.

    Saisi par quatre adhérents, le juge des référés avait considéré que l’accord de la Nupes, conclu par le PS le 6 mai avec LFI, EELV et le PCF, aurait “dû faire l’objet d’une convention nationale”, et avait enjoint au PS d’en organiser une sous trente jours. Il lui interdisait dans cette attente de “se prévaloir de l’accord”. Après cette décision, tombée mardi soir, le PS avait fait appel, passé en procédure d’urgence jeudi.

    “Polémiques inutiles”

    Dans la décision rendue ce vendredi après-midi, dont l’AFP a eu copie, la cour d’appel a jugé que “la violation manifeste des statuts n’est pas établie”, ni “le trouble manifestement illicite”, et “infirme” l’ordonnance du juge des référés.

    “La consultation des fédérations et la ratification par une convention nationale ne constituent pas une condition de validité de l’accord en cause”, considère la cour, qui relève aussi que “s’agissant d’élections législatives, l’échelon de désignation est soit la convention nationale soit le bureau national”.

    “C’est une bonne nouvelle que les choses soient clarifiées”, s’est félicitée la numéro 2 du PS Corinne Narassiguin auprès de l’AFP, regrettant que la procédure intentée ait “jeté le trouble sur l’accord Nupes”, à quelques jours des élections législatives des 12 et 19 juin.

    L’objectif des requérants était “bien de délégitimer l’accord et de protéger les candidats dissidents” opposés à l’union avec LFI et les autres partis pour les législatives, a-t-elle souligné. “Mais l’accord est pleinement légitime et ça permet de mettre fin à des polémiques inutiles”, a ajouté Corinne Narassiguin.

    “La cour a reconnu ce qui était pour nous une évidence: le Parti socialiste a respecté ses statuts et l’accord Nupes est bien valide aux yeux de la justice”, a confirmé Me Cosima Ouhioun, avocate du PS.

    La direction du PS avait notamment argumenté en première instance qu’il était difficile de mettre en place une convention nationale pour valider l’accord, si peu de temps avant les législatives, en raison du temps nécessaire pour voter préalablement dans les sections, puis les fédérations, pour désigner les délégués de la convention nationale. De même, si la cour d’appel avait confirmé le jugement de première instance, cette convention n’aurait pu avoir lieu qu’après les législatives.

    Pour les requérants, il s’agissait de pouvoir faire valider la stratégie de la direction par les militants. Mais la direction rappelle qu’il y a de toute façon un Congrès du PS prévu en fin d’année. Les requérants, quatre adhérents non candidats aux législatives et qui n’ont pas de responsabilités dans les instances du PS, avaient aussi demandé l’interdiction de se prévaloir de la Nupes pour empêcher l’exclusion de membres du PS se présentant hors investiture Nupes. Une soixantaine de personnes se trouvent dans cette situation, comme le montre la carte ci-dessous.

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