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      Netflix crée la polémique avec de fausses photos IA dans un docu true crime

      news.movim.eu / Korben · Monday, 15 April - 08:16 · 2 minutes

    Netflix a encore frappé, mais cette fois, ce n’est pas pour une nouvelle série addictive. Non, ils ont carrément utilisé des photos générées par IA dans leur dernier documentaire true crime « What Jennifer Did » (« Les Vérités de Jennifer », en français). Et autant vous dire que ça fait jaser sur la Toile !

    Le docu retrace l’affaire sordide d’un meurtre commandité qui a eu lieu au Canada en 2010. Jennifer Pan, une ado en apparence sans histoires, a en fait orchestré l’assassinat de sa mère. Brrr, ça donne froid dans le dos ! Mais le plus fou, c’est que pour illustrer à quel point Jennifer était « pétillante, heureuse et pleine d’assurance » selon les mots d’une amie, Netflix a balancé des photos qui ont tous les codes des images générées par une IA. On parle de mains difformes , de visages déformés et même une dent de devant anormalement longue . Sympa le portrait !

    Ça soulève pas mal de questions éthiques d’utiliser l’IA pour représenter une vraie personne, qui plus est dans une affaire criminelle. D’accord, Jennifer croupit en taule jusqu’en 2040 au moins, mais quand même, c’est glauque de tripatouiller la réalité comme ça. Surtout que bon, on n’est pas dans une fiction là, mais dans un fait divers bien réel et tragique.

    On a déjà vu des séries utiliser l’IA pour générer des éléments de décor random, genre des affiches chelous dans True Detective . Mais là, on passe un cap en traficotant des photos d’une personne qui existe. Perso, ça me fait penser à ces deepfakes de célébrités qui pullulent sur internet alors si même les docs se mettent à nous enfumer avec de fausses images, où va-t-on ?

    Netflix se défendent en disant que pour des raisons légales, ils ne pouvaient pas utiliser de vraies photos de Jennifer. Ok, mais ils auraient pu flouter son visage ou juste ne pas mettre de photos.

    En tous cas, ça promet de sacrés débats sur l’utilisation de l’IA dans les médias. Jusqu’où peut-on aller pour illustrer une histoire vraie ? Est-ce qu’on a le droit de « créer » des images de personnes réelles dans ce contexte ? Autant de questions épineuses qui divisent.

    La technologie utilisée par Netflix est probablement une forme de réseaux antagonistes génératifs (GAN) ou de deepfake . Ces technologies utilisent l’ intelligence artificielle pour créer des images ou vidéos réalistes en apprenant des motifs à partir de données existantes. Les GAN sont composés de deux réseaux de neurones : un générateur qui crée les images, et un discriminateur qui essaie de distinguer les images générées des vraies. Au fil du temps, le générateur s’améliore pour créer des images ultra-réalistes, indiscernables de photos authentiques.

    Mais l’usage de ces technologies soulève d’importantes questions éthiques , car elles peuvent servir à manipuler la perception de la réalité. Et dans le cas des Vérités de Jennifer, cela pourrait induire les spectateurs en erreur.

    On verra si ça se généralise ou si Netflix saura en tirer des leçons.

    Source

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      Haters gonna hate – Inoxtag met une claque aux rabat-joie de l’Everest

      news.movim.eu / Korben · Thursday, 11 April - 14:00 · 4 minutes

    Je viens de tomber sur une vidéo de BFM TV qui m’a bien fait marrer dans laquelle les journalistes parlent de l’ascension du Youtubeur Inoxtag sur le mont Everest. Le gars a 22 ans, il est parisien et y’a un an, il s’est lancé le défi de monter tout là haut. Et au moment où j’écris ces lignes, il y est.

    Je suis pas abonné à sa chaîne, et je ne le connais pas, mais quand je tombe sur un bout de vidéo de lui sur les réseaux, j’éprouve direct de la sympathie, car je le trouve joyeux, positif, feel good comme on dit :). Ce que j’aime, c’est sa motivation et son optimisme à toute épreuve.

    Du coup, je suis ça de loin et j’espère vraiment qu’il va y arriver, qu’il n’aura pas de problème là-bas… etc. Perso, je trouve que c’est un super challenge qui de l’extérieur donne l’impression que c’est une mission suicide, mais comme le gars s’est quand même bien entraîné avant, qu’il s’est bien entouré, qu’il est intelligent et surtout motivé comme jamais et poussé par sa communauté, je pense qu’il a toutes les chances de son côté pour réussir.

    Du coup, ça me fait bien marrer de voir les vieux grigous, des « professionnels de la profession » de la Montagne ça vous gagne, qui passent sur BFM TV pour expliquer aux autres vieux grigous qui regardent cette chaîne, que ce projet d’Inox c’est de la merde.

    Alors si on n’a pas trop de cerveau, on pourrait les écouter et se dire : « Mais ils ont l’expérience, ils ont raison, faut respecter la Nature sauvage, ça ne se fait pas comme ça et bla bla bla bla… «

    Mais leurs arguments sont tout pétés et laissent transparaître leur seum. Ils disent par exemple que son ascension ne respecte pas « l’esprit et les valeurs de l’alpinisme « , que c’est devenu un « truc à cocher « … Y’en a même un qui dit carrément que c’est « violer l’Everest « . Bah putain…

    Perso, je crois que « l’esprit et les valeurs de l’alpinisme » ont déjà été bafoués depuis longtemps par la surcommercialisation et la surfréquentation de l’Everest à laquelle ils participent depuis des années. Et si on réfléchit un peu, on se rend compte que si l’Everest pue littéralement la merde, c’est quand même à cause de tous ces soi-disant « professionnels » qui durant des années en ont fait leur précarré, allant chier dans tous les coins, laissant leurs ordures sur place, exploitant les locaux jusqu’au péril de leur vie… Ce sont eux-mêmes qui ont dégradé la montagne pendant toutes ces années et Inoxtag ne fait que suivre la tendance qu’ils ont initiée.

    Après, faut reconnaître qu’il y a quand même des mecs sérieux et respectueux dans le lot, faut pas généraliser non plus. Mais ça n’enlève rien au ridicule de la situation. Il suffit qu’une seule fois, un noob débarque et se dise : « Azy moi je le fais « , pour que tout ce qui a été dégradé avant soit de sa faute. C’est pathétique, j’ai jamais vu ça.

    Ce qui leur fout les boules, je pense, c’est surtout qu’un gamin venant d’un univers qui leur est totalement étranger (Internet / Youtube), vienne marcher sur leurs plates-bandes et les ridiculiser avec seulement 1 an d’entraînement dans les pattes, eux, les vieux briscards, les experts, les « professionnels ».

    Et le pire dans tout ça, c’est qu’ils passent à côté de l’essentiel. Parce que l’ascension d’Inox, qu’elle réussisse ou non, elle aura au moins le mérite de rajeunir l’image de la montagne et d’intéresser un nouveau public à l’alpinisme. C’est plutôt une bonne nouvelle pour leur discipline, ils devraient être contents. Mais non, ils préfèrent jouer les vieux cons et chouiner dans les médias.

    Perso, ça m’énerve autant que ça me fait marrer .

    Donc pour ça, je dis merci Inox, et je croise très fort les doigts pour qu’il atteigne son objectif en toute sécurité. Et qui sait, peut-être que son ascension va finir par faire bouger les lignes et enclencher une prise de conscience chez tous ces dinosaures de la montagne.

    Il serait temps que les mentalités et les pratiques évoluent un peu là-haut, pour plus de respect de l’environnement et des populations locales.

    Ce serait ça, la vraie victoire d’Inoxtag.

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      Violence et polémique sur les réseaux sociaux ont tué l’art de la nuance - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 6 July, 2022 - 08:29 · 3 minutes

    Mise à mort verbale en un temps record, seules les insultes ont droit de vie. Mise à mort verbale en un temps record, seules les insultes ont droit de vie.

    RÉSEAUX SOCIAUX - Dans un monde où prévaut la dictature de l’émotion, il faut aller toujours plus vite pour marquer les esprits. Halte à la nuance qui nous permet de conserver un semblant de politesse, un principe de précaution naturel… il faut taper vite et fort sans aucune vérification préalable et sans imaginer une seconde que nous ne puissions être légitimes à prendre la parole sur tous les sujets .

    Une guerre des mots

    Sur les réseaux sociaux, caché derrière un pseudo, on peut tout s’autoriser, retirer le filtre de la bienséance qui prédomine en société pour laisser place au pire de nous-mêmes. Indignations et invectives, plus le contenu est chargé émotionnellement, plus il aura des chances d’être partagé. Or, que vaut un tweet, s’il n’est pas partagé? Pas grand-chose, puisque sa valeur marchande réside dans sa viralité. Les réseaux sont sans visage. Or sans altérité, pas de prise de conscience de l’émotion face à un tweet. La polémique est devenue une guerre, celle des mots dont on refuse de prendre conscience, celle du mépris constant.

    Polémique vient du grec ancien polemikos qui signifie “relatif à la guerre”. Une polémique est une violence métaphorique, une bataille des mots. Ce terme fait partie de cette catégorie de mots que l’on retrouve dans le champ sémantique de la guerre que ce soit la joute oratoire, le débat ou bien encore la dispute. Nous sommes entrés en lutte armée. La plume blesse, elle écorche, elle implique un autre, car il faut qu’il y ait, en toile de fond, affrontement avec un système permettant que soit définis préalablement le terrain, les armes et les règles. Polémiquer, c’est essayer de falsifier la parole de l’autre en énonçant une formule a contrario de celle initialement posée. Il y a ainsi préalablement l’écoute d’une information admise qui sera par la suite réfutée dans un contexte de passion, voire de violence . Préférer le terme polémique à celui de débat, par exemple, donne d’ores et déjà la teneur de l’échange. Le contenu qui en découle discrédite automatiquement l’adversaire, renvoyant presque à l’attaque personnelle. Les superlatifs sont donc de mise, frisant l’injure, forme extrême de la radicalité alors même que le débat doit se poursuivre.

    Refaire de la nuance une priorité

    Au regard des réactions sur les réseaux et de la violence de leur contenu, peut-on encore parler de polémique? Mise à mort verbale en un temps record, seules les insultes ont droit de vie. Nous sommes loin de ce qu’Héraclite appelait polemos et que l’on peut définir comme le conflit des contraires qui s’appartiennent mutuellement. Nous sommes pris dans des rapports de force, des positions de combat. Or la politique amène, par sa nature même, à oublier la lucidité froide et objective, voire l’interrogation nécessaires à la polémique, au profit de slogans. Faut-il pour autant s’extraire totalement de la politique pour toucher l’art de la polémique? Si la nuance reste une priorité, il est tout à fait envisageable de penser la polémique comme le pendant de la nuance, une coexistence nécessaire de tension mutuelle dans la formulation des opinions.

    Sur les réseaux sociaux, caché derrière un pseudo, on peut tout s’autoriser, retirer le filtre de la bienséance qui prédomine en société pour laisser place au pire de nous-mêmes.

    Ainsi, si l’on peut regretter les punchlines perpétuelles et l’émotion injectées dans le débat d’idées, la polémique est nécessaire pour alimenter des discours de combat. Pour autant, les règles du jeu semblent aujourd’hui compromises pour les réseaux sociaux mettant à mal le consensus, pourtant nécessaire à la vie en société. Chateaubriand nous poussait déjà à être ″économe de notre mépris, car il y a beaucoup de nécessiteux” . Ainsi, nous pouvons décider que la nuance sera notre priorité.

    Vous pouvez télécharger la version 2021 de l’ouvrage Un bien grand mot de Delphine Jouenne ici .

    À voir également sur Le HuffPost: Lizzo en larmes devant la vague de propos grossophobes contre elle et son dernier clip

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      Au Texas, ces profs ne veulent plus parler "d'esclavage" mais de "relocalisation" et sucitent un tollé

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 1 July, 2022 - 10:30 · 3 minutes

    Des professeurs du Texas veulent requalifier l'esclavage et l'appeler Des professeurs du Texas veulent requalifier l'esclavage et l'appeler "le relocalisation involontaire".

    ÉTATS-UNIS - De quoi susciter énormément de colère.Certains professeurs texans ont proposé de parler de “relocalisation involotaire” plutôt que d’esclavage dans les programmes scolaires, pour nommer l’arrivée forcée des Africains aux États-Unis entre le XVII et le XIXe siècle, a rapporté jeudi 30 juin le journal Texas Tribune .

    Actuellement, l’esclavage n’est pas abordé en “second grade”, l’équivalent du CE1. Le Texas State Board of Education, l’instance qui s’occupe notamment des programmes scolaires, a fait appel à des groupes de travail pour réfléchir à introduire cette notion. L’un d’eux, composé de neuf personnes, a donc proposé de “comparer les voyages vers l’Amérique, notamment l’immigration irlandaise volontaire et la relocalisation involontaire du peuple africain pendant la colonisation”, selon un brouillon obtenu par le Texas Tribune.

    La proposition et surtout les termes employés ont déclenché la colère du sénateur démocrate connu pour son engagement contre les armes à feu Chris Murphy. “Les républicains refusent désormais d’utiliser le mot ‘esclavage’”, a-t-il dénoncé. Des dizaines d’autres internautes ont exprimé leur incompréhension sur Twitter.

    “Un groupe d’éducateurs du Texas a proposé de qualifier l’esclavage de “déplacement involontaire”. La prochaine étape! Fusillades de masse: élimination imprudente des munitions. La faim dans le monde: régime involontaire. Changement climatique: changements saisonniers. Pandémie de COVID: une blessure dans la chair. Pauvreté: impuissance apprise”

    “La dé-éducation systématique des Américains...”

    “Le conseil a à l’unanimité demandé au groupe de travail de revoir l’expression utilisée”, a déclaré Keven Ellis, à la tête du Texas State Board of Education dans un communiqué. Aicha Davis, démocrate membre du conseil, a également déclaré au quotidien local: “Je ne sais pas quelle était leur intention, mais ça ne va pas être acceptable.”

    Offensive conservatrice dans les écoles, et ailleurs

    Le Texas s’était déjà fait remarquer en 2015 après avoir approuvé le mot “travailleurs” dans un livre d’école pour parler des esclaves africains. Il y a quelques mois, les professeurs d’un district de l’État avaient aussi été appelés à enseigner “les deux versions de l’histoire de l’Holocauste”, ce qui avait fait scandale.

    Comme le rappelle AP, l’éducation publique est devenue un enjeu politique au Texas, avec d’un côté des législateurs qui votent des textes afin de décider comment parler de race et d’esclavage, et de l’autre des élections dans les schools boards qui sont financées par de riches groupes conservateurs.

    Outre l’école, la droite tente investir un autre champ, celui de la vie privée. D’après le Washington Post , après l’annulation de la protection de l’avortement au niveau fédéral, le très conservateur procureur général du Texas a indiqué être favorable à l’interdiction de la sodomie dépénalisée en 2003.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Une gigantesque statue symbole du passé esclavagiste déboulonnée aux Etats-Unis

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      "La Joconde" attaquée par un visiteur du musée du Louvre

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 30 May, 2022 - 08:33 · 2 minutes

    ART - C’était moins une. Ce dimanche 29 mai, un visiteur du musée du Louvre , portant une perruque et déambulant dans le lieu en fauteuil roulant, a voulu s’en prendre à La Joconde , mais s’est heurté à un problème de taille: la vitre de protection du tableau.

    D’après le quotidien espagnol El Pais , le visiteur en question a lancé une tarte à crème sur la peinture, protégée par la fameuse vitre qu’il aurait en premier lieu essayé de briser. Il aurait ensuite dispersé des roses avant d’être intercepté par les agents de sécurité, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article .

    “Il y a des gens qui sont en train de détruire la Terre. Pensez-y. Les artistes, pensez à la Terre. C’est pour ça que j’ai fait ça”, entend-on l’entarteur clamer face caméra, dans une vidéo partagée par un internaute et prise au moment où il se faisait interpeller.

    Une vidéo du même internaute montre un des agents de sécurité en train d’essayer de nettoyer la vitre recouverte de crème.

    Ce n’est pas la première fois que La Joconde est attaquée. En 1956, déjà, un homme lui avait jeté de l’acide, endommageant la partie inférieure du tableau de De Vinci. La même année, un peintre bolivien avait jeté une pierre sur elle. En 1974, alors que la peinture était exposée temporairement au Japon, une visiteuse a utilisé un spray rouge sur elle, ce qui ne l’a a priori pas détériorée. Et en 2009, un homme a fait voler en éclat la vitre qui la protège en lui lançant une tasse de thé.

    L’identité de l’homme qui a attaqué, ce dimanche, La Joconde pour des raisons militantes (c’est en tout cas ce qu’il a évoqué) n’a pas été révélée. Le musée du Louvre n’a, quant à lui, pas encore réagi publiquement.

    À voir également sur Le HuffPost : Seul Léonard de Vinci pouvait réconcilier la France et l’Italie

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      "Les crimes du futur" de David Cronenberg est-il vraiment le film à scandale qu'on imaginait?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 25 May, 2022 - 05:30 · 5 minutes

    FESTIVAL DE CANNES - À chaque Festival de Cannes, son film scandale. Alors, depuis l’annonce de la sélection de cette 75e édition , beaucoup misaient sur le retour du cinéaste David Cronenberg pour marquer les esprits. Son thriller gore Les crimes du futur a été présenté en compétition ce lundi, et sort au cinéma ce mercredi 25 mai. Mais est-il aussi choc qu’on l’attendait?

    Le film, dans un futur indéterminé “post-catastrophe”, un monde en ruine où la douleur a été abolie, met en scène l’acteur fétiche du réalisateur, Viggo Mortensen ( A History of Violence , 2005; Les Promesses de l’ombre ; 2007, A Dangerous Method , 2011). Cette fois dans la peau de Saul, un artiste performeur très particulier.

    Ses créations? Des tatouages réalisés à vif sur ses organes internes, au cours d’opérations chirurgicales menées en public. Mot d’ordre: “la chirurgie, c’est le nouveau sexe”. Le scalpel est manié par Caprice, interprétée par une Léa Seydoux au visage de cire, tandis qu’un nébuleux service de police, le Bureau du Registre National des Organes, représenté par Kristen Stewart , les surveille à distance.

    “Je suis sûr que des gens quitteront la salle dans les cinq premières minutes du film. J’en suis sûr. Certains ont vu le film et pensent que les vingt dernières minutes seront très dures, et que des gens partiront. Un mec a dit qu’il avait presque fait une crise de panique”, promettait David Cronenberg lui-même dans une interview à Deadline .

    “Pas aussi dégoûtant qu’on nous l’avait vendu”

    Pourtant en lisant les avis des festivaliers qui ont vu le film (nous n’en faisons malheureusement pas partie), il semble que le scandale attendu n’est pas tout à fait là. Ni huées, ni malaises, ni désertions massives dans les salles du Palais des Festival. “ Les Crimes du futur de Cronenberg n’est pas le choc annoncé”, titre le média en ligne Slate . Il n’est “de loin pas aussi dégoûtant qu’on nous l’avait vendu, mais tellement plus doux qu’attendu”, commente un journaliste du site spécialisé IndieWire . Et un critique de La Tribune de Genève qui se dit “très fan” de résumer: “Il n’y aura pas scandale, mais juste déroute”.

    Interrogé par Le HuffPost , l’écrivain et spécialiste de cinéma Guillaume Evin avance que souvent les films trop “calibrés” comme scandaleux peuvent “faire flop”. “L es plus gros scandales sont en fait ceux auxquels on ne s’attendait pas”, explique celui qui vient de publier l’ouvrage C’est un scandale: Ces films qui ont choqué leur époque .

    Un film à scandale, c’est “un produit artistique hautement inflammable qui vient percuter l’opinion publique qui le reçoit. Et cette confrontation jaillit la controverse”, décrit l’auteur. Et il se pourrait bien que pour Les crimes du futur de David Cronenberg, la controverse ne jaillisse pas cette fois.

    C’est pourtant au cinéaste canadien de bientôt 80 ans qu’on doit l’un des films choc de l’histoire du Festival de Cannes. En 1996, les protagonistes de Crash , “bardés de cicatrices et harnachés de prothèses métalliques”, assouvissent leurs pulsions sexuelles “au milieu des tôles froissées et des chairs déchiquetées” d’accidents de voiture.

    “On n’avait encore jamais vu ça sur la Croisette... Les ‘anciens’ sont au bord de la nausée quand les ‘modernes’ ne jurent que par l’audace et la nouveauté. Les huées répondent aux applaudissements”, rappelle Guillaume Evin dans son livre. David Cronenberg en repartira avec le prix spécial du jury. Et 25 ans plus tard, Julia Ducournau le cite comme une source d’inspiration pour Titane , lauréat de la Palme d’or 2021.

    “Les gens avaient été complètement surpris par son concept de l’homme-machine. Son œuvre était atypique, profondément dérangeante mais tout à fait surprenante”, évoque le spécialiste qui rappelle que la notion de scandale fluctue beaucoup selon l’époque . “26 ans plus tard, c’est largement digéré et peut-être que les spectateurs attendent autre chose.”

    75 ans de scandales

    La liste des “films à scandale” qui ont marqué les 75 ans d’histoire du Festival de Cannes est déjà bien longue. On pourrait citer Irréversible de Gaspard Noé (2002), La vie d’Adèle (2013) et plus tard Mektoub my love: Intermezzo (2019) d’Abdellatif Kechiche ou Antichrist (2009) de Lars Von Trier. Sans oublier de remonter au plus retentissant d’entre eux: La grande bouffe , de Marco Ferreri.

    En 1973, le cinéaste italien filme quatre quadras, rejoint par des prostituées, décident de s’enfermer dans une villa pour “se livrer à une sorte de suicide collectif en mangeant jusqu’à ce que mort s’ensuive” dans des monticules de vomis et d’excréments. “Le Festival a connu sa journée la plus dégradante et la France, sa plus grande humiliation”, assure un critique sur les ondes d’Europe 1. Tandis que les acteurs (parmi lesquels Marcello Mastroianni, Michel Piccoli ou Andréa Férréol) seront sifflés, hués et même insultés aux abords des marches.

    “Les années 1960 et 1970 étaient fortement idéologisées et prenaient à bras le corps les questions sociétales. C’est l’âge d’or des films à scandale”, souffle Guillaume Evin. Quand aujourd’hui une “forme d’autocensure des producteurs, réalisateurs, scénaristes” liée au modèle de financement des films aurait réduit le champ des possibles.

    Si Les crimes du futur de David Cronenberg n’a pas été le scandale du Festival de Cannes que beaucoup imaginait, le sera-t-il auprès du grand public? Réponse dans les jours qui viennent auprès de ceux qui oseront s’aventurer dans les salles obscures.

    À voir également sur Le HuffPost: “Trop tôt” ou “le bon moment”? À Cannes, les avis divergent sur le timing de ce film sur le 13-Novembre