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      Retraites : la vraie réforme, c’est la capitalisation pour tous

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    La réforme présentée aux Français vise à « sauver » le système de retraite par répartition en rétablissant l’équilibre financier à l’horizon 2030.

    Les chiffres de l’INSEE sont implacables … Le véritable problème de notre système de retraites n’est pas pour 2030 mais pour 2040. C’est à partir de 2040 que la population active française commencera à décroître régulièrement jusqu’à la fin du siècle… Maintenir le niveau actuel des pensions sera t’il possible à l’avenir dans ces conditions ?

    La retraite par répartition est conçue pour une population active en augmentation ou stable

    Quand la population active diminuera franchement, maintenir le niveau des pensions deviendra impossible sans une adaptation profonde de notre système car si les marges de manoeuvre pour une réforme paramétrique existent actuellement, elles ne seront en aucun cas suffisantes après 2040. Nos taux de cotisations pour la retraite sont déjà parmi les plus élevés d’Europe avec 28 % de prélèvements sur le salaire brut ; ils ne pourront pas être augmentés au-delà… Reste le paramètre de l’âge de départ , mais le modifier substantiellement a un effet dévastateur sur la cohésion sociale et la paix civile.

    Adapter notre système de retraite, ce n’est pas faire une réforme paramétrique dont tout le monde sait qu’elle ne suffira pas. C’est changer de logiciel !

    Changer de logiciel, c’est instaurer une petite dose de capitalisation pour tous comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens.

    La capitalisation existe déjà en France depuis de nombreuses années. Les pharmaciens , les fonctionnaires et les employés de la banque de France se sont déjà dotés de leurs propres fonds de pensions.

    L’exemple de la caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens est particulièrement inspirant car le nombre de pharmaciens en activité à commencé à décroître à partir des années 2000. Avec 0,9 actif pour un pharmacien retraité, l’équilibre financier de la caisse de retraites des pharmaciens n’aurait pas pu être assuré sans les rendements de la capitalisation. Leur pilier de capitalisation leur a permis d’ économiser un milliard d’euros de cotisations sur les 4,7 milliards distribués au cours des 30 dernières années. Il leur a permis de maintenir le niveau des pensions tout en leur offrant une grande souplesse d’ajustement de l’âge de départ à la retraite.

    Actuellement, le Français retraité moyen gagne légèrement plus que ce que gagne le salarié moyen. Sans l’apport des rendements d’un pilier de capitalisation pour compenser la démographie négative des actifs, une baisse drastique du niveau de vie des retraités est probable après 2040.

    Les représentants politiques et syndicaux présentent souvent la capitalisation comme une menace qui ferait peser un risque sur l’avenir des retraites. Ce discours est paradoxal car refuser la capitalisation, c’est assumer une baisse certaine du futur niveau des pensions de peur de prendre un risque mesuré sur les marchés financiers pour une partie des sommes collectées. C’est finalement préférer la certitude d’une perte à la possibilité d’un gain !

    Au cours du siècle passé, les rendements des marchés financiers ont été de 6,7 % en termes réels (après inflation). Un pilier de capitalisation permet à chacun de profiter de ces rendements en limitant les risques car les fonds sont répartis sur de nombreux actifs diversifiés et sont gérés par des professionnels. L’effet collatéral bénéfique à l’économie nationale de la mise en place de la capitalisation réside dans le fait que ces fonds sont investis dans l’économie réelle et permettent de financer le développement de nos entreprises et donc de créer des emplois.

    Le système actuel repose sur un malentendu largement répandu dans l’imaginaire collectif

    La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux. Avec un taux de prélèvement sur le salaire brut de 28 % pour les cotisations retraites, la plupart des Français n’ont évidemment pas les revenus nécessaires pour épargner en prévision de leur retraite car les ressources qui auraient permis cette épargne sont utilisées pour financer la retraite des autres. Seuls les hauts revenus ont les moyens de constituer une épargne en actions afin de profiter des dividendes boursiers. C’est une véritable inégalité.

    En introduisant un pilier de capitalisation correspondant à un tiers des cotisations retraites, ce qui permet de profiter des rendements de la capitalisation sans prendre de risques excessifs, une partie des cotisations retraites d’un salarié ira sur son compte personnel de capitalisation, ce qui lui permettra de toucher des dividendes. La généralisation de la capitalisation permet une véritable redistribution sociale d’un avantage qui est aujourd’hui réservé aux hauts revenus.

    Il est assez incompréhensible qu’une partie de notre personnel politique fustige les superprofits des actionnaires arguant qu’il s’agit là d’une injustice vis-à-vis des travailleurs modestes tout en refusant absolument la capitalisation pour tous, qui permettrait justement à chacun de profiter de ces dividendes. La cohérence voudrait qu’ils imitent les prises de positions de Jean Jaurès, dont ils revendiquent généralement l’héritage. En 1909, en première page de L’Humanité , Jean Jaurès prenait position pour la retraite par capitalisation afin que les ouvriers puissent bénéficier des avantages des rendement financiers procurés par les actions.

    La décrue du nombre de pharmaciens en activité par rapport aux retraités à partir des années 2000 préfigure ce qui arrivera au niveau du pays tout entier à partir de 2040. En mettant en place tout de suite un pilier de capitalisation pour tous les Français, il sera possible de maintenir le niveau actuel des pensions.

    Cela demande de l’audace et le courage de faire une véritable réforme au lieu de se contenter d’ajustements paramétriques.

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      L’avenir des retraites : déclin de la répartition ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 February, 2023 - 04:15 · 4 minutes

    Où nous conduit l’obstruction systématique à toute réforme du système français de retraites ? Faudra-t-il remettre l’ouvrage sur le métier tous les cinq ans avec à nouveau grèves et manifestations ? Et pendant combien de temps ?

    La réponse à ces questions relève de spéculations sur l’avenir mais la démagogie actuelle des partis politiques et l’histoire récente, avec ses multiples réformes, permettent de penser que le système quasi-généralisé par répartition n’est pas viable à long terme.

    Les retraites par répartition, un régime très politique

    L’opposition entre répartition et capitalisation est principalement juridique et politique. Économiquement, c’est toujours l’activité qui finance l’inactivité, bien évidemment. Dans la répartition, les droits des inactifs résultent d’une obligation de cotisation des actifs afin de distribuer des retraites. Dans la capitalisation, les droits des inactifs résultent de l’accumulation préalable d’un capital pendant la période d’activité et de la distribution des revenus de ce capital. C’est le droit de propriété sur un capital qui fonde le système.

    Il est clair que la répartition accroît la puissance du pouvoir politique puisqu’elle résulte d’obligations de cotiser et de règles de répartition pouvant être à tout moment remises en cause par le pouvoir. Les montants en jeu (330 milliards d’euros) stimulent les appétits politiciens tant en ce qui concerne les recettes (cotisations et emprunts) que les dépenses (retraites versées). De faibles variations en pourcentage représentent des montants très importants (0,5 % du total = 1,6 milliards d’euros) et donc des enjeux électoraux scrutés à la loupe par ceux qui prétendent nous représenter.

    Au contraire, la capitalisation est beaucoup moins sensible politiquement. Elle résulte de choix individuels ou de parcours professionnels lorsqu’elle est associée à une entreprise. Les débats sur les avantages accordés à telle ou telle catégorie ne sont pas exclus (par exemple des avantages fiscaux pour les versements) mais ils ne sont pas consubstantiels au système.

    Controverses techniques et blocage politicien

    Le système par points proposé en 2019 était certainement l’un des meilleurs dans le domaine de la répartition. Il éliminait les traitements différenciés selon les secteurs et permettait une adaptation souple à l’évolution économique par la fixation de la valeur du point. Juste et efficace. Son abandon signe probablement le recul sur le long terme en France du système généralisé par répartition.

    La politisation outrancière de la micro-réforme de 2023 par une classe politique et syndicale qui a visiblement perdu la raison, met en évidence la fragilité du principe de répartition. La gauche n’a pas perçu l’aspect dernière chance de ce projet et se complaît dans des controverses pseudo-techniques sur le sujet (carrières longues, pénibilité, situation des femmes, etc.). Son objectif est politique : affaiblir le pouvoir. Le prétexte est toujours le même : la justice sociale

    Quant aux sondages indiquant que 70 % des Français sont opposés à la réforme, ils sont certainement sérieux techniquement mais ne nous apprennent rien. Demandez à un quidam peu informé (l’écrasante majorité) s’il consentirait à travailler deux années supplémentaires sans supplément de retraite. Évidemment, il vous répondra négativement.

    La médiocrité de notre classe politique, qui ne cesse de s’accentuer, condamne donc le principe même de la répartition généralisée. Il est toujours possible de gloser à l’infini sur la justice ou l’injustice de telle mesure. Les politiciens adorent développer ces platitudes. Mais ils ne semblent pas se rendre compte qu’ils suggèrent ainsi maladroitement que c’est le régime par répartition lui-même qui est ingérable. L’accentuation politique des clivages et le refus de tout compromis conduisent à sa marginalisation à terme.

    Redistribution, convoitise haineuse et infantilisme

    Le blocage de toute réforme du système par répartition en France provient en définitive de l’instrumentalisation de la convoitise par une classe politique dévoyée. Il est possible de prendre beaucoup à certains pour donner plus à d’autres. Voilà le message subliminal des politiciens et des syndicalistes. En semant la confusion dans les esprits et dans les rues, en utilisant systématiquement la convoitise haineuse pour activer les mécontentements, les politiciens condamnent à terme le principe même qu’ils prétendent défendre.

    La retraite généralisée par répartition suppose des règles assez simples, consensuelles et compréhensibles par tous. En se crispant de façon infantile sur des problématiques accessoires au lieu de prendre de la hauteur comme leurs fonctions dirigeantes le leur imposent, nos petits politiciens vont droit dans le mur. Le conseil le plus précieux à donner à la jeunesse d’aujourd’hui est simple : ne comptez pas sur l’État pour vos vieux jours. Agissez par vous-mêmes.

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      Retraites par répartition, une taxe « implicite » de 50 à 70 %

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 03:30 · 3 minutes

    Par Nicolas Marques .
    Un article de l’Institut économique Molinari

    Comment se comparent les rendements de la répartition et de la capitalisation ?

    Pour répondre à cette question, le concept de taxation « pure » ou « implicite » est utile. Il repose sur une comparaison entre le rendement de la répartition et celui de la capitalisation .

    À prestation égale, la capitalisation permet au futur retraité de cotiser moins qu’en répartition pure puisque les versements produiront des intérêts permettant de bonifier les retraites.

    Le différentiel entre les cotisations obligatoires en répartition et celles, moindres, qui auraient été nécessaires pour constituer une retraite identique en capitalisation constitue une « taxe pure » parfois qualifiée d’« implicite ».

    La taxe implicite des retraites par répartition

    Dans un article de 1997, Olivier Davanne et Thierry Pujol ont établi trois scénarios 1 . Dans le bas de la fourchette proposée, le « rendement implicite » de la répartition serait de 2 % et le rendement du capital de 4 %. Cela conduit les auteurs à considérer dans ce cas la moitié des cotisations versées en répartition comme une taxe « pure » ou « implicite ».

    Un individu capitalisant à 4 % pourrait se constituer une retraite du même montant avec des versements quasiment deux fois moindres. Dans le haut de la fourchette, avec un différentiel de rendement du capital de 4 points entre la répartition (2 %) et la capitalisation (6 %), la taxation pure suscitée par la répartition serait de l’ordre des 70 %.

    Retraites par répartition

    Dans une note de janvier 2020 intitulée « Quelle serait la situation des retraités s’ils avaient eu des fonds de pension depuis le début des années 1980 ? », l’équipe de recherche économique de Natixis a cherché à comparer les rendements de la capitalisation et de la répartition depuis 1982.

    Ses auteurs ont estimé le rendement moyen de la répartition à partir du taux de croissance moyen du PIB en volume sur la période (1,8 % par an). Ils l’ont comparé avec le rendement d’une capitalisation investie à parts égales entre actions (CAC40, dividendes réinvestis) et obligations.

    Retraites par répartition

    Les calculs de Natixis montrent qu’un euro de cotisation retraite investi en 1982 fournit en 2019 une richesse de retraite de 1,9 euro en répartition ou 21,9 euros en capitalisation, avec un fonds de pension investi à 50 % en actions et 50 % en obligations. Cela représente un différentiel de 1 à 11 en faveur de la capitalisation.

    L’importance de la capitalisation

    Cet écart ne permet pas d’en déduire qu’il eut été 11 fois plus intéressant de capitaliser.

    En effet, cet ordre de grandeur est représentatif d’un versement ponctuel, en début de carrière. Mais en pratique, la retraite se prépare au fil de l’eau, durant toute une carrière. Aussi, nous avons réitéré le calcul de Natixis dans le cadre de versements réguliers entre 1982 et 2019.

    Cela donne un différentiel de 1 à 5 ou 1 à 4 en faveur de la capitalisation, selon l’hypothèse de croissance des salaires utilisée pour réévaluer les versements annuels. Dans le milieu de fourchette, représentatif du salarié moyen 2 , la cotisation en capitalisation aurait été 4,6 fois plus efficace qu’une cotisation identique en répartition si l’on retient les taux de rendements employés par Natixis.

    Retraites par répartition

    Ce passage est extrait de l’étude « Pour une réforme des retraites qui réponde aux enjeux français : Compétitivité, emploi, innovation avec la capitalisation pour tous » (88 pages), réalisée par CroissancePlus et l’Institut économique Molinari, disponible ici ( lien ).

    Sur le web

    Un article publié initialement le 18 octobre 2021.

    1. Davanne, O. et Pujol, T. (1997). « Analyse économique de la retraite par répartition », Revue française d’économie , volume XII hiver, pages 40-41.
    2. Quelle que soit son année de naissance ou sa cohorte d’appartenance, de la plus jeune à la plus ancienne, un salarié peut en moyenne espérer multiplier son salaire par 1,7 au cours de sa vie professionnelle, ce qui équivaut à un taux de croissance moyen du salaire de 1,27 % par an sur 42 ans. France Stratégie (2018), Les salaires augmentent-ils vraiment avec l’âge ? Note d’analyse, novembre 2018, pages 4 consultable avec ce lien
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      La fable du roi et des retraites

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 03:30 · 5 minutes

    Plutôt qu’un texte technique de plus, voici une petite fable. Car socialement et financièrement, tout a été dit, notamment sur le ratio cotisants-retraités, ce qui est un grand progrès par rapport aux considérations idéologiques qui subsistent encore. L’iFRAP a réalisé d’excellentes études. Mais le fond du problème n’est pas l’argent. Lisez !

    Il était une fois une petite île, où vivaient cent adultes qui mettaient facilement de l’argent de côté car ils n’avaient pas d’enfants. Quand leurs vieux jours arrivèrent, leur compte en banque était bien gras, mais il n’y avait plus rien au marché car plus personne ne labourait les champs. Ils moururent tous de faim sur leur tas d’écus.

    Mais, me direz-vous, chez nous, c’est différent : les gens ont des enfants !

    Dans l’île voisine vivaient aussi cent adultes dont 50 travaillaient. Leur roi leur conseilla d’avoir des enfants. Ces cent adultes, soit cinquante couples, firent donc un enfant. Quand la retraite vint, il y avait donc cent vieux, cinquante jeunes en âge de travailler et leurs enfants. Donc, mettons deux cents personnes à nourrir au lieu de cent pour le même nombre d’actifs. Famine, faute de gens dans les champs. Mais les fonctionnaires exigèrent de rester nombreux et de conserver leur part de nourriture. Et les vieux moururent de faim sur leurs tas d’écus.

    Dans l’île voisine, le roi conseilla d’avoir plusieurs enfants. La moitié en eut quatre, l’autre moitié aucun, préférant mener la belle vie et entasser les écus. À la retraite, il y eut donc cent vieux et cent jeunes. Il y avait assez de nourriture pour tout le monde, mais tout juste. Les vieux riches qui n’avaient pas eu d’enfants pensèrent bien manger. Mais les jeunes et leurs parents se servirent en premier et n’apportèrent que peu au marché. Les riches dépérirent sur leurs tas d’écus. Puis la médecine progressa et il y eut bientôt cent cinquante vieux. Ou plutôt il y en aurait eu cent cinquante si les plus fragiles n’étaient pas morts de faim.

    Mais, me direz-vous, chez nous, c’est différent, les systèmes de retraite nous donnent « des droits » !

    Sur une île voisine, on portait ses écus à une organisation qui vous donnait en échange un papier où étaient inscrits vos « droits ». Les écus allaient aux retraites des vieux de la génération précédente. Le jour de leur retraite, ceux qui avaient beaucoup de « droits », car ils avaient beaucoup cotisé n’ayant pas d’enfants, se présentèrent pour toucher leur grosse retraite. Mais les caisses étaient vides car leurs cotisations avaient été versées à la génération précédente ou à des entreprises qui n’avaient plus assez d’employés et de clients. Les vieux manifestèrent pour réclamer « leurs droits ». Pour respecter les engagements de l’État, le roi taxa donc les jeunes. Ce fut une révolte générale. Les vieux ne touchaient que la moitié du revenu des jeunes et les jeunes étaient furieux de se voir retirer cette moitié. Ils finirent par émigrer, laissant les vieux sans enfants mourir de faim avec leurs mirifiques contrats.

    Les vieux qui étaient encore valides travaillèrent. Dans l’île où il n’y avait pas d’enfants, cela ne fit que retarder l’échéance et ils moururent tous de faim. Dans les autres îles, on prit l’habitude de travailler après 60 ans, et avec ce renfort du troisième âge, les jeunes purent nourrir le quatrième âge.

    Dans une autre île, le roi envisagea d’attirer des jeunes. Mais nous avons vu que les îles voisines, de même race et de même religion, manquaient également d’enfants. Arriva alors un bateau de réfugiés à la peau sombre fuyant un mauvais gouvernement. « Voici des jeunes », dit le roi. « Quoi !? rétorquèrent les habitants. Ils n’ont pas nos habitudes ni notre religion. Et peut-être, quand nous serons âgés et faibles, nous jetteront-ils à la mer ! » ; « C’est bien possible, dit le roi, mais c’est cela ou travailler jusqu’à 80 ans car nos propres jeunes vont partir si tout doit reposer sur eux ! »
    Je passe sur les problèmes qui suivirent.

    Cette petite fable montre à quel point sont liées les retraites, la natalité et l’immigration. Le lien, c’est la production. Celle des biens et services à produire de manière suffisante pour tous. Et qui dit production dit travail. Et qui dit travail ne dit pas retraite.

    On meurt de faim même avec de l’argent si la production ne suit pas parce que trop d’actifs prennent leur retraite. Les économies, les retraites, les promesses des politiques, les pensions du gouvernement, les assurances privées ou publiques, les retraites versées par les organisations de gauche ou les fonds de pension de droite ne servent à rien, comme les tas d’écus de notre fable.

    Car il n’y aura rien à acheter. Il n’y aura pas de pain dans les boulangeries, pas d’infirmières pour vous soigner. Et ne me dites pas : « il faut prendre l’argent là où il est », en pensant aux multinationales ou aux riches héritiers. Même si vous leur arrachez leur argent par l’impôt ou par la force, il n’y aura toujours pas de pain à acheter. Ou assez d’infirmières pour vous soigner.

    Mais, allez-vous dire, moi Européen, j’ai sur mon compte les euros de ma retraite… Je vais acheter de la nourriture aux Chinois !

    La réponse est simple : pourquoi les Chinois voudraient-ils de vos euros ? Ils ne valent plus rien, puisqu’il n’y a rien à acheter en Europe… depuis qu’elle croule sous les retraités. Et d’ailleurs, les Chinois n’ont pas plus d’enfants que les Européens et mourront de faim avec eux.

    Quelques remarques :

    Ce texte est valable en capitalisation comme en répartition.

    En France, nous serions à l’abri grâce à nos deux enfants par femme. D’abord, ce n’est vrai que depuis l’an 2000, donc ce sont pour l’instant des bouches à nourrir. Il faudrait aussi que nos jeunes n’émigrent pas et que ceux qui restent, « de souche » ou pas, soit bien formés.

    L’Allemagne a peu d’enfants mais attire les jeunes Européens (Italiens, Espagnols, etc.), la catastrophe y sera donc peut-être moins forte que prévu. Par contre, elle sera pire dans les pays ainsi déshabillés.

    Belles discussions en perspective sur « la solidarité européenne »…

    Article publié dans Le Cercle Les Échos, le 21 août 2013

    Sur le web

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      Les retraites : une vieille usine à gaz

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 February, 2023 - 04:00 · 3 minutes

    La retraite, voilà un mot qui inonde nos médias en ce moment…

    Cette unanimité journalistique et servile à ce concept étrange me laisse totalement pantois. J’imagine la tête de nos grands-parents écoutant les baveux de service radotant les mêmes mots, les mêmes idées, les mêmes solutions… Pas un pour monter sur un tabouret, regarder les choses de plus haut et imaginer différemment. Nous voici revenus au plus beau temps des Soviets…

    Les meilleurs dans la nullité et la stupiditocratie restent les syndicats, toujours en retard d’une guerre et éternellement en panne de calculette. Ils veulent tous partir ne rien foutre le plus tôt possible. Et quand on leur demande naïvement sur les plateaux qui va payer les pensions de ces millions de retraités en puissance, une seule réponse, la même depuis toujours : « Il n’y a qu’à prendre l’argent là où il est », sous-entendant les milliards qui dorment dans les coffres des multinationales, les comptes secrets des riches et les caisses des patrons.

    Avant toute chose rétablissons de suite la vérité historique : le système de retraite par répartition n’a pas été créé par le Conseil National de la Résistance en 1945 mais par le maréchal Pétain, ce grand démocrate, en 1941. Et pour amorcer ce système, on a spolié à l’époque les économies faites par les Français sur des comptes d’épargne depuis 1918. Ce qui a permis de payer la « retraite des vieux » immédiatement à tous ceux qui n’avaient jamais cotisé à rien… Pour ceux qui ne croient pas cette information, un petit coup de Google rafraîchira les mémoires.

    Toutefois, supposons que ce système soit une pure merveille de justice sociale et entrons dans le jeu.

    À la sortie de la guerre, en 1945, il existait 10 travailleurs pour un retraité. Il suffisait donc de prélever 10 % sur le revenu de 10 salariés pour assurer la pension d’un retraité et garder ainsi l’équilibre du système.

    Oui mais voilà… pour que ce système perdure trois conditions devaient être impérativement respectées sur le long terme :

    1 – Que les retraités continuent à mourir au même âge. Hélas pour le beau calcul, la médecine a fait de rapides progrès et ces damnés retraités se sont mis à décéder de plus en plus tard, coûtant de plus en plus cher au système.

    2 – Que les Françaises continuent à faire beaucoup d’enfants qui financeraient ainsi plus tard les pensions de leurs ainés. Plouf, on invente la pilule et le taux de fertilité descend au minimum syndical…

    3 – Que de plus en plus d’entreprises de plus en plus performantes embauchent de plus en plus de salariés payant de plus en plus de cotisations qui alimenteraient ainsi la caisse et les pensions. Loupé, voilà 50 ans que tous les gouvernements, de gauche comme de droite, passent leur temps à pourrir la vie des entrepreneurs et des entreprises. Alors celles-ci disparaissent, se délocalisent, les entrepreneurs baissent les bras, abandonnent et la France s’enfonce dans tous les classements internationaux…

    Résultat implacable de cette mathématique : nous sommes presque arrivés à un travailleur actif et demi pour un retraité. Dit autrement, il faudrait soustraire à un Français actif le tiers du revenu de son travail en fin de mois pour le donner à son voisin retraité en début de mois suivant.

    Qui va accepter qu’on lui vole le tiers de son revenu ? Si vous répondez Oui, alors tout va bien et nous allons vers un avenir radieux sous le drapeau rouge. Si vous répondez Non alors il n’y aura pas d’autre solution que de pulvériser ce système.

    Le système de retraite par répartition n’est pas un progrès social, c’est un système mafieux basé sur la légende que le monde ne changera jamais et que nos petits-enfants gagneront plein de sous pour nous les donner ensuite. Comme l’avaient annoncé des économistes et hommes politiques dès les années 1930, lorsque l’idée a germé, ce système dévalorise toute notion d’épargne et engendre une déplorable course à qui profitera le plus du gâteau.

    J’affirme que le système de retraite par répartition est totalement niaiseux et stupide, j’affirme que c’est la plus belle escroquerie jamais organisée par une génération pour piller la suivante.

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      Retraites : Français, sortez du cadre !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 20 January, 2023 - 04:15 · 6 minutes

    Dévoilée le 10 janvier dernier à Matignon et présentée en Conseil des ministres le 23 janvier, la nouvelle mouture de la réforme tant attendue de l’ère Macron est le fruit de plusieurs semaines de concertations avec les partenaires sociaux et vise notamment à un recul progressif de l’âge de départ à la retraite à 64 ans à l’horizon 2030 ainsi que la fin des régimes spéciaux visant uniquement les futures embauches.

    Entre misérabilisme sous couvert de justice sociale et impératif d’équilibre financier, aucun camp ne semble vouloir sortir du carcan d’un système de retraite antédiluvien.

    Pourtant, le passage à un système par capitalisation, totalement absent du débat sur les retraites, serait bien plus adapté à la France d’aujourd’hui.

    Le rapport du COR

    Créé en 2000, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) est chargé de mener une prospective de l’évolution du système de retraites.

    En septembre dernier, il publiait son neuvième rapport envisageant différentes trajectoires démographiques, économiques et sociales. Il notait l’absence de déséquilibre, mais une baisse du niveau de vie des retraités français, actuellement deuxièmes d’Europe en termes de niveau de vie derrière le Luxembourg, avec un taux de retraités sous de seuil de pauvreté de 10 % contre 15,6 pour l’ensemble de l’Union européenne.

    Le COR note également une augmentation de la dépendance démographique du système français, c’est-à-dire du ratio entre actifs et retraités. Si aujourd’hui, la pension d’un retraité est financée par 1,7 actif, ce ratio devrait tomber à 1,3 en 2070. En conséquence, plus le temps passe et plus la pression sur les actifs augmente.

    Une situation bien connue qui innerve l’histoire de notre système de retraite.

    La faille mitterrandienne

    Né en 1945, le système de retraite tel que nous le connaissons aujourd’hui se base sur une assurance vieillesse obligatoire pour tout travailleur. Les retraités, dont les premiers n’ont par définition jamais cotisé, voient leurs pensions payées par les cotisations des actifs.

    Dès les années 1960, les différents gouvernements décident d’augmenter le montant des pensions tout en allongeant de concert la durée de cotisation.

    Il faudra attendre 1981 et l’ élection de François Mitterrand pour voir une baisse de l’âge de départ qui passe de 65 à 60 ans, alors même que l’espérance de vie a augmenté de 10 ans pour les hommes et de 18 ans pour les femmes entre 1946 et 1981. Cette réforme accroît la pression sur le système en augmentant ses coûts.

    À partir de 1993, les différents gouvernements tentent de rétablir un semblant d’équilibre comptable et de maintenir à flot un système qui prend l’eau à coups d’allongement des durées de cotisations, de fonds et de taxes diverses.

    Une capitalisation déjà présente

    Pourtant, la possibilité d’un système de retraite par capitalisation n’a pas toujours été vue avec dédain dans notre débat public.

    En 1910, les premières retraites ouvrières et paysannes sont basées sur la capitalisation mais la guerre, la dépréciation monétaire et l’inflation auront raison du système,

    Si un compromis est trouvé en 1930, le régime de Vichy voit d’un mauvais œil la capitalisation, l’estimant trop perméable à l’inflation. La capitalisation suppose que l’État fasse une bonne gestion des deniers publics. Il n’est donc guère étonnant que le système de retraite par capitalisation soit si mal vu par des élus à la gestion fantaisiste de l’argent des autres.

    Depuis 1945, plusieurs mesures ont pourtant favorisé la capitalisation, qu’il s’agisse de la loi Madelin de 1994 pour les travailleurs non-salariés, de la loi Thomas votée durant le gouvernement Juppé et créant des fonds de pension, mais qui ne sera jamais adoptée du fait de la dissolution et de la majorité socialiste élue, ou encore la création de plans d’épargnes individuels ou collectifs sous le gouvernement Fillon.

    Depuis 1945, ce sont plus d’une dizaine de réformes qui ont égayé l’histoire du système français de retraites par répartition, soit une réforme tous les 7 à 8 ans. Une preuve supplémentaire de son inadaptation à l’évolution de la société française.

    Une aversion bien française

    Si le système de retraite par répartition est reconnu pour l’immédiateté de son financement et sa solidarité, il constitue ni plus ni moins qu’ une spoliation institutionnalisée des actifs par un système obligatoire, proche de la pyramide de Ponzi et habillé des oripeaux d’un système assurantiel alors qu’il est, comme le système d’assurance chômage, loin d’en avoir les mécanismes malgré des rapprochements dans les années 1960.

    Mais le défaut principal de la répartition est son inadaptation aux sociétés vieillissantes comme les nôtres.

    Il est pourtant aisé de comprendre l’intérêt de la classe politique pour ce système, plébiscité par deux Français sur trois .

    Or, si la capitalisation est sujette aux risques, elle permet une protection individuelle comme collective donc à risque tempéré. Elle est plus adaptée à l’évolution démographique actuelle et assure de meilleures pensions.

    La retraite par capitalisation est comme une piscine d’eau froide : nous avons déjà un pied dedans. Il ne nous reste plus qu’à sauter. Un grand plongeon fait par plusieurs pays. C’est le cas notamment du Chili et du Canada.

    L’exemple américain

    Né en 1920, le système de retraite par répartition chilien a montré ses faiblesses durant les années 1970 avec son taux de cotisation confiscatoire de 50 % du salaire net entraînant de nombreuses fraudes imposant à l’État de pallier en le subventionnant massivement. La pression sur les actifs était donc énorme.

    Après plusieurs réformes visant à corriger les déficits, un système par capitalisation est instauré à la fin de l’ère Pinochet, avec liberté d’affiliation. Le nouveau système est alors plébiscité. Il faut dire que le taux de cotisations est divisé par quatre par rapport au système précédent et surtout que les pensions correspondent enfin aux cotisations payées, ce qui n’était pas le cas du système précédent et a fortiori d’un système par répartition.

    Si le système a souffert d’une certaine bureaucratie avec des frais de gestion élevés, mais divisés par 9 en 10 ans, et le poids du système précédent sur les finances publiques du fait de l’absence de cotisants, il a su montrer sa capacité de résilience lors de la crise de 2008 et n’a pas été remis en cause depuis, malgré des manifestations en 2019 visant à dénoncer les pensions trop faibles dont les montants dépendent directement de l’effort de cotisations. Or, la plupart des Chiliens optaient pour le taux minimal. Cette contestation était donc le fruit de choix totalement individuels sans liens avec le système en place.

    L’autre exemple nous amène au nord du continent.

    En 1963, le Québec propose un fonds de pension à capitaux investis dans l’économie locale. Le Canada refuse dans un premier temps et décide finalement d’imiter la province francophone.

    Conclusion

    À chaque réforme paramétrique, le cœur du débat se place sur le terrain de la justice sociale.

    Or, on oublie que la première est de ne pas faire peser sur des actifs de moins en moins nombreux le poids de plus en plus lourd d’un système de plus en plus déficitaire.

    Plusieurs pays ont réussi leur transition vers la capitalisation complète. D’autres, plus nombreux, ont opté pour des systèmes mixtes comme le Danemark, loin d’être un enfer social. La clef est simplement de faire évoluer le curseur selon la situation et aujourd’hui, celle-ci exige de pousser celui de la capitalisation.

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      Retraites : cachez ce déficit que je ne saurais voir !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Il fallait s’y attendre : à gauche, tous les moyens sont bons pour surfer sur l’impopularité de la réforme des retraites . Syndicalistes, politiciens et influenceurs se bousculent dans les médias pour proposer des alternatives plus ou moins loufoques en réponse à une initiative gouvernementale pourtant assez cosmétique.

    Tous ont en commun de passer sous le tapis le problème de déficit abyssal qui est au cœur de la crise de notre régime par répartition et d’imaginer que le matraquage fiscal peut constituer une solution juste, durable et économiquement viable.

    Les retraites des fonctionnaires subventionnées

    Comme l’a souligné Nicolas Marques dans une étude publiée par l’Institut Molinari en septembre 2022, le déficit des retraites, c’est 1,5 % du PIB depuis 2002. Depuis 20 ans, le Conseil d’Orientation des retraites (COR) sous-estime dans ses calculs son poids en passant sous silence les subventions qui permettent d’équilibrer les retraites des fonctionnaires.

    Celles-ci s’élèveraient à 33 milliards par an.

    « De 2002 à 2020, les pensions versées par l’État et les administrations centrales à leurs anciens personnels ont augmenté de 142 % en euros courants, ce qui représente une progression trois fois plus rapide que les autres dépenses (+44 %). Le budget retraite de l’État est passé de 27 milliards d’euros courants en 2002 à 65 milliards d’euros en 2020 (hors collectivité locales et sécurité sociale) », note Nicolas Marques.

    L’État a été particulièrement imprévoyant et n’a pas anticipé l’effondrement démographique qui est le moteur de notre système de retraites par répartition.

    Parmi les solutions préconisées par la gauche, sans surprise, le marteau-pilon de la fiscalité doit s’abattre sur les milliardaires, les plus riches, les entreprises ou encore un secteur privé, qui une fois de plus doit être mis à contribution pour l’imprévoyance de l’État.

    Encore et toujours faire payer les riches

    On retiendra particulièrement les propositions démagos d’Oxfam France , dirigée par Cécile Duflot, l’experte en toutologie à la neutralité idéologique bien connue.

    Il suffirait de taxer les milliardaires -voire de les abolir- à hauteur de 2 % pour financer le déficit des retraites, « prétendument hors de contrôle ». Peu importe si l’étude confond flux (dividendes et rémunérations) et stocks (actions), mélange un peu tout pour dévier l’attention portée à un régime malade sur la haine des riches.

    La solution existe pourtant

    « On a tout essayé » se désolait François Mitterrand pour justifier son incapacité à endiguer le chômage de masse. C’est le même lamento qui s’élève parmi les commentateurs de la presse grand public qui oublient systématiquement les solutions qui s’écartent des dogmes conservateurs du socialisme et de la social-démocratie.

    Pourtant, dès 2019, Contrepoints en collaboration avec l’Institut Molinari proposait des solutions réalistes pour sortir de l’impasse, notamment l’introduction d’un volet capitalisation à notre système actuel.

    On pouvait lire dans ce rapport essentiel pour comprendre les enjeux actuels :

    « La complémentarité d’un niveau de répartition et d’un niveau de capitalisation s’impose dès lors au regard d’un principe bien connu des gérants d’actifs : la diversification. Le « tout répartition » conduit à une forte dépendance à une variable exogène : la croissance économique, et à son corollaire, la masse salariale. Le « tout capitalisation » expose à des fluctuations de la valeur des actifs, liées à la volatilité des marchés financiers. Le mix des deux permet d’actionner des leviers différents selon les phases de cycle, et assure une meilleure stabilité du système global, et sans doute également sa pérennité. »

    Une nouvelle étude publiée en janvier 2023 par l’Institut Sapiens rebondit sur les réflexions de l’Institut Molinari : introduire la capitalisation permettrait de compenser la baisse des pensions de manière indolore pour les contributeurs actuels :

    « La pension moyenne ainsi offerte en surplus à chaque retraité pourrait être de 1310 euros par an en 2042, soit l’équivalent d’un treizième mois par bénéficiaire (venant s’ajouter à la pension minimale prévue par le gouvernement) sans demander un effort supplémentaire aux entreprises, aux cotisants ou aux finances publiques. »

    La classe politique est-elle prête à changer le logiciel socialiste pour le logiciel libéral pour éviter la catastrophe de la non réforme des retraites ?

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      La retraite par répartition est un système de Ponzi, la preuve mathématique

      Acrithene · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 11 January, 2023 - 13:30 · 5 minutes

    Cet article propose une preuve mathématique que le système de retraite par répartition est une chaîne de Ponzi, c’est-à-dire qu’il relève du même procédé financier que l’arnaque de Bernard Madoff.

    Par Acrithène.

    À quelques occasions, je vous ai indiqué que la retraite par répartition était une chaîne de Ponzi et que ce fait relevait des mathématiques et donc dépassait toute analyse sur la conjoncture ou la démographie. C’est-à-dire qu’un mathématicien dans sa tour d’ivoire ne connaissant strictement rien au monde extérieur pouvait dès le début montrer que ce système était impossible et ce hors de toute considération concrète. Et d’ailleurs, les économistes le savaient.

    J’imagine que certains de mes lecteurs sont déjà sceptiques quant à l’usage des mathématiques en économie sans considérations pour le concret. Je leur répondrais que quelque chose qui respecte les mathématiques n’est pas nécessairement réel et donc ni digne d’intérêt. En revanche, quelque chose qui ne respecte pas les mathématiques ne peut tout simplement pas être réel.

    Valeur future et valeur présente

    Pour comprendre ma démonstration, il est nécessaire de comprendre ce qu’est une valeur future et réciproquement une valeur présente. La valeur dans une année d’un euro aujourd’hui correspond au nombre d’euros que vous obtiendriez en échangeant votre euro aujourd’hui. Concrètement, vous donneriez un euro aujourd’hui, et recevriez une certaine somme dans un an. La différence entre les deux est définie par le taux d’intérêt, i , sur la période.

    Ainsi :

    Cela signifie que si vous renoncez à consommer 1 euro tout de suite, vous libérez un pouvoir d’achat un peu plus grand que 1 euro dans un an.

    Et inversement

    Ce qui implique que si vous renoncez à dépenser 1 euro dans un an, cela vous permet de dépenser un peu moins de 1 euro en plus aujourd’hui.

    De même, si vous aviez échangé des euros actuels contre des euros dans t périodes, vous auriez dû composer les intérêts, pour réaliser le même type de raisonnement.

    Vous auriez :

    Par transfert de pouvoir d’achat du présent vers le futur :

    et, du futur vers le présent :

    Ainsi la valeur actuelle d’une dépense à une période t , est égale à :

    Ce qui signifie que si vous placez cette somme aujourd’hui sur un compte en banque, vous aurez à la période t exactement le montant nécessaire pour réaliser votre dépense D_t

    Ce raisonnement permet d’établir la « contrainte budgétaire intertemporelle » d’un agent économique.

    Cette contrainte traduit le fait qu’à une période t , vous n’êtes pas obligé d’équilibrer vos dépenses ( D_t ) et vos revenus ( R_t ), car vous pouvez par l’épargne déplacer vos revenus présents vers le futur (avec le gain d’un taux d’intérêt) ou déplacer des revenus futurs vers le présent par l’emprunt (avec la perte du taux d’intérêt).

    Vous respectez votre contrainte budgétaire intertemporelle si la valeur actuelle de vos dépenses présentes et futures est inférieure ou égale à la valeur actuelle de vos revenus présents et futurs. C’est la condition de votre solvabilité à long terme.

    La retraite par répartition

    La condition de solvabilité

    Dans les modèles macro-économiques, la contrainte budgétaire inter-temporelle a un nom croustillant. On l’appelle « no ponzi game condition ». Dans le cas de la retraite par répartition, cette condition s’écrit :

    C’est-à-dire que la valeur présente de l’ensemble des cotisations présentes et futures C_t couvre la valeur présente de l’ensemble des pensions présentes et futures P_t . Cela autorise le système à être parfois en déficit (et donc de perdre le paiement d’intérêts sur une dette) et parfois à constituer des réserves (et donc de dégager du rendement sur leur placement). Mais si cette condition n’est pas remplie, le système n’est pas financièrement stable, c’est alors un ponzi qui a besoin d’apports extérieurs pour survivre.

    Les financiers connaissent quant à eux ces sommes sous les termes « somme des flux actualisés » ou, en anglais, discounted cash flows .

    Preuve du Ponzi

    Démontrons désormais qu’il s’agit effectivement d’un Ponzi.

    Le système par répartition prétend donner un meilleur rendement que l’épargne (sans quoi il n’a aucun intérêt, vu qu’il suffirait d’épargner les cotisations). Si on note r le rendement de la répartition, et que nous rappelons que i est le taux d’intérêt sur l’épargne, on a donc :

    D’où :

    Ce qui signifie qu’il a été plus profitable à la période t-1 de placer ses cotisations dans le système par répartition que de les épargner. Par ailleurs, par définition du rendement r du système par répartition, on a :

    C’est-à-dire que la différence entre ce que touchent les retraités en pension en t et ce qu’ils avaient versé en cotisations en t-1 est expliqué par le rendement r du système. Si le système est favorable à chaque génération, on a donc

    Ce qui implique :

    Donc par sommation sur toutes les générations cotisantes, on obtient :
    En simplifiant la somme de gauche, on déduit :
    Et enfin, par changement de variable sur la somme de gauche, on a :
    Or on sait que les premiers pensionnés ont reçu une pension positive, c’est-à-dire :
    Donc on obtient une inégalité stricte en ajoutant P_0 à droite :
    En réintroduisant les premières pensions dans la somme, on obtient finalement :
    C’est-à-dire une relation qui ne respecte pas la no ponzi game condition . La valeur actuelle des recettes est inférieure à celle des dépenses.

    Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

    Qu’il est impossible que le système délivre un rendement strictement supérieur au taux d’intérêt pour chaque génération. Cela implique aussi, que si une génération a obtenu du système un rendement supérieur à celui de l’épargne, au moins une autre génération obtiendra un rendement inférieur à l’épargne.

    Vis-à-vis de l’épargne, il s’agit d’un jeu à somme nulle. Cela signifie que si une génération a bénéficié du système, une autre sera nécessairement perdante. Or, ceci est toujours le cas, car à l’initialisation d’un système par répartition, une génération reçoit la première des pensions, sans avoir versé de cotisations auparavant (vu que le système n’existait pas) : elle obtient donc un rendement infini.

    Article initialement publié le 21 décembre 2012 .

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      Le système de retraite par répartition est profondément injuste

      Pierre Allemand · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 27 November, 2022 - 03:30 · 8 minutes

    Évidemment, en France, ce titre risque d’être considéré comme une provocation. C’est un peu comme si on ouvrait un parapluie à l’intérieur d’un logement, ou si on proférait des injures à l’égard d’un défunt dans la chambre mortuaire.

    La répartition est injuste

    Aussi, dois-je m’efforcer de présenter immédiatement, non pas les excuses que certains lecteurs attendent peut-être, mais des arguments sur ce que j’avance.

    Les voici :

    Le système de retraite par répartition consiste à payer les retraites des pensionnés en prélevant les sommes versées sur les revenus des salariés actifs. Si la proportion des pensionnés devient plus importante que le nombre des actifs, ces derniers auront une charge de plus en plus grande à assumer, ou encore seront forcés de quitter de plus en plus tard la période travaillée.

    Cette situation est profondément injuste, car elle n’a pas été choisie ni par ceux qui payent, ni par ceux qui perçoivent.

    Il y aurait bien une solution à ce problème : diminuer le montant des pensions au prorata du rapport du nombre de retraités. Mais c’est une situation au moins aussi injuste que la précédente, car en plus d’être subie par ceux qui verraient leur pension diminuée, ces personnes n’ont même pas la possibilité de changer de situation comme lorsqu’elles étaient actives.

    Remarquons au passage que c’est la situation dans laquelle un certain nombre d’entre elles (les cadres) ont été placées par le président Macron puisque leur pension est diminuée d’année en année par le jeu de l’inflation…

    Dans un système que nous pourrions qualifier de naturel, la personne active met de côté de l’argent en prévision des temps où elle ne sera plus en mesure de travailler. C’est ce qu’on peut nommer le système « fourmi ».

    Dans le système par répartition , il n’y a pas à se préoccuper de l’avenir. On peut et on est d’ailleurs encouragé à avoir un comportement de « cigale ».

    Constatons que ce comportement a les faveurs de ceux qui se classent plutôt à gauche. Le comportement « fourmi » est lui, plutôt un comportement de droite.

    Pourquoi la capitalisation est la solution

    Le système par capitalisation est calqué sur le système naturel.

    Chaque salarié met chaque mois de côté une certaine somme qui est gérée par un organisme spécialisé intitulé fonds de pension. Cette somme est comptabilisée sous la forme de points.

    Au moment de sa retraite, le compte du salarié en contient un certain nombre déterminant le montant de sa retraite. Pour le salarié, l’intérêt de la gestion de ses économies par un fonds de pension est que sa retraite lui est versée jusqu’à sa mort, alors que s’il a mis cet argent de côté, il risque, s’il vit « trop » longtemps, de le voir disparaître avant lui…

    Techniquement, la capitalisation a un gros avantage sur la répartition : en effet, dans le système par répartition, les fonds sont au moins théoriquement reversés  immédiatement.

    Dans le système par capitalisation, au contraire, ces fonds, qui peuvent être considérables, sont placés et produisent des intérêts pendant toute la durée de travail du salarié, et lui sont reversés à partir du moment où il est à la retraite. Le montant de cette dernière est donc théoriquement plus élevé que dans le cas de la répartition puisque les intérêts s’y ajoutent, et que le temps d’immobilisation est en moyenne élevé.

    Tout cela, évidemment si les fonds ont été correctement gérés, ce qui est en général le cas dans les pays où le système est appliqué .

    Évidemment, il existe des exceptions, que les adversaires de la capitalisation montrent toujours du doigt…

    Une autre différence fondamentale entre les deux systèmes réside dans la période de démarrage.

    Pour schématiser, mettons-nous à la place des organisateurs, en face de deux populations : une population de salariés et une population de retraités.

    Le système de retraite par répartition peut être immédiatement mis en place, sans rien y ajouter. En effet, les cotisations prises sur le salaire des salariés sont disponibles et peuvent être immédiatement distribuées aux retraités sans qu’il en coûte rien.

    En revanche, avec le système par capitalisation, la population des retraités ne percevra théoriquement rien au démarrage. C’est seulement lorsque les seniors de la population active auront atteint l’âge de la retraite qu’ils commenceront à percevoir la faible retraite que leur permettra le petit nombre de points acquis pendant la courte période où ils auront cotisé.

    La répartition, choix de facilité

    La situation globale s’améliorera ensuite progressivement, mais il faudra que le dernier actif de la population initiale de salariés soit en âge de prendre sa retraite pour que le système atteigne son régime de croisière.

    Pour que le système soit acceptable par tous depuis le début, il faut donc que les organisateurs compensent le manque à gagner des premiers retraités.

    Ne cherchons pas une autre raison pour laquelle les premiers députés de la Quatrième République ont choisi la répartition : il n’y en a pas.

    Et c’est aussi pour  vendre ce système aux intéressés qu’il a été sanctifié au point que encore aujourd’hui le système par répartition est considéré comme sacré. Il est interdit d’y toucher, il fait partie des mythes constructeurs de notre République.

    Malgré ses difficultés de démarrage, remarquons que la capitalisation possède un énorme avantage : les sommes distribuées aux pensionnés sont toujours proportionnelles au nombre des intéressés (sous réserve, toujours, d’une bonne gestion) puisque c’est l’argent qu’ils ont placés eux-mêmes dans le système qui leur est reversé.

    Ce n’est pas le cas de la répartition qui est soumise aux aléas de la pyramide des âges .

    Pour résoudre ce problème de démarrage de la retraite par capitalisation, il faut emprunter au début de celle-ci les sommes nécessaires pour payer les retraités n’ayant pas cotisé, ce qui, bien entendu, obère les capacités d’emprunt des organisateurs ; soit en France, l’État.

    Revenons à nos députés du début de la Quatrième République. Ils avaient le choix entre :

    • la capitalisation, un système nécessitant un lourd emprunt à son démarrage, mais qui trouverait ensuite tout seul son équilibre pour l’éternité
    • la répartition, un système qui permettait de satisfaire d’un seul coup tout le monde et qui ne coûtait au moins théoriquement pas un centime, mais qui pouvait conduire, dans le futur, aux difficultés liées au mauvais rapport entre le nombre de cotisants et le nombre des retraités que nous connaissons aujourd’hui.

    Évidemment et comme toujours, ils ont choisi la facilité.

    Remarquons encore qu’en France, ceux qui rejettent actuellement le plus fermement le système de retraite par capitalisation sont précisément ceux qui en bénéficient . En effet, les retraites des anciens fonctionnaires sont payées par l’État au moyen d’emprunts.

    L’État éternelle cigale n’a en effet pas pu mettre ces sommes de côté. Il emprunte donc sur le marché financier, et ce faisant, il s’engouffre dans le système de la capitalisation.

    Mais il s’agit d’une capitalisation subie, l’État n’étant pas le préteur, mais l’emprunteur, avec tous les aléas générés par l’évolution des taux d’emprunt. Il y a quelques années, les fonctionnaires grecs retraités en ont fait l’expérience : leurs pensions ont été amputées de 30 ou 40 %.

    Ce système consistant à payer les pensions via des sommes empruntées revient à faire payer les retraites par les générations futures, puisqu’il faudra bien continuer à payer les intérêts et rembourser le principal.

    Éternellement d’ailleurs, puisqu’on ne voit absolument pas comment en sortir 1 .

    En résumé

    Dans le système de retraite « naturel » par capitalisation, les retraités reçoivent une
    retraite correspondant à l’argent qu’ils ont épargné. C’est un système terrible qu’il
    faut absolument pour la majorité des Français.

    Dans le système par répartition, les salariés reçoivent leur retraite payée par les
    cotisations des salariés actifs. En cas de déficit comme aujourd’hui, le complément est payé par les générations futures.

    C’est un système qu’il faut absolument conserver pour la majorité des Français, car il est fondé sur ce qu’on nomme la solidarité, sachant que la partie « solidaire » n’a pas donné son accord puisqu’elle n’existe pas encore, ce qui est bien pratique…

    Un article publié initialement le 15 juillet 2020.

    1. Monsieur Mélenchon, lui, a trouvé un moyen de s’en sortir : il consiste tout simplement à considérer que ces emprunts ne sont que des écritures et qu’il suffit donc de ne pas les rembourser. Il néglige les conséquences concernant les futures capacités d’emprunt de l’État qui se hasarde à faire défaut.