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      MetaOSINT – Découvrez plus de 4000 ressources pour vos enquêtes OSINT

      news.movim.eu / Korben · Friday, 21 July, 2023 - 07:00 · 1 minute

    Récemment, je suis tombé sur MetaOSINT , un projet créé par un ancien analyste et enquêteur OSINT qui en avait assez de chercher des ressources de manière plutôt brouillonne. Il a donc créé un agrégateur gratuit et ouvert regroupant la crème de la crème en matière d’outils et de ressources OSINT.

    MetaOSINT est comme un couteau suisse pour les enquêteurs OSINT. Il répertorie et trie des milliers d’outils provenant de trois sources différentes, chaque source ayant un niveau de confiance et de biais potentiel qui lui est propre. Avec plus de 4000 ressources recensées, vous avez ainsi accès à un trésor d’informations et d’outils pour vous aider dans vos enquêtes en ligne.

    En parcourant MetaOSINT, j’ai eu l’impression d’être un enfant dans un magasin de bonbons. Chaque outil semblait plus utile que le précédent. Le monde de l’OSINT peut être assez vaste et intimidant, surtout pour ceux qui débutent, mais MetaOSINT rend la tâche beaucoup plus accessible. C’est un peu comme un ami expérimenté qui vous prend par la main pour vous montrer les bons outils et les bonnes ressources. Grâce à ce site, vous serez en mesure de mener des enquêtes plus approfondies et de trouver des informations pertinentes plus rapidement.

    Et si la compilation des meilleurs outils et ressources OSINT ne vous suffit pas, MetaOSINT invite également la communauté à contribuer au projet. Si vous avez un outil ou un site Web OSINT de qualité et qui n’est pas encore répertorié, vous pouvez soumettre ses infos via un formulaire dédié. Les connaissances collectives de la communauté OSINT peuvent certainement aider à faire ressortir de nouvelles pépites.

    Bien sûr, avec un grand pouvoir vient une grande responsabilité. Comme disait le grand père de Spider-Man: « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, et comme t’es pas Président de la République, tu devras rendre des comptes. »

    Alors utilisez ces outils et ressources de manière responsable. Soyez éthique dans vos recherches et n’utilisez pas ces informations à mauvais escient. Souvenez-vous que l’objectif d’une enquête OSINT est de rester dans les limites légales et éthiques.

    À découvrir ici: https://metaosint.github.io

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      Bassines : on ne nous dit pas tout… pour nous cacher l’essentiel !

      Armand Paquereau · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 4 December, 2022 - 04:15 · 8 minutes

    La loi 92-3 du 3 juillet 1992 reconnait « l’eau comme patrimoine commun de la nation ».

    Mais cette décision n’apaise pas les tensions entre les utilisateurs, comme en témoignent les affrontements du 29 octobre 2022 à Sainte-Soline (79120). Entre 4000 et 7000 manifestants (selon les sources) se sont violemment opposés aux forces de l’ordre en occasionnant une cinquantaine de blessés parmi les manifestants et 61 blessés dont 22 sérieusement pour les forces de l’ordre. Seulement six interpellations ont été effectuées.

    La violence des affrontements avait-elle pour but ultime une issue dramatique comme à Sivens pour enterrer tout projet similaire ?

    Les revendications des manifestants

    Le mouvement « Bassines non Merci » qui a rameuté ces manifestants s’opposant à la création de réserves de substitution d’eau destinées à l’irrigation, communique ses objections :

    La disponibilité de l’eau doit être strictement contrôlée et encadrée.

    La contestation majoritaire, que l’on retrouve dans plusieurs items ci-dessus, réside dans l’utilisation de l’eau.

    Le contrôle piézométrique des nappes détermine le niveau supérieur de la nappe par rapport au niveau de la mer.

    Le graphique ci-dessous démontre que sur près de trente ans, les niveaux maxi et mini de cet aquifère de référence n’ont pas été affectés par les prélèvements antérieurs et que la ressource se reconstitue, avec quelques variations dans le temps dues à la variabilité de la pluviométrie. Il est ainsi clairement démontré que l’irrigation n’a pas épuisé la ressource.

    On peut consulter sur ce site du BRGM que les courbes de la très grande majorité des sites ont la même horizontalité. Les données dont sont tirées ces graphiques sont les relevés quotidiens des piézomètres installés pour le suivi du niveau des nappes.

    On remarque que le niveau ne dépasse jamais un maximum pour lequel l’eau de la nappe s’écoule vers la mer via les sources et les rivières de surface ou souterraines. C’est pour profiter de cet excès d’eau que les pompages sont autorisés dans des temps déterminés et sous contrôle strict et permanent du niveau de la nappe. Toute infraction aux arrêtés préfectoraux qui encadrent ces pompages est sévèrement sanctionnée.

    Emplir des bassines ou des réserves d’eau dans ces conditions ne peut qu’être profitable.

    On peut constater sur le zoom suivant que du 16 février au 15 avril et du 1er octobre au 6 décembre le niveau de la nappe continue de descendre, hors période d’irrigation. L’amplitude des variations de niveau est importante mais la ressource se reconstitue d’année en année comme démontré précédemment.

    Il est donc totalement faux de prétendre que les prélèvements dans les nappes, que ce soit pour l’irrigation ou pour les besoins d’eau potable, mettent en péril la ressource. On peut aussi constater que la baisse de niveau hors période d’irrigation provient du phénomène naturel de capillarité qui permet aux végétaux en surface (cultures, forêts) de croître et d’évapotranspirer, participant ainsi au cycle de l’eau qui génère les pluies.

    L’eau n’est pas consommée comme une énergie fossile, elle est utilisée et recyclée dans un mouvement perpétuel.

    Du partage inéquitable de l’eau

    Combien de sympathisants de « Bassines non Merci » possèdent des piscines quand d’autres économisent l’eau du robinet par précarité financière ? Ne s’accaparent-t-ils pas une part importante de la ressource pour une utilisation non essentielle ?

    Certes, les promoteurs de bassines profiteront d’une ressource qui n’est pas à proximité de tous mais la multiplicité de projets devrait permettre la généralisation de l’accession.

    Dans un contexte de sécheresses récurrentes, l’irrigation sera la condition de rentabilité et de survie d’un très grand nombre d’exploitations. Elle permet à des sols peu fertiles d’atteindre une productivité suffisante là où une culture sèche dépérirait.

    Du prétendu déni de démocratie

    La création des bassines est assujettie à des consultations publiques où les associations écologistes sont largement représentées.

    Les procédures sont interminables, les décisions de justices font l’objet de nombreux recours et appels et les arrêtés préfectoraux sont eux aussi contestés près de la justice administrative. Et quand la décision finale permet la construction, les manifestants se réunissent en masse pour affronter violemment les forces de l’ordre et saccager des bassines mais aussi des biens privés sans relation directe avec les bassines.

    Du financement public

    Pour des investissements de grande envergure, les financements publics sont très souvent mobilisés. La justification d’un financement public est l’intérêt général qu’il permet d’envisager.

    L’utilisation de l’eau excédentaire hivernale pour irriguer les cultures en période de sécheresse garantit une production régulière en quantité et en qualité dont le consommateur profite directement par l’abondance de produits au top de leurs capacités nutritives. Cette régulation de production évite les pénuries génératrices de hausse des prix et de baisse de qualité. Si on se réfère aux comptabilités des associations, nombreuses sont celles qui perçoivent des subventions d’organismes publics. Et heureusement la majorité d’entre elles ne vont pas saccager des bassines .

    De l’agriculture intensive

    Le leitmotiv des anti-irrigation est la culture intensive.

    Il faut bien comprendre que la mondialisation a mis l’agriculture en concurrence avec les producteurs mondiaux. Pour s’aligner, les agriculteurs français ont dû conjuguer l’utilisation du machinisme, des énergies fossiles et de leurs sous-produits pour abaisser leurs prix de revient dans l’intérêt du consommateur qui place le prix en tête de ses critères de choix. Cette adaptation a nécessité des investissements lourds, qui pour être amortis, a entraîné l’agrandissement des structures.

    Cette production intensive complète la production Bio, qui par des rendements largement inférieurs, ne serait pas en mesure d’assurer à elle seule une alimentation suffisante aux populations.

    Quant à la haine des anti-irrigation envers le maïs, elle occulte volontairement et arbitrairement le fait que le maïs est une plante excessivement productive qui fournit des volumes conséquents pour l’alimentation du bétail à des périodes où les prairies sont totalement brûlées. De plus pour la production en grain, le maïs laisse sur le terrain une masse végétale énorme productrice d’humus si précieux pour la fertilité des sols. Il ne faut pas non plus ignorer toutes les destinations du maïs : plus de 400 produits alimentaires contiennent de l’amidon de maïs, il est le quatrième légume le plus consommé en France. Il est aussi utilisé dans :

    C’est dire si sa production est devenue indispensable dans la vie courante. Le maïs est la plante qui utilise de façon la plus efficiente l’eau qu’elle reçoit : pour 1 kg de matière sèche produite, le maïs fourrage nécessite 240 litres d’eau, le maïs grain 450, le blé 590, le soja 900, le tournesol 1200 et le riz inondé 5000. Son seul handicap est que sous nos latitudes, ses besoins correspondent aux périodes estivales. C’est pourquoi sa rentabilité dépend des capacités d’irrigation.

    En fonction de sa rusticité, de sa productivité, de ses faibles besoins en phytosanitaires, le maïs est une culture incontournable de nos sociétés modernes.

    De l’alimentation en eau potable

    L’irrigation est toujours présentée comme une concurrence à la disponibilité d’eau potable. Il est certain que des priorités doivent être établies afin de garantir aux populations un accès constant à l’eau potable. Il ne faut pas non plus perdre de vue que l’eau des chasses d’eau, incluse dans le volume d’eau potable, est moins prioritaire que l’eau qui sert à irriguer les légumes ou les productions alimentaires.

    Il n’est pas très médiatisé que certains forages agricoles sont parfois utilisés pour pallier la défaillance du réseau public.

    Conclusion

    Dans un contexte global où les sécheresses semblent se répéter, où la croissance démographique augmente les besoins alimentaires, où malgré les soutiens écologiques et politiques le secteur Bio rencontre des reculs, nous aurons besoin de toutes les capacités de production pour éviter que ne se renouvellent les émeutes de la faim de 2008.

    Il est démontré que le stockage de l’excédent hivernal d’eau n’est pas contraire à la pérennité de la ressource, qu’il est la meilleure assurance récolte des agriculteurs pour éviter leur disparition et que les consommateurs ont eux aussi intérêt à gérer intelligemment une eau qui repartant à la mer, ne profite à personne.

    Il y aura aussi un intérêt collectif à stocker après traitement les eaux citadines usées pour irriguer des cultures au lieu de les déverser directement dans les cours d’eau avec des résidus de médicaments non éliminés en station d’épuration.

    Au lieu de s’affronter en luttes idéologiques stériles et destructrices, utilisons tous les moyens que permet la technologie moderne pour utiliser, sans gaspiller la ressource ni obérer sa pérennité, une eau source de vie et de prospérité.

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      Lithium pour les batteries : le nouvel or blanc ?

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 8 November, 2022 - 04:30 · 12 minutes

    Librement inspiré par ce document (25 pages) :

    « Le lithium (Li) : aspects géologiques, économiques et industriels »

    Depuis le début des années 2010, le lithium, un métal blanc et léger jusque-là peu connu attise les convoitises. Sa notoriété nouvellement acquise provient du développement sans précédent des batteries, lié à la transition énergétique et à la mobilité « bas carbone » .

    La France pourrait devenir le plus grand producteur de lithium en Europe en 2027.

    Pourquoi cette ruée vers ce nouvel « or blanc » ?

    Les voitures deviennent électriques, les bicyclettes et les trottinettes suivent.

    En Europe, certains gouvernements veulent même reléguer les véhicules thermiques au rang de lointain souvenir pour rouler « vert », c’est-à-dire électrique dans un futur proche ( entre 8 et 15 ans ).

    La Norvège s’est engagée à bannir les ventes de véhicules à moteur à combustion interne dès 2025 l’Irlande, les Pays-Bas et la Slovénie en 2030, l’Écosse en 2032, et l’Union européenne en 2035 .

    Or, toute cette effervescence autour du transport du futur se fonde sur le stockage de l’électricité dans des batteries dont le lithium est aujourd’hui, et pour longtemps encore, l’un des principaux composants. Sans lui, pas de batterie ni de transition vers un parc automobile « bas carbone » . Des technologies alternatives (au sodium, à l’air…) existent, mais elles ne permettent pas des performances équivalentes à la batterie lithium – et ce probablement pour de nombreuses années encore.

    D’où cet engouement pour cet « or blanc » dont les prix s’envolent ces derniers mois ( +1000 % en deux ans ) alors que jusqu’à récemment ses applications industrielles intéressaient peu de monde et restaient invisibles pour le grand public.

    Ainsi, le carbonate de lithium est par exemple utilisé dans l’industrie du verre (baisse de la température de fusion et amélioration de la résistance physique), dans les céramiques et le raffinage de l’aluminium (abaissement du point de fusion).

    L’hydroxyde de lithium est utilisé dans les lubrifiants ou dans les colorants. Les batteries utilisent les deux formes, carbonate et hydroxyde de lithium.

    Le lithium métal est utilisé en pharmacie et dans le nucléaire militaire avec la bombe H, ou civil avec le projet de réacteur nucléaire par fusion ITER .

    Or aujourd’hui, les batteries occupent une place de plus en plus importante dans le mix de la demande mondiale.

    Source – © 2018 D’après données SQM

    Répartition de la demande en lithium dans les applications industrielles en 2017

    Origine et abondance

    Avec l’hélium et l’hydrogène, le lithium fait partie des trois seuls éléments engendrés par le Big Bang à la naissance de l’Univers, mais il n’est apparu qu’à l’état de trace (10−10 des noyaux formés).

    Il n’est pas non plus synthétisé dans les étoiles où, au contraire, il est détruit par les réactions de fusion nucléaire qui s’y produisent.

    La majorité du lithium de l’Univers (sauf celui issu du Big Bang) est obtenu lorsque des rayons cosmiques cassent des noyaux de carbone, d’azote, d’oxygène en fragments plus petits.

    Ces mécanismes particuliers de formation font que le lithium est un élément beaucoup plus rare dans l’Univers que l’hydrogène et les autres métaux alcalins légers (sodium et potassium).

    Le lithium tire son nom du grec lithos , la pierre, car il a été découvert en 1817 dans des minéraux.

    Sa haute réactivité avec l’oxygène et l’eau l’empêche d’être présent seul dans la nature. Il est toujours sous forme de sels ou d’oxydes dans des minéraux.

    La croûte terrestre en contient environ 20 parties par million (ppm), les océans environ 17 ppm. Des accumulations naturelles en Amérique du Sud en contiennent jusqu’à 0,16 % (1600 ppm, soit 1,6 kg/tonne), et certaines en Australie jusqu’à 4 % (40 000 ppm, soit 40 kg/tonne).

    Le lithium métallique ne peut être stocké que dans l’huile (dans laquelle il flotte) et sous atmosphère protectrice, car il est trop réactif pour être stocké dans l’eau ou l’air.

    Réserves et ressources

    La géologie évoque généralement des « ressources », tandis que l’industrie minière s’intéresse plus particulièrement aux « réserves ». Ces deux notions distinctes méritent d’être éclaircies pour éviter tout malentendu :

    1. Les ressources désignent l’ensemble des volumes d’une matière première contenue dans le sous-sol terrestre. Les « ressources ultimes » désignent la quantité théorique d’une matière contenue dans un volume étudié.
    2. Les réserves tiennent compte surtout des contraintes techniques, économiques, temporelles… Elles désignent les volumes récupérables – d’une matière première, à un instant donné – aux conditions techniques, économiques, environnementales, politiques… ou en passe de l’être.

    Ainsi, les réserves ne constituent qu’une partie seulement des ressources (environ un tiers en ce qui concerne le lithium d’après la Deutsche Bank , un quart pour le pétrole d’après les données de l’Agence Internationale de l’Énergie).

    Plus le prix auquel est vendue la matière première considérée augmente, plus il est possible d’exploiter des gisements plus faiblement concentrés ou plus profonds… et plus les réserves augmentent. À l’inverse, plus le prix décroît, moins les réserves sont importantes.

    Un gisement est quant à lui défini comme une accumulation de matériaux dont l’exploitation fait sens à un moment donné.

    Où se trouve le lithium

    Les deux principaux types de gisements de lithium se trouvent dans des saumures de lacs salés partiellement ou totalement asséchés en altitude (~2000 à 4000 m) dans la cordillère des Andes ( les salars ), ainsi que dans des pegmatites et certains granites.

    Les ressources mondiales de lithium varient beaucoup selon les sources. Elles sont évaluées par la Deutsche Bank en 2017 à 273 millions de tonnes (Mt Li).

    Quant aux réserves mondiales de lithium déclarées aujourd’hui, le chiffre « assez partagé » est de 100 MT Li (c’est un ordre d’idée).

    Les deux figures suivantes montrent que les ressources de lithium sont concentrées d’abord en Amérique du Sud avec plus de 53 % des ressources mondiales.

    Suivent la Chine, avec 30 Mt Li, les États-Unis avec 19 MT Li. L’Australie n’est pas en reste avec 11 Mt Li de ressources. Le reste du monde se partage les 25 % restants.

    Mais les réserves présentent une distribution différente.

    L’Amérique du Sud possède plus de 59 % des réserves mondiales de lithium (60 Mt Li). La Chine suit toujours, mais les États-Unis et l’Australie sont loin derrière. La Bolivie ne figure pas dans ce classement, étant donné qu’aucune des ressources ne sont économiquement exploitables aux conditions techniques, économiques et politiques actuelles.

    Source – © 2019 Adapté de données Deutsche Bank

    Répartition géographique des ressources de lithium (total : 273 MT Li)

    Source – © 2019 Adapté de données Deutsche Bank

    Répartition géographique des réserves de lithium (total : 102 MT Li)

    Il y a une mainmise des pays du triangle du lithium (Argentine, Bolivie, Chili) sur les ressources, et donc sur le potentiel de développement de projets miniers visant son exploitation à long terme.

    De même, la Chine, qui détient des réserves significatives ainsi qu’un tissu industriel développé de la transformation du lithium en produit fini, participe de la concentration de l’exploitation du lithium.

    Or, le contrôle de la production de lithium et de sa transformation pourrait entraîner une forte dépendance de l’Europe (comme pour le pétrole et le gaz) et représenter un risque pour les pays dépourvus d’une telle chaine d’approvisionnement et de ressources suffisantes en lithium.

    Les batteries actuelles nécessitent environ 10 kg de lithium par voiture électrique ayant une batterie de 50 kWh de capacité de stockage, soit environ 50 kg de carbonate de lithium.

    Un parc mondial d’un milliard de voitures électriques en service nécessitera 10 milliards de kg, soit 10 millions de tonnes, soit 10 % des réserves mondiales actuelles.

    Le lithium dans les pegmatites et les granites

    La deuxième catégorie de gisement de lithium est constituée principalement de certaines pegmatites et plus rarement de certains granites riches en lithium.

    Les projets les plus récents ont été développés dans les salars d’Amérique du Sud pour des raisons économiques. Cette situation est susceptible de changer dans les années à venir, étant donné l’importance grandissante de l’hydroxyde de lithium face au carbonate de lithium dans la fabrication de batteries.

    Or, l’hydroxyde de lithium est moins coûteux à produire à partir de « lithium roche ». Et ce dernier est bien réparti sur tous les continents, ce qui est rare dans l’industrie minière, alors que le carbonate de lithium est plus facilement obtenu à partir des saumures d’Amérique du Sud.

    Conséquences géopolitiques et économiques directes : le basculement de l’utilisation des carbonates vers l’utilisation de l’hydroxyde entraînera un rééquilibrage des sources de production engageant une  bataille industrielle entre l’Amérique du Sud, l’Australie, la Chine et l’Europe.

    Plusieurs gisements sont signalés en France, notamment dans les pegmatites des Monts d’Ambazac et dans le granite d’Échassières.

    En Europe (hors France)

    Les niveaux de réserves et de ressources en Europe sont loin d’être significatifs sur le plan mondial.

    Cependant, le développement de projets miniers de production de lithium sur le sol européen participerait à la localisation de la partie amont de la chaine de transformation de la matière première en produit fini proche des centres de consommation. Consciente des enjeux de dépendance économique liés au développement de la mobilité électrique, l’Europe tente aujourd’hui de développer une filière industrielle intégrée de la batterie.

    Deux gisements ont attiré l’attention en Europe (hors France) ces dernières années :

    1. Le gisement de Jadar, en Serbie (projet de la multinationale minière Rio Tinto).
    2. Au Portugal, la société portugaise Lusorecursos espère aussi pouvoir développer une mine de lithium.

    Le lithium en France

    Il existe en France des gisements de lithium . Les réserves sont faibles pour le moment, mais les ressources potentielles importantes.

    Des filons de pegmatites existent dans l’ouest du Massif Central, ainsi que des granites en Bretagne et dans le Massif Central, des sources minérales (Massif Central, Vosges occidentales) et des eaux de forages géothermiques (Massif Central, Bassin Parisien, Alsace).

    Les pegmatites lithinifères du Limousin (Chédeville) associées aux leucogranites de la région d’Ambazac (en Haute Vienne) et un granite de la Creuse (Montebras) ont fourni du lithium depuis la fin du XIX e siècle.

    Au début du XX e siècle, Montebras était même l’une des principales sources de lithium du monde.

    Actuellement, le groupe Imerys exploite (pour l’industrie des céramiques) le granite de Montebras. Le granite d’Échassières fournit maintenant du lithium comme sous-produit de l’exploitation du kaolin. Ces produits lithinifères sont destinés à la verrerie. Les ressources importantes seraient de 24 000 tonnes de lithium.

    Le granite de Beauvoir contient 0,35 % de lithium. Cette mine devrait permettre de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an et d’équiper 700 000 voitures électriques par an, selon Imerys.

    Mais au fur et à mesure que le temps avance et que les réserves de lithium sont exploitées, les paramètres économiques évoluent et de nouveaux gisements peuvent être découverts.

    Le ratio réserves/production n’est donc pas significatif car les réserves peuvent augmenter avec le temps…

    L’exemple du gaz et du pétrole est frappant : l’industrie pétrolière déclare des réserves qui augmentent parfois plus rapidement que la production. Ainsi, le ratio réserves/production annuelle est d’environ 50 ans (figure ci-dessous).

    Certes, l’Agence Internationale de l’Énergie déclare que le pic pétrolier pourrait arriver en 2025 et que le monde devrait s’y préparer. Mais pour le lithium, de nouveaux gisements se cachent peut-être sous nos pieds !

    Source – © 2018 D’après BP Statistical Review

    Ratio [Réserves / Production] pour le pétrole, au niveau mondial sur la période 1980-2017

    Impuretés – Le cas du magnésium

    Le magnésium est souvent présent aux côtés du lithium dans les saumures.

    Or, il est l’une des impuretés les plus difficiles et les plus coûteuses à séparer du lithium lors du processus de raffinage. Si sa présence est trop élevée dans les saumures, les exploitants anticipent des difficultés de traitement et abandonnent le projet.

    En Bolivie, les saumures sont beaucoup plus riches en magnésium qu’en Argentine ou au Chili. C’est l’une des raisons pour lesquelles les projets boliviens n’ont pas suscité le même engouement que leurs congénères chiliens ou argentins.

    Le lithium et la fusion nucléaire

    Produire de l’énergie par des réactions de fusion nucléaire contrôlée est le but du prototype expérimental ITER. La réaction nucléaire dans le cœur du soleil fusionne quatre noyaux d’hydrogène (4 protons) pour former un noyau d’hélium. La seule réaction actuellement envisageable sur Terre est la fusion deutérium (un proton collé à un neutron) + tritium (un proton collé à deux neutrons) qui forme aussi un noyau d’hélium.

    Or, si le deutérium s’extrait de la nature (33 g/m 3 d’eau de mer), ce n’est pas le cas du tritium très disséminé : il faut le fabriquer.

    Or, l’une des principales voix de synthèse du tritium utilise du lithium.

    Ainsi, il faudrait 300 kg de Lithium par an (qui correspondent à 30 batteries de véhicules électriques) pour produire les 150 kg de tritium nécessaires au fonctionnement annuel d’un réacteur à fusion de 1000 mégawatts. Ce ne sont pas les (éventuelles) centrales à fusion qui épuiseront les réserves de lithium…

    Étrange lithium qui n’a pas fini de faire parler de lui : après avoir servi au stockage de l’énergie, le lithium servira indirectement, peut-être un jour lointain , à sa production.

    À défaut d’être un nouvel Eldorado, il pourrait bien devenir un nouvel élément naturel stratégique pour l’économie et l’industrie engagées dans la transition énergétique « post hydrocarbure ».