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      Les pays n’ont pas prospéré grâce aux impôts élevés sur les riches

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 04:10 · 5 minutes

    Les partisans de l’augmentation des impôts font valoir que le taux d’imposition maximal aux États-Unis et dans d’autres pays était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui (en 1961 aux États-Unis il était de 91 % !) et que l’économie s’en portait pourtant bien.

    Quelle est la part de vérité dans cet argument ?

    Les politiciens de gauche qui réclament des impôts plus élevés pour les riches font valoir que dans le passé, les États-Unis et d’autres pays ont prospéré lorsque les taux d’imposition étaient très élevés, ce qui prouve que les impôts élevés ne nuisent pas à l’économie. Et c’est vrai : dans les années 1950 et au début des années 1960, le taux maximal de l’impôt fédéral sur le revenu des personnes physiques aux États-Unis atteignait le chiffre effroyable de 91 %, avant d’être ramené à 70 %. Sous Ronald Reagan, il a ensuite été successivement réduit à 28 % en 1988 (avant d’être relevé à plusieurs reprises, puis à nouveau abaissé sous Trump).

    Cependant, comme le montrent Phil Gramm, Robert Ekelund et John Early dans leur livre The Myth of American Inequality :

    « L’impôt sur le revenu le plus élevé en 1962 était de 91 %. Après déductions et crédits, seuls 447 déclarants sur 71 millions payaient des impôts au taux le plus élevé. Le 1 % de personnes gagnant le plus d’argent payaient en moyenne 16,1 % de leurs revenus en impôts fédéraux et en charges sociales, tandis que les 10 % les plus riches payaient 14,4 % et les 50 % les plus pauvres 7 %. »

    Même lorsque le taux d’imposition maximal a été ramené à 70 %, les choses n’ont pas beaucoup changé.

    Seuls 3626 des 75 millions de contribuables ont effectivement payé des impôts à hauteur de 70 %. Il est intéressant de noter que le pourcentage réel payé par les 1 % de ménages gagnant le plus aux États-Unis n’était que de 16,1 % en 1962 lorsque le taux marginal supérieur était de 91 %. Toutefois, en 1988, alors que le taux maximal n’était que de 28 %, le pourcentage payé par le 1 % de personnes gagnant le plus était passé à 21,5 % ! Alors que le taux d’imposition maximal a diminué de deux tiers, le pourcentage de leur revenu que le 1 % de déclarants les plus riches ont payé en impôts fédéraux sur le revenu et en charges sociales a augmenté d’un tiers.

    Cela semble paradoxal mais c’est logique : ce n’est pas seulement le taux d’imposition qui est déterminant mais le montant du revenu qui est effectivement imposable. Dans l’ère pré-Reagan, il existait de nombreuses exemptions, failles et dispositifs d’économie d’impôt que les hauts revenus pouvaient utiliser pour réduire leur revenu imposable. Reagan a supprimé un grand nombre de ces possibilités, augmentant ainsi la proportion des revenus soumis à l’impôt.

    Les réductions d’impôts de l’ère Reagan ont stimulé les taux de croissance économique.

    Pendant les années Reagan, la croissance économique a été en moyenne de 3,2 % par an contre 2,8 % pendant les années Carter-Ford et 2,1 % pendant les années Bush-Clinton. Le taux de croissance des années Reagan inclut la récession du début des années 1980, un effet secondaire du renversement de la politique de forte inflation de Carter. De 1983 à 1989, le PIB a augmenté de 3,8 % par an et à la fin du second mandat de Reagan, l’économie américaine était presque un tiers plus importante que lors de son entrée en fonction. Cette croissance était une conséquence directe des politiques de déréglementation et de réforme fiscale de Reagan, conjuguées à la chute des prix du pétrole. Le taux de croissance des années 1980 était plus élevé que celui des années 1950 et 1970, bien que sensiblement inférieur au taux de croissance de 5 % qui avait suivi la réduction de 30 % des taux d’imposition décidée par John F. Kennedy en 1964.

    Cette croissance, ainsi que l’élimination de nombreuses déductions et exemptions, ont entraîné une forte augmentation des recettes fiscales. Ce que Reagan avait prédit s’est réalisé :

    Lors d’une conférence de presse en octobre 1981, il cita le philosophe musulman du XIV e siècle Ibn Khaldūn qui annonçait la théorie de la courbe de Laffer , comme on appelle cet effet dans le jargon économique :

    « Au début de la dynastie, de grandes recettes fiscales étaient obtenues à partir de petites évaluations. À la fin de la dynastie, de petites recettes fiscales ont été obtenues à partir de grosses cotisations. »

    Reagan a ajouté : « Et nous essayons de revenir aux petites cotisations et aux grandes recettes. »

    Dans d’autres pays aussi, les taux d’imposition supérieurs étaient autrefois plus élevés.

    En Allemagne, le taux d’imposition marginal était de 56 % jusqu’en 1989. Mais ici aussi, presque personne ne payait réellement le taux d’imposition maximal à l’époque. Dans les années 1970, 1980 et 1990, de nombreuses personnes fortunées ont eu recours à des dispositifs d’économie d’impôt, tels que les fonds immobiliers fermés, les fonds d’investissement dans le secteur maritime, les fonds de médias, etc.

    Je me souviens encore d’un séminaire sur la fiscalité au cours duquel un conseiller fiscal avait déclaré : « La base d’évaluation de votre taux d’imposition est votre stupidité personnelle », ce par quoi il voulait dire que chacun était libre de réduire sa charge fiscale à volonté grâce à des systèmes d’imputation des pertes. Lorsque le taux d’imposition maximal a été abaissé en Allemagne, presque tous les dispositifs d’économie d’impôt ont été supprimés – tout comme aux États-Unis – de sorte qu’aujourd’hui, en Allemagne, les hauts revenus paient souvent plus d’impôts, et non moins, malgré des taux d’imposition marginaux plus bas.

    Le mythe selon lequel des pays comme les États-Unis et l’Allemagne ont connu une forte croissance économique lorsque le taux marginal supérieur d’imposition était élevé est donc faux. En fait, le taux marginal d’imposition le plus élevé n’était que nominalement élevé en raison du grand nombre d’exemptions, de lacunes et de déductions.

    Rainer Zitelmann est historien et sociologue et auteur du nouveau livre In Defence of Capitalism .

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      Les riches ne contrôlent pas tout aux États-Unis

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 04:00 · 4 minutes

    Chaque jour, les médias publient des articles et des reportages sur les puissants groupes de pression qui influencent la politique, voire dictent aux gouvernements les lois qu’ils doivent adopter. La lutte entre des francs-tireurs (les bons), qui découvrent de sinistres conspirations initiées par de puissantes sociétés (les méchants), qui sont souvent les marionnettistes capitalistes de politiciens corrompus, est un trope hollywoodien courant.

    Dans les campagnes électorales américaines, il est largement admis que si vous voulez devenir président, vous n’y parviendrez que si vous pouvez collecter des milliards de dollars de dons – auprès de Wall Street, des puissantes sociétés pharmaceutiques et de défense, du lobby des armes, des très grands syndicats et d’autres groupes d’intérêts particuliers.

    Et ce n’est pas tout : Les détracteurs de l' » inégalité sociale » affirment que le problème s’aggrave, qu’avec l’augmentation des inégalités, l’influence exercée par les riches sur la politique s’accroît. Noam Chomsky écrit que « la véritable concentration du pouvoir se trouve dans une fraction de 1 % » de la population : « Ils obtiennent exactement ce qu’ils veulent, parce qu’en gros, ils dirigent tout. »

    Mais si l’argent seul achetait le pouvoir politique, Donald Trump ne serait jamais devenu le candidat républicain à la présidence des États-Unis en 2016. Cet honneur serait plus probablement revenu à Jeb Bush, qui a pu récolter beaucoup plus de dons politiques. Même Benjamin I. Page et Martin Gilens, politologues et deux des plus éminents partisans de la thèse selon laquelle la politique américaine est déterminée par les riches, concèdent que la plupart des gros contributeurs – et la plupart des penseurs et titulaires de fonctions républicaines – ont soutenu d’autres candidats. Et : « Les positions de Trump allaient directement à l’encontre des opinions des riches donateurs et des Américains aisés en général. »

    En outre, si l’argent déterminait les résultats politiques, Trump n’aurait pas remporté l’élection de 2016. Clinton et ses alliés, y compris ses comités conjoints avec le Parti démocrate et les super PAC qui l’ont soutenue, ont collecté plus de 1,2 milliard de dollars pour l’ensemble du cycle, selon la Commission électorale fédérale. Trump et ses alliés ont collecté environ 600 millions de dollars. Pas un seul PDG du Fortune 100 n’a fait de don à la campagne électorale de Trump en septembre 2016.

    Si l’argent seul pouvait acheter le pouvoir politique, alors Joe Biden ne serait pas non plus devenu président. La Maison-Blanche serait peut-être revenue à Michael Bloomberg, qui, au moment de sa candidature démocrate, était le huitième homme le plus riche du monde, avec une valeur de 61,9 milliards de dollars selon Forbes. Selon toute vraisemblance, Bloomberg a dépensé plus de son propre argent (et l’a dépensé plus rapidement) pour sa campagne électorale que tout autre candidat de l’histoire, à savoir 1 milliard de dollars en un peu plus de trois mois. Bloomberg a financé lui-même sa campagne et n’a accepté aucun don.

    Bloomberg est loin d’être le seul candidat dont la richesse ne l’a pas aidé à réaliser ses ambitions politiques. En 2020, le gestionnaire de fonds spéculatifs milliardaire Tom Steyer a dépensé 200 millions de dollars de sa propre fortune et n’a pas obtenu un seul délégué. Lors des primaires du parti républicain de 2008, Mitt Romney a dépensé plus de deux fois plus que John McCain – dont une grande partie était constituée de son propre argent – mais il s’est retiré de la course en février et McCain a obtenu la nomination républicaine.

    Les frères Koch ont toujours été dépeints par les détracteurs du capitalisme comme les pro-capitalistes les plus dangereux de la planète, mais David Koch a appris à quel point il est difficile de transformer l’argent en pouvoir politique en 1980, lorsqu’il était l’un des principaux soutiens du parti libertarien et qu’il s’est présenté comme candidat à la vice-présidence : il n’a obtenu que 1 % des voix.

    Dans son livre intitulé Unequal Democracy, Larry M. Bartels critique l’inégalité et l’influence des riches aux États-Unis. Il a examiné l’effet estimé de l’inégalité des dépenses de campagne dans 16 élections présidentielles américaines entre 1952 et 2012, et a conclu que les candidats républicains ont dépensé plus que leurs adversaires démocrates dans 13 de ces élections. Mais dans deux élections seulement, à savoir celle de Richard Nixon en 1968 et celle de George W. Bush en 2000, Bartels conclut que les candidats républicains ont remporté des élections serrées qu’ils auraient très probablement perdues s’ils n’avaient pas pu dépenser plus que leurs adversaires démocrates.

    De nombreuses recherches ont été menées sur la relation entre la richesse des membres du Congrès américain et leur comportement électoral. Martin Gilens, qui critique généralement l’influence des riches sur la politique américaine, concède sur cette question qu’il n’existe aucune preuve d’un lien entre leur richesse et les décisions politiques prises par les membres du Congrès ou de la Chambre des représentants : « …les différences substantielles existantes en matière de statut économique parmi les membres du Congrès ne sont pas liées aux grandes tendances de vote sur la politique économique. »

    Le sociologue et historien Rainer Zitelmann est l’auteur de « In Defense of Capitalism « , qui sera publié en mars.

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      Grands projets d’innovation : faut-il condamner les lubies de riches ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 4 February, 2023 - 03:40 · 6 minutes

    Que fait un riche quand il s’ennuie ?

    Il se lance dans un projet d’innovation. Conquérir Mars, traverser l’Atlantique, prolonger la vie humaine, inventer une intelligence artificielle fondamentale, créer un robot, etc. Expression de l’ego de leurs promoteurs, ces projets sont souvent jugés inutiles et qualifiés de lubies, c’est-à-dire d’envie capricieuse et déraisonnable.

    Mais est-ce si sûr ? Et si les lubies d’aujourd’hui étaient les innovations utiles de demain ? Et s’il fallait se garder de porter un jugement moral à la fois sur ce qui se fait (inutile !) et sur ceux qui le font (les riches et leurs caprices) ?

    Lorsqu’on évoque les lubies de riches, les noms de Elon Musk et Jeff Bezos viennent immédiatement à l’esprit. Tous les deux se sont lancés dans l’aventure spatiale. Musk veut installer une colonie humaine sur Mars , ce que de nombreux spécialistes jugent irréalisable. Le très sérieux hebdomadaire The Economist les a même qualifiés d’activité ploutocratique (en gros, un sport de riches).

    Il y a deux modèles mentaux derrière cette critique : le premier porte sur l’inutilité supposée de tels projets ; le second sur l’illégitimité supposée de ceux qui les portent.

    L’utilité d’une innovation est souvent impossible à évaluer a priori

    La plupart de ces projets semblent largement inutiles. À quoi cela peut-il bien servir d’installer une colonie sur Mars, se demandent beaucoup d’entre nous, à l’heure de [insérez ici votre problème majeur actuel : réchauffement climatique, guerre en Ukraine, inflation, etc.]. Ne peuvent-ils pas faire des choses utiles ? Déterminer ce qui est déraisonnable est cependant un jugement de valeur, en général en référence aux modèles mentaux dominants. L’innovation, qui par définition correspond à des modèles alternatifs, est donc facilement jugée déraisonnable.

    En outre, l’utilité d’une innovation est souvent impossible à évaluer a priori. Il y a des cas évidents mais rares : on savait qu’un vaccin contre la covid serait utile avant de réussir à le produire. La plupart des innovations ont été jugées inutiles au début. Ce fut le cas notamment de la photocopieuse Xerox, du laser, d’Internet, de la téléphonie mobile, de Nespresso, pour ne citer que quelques exemples. « Laser à quoi ? Laser à rien ! » titrait ainsi Le Monde dans les années 1970.

    Certaines de ces « lubies » réussissent et se révèlent très utiles après coup. Starlink , d’Elon Musk encore, est un fournisseur d’accès Internet par satellite créé en 2018. L’idée était un peu étrange. À quoi cela pouvait-il bien servir ? Pourtant aujourd’hui, Starlink est pleinement opérationnel et permet à l’armée ukrainienne de coordonner ses opérations. La lubie de riche est devenue vitale pour les Ukrainiens en l’espace de moins de cinq ans.

    C’est donc le défi de l’innovateur que de consacrer sa vie à quelque chose que tout le monde trouve inutile aujourd’hui et trouvera peut-être indispensable demain.

    L’illégitimité de l’innovateur

    La seconde chose qui insupporte nombre d’observateurs c’est que ces projets sont portés par des riches qui ne semblent le faire que pour s’amuser. Le côté gratuit de l’entreprise est insupportable. Les frères Wright sont des fabricants de vélo qui s’ennuient. Ils sont convaincus que l’on peut faire voler un avion, ce qui semble ridicule à nombre de leurs contemporains. Après de nombreux essais, ils réussissent un vol historique en décembre 1903, qui marque la naissance de l’aviation.

    Insupportable aussi le fait que, comme ils sont riches, ils n’ont besoin de rien demander à personne et en particulier à aucune autorité pour se lancer dans leurs projets et les financer. Pour les moralistes qui, souvent, ont une vision aristocratique de la société, cette liberté est dangereuse, comme est dangereux l’orgueil que ces projets traduisent. Les premiers efforts d’Elon Musk dans le domaine spatial ont été marqués par plusieurs échecs qui ont suscité des moqueries. Ainsi, après l’explosion au sol d’une de ses fusées en 2016, la journaliste Dominique Nora dans L’Obs cachait ainsi à peine sa satisfaction en écrivant : « L’explosion du lanceur Falcon 9 de Space X révèle l’incroyable fragilité d’un entrepreneur qui promet toujours plus qu’il ne peut tenir. La fin d’un mythe ? » On sait ce qu’il est advenu : aujourd’hui, SpaceX lance en moyenne plus d’une fusée par mois, libère son contenu dans l’espace et revient se poser sur Terre ; une performance technique extraordinaire absolument inenvisageable il y a dix ans.

    Toutes les « lubies » ne réussissent cependant pas.

    Howard Hughes était le Elon Musk des années 1950. Il fut l’un des hommes les plus riches du monde, à la fois producteur de films et pionnier de l’aviation. Il acheta et développa la Trans World Airline pour en faire l’une des plus grandes compagnies aériennes de l’après-guerre. Mais sa grande lubie fut le projet H-4 Hercules , un hydravion géant… en bois, conçu pour l’armée. Achevé en 1947, l’avion ne vola qu’une seule fois, et avec difficulté, puis le projet fut abandonné. Hughes aura dépensé 300 millions de dollars actuels en pure perte.

    Est-ce qu’il y a une part d’ego, parfois démesuré, dans ces entreprises ? Bien évidemment. L’ego n’est pas à la mode ces temps-ci mais c’est un moteur historique des grands projets innovants. Sans ego démesuré, pas de Léonard de Vinci ni de Steve Jobs . Ces projets traduisent donc une caractéristique profondément humaine, celle d’essayer de résoudre des grands problèmes, de rêver très haut, parfois de façon démesurée.

    Tous les milliardaires peuvent se permettre des lubies. Certaines sont ridicules, comme se payer un 747 et y installer une piscine en or . D’autres sont potentiellement utiles, mais il est souvent difficile de distinguer lesquelles. Mais tous les milliardaires ne cherchent pas à être des pionniers. Ainsi Bernard Arnault finance des musées ou des journaux, des activités plus traditionnelles pour des gens fortunés. Les lubies ne sont donc pas le fait de milliardaires qui s’amusent, mais de pionniers qui ont les moyens de réaliser leurs rêves, ou du moins d’essayer.

    Les lubies de riches, un bon deal pour la société

    Parce qu’il va à l’encontre des modèles mentaux dominants, l’innovateur se retrouve face à une hostilité sociale qui peut largement entraver sa réussite.

    Les débuts de la radio au XIX e siècle ont ainsi suscité des tentatives de boycott et d’interdiction de la part des syndicats de musiciens. Face à cette hostilité qui peut rapidement se traduire par un assèchement des financements, le riche a un avantage évident : il peut financer son projet sur ses propres fonds. C’est sa lubie, il la finance, et si ça échoue, eh bien ce n’est pas grave, il lui restera toujours quelques milliards pour faire bouillir la marmite. Autrement dit, ce que les lubies de milliardaires offrent au système, c’est l’optionalité, c’est-à-dire le fait de permettre de créer des options alternatives auxquelles il ne croit pas. Le système ne croit pas que le vol d’un objet plus lourd que l’air soit possible. Pas grave, un milliardaire essaie de prouver le contraire. Si ça ne marche pas, c’est lui qui en est de sa poche. Si ça marche, le système en bénéficie sans avoir dépensé un centime. Que le milliardaire en bénéficie amplement aussi est anecdotique. Et donc, n’en déplaisent aux moralistes, les lubies de riches sont un bon deal pour la société. Ils sont une source efficace, même si elle n’est pas la seule, de progrès humain.

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      S’il y a plus de pauvres, ce n’est pas la faute aux riches

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 25 January, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Chaque année, Oxfam publie une étude à l’occasion du Forum économique mondial de Davos . Les rapports précédents étaient souvent basés sur des données erronées et des méthodes non scientifiques. Néanmoins, les médias ont toujours accordé une large place aux rapports annuels d’Oxfam.

    Cette année, cependant, l’une des conclusions d’ Oxfam est exacte : pour la première fois en 25 ans, l’extrême richesse et l’extrême pauvreté ont augmenté simultanément et Oxfam se fait un devoir de critiquer cette évolution. Cependant, Oxfam n’a jamais signalé que c’est exactement le contraire qui se produisait les années précédentes.

    Comme le montre le graphique ci-dessous, le nombre de milliardaires n’a pas cessé d’augmenter au cours des dernières décennies, tandis que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté n’a pas cessé de diminuer.

    Avant l’émergence du capitalisme, la plupart des gens dans le monde vivaient dans une extrême pauvreté. En 1820, environ 90 % de la population mondiale vivait dans la pauvreté absolue. Aujourd’hui, ce chiffre est inférieur à 10 %. Et le plus remarquable : au cours des dernières décennies, le recul de la pauvreté s’est accéléré à un rythme inégalé au cours des périodes précédentes de l’histoire de l’humanité. En 1981, le taux de pauvreté absolue était de 42,7 % ; en 2000, il était tombé à 27,8 % ; en 2021, il était inférieur à 10 %. Le nombre de milliardaires, quant à lui, a été multiplié par cinq depuis 2000, selon Forbes .

    C’est cette tendance principale qui persiste depuis des décennies qui est cruciale. Il est vrai – contrairement aux attentes initiales de la Banque mondiale, qui compile ces données – que la pauvreté a de nouveau augmenté au cours des deux dernières années. Mais cela est en grande partie dû à la pandémie mondiale de Covid-19, qui a exacerbé la situation dans des pays où la pauvreté était déjà relativement élevée.

    D’autres tendances à long terme sont également encourageantes. Par exemple, le nombre d’enfants qui travaillent dans le monde a considérablement diminué, passant de 246 millions en 2000 à 160 millions vingt ans plus tard, en 2020. Et cette baisse intervient alors que la population mondiale est passée de 6,1 à 7,8 milliards d’habitants au cours de la même période.

    Cela montre que ce que croient les anticapitalistes, à savoir que les riches s’enrichissent au détriment des pauvres, est une idée fausse. En fait, c’est le contraire qui est vrai : la croissance économique signifie que plus le nombre de personnes riches augmente, plus le nombre de personnes vivant dans la pauvreté diminue – à l’échelle mondiale.

    La Chine en est un exemple : en 1981, 88 % de la population chinoise vivait encore dans une extrême pauvreté.

    Puis Deng Xiaoping a lancé ses réformes de libre-échange avec le slogan : « Que certains s’enrichissent d’abord. » Avant cela, la Chine ne comptait pas un seul milliardaire car la propriété privée n’était pas autorisée sous le règne de Mao. Aujourd’hui, il y a plus de milliardaires en Chine que partout ailleurs dans le monde, à l’exception des États-Unis. Et le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est tombé à moins de 1 %.

    Le Vietnam est un autre exemple : en 1993 encore, jusqu’à 80 % de la population vietnamienne vivait dans la pauvreté. En 2020, cette proportion n’était plus que de 5 %. Ce résultat a été rendu possible par l’introduction de droits de propriété privée et de réformes du marché libre. En même temps, cela a permis à certains Vietnamiens de devenir très riches et il y a même aujourd’hui plusieurs milliardaires dans un pays qui était autrefois l’un des plus pauvres du monde.

    Comment lutter efficacement contre la pauvreté et la faim ?

    De nombreuses personnes pensent que la réponse est l’aide au développement, bien qu’elle n’ait rien changé de fondamental en Afrique au cours des 50 dernières années. En revanche, ce qui a très bien fonctionné dans tout une série de pays, c’est l’introduction d’une économie de marché et de droits de propriété privée.

    Les anticapitalistes, comme l’organisation de gauche Oxfam, voient le monde en termes de « somme nulle ». Ils nous disent que les pauvres ne sont pauvres que parce que les riches sont riches. Mais si c’était vrai, comment expliquer qu’à mesure que le nombre de personnes extrêmement riches a augmenté, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a diminué ? C’est la règle depuis 200 ans. Une année où c’est le contraire qui se produit, en grande partie à cause des effets de la pandémie de coronavirus d’une part et d’un marché boursier très positif d’autre part, est une exception très rare.

    Rainer Zitelmann est un historien et sociologue allemand, auteur de l’ouvrage In Defense of Capitalism

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      Marine Tondelier et sa France sans milliardaires

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 24 January, 2023 - 04:00 · 3 minutes

    Depuis au moins la Révolution française, le meurtre pour délit de réussite est glorifié et utilisé comme argument de fanatisation par tous les socialistes.

    Le riche, le bourgeois, la banquier, le Juif, l’Américain, le propriétaire, le rentier, le commerçant… tout est bon pour justifier et légaliser la cupidité, la jalousie et la haine au nom de l’intérêt général. Rien de plus facile que d’essentialiser une minorité et la désigner comme étant la cause de tous les malheurs du monde.

    Les koulaks étaient les milliardaires de la Russie. Lénine voulait une Russie sans milliardaires, sans koulaks. Il en a fusillé 30 000 sur le champ et a déporté les autres, causant la mort d’au moins un demi-million d’entre eux . Le résultat ne se fit pas attendre. Une fois les milliardaires éliminés, le régime socialiste russe s’est immédiatement jeté sur leurs propriétés pour s’en repaître et s’en mettre plein les poches. Le pillage terminé, il ne restait plus rien pour nourrir la population : six à huit millions de personnes mortes de faim , alors que la révolution agricole moderne s’étendait de par le monde et mettait fin un peu partout aux famines endémiques, à l’asservissement et à la malnutrition.

    Les Juifs étaient les milliardaires de l’Allemagne de Hitler : six millions de morts . Les intellectuels étaient les milliardaires de la Chine de Mao : vingt millions de morts . Il fallait peu de chose pour être déclaré milliardaire au Cambodge en 1975. Les khmers rouges en voyaient partout : 20 % de la population cambodgienne a ainsi été éliminée. Pol Pot aussi voulait un Cambodge sans milliardaire.

    Une fois que l’on se rend compte que tout le monde est milliardaire, qu’il suffit pour cela de définir l’unité avec laquelle on compte la richesse des individus, il est trop tard et le mal est fait : les dénonciateurs se sont repus et les dénoncés n’existent plus.

    Les déclarations de Marine Tondelier : démagogie à toute épreuve

    Les prédateurs se déplacent en meute. Après Oxfam qui voulait piller les riches pour sauver le système de retraite, c’est au tour d’Europe Écologie les verts, par la voie de son nouveau guide suprême, de remuer les remugles des bons vieux génocides du XX e siècle. Marine Tondelier veut une France sans milliardaires . Au détour d’une interview matinale, Marine Tondelier a tout simplement déclaré qu’elle voulait mettre en place la solution finale au problème des milliardaires.

    Le raisonnement fallacieux avancé est toujours le même : prendre aux riches pour donner aux pauvres. Il ne s’agit pas de reprendre aux voleurs (aux collecteurs d’impôts et aux mafias de parasites vivant de l’extorsion forcée et du racket…) pour donner aux volés, comme dans l’histoire de Robin des Bois , mais d’augmenter le nombre de collecteurs d’impôts et de parasites.

    Avec toujours la même promesse : « ne vous inquiétez pas : l’argent que les collecteurs d’impôts prendront aux riches n’ira pas dans les poches et les estomacs des parasites mais sera redistribué au petit peuple ».

    Ça n’a jamais, jamais au moins une seule fois au monde, fonctionné. Jamais.

    Inutile de passer du temps à développer des explications économiques sur la bêtise crasse et les retombées catastrophiques d’une telle idée. Il suffit d’un seul argument pour réaliser la malhonnêteté et la criminalité d’une telle proposition : vous, vous qui lisez ces lignes, qui que vous soyez : vous êtes milliardaire. Si vous ne l’êtes pas aujourd’hui, rien ne dit que vous ne le soyez pas demain, que vous enfants, vos parents ne le soient pas demain et surtout : rien, absolument rien ne garantit que l’on ne change pas demain la définition qui ferait de vous un ennemi du bien commun.

    Allez demander à ceux qui ont vécu cette horreur, en France, en Russie, en Allemagne, en Chine, au Cambodge, à Cuba ou ailleurs (la liste est malheureusement bien trop longue) ce que ça fait de se trouver un jour dans la liste de ceux qu’il faut éliminer, soi-disant pour l’intérêt général.

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      Taxer davantage les riches pour que tout le monde soit pauvre

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 21 January, 2023 - 04:00 · 2 minutes

    Plus de 200 millionnaires viennent d’adresser une lettre aux participants, à Davos, du World Economic Forum , une fondation de droit privé, qui se tient cette année du 16 au 20 janvier, sous la protection de 5000 militaires , aux frais des citoyens suisses et sans leur consentement.

    Les signataires, majoritairement des Américains, y demandent d’être davantage taxés, eux les extrêmement riches, et de le faire illico presto. Pourquoi ? Parce que c’est équitable économiquement et que les extrêmes sont « insoutenables, souvent dangereux et rarement tolérés longtemps. »

    Ce n’est pas la première fois que de riches Américains demandent à être taxés davantage. Il y a quatre ans déjà deux hommes très riches , Warren Buffett et Bill Gates , sans doute honteux de l’être, le demandaient afin que l’État finance davantage formation et santé.

    En fait, ce qui tourmente la conscience de ces millionnaires, voire de ces milliardaires, ce sont les inégalités auxquelles il conviendrait de s’attaquer, surtout quand elles sont grandes, même si les inégalités sont naturelles à l’Homme et sont d’autant plus grandes que l’État appauvrit.

    Y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes

    Il suffit de considérer les pays où le périmètre de l’État croît et embellit.

    Quels que soient les impôts et taxes qu’il engrange, il n’y en a jamais assez et il s’endette toujours plus, quoi qu’il en coûte . Le résultat est mirobolant : les riches y sont appauvris 1 et les pauvres y deviennent plus pauvres.

    Si l’État, au lieu de s’occuper de ce qui ne relève pas de sa compétence, à savoir justice, armée et police, laissait à chacun la liberté de disposer du fruit de son mérite et de son travail, c’est-à-dire dépenser ou mettre de l’argent de côté pour investir, c’est alors que l’économie serait équitable.

    Apparemment cette réalité économique passe très au-dessus de la tête de la secrétaire générale d’Europe Écologie Les Verts, Marine Tondelier, qui rêve de et veut « une France sans milliardaires », ce qui se traduirait inévitablement par une France où tous seraient égaux mais pauvres.

    Un bon conseil donc aux signataires de la lettre aux participants du Forum de Davos : installez-vous fiscalement en France, vous serez taxés à merci. Et si vous voulez même être tondus pour votre repentance, ne lésinez pas à financer Europe Écologie Les Verts de madame Tondelier.

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    1. À l’exception de ceux qui sont de connivence avec l’État.
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      Oxfam contre les riches

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 04:00 · 5 minutes

    Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus entendu parler d’Oxfam.

    L’ONG britannique sort à peine d’une série de scandales qui ont grandement entamé sa crédibilité mais la prochaine mobilisation sur la réforme des retraites présentait une trop belle occasion pour qu’elle tente à nouveau de faire parler d’elle. Et comme d’habitude, Oxfam aura mis les pieds dans le plat en prétendant que « taxer la fortune des milliardaires français à hauteur d’à peine 2 % permettrait de financer le déficit prétendument hors de contrôle des retraites »

    Oxfam ne pouvait pas rater une telle occasion de sortir une énorme bêtise.

    Parce que bien évidement, sa solution ne mène à rien et est basée sur des calculs erronés et une totale incompréhension des mécanismes économiques.

    La fortune des « milliardaires » : cette formule n’a pas plus de sens que la notion même de milliardaire. Si on compte uniquement l’argent en banque sur un compte courant et les billets et pièces dans les poches, il n’y a pas de milliardaire. Personne n’a plus d’un milliard d’euros sur son compte en banque. Au mieux, certaines personnes peuvent posséder des parts de sociétés qui elles peuvent avoir une telle somme disponible en liquidité.

    La richesse pour les anticapitalistes

    Pour assouvir la soif de jalousie et habiller leur homme de paille, Oxfam et avec elle tout une bande de prétendus « économistes » ont donc construit leur propre calcul.

    En ligne de mire, le fameux « capital » défini depuis Karl Marx selon la formule alambiquée suivante :  le capital est la somme d’argent utilisée pour acquérir les équipements, les biens et services nécessaires à la production (matières premières, biens de production, énergie, etc.), additionnée de la somme d’argent servant à payer les salariés, en attendant que la production de ces derniers soit vendue et engendre des rentrées d’argent.

    Mais comme cette définition du capital est bien trop compliquée et conduit à un montant bien trop faible (vu qu’il ne s’agit en fait que du volume du fonds de roulement nécessaire pour faire tourner une activité économique en payant fournisseurs et salariés) les « économistes » ont tout simplement étendu la notion de capital à celle de propriété.

    Alors que la définition de Marx comparait deux flux différents : celui alimenté par les ventes et celui alimenté par le salaire, les « économistes » se sont mis à comparer des bananes et des navets. À moins que ce soient des carottes et des navets ? Ou alors des bananes et des carottes ? Personne ne sait vraiment et si vous faites bien attention, on parle toujours d’estimation de fortune quand on essaie de décrire la richesse des « milliardaires ».

    Estimation, parce que en regardant de plus près, cela n’a absolument aucun sens. De quoi est composée la « fortune » de Bernard Arnault , de Bill Gates ou d’Elon Musk ? Essentiellement de portefeuilles d’actions dont la valeur est estimée en multipliant le nombre par la valeur unitaire.

    On peut comparer cette richesse à celle du vase de Chine de votre arrière-grand-mère que vous avez mis en vente 1000 euros sur un site de vente en ligne depuis trois ans et qui n’a jamais trouvé acheteur. Si on suit la logique d’Oxfam, il faudrait vous taxer de 2 % sur cette somme de 1000 euros que vous n’avez pas.

    Notez que si on reprend la définition de Marx, ça n’a pas de sens non plus. Taxer le capital revient à aller prélever de l’argent dans le fonds de roulement servant à payer les fournisseurs et les salariés. On comprend donc immédiatement ce qui se passe : une diminution de l’activité et du chômage parce qu’il n’y a alors plus assez d’argent pour faire tourner l’activité. C’est d’ailleurs pour cette raison même que Marx pensait que le capitalisme ne pouvait tomber que par une révolution et que les tentatives de régulation du système n’aboutiraient qu’à accroître la misère des prolétaires. C’est un des très rares points sur lequel on peut être d’accord avec lui.

    L’immoralité élevée en valeur

    Passons sur l’absurdité économique, les points les plus graves dans la diffusion d’idées telles que celles véhiculées par Oxfam sont moraux. Ce genre d’affirmation génère la haine sociale et encourage le crime.

    Utiliser la force pour allez se servir chez son voisin, ça s’appelle du vol ou du pillage. Que la force employée soit légale, démocratique ou soi-disant justifiée n’y change absolument rien.

    Penser que les riches ce sont les autres est à la fois totalement immoral mais également totalement faux. On est toujours le riche de quelqu’un d’autre. Au passage, c’est d’ailleurs une pensée profondément essentialiste dans le sens le plus répugnant, celui de l’essentialisme suprémaciste, vu sous l’angle d’infériorité.

    À long terme, ce genre de tolérance finit toujours par se révéler être un très mauvais calcul. Dès lors que l’on ferme les yeux sur la nuisance que l’on fait subir aux autres, que ce soit à son profit ou non d’ailleurs, il arrive toujours un moment où l’on se fait prendre à son propre jeu.

    Il arrive toujours un moment où l’on se trouve de l’autre coté du manche. La règle d’or morale (ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse) n’est pas juste un dogme illusoire inventé pour vous faire courber l’échine. C’est une règle à la fois empirique et logique.

    Dès lors que l’on invalide une justice morale au nom d’une autre justice morale, dans le cas présent, prendre de force de l’argent aux uns pour en donner aux autres, on invalide par là même toute la logique du raisonnement : rien ne permet plus alors de juger objectivement que l’opération soit juste ou non dans son ensemble.

    En d’autres termes : si vous admettez que l’on puisse commettre des actions immorales, vous devenez alors totalement illégitime pour juger, votre capacité de jugement n’a plus aucune valeur. Un juge ne peut pas être un criminel quand ça l’arrange.

    Rien ne permet de transformer par magie une chose injuste en une chose juste. La fin ne justifie jamais les moyens. Jamais.

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      Vos résolutions du nouvel an définissent l’année à venir

      Rainer Zitelmann · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 31 December, 2022 - 04:30 · 6 minutes

    Pour moi, c’est un rituel depuis 25 ans : le matin du Nouvel An, j’écris mes objectifs pour l’année à venir. Je ne le ferais pas d’année en année si je n’avais pas appris par expérience que cela fonctionne. Tout comme cela fonctionne pour beaucoup d’autres personnes. Bon nombre des entrepreneurs prospères que j’ai interrogés dans le cadre de ma thèse sur la psychologie des super riches notent également leurs objectifs.

    La raison précise pour laquelle ce rituel est si efficace n’est pas si importante. L’expérience montre qu’il fonctionne pour un grand nombre de personnes ayant réussi.

    Arnold Schwarzenegger, qui s’est fixé et a atteint de grands objectifs dans différents domaines de la vie (sport, cinéma, politique), rapporte dans son autobiographie :

    « J’ai toujours écrit mes objectifs, comme j’avais appris à le faire au club d’haltérophilie de Graz. Il ne suffisait pas de se dire quelque chose comme ‘Ma résolution du Nouvel An est de perdre vingt kilos et d’apprendre un meilleur anglais et de lire un peu plus’. Non. Ce n’était qu’un début. Je devais maintenant la rendre très spécifique pour que toutes ces bonnes intentions ne soient pas simplement flottantes. Je prenais des fiches et j’écrivais ce que j’allais faire :

    obtenir douze unités de crédits universitaires supplémentaires à l’université ;
    gagner assez d’argent pour économiser 5 000 dollars ;
    m’entraîner cinq heures par jour ;
    prendre trois kilos de muscles solides ;
    trouver un immeuble d’appartements à acheter et dans lequel emménager.

    J’avais l’impression de me menotter en me fixant des objectifs aussi précis mais c’était en fait tout le contraire : je l’ai trouvé libérateur. Le fait de savoir exactement où je voulais aboutir m’a totalement libéré pour que je puisse improviser comment y arriver ».

    Schwarzenegger insiste également sur l’importance de se fixer des objectifs vraiment ambitieux :

    « Les gens parlaient toujours du peu d’interprètes qu’il y a au sommet de l’échelle, mais j’ai toujours été convaincu qu’il y avait de la place pour un de plus. J’avais l’impression que, parce qu’il y avait si peu de place, les gens étaient intimidés et se sentaient plus à l’aise en restant au bas de l’échelle. Mais, en fait, plus il y a de gens qui pensent ainsi, plus le bas de l’échelle est encombré ! N’allez pas là où il y a du monde. Allez là où c’est vide. Même si c’est plus difficile d’y arriver, c’est là qu’est votre place et où il y a moins de concurrence. »

    De nombreuses études ont validé scientifiquement la théorie de la fixation des objectifs, prouvant que fixer des objectifs stimulants et spécifiques conduit à de meilleurs résultats que les objectifs faciles, et que les personnes qui se fixent des objectifs spécifiques réussissent mieux que celles qui ne se fixent aucun objectif ou seulement des objectifs vaguement formulés.

    « Rêvez plus que les autres ne pensent pratique »

    Pour mon livre Osez être différent et devenez riche , j’ai analysé la biographie de plus de 50 personnes ayant réussi et j’ai constaté que nombre d’entre elles s’étaient fixé des objectifs très ambitieux dès le début de leur vie :

    Howard Schultz est né à Brooklyn en 1953. Son père était un ouvrier non qualifié et il a grandi dans un quartier défavorisé. Il a fait de son entreprise Starbucks une marque de premier plan comptant plus de 27 000 succursales dans le monde. Il a préfacé son autobiographie de 1997 en conseillant aux lecteurs : « Rêvez plus que les autres ne pensent pratique. Attendez-vous à plus que ce que les autres pensent possible. »

    Larry Page, qui a créé Google, est un fervent partisan de ce qu’il appelle « un sain mépris de l’impossible » : « Vous devriez essayer de faire des choses que la plupart des gens ne feraient pas. »

    Sam Walton, le fondateur de Walmart, qui fut à une époque la plus grande entreprise du monde, a expliqué le secret de sa réussite en disant : « J’ai toujours placé la barre assez haut pour moi-même : je me suis fixé des objectifs personnels extrêmement élevés. »

    Un autre entrepreneur et milliardaire légendaire, Richard Branson, a déclaré de façon lapidaire : « La leçon que j’ai tirée de tout cela est qu’aucun objectif n’est hors de notre portée et que même l’impossible peut devenir possible pour ceux qui ont une vision et qui croient en eux. »

    Pourquoi les gens ne sont-ils pas plus nombreux à se fixer des objectifs ambitieux ?

    Si se fixer des objectifs ambitieux fonctionne si bien pour tant de personnes qui réussissent, pourquoi davantage de gens ne le font-ils pas ? Parce qu’ils manquent de confiance en eux, parce qu’ils ont peur d’échouer. Essayez cette petite expérience de pensée : imaginez un instant que je puisse vous garantir que vous ne pouvez pas échouer – ne vous fixeriez-vous pas alors des objectifs beaucoup plus ambitieux ? Bien sûr, personne ne peut fournir une telle garantie.

    Mais permettez-moi de faire les deux observations suivantes :

    Si vous ne vous fixez pas un objectif ambitieux parce que vous avez peur de ne pas l’atteindre, alors vous avez déjà échoué car vous n’avez aucune chance d’atteindre votre objectif.

    Si vous n’échouez pas de temps en temps, alors vous êtes un perdant à mes yeux. Car vos succès constants prouvent que les objectifs que vous vous êtes fixés n’étaient jamais assez ambitieux.

    On me demande souvent : quelle doit être la taille de l’objectif que je me fixe ? Et comment dois-je le formuler exactement ? Et combien d’objectifs dois-je me fixer ?

    L’adage « Rien n’est impossible », que l’on entend parfois dans les discours de motivation, est bien sûr faux. Vous ne deviendrez pas président des États-Unis l’année prochaine, peu importe combien de fois vous l’écrivez et combien vous le souhaitez. Et vous ne volerez pas vers Mars l’année suivante, même si vous en rêvez.

    La plupart des gens se fixent des objectifs trop petits

    Mais ce n’est pas le problème. La plupart des gens se fixent des objectifs qui ne sont pas trop importants, mais trop petits – ou ils ne se fixent pas d’objectifs du tout. Un objectif doit être si grand qu’il vous est difficile (mais pas complètement impossible) d’y croire. Un objectif que vous êtes certain d’atteindre relativement facilement est certainement trop petit.

    Surtout, les objectifs que vous vous fixez doivent être quantifiables sinon vous ne pourrez pas vérifier si vous les atteignez. Et surtout, votre subconscient ne comprendra jamais des objectifs formulés de manière vague. Si vous écrivez à Amazon : « Envoyez-moi quelque chose de génial », vous n’obtiendrez rien. Vos objectifs doivent être spécifiques.

    Au dernier réveillon, j’ai écrit : « Mon prochain livre sera traduit en 20 langues et je signerai tous les contrats nécessaires en 2022. » C’était ambitieux, car mon livre le plus réussi à ce jour avait été traduit en 13 langues – et cela avait pris dix ans !

    J’ai également décidé, il y a un an, de n’écrire qu’un seul objectif alors que je m’en fixe habituellement cinq à dix. Mais je pensais qu’il serait plus facile d’en atteindre un plutôt que cinq. Et c’est ce qui s’est passé. Seulement l’objectif était trop modeste car au final j’ai signé 27 contrats pour mon livre In defense of capitalism. Formulez donc des objectifs précis et surtout n’ayez pas peur de vous fixer des objectifs ambitieux ! Je vous souhaite d’atteindre tous vos grands objectifs en 2023 !

    Le livre de Rainer Zitelmann In Defense of Capitalism sera bientôt publié.

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      Taxons les riches et tout ira mieux

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 19 November, 2022 - 04:15 · 16 minutes

    Le Covid-19, le dérèglement climatique , la montée des dictatures et des guerres, les pénuries et l’inflation qui en résulte, tout cela est inintéressant : rétablissons l’ISF, taxons les dividendes et ces problèmes disparaîtront !

    Les besoins financiers de l’État ont explosé avec le « quoi qu’il en coûte » et les divers « boucliers » anti-inflation . Les tribunes se multiplient pour réclamer d’augmenter la pression fiscale sur « les riches ».

    La folie égalitaire est à la mode, se répand sur les réseaux sociaux et même dans des journaux réputés sérieux, tel que Le Monde . Dénoncer les inégalités à grand renfort d’articles choc rapporte des lecteurs et permet de gagner des voix.

    Mais pas la mienne.

    Quand on parle de « taxer les riches » ou de « réduire les inégalités », on oublie toujours de parler des conséquences économiques à court et moyen terme : l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.

    Mais la mode égalitariste est toute-puissante même quand ce sont les pauvres qui y perdent…

    Commençons par un bref rappel historique expliquant pourquoi l’égalitarisme imprègne si profondément la mentalité française, contrairement aux pays anglo-saxons et aux protestants qui honorent la réussite professionnelle.

    Un égalitarisme très français

    Les racines historiques de l’égalitarisme en France

    La revendication égalitariste date en France du siècle des Lumières, dont les philosophes réagissaient aux privilèges de la noblesse et du clergé.

    Ces deux classes sociales étaient divisées : au sommet, on fréquentait la cour royale, inventée par Louis XIV pour maintenir sous sa coupe les nobles qui s’étaient révoltés lors de la Fronde, tandis qu’à la base de la noblesse et du clergé, on était beaucoup plus près du peuple et imprégné par les idées de réforme.

    D’où la transformation des états généraux convoqués par Louis XVI pour augmenter les impôts, en une Chambre des députés décidant les réformes. La base de la noblesse et du clergé s’est alors alliée au  tiers état, en grande partie composé de bourgeois, et ce sont ces groupes bien au courant des questions de production qui ont répandu l’image d’une noblesse de cour parasite.

    Remarquons qu’il s’agit d’une caractéristique française, alors qu’en Angleterre les gentlemen farmers n’étaient pas à la cour mais modernisaient leurs exploitations agricoles. Leur utilité sociale était évidente et la pression égalitariste moins forte. Par ailleurs, cette révolution agricole a permis de nourrir les ouvriers de la révolution industrielle, qui démarre justement à ce moment-là dans ce pays.

    À cela s’est ajouté, lors des troubles de la Révolution française, un courant violemment égalitariste, illustré notamment par Gracchus Babeuf qui milite pour « l’égalité parfaite », notamment par la nationalisation intégrale des activités. De multiples manifestations et écrits rejettent la « révolution bourgeoise », un terme qui sera popularisé plus tard par les marxistes. Il s’adresse aux « sans-culottes », à « la populace » disent ses adversaires. Il finit guillotiné en 1797 après avoir lancé « la conjuration des égaux » et restera une référence de plusieurs courants politiques français.

    Quelques dizaines d’années plus tard, Karl Marx va lancer le communisme qui vise lui aussi le clergé et les nouveaux nobles , les capitalistes.

    L’égalitarisme servira d’argument électoral pour des partis communistes ou analogues, alors qu’en URSS et dans les autres pays soviétisés, les anciennes classes sociales favorisées sont remplacées par une nomenklatura comblée d’avantages en nature ainsi que d’occasions de trafics et de corruption.

    Remarquons que le Parti communiste s’est massivement implanté en France et en Italie mais pas dans les pays protestants, anglo-saxons, germaniques ou scandinaves.

    L’égalitarisme c’est quoi ?

    Wikipédia en donne la définition suivante : « L’égalitarisme est une doctrine politique prônant l’égalité des citoyens en matière politique, économique et/ou sociale, selon les contextes. Dans un sens plus général, l’égalitarisme désigne une école de pensée qui donne la priorité à l’égalité de tous. »

    J’y suis opposé pour une raison de principe et une raison pratique : la limitation de la liberté et le nivellement par le bas.

    Quelques réflexions sur l’égalitarisme

    L’égalitarisme est non seulement une atteinte à la liberté mais aussi une idée très théorique de la vie, qui imagine le même fleuve tranquille pour des individus pourtant profondément différents.

    En pratique, on nivelle par le bas car c’est facile : pour les adultes, il suffit d’augmenter les impôts, alors que la redistribution est maladroite et coûteuse.

    Pour les enfants, il suffit de « simplifier » les programmes scolaires et de distribuer le bac à presque tout le monde. Il ne faut pas s’étonner ensuite des mauvais résultats des élèves français dans le classement international PISA.

    Une redistribution de l’ensemble de la richesse démotive ceux qui veulent travailler pour améliorer leur sort. Symétriquement, moins un individu génère de richesse, plus il bénéficiera de la redistribution.

    Cette démotivation d’une partie des meilleurs producteurs et la passivité des moins bons conduisent à l’appauvrissement général et notamment à la fin de la redistribution ! Nous aurons ainsi enfin l’égalité, mais dans la pauvreté.

    Cela a été réalisé partiellement en URSS : la grande masse s’est retrouvée dans cette situation mais le pays a quand même continué à fonctionner partiellement en distribuant des privilèges importants en argent et en nature à l’élite économique et politique ; par exemple des logements et des voitures de fonction, deux biens qui étaient très rares et motivaient fortement.

    C’est ainsi que l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.

    Parlons donc un peu moins des inégalités et un peu plus de diminuer la pauvreté, en augmentant par exemple les qualifications. Pour cela, nous avons les modèles suisses et allemands à nos portes. Ce modèle inspire enfin la réforme actuelle de l’apprentissage : pour une fois le problème est pris par le bon bout !

    Pour encourager la production de la richesse nationale, dont tous bénéficient directement (profits) ou indirectement (redistribution), la taxation du capital ne doit pas décourager les investisseurs ni les entrepreneurs et doit au contraire s’inscrire dans le contexte européen et mondial.

    Pourtant, on entend de nouveau s’élever les voix pour demander le rétablissement de l’ISF.

    La querelle sur l’ISF rebondit

    De la création de l’IGF à l’ISF

    Nous sommes en 1981, Mitterrand a une élection à gagner. Il promet la retraite à 60 ans et une dure taxation des grandes fortunes : c’est l’IGF, l’impôt sur les grandes fortunes.

    Une fois élu, il applique ces deux bêtises mais doit rétropédaler sur la deuxième devant le massacre des PME et le chômage corrélatif qu’il entraîne.

    Déjà expert en infox ( fake news ), il dira « Le chômage, on n’y peut rien, on a tout essayé ». Mais devant la catastrophe, il finit par alléger considérablement l’IGF.

    Chirac, Premier ministre de cohabitation à partir de 1986, supprime l’ISF et est battu à la présidentielle de 1988 notamment parce qu’il a « favorisé les riches ».

    Je passe sur les différentes réformes de l’ISF pendant les 30 ans qui suivent, tous les gouvernements étant pris entre l’évidence de la nuisance de cet impôt qui écarte de la France les employeurs, nationaux comme étrangers et la crainte d’être accusés de « favoriser les riches ».

    Macron et l’ISF

    Et voilà qu’arrive 2017. Le candidat Macron est direct :

    « L’ISF fait fuir des investisseurs français et décourage des étrangers d’investir chez nous, ce qui explique une partie de notre chômage ».

    Une fois élu, il supprime l’ISF (ou plus exactement le remplace partiellement par un impôt sur l’immobilier, l’IFI), et ça marche : les « exilés fiscaux » reviennent, les étrangers investissent et le chômage diminue jusqu’au début de la pandémie.

    « Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 3,3 % en 2019 en France […] Sur le marché du travail, le millésime 2019 aura été l’un des meilleurs de la décennie écoulée », écrivait Le Monde le 27 janvier 2020 .

    Et après la pandémie, la reprise d’activité a été très forte et le nombre de chômeurs sans activité en France a baissé de 12,6 % en 2021, à son plus bas niveau depuis la fin de 2012 (chiffres Pôle emploi). Depuis début 2022, le taux de chômage oscille entre 7,3 % et 7,4 % à un niveau inférieur de 0,9 point à celui d’avant la crise sanitaire (Insee).

    Est-il besoin de rappeler que la diminution des dépenses de chômage dégage des ressources pour tous les autres postes de dépenses ? Et que chaque personne remise en activité contribue par sa production, ses cotisations sociales et sa consommation à enrichir la nation ?

    Cela n’empêche pas les égalitaristes de clamer immédiatement que « supprimer l’ISF va augmenter les inégalités », et la campagne pour son rétablissement rebondit : « Macron est le président des riches ».

    Suppression de l’ISF : des critiques démagogiques et infondées

    Il faut rappeler que l’objectif de cette suppression de l’ISF était non seulement de ne pas décourager les étrangers d’investir en France et d’y implanter des cadres supérieurs très bien payés, mais aussi de diminuer l’exil fiscal , les deux privant le trésor français de contribuables intéressants, et faisait courir le risque que ces Français, devenus étrangers, laissent peu à peu tomber leurs entreprises françaises pour en développer d’autres dans leur nouveau pays.

    Nous avons vu que le premier objectif a été atteint, avec l’amélioration de l’image de la France qui avait la réputation de taxer les entreprenants et le retour des investisseurs étrangers. Le second a été atteint également puisque l’exil fiscal a diminué.

    Évolution des départs et retours des contribuables assujettis à l’ISF (jusqu’en 2017) puis à l’IFI Évolution des départs et retours des contribuables assujettis à l’ISF (jusqu’en 2017) puis à l’IFI

    Les articles dénonçant la suppression de l’ISF oublient également souvent d’énoncer qu’il n’a pas été totalement supprimé puisqu’il reste l’IFI qui taxe les grands propriétaires immobiliers, « parce que l’accroissement de la valeur de leur appartement ne vient pas d’une activité d’entrepreneur. »

    Bref, sur cette question, on voit fleurir des articles démagogiques non fondés économiquement.

    Même Le Monde , réputé sérieux, s’y est mis dans la foulée de la tribune régulière de Piketty qui répète sa dénonciation des inégalités sans se pencher sur les conséquences économiques des mesures fiscales qu’il propose.

    Se souvient-il de l’expérience suédoise, pays libéral économiquement mais à fortes fiscalité et redistribution, qui a été obligé de rétropédaler devant l’émigration des entrepreneurs et des cadres ? En effet, à partir d’un certain niveau d’impôt, la Suède a constaté que ses cadres émigraient, ce qui non seulement diminuait ses recettes fiscales mais surtout freinait l’ensemble de l’économie… avec pour effet de réduire encore plus les impôts perçus in fine .

    La querelle sur les dividendes des entreprises

    Il y a une querelle du même tonneau sur les dividendes reçus par les personnes physiques : surtaxés depuis 2013, ils s’étaient beaucoup réduits.

    Notre nouveau président ramène en 2017 leur imposition au niveau européen moyen et voilà les dividendes qui reviennent à la normale, donc ré-augmentent en 2018 et 2019.

    Scandale vite dénoncé par la presse. Sans doute faudrait-il que les riches renoncent à chercher une rémunération pour leurs investissements… mais continuent d’investir quand même !

    On oublie qu’après 2013, l’État a été perdant malgré la hausse nominale de la fiscalité, la baisse des dividendes ayant généré moins d’impôt.

    Au contraire, on constate que la baisse de la taxe sur les dividendes en 2017 a généré beaucoup plus de recettes fiscales du fait de l’élargissement de l’assiette en 2018 et 2019.

    Cela provient notamment du retour en France des contribuables recevant beaucoup de dividendes et d’une baisse des nouveaux départs de ces contribuables.

    Ce sont les résultats issus du troisième rapport du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital , publié en octobre 2021 et réactualisé par France Stratégie en octobre 2022, pour poursuivre l’analyse des réformes engagées notamment au titre de la transformation de l’ISF en IFI et de l’instauration du prélèvement forfaitaire unique et libératoire de 30 % – le PFU – sur les revenus du capital mobilier. On a constaté un changement d’état d’esprit des investisseurs internationaux pour qui la France a perdu sa réputation de taxation des entrepreneurs et de leurs cadres dirigeants. N’oublions pas que ce sont ces derniers qui, concrètement, décident des implantations à l’étranger.

    Cinq ans après ces réformes, le recul est maintenant suffisant pour confirmer que l’exil fiscal a diminué. Ce sont autant de gros contribuables qui restent en France pour le plus grand bénéfice de Bercy. Et non seulement eux mais aussi les entreprises qu’ils auraient développées à l’étranger s’ils étaient partis.

    Il faut également rappeler que l’argent des dividendes circule. Une partie va aux fonds de pension et finit dans la poche de modestes retraités, notamment américains et anglais, une autre est replacée par les bénéficiaires privés dans de nouvelles entreprises. C’est un moyen essentiel du renouvellement de notre tissu entrepreneurial.

    Trop d’impôt tue l’impôt

    Mais vous ne lirez rien de tel dans la presse égalitariste, dont le lecteur pense au contraire qu’une hausse du taux de l’impôt augmente les recettes de l’État et que sa baisse les diminue.

    C’est ignorer les enseignements des courbes de l’économiste Arthur Laffer , suivant lesquelles il n’est pas fiscalement rentable de dépasser un certain taux de prélèvement car une hausse des taux diminue in fine l’assiette fiscale.

    Pas besoin d’être scientifique pour comprendre qu’il vaut mieux pour l’État toucher 25 % de 1000 euros de dividendes distribués, soit 250 euros de recette fiscale, que de taxer à 33 % des dividendes réduits à 600 euros, soit 200 euros de recette fiscale.

    C’est l’adage bien connu : « trop d’impôt tue l’impôt. »

    Et c’est d’autant plus vrai que les acteurs économiques peuvent choisir de s’établir dans des pays à la fiscalité plus douce.

    Surtaxer les riches appauvrit tout le monde

    Or, comme une grande part des dépenses de l’État a un objectif social, diminuer les recettes en augmentant comme en 2013 l’impôt sur les dividendes, c’est appauvrir les pauvres .

    De la même façon, la suppression de l’ISF a entraîné une baisse des recettes fiscales beaucoup moins importante que prévu et cette petite baisse a été compensée par les impôts sur les activités générées.

    Au mépris d’un examen sérieux du résultat, la fin partielle de l’ISF et la taxation normale des dividendes sont ainsi présentées comme des scandales. Peu importe que l’emploi et le trésor public y gagnent !

    Le titre de l’article du journal Le Monde , mis à jour le 9 octobre, donne le ton : « Après la suppression de l’ISF, les revenus des 0,1 % les plus riches ont explosé en France ».

    C’est un manque de sérieux flagrant, l’augmentation de leurs revenus provenant de la hausse des dividendes et non de l’absence d’ISF, et n’étant qu’un retour à la normale européenne, comme expliqué plus haut.

    Enfin, se polariser sur les 0,1 % c’est réduire l’analyse à des cas très particuliers, dont beaucoup sont probablement accidentels. Je veux dire par là qu’ils ne figurent dans cette liste que pour une raison ponctuelle et donc n’en feront pas partie l’année suivante.

    « Non seulement ils sont riches, mais en plus ils en profitent »

    La presse égalitariste fourmille également de ce que j’appelle « des doublons logiques » qui enfoncent des portes ouvertes tout en criant au scandale pour faire vendre.

    Par exemple, cette presse exploite l’enquête Epicov coordonnée par l’Inserm, rendue publique le 9 octobre 2020 et dont la conclusion est que « le Covid-19 a accru les inégalités ».

    Les riches sont mieux logés

    En effet, premier « doublon », la « découverte » que les riches habitent dans des logements plus grands que les pauvres.

    C’est présenté comme un scandale et cette enquête souligne que de plus cela les met à l’abri de la promiscuité qui répand le virus chez les moins bien logés.

    Les logements des « riches » sont déjà taxés via l’impôt sur la fortune immobilière mais visiblement ça ne suffit pas. Qu’inventer pour établir une égalité de confort et de risque face au virus ? Interdire la propriété de logements de plus de 15 m² par personne ?

    Les riches bénéficient du télétravail

    Deuxième « doublon logique », les riches en général ne travaillent pas de leurs mains et peuvent donc télétravailler à partir d’une agréable résidence secondaire ou de tout autre endroit pittoresque. Ils peuvent éviter ainsi des heures de transport quotidien et donc échapper encore plus au virus !

    Alors que les pauvres doivent se rendre sur leur lieu de travail pour y être ouvrier, caissière, employé de banque… Il faut donc interdire le télétravail, tant pis si les contaminations augmentent !

    Notez au passage que sont oubliés les médecins, notamment hospitaliers, pourtant en première ligne face au virus…

    Les riches vivent mieux

    Indépendamment de la pandémie, j’entends aussi que les riches mangent davantage bio bien que ce soit plus cher, qu’ils peuvent se payer un abonnement à une salle de sport, ou, scandale, à un club de golf !

    On ajoute qu’ils peuvent faire des voyages confortables. Interdisons donc le bio, le sport et les voyages dans des hôtels de plus de deux étoiles !

    Les riches ont plus d’argent

    Le Monde enfonce le clou en écrivant : « L’épargne accumulée depuis le confinement est très majoritairement détenue par les Français les plus aisés » (octobre 2020). Quelle surprise ! Quel scandale !

    On pourrait continuer longtemps ainsi, résumons par un doublon logique général : « Non seulement ils sont riches, mais, en plus, ils ont de l’argent ! »

    Les ravages de la jalousie et du populisme sont dévastateurs.