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      Quatre ans après l'effondrement du pont de Gênes, enfin l'heure du procès pour les victimes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 5 July, 2022 - 06:09 · 3 minutes

    L'effondrement du pont de Gênes, le 14 août 2018, a coûté la vie à 43 personnes. L'effondrement du pont de Gênes, le 14 août 2018, a coûté la vie à 43 personnes.

    ITALIE - Quatre ans après l’effondrement du pont de Gênes , qui a coûté la vie à 43 personnes le 14 août 2018 , 59 personne seront jugées à partir de ce jeudi 7 juillet. Du côté des familles des victimes, la douleur encore vive se mêle à l’anxiété à l’approche du rendez-vous judiciaire.

    Le 14 août 2018, sous une pluie torrentielle, le pont autoroutier Morandi , un axe essentiel pour les trajets locaux et internationaux, s’est effondré, entraînant dans sa chute des dizaines de véhicules et leurs passagers.

    “C’est une tristesse infinie mais il ne faut pas baisser la garde car, en Italie, les procès sont longs et malheureusement souvent avec des issues défavorables aux victimes”, résume Egle Possetti, présidente du Comité des proches des victimes du pont Morandi.

    Des infrastructures en mauvais état

    Sa voix se brise quand elle évoque le souvenir de sa sœur Claudia, de son neveu Manuele, 16 ans, de sa nièce Camilla, 12 ans, et de son beau-frère Andrea. “Ma sœur était si heureuse, elle s’était mariée avec Andrea quelques jours avant le drame, ils étaient tout juste de retour de leur voyage de lune de miel aux États-Unis”, raconte Egle Possetti.

    Cette tragédie a braqué les projecteurs sur le mauvais état des infrastructures de transport en Italie et le rôle trouble de la société Autostrade per l’Italia (Aspi), accusée de ne pas avoir entretenu l’ouvrage d’art, au détriment de la sécurité.

    Aspi appartenait à l’époque au groupe Atlantia, contrôlé par la richissime famille Benetton dont l’image a été sérieusement ternie en Italie. Sous la pression, les Benetton ont fini par céder leur part à l’État, encaissant en mai 8 milliards d’euros. “Nous aurions dû présenter nos excuses immédiatement” après la tragédie, a reconnu en janvier Alessandro Benetton, nouveau président de la holding familiale.

    De son côté, Egle Possetti, qui est suivie par une psychologue depuis le drame, dit s’être “sentie abandonnée dès le premier jour”. “Pendant des mois nous n’avons eu de nouvelles de personne”, regrette-t-elle. “Ils m’ont proposé de l’argent mais ça ne m’a pas intéressée car je ne voulais pas perdre la possibilité de me constituer partie civile”, explique cette quinquagénaire, les cheveux noirs tirés en arrière.

    “Je préfère aller de l’avant dans la vie”

    Giorgio Robbiano, 45 ans, ressent “le besoin de justice, de savoir que quelqu’un est coupable de la mort de mon frère, de mon neveu, de ma belle-sœur et de tant d’autres, et répondra de ses actes”. Son frère Roberto avait emprunté le pont avec sa femme Ersilia et leur fils Samuele, 8 ans, pour se rendre dans la maison de leur père à Gênes et y fêter son anniversaire, avec deux jours d’avance. Pour Giorgio, “ils sont morts en raison d’un pont qui n’a jamais été entretenu, sur lequel des gens spéculaient pour économiser des coûts de maintenance et faire des profits”.

    “Ce qui me restera en mémoire pour toujours, ce sont les cris stridents de dessous les décombres des gens criant à l’aide, les voitures totalement aplaties qui y flottaient et les corps de ceux qui ont perdu la vie”, témoigne Federico Romeo, 30 ans, maire de la zone nord de Gênes.

    Davide Capello, 37 ans, fait partie des rares survivants de l’effondrement du viaduc de Gênes. Après une chute vertigineuse d’une quarantaine de mètres dans sa Volkswagen Tiguan blanche, dont le choc a été amorti par des tonnes de débris, Davide est sorti quasiment indemne du drame, à part des douleurs au dos et à l’épaule “qui reviennent de temps en temps”.

    Hospitalisé pendant quelques jours et longtemps sous le choc, le trentenaire a repris peu à peu son travail de pompier et s’est remis à conduire. Mais il lui aura fallu plus d’un an avant d’emprunter le nouveau pont, inauguré en août 2020. Il n’assistera pas au procès. “Je préfère aller de l’avant dans la vie”, explique Davide.

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