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      Reconfinement : Pas-de-Calais puni, Seine-Saint-Denis épargnée

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 March, 2021 - 09:50 · 4 minutes

    reconfinement déconfinement

    Par Frédéric Mas.

    Le Pas-de-Calais devrait endurer de nouveaux confinements le week-end et la fermeture de ses grandes surfaces de plus de 5000 m2 alors que le taux d’incidence du covid-19 du département est comparable à celui de Seine-Saint-Denis, qui elle est épargnée par les restrictions.

    L’annonce a suscité la protestation d’élus du Pas-de-Calais qui ont dénoncé le deux poids deux mesures du gouvernement et le caractère punitif des nouvelles restrictions.

    C’est que l’action du gouvernement ne prend pas appui sur des raisons uniquement sanitaires, mais aussi, comme l’indique FranceInfo , sur un « argument social » . Citant le journaliste de France 2 Jean-Baptiste Marteau, France Info rapporte :

    « Le taux d’incidence n’est pas le seul critère pris en compte, […] la concertation avec les élus locaux a joué dans la balance, et il semble que ceux du Pas-de-Calais étaient beaucoup plus favorables à l’idée d’un confinement, ce qui n’était pas du tout le cas en Île-de-France. Deuxième argument : être confiné dans le Pas-de-Calais ou dans une cité de Seine-Saint-Denis, ce n’est pas la même chose »

    Reconfinement : pas d’unanimité chez les élus locaux

    Les vives protestations des maires de Boulogne-sur-Mer, Hesdin ou du Touquet indiquent que la décision de reconfiner était loin de faire l’unanimité des élus locaux.

    Le préfet du Pas-de-Calais Louis Le Franc avait préconisé le reconfinement le week-end dès mardi, appuyant la demande de certains élus comme celle du maire de Calais Natacha Bouchart (LR). Arguant d’un taux élevé d’occupation des lits (97 %) en réanimation et d’un taux d’incidence deux fois supérieur à la moyenne nationale, madame Bouchart estimait qu’il n’y avait pas le choix.

    Fallait-il reconfiner autoritairement toute la région alors que la situation montrait une certaine hétérogénéité, comme l’indiquent les différentes voix qui se sont élevées ? Que penser de mesures restrictives de liberté prises sur critères politiques, et non scientifiques ?

    Le constat de l’urgence sanitaire jugé au doigt mouillé

    Les restrictions aux libertés seraient plus mal vécues en Seine-Saint-Denis que dans le Pas-de-Calais. Le virus serait-il sensible aux exigences de justice sociale, épargnant les plus pauvres et punissant les plus riches ? On savait depuis une déclaration de M. Delfraissy, que le virus était « diabolique » et « intelligent », nous ne savions pas qu’il était en plus socialiste.

    Mais vivre en Seine-Saint-Denis est-il plus infernal que de vivre dans le Pas-de-Calais, en se fondant sur un critère social ? Si nous acceptons de prendre ce propos au sérieux, observons que selon l’Insee le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis se situaient respectivement à la 94 e place et à la 99 e place du classement des départements les plus pauvres de France sur 104 en 2017.

    L’État ne serait-il pas tout simplement en train de rationaliser sa faiblesse quand il s’agit d’assurer ses missions essentielles ? L’état du régalien en Seine-Saint-Denis n’est pas vraiment comparable à celui du Pas-de Calais. Un rapport sénatorial de 2018 observait déjà que la Seine-Saint-Denis était « championne des agressions, des violences physiques et du trafic de stupéfiants » .

    Face à l’explosion de la violence, les rapporteurs observaient que l’administration préconisait même de fermer les postes de police la nuit alors que les besoins allaient grandissants. « Il paraît effarant, lorsque la délinquance et la criminalité augmentent, que les services de police diminuent. » notent les rapporteurs.

    Sauf si on a abandonné tout espoir d’y faire régner le droit. Est-ce que parce que l’État a démissionné en Seine-Saint-Denis, et qu’il y est désormais incapable d’y faire appliquer ses consignes les plus basiques, qu’il a évité le reconfinement ?

    Il semblerait donc que ce soit sur des critères politico-sociaux plus que scientifiques que le gouvernement reconfine le Pas-de-Calais et épargne la région parisienne. Cela porte un nom : arbitraire. Céder aux multiples féodalités politiques et administratives n’efface pas la responsabilité du gouvernement dans cette nouvelle attaque adressée à l’État de droit et à l’isonomie libérale.

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      Alpes-Maritimes : reconfinement partiel et nouvelles restrictions sanitaires

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 22 February, 2021 - 11:51 · 4 minutes

    Alpes-Maritimes

    Par Frédéric Mas.

    Le Préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez a pris la parole ce midi pour confirmer ce que tout le monde savait déjà : de nouvelles mesures de restrictions sanitaires vont être prises pour faire baisser le taux d’incidence du covid-19 anormalement élevé dans la région, dont le reconfinement partiel d’une partie de la région.

    En plus d’une intensification de la campagne vaccinale, qui va se traduire par 4500 vaccins Pfizer de plus que les 90 000 prévus en mars, et la livraison « massive » de vaccins AstraZeneca, monsieur Gonzalez a également annoncé de nouvelles limitations à la liberté de commercer et de circuler.

    Pour le Préfet, le problème vient du brassage lié aux activités commerciales, et nécessite donc d’en freiner l’activité par la fermeture des centres et galeries marchandes de plus de 5000 mètres carré, priés de faire du click and collect pour y survivre.

    Le littoral urbain est reconfiné pour les deux semaines qui viennent à compter de vendredi prochain, à partir de 18 heures jusqu’au lundi matin 6 heures, sauf dérogations et attestations individuelles comme ce fut le cas pour le premier confinement. Le beau temps revenait, et avec lui les touristes, il fallait que ça cesse.

    Le masque obligatoire est généralisé dans les grandes zones urbaines, la musique « amplifiée » ainsi que la consommation d’alcool interdites et les contrôles aux frontières resserrés. Paradis sanitaire et sécuritaire se confondent donc.

    Les élus locaux comme le préfet s’étaient accordés sur l’aspect « dramatique » de la situation humanitaire et sur la « nécessité d’éviter à tout prix que les personnes entrent dans le département ou que les Niçois et Maralpins puissent quitter le département » , rapporte FranceInfo .

    La panique sanitaire qui s’est emparée des décideurs politiques va donc très concrètement atteindre la région au moral et au portefeuille en décourageant politiquement le tourisme, hier source de prospérité, aujourd’hui d’angoisse. La mesure se ferait sur fond de morosité générale des Français et dans un climat de défiance à l’endroit des politiques publiques encore jamais atteint en situation de crise sanitaire.

    Un sondage Cevipof publié ce matin indique que 41 % des personnes interrogées sont lasses de la situation, soit une hausse de 13 % par rapport à la dernière évaluation du Baromètre de confiance proposée par l’institut de sondage. 59 % des sondés se défient de l’exécutif.

    Le retour du demi-confinement ?

    Déjà, ce week-end, les propositions de mesures liberticides et à l’efficacité tout à fait contestable ont fusé. On avait déjà évoqué la possibilité de reconfiner partiellement le week-end, en plus du couvre-feu, pour ralentir la circulation du virus, comme pour tester auprès de l’opinion l’acceptabilité sociale des règles déjà présentes dans tous les esprits des élus et des bureaucrates.

    Mais la peur du Covid ne fait pas seulement trembler à Nice et à Antibes. D’autres élus locaux réclament leur confinement et se plaignent que l’État ne boucle pas d’office les populations pour faire face au virus.

    Ainsi, le maire de Metz en Moselle en appelle aussi au reconfinement de sa ville. François Grosdidier s’est en effet agacé de l’« incohérence » de l’État , qui envisage de reconfiner Nice mais pas Metz, alors que la situation sanitaire de cette dernière serait largement comparable, en particulier après l’arrivée des variants brésilien et sud-africain. L’autoritarisme au sommet s’alimente ainsi de la peur à la base.

    Ces voix qui en appellent au repli et au confinement semblent confirmer les chiffres du sondage Cevipof sur le recul de la confiance générale des Français envers tout ce qui ne vient pas de leur famille ou de leurs voisins, et qui semblent préférer les institutions politiques locales aux instances nationales.

    L’efficacité sanitaire d’un reconfinement partiel est loin de faire consensus parmi les scientifiques et les praticiens du soin. Confiner totalement est insoutenable sur le plan des principes éthiques, celui des libertés publiques, comme sur celui pratique de la vie économique.

    Placer le curseur à échelle locale plutôt qu’à échelle nationale changerait-il la donne ? Accentuer le couvre-feu, comme l’a proposé Olivier Véran, fera-t-il autre chose que désorganiser une population qui déjà ne comprend plus la cohérence des mesures sanitaires étatiques et doit endurer des privations de liberté plus ou moins durables ?

    Comme l’observait déjà Jonathan Frickert dans Contrepoints en octobre dernier : « En voulant lisser dans le temps le nombre de patients en réanimation, le gouvernement procède à un dépeçage en règle de la vie économique et sociale de ce pays, avec des conséquences que beaucoup ne parviennent pas encore à mesurer. »

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      Éviter le reconfinement en nous prenant nous-mêmes en charge

      Jean-Paul Laplace · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:45 · 8 minutes

    reconfinement

    Par Jean-Paul Laplace.

    Nous vivons une situation paradoxale, tiraillés entre des contraintes sanitaires de précaution, et un désir de plus en plus violent de retrouver la liberté . Les uns sont plus sensibles à la peur du virus et à la logique des médecins, et respectueux des règles ; les autres, pleins d’une espérance factice, narguent les risques et les recommandations, et sont oublieux des gestes barrière élémentaires.

    Réagissant de manières très diverses aux contraintes imposées par la pandémie, ou en son nom, les Français se répartissent selon des gradients où pèsent à l’évidence l’âge et la catégorie socio-professionnelle, mais sans tout expliquer.

    Le ras-le-bol gagne la rue

    Il a fallu du temps pour que le masque soit adopté, mais au final une large partie de la population s’est montrée très disciplinée. Les enfants et les jeunes sont remarquablement dociles face à cette contrainte, alors que bien des adultes rechignent à masquer leur nez, ne couvrant que le bas de leur visage.

    Mais, progressivement, les comportements ont évolué . L’agacement a conduit à la forfanterie et multiplié les actes ostentatoires d’indiscipline, masque autour du cou ou porté au poignet. Puis les incivilités se sont multipliées, entraînant la dispersion dans la nature de masques rageusement jetés au sol avec un mépris libérateur.

    À ces mouvements épidermiques ont succédé des actes plus réfléchis de contournement des mesures de couvre-feu. Les restaurateurs se sont beaucoup exprimés, de manière contenue ; certains ont évolué vers la préparation de plats à emporter ou à livrer, mais d’autres ont déverrouillé le désespoir ou la colère qui les ont conduits à la provocation, en ouvrant leur établissement , en cachette ou au grand jour.

    Enfin, certains ont choisi la désobéissance aux règles visant à limiter les rassemblements, et pris part à diverses formes de fêtes nocturnes , au mépris de leur propre santé, indifférents aux risques qu’ils imposaient aux autres.

    Ainsi des comportements de plus en plus transgressifs, attestés par des sondages, témoignent de la montée d’un rejet des contraintes sanitaires et de l’état d’urgence sanitaire renouvelé . L’idée même d’un troisième confinement devient source de détresse.

    Si l’acceptabilité du premier confinement était de 93 % (18 mars), elle n’était plus que de 67 % (29 octobre) pour le second , et n’atteint que 48 % pour la perspective d’un troisième confinement , selon le récent sondage L’Opinion en direct réalisé par l’institut Elabe pour BFMTV.

    La construction d’un consentement

    L’épidémie gonfle, lentement mais sûrement. L’hypothèse d’une troisième vague a été envisagée au vu de l’évolution dans certains pays. Puis on a constaté un plateau et l’on a cru éviter cette nouvelle vague. Mais au lieu d’une décrue, c’est un plateau régulièrement ascendant qui s’impose.

    Il n’est que d’écouter les différents médias pour constater qu’ils battent le tambour de guerre depuis deux semaines au moins. Il est urgent de restaurer du consentement à la perspective d’un troisième confinement.

    Il faut créer une situation de communication très asymétrique, dans laquelle les politiques pourront exprimer la force de décisions difficiles mais jugées nécessaires, à moins qu’ils ne soient eux-mêmes piégés par l’idée d’un troisième confinement assénée par les médias. Mais la rumeur enfle et prépare les Français inquiets à accepter comme inéluctables des décisions peut-être salvatrices mais très contraignantes.

    En quelque sorte une mise en condition des uns et des autres. La révélation de l’ existence de variants très contagieux, leur faculté de passer d’un pays à l’autre, ont ajouté à l’inquiétude ambiante. Le discours médiatique sur la détection de ces variants sur notre territoire est devenu omniprésent. On en vient à parler d’épidémies dans l’épidémie !

    Cette mise en condition prend toute son importance lorsqu’est annoncée une intervention du chef de l’État. Mais la date n’est pas arrêtée ; on le dit hésitant tant la difficulté est grande. Voilà qui en ajoute dans la montée de l’anxiété, d’autant qu’abondent les contradictions entre membres du gouvernement.

    Le 28 janvier, le ministre chargé de la Santé vient développer les raisons d’être inquiets .

    Dès le lendemain, le premier Ministre évoque quelques jours de délais . La préparation de l’opinion est à point, offrant une majorité de personnes favorables ou résignées à un troisième confinement considéré comme sans doute nécessaire.

    Le dilemme : le tout sanitaire ou la vie

    Toutes les raisons sanitaires ont été analysées qui incitent bien des experts à recommander un confinement long et sévère. Nul ne peut l’ignorer. Mais d’autres éléments seront nécessairement pris en compte dans le mix d’où sortira la décision.

    Le deuxième confinement a comporté quelques assouplissements, mais comment envisager un troisième confinement dur alors même que les effets délétères du premier m’avaient conduit à écrire dès le 19 juin 2020 qu’il n’était « pas envisageable d’imposer un nouveau confinement généralisé impliquant l’arrêt des activités économiques ».

    À ce jour la situation générale est à l’origine d’un grand désarroi : endettement de la France, licenciements de masse , fermetures d’entreprises, espoirs déçus par des vaccins qui peinent à être livrés, logistique incertaine opposant élus locaux et administration perçue comme un édredon, flambée boursière et stock options autour d’une grande société pharmaceutique, contre-performance dans la course au vaccin de Pasteur et Sanofi , assortie de licenciements de chercheurs.

    Ces difficultés économiques induisent des difficultés sociales, de la précarité, de la pauvreté, des problèmes de scolarité à tous les niveaux, des violences souvent intrafamiliales.

    Des oppositions intergénérationnelles se font jour. Pourtant les anciens se confinent spontanément et leur éviter l’hospitalisation par la vaccination vise davantage à délester les hôpitaux fragilisés qu’à prolonger des vies chancelantes.

    Aurions-nous oublié que la mort est inéluctable et que sa probabilité augmente avec l’âge ? Selon les données de Santé publique pour la période mars 2020 à janvier 2021 la Covid-19 change peu de chose à la règle : l’âge médian des décès est de 85 ans avec des co-morbidités dans 65 % des cas ; 92,6 % des décès surviennent à plus de 65 ans. À rapprocher de l’espérance de vie à la naissance (données INED) pour les personnes nées en 1950, soit 63,4 ans pour les hommes et 69,2 ans pour les femmes.

    En somme, rien d’extraordinaire. On assiste en fait à l’émergence d’une prise de conscience généralisée des effets désastreux des mesures sanitaires sur l’environnement socio-économique. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ?

    Un mal-être profond a gagné toute la population, terreau d’une authentique souffrance morale qui conduit aux extrêmes du lâcher prise ou à l’inverse de la rébellion. Certes, le contexte ne se prête ni à une résurgence du mouvement des Gilets jaunes, ni à une ré-édition de mai 68.

    Il est impératif de préserver l’école, et il est urgent de rouvrir les universités. Je crois les étudiants plus proches de la désespérance que de la rébellion ; ils ont besoin de contacts humains, de transmission culturelle et d’enseignements motivants. Les suicides sont une alerte terrible. Faut-il rappeler la décision du 21 mars 2019 du Conseil constitutionnel (n° 2018-768 QPC) selon laquelle la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant est une obligation constitutionnelle ?

    Je crois les policiers plus affectés par la lassitude et le découragement. Mais ne seront-ils pas tentés à brève échéance de baisser les bras et laisser faire ? Verbaliser pour défaut de masque ou circulation pendant le couvre-feu n’est pas une raison d’être quand l’essentiel fout le camp pour eux comme pour tous les autres.

    Choisir la vie en sachant qu’elle inclut la mort

    Difficile de trancher devant ce télescopage des exigences sanitaires, économiques, sociologiques, psychologiques ! Nous sommes prisonniers d’un flipper géant. Ce jeu peut-il continuer encore longtemps, comme un jeu malsain d’étranglement : confiné, déconfiné, reconfiné… etc. ?

    L’autre solution est de reprendre pied, d’ évaluer son propre niveau de risque et ses exigences de précaution. Les variants sont très contagieux ? Peut-être, mais les armes restent les mêmes : masque, distanciation et hygiène des mains.

    Il serait idiot de détruire durablement notre société, son économie et sa culture, juste parce que nos mouvements d’humeur nous conduiraient à ne pas user de ces moyens simples. En d’autres termes il serait suicidaire de décréter un troisième confinement sévère, juste parce que les mesures barrière sont de moins en moins bien respectées, et que la facilité est de réclamer le vaccin comme des enfants gâtés devant le magicien.

    Pour une fois l’État doit accepter de rendre une part essentielle de la responsabilité aux individus. Dit autrement il faut que chacun ré-apprenne à se prendre en charge sans attendre des décisions qui  pourront être critiquées.

    Quant à la mort, pour les plus inquiets, relisons Sénèque ( Consolation à Marcia , titre XX) :

    Rien de plus inégal que la mesure des destinées ; nul ne meurt trop tôt, dès qu’il n’était pas créé pour vivre plus. Le terme à chacun est fixé : il restera toujours au même point ; il n’est soins ni faveur qui puissent le reculer.

    Rien n’a changé depuis 2000 ans.

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      Reconfinement : remettre la liberté au cœur de l’équation

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 04:00 · 10 minutes

    reconfinement

    Par Olivier Maurice.

    Folle journée que ce mercredi 27 janvier 2021, où tout a basculé en quelques heures.

    Pendant que se tenait un énième conseil de défense, infusaient un peu partout les échos de la colère d’un président de la République qui aurait été passablement énervé par la position du conseil scientifique et son manque de solution, ou plutôt son acharnement à vouloir imposer la seule et unique solution connue, à savoir un reconfinement dur pour combattre sa peur d’une nouvelle flambée épidémique .

    Il faut dire aussi que depuis la veille, les médias avaient commencé à évoquer les émeutes qui se produisent maintenant chaque soir depuis plusieurs jours dans toutes les villes des Pays-Bas, pour s’opposer, non pas à un confinement, mais à la mise en place d’un simple couvre-feu après 21 heures. Ces violences font écho à d’autres, au Danemark, en Espagne, en Italie, en Israël ou au Liban où les forces de l’ordre débordées ont fait usage de leurs armes.

    Toute la matinée, les réseaux sociaux ont bouillonné de déclarations comme #JeNeMeConfineraiPas, la petite moitié du pays opposée aux mesures sanitaires et au reconfinement voulant faire entendre sa voix.

    L’ombre du en même temps flottait sur le pouvoir, et le pronostic était clairement au statu quo.

    Quand soudain, le vent s’est mis à souffler dans l’autre sens. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, annonçait en effet, à la sortie dudit conseil, que différents scénarios étaient désormais à l’étude, allant du maintien du couvre-feu à celui d’un reconfinement très serré.

    Le signal était très clair : le gouvernement allait essayer de verrouiller le maximum de soutiens en tout genre et il se donnait juste le temps de préparer le discours qui viendrait annoncer les modalités d’un nouveau ruissellement d’interdits et de formulaires.

    C’est ce moment-là qu’a choisi un restaurateur de Nice pour signifier son ras-le bol de la situation en décidant tout simplement de braver les interdits et d’ouvrir son restaurant, sous les applaudissements et les cris de « liberté, liberté » d’un bon nombre de clients venus l’encourager.

    La réaction a été immédiate. Sur les réseaux, #JeNeMeConfineraiPas à fait place à #DesobeissanceCivile.

    Le restaurateur a été mis en garde à vue . Son cuisinier, étranger, va être expulsé. La machine médiatique s’est tout de suite efforcée de sortir les énergumènes les plus folkloriques pour expliquer que ce que l’on pouvait prendre pour une bouffée de révolte citoyenne était en fait un phénomène isolé provenant de la mouvance complotiste des adorateurs du grand spaghetti volant avec des casques à cornes.

    Pendant ce temps-là, à l’Assemblée nationale, le gouvernement poussait sa majorité à dissoudre purement et simplement la commission d’enquête parlementaire sur la Covid le concernant, provoquant la fureur de l’opposition.

    Pendant que le ministre de la Santé, Olivier Véran, tentait d’expliquer aux parlementaires que si les rapports du conseil scientifique n’étaient pas rendus publics, c’est qu’ils étaient trop techniques pour eux .

    Devant un tel flottement au plus haut niveau de l’État, la question n’est plus de savoir s’il y aura un reconfinement, ni de savoir si celui-ci sera suivi d’une explosion de colère.

    La question est de savoir quelle ampleur l’un et l’autre vont prendre. Il reste en effet très peu de chance que l’on évite le scénario du pire, économiquement, socialement et politiquement.

    Reconfinement : la montée des oppositions

    La France est clairement coupée en deux et cette fracture montre les limites du et-de droite-et-de-gauche qui tient lieu de politique gouvernementale et qui, plutôt que de réconcilier le pays, n’a fait que le diviser encore plus profondément.

    De folklorique qu’elle a pu paraître au début de la crise, l’opposition à la réponse politique et sociale au problème médical et surtout organisationnel de l’État français n’a fait qu’enfler, pour être maintenant quasiment à jeu égal avec le parti de la peur et de l’interdiction.

    De plus en plus de voix se font entendre pour dénoncer la fausse évidence d’une solution présentée comme étant la seule possible. Malgré le lynchage moral permanent et l’avalanche de qualificatifs dégradants dont sont systématiquement affublés les moindres opposants à la sainte parole, ce message commence malgré tout à être compris et porté par de plus en plus de Français.

    Nous sommes passés en quelques mois de Didier Raoult à François de Closets … en quelques jours de Francis Lalanne à Laurent Ruquier .

    En parallèle au débat d’idées, l’ineptie des mesures, la désorganisation manifeste des autorités et l’arrogance des responsables politiques, des experts et des médias sont de plus en plus mal supportées par toute une partie de la population qui se voit de plus en plus touchée par les mesures de restrictions.

    Le couvre-feu ciblé ne marche pas ? Il faut instaurer un couvre-feu national. Le couvre-feu à 20 heures ne marche pas ? Il faut instaurer un couvre-feu à 18 heures. Le couvre-feu à 18 heures ne marche pas ? Il faut confiner.

    Quelle sera donc la prochaine étape de cette escalade dans l’absurdité ?

    Un dialogue de sourds

    Cela dit, il semble que la population accepte cette rhétorique ridicule depuis quarante ans : le socialisme ne marche pas , il faut davantage de socialisme et c’est forcément la faute du libéralisme. Il n’est que trop évident qu’en termes de politique sanitaire, nous avons droit exactement au même sophisme : si les restrictions ne marchent pas, c’est parce que les Français ne respectent pas les restrictions . Il faut donc davantage de restrictions.

    Un réel bras de fer s’est engagé entre l’appareil d’État et une partie de la population, cette dernière de plus en plus exaspérée par le manque d’effets malgré les efforts consentis et l’État incapable de se remettre en cause et rejetant le manque de résultats sur les supposés mauvais comportements des citoyens .

    Combien de temps encore les Français vont-ils accepter d’être tenus responsables des défaillances d’un système qui est supposé les servir et non l’inverse ?

    Depuis le début de la crise, le gouvernement cumule les erreurs et ce qui pouvait à l’époque paraître des choix ou des décisions malencontreuses prises devant l’urgence de la situation s’est révélé avec le temps de totales absurdités dont de plus en plus de personnes voient maintenant l’évidence.

    Remettre de la raison dans ce chaos de peurs

    On ne soigne pas les malades en punissant les bien-portants.

    Ce n’est pourtant pas très compliqué comme principe ! Il n’y a aucun calcul, aucun égoïsme ignoble à déclarer une telle banalité !

    Ce serait plutôt l’inverse : les irresponsables, les nuisibles qu’il faudrait mettre sous contrôle, ce sont les politiciens, les experts et les anonymes qui nous expliquent du matin au soir que leur comportement est irréprochable, mais que ce sont les autres qui leur voudraient du mal en faisant n’importe quoi.

    Bien sûr, ces angoissés maladifs sont de bons clients pour le spectacle de l’information. Mais on ne combat pas une épidémie avec des émotions et des leçons de morale.

    C’est cette musique qu’il faut faire taire de toute urgence en remettant les choses à leur place, en contredisant non seulement les politiciens qui en font l’écho, mais surtout tous ces donneurs de leçons du quotidien qui ont clairement besoin qu’on leur remette les pendules à l’heure et qu’on leur dise les yeux dans les yeux qu’il y en a assez de leur narcissisme exacerbé qui les pousse à blâmer les autres en permanence et sans aucun complexe.

    L’excuse de la sidération ne fonctionne plus : cela fait maintenant un an que nous vivons dans cette situation. Cette psychologie inversée sonne de plus en plus faux…

    Il est vraiment temps de prendre les choses au sérieux : apporter une réponse concrète et non pas émotionnelle au problème que la surréaction et la surévaluation ont largement contribué à exacerber.

    L’impasse du reconfinement

    Les innombrables ratés dans la communication, la stratégie, l’organisation, sur les masques, les tests, l’équipement des hôpitaux, puis maintenant sur les vaccins ne font en fait que cacher le fond du problème et celui-ci est d’un ordre bien plus grave.

    Pour quels résultats sommes-nous en train de sacrifier le pays tout entier, la jeunesse et les entrepreneurs en premier lieu ?

    Clairement pas pour investir dans le futur. Le monstrueux coût économique , budgétaire et social est tout entier consacré au colmatage du navire qui fuit de partout et en premier lieu sert à honorer un contrat dont toute une partie de la population est exclue.

    Plus grave, il paraît de plus en plus évident que le poids des défaillances du système de santé est justement supporté par ceux n’y ayant pas accès ou qui ne l’utilisent pas : les lycéens, les étudiants, les indépendants, les précaires, les commerçants…

    Le pays découvre dans la douleur que la solidarité nationale ressemble en réalité à une distribution savante de privilèges destinés à certaines catégories : les salariés des grosses entreprises, les retraités aisés, les fonctionnaires, voire les écoliers… tous ceux pour qui la question de la fin du mois ou de l’avenir n’est pas une source d’angoisse permanente. Les mêmes qui réclament à tue-tête un reconfinement, car quatre semaines de reconfinement, ce sont quatre semaines de vacances payées aux frais de la princesse.

    La précarité des autres trouvait jusqu’à présent sa compensation dans la liberté : la liberté d’être son propre patron, de diriger son travail comme on le veut, celle de pouvoir découvrir le monde à l’adolescence, de choisir son avenir, celle de réaliser ses passions, de créer, de vivre…

    Que reste-t-il de ces libertés ? Quel avenir ont-ils devant eux ? Quand tout cela s’arrêtera-t-il ?

    Ceux-là sont en train de se demander si vraiment tout cela pourra s’arrêter un jour sans qu’ils ne fassent entendre leur voix. Et dans ce pays, on a énormément de mal à exprimer son désaccord calmement…

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      Restaurateurs : l’ouverture de la dernière chance

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 04:40 · 3 minutes

    restaurateurs

    Par Adélaïde Hecquet.
    Un article de l’Iref-Europe

    Un restaurateur du Doubs est à l’origine d’une vraie rébellion anti-Covid. Stéphane Turillon a lancé son restaurant le 12 octobre 2020, après deux ans de travaux, un demi-million d’euros d’investissement et 25 années de métier. Mais le second confinement a mis une fin brutale à ces efforts, et il a aujourd’hui perdu 400 000 euros.

    Il risque la faillite, la perte de son restaurant, de sa maison, de sa voiture. Ce père de trois enfants estime n’avoir plus rien à perdre.

    Il ouvrira donc le 1er février , et les réservations montrent que plusieurs milliers de Français sont prêts à soutenir les restaurateurs : son établissement est déjà complet pour le grand jour. D’autres sont aussi décidés à rouvrir, dans le respect du protocole sanitaire.

    La fréquentation des restaurants en chute libre

    La fréquentation des restaurants subit une baisse depuis plusieurs années, mais qui stagnait aux alentours de 1 % par an, une proportion sans commune mesure avec la chute liée à la pandémie . Le Covid-19 a divisé le chiffre d’affaires des restaurateurs par deux, soit une perte de 30 milliards d’euros .

    Si le click and collect peut apparaître comme une solution de repli, seul un tiers des restaurateurs fait confiance aux hasards de la rue. Un choix compréhensible, quand on sait ce qui peut arriver à un plat entre la moto du livreur, le métro, la rue, la porte d’entrée, l’escalier, et finalement le micro-ondes.

    Les clients eux-mêmes se montrent frileux, à cause des contacts multipliés sur le parcours. Le chiffre d’affaires généré par le click and collect et la vente à distance dans les quelques établissements concernés n’était donc pas à la hauteur des espérances.

    De plus, au mois de décembre 2020, 50 % des revenus de ces ventes en click and collect étaient déduits des aides attribuées par l’État à la restauration, ce qui pouvait inciter les restaurateurs à rester fermés.

    Des réponses gouvernementales déconnectées des attentes des restaurateurs

    Face à cette crise, le gouvernement promet monts et merveilles, inventant toujours plus d’aides pour éviter la fermeture des établissements. Des aides soumises à conditions : durant le confinement d’octobre, pour les percevoir, les restaurateurs devaient faire moins de 50 % de leur chiffre d’affaires habituel ou rester fermés.

    Une décision que certains n’ont pas comprise, car elle incite les restaurateurs à ne pas travailler.

    Avec toutes ces fermetures forcées, le nombre de salariés au chômage partiel a augmenté, ce qui a coûté de l’argent à l’État. Et la consommation a baissé, ce qui lui a fait perdre des rentrées liées à la TVA.

    Les aides proposées par le gouvernement n’empêchent pas les restaurateurs de s’appauvrir. D’abord, elles tiennent compte du chiffre d’affaires des établissements, et non de leurs charges. Résultat, certains grands groupes reçoivent davantage d’aides qu’ils n’ont de charges, quand de petits établissements sont dans la situation inverse.

    En effet, depuis décembre, le fonds de solidarité est ouvert aux entreprises plus importantes, et plus seulement aux structures de moins de cinquante salariés. Les restaurateurs peuvent donc recevoir jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires mensuel, avec une limite de 200 000 euros.

    Stéphane Turillon, qui dépense 13 000 euros en charges et reçoit 10 000 euros d’aides, demande à ce que les restaurants puissent envoyer à l’État le montant de leurs charges, calculé par leur comptable afin de percevoir une aide plus adaptée à leurs besoins.

    Autre point occulté : lors de leur réouverture, il n’est pas certain que les restaurants retrouveront leur clientèle et peut-être auront-ils aussi perdu en partie leur savoir-faire ou le personnel qui leur apportait ce savoir-faire. Rien n’est prévu en l’état pour aider à la reprise.

    Le couvre-feu à 18 heures sur l’ensemble du territoire, annoncé jeudi 14 janvier, pourrait faire perdre 50 % de leur chiffre d’affaires aux rares restaurateurs encore ouverts en click and collect . Un scénario catastrophe, dont beaucoup ne se remettront pas, alors que les prêts garantis par l’État devront être remboursés, même si un délai d’un an supplémentaire est accordé.

    De plus, sans date d’ouverture fiable, les restaurateurs ne peuvent pas prévoir le recrutement et le logement de leurs saisonniers. Une situation qui prive d’emploi de nombreux jeunes.

    Sur le web

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      Le confinement et la balance bénéfice risque

      Denis Dupuy · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 25 January, 2021 - 04:35 · 3 minutes

    confinement

    Par Denis Dupuy.

    En médecine, une proposition thérapeutique doit être évaluée en fonction de la balance bénéfice-risque. Sur les plateaux divers, des confrères au parcours enviable ou, à l’occasion, au cheminement plus exotique, se répandent, prétendant tout maîtriser, quand leurs vérités éternelles ont une demi-vie parfois inférieure à celle des émissions de télé. Ils ternissent notre image en se faisant juges ou policiers, le plus souvent sur des modes affreusement autoritaires.

    Ailleurs, des experts de tout acabit se confrontent à des « amateurs » parfois hautement inspirés. Dès lors, je vous propose de remiser les titres au placard et de m’aider à déposer les items :

    En faveur du confinement :

    Les hôpitaux sont épargnés, leurs moyens préservés et leurs couloirs désertés, çà et là selon les régions de France. Mais ces structures ne sont-elles pas financées par le contribuable dans le but de l’assister ?

    En défaveur :

    • Le virus se moque du confinement, sa circulation se poursuit : un simple benchmarking européen le confirme
    • L’économie est durablement impactée
    • Les patients évitent les centres de soins : des cancers sont négligés, des infarctus ou AVC traités tardivement. La fréquentation des urgences diminue (-20 % à Toulouse). La surmortalité induite viendra s’ajouter aux décès covid.
    • Les patients infectés contaminent plus aisément leurs proches dans des espaces clos
    • On observe un découragement de forces vives dont les acteurs s’installent, pour certains d’entre eux, dans le confort d’une vie entre parenthèses financée par l’État
    • L’erreur consistant à penser que l’État protège le citoyen est véhiculée jusque chez les plus jeunes qui seront confrontés à bien des drames qu’ils feraient mieux d’apprendre à affronter seuls
    • L’absence d’activité sportive nuit à la santé physique
    • L’absence d’activité culturelle nuit à la santé intellectuelle

    Un des deux plateaux me semble légèrement déborder mais, une fois encore, peut-être m’aiderez-vous à mieux charger la balance.

    Dans le système libéral auquel j’aspire, l’État fait confiance à ceux qui le nourrissent, établissant une relation équilibrée basée sur le droit. Ainsi, les malheureux restaurateurs…

    L’État aurait pu dire : nous nous en remettons à vous pour appliquer les règles les plus adaptées afin que votre activité se poursuive sans exposer quiconque à des risques évitables. En cas d’abus, nous irons jusqu’à fermer au cas par cas les établissements réfractaires.

    Les restaurateurs auraient appliqué les recommandations sans sourciller, habitués qu’ils sont à se soumettre, eux accablés de taxes et de réglementations comme tous les entrepreneurs de ce pays.

    L’État français ne leur a pas accordé la moindre chance, décrétant unilatéralement qu’ils n’étaient pas dignes de confiance. Il a ruiné une corporation emblématique de notre pays, se fondant sur quelques pauvres études scientifiques dont les conclusions seront sans manquer remises en question.

    De la même manière qu’il a initialement éloigné des établissements de santé privés , pourtant moins coûteux, des patients relevant de la réanimation. Les lits du privé et du public réunis permettaient parfaitement de faire face, sans confinement, dès lors que des professionnels de santé articulaient leur activité en évitant le parasitage administratif des ribambelles d’administrations, ARS en tête.

    Et que dire de cette ignominie consistant à user de la peur ? Ainsi, en tant qu’urologue, je traite au quotidien des patients pour des calculs potentiellement mortels. Croyez-vous qu’à la manière de Véran et de son patient de 28 ans en réanimation (soit 1/10 000), j’agite le chiffon rouge de la mort afin de les mener vers quoi je souhaite ?

    Cette crise a apporté la énième démonstration de la nuisance de nos administrations qui œuvrent, intentionnellement ou non, contre les intérêts des contribuables qui les financent grassement. Quant à la balance, je vous laisse peser…

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      « Le virus circule toujours » : alarmisme, panique et privation de liberté

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 15 November, 2020 - 04:45 · 5 minutes

    le virus

    Par Patrick de Casanove.

    Le prétexte qui nous a été servi pour le couvre-feu , puis le reconfinement, est qu’il fallait éviter de surcharger les hôpitaux et en particulier les services de réanimation. Le même prétexte qu’en mars pour le confinement. C’est étrange.

    L’État sacrifie la société pour sauver les réanimations. Si l’on pousse le raisonnement, on peut déduire qu’avec le confinement et les atteintes aux libertés, nous aurons un pays en ruine, un nombre élevé de décès par le SARS-coV2 non traités précocement et des pathologies autres laissées de côté… mais des lits de réanimation encore disponibles !

    Au lieu, cet été, de faire retomber la pression, de préparer avec sang-froid le pays à affronter l’automne/hiver, saison favorable aux infections respiratoires, l’État a affolé les gens.

    Depuis le 11 mai l’État nous a tenu en haleine avec la dite deuxième vague qui n’est jamais venue. « Le virus circule toujours » nous rabâchait-il sans cesse. Malgré son discours alarmiste l’État n’a pas du tout préparé la France à affronter une nouvelle épidémie.

    L’État a continué à interdire le traitement en phase précoce

    Il a laissé aux médecins un simple traitement symptomatique en attendant que les patients guérissent… ou s’aggravent. Il n’a pas prévu de lits de réanimation supplémentaires et les équipes afférentes.

    Il n’a pas organisé la possible prise en charge en amont, à domicile, de patients un peu lourds, ce qui est réalisable, car la réanimation a beaucoup progressé depuis le début de l’épidémie, mais cela se prépare et ne s’improvise pas au dernier moment .

    Une infime partie des centaines de milliards que l’État dépense pour « sauver » les entreprises qu’il a détruites aurait suffi à créer tous les lits de réanimation nécessaires, personnel inclus, et ainsi permis d’éviter la nouvelle catastrophe qu’il nous impose.

    L’État a multiplié les tests pour… multiplier les tests

    L’État a appelé à respecter les règlements et les gestes barrières. Ce que l’immense majorité des Français a fait. Puis, grâce aux chiffres obtenus en testant à tout-va, il les a culpabilisés et les a fait paniquer parce que «  le virus circule toujours ».

    En vérité, il a multiplié les tests n’importe comment et sans objectif clair si ce n’est… multiplier les tests pour les multiplier et embrouiller les Français en mélangeant tout : les tests positifs, les cas, les malades etc.

    On sait que le test RT-PCR est très sensible. Qu’il y a beaucoup de faux positifs . « Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté. » aurait dit Confucius. C’est ce qui est arrivé.

    La réalité de l’épidémie reste inconnue

    La réalité de l’épidémie est inconnue. Le nombre réel de contaminations reste inconnu, le nombre réel de malades reste lui aussi inconnu. On connaît seulement les hospitalisations et les décès « avec » le coronavirus ou « du » coronavirus.

    Quand on est conscient de cela, on comprend qu’il n’est pas raisonnable de construire une politique là-dessus.

    Il n’est pas raisonnable d’ annoncer 400 000 morts si l’on ne re-confine pas , ni de donner des objectifs chiffrés decas en deçà desquels les services de réanimation pourraient assurer.

    Sauf à vouloir faire croire que, si à l’issue il y a moins de décès que prévu, c’est parce que le re-confinement les a évités. Sauf à se donner à l’avance des raisons pour poursuivre le confinement. Les modèles mathématiques se sont toujours trompés dans cette épidémie.

    On pourra lire aussi avec intérêt « Interventions non pharmaceutiques, surcharge hospitalière et surmortalité ».

    Il est légitime de se demander si l’État ne s’est pas conduit comme s’il voulait que l’épidémie ne cesse pas et soit plus grave qu’elle n’aurait dû être.

    La Covid-20 ?

    Les virus qui circulent aujourd’hui ont un génome différent du virus initial. Personne n’est devin. Cela dit, il est probable que nous soyons dans une configuration d’épidémie saisonnière et que nous fassions face maintenant à la Covid-20.

    Il est possible que nous ayons par la suite la Covid-21, 22 etc. comme nous avons la grippe 2019-2020, 2020-2021 etc.

    Considérer que le confinement et la destruction de l’économie, de la société, de la culture d’un pays est le seul moyen pour réduire une épidémie est irrationnel. Il est évident que la coercition et le confinement ne peuvent pas être la solution. Ils sont inefficaces et destructeurs .

    Certains parlent de se préparer à une troisième vague en prévoyant un troisième confinement. C’est du délire.

    La France, complètement désintégrée par les deux confinements et les autres mesures liberticides, ne pourra plus faire face à une troisième vague ni à quoi que ce soit : épidémie, terrorisme, guerre, violences aux biens et aux personnes, désastre social…

    Le désespoir

    Si tant est que l’on puisse éradiquer le SARS-coV2, il n’est pas rationnel de vouloir à tout prix y parvenir en quelques mois surtout en sacrifiant tout le reste à ce seul objectif. Donc il faut vivre avec le virus.

    Mais si c’est la panique qui commande, non seulement la France ne pourra plus faire face matériellement à une nouvelle épidémie ou catastrophe, mais humainement non plus. Les gens ne tiendront pas, ni les professionnels de santé , ni les acteurs économiques , ni les enseignants, ni les enfants, ni les étudiants, ni les familles… ni personne .

    Il est significatif qu’aujourd’hui la prise en charge de l’épidémie soit passée au second plan. Tout se focalise sur le confinement, ce qu’il doit être, ne pas être etc. Sa pertinence n’est même plus discutée. L’infection est oubliée, l’humain est oublié.

    L’horizon des Français n’est constitué que de maladies, de morts et de privation de liberté. Aucun espoir…

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      Crise sanitaire : une opposition bien silencieuse

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 9 November, 2020 - 04:45 · 8 minutes

    opposition

    Par Olivier Maurice.

    Le petit acte de rébellion de l’Assemblée nationale, entérinant un amendement limitant l’État d’urgence a enflammé quelques heures les réseaux sociaux et le microcosme.

    On y a cru un instant, au retour de la séparation des pouvoirs ! Mais non, la démocratie est bien mourante et la Cinquième République version présidentielle conforte son aspect arbitraire de monarchie élective absolue.

    Le coup de colère du ministre de la Santé Olivier Véran, exhortant les députés à sortir de l’hémicycle n’a entrainé qu’une réaction de principe, alors que clairement ce genre de propos aurait été totalement inacceptable il y a quelques années et qu’on en aurait parlé en boucle jusqu’à en avoir la nausée.

    Jean-Luc Mélenchon a certes dénoncé l’autoritarisme du gouvernement. La droite y a fait écho. Mais l’incident est cependant quasiment passé inaperçu dans le rata d’informations quotidiennes qui inondent les divers moyens d’information.

    On a beau chercher dans la presse et sur les réseaux sociaux les réactions des différents prétendants à l’opposition, à part quelques « seconds couteaux » par-ci par-là et à part la France Insoumise qui tente sans aucune pudeur de se travestir opportunément en chevalier blanc libéral, il semble bien que le naufrage de l’équipe au pouvoir arrange en fin de compte tout le monde.

    Pourquoi aider une équipe adverse qui semble prendre plaisir à marquer contre son camp ?

    Marine Le Pen ne s’en cache d’ailleurs même pas, affichant ouvertement sa stratégie : laisser le gouvernement se planter lamentablement et accumuler les dossiers pour démarrer la campagne présidentielle à venir avec un sac de munitions plein à craquer.

    Le pari n’est pas très risqué. La gestion de la crise par l’exécutif est tellement mauvaise, l’arrogance des ministres qui défilent, Jean Castex en tête, est tellement insultante envers les Français, le pays est tellement recroquevillé dans la peur et l’infantilisation, que la campagne électorale a toutes les chances d’offrir un spectacle dantesque et chaotique de première qualité.

    Histoire d’un désastre annoncé

    Parce que côté casseroles, mauvaises décisions et inefficacité, il y a clairement de quoi charger la barque avec plusieurs palettes de parpaings.

    Entre les masques, les tests, le déconfinement raté, les incohérences de l’été, le désaveu quasi public d’Olivier Véran et du Conseil scientifique devant la reprise de l’épidémie, l’autoritarisme jacobin des premières mesures de fermetures, l’aveu d’échec du second confinement, le manque de lits, de préparation et de personnel, et pour finir, les incohérences et les pitreries des ministres, le pouvoir ne fera pas l’économie d’une tempête de reproches et d’accusations, une fois les hostilités lancées.

    Ajoutez à cela les boules puantes qui s’accumulent un peu partout : entre les plaintes lancées envers les ministres , les commissions d’enquête en batterie , les batailles médico-pharmaceutiques sur les divers produits , sans compter la foultitude de théories plus ou moins étayées et tous les petits secrets un peu partout…  Le jour où la tempête va se lever, il risque de faire mauvais temps dans les couloirs des palais.

    La classe politique française est juste comme les finalistes d’un 100 mètres olympique : ils se regardent les uns les autres en attendant le coup d’envoi et en ayant peur de se faire disqualifier pour cause de faux départ.

    À droite : la vieille garde en embuscade

    Comme toujours dans cette situation, il faut se méfier des absents, des silencieux qui posent tranquillement leurs pions par-ci par-là.

    Comme Xavier Bertrand, qui a choisi de jouer la carte de l’ outsider et de viser la droite de gauche, mais qui a tout intérêt à capitaliser sur le fait que sa région est à la fois une des plus touchée par la seconde vague et celle où semble-t-il la situation est la mieux gérée dans les hôpitaux.

    Comme Manuel Valls qui lui vise la gauche de droite et surfe sur la vague sécuritaire pour faire son come back tout en communiquant sur la pureté de ses intentions

    Comme François Bayrou, qui nonobstant sa chaise dorée de commissaire au plan avec entrée directe dans le bureau et les petits papiers du président, ne s’est pas gêné de tirer dans les pattes de ses petits copains et de dire haut et fort qu’il était contre un nouveau confinement le jour même où Emmanuel Macron annonçait le contraire.

    Comme Bruneau Retailleau, qui tente pour l’instant de ratisser le fonds de commerce de la droite et de corriger son image filloniste en élaborant un énième discours sécuritaire et anti-immigration … tout en ne ratant pas l’occasion de faire un joli croche-patte au gouvernement en obtenant le Non au vote de confiance au Sénat et en allumant mine de rien l’allumette décrite au début de l’article.

    Ou encore comme Nicolas Sarkozy, qui n’a pas hésité une seule seconde à voler au secours du professeur Raoult , comprenant très bien le rapport coût-bénéfice d’une telle action et qui, ne pouvant ni critiquer la présidentialisation de la Cinquième République dont il a été un des principaux artisans, ni s’opposer ouvertement à son successeur, est donc obligé, en attendant l’ouverture officielle des hostilités, de se tenir dans une sage retenue et de cultiver son image de sage et de recours.

    Stratégie bien récompensée d’ailleurs, puisque le Premier ministre lui-même lui fera l’honneur de lui servir de chauffeur ce samedi pour la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat de Nice.

    À gauche : le scénario insurrectionnel

    La gauche quant à elle se fait étrangement absente. Il faut dire que son enthousiasme potache sur le « nouveau monde » a totalement explosé avec la seconde vague.

    Eux-mêmes semblent avoir compris que l’on reparlera du sexe des anges quand on aura le temps, ce qui ne risque pas d’être demain matin. La question pour beaucoup de Français n’est pas de savoir s’ils vont avoir du quinoa bio, sans OGM, équitable et éco-responsable dans leur assiette, mais de savoir s’ils vont avoir quelque chose dans leur assiette.

    Jean-Luc Mélenchon, en vieux limier de la politique a tout de suite compris que le vent avait changé, laissant trainer le doute sur sa prochaine participation à la course présidentielle (meilleur moyen d’avoir les mains libres et d’en parler) tout en sifflant la fin de la récré écolo-indigéniste-justice sociale qui avait envahi son parti pour réactiver le vieil étendard de la gauche révolutionnaire : la lutte contre le fascisme .

    Il faut dire qu’il n’est pas très risqué de miser sur le scénario du grand foutoir : entre le flot incessant d’humiliations, le désastre économique en cours, quelques grèves venant à point nommé , la montée des mouvements de contestations un peu partout en Europe et l’éventualité plus que probable qu’une inévitable bavure qui finira bien par se produire, la France est une vraie poudrière .

    De la mauvaise compréhension du dicton « diviser pour mieux régner »

    Il est assez incroyable de voir comment le gouvernement tombe chaque jour un peu plus dans tous les pièges qui lui sont tendus. On en vient à se demander s’il fait exprès d’être aussi naïf et arrogant.

    Il se fait embarquer et mener par le bout du nez en permanence. L’histoire de la vente des « biens non essentiels » et des « petits commerçants » et la succession de décisions prises dans la panique pour tenter de corriger la décision prise la veille sans y réfléchir serait drôle si elle n’était pas vraie .

    D’un autre côté, il est tout aussi incroyable de constater la retenue et la patience de la population devant le manque de résultats, l’accumulation de petites humiliations, les mensonges à répétitions, les contradictions permanentes et les cafouillages et amateurismes en tout genre.

    Heureusement pour le gouvernement et pour le président de la République, la peur panique frappe encore une partie importante de la population. Heureusement pour lui, l’opposition a pour l’instant décidé de ne pas jeter d’huile sur le feu.

    Mais le pari pour savoir si cette politique de la carpette sera payante à terme est loin d’être évident.

    À force de vouloir répondre à la moindre critique et de ne vouloir prendre aucun risque, le gouvernement a quasiment réussi à faire l’unanimité contre lui et à unir ceux qui il y a peu encore se détestaient profondément. Il a surtout réussi à ne traiter aucun problème en profondeur, les rejetant juste chaque jour au lendemain.

    Et c’est ainsi qu’on en arrive à voir Michel-Édouard Leclerc monter au front pour défendre les petits commerçants ou encore Jean-Luc Mélenchon défendre bec et ongles un amendement déposé par la droite.

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      Reconfinements locaux : en mesurons-nous les conséquences ?

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 15 October, 2020 - 03:30 · 9 minutes

    reconfinements locaux

    Par Jonathan Frickert.

    Nous connaissions les vents d’ouest, Jean Castex vient d’inventer le vent d’est. Difficile de ne pas y voir l’illustration d’un gouvernement avançant à contre-courant, car après Nice et Marseille le mois dernier, les restrictions touchent désormais l’ouest du Midi. Montpellier et Toulouse sont ainsi à leur tour touchés par de nouvelles restrictions après avoir été placés en zone d’alerte maximale ce mardi.

    Si hier, c’était la carte des contaminations que beaucoup scrutaient, comme les avancées de l’ennemi en temps de guerre, c’est bien l’avancée du nombre de territoires touchés par des restrictions qui frappe aujourd’hui les esprits, atteignant désormais l’ouest du pays. Des avancées qui rappellent largement les lignes ennemies des grands conflits militaires, à la manière du « nous sommes en guerre » assené en mars par le chef de l’État, alors que le pays se préparait à être confiné durant près de deux mois .

    Une perspective funeste, mais que Jean Castex n’exclut pas, invité ce lundi sur France Info pour évoquer les nouvelles mesures prises par le gouvernement pour endiguer l’épidémie.

    Difficile de ne pas s’inquiéter de ces mesures lorsqu’on connaît leur inefficacité et surtout les conséquences d’un confinement national dont les démembrements locaux n’inspirent guère d’optimisme.

    Une hésitation désormais coutumière

    « On sait ce qui va se passer dans les 15 jours », a asséné le Premier ministre, quelques secondes seulement après avoir reconnu que les services de l’État ont été incapables de prédire l’ampleur de ce qui s’apparente désormais à une deuxième vague.

    Ayant échoué dans sa stratégie d’endiguement associant dépistage et traçage, notamment en raison du flop complet de l’application StopCovid dont une nouvelle version sera présentée le 22 octobre, mais qu’il avoue lui-même ne pas avoir téléchargé, le Premier ministre a évoqué un nouveau conseil de défense et de sécurité nationale courant de semaine, basé sur les données récoltées ce lundi afin d’envisager de potentielles nouvelles annonces au début de la semaine prochaine, et notamment des reconfinements localisés dans les zones les plus touchées.

    Sans exclure la perspective d’un nouveau reconfinement, le Premier ministre a reconnu qu’il lui était impossible de restreindre les espaces privés, en particulier depuis la décision du Conseil constitutionnel du 11 mai dans laquelle les Sages ont exclu les locaux à usage d’habitation du champ des restrictions , mais pas les baptêmes, enterrements et autres événements religieux restreints sur la Côte d’Azur et qui, sans être juridiquement des espaces privés, concernent les familles dans l’intimidité de leur pratique religieuse.

    À l’appui de ses déclarations, Jean Castex a notamment rappelé que la crise allait encore durer plusieurs mois, tout en oubliant d’évoquer qu’il s’agit en réalité de l’objectif des autorités depuis le début de l’épidémie.

    En effet, difficile de ne pas se souvenir de l’appel du gouvernement en février et mars à un comportement permettant « d’aplatir la courbe », sous-entendu de permettre de lisser dans le temps le nombre de cas afin de soulager nos services sanitaires.

    Tel est bel et bien le cœur de ces restrictions que la soutenabilité de notre système de santé justifie en grande partie, sans pour autant parvenir aux résultats escomptés.

    Des mesures inutiles

    Parmi les mesures envisagées : des couvre-feux à compter de 20 heures dans les principaux foyers de contamination, en particulier dans les grandes villes du sud-est du pays, avec toujours le même ciblage des bars et restaurants, jugés responsables de nombreuses contaminations.

    Pourtant, l’impact de ces lieux sur la propagation du virus n’est en rien démontré. Comme le notait le docteur en épidémiologie Pascal Crépey dans la Voix du Nord , « On n’a pas d’étude épidémiologique sur ces lieux », les études publiées se limitant à une distinction entre sphère privée et sphère professionnelle , dans laquelle les bars et restaurants sont en fin de podium, largement derrière l’industrie alimentaire et les transports, mais à quasi-égalité avec l’administration publique ou les activités sportives.

    De quoi renforcer l’idée que l’équilibre entre l’efficacité sanitaire et la limitation des freins économiques et sociaux est loin d’être trouvé, renforçant l’opinion selon laquelle la seule solution est une fermeture totale de tous les lieux recevant du public. Au regard des conséquences des mesures déjà prises depuis mars, cette perspective est impossible, aussi bien moralement qu’économiquement et surtout socialement.

    Des reconfinements locaux, pas de confinement total

    Blocage des recrutements, hausse du chômage, baisse historique du produit intérieur brut, augmentation du déficit et de la dette publique qui ferait même pâlir un keynésien… si les conséquences économiques sont largement rappelées depuis six mois, d’autres effets des mesures de restriction et de confinement sont largement passés sous le tapis.

    Pourtant, les conséquences sociales et psychologiques de ces limitations sont loin d’être négligeables.

    Des conséquences bien comprises et notamment par le Conseil d’État. Fin mars, il a été saisi d’un référé-liberté par plusieurs syndicats de médecins qui estimaient les mesures gouvernementales trop laxistes et portant atteinte au droit à la vie. Ces organisations syndicales exigeaient un confinement total incluant une interdiction de sortie et un ravitaillement des populations.

    Ce recours a été rejeté par la juridiction administrative en partie pour des questions de moyens humains et matériels à mettre en œuvre, mais également au nom de la santé. Dans son ordonnance du 22 mars, le Conseil d’État a ainsi rappelé le risque pour la santé mentale des Français que représenterait un confinement d’une telle intensité.

    Une explosion de la pauvreté

    En effet, le confinement ainsi que les différentes mesures de restrictions qui ont depuis suivi se focalisent sur une limitation des interactions sociales et de l’activité physique, en particulier après la polémique relative à la pratique du jogging en mars dernier.

    Depuis cette époque, plusieurs études ont montré les conséquences sociales et psychologiques de ces mesures.

    Il en est ainsi de l’explosion de la pauvreté dans l’Hexagone. L’économie d’un pays étant sa santé, lorsque celle-ci s’effondre, le reste fait de même. On le voit tous dans nos vies et c’est particulièrement vrai ici, puisque depuis février, un million de Français ont basculé dans la pauvreté .

    Le confinement est une violence psychologique

    À cette hausse de la détresse sociale succède une hausse des violences, psychologiques d’une part, avec par exemple une augmentation des revenge porn , mais également un renforcement des violences physiques et notamment du fléau des violences conjugales qui ont ainsi augmenté de 30 % à la fin du mois de mars.

    Sur le plan psychologique, certains psychiatres notent les conséquences d’un isolement déjà massif chez certaines catégories de population comme les personnes âgées, d’autant plus impactées que principales victimes du virus.

    Si les défenseurs de la liberté promeuvent celle-ci pour des raisons morales ou d’efficacité, la nécessité psychologique et biologique de liberté s’est manifestée encore une fois durement durant le confinement. De la même manière que l’univers carcéral, par la privation de liberté qu’il induit, crée des troubles psychiatriques notoires, la privation de liberté que constitue le confinement provoque à son tour un certain nombre de problèmes de cet ordre.

    Comme le notait la psychologue clinicienne Johanna Rozenblum en juin dernier, l’obligation « de rester à domicile n’est naturel pour personne », la liberté étant un besoin pour chaque individu , et en particulier celle consistant à avoir des relations sociales.

    Le confinement est en cela parfaitement antinaturel, frappant de plein fouet à la fois le besoin de liberté et celui d’être entouré.

    Dans le même sens, Libération constatait le mois dernier l’augmentation des cas d’insomnie et d’épisodes anxieux liés à l’épidémie.

    À cela s’ajoutent des conséquences interpersonnelles que chacun constate sans que personne ne puisse vraiment les évaluer : tous les jours, en menant tout simplement votre vie, il est possible, voire même très probable, que vous fréquentiez des personnes positives au Covid, sans naturellement qu’elles en soient conscientes.

    Renforcée par les rappels récurrents du gouvernement, cela renforce l’idée qu’il faille se méfier de tout le monde. S’il est régulièrement reproché à tort aux défenseurs de la liberté de vouloir créer des individus asociaux , la réalité saute une nouvelle fois aux yeux lorsqu’on voit la société de défiance que nous prépare l’actuel gouvernement.

    Un dépeçage inutile de la vie sociale

    En voulant lisser dans le temps le nombre de patients en réanimation, le gouvernement procède à un dépeçage en règle de la vie économique et sociale de ce pays, avec des conséquences que beaucoup ne parviennent pas encore à mesurer.

    Entre tenter d’avoir une vie normale tout en appliquant strictement certaines précautions dans nos rapports aux autres et restreindre la vie économique et sociale, le choix de gestion relève d’un choix de société sans précédent, dépassant largement les limites de l’Hexagone voire du continent européen, l’actuelle campagne présidentielle américaine se jouant aujourd’hui largement sur la question.

    Dans ce sens, et à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle française, et si tant est que celle-ci soit maintenue au regard de la situation sanitaire du pays, la question électoraliste est loin d’être dénuée d’intérêt.

    L’élection présidentielle étant affaire d’incarnation, il y a fort à parier que la cacophonie qui frappe l’exécutif soit également liée à l’image de mauvais gestionnaire collant désormais à la peau du président de la République, de la même manière que l’actuel locataire de la Maison Blanche, auparavant incarnation d’un rêve américain perdu, se retrouve désormais être celle des affres de la crise sanitaire.

    Reste à savoir comment Emmanuel Macron parviendra à se débarrasser de cette image durant les 18 mois qui nous séparent de la prochaine élection présidentielle.