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      5 choses que Marx voulait abolir (outre la propriété privée)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 14 March, 2023 - 10:43 · 4 minutes

    Par Jon Miltimore.

    L’une des choses remarquables du Manifeste communiste est son honnêteté.

    Karl Marx n’était peut-être pas un type très bien, mais il était d’une franchise rafraîchissante sur les objectifs du communisme . Cette franchise, pourrait-on dire, fait partie intégrante de la psyché communiste.

    Il déclare dans son célèbre manifeste :

    « Les communistes dédaignent de dissimuler leurs vues et leurs objectifs. Ils déclarent ouvertement que leurs fins ne peuvent être atteintes que par le renversement forcé de toutes les conditions sociales existantes. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste . »

    À l’instar de Mein Kampf , le lecteur se voit présenter une vision pure et non diluée de l’idéologie de l’auteur (aussi sombre soit-elle).

    Le manifeste de Marx est célèbre pour avoir résumé sa théorie du communisme en une seule phrase : « Abolition de la propriété privée. »

    Mais ce n’était guère la seule chose que le philosophe croyait devoir abolir de la société bourgeoise dans la marche du prolétariat vers l’utopie. Dans son manifeste, Marx a mis en évidence cinq autres idées et institutions à éradiquer.

    1. La famille

    Marx admet que la destruction de la famille est un sujet épineux, même pour les révolutionnaires.

    « L’abolition de la famille ! Même les plus radicaux s’enflamment devant cette proposition infâme des communiste s ».

    Mais selon lui, les opposants à cette idée ne comprennent pas un fait essentiel concernant la famille.

    « S ur quelle base la famille actuelle, la famille bourgeoise, repose-t-elle ? Sur le capital, sur le gain privé. Dans sa forme complètement développée, cette famille n’existe que chez les bourgeois « .

    Mieux encore, l’abolition de la famille serait relativement facile une fois la propriété bourgeoise abolie.

    « La famille bourgeoise disparaîtra comme une évidence lorsque son complément disparaîtra, et les deux disparaîtront avec la disparition du capital. »

    2. L’individualité

    Marx pensait que l’individualité était contraire à l’égalitarisme qu’il envisageait. Par conséquent, l' » individu » doit « être écarté et rendu impossible « .

    L’individualité était une construction sociale d’une société capitaliste et était profondément imbriquée avec le capital lui-même.

    « Dans la société bourgeoise, le capital est indépendant et a une individualité, tandis que la personne vivante est dépendante et n’a pas d’individualité . Et l’abolition de cet état de choses est appelée par les bourgeois, abolition de l’individualité et de la liberté ! Et à juste titre. C’est sans aucun doute l’abolition de l’individualité bourgeoise, de l’indépendance bourgeoise et de la liberté bourgeoise qui est visée. »

    3. Les vérités éternelles

    Marx ne semblait pas croire qu’une quelconque vérité existait au-delà de la lutte des classes.

    « Les idées dominantes de chaque époque ont toujours été les idées de sa classe dominante. Lorsque le monde antique était à son dernier souffle, les anciennes religions ont été vaincues par le christianisme. Lorsque les idées chrétiennes ont succombé au XVIIIe siècle aux idées rationalistes, la société féodale a livré son combat à mort contre la bourgeoisie alors révolutionnaire. »

    Il reconnaissait combien cette idée semblerait radicale à ses lecteurs, d’autant plus que le communisme ne cherche pas à modifier la vérité, mais à la renverser. Mais il soutenait que ces personnes ne voyaient pas le tableau d’ensemble.

    « ‘ Sans aucun doute, dira-t-on, les idées religieuses, morales, philosophiques et juridiques ont été modifiées au cours du développement historique. Mais la religion, la morale, la philosophie, la science politique, le droit, ont constamment survécu à ce changement.

    Il existe, en outre, des vérités éternelles, telles que la liberté, la justice, etc. qui sont communes à tous les états de la société. Mais le communisme abolit les vérités éternelles, il abolit toute religion, et toute morale, au lieu de les constituer sur une base nouvelle ; il agit donc en contradiction avec toute l’expérience historique passée .

    A quoi se réduit cette accusation ? L’histoire de toutes les sociétés passées a consisté dans le développement des antagonismes de classe, antagonismes qui ont pris des formes différentes selon les époques. »

    4. Les nations

    Marx énonce qu’on reproche aux communistes de vouloir abolir les pays. Selon lui, ces gens ne comprennent pas la nature du prolétariat.

    « Les travailleurs n’ont pas de pays. Nous ne pouvons pas leur prendre ce qu’ils n’ont pas. Puisque le prolétariat doit d’abord acquérir la suprématie politique, qu’il doit s’élever au rang de classe dirigeante de la nation, qu’il doit se constituer lui-même la nation, il est jusqu’ici, lui-même national, quoique pas dans le sens bourgeois du mot. »

    En outre, en grande partie grâce au capitalisme, il a vu reculer les hostilités entre personnes d’origines différentes. Selon lui, avec la montée en puissance du prolétariat, il n’y aurait bientôt plus besoin de nations.

    « Les différences nationales et l’antagonisme entre les peuples disparaissent chaque jour davantage, en raison du développement de la bourgeoisie, de la liberté du commerce, du marché mondial, de l’uniformité du mode de production et des conditions de vie qui lui correspondent. »

    5. Le passé

    Marx considérait la tradition comme un outil de la bourgeoisie. L’adhésion au passé servait de simple distraction dans la quête d’émancipation et de suprématie du prolétariat.

    « Dans la société bourgeoise le passé domine le présent ; dans la société communiste, le présent domine le passé. »

    Traduction Contrepoints

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      Hegel : inspirateur de Marx, apologiste de l’État… et défenseur du marché

      Philippe Silberzahn · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 6 January, 2023 - 03:50 · 13 minutes

    L’émergence de la société marchande à la fin du XVII e siècle et les conséquences multiples de son plein développement dans le siècle suivant n’ont pas laissé les philosophes indifférents.

    Si nombre d’entre eux l’ont durement critiquée, d’autres en ont au contraire loué les vertus. C’est notamment le cas de Voltaire et sans doute de façon surprenante de Georg Wilhelm Friedrich Hegel , un philosophe majeur, pourtant apologiste de l’État. Peut-on défendre à la fois l’État et le marché ? C’est ce qu’il fait.

    Hegel est l’un des philosophes majeurs du XIX e siècle. Il a inspiré les travaux d’auteurs contemporains principalement à gauche, comme Sartre notamment. Mais surtout, il est l’inspirateur de Karl Marx , même si ce dernier s’en est ensuite éloigné. Il fut très critiqué par les auteurs libéraux et notamment par Karl Popper qui lui reprochait non seulement sa glorification métaphysique de l’État mais également son historicisme , l’idée selon laquelle il existe des lois de l’histoire auxquelles on ne peut échapper, que Popper voyait comme un anti-individualisme. Pourtant, la réalité est plus nuancée, et il serait faux de voir Hegel simplement comme un apologiste de l’État hostile au marché et à l’individualisme.

    La réputation de Hegel en tant que philosophe apologiste de l’État, et le fait qu’il ait été l’inspirateur principal de Marx, rendent difficile pour ceux qui supposent un antagonisme nécessaire entre l’État et le marché, de comprendre comment il apprécie le rôle positif de ce dernier dans son interprétation du monde moderne.

    Dans son ouvrage Principes de la philosophie du droit , paru en 1820, il analyse pourtant longuement l’émergence du marché comme fait central de l’époque moderne et discute des conditions dans lesquelles celui-ci permet à la fois d’exprimer son individualité et de faire société. À la lecture de cette défense, son apologie du rôle de l’État devient plus compréhensible si l’on considère que son intérêt premier est pour le développement des institutions qui constituent la société. Si effectivement le sens ultime de sa philosophie est d’affirmer le rôle nécessaire de l’État, il ne le fait pas en opposition au marché mais comme un contrepoids nécessaire à celui-ci, dont il reconnaît expressément les mérites, et la nécessité historique.

    Pour Hegel, la poursuite de l’intérêt personnel peut conduire au bien-être commun

    Hegel a lu Adam Smith et s’en inspire directement pour expliquer comment, dans une économie de marché, la poursuite de l’intérêt personnel peut créer un système d’interdépendance conduisant au bien-être commun. Comme Smith, il s’intéresse à la manière dont le caractère humain est formé par les cadres institutionnels.

    Hegel a vu d’un bon œil les débuts de la Révolution française mais il attribue les excès sanglants de celle-ci à la compréhension erronée de la nature de la liberté par les révolutionnaires français.

    S’éloignant en cela de la pensée libérale, une grande partie de son œuvre est ainsi consacrée à une critique de la liberté comprise uniquement comme « le droit de faire ce que l’on veut ». Dans la mesure où les Hommes agissent spontanément selon leurs instincts et leurs pulsions naturelles, pense Hegel, ils sont à l’opposé de la liberté car ils sont esclaves de leurs passions. Considérer, à la suite de Jean-Jacques Rousseau , chaque institution comme une barrière à la liberté individuelle rend impossible l’établissement d’un ordre institutionnel. Hegel pense que l’une des grandes erreurs du romantisme et de certaines variétés de libéralisme était de considérer les devoirs uniquement comme des limitations du moi réel. Il critique l’idée selon laquelle être moral c’est se distinguer ou adhérer à une certaine conception individuelle de la vertu.

    Dans une société éthique, écrit-il, être vertueux, c’est se montrer à la hauteur des devoirs imposés par l’institution. Pour lui, le grand défi du monde moderne est non seulement de nous procurer un sentiment d’individualité et de subjectivité mais aussi de nous lier à une série d’institutions auxquelles nous nous identifions et qui nous donnent le sentiment d’appartenir à un monde fiable. C’est cette tension, née de la révolution industrielle et de ses bouleversements, qui le préoccupe.

    L’autre erreur de la Révolution française, selon Hegel, est d’avoir considéré le projet révolutionnaire comme un nouveau point de départ.

    En se coupant de l’héritage culturel du passé, elle se privait d’une importante source de légitimité. Or, selon lui, les institutions contemporaines, marché y compris, sont rendues possibles par un ensemble de normes implicites qui sont le produit du développement historique. Avec Edmund Burke , il inaugure ainsi une longue lignée de penseurs caractérisés improprement pour certains comme « conservateurs », qui se poursuivra jusqu’à Hayek et Scruton, qui s’opposeront à une forme extrême de rationalisme issu des Lumières, qui voulait faire table rase des institutions et les recréer ex nihilo , sur des principes clairs.

    La caractérisation de conservateur est inappropriée, au moins pour Hegel, parce qu’encore une fois il estime que les principes guidant la Révolution française sont historiquement nécessaires et bienvenus. Il sera d’ailleurs un soutien actif au mouvement réformiste en Prusse qui naît à la suite de la défaite face à Napoléon.

    Hegel, défenseur de la propriété privée et du marché

    Hegel fut un défenseur de la propriété privée. Il explique qu’elle est importante sur le plan moral en raison des possibilités qu’elle crée pour l’expression de notre individualité.

    L’une des constantes de sa philosophie est que les croyances ne sont stables que lorsqu’elles sont concrétisées dans le monde extérieur : dans les objets, dans les règles institutionnelles, dans les modèles mentaux par lesquels les gens se rapportent les uns aux autres. Le fait que les autres ne prennent pas mon bien – qu’ils le considèrent comme mien – est une manière de me reconnaître en tant qu’individu. C’est précisément cette reconnaissance, notion clé chez Hegel, qui manque à l’esclave et au serf. Pour lui, le fait que le droit de posséder une propriété privée, de contrôler un petit morceau du monde, soit universel dans l’État moderne est un titre de gloire pour ce dernier.

    La propriété exprime et extériorise également notre individualité dans un autre sens : elle constitue une partie du monde naturel sur laquelle nous avons travaillé, que nous avons transformée conformément à notre volonté. En ce sens, elle fait partie de l’humanisation de la nature, de l’infusion de l’esprit humain dans le monde, qui est l’un des thèmes centraux de la théorie du développement historique de Hegel.

    Mais selon lui, la propriété n’est rien sans le marché, qu’il juge nécessaire de justifier parce que pour nombre de penseurs, celui-ci est inconciliable avec le bien-être humain.

    Leurs critiques se résument à trois accusations :

    1. La société marchande rend les Hommes moins heureux en augmentant leurs besoins plus rapidement que les moyens nécessaires pour les satisfaire.
    2. Elle conduit à un déclin de la vertu, comprise dans le sens civique républicain de la volonté de sacrifice au nom de la communauté et à une scission entre l’intérêt privé et l’intérêt public.
    3. La division du travail conduit à la spécialisation et favorise ainsi des personnalités unilatérales et atrophiées.

    Hegel ne partage pas du tout ces critiques. Pour lui au contraire, le marché est une institution clé, à la fois pour le développement d’un sentiment de valeur personnelle et pour nous habituer à considérer les autres comme des individus, c’est-à-dire pour faire société.

    Hegel observe en effet que le marché est fondé sur les relations qui naissent de la tentative de satisfaire les désirs des individus. Ces désirs, souligne Hegel, ne sont pas « naturels ». Mais alors que les moralistes dénoncent comme un « luxe » la tentative de satisfaire des désirs estimés « non naturels », Hegel adopte une approche a-morale. La plupart des désirs humains, insiste-t-il, ne sont pas déterminés par la nature : ils sont le résultat de l’imagination.

    Plutôt que de condamner la croissance des désirs, Hegel explique que c’est cette capacité à vouloir les produits de notre imagination qui distingue les humains des animaux. Ces désirs, comme les institutions, sont le produit d’une évolution. Le luxe d’hier est devenu une nécessité d’aujourd’hui.

    Le rôle clé de l’entrepreneur

    Hegel avait lu Jean-Baptiste Say . Il reconnaissait donc (contrairement à Smith) que les entrepreneurs étaient une force majeure du marché dans l’expansion des désirs imaginaires des consommateurs. En d’autres termes, le marché ne se contente pas de satisfaire les besoins, il les crée grâce à l’action des entrepreneurs.

    Montrant une compréhension aiguë et pour tout dire un peu inattendue de l’innovation, Hegel explique que c’est la quête de la reconnaissance individuelle par la consommation qui a conduit au cycle moderne d’évolution des besoins. Le désir de se considérer comme l’égal des autres conduit les individus à désirer les biens de consommation de ceux qui leur sont supérieurs. Le désir d’individualité conduit à la création de nouveaux produits, afin d’exprimer celle-ci en se distinguant de la foule. Le résultat est un cycle sans fin d’imitation et d’innovation. Un siècle avant Schumpeter , Hegel n’explique pas seulement de façon remarquable ce qu’on appellera plus tard la dynamique du capitalisme ; il montre à quel point le marché est à la fois le moyen d’exprimer et de développer l’expression individuelle en lien avec les autres individus et ce en quoi il rend les Hommes plus sociaux.

    Il ajoute que la pression concurrentielle pousse la société de marché vers l’extérieur. La recherche de marchés pour vendre les produits pour lesquels l’offre dépassait la demande a conduit les entrepreneurs à s’aventurer dans des régions relativement arriérées sur le plan économique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales. C’est l’élan du commerce qui a souvent mis en contact des cultures séparées par des océans et qui leur a permis d’apprendre les unes des autres. Là encore, il souligne combien le marché rassemble les Hommes au lieu de les diviser, comme il est commun de le croire à l’époque et encore aujourd’hui.

    Le marché, lieu d’expression de notre individualité

    Les contemporains romantiques de Hegel dépeignaient le monde du travail et de l’activité marchande comme une menace pour l’individualité.

    Pour lui au contraire, subvenir à ses besoins en gagnant sa vie est l’un des moyens les plus importants par lesquels les Hommes acquièrent le sens de leur individualité. Le marché est le lieu où nous exprimons notre particularité et notre individualité à travers la possibilité de choisir.

    Le développement de cette possibilité est l’un des grands changements de l’ère moderne.

    Pour Hegel il existe des formes supérieures et inférieures de choix et la forme supérieure se produit lorsque nous faisons nos choix pour de bonnes raisons, rationnelles. Le choix le plus important que l’on puisse faire dans la société civile est peut-être celui d’une profession (l’autre étant le choix d’un conjoint).

    À l’opposé des moralistes de tous temps, Hegel estime qu’il y a aussi une certaine valeur à la possibilité de faire des choix arbitraires, c’est-à-dire des choix faits sans raison valable, qui ne sont qu’une question de goût et même de caprice. Ainsi, la possibilité de choisir entre trente parfums de glace n’est pas la forme la plus élevée de choix mais c’est néanmoins un choix qui exprime quelque chose de notre individualité.

    Penseur de l’État

    Hegel pense toutefois que le marché n’est pas suffisant pour produire le sens dont les Hommes ont besoin.

    Il rejoint ainsi la pensée pré-capitaliste. Il partage l’inquiétude des Romantiques allemands pour qui le monde séculaire moderne laisse l’individu aliéné – divisé intérieurement, dépourvu d’un sens de la communauté ou d’un sentiment de transcendance. Mais il croit cependant possible de réconcilier les Hommes avec le monde nouveau, un monde dans lequel ils sont fiers de leur subjectivité individuelle et de leur particularité. Il pense que l’individu a besoin de faire partie de quelque chose de plus grand, mais selon lui cela ne passe pas par un abandon irrationnel à une source extérieure, comme le suggèrent les Romantiques mais par des institutions comme la famille, la guilde ou l’État, que Hegel appelait « médiations ». Ce sont les institutions de sa société – au premier rang desquels l’État – qui lui permettent de se considérer comme un individu.

    C’est ainsi que son apologie de l’État prend tout son sens. Dans sa conception de l’État, Hegel s’oppose donc à la fois à Voltaire (voir mon article ici ) et aux penseurs libéraux qui lui succèdent, pour qui le marché est suffisant pour créer une société vertueuse, et à Colbert et à ses successeurs, notamment les planistes français, pour qui le rôle de l’État est de piloter les marchés car ceux-ci sont chaotiques.

    Pour Hegel, le rôle de l’État est important aussi parce que si les droits de contrôler sa personne et ses biens sont moralement souhaitables et essentiels à ce qui fait la valeur de la modernité, ils ne sont pas naturels. Ils sont le produit de l’évolution historique des conceptions culturelles ; ils relèvent de ce qu’il appelle la « seconde nature », et leur réalité n’est rendue possible que par l’État moderne. Sans l’État, qui transforme les droits en lois, il n’existe aucune protection des personnes et des biens dans le monde réel.

    Sa compréhension de la modernité amène donc Hegel à conclure que le rôle de l’État doit être d’encourager la généralisation de la propriété et plus généralement le développement des forces modernes au premier rang desquels le marché, tout en se posant en garant du bien commun.

    Hegel défenseur du marché, mais pas libéral

    Ainsi donc, l’inspirateur de Marx et apologiste de l’État fut un ardent défenseur de la propriété privée et du marché.

    Mais il n’était pas libéral pour autant car selon lui, les individus doivent rester soumis à l’ordre social et politique de la collectivité, sur lequel ils n’ont pas de prise. Cette combinaison étrange entre marché libre et absence de droits politiques est le modèle que les régimes autoritaires modernes comme la Russie et la Chine essaient de réaliser, en faisant le pari que la liberté économique n’entraîne pas la liberté politique. Il reste à voir si ce modèle est viable.

    Source pour cet article : Jerry Z Muller, The Mind and the Market , Anchor books (2003).

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