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      Retraites : comment le RN a gagné la bataille des oppositions

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 25 February, 2023 - 04:15 · 6 minutes

    Le dernier sondage Ifop pour le JDD paru dimanche est particulièrement éclairant. Le Rassemblement national y est désigné comme le parti politique qui « incarne le mieux l’opposition » à la réforme des retraites pour 25 % des Français, contre 23 pour les Insoumis.

    Une victoire sondagière confirmée par le match de la personnalité politique incarnant le mieux cette opposition. Marine Le Pen (46 %) y dépasse en effet Jean-Luc Mélenchon (43 %).

    Le Rassemblement national sort donc grand gagnant de la fin des débats contre la réforme à l’ Assemblée nationale . De son côté, l’extrême gauche semble abasourdie. Certains notent le manque de véhémence des députés Rassemblement national voire leur absence dans les débats en commission comme dans l’hémicycle.

    Pourtant, ce sondage ne fait que confirmer une situation dont la chambre basse n’est que le théâtre depuis maintenant huit mois : le Rassemblement national a gagné la bataille des oppositions.

    La stratégie du murmure

    Depuis le début du débat sur la réforme des retraites, le Rassemblement national n’a cessé de marquer des points.

    Dès le début de la contestation, il s’est positionné en opposant résolu à la réforme des retraites tout en refusant de faire déborder cette opposition dans la rue où il n’est de toute façon par le bienvenu.

    Les députés Rassemblement national se sont donc concentrés sur les travaux parlementaires, ce qui ne l’a cependant pas empêché d’être très peu productif en termes d’amendements déposés. Sur les 20 000 qui le furent au 2 février, près de 13 000 ont été produits par la gauche. Le Rassemblement national, quant à lui, n’en a déposé que 200 , soit deux fois moins que Renaissance pourtant à l’initiative du texte. Toutes oppositions confondues, le Rassemblement national est donc le parti qui aura déposé le moins d’amendements tout en étant le principal groupe d’opposition.

    Le 15 février, tentant de jouer la carte du pragmatisme, la gauche retire de nombreux amendements pour permettre le vote de l’article 7 , clef de voûte de la réforme puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de celui repoussant l’âge de départ de 62 à 64 ans. Le Rassemblement national anticipe avec une certaine acuité que l’article ne pourra pas être voté mais propose tout de même une motion de censure.

    Sur le fond, comme depuis le début du débat sur la réforme clef du quinquennat, le Rassemblement national se concentre sur sa volonté de soumettre le report de l’âge légal à référendum.

    Le hasard aura fait le reste, puisqu’une seule motion référendaire ne pouvant être discutée, le tirage au sort a désigné celle du Rassemblement national et non de la NUPES. Le texte n’aura été voté que par le groupe mariniste et Nicolas Dupont-Aignan. De son côté la NUPES a refusé de le voter.

    Une stratégie du murmure qui dénote avec le feu et la fureur de l’extrême gauche.

    Une percée historique

    C’est un fait : depuis juin le Rassemblement national est à la surprise générale le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

    Malgré la désunion de la droite radicale entre Rassemblement national et zemmouriens, le premier a réussi l’exploit d’envoyer 89 députés, devenus 88 en janvier dernier suite à la défaite d’une candidate dans la Marne après une législative partielle, au palais Bourbon.

    Début juillet, ce nombre de députés et l’impossibilité pour la gauche de former un groupe unique ont permis au Rassemblement national de devenir le premier groupe d’opposition à l’Assemblée.

    Cette situation lui laissa envoyer deux députés au perchoir en tant que vice-présidents de la chambre basse .

    Comme à son habitude, plutôt que de tenter sincèrement de s’interroger sur les causes de sa propre déchéance, la gauche s’est purement et simplement contentée de pousser des cris d’orfraie , notamment par la voix de Sandrine Rousseau.

    Un Rassemblement national pragmatique

    Ces cris d’orfraie, le Rassemblement national ne s’en embarrasse pas.

    À l’automne, LFI a déposé une motion de censure. À la surprise générale, le Rassemblement national décide de voter comme un seul homme pour le texte pourtant déposé par le bord opposé de l’hémicycle. Les réactions ne se font pas attendre, provoquant même des remous entre Les Insoumis et le Parti socialiste, ce dernier reprochant à son ex-allié d’avoir volontairement mis de côté un paragraphe consacré à l’immigration pour s’attirer les faveurs des marinistes.

    Ces réactions sont à la fois hypocrites et disproportionnées, ce type d’événement étant tout sauf historique puisqu’ une motion de censure commune FN-PS a déjà été votée en 1988 .

    À l’inverse de LFI, le Rassemblement national s’est donc ici positionné comme une opposition travaillant davantage dans l’intérêt des Français que du sien, ce qui est particulièrement fort de café lorsqu’on se souvient de sa tendance à vassaliser tout parti qui tenterait de s’en rapprocher, à la manière du CNIP , du SIEL ou de DLF, parti devenu exsangue après l’appel de son leader à voter pour Marine Le Pen en 2017 et dont les cadres les plus prometteurs sont depuis devenus députés RN, à la manière de Laurent Jacobelli et Jean-Philippe Tanguy.

    Fin d’année dernière, les traditionnelles niches parlementaires ont été une nouvelle occasion pour le Rassemblement national de se normaliser en singeant son principal concurrent populiste . Un terrain sur lequel le RN a volontairement mis de côté ses fondamentaux sur l’immigration et l’insécurité pour se concentrer sur les sujets sociaux et en particulier la réintégration des soignants non-vaccinés, enjeu électoral majeur pour les deux forces souhaitant s’assurer l’électorat contestataire à la politique vaccinale.

    Une diabolisation concomitante

    Mais ces petites victoires obtenues par le finaliste de la présidentielle ne le seraient pas sans le concours involontaire des forces politiques conformistes.

    En effet, si l’expression de « dédiabolisation » est particulièrement éculée s’agissant du Rassemblement national, nous pourrions parler sans crainte d’une « diabolisation » concomitante des forces politiques dites républicaines.

    En effet, qu’elles soient économiques, sociales, sécuritaires ou sanitaires, les différentes crises se sont toujours soldées par une marche ininterrompue, bien qu’à bas bruit, vers une forme d’autoritarisme soft. Chaque crise est l’occasion d’une nouvelle salve de normes et de réglementations attaquant les fondements de la propriété et de la liberté au nom d’impératifs alimentés par la peur et les intérêts électoraux.

    Et ces politiques ont été le fait de partis au pouvoir qui se sont positionnés depuis maintenant un demi-siècle en opposition frontale à l’autoritarisme de l’extrême droite montante.

    Nous avons donc assisté à une relativisation de la menace fasciste par des politiques autoritaristes menées par des forces se présentant comme républicaines.

    Une gauche triple A

    Dans un contexte de flou de plus en plus flagrant entre les forces anticonformistes et les mouvements dits républicains, le Rassemblement national a donc surpassé son principal concurrent insoumis dans le rôle de première force d’opposition.

    LFI l’a largement aidée, l’extrême gauche ayant décidé de résumer sa stratégie d’opposition à un triple A, à la manière de la notation que nous n’atteindrions jamais si nous suivions leur politique : aboyer sur le gouvernement, asphyxier le débat parlementaire puis s’apitoyer de voir la part de gâteau de l’opposition lui passer sous le nez.

    L’avenir de l’opposition se trouve donc du côté droit de l’hémicycle et cela ne devrait pas changer avant quelques temps.

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      Niche parlementaire RN : face à LFI, la stratégie du plagiat

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 13 December, 2022 - 04:15 · 5 minutes

    Se dirige t-on vers un partage des tâches électorales au RN ?

    Au nouveau président du mouvement, Jordan Bardella , les habituelles marottes de l’immigration, de l’identité et de la sécurité, tandis que Marine Le Pen la présidente du groupe à l’Assemblée nationale reprend les sujets plus sociaux.

    La niche parlementaire du parti, prévue début janvier, en est une illustration, alors que le RN continue sa stratégie de normalisation qui sonne la fin du combat idéologique pour le parti populiste au profit d’une stratégie du coup médiatique et démagogique allant jusqu’à singer purement et simplement les Insoumis.

    Un espace de liberté parlementaire

    Qu’est-ce qu’une niche parlementaire ?

    Comme son nom l’indique, il s’agit d’un espace protégé accordé aux groupe d’opposition et minoritaires aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Les groupes d’opposition peuvent choisir les textes examinés lors de l’ordre du jour dont la fixation est régie par l’ article 48 de la Constitution .

    Dans un régime aussi fermé que la Cinquième République, une telle procédure est plus qu’étonnante. Pour cause, jusqu’en 1995, le gouvernement était maître de l’ordre du jour. La révision constitutionnelle du 4 août 1995 ouvre la possibilité pour les parlementaires de choisir l’ordre du jour une fois par mois.

    Avec la révision constitutionnelle de 2008, le gouvernement ne peut plus fixer l’ordre du jour des chambres que deux semaines par mois.

    La foire aux coups médiatiques

    Ces niches relèvent d’une culture de compromis démocratique très contre-intuitive pour nos institutions au point que nos élus n’en font pas un espace de coconstruction mais un outil de coups médiatiques, comme la question de la corrida initialement prévue dans la niche LFI, ou l’introduction de l’ IVG dans la Constitution , votée dans ce cadre fin novembre.

    Or, très peu sont les textes qui aboutissent : d’une part, du fait du caractère évidement minoritaire des textes et d’autre part parce qu’ils sont généralement soumis à une obstruction parlementaire quasi-systématique.

    Une niche RN début janvier

    Sur les neuf mois de session parlementaire, un jour par mois est dévolu aux différents groupes.

    Pour la session 2022-2023, les niches sont réparties dans l’ordre suivant : Modem (6 octobre), insoumis (24 novembre), LR (1er décembre), RN (12 janvier), socialistes (9 février), Horizons (2 mars), écologistes (6 avril), communistes (4 mai) et centristes (8 juin).

    Début janvier, c’est donc le RN qui devrait bénéficier de la niche parlementaire, l’occasion pour les marinistes de faire un nouveau coup politique.

    Une niche très rouge

    Une niche d’une dizaine de textes à la tonalité très sociale car outre une proposition sur la présomption de légitime défense des forces de l’ordre – idée déjà incluse dans le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy en 2012 – et une autre sur les uniformes à l’école , la plupart des textes proposés par les députés marinistes n’ont rien à envier à leurs collègues situés à l’opposé dans l’hémicycle.

    On notera ainsi une hausse de 10 % des salaires jusqu’à trois SMIC par réduction équivalente des cotisations sociales – renforçant ainsi la trappe à SMIC décrite depuis plusieurs années. Sur le plan social, le RN évoque également une réforme de la taxe d’ordures ménagères et la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), déjà en place dans onze métropoles, un nombre qui sera multiplié par quatre d’ici 2025. Ces zones restreignent la circulation aux véhicules disposant d’une vignette Crit’Air 3 et plus, soit des véhicules appartenant à des ménages à faibles revenus, ce qui fait que ces ZFE ont été surnommées « Zones à fortes exclusions (sociales) », s’apparentant ainsi à une forme d’apartheid social.

    Ces textes s’ajoutent à deux autres, qui n’ont guère été du goût des députés LFI.

    Le premier est la proposition de loi de réintégration des soignants non-vaccinés , retirée de la niche insoumise après sa reprise par les marinistes.

    Mais la reprise la plus commentée reste celle de la proposition de loi de la sénatrice centriste Valérie Létard et votée à l’unanimité à la chambre haute le 20 octobre dernier relative à l’ instauration d’une aide universelle d’urgence contre les violences conjugales . La proposition vise à instaurer un prêt à taux zéro pour les victimes de la grande cause du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

    La tentative de récupération du RN n’aura été que de courte durée puisque la conférence des présidents de groupe décidera de finalement mettre le texte à l’ordre du jour de la semaine du 16 janvier, hors de toute niche parlementaire.

    Une normalisation facile

    Après le piège du vote de la motion de censure NUPES par les députés RN il y a quelques semaines, le Rassemblement national continue sa stratégie de normalisation par ce qui s’apparente faussement à de la fine stratégie politique.

    Faussement, car de la même manière que le vote conjoint d’une motion de censure entre la gauche et les lepenistes fin octobre n’avait rien d’original ni d’historique , la composition de la niche parlementaire RN en dit davantage sur le parti que sur ses adversaires aux réactions pavloviennes aussi ridicules que prévisibles.

    Singer LFI

    Car sous ce qui est vendu comme une action d’union nationale, le RN montre qu’il aspire désormais à l’emporter électoralement en singeant grossièrement les Insoumis considérés comme ses principaux concurrents.

    En raisonnant en termes purement économiques, le Rassemblement national cherche ses parts de marché dans l’électorat LFI au prix de mesures démagogiques rappelant les heures sombres du programme commun.

    Cette démagogie met totalement de côté le combat intellectuel et idéologique délaissé aux zemmouriens.

    Dans sa quête obsessionnelle de normalisation, le Rassemblement national a donc décidé d’utiliser le peu de liberté parlementaire que la Constitution lui accorde pour continuer de mener des coups médiatiques visant à singer son principal concurrent jusqu’à ses mesures les plus démagogiques.

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      Réintégration des soignants non-vaccinés : nouvel imbroglio au sein de la NUPES

      Laurent Sailly · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 10 December, 2022 - 04:00 · 4 minutes

    Les députés La France Insoumise ont annoncé mercredi retirer leur proposition de loi sur la réintégration du personnel non-vacciné des établissements de santé, un texte que le Rassemblement national avait accepté d’inscrire à l’agenda de sa journée réservée à l’Assemblée en janvier. Les deux parties se renvoient la balle sur leur projet partagé de réintégration des soignants non-vaccinés, chacun accusant l’autre de coups tordus.

    En reprenant dans sa propre niche parlementaire la proposition de loi LFI sur la réintégration des soignants non-vaccinés contre le covid, le RN a tenté mardi un coup politique, semant la zizanie au sein de l’alliance Nupes, où Parti socialiste et Parti communiste notamment ont aussitôt réclamé le retrait du texte.

    Devant la presse à l’Assemblée, la députée LFI Caroline Fiat venait d’annoncer qu’elle acceptait de soutenir sa proposition de loi sur la réintégration des soignants non-vaccinés dans le cadre de la niche parlementaire du RN prévu le 12 janvier :

    « Le RN m’offre du temps parlementaire ! », se réjouissait-elle.

    « Sur ces sujets, on doit être capable de passer au-delà d’une vision partisane et juste politicienne », affirmait Marine Le Pen un peu plus tôt dans la journée, toujours en quête de respectabilité.

    Ce n’est pas la première fois que le RN met la gauche dans l’embarras : lors du vote de la première motion de censure LFI contre le gouvernement, dans le cadre du budget, le parti de Marine Le Pen s’était rallié contre toute attente à ce texte, divisant l’alliance de gauche et offrant clé en main un angle d’attaque à la macronie sur une prétendue collusion LFI/RN.

    Très favorables au retour des soignants non-vaccinés, les députés RN estiment que le texte insoumis porté par la députée Caroline Fiat et qui n’avait pas pu être adopté faute de temps, « aurait pu faire l’objet d’un vote positif d’une majorité de députés en janvier prochain. »

    La macronie s’est aussitôt engouffrée dans la brèche :

    « Nous pensions que les digues sauteraient d’abord entre la droite et l’extrême droite. Mais c’est bien l’extrême gauche et la Nupes qui franchissent une nouvelle étape dans leur lune de miel avec les lepénistes », a lancé sur Twitter Stéphane Séjourné, le chef du mouvement présidentiel.

    « Quand le RN tend un piège, le mieux est de ne pas sauter dedans à pieds joints. À aucun moment et sous aucun prétexte, il ne peut y avoir de confusion entre la gauche et l’extrême droite », assène le député Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, sur Twitter. À quelques semaines du congrès du Parti socialiste, où il sera confronté à deux candidats opposés à l’alliance avec LFI, Olivier Faure réclamait que les insoumis « prennent une décision qui permette de ne pas laisser l’idée qu’il puisse y avoir une confusion » entre le RN et la gauche. Ses opposants internes ont d’ailleurs rapidement dénoncé le « populisme » et « une confusion funeste. »

    « Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’accord de notre groupe avec l’extrême droite », a insisté mercredi le groupe des députés insoumis dans son communiqué, dénonçant des « mensonges inacceptables » à ce sujet. « Le groupe LFI retire son texte usurpé par le RN. La frontière est claire », a souligné sur Twitter Jean-Luc Mélenchon.

    Dans un communiqué envoyé mercredi matin, le groupe LFI expliquait que « les soignants suspendus n’ont pas vocation à servir les coups de communication du RN », et qu’il déposerait « une nouvelle proposition de loi » sur le sujet. Et de souligner que ces « mensonges sont particulièrement insupportables le jour où la macronie et le Rassemblement national votent ensemble une loi sur la sécurité intérieure, après avoir voté ensemble la semaine dernière une loi anti-locataires. »

    Dénonçant « une basse reddition politicienne », le RN a accusé LFI de « passer ses intérêts politiciens avant l’intérêt général ».

    « LFI aurait pu abandonner leurs intérêts boutiquiers et politiciens pour défendre sincèrement les intérêts des soignants », soupire le député Sébastien Chenu.

    Ce sont les Insoumis et le RN qui ont monté de toutes pièces ce qui est un non-sujet. Les soignants non-vaccinés représentent en effet un effectif de quelques milliers d’infirmiers et de quelques dizaines de médecins selon les décomptes du ministère de la Santé. Comment LFI ou le RN peuvent-ils à la fois dénoncer l’incurie du gouvernement sur l’état du système hospitalier et considérer que quelques centaines de bras en plus permettraient de soulager un hôpital sous haute tension ? En fait, depuis des mois les soignants suspendus servent la communication des deux extrêmes. Ce n’est rien d’autre qu’un calcul politicien.

    Mais cet imbroglio est malgré tout venu relancer le débat qui existe au sein du groupe Nupes sur la ligne à adopter face aux textes du Rassemblement national.

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      Soignants : le pouvoir préfère le coup de matraque au coup de génie

      Denis Dupuy · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 2 December, 2022 - 04:10 · 3 minutes

    Comment traiter une information à l’heure où des cataractes de données jaillissent en continu des réseaux divers ?

    À la manière des scientifiques et selon les préceptes de Popper : une information est exacte ou fausse ou indéterminée. La source et le messager n’ont qu’une influence annexe. Oublions-les.

    C’est faux parce que :

    • vous n’êtes pas un professionnel de la question
    • le meilleur médecin du monde a dit l’inverse
    • l’ OMS n’a pas validé parce que la revue Bidule dit le contraire…

    On n’entend que cela, on ne lit que cela, on n’argumente qu’ainsi, au long des commentaires et sur les plateaux télévisés. Est vrai ce qui est exact, indépendamment du reste : évaluons le message, non le messager… Le meilleur médecin du monde ? S’il existe il est celui qui a mémorisé toutes les publications. En cas de maladie émergente, il se retrouve sec : point de preuve ou de référence disponibles. Il doit émettre des avis et des hypothèses et à l’occasion il se trompe, ce qui n’en fait pas un abruti incompétent et corrompu.

    Arrêtons avec l’approche politicienne

    L’exercice du tri des données est bien évidemment complexe et les sophistes abusent de nos faiblesses, de nos écarts et de nos biais.

    L’arène politique est le temple de la sophistique. Au regard du politicien, le principe est assez basique. Vous validez une vérité portée par un parti extrême ? Vous êtes assimilé aux extrémistes qui le composent. Ben non… Une vérité demeure vérité en toutes circonstances. Devons-nous laisser les partis extrêmes s’emparer des problématiques ? Devons-nous changer d’avis au prétexte que l’on partagerait celui des extrémistes ou devons-nous nous rallier sans discernement à l’avis de son camp ? Non et non.

    Prétendre que les extrêmes s’approprient les débats est en soi un sophisme. La vérité suit son cours avec ou sans leurs vociférations. Admettons que certains politiciens, pile au centre du milieu, hésitent à énoncer les évidences. La binarité, qui fait le sel des discours extrêmes, abaisse le niveau général des débats mais elle est leur marque. Contrairement aux mous du centre, ils ont du courage, eux… Cette polarisation contribue à leur faire gagner des voix car le chiffre d’affaires des partis est fait de voix, le bénéfice de postes. En tranchant sans finesse, ils offrent l’image de la détermination et rameutent mais ils se fourvoient souvent.

    Prenons l’immigration. Est-elle totalement bénéfique et sans la moindre externalité comme le prétendent les boutiques de gauche ou absolument néfaste comme l’avancent celles d’en face ? Les deux, bien évidemment, la balance commençant à pencher vers le négatif mais allez faire avaler ça à l’électeur. Alors on simplifie à outrance.

    La nécessité de la rationalité et de l’éthique

    Me concernant, les deux seules boussoles sont la rationalité, qui suppose un travail de recherche exempt des émotions parasites et une éthique d’inspiration libérale en évitant soigneusement d’appliquer le filtre libéral à la manière d’un dogme.

    Point d’idéal ici-bas, nulle part.

    Je cours donc après une cause, non après un parti. Je suis un extrême truc ? Ça m’est égal. Je sais que je ne défends pas l’extrême droite si j’appelle à la réintégration des soignants : je défends les soignants et la liberté. Le vaccin n’est pas stérilisant et il protège uniquement le sujet vacciné. Ne pas réintégrer relève d’un choix exclusivement politique exempt de rationalité et d’humanisme.

    C’est le positionnement du vertueux et du donneur de leçons. La rigidité intellectuelle de nos prodiges, et je le constate au quotidien (l’OMS en a d’ailleurs fait la remarque) a fabriqué des générations de réfractaires aux vaccins. S’agissait-il d’obtenir l’adhésion à des thérapeutiques ou de faire démonstration d’un autoritarisme totalement déplacé puisque faisant défaut dans d’innombrables autres domaines ?

    Le pouvoir a opté pour le coup de matraque contre le coup de génie, un classique. La pandémie, elle, comme ses aînées, a poursuivi son chemin avant de s’éteindre doucement, après trois années. Prudence, soit, mais il serait temps de l’admettre ou bien la vaccination en général, déjà bien meurtrie, pourrait venir s’ajouter à la liste de ses victimes.

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      Malgré eux, les médias et les gauchistes font campagne pour le RN

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 8 November, 2022 - 08:30 · 5 minutes

    Émoi (encore un) dans l’hémicycle : un député Rassemblement National aurait dépassé les bornes des limites et se serait vautré avec emphase dans les heures les plus sombres de notre histoire politique avec de vrais morceaux de racisme dedans. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la presse s’est jointe à la mêlée pour y ajouter une dose de propagande.

    La petite phrase défraye la chronique paresseuse des folliculaires médiocres : alors que Carlos Martens Bilongo, député France Insoumise d’origine congolaise, évoquait la question des migrants provenant d’Afrique arrivant par bateaux replets sur nos côtes, le député Rassemblement National Grégoire de Fournas a lancé un « Qu’ils retournent en Afrique » , immédiatement interprété par quelques collègues du groupe NUPES comme insulte raciste à l’égard du député de leur rang (en modifiant alors la phrase avec un singulier bien commode). En embuscade depuis des mois, ils tenaient enfin leur dérapage du RN !

    Malgré les démentis du député RN, malgré la prise de note du greffe de l’Assemblée qui ne laisse aucun doute du pluriel, malgré l’enregistrement vidéo des débats qui n’en laisse pas non plus, l’ensemble des députés LFI s’est levée comme un seul homme-soja pour hurler au racisme. Peu importe ici que la race n’était nullement évoquée, les couinements stridents des clowns habituels sous-vitaminés ont rapidement empli l’hémicycle.

    Cris qui n’ont pas manqué d’attirer les saprobiontes habituels de la presse subventionnée, et qui se sont relayés pour ne surtout pas expliquer les tenants et les aboutissants de cette consternante non-affaire afin d’en faire mousser les aspects les plus ridicules et qui l’ont immédiatement relatée au mieux par sous-entendus lourds d’implications comme dans Les Échos exclu 15 jours de l’Assemblée nationale après des propos jugés racistes » ), ou au pire en racontant ouvertement des salades et sombrant dans l’infox la plus crasse comme chez les scribouillards du journal Le Monde suspendu de l’Assemblée nationale pour un propos xénophobe » ).

    Signalons la présence de plus en plus rare de quelques journalistes qui tentent de faire leur travail et rappellent qu’en réalité, l’Assemblée n’a noté aucun propos raciste ou xénophobe et n’a pas sanctionné le député RN pour ceux-ci mais pour « manifestation troublant l’ordre » de l’Institution, ce qui permet d’apprécier à sa juste valeur nulle les productions pénibles des coprophiles médiatiques précédemment cités.

    Le tableau, déjà navrant, n’aurait pas été complet sans l’intervention supplémentaire des insignifiants appendices parlementaires de la majorité.

    Bondissant comme des hyènes sur un repas facile, les députés macronistes de « Renuisance ! » n’ont pas tardé à récupérer rapidement le courroux artificiel des gauchistes en pleine apoplexie dans une manœuvre suintante de politicaillerie minable : remonter durablement le bourrichon des idiots utiles d’extrême gauche et abonder dans leur sens garantit qu’une prochaine et inévitable motion de censure ne saura être votée conjointement par NUPES et RN, assurant les coudées franches au gouvernement Borne pour lequel les serpillières des Républicains ne sont déjà plus une menace.

    Au passage, on notera que les mêmes invertébrés macronistes, englués dans leur anti-fascisme en carton, n’ont aucun problème pour laisser la France voter, ce 4 novembre, contre une résolution destinée à combattre la glorification du nazisme aux Nations-Unies. Comprenne qui pourra.

    Bref, tous les éléments ont été rassemblés pour aboutir sans la moindre surprise à une condamnation et poser une sanction rapidement actée : voilà le député Fournas suspendu pour 15 jours.

    Cependant, si elle a peut-être quelques maigres effets positifs pour les magouilles macronesques, toute cette agitation n’en entraîne pas moins des conséquences franchement négatives pour toute la classe politique : non seulement beaucoup de Français sont conscients de l’écart existant entre le réel et les agitations théâtrales de La France insoumise et comprennent que cette affaire est montée de toutes pièces, mais surtout, tous se rendent compte de l’énorme décalage entre leurs préoccupations quotidiennes et le spectacle parfaitement ridicule offert encore une fois et à cette occasion par l’Assemblée nationale.

    Cela se traduit d’ailleurs très concrètement dans les baromètres politiques qui indiquent assez clairement que l’actuel exécutif et l’extrême gauche ne parviennent pas franchement à déclencher de l’enthousiasme : à côté d’un Macron systématiquement autour d’un gros tiers – ce qui dénote au mieux d’une constance assez peu crédible de l’opinion publique ou au pire d’une manipulation statistique qui parvient à ce résultat quoi qu’il puisse se passer – on ne peut s’empêcher de noter la montée de la droite et de l’extrême droite, que ces dernières clowneries parlementaires ne risquent pas d’amoindrir.

    Au contraire : dans ce paysage politique pathétique et d’après ce qu’en disent ces sondages d’opinion, le Rassemblement national est le seul parti apparaissant comme une force d’opposition à peu près en prise avec l’opinion publique majoritaire.

    Le chahut grotesque provoqué par la NUPES (sur ces sujets et les autres), suivi d’un « rassemblement de soutien » tout aussi ridicule au député Martens Bilongo devant l’Assemblée le lendemain, la victimisation outrée sur les plateaux télé, la sanction excessive et contradictoire du député Fournas, tout cela fait directement monter la popularité de ce dernier et de son parti, le soutien des députés macronistes à la NUPES achevant de polariser encore un peu plus l’opinion contre eux.

    Il n’y a ici pas de surprise : pendant que le pays est en train de s’effondrer économiquement, que la crise énergétique commence à prendre de l’ampleur et se traduit déjà par des faillites d’entreprises , les élus montent en épingle des propos sans intérêt relayés ensuite goulûment par ce qui se fait de pire en matière de production journalistique.

    Ces médias et ces politiciens attisent à grands moulinets de bras les feux d’un populisme qui va les emporter.

    Sur le web

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      Motion de censure : un coup d’éclat tout sauf historique

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 28 October, 2022 - 02:50 · 6 minutes

    L’ambiance est soporifique ce lundi après-midi au palais Bourbon. Les députés doivent examiner les trois motions de censure présentées par l’opposition dans le cadre du vote du budget. Du côté de la majorité, les élus bâillent. Certains lisent ostensiblement leur journal quand d’autres ont les yeux rivés vers leur partie de Candy Crush .

    Malgré l’absence de majorité pour les députés macronistes, aucune motion n’a de chance d’aboutir. La motion RN ne sera pas votée par la NUPES. Les motions NUPES ne seront – dit-on – pas votées par le RN.

    Les discours s’enchaînent. Chaque groupe ayant déposé une motion y va de ses poncifs. La gauche, représentée par la députée EELV de l’Isère Cyrielle Chatelain, ne déroge pas à son habitude en répétant ses obsessions comme un adolescent en crise face à ses parents : inégalités, urgence sociale, partage des richesses et sécurité sociale intégrale sont de la partie. Quelques sourcils se lèvent, mais sans plus, et la suite ne devrait pas changer la teneur du moment.

    Il est autour de 16 h 15 lorsque Marine Le Pen rejoint la tribune. Dans les heures qui suivent, les qualificatifs fusent : « bascule », « coup de théâtre », « alliance contre-nature » voire « blanchiment de vote extrême ». La force des mots est à la hauteur de la surprise et, parfois, de la rage.

    Le geste serait un « vrai coup de Baron noir », en référence à la célèbre série politique de Canal +, mais l’expression la plus approchante est sans doute celle de « coup de tonnerre », mots utilisés par Lionel Jospin au soir du 21 avril 2002, lorsque le candidat socialiste avait été éliminé face à Jean-Marie Le Pen aux portes du second tour.

    Ce coup se résume à une phrase : « Nous voterons également la motion présentée en des termes acceptables de l’autre côté de l’hémicycle ». Par ces quelques mots, Marine Le Pen aura fait à elle seule l’actualité de la semaine.

    Cependant, le vote de la motion de censure NUPES par les élus RN masque une réalité bien moins spectaculaire pour le parti mariniste.

    À quelques voix de la chute

    Trente voix. C’est ce qui a manqué à la motion portée par les groupes de gauche et donc votée par les 89 députés RN, pour renverser le gouvernement Borne.

    Il s’agit officiellement de la motion la plus proche d’atteindre son but depuis 30 ans et les 5 motions présentées contre les gouvernements Rocard, Cresson puis Beregovoy entre 1991 et 1992 et dont l’écart moyen avec la majorité absolue était de 22 voix avec un pic à 3 voix en mai 1992 dans le cadre du vote de la réforme de la PAC.

    Une motion tout sauf historique

    Le vote conjoint d’une motion de censure par la gauche et le parti lepeniste n’est pas une nouveauté.

    En 1986, la droite arrivait au pouvoir avec un projet inspiré par la révolution conservatrice. Le RPR et l’UDF avaient déjoué la manœuvre mitterrandienne visant à instaurer la proportionnelle intégrale afin de contrer une potentielle cohabitation. Les 35 députés menés par Jean-Marie Le Pen avaient alors joint leurs voix à celles des socialistes de Roland Dumas afin de faire chuter le gouvernement Chirac. Ce dernier avait engagé la responsabilité de son gouvernement sur une loi visant à supprimer la proportionnelle. Une idée qui n’arrangeait guère ni le FN ni le PS, ce dernier voyant là une épine dans sa stratégie de division de la droite par la montée du Front national.

    La motion a échoué de seulement 5 voix et, après une saisine du Conseil constitutionnel par les socialistes, le mode de scrutin majoritaire est rétabli pour les élections suivantes.

    La motion soutenue par la NUPES et le RN n’est donc pas une nouveauté et masque mal une opposition RN en réalité davantage portée par les coups politiques que par une quelconque réalité de co-construction parlementaire.

    L’immigration éludée

    Le vote de la motion NUPES par les députés RN cristallise un peu plus les divisions internes des différents groupes de gauche.

    Au PS, les opposants à cette alliance se frottent les mains, Stéphane Le Foll et François Khalfon en tête. Ce dernier n’hésite pas à accuser les députés insoumis d’avoir volontairement supprimé un passage lié à l’immigration de leur motion afin de s’assurer le vote des députés RN. Une preuve de plus que cette question, quoique fondamentale, est la seule véritable divergence des deux populismes.

    La gauche un peu plus divisée

    Ce nouvel épisode du rififi chez les socialistes n’est guère le premier.

    Dès le lendemain des élections, les différentes composantes de l’alliance ont été incapables de former un groupe unique. Chaque parti a retrouvé sa chapelle, laissant au RN le rôle de premier groupe d’opposition.

    Depuis, les députés NUPES n’ont guère brillé par leur travail parlementaire. Les différentes affaires de mœurs alimentées par l’ inquisitrice en chef Sandrine Rousseau n’ont fait que radicaliser de concert une gauche qui cherchait à faire oublier sa déliquescence.

    Mercredi soir, ces divisions ont amené la gauche à préférer quitter les bancs de l’hémicycle lorsqu’Elisabeth Borne a décidé de déclencher le 49-3 .

    Des LR dans l’après Macron

    Si la riposte des Républicains consistant à se positionner comme faiseur de rois n’est pas dénuée de justesse, le parti de droite souffre d’une volonté stérile d’indépendance. Le parti est pris en tenaille entre deux forces qui confondent alliance et vassalisation.

    Pourtant, la parole récente de Nicolas Sarkozy n’est pas dénuée d’intérêt. Quoiqu’en disent les mauvaises langues et malgré les points communs avec le locataire du Kremlin, il n’y aura pas de troisième mandat pour Emmanuel Macron. La droite a donc tout intérêt à la jouer fine pour récupérer les ruines d’une majorité privée de chef qui ne pourra qu’imploser à moyen terme.

    Malgré ce boulevard politique, les Républicains ont un concurrent inattendu dans le rôle de l’opposition constructive : le RN.

    RN-LFI : une affaire de communication

    Depuis plusieurs jours, le terme de « constructif » est volontairement présent dans les éléments de langage des députés RN. Un terme qui rappellera celui utilisé par les députés quelques LR qui, en 2017, se sont rapprochés de la Macronie afin de créer le groupe puis le parti Agir.

    Pourtant, comme le montrent les statistiques du site Datan répertoriant des données sur les groupes politiques, le qualificatif d’opposition « constructive » correspond bien davantage à LR qu’à aucun autre groupe parlementaire.

    Avec un taux de vote des textes gouvernementaux de 68 %, les LR parviennent à maintenir un équilibre que les députés RN ne sont pas en mesure d’assumer. Les troupes de Marine Le Pen ont un taux de vote des textes de 23,5 %, soit un taux similaire à ceux des communistes et seulement deux points de plus que ceux des élus LFI.

    La différence entre les deux groupes populistes n’est donc qu’affaire de communication.

    Un électrochoc pour la droite

    Les attaques habituelles et appuyées ces derniers jours sur les liens entre le RN et LFI concernant leur socialisme latent et leur allégeance commune à Moscou sont fondées.

    Le parti mariniste a ici voté une motion de censure NUPES portant des valeurs les plus antédiluviennes de la gauche. Malgré cela, elles apparaissent aujourd’hui dérisoires tant la forme a pris le pas sur le fond. Le sens stratégique de Marine Le Pen doit être reconnu. En l’état, le RN prend la part du lion de l’opposition. Peut-être ce coup de tonnerre sera-t-il l’électrochoc qu’il faudra à la droite libérale pour se réveiller.

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      Motion de censure : le coup d’éclat de Marine Le Pen

      Laurent Sailly · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 27 October, 2022 - 03:16 · 3 minutes

    En annonçant à la surprise générale qu’elle voterait la motion de censure de la Nupes – qui a finalement été rejetée lundi à l’Assemblée –, Marine Le Pen piège le gouvernement, et les oppositions.

    Le coup d’éclat

    Aucun commentateur de la vie politique ne l’a vu venir. Lundi 24 octobre, Marine Le Pen a en effet annoncé que son groupe voterait pour la motion endossée par les députés de la Nupes, revenant sur de précédentes déclarations. Certes, le nombre cumulé d’élus des groupes d’opposition n’a pas suffi pour renverser le gouvernement, mais ce revirement met en difficulté le gouvernement et a placé les députés LR dans une position délicate.

    Il faut reconnaître qu’entre les termes des textes des deux motions de censure présentés, il n’y avait rien que l’un ou l’autre des frères ennemis (NUPES et RN) ne pouvaient renier. Seuls les signataires permettaient de distinguer l’origine de ceux-ci.

    Le coup d’éclat de Marine Le Pen et de son groupe aura donc fait trois victimes !

    Le RN n’a pas peur de la dissolution

    Le président de la République a été clair : en cas de censure du gouvernement, il prononcera la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette menace semblait suffire d’autant que la majorité présidentielle au Palais Bourbon, « Renaissance » en tête, comptait bien sur la division des oppositions pour ne pas avoir à faire usage de cette arme.

    Mais le RN n’a pas peur (ou feint de ne pas avoir peur de la dissolution).

    Marine Le Pen a clamé à la tribune du Palais-Bourbon et sous les applaudissements de ses 89 députés :

    « Au Rassemblement national, nous ne craignons pas les menaces de dissolution. Le vent nouveau qui s’est levé le 19 juin 2022 n’est pas près de retomber. Nos places ne nous importent pas. »

    Et, en effet, en cas de dissolution de la chambre basse, combien de macronistes sauveront-ils leur tête lors de législatives anticipées ?

    Les LR vont-ils s’auto-dissoudre ?

    À vouloir poursuivre plusieurs lièvres à la fois, en se compromettant avec Emmanuel Macron tout en se voulant une opposition républicaine à l’Assemblée nationale, les LR ont fini de perdre leur âme.

    La dirigeante du RN a publié dans la foulée sur Twitter :

    « Désormais, il n’y a plus aucun doute. Ils sont les alliés d’Emmanuel Macron. »

    On peut se poser la question. Les dirigeants LR ne peuvent continuer à courir les plateaux TV ou radio, ou à publier dans la presse écrite qu’il est impératif de faire jouer l’alternance politique, en donnant l’image d’une force d’appoint au gouvernement lorsque la survie politique de celui-ci se joue à quelques voix.

    Alors que la France n’a jamais autant été à droite, on assiste à la disparition d’un mouvement politique qui a (ou avait) devant lui une autoroute libérale et conservatrice à construire. Gageons qu’au prochain déclenchement du 49-3 , les députés L.R. déposeront LEUR motion de censure pour s’éviter le ridicule…

    Le RN prend l’avantage sur la Nupes

    Marine Le Pen fait une troisième victime en reprenant, avec cette offensive, le leadership de la contestation à la NUPES.

    C’est en effet son groupe qui fait trembler le gouvernement. Elle devient ainsi le chef de l’opposition numéro un à Emmanuel Macron. Cet avantage paraît d’autant plus flagrant que face à la composition hétérogène des députés NUPES (et dont le chef charismatique ne siège plus au palais Bourbon) se tient un groupe RN, homogène, dirigé par un « chef qui cheffe », auréolé de ses succès électoraux.

    Dans cette nouvelle configuration, il ne manque pas grand-chose pour voir le gouvernement renversé sur un autre 49-3. Un texte plus controversé comme la réforme des retraites pourrait suffire à faire l’appoint de voix.

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      Après le revirement sur le retraites, NUPES et RN crient à la "trahison"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 27 July, 2022 - 07:32 · 4 minutes

    L'Assemblée nationale photographiée le 6 juin. L'Assemblée nationale photographiée le 6 juin.

    POLITIQUE - Mardi soir, les retraités attentifs à l’actualité politique se sont endormis en pensant que leurs pensions allaient bénéficier d’une rallonge à 500 millions d’euros pour prendre en compte le niveau réel de l’inflation , puisque l’opposition avait imposé cette enveloppe contre l’avis du gouvernement. Or, ce mercredi 27 juillet, les mêmes constateront que ce coup de pouce n’est plus d’actualité après l’adoption du second volet des mesures sur le pouvoir d’achat . Du moins, pas comme les oppositions l’entendaient (et l’affirmaient).

    Au milieu de la nuit, le gouvernement a obtenu un nouveau vote sur cette mesure. L’amendement, voté par 224 voix contre 121 en fin d’examen du projet de loi de finance rectificative, a annulé le précédent qui avait été porté par le centriste Charles de Courson. Un scénario qui a provoqué des échanges virulents et des débats houleux, dans un hémicycle déjà sur les nerfs .

    Pourquoi un tel revirement alors que la rallonge avait été adoptée? Pour Bruno Le Maire, cette mesure était injuste car elle aurait été “financée en prélevant les sommes sur les pensions de retraites civiles et militaires de l’Etat”. Autre argument brandi par le ministre de l’Économie: “Son financement est inutile étant donné la revalorisation de 2023.″

    Des explications qui ont motivé ce nouveau vote, et qui ont convaincu Charles de Courson. “L’amendement que nous avions déposé est satisfait par la réponse du ministre”, a affirmé dans l’hémicycle ce parlementaire expérimenté, qui a donc voté pour l’amendement du gouvernement.

    Or, si le centriste a été convaincu par les réponses du gouvernement, ce n’est pas du tout le cas de la NUPES et du Rassemblement national, qui hurlent à la “trahison” et au déni de démocratie. “Hold-up à 3h du matin: les députés macronistes et les LR cassent le vote démocratique qui avait revalorisé les retraites cet après-midi. Ils ont retourné Les Républicains comme des crêpes avec sûrement un os à ronger à la clé. Deux perdants: la démocratie et les retraités”, déplore le député RN Laurent Jacobelli.

    “J’ai une mauvaise nouvelle ce soir, voilà, ils ont osé le faire, à 2h du matin le gouvernement a fait annuler les 500 millions d’euros en plus pour les retraités. Et LR a trahi”, s’est indigné le député insoumis David Guiraud, avant d’ajouter: “Les parlementaires qui ont fait ça ne se rendent pas compte de ce qu’ils ont fait.”

    “Passage en force”

    Au-delà des critiques politiques, les oppositions ont également dénoncé les conditions dans lesquelles le vote s’est tenu. Du côté de la NUPES, les rappels au règlement se sont enchaînés pour réclamer un nouveau scrutin, les élus de gauche accusant notamment le gouvernement d’avoir profité du brouhaha dans l’hémicycle provoqué par cet amendement. Plusieurs députés NUPES ont affirmé ne pas avoir entendu l’appel au vote dans la confusion qui régnait sur les bancs du Palais Bourbon. En signe de protestation, les députés du Rassemblement national ont fini par quitter l’hémicycle.

    “Vous ne tiendrez pas cinq ans sur le passage en force”, a prévenu l’insoumis Alexis Corbière. Finalement, les députés ont pu voter une seconde fois sur ce point, mais le score était toujours en faveur du gouvernement , les Républicains ayant voté de concert avec la majorité.  “C’est la mort des Républicains comme parti d’opposition”, a grincé le député RN Sébastien Chenu, tandis que sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon soupçonne un arrangement de couloir entre Renaissance et le parti de droite.

    Du côté de la majorité, on conteste les critiques faites par la NUPES et le RN. Députée de la 7e circonscription des Yvelines, l’ancienne ministre Nadia Hai a précisé que le projet de loi comptait 5 milliards de revalorisation des retraites. “L’amendement prélevait 500 millions sur les pensions de nos militaires. Nous ne pouvions laisser passer cela au nom de la surenchère. Nous restons attentifs à la situation”, a-t-elle ajouté sur Twitter . “Oui, les retraites vont augmenter de 5,1% (1,1% en janvier et 4% en juillet)”, a renchéri la députée des députée des Hauts-de-Seine Pascale Thévenot.

    À voir également sur Le HuffPost: Pouvoir d’achat: ces débats illustrent encore les difficultés du gouvernement à l’Assemblée

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      Le RN se projette (déjà) dans l'après Marine Le Pen

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 25 July, 2022 - 15:27 · 4 minutes

    Marine Le Pen et Jordan Bardella après un entretien à Matignon le 29 juin (illustration) Marine Le Pen et Jordan Bardella après un entretien à Matignon le 29 juin (illustration)

    POLITIQUE - 781 mots couchés au cœur de l’été. Dans une tribune publiée dans Valeurs actuelles ce lundi 25 juillet Laure Lavalette, députée du Var et porte-parole du Rassemblement national , tresse les louanges de Jordan Bardella -“le choix du cœur et de la raison”- qu’elle souhaite voir rempiler à la présidence du parti, qu’il occupe par intérim depuis que Marine Le Pen s’en est mise “en congé” pour l’élection présidentielle .

    Des compliments abondement relayés sur Twitter par toute une partie de la formation lepéniste, donnant à ce texte de soutien des allures d’initiative téléguidée, publiée le jour où le Conseil national du RN se réunit justement pour fixer les conditions de l’élection interne programmée début novembre.

    “Jordan forever”

    Proche de la présidente du RN et ancienne attachée de presse de Jordan Bardella, Caroline Parmentier, députée RN du Pas-de-Calais, a publié plusieurs tweets de soutien, comme si l’élection se jouait demain, et non cet automne comme ceci est prévu : “ Jordan for ever ”.

    L’héritier désigné de Marine Le Pen, qui a raté le train des législatives après avoir caressé l’idée de se présenter dans le Var, a-t-il besoin de consolider sa position de favori? Depuis l’entrée en force du Rassemblement national au Palais Bourbon, c’est en spectateur que l’eurodéputé observe les premiers faits d’armes de ses camarades qui, de facto, prennent la lumière, à l’image de l’omniprésent Jean-Philippe Tanguy qui a raté de peu la présidence de la Commission des finances, ou de l’influent Sébastien Chenu , que l’on voit désormais présider des séances.

    “De ce que je comprends, l’objet est d’installer dès cet été l’idée que ce sera Jordan Bardella, histoire qu’on soit dans l’action à la rentrée et non dans une période de déclaration”, souffle une source parlementaire RN. “Il ne s’agit ni plus ni moins qu’une vague de soutien pour quelqu’un qui a fait la démonstration de ses qualités à son poste”, renchérit le député RN de Gironde Grégoire de Fournas, qui penche aussi pour le jeune eurodéputé malgré “la sympathie” qu’il éprouve pour Louis Aliot, que certains annoncent comme potentiel candidat au poste.

    “La succession ne peut se faire que dans un cadre démocratique”

    Ce qui met le parti à la flamme tricolore face à un dilemme: faut-il un match entre deux candidats, au risque de provoquer des remous entre deux écuries au moment où le RN s’installe confortablement à l’Assemblée? Ou alors tuer dans l’œuf toute concurrence, ce qui réveillera les critiques en népotisme qui collent au Front national, puis au RN, depuis sa fondation?

    “La succession ne peut se faire que dans un cadre démocratique, donc il faut qu’il y ait deux candidats qui s’affrontent dans une concurrence saine, sans attaques personnelles”, tranche un député lepéniste, qui reconnaît toutefois que “les élections internes sont souvent compliquées, car elles peuvent créer des tensions”. Qui plus est pour un parti qui n’a connu que deux chefs en 50 ans d’existence: Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen.

    Louis Aliot insondable

    Reste maintenant à connaître les intentions de Louis Aliot, qui a lui-même laissé entendre qu’il pourrait en être. “Je ne me désintéresserai pas de l’avenir de mon parti. Et s’il le faut, en fonction des lignes politiques qui seront choisies, oui, je pourrai me porter éventuellement candidat”, déclarait-il au mois de juin sur Sud Radio . Depuis, le maire de Perpignan demeure insondable, de l’aveu même de ceux qui le côtoient.

    “Je lui ai posé la question récemment. Pas de réponse, il m’a parlé de rugby. Ça veut dire qu’il réfléchit”, souffle un compagnon de route de l’édile RN. Si la tribune de Laure Lavalette a été partagée sur Twitter par plusieurs élus influents du Rassemblement national, elle n’apparaissait ce lundi pas sur le fil de Louis Aliot. Comme si l’option Bardella n’avait rien d’une évidence.

    À voir également sur Le HuffPost: À l’Assemblée, la promesse du RN de débats apaisés n’aura pas tenu longtemps