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      « Allô Paris ? Ici Moscou » : les coulisses de la propagande russe révélés dans une enquête

      news.movim.eu / Numerama · Wednesday, 8 November - 11:40

    Quatre ans d'enquête condensés dans un livre de poche pour comprendre comment la Russie réussit à infiltrer et influencer l'espace médiatique français. Nicolas Quénel y révèle tour à tour les prises de contacts avec des Youtubeurs, les embauches d'espions et l'inquiétude du ministère de la Défense. [Lire la suite]

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      L’actualité des marxismes chinois

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Sunday, 25 June, 2023 - 20:19 · 12 minutes

    À la manière d’une mise en abyme, le numéro 73 d’ Actuel Marx porte sur les « marxismes chinois ». Il s’agit d’étudier une question trop souvent balayée d’un revers de main : l’importance véritable de la pensée marxiste en Chine depuis le début du XX e du siècle à nos jours, tant pour les autorités, les milieux universitaires que les courants d’opposition. Ainsi, la revue offre des clés précieuses pour comprendre les dynamiques à l’œuvre dans la seconde puissance économique mondiale.

    Il est courant d’évoquer la République populaire de Chine (RPC) sur le mode de la démonologie. Si la nature répressive du régime est indéniable – que l’on pense à la gestion autoritaire du Covid-19, à l’internement de millions d’Ouïghours dans le Xinjiang ou aux multiples répressions de conflits ouvriers –, une telle perspective n’aide aucunement à le comprendre. Pas davantage qu’il ne permet d’éclaircir son paradoxe central : si la pensée marxiste se veut émancipatrice, comment interpréter son omniprésence dans une Chine bien peu socialiste ?

    Le parti dirige tout

    Conformément au rôle que lui conféraient déjà Marx et Engels dans leur Manifeste , le Parti communiste est dans le marxisme officiel chinois l’organisation qui doit conduire le pays vers le communisme. Nathan Sperber 1 analyse les ressorts concrets de cette fonction dirigeante à l’aune du précédent soviétique. Tout comme en Union soviétique, ce que les marxistes appellent l’ appareil d’État n’est pas supprimé mais doit servir d’instrument d’exécution au service du Parti communiste qui, lui, décide.

    Dès lors, le Parti communiste et l’État restent deux entités bien distinctes, mais structurées de manière homologique de sorte à assurer la domination du premier sur le second. À chaque échelon étatique correspond un échelon partidaire, ce qui permet un contrôle à tous les niveaux. Une autre similitude tient dans la concentration du pouvoir par les instances dirigeantes. En dépit de l’affirmation du principe de centralisme démocratique 2 par le Parti communiste d’Union soviétique (PCUS) et le Parti communiste chinois (PCC), les échelons supérieurs exercent un contrôle sur la nomination des membres des organisations inférieures.

    Tous ne considèrent pas ainsi la Chine comme capitaliste, à l’image de Remy Herrera et Zhimming Long pour qui le système chinois est un régime « avec capitalistes mais non capitaliste ».

    Nathan Sperber note néanmoins plusieurs différences significatives qui permettent de prendre la mesure du caractère inédit de la domination partidaire en Chine. Il est singulier que l’Armée populaire de libération (chinoise), contrairement à l’Armée rouge (soviétique), soit entre les mains du Parti et non de l’État. Ensuite, les dangzu ne connaissent pas d’équivalent en Union soviétique. Aussi appelés groupes du parti, on les trouve partout (ministères, administrations territoriales, entreprises publiques, grandes institutions éducatives, sanitaires, sportives, etc.) et leur autorité y est souveraine.

    Enfin, le système servant à nommer aux postes de responsabilités au sein du PCC (la nomenclature) est centralisé horizontalement autour de zuzhibu ou « départements de l’organisation » présents à chaque échelon du parti – ce qui est censé restreindre le développement d’une « bureaucratie » comme en URSS, et participerait à assurer la domination concrète du Parti sur l’appareil d’État.

    Le tournant opéré sous Xi Jinping à partir de 2012 ne fait qu’accroître cette domination du parti. Alors que toute réduction du périmètre d’intervention du PCC est rejetée depuis le mouvement de Tiananmen et l’effondrement de l’URSS, Xi Jinping estime néanmoins que la direction de l’État par le parti pourrait être plus systématique et rigoureuse. Il s’ensuit alors une « suractivité réglementaire, des réagencements bureaucratiques majeurs et une hausse des moyens à la disposition du Comité central et de ses instances ». En parallèle, émerge du discours officiel une conception absolutiste du Parti. Ainsi Xi Jinping affirme-t-il, dans son rapport au 19 e Congrès du PCC, que « le parti dirige tout ». Mais dans quelle direction ?

    Le modèle chinois, une alternative au néolibéralisme ?

    Si d’aucuns peuvent légitimement douter de la nature communiste du régime chinois, Jean-Numa Ducange et Nathan Sperber 3 rappellent que la question du mode de production chinois fait l’objet de vives discussions dans la communauté scientifique, dont ils présentent les grandes contributions. Tous ne considèrent pas ainsi la Chine comme capitaliste, à l’image de Remy Herrera et Zhimming Long pour qui le système chinois est un régime « avec capitalistes mais non capitaliste ».

    Selon Wu Xiaoming et Qi Tao 4 , le « le socialisme aux caractéristiques chinoises » offre au monde l’exemple d’un « projet de civilisation post-néolibérale ». Depuis l’ouverture du pays à l’économie de marché et aux capitaux étrangers sous Deng Xiaoping, les problèmes structurels de bulles économiques, de dégradation écologique, et de l’inégale répartition des richesses perdurent en Chine. Pour autant, l’horizon de la « prospérité commune » fixé par Xi Jinping, ainsi que la politique de lutte contre l’extrême pauvreté 5 permettent aux auteurs d’affirmer que la Chine est entrée dans une nouvelle ère de son développement. Après être restée pendant des décennies au « stade primaire du socialisme », la Chine aurait atteint un nouveau stade de développement dont la portée dépasse la politique intérieure. Wu Xiaoming et Qi Tao vont jusqu’à voir dans cette nouvelle orientation une source d’espoir pour le socialisme mondial.

    Nous regrettons toutefois que les auteurs ne se soient pas davantage attardés sur les parts d’ombres de ce « défi à l’ordre néolibéral occidental », et qu’ils se soient contentés de les évoquer par la formule de « contradictions inhérentes à la crise ». Une analyse de l’état de la lutte des classes en Chine, et de l’attitude active des autorités chinoises dans la répression des contestations ouvrières, aurait été de quelque utilité. D’autant plus que Wu Xiaoming et Qi Tao reconnaissent eux-mêmes que ce sont précisément ces « contradictions » qui empêchent une grande partie des chercheurs occidentaux – et donc plus largement de la population occidentale – de ne voir en la Chine autre chose qu’une menace.

    Vers la domination ou l’harmonie universelle ?

    Dans l’esprit d’un certain nombre de commentateurs occidentaux, la Chine, de l’ Empire du milieu, est devenue l’ Empire du mal . C’est pour lutter contre l’idée reçue d’une Chine expansionniste et dangereuse pour l’ordre international que Viren Murthy 6 revient sur la notion de tianxia chez Zhao Tingyang. À l’origine, le tianxia est un concept confucéen qui signifie littéralement « tout ce qui est sous le ciel ». Zhao Tingyang l’analyse d’un point de vue cosmologique, en ce que le Tianxia mènerait à « l’idée de l’un comme unité harmonieuse de la multiplicité », et est ainsi vecteur d’universalisme.

    On regrettera l’absence d’analyse des pratiques auxquelles s’adonne la Chine en matière de politique internationale. Que l’on parle d’asservissement par la dette ou de rachat d’actifs stratégiques, on voit mal en quoi elle se distingue des États-Unis

    Zhao Tingyang formule à partir de là un projet normatif de communauté universelle libérée de l’impérialisme et gouverné pour le bien commun. Il n’est pas inintéressant de relever que pour certains penseurs chinois cités par l’auteur, les institutions internationales comme les Nations-Unies constituent un tremplin dans la réalisation de l’ordre global auquel appelle le tianxia .

    Cette notion est également brandie par Xi Jinping, qui bute néanmoins sur deux obstacles selon Viren Murthy. Sur le plan intérieur, les exemples du Tibet et du Xinjiang démontrent « incontestablement l’échec du “multiple” en même temps que de l'”Un” ». À propos de l’ordre international, si Xi Jinping, conformément à l’idéal du tianxia , parle fréquemment de « communauté de destin pour l’humanité », il résout néanmoins la tension entre l’un et le multiple en faisant primer le premier sur le second lorsqu’il considère que la question de la démocratie est une affaire interne à chaque État.

    On voit ainsi que le concept de tianxia , profondément ancré dans la culture chinoise, assure à celle-ci un idéal régulateur opposé à l’ordre mondial impérialiste et guerrier actuel. En bon dialecticien, Viren Murthy souligne, avec la marxiste Lin Chun, que « jusqu’à présent ce discours s’est gardé de prendre en compte […] la question du capitalisme », tout en reconnaissant que le souci qu’a Zhao Tingyang de « remodeler l’ordre mondial dans le sens de l’épanouissement humain et de l’égalité entre les nations » porte une charge révolutionnaire compatible avec la perspective marxiste d’abolition du capitalisme.

    On regrettera ici l’absence de mise en perspective de cette notion philosophique avec les pratiques réelles auxquelles s’adonne la Chine en matière de politique internationale. Que l’on parle d’asservissement par la dette – du Sri Lanka à divers pays d’Asie centrale – au rachat d’actifs stratégiques, on voit mal en quoi la Chine se distingue des États-Unis en matière de contrats financiers.

    La question de l’échange inégal

    Plus fréquent encore que la critique de son interventionnisme extérieur, on reproche souvent à la Chine sa politique commerciale agressive. Celle-ci profiterait de la sous-évaluation de sa monnaie – et des faibles salaires – pour doper ses exportations. De même, les subventions aux entreprises nationales et le poids des contraintes réglementaires constitueraient des freins à l’importation de marchandises, ce qui renforcerait l’endogénéité de la production du pays. En outre, la Chine est accusée de pratiquer le vol de propriété intellectuelle. C’est en portant ces accusations que les États-Unis (dirigés par Donald Trump mais avec le soutien du Parti démocrate) ont enclenché en 2018 une « guerre commerciale » contre l’Empire du milieu.

    Si le creusement du solde de la balance commerciale entre les États-Unis et la RPC constitue une preuve indéniable de « l’avantage » commercial chinois, le véritable bénéficiaire n’est pas nécessairement celui auquel on pense. C’est la thèse que défendent les économistes Rémy Herrera, Zhiming Long, Zhixuan Feng et Bangxi Li 7 en s’appuyant sur le concept d’« échange inégal ». Forgé par Arghiri Emmanuel puis approfondi par Samir Amin, l’« échange inégal » désigne le transfert de valeur qui s’opère des pays en développement vers les pays « développés » à travers le commerce de biens et de services dont la production nécessite un nombre d’heures de travail humain sensiblement différent. L’échange d’un tracteur contre une certaine quantité de café est certes égal en terme nominal, le prix des deux termes est le même, mais la quantité de travail qu’il aura fallu pour les produire ne l’est pas.

    À mesure que le transfert de valeur des États-Unis vers la Chine se réduit, c’est l’exploitation économique du premier pays par le second qui est remise en cause.

    À partir de deux méthodes de calculs différentes, les auteurs tentent une démonstration économétrique visant à établir l’inégalité de l’échange entre les États-Unis et la Chine. Ils concluent ainsi qu’« entre 1978 et 2018, en moyenne, une heure de travail aux États-Unis a été échangé contre près de 40h de travail chinois ».

    Néanmoins, on observe une baisse considérable de l’échange inégal entre les deux pays sur cette même période. En 2018, 6,4h de travail chinois étaient en moyenne échangées contre une heure de travail des États-Unis. Une explication à cela tient dans la stratégie de développement chinoise grâce à laquelle les biens et les services de haute technologie représentent aujourd’hui plus de la moitié des exportations du pays 8 .

    À mesure que le transfert de valeur des États-Unis vers la Chine se réduit, c’est l’exploitation économique du premier pays par le second qui est remise en cause. Or, si les Chinois ne peuvent accepter plus longtemps la domination économique américaine, les États-Unis ne sauraient abandonner un des fondements de leur prospérité sans livrer bataille.

    Cette contribution a selon nous le grand mérite de poser la question de l’actualité de la théorie marxiste de la valeur pour l’analyse de l’économie mondiale, à l’heure où celle-ci est pratiquement oubliée – ou ignorée – par une gauche française, qui tend à faire du débat sur la « valeur-travail » une question morale.

    Le numéro 73 d’ Actuel Marx offre de précieux éclairages sur les liens entre parti et État, le régime économique intérieur et les relations commerciales entre la Chine et le reste du monde – autant de questions sur lesquelles la grille de lecture marxiste s’avère féconde. C’est tout juste si l’on regrettera que le paradoxe central qui vient à l’esprit de tout observateur – l’omniprésence de la pensée marxiste dans un régime caractérisé par de fortes inégalités et une répression des conflits ouvriers – ne soit qu’effleuré…

    Notes :

    1 Sperber, Nathan. « Les rapports entre parti et État en Chine aujourd’hui : une clé de lecture soviétique », Actuel Marx , vol. 73, no. 1, 2023, pp. 21-39.

    2 Le centralisme démocratique, tel qu’établi par Lénine, consiste dans le devoir qu’a la minorité de respecter la majorité, et l’organe inférieur de suivre l’organe supérieur, en échange du fait que toutes les institutions du Parti soient gouvernées par des élections démocratiques.

    3 Ducange, Jean-Numa, et Nathan Sperber. « Marxismes chinois et analyses marxistes de la Chine : les défis du XXIe siècle », Actuel Marx , vol. 73, no. 1, 2023, pp. 10-20.

    4 Xiaoming, WU, et Qi Tao. « Modernisation à la chinoise et possibilités d’une nouvelle forme de civilisation », Actuel Marx , vol. 73, no. 1, 2023, pp. 78-93.

    5 Il est estimé que, depuis les quarante dernières années, le nombre de Chinois vivant sous le seuil de pauvreté tel que défini par la Banque mondiale (1,9 $ par jour et par personne) a diminué de 800 millions.

    6 Murthy, Viren. « Le « tianxia » selon Zhao Tingyang : l’ordre du monde de Confucius à Mao », Actuel Marx , vol. 73, no. 1, 2023, pp. 64-77.

    7 Herrera, Rémy, et al. « Qui perd gagne. La guerre commerciale sino-étasunienne en perspective », Actuel Marx , vol. 73, no. 1, 2023, pp. 40-63.

    8 La hausse du niveau des salaires en Chine est aussi un facteur explicatif. La rémunération du travail dans les pays du Sud et la « mauvaise » spécialisation sont débattues comme causes de l’échange inégal entre Samir Amin et Arghiri Emmanuel. Voir : http://partageonsleco.com/2022/06/13/lechange-inegal-fiche-concept/.

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      Loi pour « sécuriser et réguler » le numérique : 6 nouveautés à retenir

      news.movim.eu / Numerama · Wednesday, 10 May, 2023 - 12:33

    france drapeau français

    Un projet de loi est présenté le 10 mai en Conseil des Ministres. Il prévoit de « sécuriser et réguler » le numérique. Dans le détail, il traite de très différents sujets : l'accès des mineurs aux sites X, la propagande en ligne, les escroqueries ou le cyberharcèlement. [Lire la suite]

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      L’éducation, facteur fondamental de la démocratie

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 26 February, 2023 - 03:40 · 8 minutes

    On sait depuis longtemps que le niveau d’éducation est un facteur essentiel de pérennité de la démocratie. Les victimes du pouvoir sont les plus démunies culturellement. Certes, on pourra citer mille exemples de philosophes , écrivains, scientifiques, artistes s’étant vendus à des dictateurs . Les individualités médiocres, voire les cas pathologiques, ne manquent pas dans ce domaine mais globalement l’être humain disposant d’un niveau culturel suffisant résiste mieux à la propagande. Pour pérenniser nos démocraties il faut donc considérer l’enseignement, l’éducation en général, comme un facteur essentiel.

    Des contes moraux des autocrates au jardin d’Eden des populistes

    La guerre en Ukraine nous permet de mieux comprendre l’apathie du peuple russe face à la consolidation de la dictature poutinienne.

    Le premier facteur de faiblesse est l’absence totale d’expérience démocratique du fait du passage du tsarisme au communisme, puis rapidement ensuite à un régime politique de plus en plus autoritaire. Les Russes des milieux populaires , qui n’ont jamais voyagé à l’étranger, n’ont aucune idée de ce que peut être la liberté. Dans le célèbre film Le Docteur Jivago , après la Révolution de 1917, un paysan russe demande si Lénine est « le nouveau tsar ». Voilà ce que doit encore être l’univers mental de beaucoup de Russes n’ayant suivi qu’un niveau d’enseignement élémentaire. Qui dirige ? Qui est le chef ? À qui faut-il obéir ?

    Il est particulièrement facile de circonvenir cette population presque inculte par des récits n’ayant aucun rapport avec la réalité. Conformément au conte moral officiel, la guerre en Ukraine est donc une guerre de libération, de dénazification, voire de désatanisation d’un morceau de territoire ayant échappé à la Russie éternelle par la malignité des puissances occidentales.

    Les témoignages des spécialistes de la Russie permettent de penser qu’il n’en va pas ainsi dans les milieux cultivés de Moscou ou de Saint-Pétersbourg. L’intérêt personnel d’un cadre administratif ou militaire ou d’un dirigeant d’entreprise peut conduire à l’extrême prudence, mais l’obéissance au pouvoir résulte alors d’un calcul et non d’une croyance. L’exode massif de la jeunesse des villes (plus d’un million de personnes) après la mobilisation militaire du printemps 2022 prouve que l’attirance de la liberté est forte dans les couches les plus favorisées.

    Un autre exemple actuel du lien entre éducation et liberté est fourni par l’Iran . Si la paysannerie des contrées reculées ne bouge pas, la jeunesse universitaire de Téhéran et des grandes villes ne supporte plus les diktats des vieux religieux à l’esprit étriqué qui gouvernent le pays. L’Iran est devenu en 1979 une République islamique dont le discours officiel s’appuie sur le Coran, un texte de plus de 1300 ans qui ne peut évidemment pas être adapté au monde du XXI e siècle. La jeunesse cultivée iranienne n’accepte plus cette tyrannie religieuse et veut faire éclater le carcan dans lequel l’enferment des religieux crispés sur un passé révolu.

    La même analyse pourrait s’appliquer au populisme occidental, qui se développe depuis quelques décennies en Europe (droite nationaliste et gauche radicale) et aux États-Unis (trumpisme) en s’appuyant sur des promesses d’avenir radieux résultant d’un simple changement de gouvernants. La désinformation sur les réseaux sociaux (dite fake-news ) est un des outils privilégiés par les leaders populistes, qui cherchent à atteindre un public démuni intellectuellement.

    Mea culpa

    Seule une capacité d’analyse suffisante et de relativisation de toute démonstration, fût-elle élaborée par des spécialistes du sujet, permet de résister aux assauts de désinformation du monde contemporain. Le travail à accomplir en direction de notre jeunesse, abandonnée aussi bien économiquement que culturellement, est colossal.

    Nous avons livré notre jeunesse aux grands fauves qui configurent le monde du XXI e siècle et ne songent qu’à leur puissance, qu’il s’agisse des grands dirigeants de multinationales ou des autocrates. La loi du marché, ce n’est pas l’élimination des concurrents par tous les moyens. Or, le marché mondial fonctionne ainsi. Un bon fonctionnement du marché suppose la sanction des pratiques anticoncurrentielles, c’est-à-dire un droit de la concurrence qui n’existe pas à l’échelle de la planète. Nos démocraties n’ont pas su se protéger des dérives du capitalisme et ce sont évidemment les plus jeunes qui le paient aujourd’hui au prix fort. La loi de la jungle pour les jeunes actifs et la sécurité des retraites par répartition pour les vieux ? Qui pourrait croire qu’une démocratie puisse survivre à une telle injustice ?

    D’un point de vue culturel, nous n’avons pas su non plus faire évoluer les systèmes d’enseignement afin de permettre à chaque élève, collégien, lycéen, étudiant, d’atteindre le niveau le plus élevé auquel il puisse prétendre. Les systèmes d’enseignement ont évolué en fonction d’une demande de la population relayée politiquement. En France, la massification a bien eu lieu puisque de 1970 à 2020 le pourcentage de bacheliers dans une classe d’âge est passé de 20 % à plus de 80 %. Mais la démocratisation, c’est autre chose. L’ambition de diffuser la culture, c’est-à-dire la capacité pour chacun de se constituer en être raisonnable déterminant librement ses finalités, ses idées, ses actes (définition plus ou moins kantienne) n’a pas été portée par les gouvernants. Ils ont répondu aux sollicitations de leurs électeurs en distribuant des diplômes de valeur inégale, mais ils n’ont pas imposé un socle culturel incontournable pour chaque niveau de formation.

    Une tâche colossale mais enthousiasmante

    La tâche qui s’impose désormais aux démocraties dans le domaine de l’enseignement est redoutablement complexe et relève du long terme.

    Il faut d’abord cantonner la désinformation circulant sur internet. Seuls des contrepouvoirs informationnels puissants et attractifs en seraient capables. Mais comment les faire naître ? Seuls des spécialistes peuvent y réfléchir.

    Il faut ensuite révolutionner les systèmes d’enseignement qui ne sont plus adaptés à l’époque. Si l’enseignement élémentaire et le début de l’enseignement secondaire (niveau collège) ne peuvent s’envisager que par l’intégration quotidienne dans un petit groupe humain (la classe), il n’en va pas de même de l’enseignement secondaire de second cycle et encore moins du supérieur. Il est clair que la numérisation de l’information, la naissance d’Internet, l’émergence de l’Intelligence Artificielle, le big data conduisent à utiliser les outils numériques pour former les individus. Le cours magistral a vécu et il disparaîtra progressivement. L’enseignement concentrationnaire visant à regrouper quotidiennement des centaines ou des milliers de jeunes dans un même lieu atteindra son terme dans le courant du siècle. Cela ne signifie pas l’isolement physique des individus face à leur écran mais une organisation radicalement différente des rencontres, dans le cadre de groupes plus petits et avec moins de déplacements. La fluidité totale de l’information permet en effet d’organiser souplement des contacts dans des centres de proximité de type espace de coworking.

    Il ne sera plus envisageable très longtemps de concentrer les étudiants dans des établissements pour leur asséner la connaissance du haut de la chaire puisqu’ils pourront trouver facilement les réponses par l’intermédiaire d’une intelligence artificielle. Chat GPT n’est pas du tout au point actuellement et ne produit que des réponses élémentaires en éludant systématiquement toute problématique intéressante. Mais ce n’est qu’un tout petit début. Chacun peut imaginer les capacités futures de ces algorithmes d’intelligence artificielle.

    L’intelligence artificielle a une puissance incontestable : la capacité de traiter en un instant une quantité d’informations totalement inaccessibles à un cerveau humain. Elle a une faiblesse : le manque total d’originalité, de créativité, l’inaptitude radicale et définitive à produire une analyse subtile, esthétiquement et émotionnellement attractive car personnalisée. Une pensée n’est vraiment intéressante que si elle est incarnée, si elle provient d’une personne humaine, d’un être possédant une conscience et des émotions. Le traitement de l’information par un algorithme, aussi sophistiqué soit-il, restera une accumulation habile, purement technique, de savoir et non une réflexion créative. L’intelligence émotionnelle est le propre de l’Homme et le restera. Il faut la cultiver sans relâche. (voir en annexe la réponse Chat GPT à la question : L’éducation, facteur fondamental de la démocratie)

    Sauver la démocratie au XXI e siècle, c’est résister aux autocrates et aux populistes n’aspirant qu’au contrôle du pouvoir. Nous ne le pourrons qu’avec une population véritablement libre, c’est-à-dire capable de clairvoyance face aux manœuvres de tous ceux qui aspirent au pouvoir. Cela repose sur la culture.

    ANNEXE

    Réponse de Chat GPT sur le sujet : L’éducation, facteur fondamental de la démocratie.

    « L’éducation est en effet un facteur fondamental de la démocratie. Dans une société démocratique, les citoyens ont le droit de participer activement au processus de prise de décision. Pour pouvoir exercer efficacement ce droit, ils doivent être informés et éduqués sur les enjeux politiques, économiques et sociaux de leur communauté.

    L’éducation permet aux citoyens de développer leur esprit critique et leur capacité à penser de manière autonome. Elle les aide à comprendre les enjeux de la société dans laquelle ils vivent et à participer de manière informée aux débats publics. Les citoyens éduqués sont également plus susceptibles de voter et de prendre part à des activités politiques, ce qui renforce la démocratie.

    En outre, l’éducation peut également aider à réduire les inégalités sociales et économiques, qui sont souvent des obstacles à la démocratie. Une éducation de qualité peut aider à donner aux enfants issus de milieux défavorisés les outils dont ils ont besoin pour réussir et pour participer pleinement à la vie démocratique de leur pays.

    En somme, l’éducation est un facteur clé pour la démocratie. Elle permet aux citoyens de comprendre les enjeux de leur société, de participer activement aux décisions publiques et de réduire les inégalités sociales et économiques. »

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      En Russie, la littérature pour enfants devient une arme de propagande

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 03:40 · 10 minutes

    Par Laure Thibonnier-Limpek et Svetlana Maslinskaia .

    En Russie, l’offre culturelle se transforme sous l’effet indirect des lois adoptées par les députés depuis le 24 février 2022. C’est notamment le cas dans le domaine de la littérature jeunesse, où des activistes et des spécialistes des questions culturelles favorables au régime ont appelé à restreindre l’accès des jeunes lecteurs à certains livres, voire à les interdire, visant surtout les ouvrages qui diffuseraient les «valeurs occidentales », comme ceux de J. K. Rowling .

    Le 13 décembre 2022, Vladimir Poutine a appelé le gouvernement à adopter des mesures susceptibles de populariser parmi la jeunesse « les héros de l’histoire et du folklore russe conformes aux valeurs traditionnelles ». Un objectif immédiatement soutenu par une partie des spécialistes des politiques culturelles .

    Il existe en Europe une tradition de régulation de la lecture enfantine par les adultes afin de transmettre à la jeune génération des connaissances et des valeurs communes. Généralement, les États optent pour la voie de la recommandation : ils font élaborer et diffusent des listes d’œuvres dont la lecture est recommandée aux enfants. Mais lorsque la littérature pour enfants devient une arme de propagande, le pouvoir utilise la censure pour restreindre l’accès des lecteurs aux textes qui, de son point de vue, menacent l’idéologie dominante. C’est ce qui se passe aujourd’hui en Russie.

    La doctrine patriotique et les livres pour enfants dans la Russie actuelle

    Désormais, la politique russe en matière de littérature jeunesse repose principalement sur l’idée que celle-ci doit transmettre des « valeurs spirituelles et morales traditionnelles » qui seraient propres à la Russie. Plusieurs lois fédérales encadrent l’édition jeunesse :

    Ce dernier document définit ainsi les « valeurs spirituelles et morales traditionnelles » :

    «La vie, la dignité, les droits et libertés de l’Homme, le patriotisme, le sens civique, le service de la Patrie et la responsabilité envers son destin, de hauts idéaux moraux, une famille solide, un travail créatif, la priorité du spirituel sur le matériel, l’humanisme, la charité, la justice, l’esprit collectif, l’entraide et le respect mutuel, la mémoire historique et la continuité des générations, l’unité des peuples de Russie. »

    Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolaï Patrouchev, a déclaré le 30 mai 2022 que l’État devait commander plus de produits culturels susceptibles de « préserver la mémoire historique, susciter la fierté nationale et la formation d’une société civile mature consciente du rôle qu’elle a à jouer dans son développement et sa prospérité ».

    Selon la vision conservatrice du gouvernement, la Russie aurait été tout au long de son histoire encerclée par des ennemis déterminés à la détruire. Cette volonté de démantèlement de la Russie aurait culminé avec la Seconde Guerre mondiale, laquelle est largement ramenée, dans le récit déployé par les autorités russes, au triomphe de l’URSS sur le nazisme allemand, triomphe dont la Russie actuelle serait la seule héritière .

    L’art et l’éducation doivent donc inculquer aux jeunes cette idée que la Russie d’aujourd’hui est avant tout le pays qui a sauvé le monde du nazisme en un effort héroïque dont aucun aspect ne saurait être remis en question. Les évocations de faits historiques susceptibles d’assombrir cette vision irénique (rappel du pacte Molotov-Ribbentrop, des erreurs des dirigeants, de la quantité colossale des pertes humaines dont une partie au moins aurait probablement pu être évitée, etc.) sont considérées comme des falsifications de l’histoire et sont poursuivies en vertu de la loi fédérale n°278-FZ du 01.07.2021 Sur les modifications de la loi fédérale « Sur la commémoration de la victoire du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 ».

    « L’Arbre de Noël d’armoise »

    Les mésaventures que subit actuellement le roman d’Olga Kolpakova L’Arbre de Noël d’armoise illustrent parfaitement les conséquences du durcissement du régime sur ces questions.

    Le livre, sorti en 2014 chez la maison d’édition Kompas Guide , a remporté en 2019 le prix Piotr Erchov, attribué à des ouvrages destinés à la jeunesse, dans la catégorie « meilleure œuvre patriotique pour la jeunesse ».

    Cependant, à l’été 2022, le département de politique intérieure de la région de Sverdlovsk (Oural) a donné aux bibliothèques la consigne orale de retirer le livre du libre-accès . Les bibliothèques ne peuvent plus prêter ce livre aux mineurs, ni l’utiliser dans leurs manifestations à destination du jeune public. Comment un livre jusque là salué par les enseignants et les fonctionnaires a-t-il pu faire l’objet d’une telle interdiction ?

    La protagoniste du roman, qui se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, est une fillette de cinq ans, Marihe, du diminutif allemand Mariechen (petite Marie). Elle vit près de Rostov-sur-le-Don avec sa famille qui parle allemand et ne connaît que quelques rudiments de russe car elle appartient au groupe des Allemands de Russie .

    De même que les Allemands de la Volga , dont le sort tragique est plus connu, ces Soviétiques descendent des populations germaniques installées dans l’Empire de Russie dans la seconde moitié du XVIII e siècle. Catherine II les avait invitées pour peupler et cultiver les terres nouvellement rattachées à l’Empire de Russie dans les régions de la Volga, du sud de la Russie et de l’est de l’Ukraine actuelles. Dans les quelque 150 années suivantes, il n’y a pas eu, les concernant, de politique de russification ni d’assimilation massive. Les communautés allemandes formaient des villages entiers. La pénétration de la langue russe s’est faite de manière hétérogène, au gré des trajectoires sociales. La différence de religion a joué un rôle, limitant les mariages interconfessionnels dans lesquels le russe aurait pu devenir la langue commune. L’école n’a pas non plus pu imposer la langue russe puisqu’elle n’était pas obligatoire.

    En 1941, lorsque l’avancée des troupes nazies menace ces régions, les hommes valides sont envoyés au front et leurs familles, dont celle de Marihe, sont déportées en Oural et en Sibérie.

    La narration est menée du point de vue de la fillette. Ainsi, l’auteure décrit les événements historiques des années 1941-1942 tels qu’ils ont pu être perçus par un jeune enfant. Ce texte écrit « en se mettant à genoux », selon l’expression d’ Erich Kästner , ce regard enfantin, construit une voix narrative sincère et chargée d’émotions exprimant une nette position antifasciste.

    Kolpakova puise aussi dans la tradition littéraire des XIX e et XX e siècles pour décrire l’enfance malheureuse de Marihe. L’intrigue reprend les événements majeurs de cette représentation : la séparation avec un des parents, l’errance, la vie chez des étrangers, la mort d’un proche (frère, sœur, mère ou père), l’éloignement puis la rencontre fortuite avec des amis ou des parents, la faim, le dénuement, la maladie, l’aide providentielle d’étrangers, le travail physique éprouvant…

    La fillette décrit ainsi la faim :

    Au printemps, ma grand-mère s’est mise à faire de la soupe avec des orties, des pissenlits et de l’aneth. Parfois, Lilia allait chercher de l’oseille dans la montagne. De l’eau et des orties, ce n’est vraiment pas bon, surtout sans sel ni pommes de terre. Je pleurais, je ne voulais pas manger cette mixture.

    Ces privations matérielles sont présentées comme des épreuves qui font grandir.

    Le regard naïf porté par Marihe sur le contexte politique est contrebalancé par la prise de position tranchée de l’auteur contre le fascisme. L’enfant donne sa tonalité éthique au récit :

    « Dans toute nation, il y a des gentils et des méchants, des personnes bonnes et mauvaises, cupides et généreuses. Ceux qu’on appelait désormais « nazis”, c’étaient les Allemands méchants. Voilà ce que papa avait dit. »

    Censure et harcèlement

    Mais en juin 2022, dans le cadre de ses charges administratives, Ivan Popp, maître de conférences à l’Université pédagogique de l’Oural, expertise le livre à la demande du gouvernement de la région de Sverdlovsk.

    Selon ses conclusions , le roman « déforme les faits historiques, spécule et invente des légendes » et « suivant la tendance libérale européenne, compare l’Union soviétique avec l’Allemagne fasciste […], falsifie les faits historiques et discrédite les dirigeants et l’histoire » russes. Svetlana Outchaïkina, ministre de la Culture de la région de Sverdlovsk, s’est appuyée sur cette analyse pour exiger, à travers une circulaire confidentielle , le retrait du livre des bibliothèques pour enfants.

    À la mi-juillet 2022, Olga Kolpakova met en ligne le texte de Popp et rapporte des cas de retrait de l’ouvrage du libre accès de certaines bibliothèques. Cette annonce émeut les écrivains pour la jeunesse et les spécialistes de la lecture enfantine qui publient sur les réseaux sociaux des textes soutenant le roman et critiquant l’analyse qu’en a faite Popp , et qui continuent de relayer les annonces relatives à sa situation. Des écrivains ont aussi lancé un mouvement pour soutenir financièrement l’auteur et son éditeur. Le Moskauer Deutsche Zeitung , revue bihebdomadaire rédigée en allemand et russe, a pris position en faveur du livre et des écrivains pour enfants ont écrit au gouvernement de la région de Sverdlovsk pour défendre l’ouvrage et son auteure. Evguéni Roïzman, ancien maire d’Ekaterinbourg (la plus grande ville de l’Oural) aujourd’hui prisonnier politique , a également soutenu le livre. L’éditeur a demandé à l’Institut de littérature de l’Académie des sciences russe, la Maison Pouchkine, de procéder à une analyse littéraire du roman.

    Ce rapport d’expertise , rédigé par le Centre de recherche sur la littérature pour enfants, souligne la qualité littéraire et didactique du roman de Kolpakova. Après l’avoir lu, le gouverneur de la région de Sverdlovsk, Evguéni Kouïvachev, a déclaré en août 2022 que l’interdiction du livre était inadmissible.

    Aucune décision officielle n’a suivi, si bien que les bibliothèques continuent de retirer le roman de leurs rayons .

    Malgré la chape de plomb qui pèse sur la Russie aujourd’hui, ce soutien multiforme, y compris de la part d’un responsable haut placé comme Kouïvachev, montre qu’il existe quand même encore un petit espace de débat dans la Russie d’aujourd’hui. Pour autant, à l’instar du sort réservé au livre Un Été en cravate de pionnier , d’Elena Silvanova et Katerina Malisova, faisant l’objet de poursuites pour propagande LGBT+ , la censure de L’Arbre de Noël d’armoise fait peser de sérieuses inquiétudes sur le climat intellectuel dans lequel grandissent les enfants russes. Cet épisode révèle des mécanismes de contrôle des esprits dont l’impact sur la société russe risque de se faire sentir encore longtemps. The Conversation

    Laure Thibonnier-Limpek , Enseignant-Chercheur à l’Institut des Langues et Cultures d’Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie (ILCEA4), membre du Centre d’Etudes Slaves Contemporaines, Université Grenoble Alpes (UGA) et Svetlana Maslinskaia , Professeur de littérature russe invitée à l’ILCEA, Université Grenoble Alpes (UGA)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

    The Conversation

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      La propagande verte est partout

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 February, 2023 - 03:40 · 11 minutes

    Le principal acheteur de la chaîne Lidl a révélé au magazine allemand Report24 que le groupe de discount allemand Lidl veut passer à une gamme verte en projetant que la viande et les autres produits animaux seront progressivement remplacés par des produits d’origine végétale dans leurs magasins.

    Pendant ce temps, la pression monte en France sur les distributeurs.

    C’est dans un article presque anodin écrit avec toute la force de l’évidence, que FranceTVinfo explique que le Réseau Action Climat pointe du doigt les enseignes de la distribution, toutes « mal notées » par cet organisme indépendant de toute idéologie, et « regrettant » qu’il n’y ait pas encore une « amorce » pour proposer « moins de produits d’origine animale, en particulier de viande » selon les mots de Benoît Garnier responsable alimentation du Réseau Action Climat. Il suggère un tournant vers « une alimentation plus végétale avec plus de produits qui soient riches en protéines végétales ».

    Nul doute que nous aurons bientôt plus de chance de rencontrer Benoit Garnier dans les rayons de Lidl quand l’enseigne aura étendu sa conversion végane à toute l’Europe après l’Allemagne et l’Autriche, qu’à Carrefour, Leclerc, Super U et autres Intermarché, que le Réseau Action Climat a tous, sans surprise, mal noté dans son évaluation. Aucune enseigne n’obtient la moyenne. En ces temps où l’on s’est habitué à ce que même le baccalauréat soit presque offert, c’est dur !

    Derrière cet article presque sympathique tant il est imprégné de bonne volonté, oubliant que l’enfer en est pavé, on en compatirait même si l’observateur avisé n’entrevoyait pas comment en vérité s’immisce une vision totalitaire de la société. Vous n’aurez plus le choix, mais vous serez heureux !

    En Angleterre, c’est Extinction Rebellion qui fait pression pour que le Royal Opera House refuse le mécénat de BP ou d’autres entreprises de combustibles fossiles, déplore Zoé Strimpel dans The Telegraph .

    En mai dernier les écolos réussissaient à avoir la peau du banquier senior de HSBC, Stuart Kirk, un des plus hauts cadres de la banque suisse poussé à la démission pour avoir osé critiquer le catéchisme du réchauffement climatique lors d’une conférence publique, fustigeant « les avertissements apocalyptiques, stridents et non fondés  » et dénoncer cette cancel culture qui détruirait « la richesse et le progrès ».

    Il avait écrit dans un communiqué au vitriol :

    « De manière ironique – compte tenu du poste que j’occupe -, je suis arrivé à la conclusion que le traitement de la banque à mon égard depuis mon discours à la conférence du Financial Times en mai avait rendu ma position pour le moins non durable. »

    Considéré jusqu’alors comme le meilleur de sa génération, Kirk devait essuyer l’opprobre général des media pour avoir révélé qu’en vertu des accords de Paris « les banques centrales et les régulateurs financiers utilisent toutes les armes réglementaires de leurs arsenaux pour supprimer les investissements dans les combustibles fossiles et diriger les flux de capitaux vers les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire » dont chacun a pu mesurer les limites que la crise en Ukraine aura eu au moins le mérite d’exposer à tous .

    Il faut dire que HSBC, comme bien d’autres banques, est soumise à un harcèlement permanent sur ses investissements.

    Déjà en 2020 Greenpeace fustigeait UBS et le Crédit suisse, ainsi que des banques américaines, en raison de leur financement des énergies fossiles au mépris, selon l’enseigne écologiste, des sacro-saints accords de Paris . Et face à ce lobby écolo qui murmure à l’oreille des gouvernants en mal d’utopies, quelle banque peut aujourd’hui ne pas proposer de produits financiers verts ?

    Selon le site écolo Cultivar :

    « La facture de la transition énergétique est lourde… Pour aider les États, les grandes entreprises et les banques du monde entier émettent des obligations vertes, également dénommées green bonds .

    Il annonce fièrement :

    « La France n’est pas en reste : parmi les acteurs, le réseau bancaire français BPCE vient de lancer, en ce début d’année 2022, des green bonds dédiés à l’agriculture durable. »

    Et ajoute, pour justifier cette mobilisation générale pour le climat :

    « L’ONU, mais aussi les différents États manquent de fonds pour porter seuls le financement de la transition écologique mondiale. »

    Mais ne soyons pas dupes. Cette implication est d’autant moins spontanée qu’en vérité peu viable économiquement, ce qu’avait en fin de compte révélé Kirk : sans la pression des ONG et autres activistes écologistes, l’affaire n’irait pas de soi… Sans compter les gouvernements, comme en France, où derrière l’aimable création de labels verts, TEEC et ISR5 pour les fonds d’investissements par exemple, annoncé par un rapport précurseur de 2017 sous la houlette de Nicolas Hulot et Bruno Le Maire , les acteurs financiers français n’ont guère le choix que de s’y soumettre, comme HSBC.

    Qu’importe la raison économique, seule compte la doctrine. Et quoi qu’on en pense les États exercent encore un réel pouvoir sur les banques.

    Surtout ne nous y trompons pas, cet agenda imposé aux banques l’est aussi aux industriels.

    Ford va supprimer des milliers de postes en vue de sa transition vers l’électrique, relatait Capital en juillet dernier . Il est question d’une perte de deux à trois millions d’emplois directs et indirects dans le secteur de l’automobile en Europe. À partir de 2035 des usines seront sommées de ne plus produire de voitures essence et diesel lesquelles seront interdites de commercialisation aux innombrables garages qui sont d’ores et déjà condamnés à disparaître. Sous l’égide écologiste l’UE va imposer le plus grand plan social de l’histoire.

    Qu’importent les études montrant à quel point prétendre que la voiture électrique serait meilleure pour le climat que la voiture thermique si on prend en compte l’ensemble de la chaîne de production.

    L’article du journal Le Parisien énonce que :

    « La voiture électrique émet en moyenne 50 % de CO 2 de plus qu’une voiture thermique. « Pour fabriquer la batterie qui l’alimente en électricité, explique Maxime Pasquier, chef adjoint du service transports et mobilité de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il faut aller chercher les métaux parfois à l’autre bout du globe, il faut aller chercher les métaux parfois à l’autre bout du globe.  » Cobalt, graphite, manganèse, lithium, nickel… leur extraction demande une quantité phénoménale d’énergie. Sans compter l’eau et des adjuvants chimiques, extrêmement nocifs pour l’environnement.

    Sur route, la voiture électrique l’emporte largement et « encore plus en France, affirme Maxime Pasquier, où la production d’électricité provient aux trois quarts du nucléaire », qui ne rejette pas de CO 2 . »

    Ouf ! La doctrine est sauve !

    Et un deuxième graphique pour nous rassurer. Nous rassurer ou nous amuser ? La voiture présentée est une hybride et non une électrique, en l’occurrence la Prius de Toyota, le Japonais numéro un mondial qui précisément favorise l’hybridation.

    Par ailleurs si le premier graphique relève d’une production standard, à quoi se réfère le deuxième ? Quelle voiture électrique comparée avec quelle voiture thermique ?

    Les données du débat mériteraient d’être exposées avec précision : est-il comparé une Zoé ou l’un de ces SUV dont le poids inquiète les autorités anglaises sur la capacité des parkings à le supporter avec un petit diesel 1,5 DCI reconnu pour sa sobriété (environ 4,5l/100) émettant moins de 120 gr/100 de CO 2 justement, ou d’une Ferrari, Lamborghini, McLaren et autres Bugatti dont les énormes V6 voire V12 dépassent allègrement les 400 gr/100 !

    Un déni de la situation actuelle

    Amusant encore d’ailleurs de constater que les constructeurs de supercars les plus polluants des véhicules circulant sur les routes bénéficient d’une étrange complaisance, les fabricants de ces voitures de luxe ayant jusqu’en 2035 pour se mettre en conformité avec les directives européennes, au lieu de 2029 pour les constructeurs généralistes .

    Qu’importe donc la raison dans tout ça. Qu’importent les avertissements de Toyota et d’autres constructeurs qui préviennent du risque de pénuries de minerais dont la voiture électrique est gourmande à l’excès, que cela peut même être mauvais pour l’environnement, explique le patron du constructeur japonais.

    Qu’importe le sabordage industriel et désastres sociaux dénoncé par Loïk le Floch-Prigent dans le numéro 14 du magazine Transitions & Energies .

    Qu’importe le manque de fiabilité des voitures électriques, dénoncés par leurs utilisateurs en rage de s’être faits avoir au point que les reventes sont massives et font chuter même les prix des Tesla en occasion , ou encore que la ville d’Amiens a du ressortir ses vieux bus diesel pour pallier les pannes à répétition de ses beaux bus électriques tout neufs . Une étude anglaise confirmait d’ailleurs la moindre fiabilité des électriques par rapport aux thermiques .

    Qu’importe l’explosion de la consommation électrique que suppose le passage au tout-électrique alors qu’il faut se soumettre aux EnR intermittentes n’ayant pour effet que de limiter le développement du nucléaire et de recourir au charbon dans une fuite en avant aberrante qui est sûrement tout, sauf bon pour la planète !

    Qu’importe qu’avec leur densité énergétique élevée et leur réseau de carburant à faible coût et efficace, l’essence et le diesel soient des technologies de consommation supérieures, et que nous serons en vérité purement et simplement incapables d’assumer une production électrique suffisante pour opérer la transition de tout le parc automobile existant vers l’électrique .

    Qu’importe le risque de pénurie d’eau qui menace le monde au point que même le congrès américain s’en inquiète : « Une voiture électrique consomme 56 % d’eau en plus sur son cycle de vie qu’une voiture thermique » et on en constate déjà les dégâts à Taïwan .

    Qu’importe qu’au Chili, le consortium SQM qui pèse 26 % de la production mondiale de lithium a puisé en 2022 près de 400 000 litres d’eau par heure pour les besoins de son usine et qu’une inspection sur son site a révélé qu’un tiers des caroubiers, arbre rustique en raison de ses racines profondes, étaient morts à cause du manque d’eau, a révélé ensuite une étude.

    Qu’importe que soient gaspillés deux millions de litres d’eau évaporés pour produire une tonne de lithium .

    Qu’importe l’exploitation indigne des enfants en Afrique dans les mines des précieuses terres rares

    Qu’importe la dépendance à la Chine, et qu’au bout du compte la pénurie de lithium pourrait bientôt bloquer la production de voitures électriques

    Qu’importe même que la transition vers les voitures électriques menace l’environnement

    Qu’importe tout cela puisque le but est tout autre.

    Tout ce lobbying n’a qu’un but et Anne Hidalgo avait au moins eu le mérite de l’avouer ; le but est de se passer de l’automobile, qu’elle soit électrique ou thermique : « on fait tout pour que les Parisiens n’aient plus de voiture … »

    Tout comme le plan européen de performance énergétique des bâtiments a pour objectif de rendre la propriété individuelle insupportable au plus grand nombre, la voiture électrique a pour but de déposséder le plus grand nombre de l’automobile en la rendant inaccessible, ne serait-ce que par le prix d’une recharge qui dépasse déjà celui du diesel ou de l’essence .

    Cet écrasement général de la société, des banques aux consommateurs, en passant par les industriels, même si on peut saluer que les constructeurs japonais résistent encore, s’annonce une société du non-choix drapée des meilleures intentions mais qui cache une idéologie totalitaire reprenant à s’y méprendre les paroles de Klaus Swchab : « vous ne posséderez rien et vous serez heureux ».

    Jamais deux sans trois…

    L’écologisme réussira-t-il à imposer sa vision totalitaire au même titre que le communisme qui lui aussi prônait une société idéale où l’individu n’était plus rien, la liberté n’était qu’autorisations de l’État nounou dont le vrai visage ne tarda pas à apparaître.

    Si nous n’y prenons pas garde il n’en sera plus rien de nos libertés. Dépossédés de tout, confinés à jamais dans des quartiers sous ZFE au nom de l’ urgence climatique . Oui, la  ville  intelligente de 15 minutes peut devenir le goulag numérique du futur . Ce funeste projet écolo n’est pas une théorie du complot, les habitants d’Oxford le subissent déjà et sont stigmatisés pour s’en plaindre.

    Si nous ne combattons par le totalitarisme vert qui s’immisce chaque jour davantage, l’avenir sera sombre et dystopique. En un mot, le vainqueur prend tout… jusqu’à nos vies.

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      Pfizer piégé : le récit unique sur le Covid-19 continue de s’effondrer

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 February, 2023 - 04:00 · 14 minutes

    Une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux semble accuser Pfizer de développer des mutations sur le Covid-19 pour développer des vaccins.

    Filmé en caméra cachée par l’organisation conservatrice Project Veritas , un cadre de l’entreprise pharmaceutique y explique à son interlocutrice quatre choses intéressantes sur la politique de son employeur :

    « L’une des choses que nous explorons est la suivante : pourquoi ne pas simplement le faire muter nous-mêmes pour pouvoir créer – développer préventivement de nouveaux vaccins, n’est-ce pas ? Donc, nous devons faire ça. Mais si on le fait, il y a un risque, comme vous pouvez l’imaginer, que personne ne veuille qu’une entreprise pharmaceutique fasse muter ces putains de virus. »

    « Ne le dis à personne. Promets que tu ne le diras à personne. Le principe est le suivant : on inocule le virus à des singes, on les oblige successivement à s’infecter les uns les autres et on prélève des échantillons en série sur eux. »

    « Il faut être très contrôlé pour s’assurer que le virus que l’on fait muter ne crée pas quelque chose qui se propage partout. Ce qui, je le soupçonne, est la façon dont le virus a commencé à Wuhan, pour être honnête. Ça n’a aucun sens que ce virus sorte de nulle part. C’est des conneries. »

    « D’après ce que j’ai entendu, ils sont en train de l’optimiser mais ils vont lentement parce que tout le monde est très prudent – évidemment, ils ne veulent pas trop accélérer les choses. Je pense qu’ils essaient également de le faire à titre exploratoire car il est évident que l’on ne veut pas faire de publicité sur le fait que l’on cherche à découvrir de futures mutations. »

    Panique et interrogations

    Très rapidement, la vidéo repartagée sur le compte Twitter du docteur Robert Malone devient virale sur le réseau, suscitant panique, indignation et paranoïa. Le labo serait-il en train de mener des recherches de type « gain de fonction » ou « évolution directe » afin d’engranger profits sur profits grâce aux vaccins déclinés sur mesure pour correspondre aux nouveaux variants ?

    Le communiqué de presse de Pfizer, qui ne dément pas vraiment les propos de son employé, assure que « Pfizer n’a pas effectué de recherche sur le gain de fonction ou l’évolution dirigée » et que leurs recherches « sont entreprises dès qu’une nouvelle variante préoccupante a été identifiée par les autorités de santé publique » : donc du côté de la caméra cachée comme de la comm’ officielle de Pfizer, il n’y a pas d’ambiguïté, nous n’avons pas affaire aux apprentis sorciers qui font naître de nouveaux variants par appât du gain comme la mise en scène dramatique du Project Veritas laisse supposer.

    Pfizer ne fait qu’exploiter les variants déjà là pour anticiper ses développements futurs par des vaccins, ce qui semble être quelque chose d’assez routinier dans le milieu. Après tout, l’évolution directe est quelque chose de commun en virologie, tout comme l’usage de singes en matière de recherches sur les virus de type SARS-2.

    Si la vidéo est un non évènement sur le plan virologique ou pharmaceutique, pourquoi donc en parler ? Parce que son traitement médiatique chaotique, tout comme les fantasmes qu’elle suscite, en disent long sur la manière autoritaire et discrétionnaire dont s’est imposé le discours unique sur le covid porté par les labos, les médias et les États.

    Cette volonté de contrôler le discours public sanitaire a provoqué une vague de défiance populaire sans précédent, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur s’est retrouvé du côté des défenseurs des libertés publiques atterrés par l’assaut des covidistes contre la liberté de la presse et le pluralisme politique, le pire du côté d’un sentiment des discours complotistes et antivax devenus malheureusement mainstream .

    Imposer un discours unique sur le covid

    Mais reprenons. Quelques heures après la publication de la vidéo du Project Veritas , elle disparaît de Google et n’apparaît plus en recherches sur les réseaux sociaux.

    Dans un premier temps la grande presse ne s’y intéresse pas trop, et c’est finalement parce que la vidéo jouit d’une grande popularité sur Twitter qu’on assiste à quelques articles de fact-checking des jours après sa diffusion.

    Un pseudo-débat se forme pour se demander si l’employé de Pfizer est réellement un employé de Pfizer (sans surprise, oui il travaille bien pour le labo ).

    Ghosting , censure préalable discrète, gaslighting sur les réseaux puis service après-vente de la presse pour rectifier le tir sur la « désinformation covid » et la mettre en conformité avec le discours porté par les labos et les institutions.

    La manœuvre ne date pas d’hier, mais remonte à 2019. En effet, dès le 14 février de cette année, le directeur général de l’OMS déclare au cours de la conférence de Munich sur la sécurité que la lutte n’est pas seulement contre l’épidémie, mais contre « l’infodémie », c’est-à-dire les fake news et la désinformation sur la science. « Notre pire ennemi n’est pas le virus lui-même. Ce sont les rumeurs, les peurs et les marques d’infamie » affirme-t-il en une autre occasion.

    Contre les Fake News

    C’est pour contrer cette « désinformation » que l’OMS va commencer à travailler main dans la main avec les médias et en particulier les réseaux sociaux comme Facebook, Google, Tiktok, Youtube ou encore Tencent et même Wikipédia. À partir de ce moment-là, l’OMS construit une stratégie de communication à échelle mondiale pour s’assurer que tous les messages de santé publique sur le covid aillent « dans le bon sens ».

    Elle fait d’abord en sorte que Google répercute les bonnes informations en haut de sa page de recherches. Ensuite, elle va rechercher le soutien des principaux réseaux sociaux et même de compagnies comme Uber ou Airbnb pour relayer son discours sanitaire. Finalement, elle recrute des influenceurs et des faiseurs d’opinion pour contrôler le contenu des plateformes vidéos et réseaux sociaux.

    C’est peu de temps après qu’on peut voir apparaître sur Facebook les fameux messages attachés à tous les contenus repartagés sur la question du Covid. La société a décidé de faire disparaître les propos et théories « conspirationnistes » dénoncées par les organismes internationaux, c’est-à-dire principalement l’OMS.

    En résumé, l’organisation va s’assurer qu’une grande partie des entreprises de presse et des médias relaient le discours sur le covid proposé par l’OMS et s’attacher à discréditer tout ce qui s’en écarte. En ce sens, la réputation des industries pharmaceutiques qui marchent de concert avec les États et les organismes internationaux se révèlent aussi particulièrement attentifs à leur réputation publique.

    Pas besoin de conspiration pour expliquer cette coordination verticale diffuse et totalisante, véritable bureaucratie parallèle qui va se mettre en place contre la désinformation : toutes les étapes de sa mise en place sont publiques et revendiquées, au nom de la sacro-sainte lutte contre l’infodémie.

    Or ce qui s’écarte du discours officiel n’est pas nécessairement antiscience ou antivax, mais peut tout simplement être critique sur la stratégie adoptée, qui, rappelons-le faisait des confinements, du tracing numérique et de la vaccination à grande échelle avec ségrégation sociale des non-vaccinés pour l’ensemble de la population mondiale.

    Et puis est arrivé Elon Musk , qui rachète Twitter et préfère la liberté d’expression au consensus covid obligatoire. Les Twitter Files , comme par hasard fort peu relayées par une grande presse tout occupée à critiquer le patron de Tesla, ont soulevé un coin du voile des méthodes de harcèlement des institutions comme des labos visant à faire taire les voix politiques mais aussi scientifiques discordantes sur le sujet covid sur Twitter. Il ne s’agissait pas seulement de proposer un seul récit scientifique acceptable mais aussi de faire taire toute critique qui s’écartait du plan média de l’OMS.

    L’OMS sous influence

    Sauf que l’OMS, qui va s’occuper de coordonner la réponse à la crise covid, est loin d’être un organe neutre et indépendant. Son orientation et sa stratégie globale relèvent de choix politiques et sur la question de la gestion covid, elle s’est alignée sur la politique autoritaire de la Chine à partir de février 2020. Pour la première fois dans l’histoire de la lutte contre les épidémies, on va employer des confinements, c’est-à-dire des techniques de contrôle qui relèvent davantage du droit pénal (les résidences surveillées) que des réponses pharmaceutiques classiques.

    Toby Green et Thomas Fazi rappellent dans leur essai The Covid Consensus que, à cette époque, l’Italie subit la première crise sanitaire en dehors de la Chine, poussant les autorités à placer plusieurs municipalités de Lombardie en quarantaine.

    Plus important, l’OMS publie le 24 un rapport cosigné par le Dr Bruce Aylward et le Dr Wannian Liang  du ministère chinois de la Santé sur la crise covid à Wuhan. On y explique que l’origine du virus est clairement zoonotique et surtout on reprend les directives de Xi Jinping sur la nécessité d’éradiquer totalement le virus par tous les moyens possibles.

    C’est cette volonté qui expliquera que le pouvoir politique va d’emblée écarter les solutions classiques limitées dans le temps et à certaines franges de la population de lutte contre la pandémie pour tester de nouvelles techniques, dont des mesures de santé publique « non pharmaceutiques » comme la détection et l’isolation, le traçage des contacts, et des quarantaines de type « cordon sanitaire ». « Les mesures qui ont été employées pour contenir le Covid-19 en Chine sont les seules mesures qui sont actuellement éprouvées pour interrompre ou minimiser les chaînes de transmission entre humains », peut-on lire noir sur blanc dans le rapport, vendant la solution chinoise comme unique et transposable dans toutes les situations possibles.

    En l’espace de quelques semaines, au sein de l’OMS, le paradigme ancien en termes de lutte contre les épidémies est mis à la poubelle et un nouveau consensus s’établit au sein de la communauté scientifique en accord avec les directives d’un des pays les plus autoritaires, antidémocratiques au monde. En quelque sorte, pour résumer, l’acceptation par l’OMS du modèle sanitaire chinois a « nettoyé » son message de toute dimension politique visible pour le rendre manipulable par les technocrates du monde entier.

    Le faux consensus narratif sur le covid

    Le récit covid unique officiel qui va s’imposer va toutefois vite se désagréger. Aujourd’hui, la soi-disant gestion exemplaire chinoise offre au monde entier le spectacle d’un système à la fois carcérale et économiquement suicidaire.

    Il n’y aura pas de Great Reset ou de société post-libérale vantée par des élites sous influence. La feuille de route covid avait des trous, elle a changé en fonction des circonstances et des intérêts particuliers, sa rhétorique technocratique dissimulait (mal) le riant modèle politique chinois sur lequel s’est appuyé l’OMS pour diffuser la bonne parole en matière de lutte contre la pandémie. Son impact catastrophique sur la santé, l’économie, les libertés publiques partout en Occident a incité beaucoup de ses défenseurs à le renier. Une partie même de ses plus fervents défenseurs a fini par exprimer des regrets, à l’image de Delfraissy , qui a cherché à minimiser son rôle dans la catastrophe générale.

    Sur les revirements successifs de la vérité covidienne, prenons l’exemple évoqué par l’employé de Pfizer.

    Dans la vidéo de Project Veritas , il suggère que le virus est sorti d’un laboratoire et n’a pas une origine naturelle. Or le discours officiel sur la question a longtemps considéré cette hypothèse comme relevant du complotisme, interdisant toute discussion sérieuse sur le sujet.

    Il a fallu quelques esprits indépendants, comme Nicolas Wade aux États-Unis, Matt Ridley en Grande-Bretagne ou encore Yves Bourdillon dans les colonnes de Contrepoints pour évoquer cette piste jusqu’alors considérée comme impensable par les gens sérieux.

    Sur le sujet, l’orthodoxie sanitaire a changé et les persécutions médiatiques contre les hérétiques « complotistes » ont cessé. Mais on retrouve le même type de mécanisme autoritaire interdisant tout débat rationnel au sein des populations quand il a été question d’interroger l’efficacité des masques, la pertinence des modèles mathématiques de prédiction (qui se sont révélés faux pour la plupart), la vaccination quasi obligatoire, ses effets secondaires indésirables, la nécessité de construire une immunité naturelle, l’isolement des fractions de population les plus susceptibles d’être victimes du covid, le caractère liberticide de zero covid , l’hospitalocentrisme de la réponse politique française, les traitements préventifs du covid, la pertinence sanitaire des confinements, ou bien entendu la nécessité d’un pass sanitaire et la normalisation de la ségrégation sociale pour raison sanitaire.

    Quelques questions qui dérangent

    Green et Fazi font du récit unique sur le covid l’origine du désastre global que fut la lutte contre la pandémie. Seulement, leurs interrogations – et les réponses qu’ils proposent – sont plus dérangeantes encore. Comment se fait-il que le modèle autoritaire chinois ait été accepté avec autant de facilité par notre classe politique, mais aussi par une fraction non négligeable de la population ?

    Le premier élément de réponse proposé porte sur l’influence croissante de la Chine dans le monde, qui non seulement s’étend mais répond à une politique de compétition et donc d’influence avec les États-Unis.

    En réponse au soft power américain, le gouvernement chinois cherche également à étendre discrètement son emprise. C’est grâce à cette stratégie d’influence que la Chine a réussi à défendre son « capitalisme autoritaire » comme un véhicule distinct du modèle occidental et plus efficace pour moderniser que celui porté par les démocraties libérales.

    Plus inquiétant encore, le modèle chinois a tout pour séduire des élites technocratiques occidentales, qui ont pu retrouver dans le management autoritaire de la crise l’apparence d’efficacité qu’ils recherchent pour leurs propres organisations. Pour Fazi et Green, il faudrait s’inquiéter d’une possible convergence autoritaire entre Chine et Occident sur le sujet, dans laquelle les élites technocratiques se retrouvent pour cornériser au final les institutions traditionnelles du libéralisme politique.

    Le second élément de réponse proposé par Fazi et Green repose sur l’acceptation par les populations de la gouvernance par l’exception permanente. Sur le sujet, pour les deux auteurs la crise covid n’a fait qu’accélérer une tendance de fond. Depuis maintenant plusieurs décennies, la succession de crises, terroriste, économique, sanitaire, militaire normalise l’idée que par souci d’efficacité politique, il convient de s’habituer à la précarité de situation et à l’extension des pouvoirs de l’État, en particulier en matière de surveillance. De facto, cela revient à admettre l’obsolescence de l’État de droit et d’un gouvernement aux pouvoirs limités pour respecter les libertés individuelles.

    Derrière la vidéo du Project Veritas , il n’y a donc pas seulement la communication étrange de Pfizer, le flot de commentaires angoissés qu’elle a suscités et une compagne de communication étonnamment artificielle qui posent problème. C’est un témoignage des effets pervers du retour de la propagande à l’ère informationnelle et du recul généralisé de la culture libérale partout dans le monde.

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      Comment les Russes et les Chinois ont travaillé ensemble sur des scénarios de propagande

      news.movim.eu / Numerama · Thursday, 5 January, 2023 - 09:10

    Une fuite de mails d'un géant médiatique russe révèle des partenariats entre les gouvernements russes et chinois pour diffuser conjointement des contenus politiques. [Lire la suite]

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      Sobriété : la normalisation du déclin

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 03:35 · 4 minutes

    Sobriété, sobriété, sobriété : les médias, les amuseurs publics et les éditorialistes se réapproprient les mots du pouvoir politique sans trop se poser de questions. C’est d’ailleurs parce qu’ils ne se posent pas trop de questions qu’ils sont utiles à la classe technocratique, sans quoi le public pourrait s’interroger sérieusement sur l’intérêt de revenir à un modèle préindustriel disparu depuis le XVIII e siècle.

    Parler de « normalisation » ici signifie essentiellement chercher à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Un pays en voie de désindustrialisation qui est passé de pays exportateur d’énergie à importateur, qui a laissé mourir son secteur agricole par paresse, qui voit ses services publics se nécroser par la bureaucratie et la démagogie électorale, qui s’est construit une cage de fer en termes de réglementations écologiques faisant fuir investisseurs, entreprises et propriétaires, sous la plume des technocrates et des bureaucrates qui profitent d’une telle situation, un pays en transition vers la « sobriété ».

    Normaliser, c’est euphémiser le déclin pour continuer à vivre dessus sans avoir à faire quelque chose pour l’enrayer.

    La sobriété comme régression

    Seulement, revenir à une économie agraire envisagée comme « normalisation » signifie une régression sans précédent. Contentons-nous de rappeler qu’à la première révolution agricole qui correspond à la révolution néolithique, répond une seconde, capitaliste, qui a changé radicalement les modes de production à partir du XVIII e siècle. Comme le rappelle Joyce Appleby dans Capitalisme : histoire d’une révolution permanente (2016), l’invention de nouvelles techniques dans le domaine agricole pour produire plus avec moins de ressources n’a pas seulement donné un coup d’accélérateur économique, elle a libéré l’Homme des servitudes de la société prémoderne.

    L’intégralité de l’ordre social, statique et inégalitaire était autant paralysée que constituée par la crainte des famines et des mauvaises récoltes endémiques à l’économie naturelle. En permettant de produire plus avec moins de personnes, en créant des marchés là où les économies vivaient en autarcie, le capitalisme a réorienté les activités en dehors du champ de l’agriculture de survie. La division du travail s’est raffinée et le pluralisme économique des sociétés occidentales est né. En d’autres termes, la révolution capitaliste agricole a dynamité les vestiges du féodalisme et le bavardage réactionnaire sur la sobriété vise essentiellement à revenir sur cette étape essentielle.

    La politique de la nostalgie

    Revenir à un modèle agraire c’est accepter d’une part la neutralisation économique, politique et culturelle de la France au profit de ses concurrents, et d’autre part son statut de colonie numérique, énergétique, culturelle et politique. Les États-Unis, la Chine ou l’Allemagne ont tout intérêt à transformer la France en patelin rural. À eux les ordinateurs quantiques et la conquête de Mars , à nous les fromages et les porte-clefs en forme de tour Eiffel. Et la classe bureaucratique continuera, à l’orchestre, de jouer la petite musique de la « sobriété », cette pauvreté que nous aurons choisie. Ou plutôt qu’ils auront choisi pour nous.

    Car en effet la rhétorique de la sobriété, qui répond à celle de la peur climatique, énergétique et il y a encore peu sanitaire, vise essentiellement à dissimuler « the elephant in the room » : les responsables politiques de notre déclin sont encore au pouvoir, ils n’ont jamais cessé de l’être et désormais ils prétendent même manager le déclassement qu’ils ont encouragé depuis plus de 30 ans. La tertiarisation de l’économie française, et donc la désindustralisation, est une idée qui vient de la tête de nos énarques et de nos polytechniciens, comme la dénucléarisation , la transition énergétique, la glaciation du marché du travail par les 35 heures ou encore l’incapacité à transformer notre secteur agricole en atout pour le pays. Seulement, aujourd’hui, vous êtes priés de ne plus parler de déclin ou d’appauvrissement, mais de « sobriété volontaire ».

    Les communicants publics ne remercieront jamais assez les officines de l’ultragauche primitiviste pour tout le lexique qu’ils se sont réappropriés pour dominer.