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      Présidentielles en République tchèque : un révélateur de division en Europe centrale

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 28 January, 2023 - 03:40 · 4 minutes

    Un article de Conflits

    Le premier tour de l’élection présidentielle de la République tchèque a eu lieu le 13 et 14 janvier 2023. Si les pouvoirs du président de la République sont faibles dans ce pays, cette élection met en évidence des divisions. D’un côté se trouve Andrej Babis , l’ancien Premier ministre centriste considéré comme populiste , de l’autre Petr Pavel , l’ancien chef des armées de la République tchèque et ancien président du comité militaire de l’OTAN. Second tour à la fin du mois.

    Ainsi, en matière de politique étrangère et sur les questions européennes, les candidats ont un profil différent. Bien qu’il soit probable que les problèmes liés aux relations internationales ne soient pas le seul déterminant des votes, cette élection montre une tendance. Compte tenu de la position de la République tchèque, cette situation est un indicateur de la situation dans laquelle se trouve l’Europe centrale.

    Entre atlantisme et populisme d’Europe centrale

    Les deux candidats du second tour envoient des messages différents.

    En tant qu’ancien haut militaire de l’OTAN, Petr Pavel envoie une image d’une République tchèque tournée vers l’Alliance nord-atlantique et l’Ouest. Son programme laisse une large place aux problèmes internationaux. Il est partisan de l’aide à l’Ukraine (y compris les livraisons d’armes), des sanctions contre la Russie et de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Concernant la politique interne, Pavel voit la Scandinavie (comme le Danemark) comme modèle.

    Andrej Babis est quant à lui plus ambigu. Officiellement, son parti ANO 2011 (qu’il a créé) est membre du groupe européen Renew Europe dans lequel se trouve aussi La République en marche. Le président Macron a d’ailleurs reçu Andrej Babis la semaine précédant l’élection tchèque. De plus, la commissaire européenne tchèque Věra Jourová, affectée à la transparence et à l’État de droit, est membre d’ANO 2011 et n’hésite pas à critiquer la Hongrie et la Pologne . Néanmoins, le mandat de Premier ministre de Babis révèle une réalité plus nuancée. Les relations entre la République tchèque de Babis et la Hongrie d’Orban et la Pologne de Droit et Justice ont été marquées par de la coopération. Tout particulièrement sur la question de l’opposition aux quotas de migrants.

    Si le gouvernement Babis a expulsé des diplomates russes suite à une dispute diplomatique en 2017 liée à l’explosion d’un dépôt en République tchèque, il est parfois vu depuis l’Ouest et les États-Unis comme étant trop timoré face à la Russie de Poutine . Son opposition aux sanctions contre la Russie suite à l’annexion de la Crimée a contribué à cette image. Le fait que son entreprise agricole ait des liens avec Gazprom a aussi soulevé des questions.

    Cette opposition n’est toutefois pas surprenante et montre une division qui est présente dans la population tchèque et plus généralement en Europe centrale.

    La République tchèque, entre occidentalisme et particularisme d’Europe centrale

    L’opinion publique était déjà connue pour être divisée et ce tout particulièrement sur les questions de politiques internationales. En 2022, des manifestations anti-OTAN et anti-UE ont eu lieu à la suite de la hausse du coût de la vie. Mais dans le même temps, des contre-manifestations se sont déroulées en faveur de l’Ukraine, de l’OTAN et de l’UE.

    Cette division n’est pas nouvelle. Le think tank slovaque GLOBSEC étudie les opinions publiques des pays d’Europe centrale. Il ressort de cette étude qu’en 2022 si 56 % des Tchèques se considèrent comme Occidentaux, 38 % se considèrent comme culturellement entre l’Ouest et l’Est (incarné par la Russie). Le conflit ukrainien a néanmoins eu un effet en faveur de l’image de l’Occident : en 2021, seuls 33 % des Tchèques se considéraient Occidentaux contre 58 % entre l’Ouest et l’Est.

    La Russie est pour autant considérée comme une menace par 84 % de la population, ce qui n’a pas toujours été le cas. En 2021, seulement 43 % considéraient Moscou comme un danger. De plus, à cette même époque , 38 % estimaient que l’OTAN provoquait la Russie contre 42 % qui estimaient que c’était Moscou la provocatrice. 59 % des Tchèques considéraient même que la Russie était une victime de l’Ouest.

    Ces données montrent que si l’opinion tchèque a changé à la suite de l’électrochoc de février 2022, cette méfiance vis-à-vis de la Russie n’est pas acquise et est moins profonde que celle qui existe par exemple en Pologne.

    Finalement, c’est cette division que l’on retrouve avec l’opposition Pavel/Babis. Celle-ci se confirme avec l’analyse du report des voix des électeurs qui s’est opérée entre l’élection législative de 2021 et le premier tour de la présidentielle en 2023. Les électeurs des partis au pouvoir (la coalition de centre droit SPOLUS, et le parti pirate de centre gauche) pro-occidentaux et pro-UE se sont reportés massivement sur Pavel. Babis a lui pu compter non seulement sur les électeurs de son parti, mais aussi sur la majorité de ceux du SPD, le parti nationaliste tchèque (qui pourtant avait présenté un candidat à la présidentielle). Aussi, Babis a pu compter sur un report de 10 % des abstentionnistes de l’élection législative.

    De ce fait, celui qui gagnera le second tour devra faire face à une opposition forte. En cela l’ombre du conflit ukrainien renforce les tensions internes qui préexistaient.

    Sur le web

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      La passerelle la plus longue du monde inaugurée en République tchèque

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 14 May, 2022 - 12:06 · 1 minute

    INSOLITE - Voici sans doute le nouveau paradis des Instagrameurs! La plus longue passerelle du monde a été inaugurée ce vendredi 13 mai en Tchéquie . Les premiers visiteurs ont pu parcourir les 721 mètres de cette structure spectaculaire à découvrir dans la vidéo en tête d’article.

    Nommé “Sky Bridge 721”, il a fallu deux ans pour construire ce pont qui aura coûté 200 millions de couronnes (environ 8 millions d’euros) et est suspendu à 95 mètres au-dessus du sol à son point le plus élevé.

    La structure se situe à plus de 1100 mètres d’altitude et relie deux crêtes montagneuses à Dolní Morava, un village du nord-est du pays, à 200 km de Prague et près de la frontière avec la Pologne.

    Cette construction dépasse le superbe pont Arouca au Portugal et ses 516 mètres, ainsi que le “Gandaki Golden Bridge”, structure mesurant 567 mètres qui possédait jusqu’alors le précédent record du monde.

    Le nouveau pont tchèque ne fait pourtant pas l’unanimité. Le directeur régional de l’Agence tchèque pour la conservation de la nature, Michal Servus, a déclaré à la télévision tchèque cette semaine que le pont crée des problèmes de protection des zones environnantes et avait changé le caractère de la zone.

    Les responsables espèrent que cela stimulera le tourisme dans la région en donnant un regard différent sur le paysage forestier. Il faudra s’acquitter de 350 couronnes tchèques (14 euros) pour pouvoir marcher sur ce pont spectaculaire.

    À voir également sur Le HuffPost: En Allemagne, ce pont de 500m de long détruit à la dynamite

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      Europe de l’Est : croissance et plein emploi grâce à la liberté économique

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 7 February, 2021 - 04:40 · 7 minutes

    Europe de l

    Par Aymeric Belaud.
    Un article de l’Iref-Europe

    Les anciens pays d’Europe de l’Est, appelés « démocraties populaires » sous le communisme, connaissent un développement économique grandissant et une amélioration des conditions de vie de leur population. C’est un véritable boom.

    L’un des exemples les plus marquants est celui de la République Tchèque. En effet, les Tchèques deviennent plus riches que les Espagnols et les Italiens . Quelle est la recette de cette réussite ? La réponse est simple, c’est le libéralisme économique.

    Plus de liberté économique en Europe de l’Est

    Ayant connu le totalitarisme communiste, les pays de l’Est se sont empressés de rendre leur pays et leur économie plus libres. Dès la chute du mur , certains États se sont réformés en profondeur. Ce fut le cas dès 1995 de la République Tchèque et de l’Estonie qui figurent maintenant parmi les pays les plus libres d’Europe.

    L’indice de liberté économique, créé en 1995 par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal , est un excellent outil permettant de mesurer la liberté laissée aux acteurs économiques. Il prend en compte 12 indicateurs, allant du niveau de dépense publique au respect de la propriété privée en passant par la santé fiscale ou encore l’efficacité de la justice.

    L’Estonie se retrouve comme l’un des pays les plus libres en Europe, et même dans le monde avec une 10e position en 2020 dans ce classement . La République Tchèque est 23e, devant l’Allemagne 27e. La France, elle, est 64e…, loin derrière la Roumanie 38e, et la Pologne 46e.

    Il y a un réel effort de libéralisation de l’économie à l’est de l’Europe. Et quand on compare les indices de liberté économique, on découvre aisément que les pays de l’Est ont une dynamique dépassant celle de certains pays de l’Ouest, même de l’Allemagne.

    Dans le prochain tableau, comme pour les suivants, apparaissent en rouge les deux plus mauvais classements, et en vert les deux meilleurs.

    Indice de liberté économique et ses évolutions europe de l Source : https://www.heritage.org/index/heatmap

    Si certaines nations se sont ouvertes plus tôt à des réformes libérales à la sortie des années communistes, comme l’Estonie et la République Tchèque qui sont les pays de l’Est les plus libres, d’autres accélèrent le mouvement depuis une petite dizaine d’années.

    C’est notamment le cas de la Pologne et de la Roumanie, qui sont passées devant la France dans le classement et se rapprochent de l’Allemagne. Ce sont les deux pays qui ont enregistré la plus forte libéralisation de l’économie entre 2009 et 2020.

    L’opposition à ces réformes est mineure en Estonie et en République tchèque où les partis politiques, de gauche, de droite ou même populistes, ont quasiment tous inséré dans leur programme des éléments libéraux.

    Car les réformes ont permis une amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population, et elles portent aujourd’hui leurs fruits avec des résultats excellents.

    … pour plus de croissance et moins de chômage

    La liberté favorise une croissance économique et une chute du chômage. Sur le tableau suivant, on voit que la croissance des pays qui se libèrent économiquement augmente.

    Taux de croissance du PIB réel et son évolution par rapport à l’évolution de l’indice de liberté économique europe de l Sources : https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=File:%C3%89volution_du_PIB_r%C3%A9el,_2009-2019_FP2020.png ; https://www.heritage.org/index/heatmap

    Mis à part la Hongrie, les pays où les acteurs économiques ne subissent pas le poids de l’État bénéficient d’une forte croissance, qui ferait pâlir toute l’Europe de l’Ouest et du Sud. La Roumanie et la Pologne, avec une évolution de l’indice de liberté de plus de 6 points sur les dix dernières années, connaissent une croissance moyenne de plus de 3 % par an sur la même période.

    Bons résultats aussi en ce qui concerne le chômage, dont le taux est relativement bas dans les pays de l’Est, par rapport aux pays du sud de l’Europe.

    Comparaison entre le taux de chômage et l’indice de liberté économique PNG - 11.3 ko Sources : https://fr.countryeconomy.com/marche-du-travail/chomage ; https://www.heritage.org/index/heatmap

    La République Tchèque cartonne avec un taux de chômage à 2 % ! Le plein emploi est une réalité également en Pologne, avec moins de 3 % de chômage. L’Espagne, l’Italie et la France, pays les moins libres de ce classement, sont ceux qui comptent un nombre massif de chômeurs.

    La Hongrie pourrait à première vue faire figure d’OVNI, avec un indice de liberté faible, qui stagne depuis 10 ans (-0,4), mais un chômage très bas et une croissance proche de 5 % en 2019.

    Un examen détaillé des indicateurs de l’indice de liberté économique nous fournit l’explication : liberté commerciale très importante (86,4) tout comme la liberté des investissements (80,0), et niveau de taxation assez faible (noté 79,9, soit un très bon score). À l’inverse, en France, ces mêmes indicateurs sont respectivement à 81,4, 75,0 et 48,8 (soit très proche de l’enfer fiscal !).

    C’est l’indicateur du niveau de taxation qui influe de façon importante sur les résultats économiques de la Hongrie. Celle-ci a supprimé l’impôt sur la fortune et institué un impôt sur le revenu à taux unique, 16 %. L’impôt sur les sociétés y est aussi très bas, avec deux taux à 10 et 19 %. Résultat : pas d’effet de seuil et des entreprises qui peuvent prospérer.

    Cette fiscalité permet à la Hongrie d’atteindre de très bons résultats en termes de croissance et de chômage. Pour autant, elle est le pays de l’Est affligé de la plus forte dette, alors que les pays plus libres ont une dette plus basse.

    Les économies les plus libres ont les États les mieux gérés

    La liberté économique permet aussi d’avoir un État bien géré, et donc peu endetté. Les pays de l’Est l’ont bien compris et leur endettement est faible par rapport à celui de la France, de l’Italie ou de l’Espagne.

    Dans le tableau suivant, on observe que les deux pays ayant le taux d’endettement le plus bas sont aussi les deux pays ayant l’indice de liberté économique le plus élevé, et inversement que les pays les plus endettés sont aussi ceux où la liberté économique est la plus basse.

    Comparaison entre la dette publique et l’indice de liberté économique Comparaison entre la dette publique et l Source : https://www.touteleurope.eu/actualite/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne.html ; https://www.heritage.org/index/heatmap

    Une gestion de la COVID-19 difficile à évaluer

    En cette période de crise pandémique, les pays ont adopté des stratégies différentes. Mi-janvier, l’Estonie était l’un des pays d’Europe imposant le moins de restrictions . Avec seulement le masque obligatoire et des limitations dans les commerces, les seules fermetures d’établissements sportifs et culturels concentrées dans la région de la capitale, Tallinn.

    Et le pays s’en sort bien avec 321 morts par million de personnes depuis le début de la crise ce qui le classe parmi les très bons élèves. En revanche, la situation est plus détériorée en République Tchèque (1509 morts/million de personnes) et en Hongrie (1245) malgré des mesures strictes (couvre-feu en Tchéquie, confinement partiel en Hongrie). La Pologne confinée obtient de meilleurs résultats (989 morts/million d’habitants) même si les mesures sanitaires annexes sont moins strictes qu’en Tchéquie et Hongrie.

    Les stratégies Covid varient donc d’un pays à l’autre en Europe centrale et de l’Est, rendant les comparaisons hasardeuses.

    En revanche, un consensus établit que le libéralisme permet un meilleur développement économique. Les années 2020 et 2021 vont ralentir cette expansion.

    Mais quand tout sera revenu à la normale, il est probable que d’ici 20 à 30 ans, les anciens pays communistes seront des puissances économiques régionales et des places d’échanges incontournables. Les pays du sud de l’Europe, dont la France fait partie, peuvent encore revenir dans le jeu.

    Mais pour cela, il faudrait avoir le courage de réformer en profondeur, de lutter contre l’endettement public et de libérer les forces vives de l’excès de réglementations, d’impôts et charges.

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