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      Roger Scruton, le brexiteur, désormais incontournable philosophe conservateur-libéral européen

      Thierry Martin · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 7 January, 2023 - 04:15 · 13 minutes

    Il y a trois ans disparaissait le philosophe anglais Roger Scruton. Son œuvre et son parcours furent salués mais sans réellement mesurer en quoi il nous serait nécessaire pour les temps à venir. D’après l’écrivain Jacques de Saint Victor dans le Figaro Magazine Georgia Meloni, citait, outre Jean-Paul II et Montesquieu, sir Roger Scruton dans son discours d’investiture du 25 octobre 2022. Elle le présentait comme « un des plus influents maitres de la pensée du conservatisme européen ».

    N’oublions pas que le philosophe conservateur libéral parti le 12 janvier 2020 était heureux d’avoir connu le Brexit. Pour lui la nation restait une dimension indépassable de la richesse de la civilisation non seulement européenne mais occidentale.

    Scruton était devenu conservateur après avoir vécu Mai 68 en France et en avoir éprouvé un « vrai dégoût » pour le gauchisme. « Ce conservatisme d’un Scruton, d’un Oakeshott ou d’un Prezzolini, dont le Manifeste des conservateurs de 1972 est une version italienne anticipée de Scruton, relève d’une philosophie libérale particulière, peu diffusée en France, qui sans être réactionnaire, défend l’héritage historique de chaque nation occidentale »

    Ce conservatisme libéral offrirait selon Meloni un moyen de contrer les dérives d’un libéralisme qui s’épuise dans le wokisme , la cancel culture , ou l’indifférence aux pressions migratoires et au séparatisme islamique, ce que Sruton appelait le « libéralisme de la répudiation ». Une haine de soi représentée par le régime de Bruxelles au nom du progressisme cher au président Macron.

    Il y a un an, Georgia Meloni a déclaré au Giornale : « Mon intention est de promouvoir la figure de sir Roger Scruton, notamment auprès de jeunes. »

    Ce fut l’intention de votre serviteur dès qu’il apprit la disparition du grand philosophe dans la presse britannique, en publiant un hommage dans Le Figaro .

    Scruton constate finalement que depuis 1989 et la chute de l’Union soviétique, un transfert des revendications s’est opéré de la classe ouvrière aux femmes, aux homosexuels et aux immigrés.

    Hommage à Roger Scruton, un conservateur qui a déconstruit la gauche

    Cet hommage a été publié en partie dans Le Figaro. Il est reproduit ici dans sa version complète.

    Sir Roger Scruton est mort et l’Angleterre a perdu son plus grand penseur conservateur, écrivain, chasseur de renard, philosophe et véritable héros de la droite.

    Comme beaucoup des plus braves et des meilleurs il était un prophète presque sans honneur dans son propre pays, nous dit le journaliste anglais James Delingpole.

    Dans les pays d’Europe de l’Est, poursuit-il, où il avait lutté pour la liberté sous le communisme, il a été correctement reconnu comme un héros : en 1998, le président Vaclav Havel lui a décerné la Médaille du Mérite de la République tchèque (première classe) pour son travail dans les années 1980 en contrebande de littérature samizdat et en encourageant les réseaux clandestins derrière le rideau de fer. En juin 2019, le président polonais lui a décerné l’Ordre du mérite de la Pologne. Le mois dernier (décembre 2019) le président hongrois Viktor Orban lui a décerné l’Ordre du mérite, affirmant qu’il avait « prévu les menaces de migrations illégales et avait défendu la Hongrie contre les critiques injustes. »

    Fin analyste de la gauche moderne

    Mais comment mieux rendre hommage à un penseur disparu qu’en invitant à le lire.

    La récente (mars 2019) traduction en français du livre de Roger Scruton , grand connaisseur de l’idéologie de gauche va nous éclairer sur les chemins parcourus pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui, c’est-à-dire le remplacement de cette « bonne vieille » idéologie de la gauche ouvrière par les politiques de l’« identité » et la « globalisation ».

    Si Antonio Gramsci a voulu transposer la révolution dans le domaine de la culture, l’action révolutionnaire des rues et des usines devenant une révolution culturelle sans violence menée au sein des universités, des théâtres, des salles de conférences et des écoles, ses successeurs sont allés plus loin dans la déconstruction.

    « La révolution culturelle initiée par Gramsci tourna court dans le relativisme vide […] Gramsci espérait remplacer la culture bourgeoise par une nouvelle hégémonie culturelle objective, mais ces projets furent contrecarrés par le rejet de l’idée même d’objectivité. »

    À la politique classique d’émancipation de l’individu se substitue dans la gauche libérale américaine et notamment dans le Parti démocrate les « politiques de l’identité victimaire » qui réduit le champ social à un système de domination. Nous assistons rien de moins qu’à la disparition de la personne sur le plan idéologique, ce qui peut être interprété comme le prodrome d’une dimension totalitaire au sens orwellien.

    Il est nécessaire de reprendre la généalogie de cette « politique des identités » pour bien comprendre que cette idéologie n’est pas le fruit du hasard. Roger Scruton nous l’expose dans ce récent ouvrage (mais non le dernier) paru en anglais dès 2015, mais traduit dernièrement en 2019. Ce brillant intellectuel conservateur relançait à nouveau la polémique trente ans après et posait clairement la question : pourquoi les autorités universitaires sont-elles de gauche et conséquemment pourquoi les penseurs de droite ou libéraux, bien plus proche de la vérité, y sont tellement sous-représentés ?

    Il faut préciser ici que Roger Scruton menait une vie universitaire tranquille après avoir passé sa thèse et qu’il aurait pu jouir sereinement de sa carrière de professeur de philosophie de l’esthétique à la Birkbeck University of London , s’il n’avait pas commis en 1985 un ouvrage sur les penseurs de la nouvelle gauche où il étrillait l’étonnante « machine à non-sens » inventée par Lacan, Deleuze et Guattari, mais aussi les études post coloniales de Saïd ou le renouveau de « l’hypothèse communiste » vu par Badiou et Zizek. Thatcher avait beau être au pouvoir ce fut une bronca qui s’abattit sur notre auteur conservateur, ses pairs d’Oxford s’en prirent à son éditeur à tel point que le livre sarcastique fut retiré du catalogue, et l’ensemble de ses travaux subirent le discrédit.

    Personnellement j’ai quitté l’université en fin de thèse pour fuir les petits mensonges du prêchi-prêcha politiquement correct. J’ai retrouvé plus de vérité dans mes activités de direction d’entreprise où le profit & lost ne permet pas de tricher. Heureusement Scruton, lui, a persisté, et il émet l’hypothèse iconoclaste selon laquelle les intellectuels de gauche se pensant supérieur aux gens ordinaires considèrent comme injuste de devoir gagner leur vie comme les autres. Ils sont frustrés, dit-il, de voir que les événements sont menés par les politiciens et les hommes d’affaires – les bourgeois .

    Scruton poursuit, non sans ironie, qu’hostile à la bourgeoisie et à l’église catholique, les intellectuels de gauche fonctionnent pourtant comme un phénomène religieux en ce sens que tout comme la promesse de vie éternelle n’est pas vérifiable, la promesse des lendemains qui chantent est à venir. On ne peut réfuter ces promesses puisque l’avenir n’est pas encore advenu.

    L’intellectuel de gauche moderne est le descendant du prêtre [mais sans Dieu.] […] Il ne cesse de comparer l’imperfection du présent avec la perfection de l’avenir. Or il est malhonnête de prétendre que tout est imparfait car on peut toujours améliorer les choses ponctuellement – c’est cela, être conservateur, et c’est ce que la gauche refuse d’accepter. Il y a deux grandes conceptions de la politique, l’une où elle n’est pas l’entièreté de la vie mais juste une petite partie. On se met d’accord malgré des divergences d’intérêts, on fait des compromis. L’autre conception est la conception exorbitante de la politique héritée de Lénine, Marx, de la Révolution française ou du nazisme. La politique est alors une vision entière qui organise la vie de tous et à laquelle chacun participe, avec pour résultat le chaos et les millions de morts.

    Qu’a fait Scruton ? Figure reconnue du conservatisme britannique, il s’est amusé à les lire. À les prendre au sérieux. De Sartre à Foucault en passant par Thompson, Habermas, Hobsbawn, Lacan, Derrida ou Badiou , il a plongé dans le bouillon de concepts tortueux de ce petit monde de gauche de l’après-guerre et il a remonté une talentueuse démonstration des errances de ces pensées dont il ne sauve que l’écriture de Sartre qu’il a toujours admiré « parce qu’il savait écrire ».

    Ces gens veulent la « justice sociale » et « l’émancipation individuelle », ce qui est contradictoire puisqu’il faudrait alors « empêcher les ambitieux, les dynamiques, les intelligents, les beaux et les forts d’avancer, et quel degré de contrainte devons-nous nous permettre d’exercer sur eux ? »

    Mais peu importe le réel puisque la gauche s’est toujours payée de mots, et la novlangue débusqué par Orwell est toujours là pour apporter ses solutions. C’est ainsi que la justice faite d’interactions individuelles et devenu « justice sociale ». « Ce genre de « justice » imposée par un plan qui implique invariablement de priver les individus de choses qu’ils ont acquises de manière équitable sur le marché. » Le plus célèbre des mots de la novlangue étant le mot-valise incantatoire « capitalisme ».

    [S’opposant clairement au constructivisme, Roger Scruton affirme que la société tient grâce à un réseau de lois implicites en s’appuyant sur l’économiste libéral Friedrich Hayek. « Les vraies lois – « les lois abstraites » , comme les appelle Hayek – ne sont donc pas des éléments d’un plan d’action, mais résultent d’une entreprise de coopération sociale à long terme. Elles sont les paramètres par lesquels la coopération entre des inconnus pour leur avantage mutuel devient possible. Comme pour le marché, les avantages qu’elles procurent sont en partie épistémiques. En suivant ces règles, nous nous dotons d’une connaissance pratique qui nous sera particulièrement utile quand nous nous aventurerons dans l’imprévisible, qui nous dictera le comportement à avoir envers les autres afin de nous assurer leur coopération tout en poursuivant nos objectifs. »]

    Dans Gentle Regrets (2005) Scruton reprenait les arguments de Edmund Burke concernant le contrat social, « un contrat social qui devrait être élargi pour prendre en compte les morts et ceux à naître ». Oublier cela, écrit-il – se débarrasser des coutumes et des institutions –, c’est « placer les membres vivants d’une société en position de domination dictatoriale sur ceux qui les ont précédés et qui leur succéderont ».

    Cette idée de Burke l’amena à publier en 2012, un livre sur l’environnement, Green Philosophy , développant les principes d’une écologie conservatrice.

    Cependant Roger Scruton constate dans son récent ouvrage que depuis 1989 et la chute de l’Union soviétique, un transfert des revendications s’est opéré de la classe ouvrière aux femmes, aux homosexuels, aux immigrés et même aux musulmans. L’émancipation de ces nouvelles victimes est un puits sans fond dans la mesure où de nouvelles victimes surgissent constamment à l’horizon tandis que les précédentes disparaissent. Ce sont des intellectuels américains comme Richard Rorty ou Edward Saïd qui ont opéré cette rupture, reprenant le concept de rupture plus radical théorisé par Gramsci contre le dépassement hégelien ( aufhebung ) plus classique dans la pensée marxiste qui va jusqu’à Lénine et Staline, où l’on entend conserver la contradiction en la dépassant. Mais ces adeptes de la French Theory (la déconstruction) vont encore plus loin car Gramsci voulait une culture populaire, prolétarienne à la place de la culture dite « bourgeoise » alors que les gender studies , les post colonial studies amènent le relativisme et « les politiques de l’identité victimaire ».

    Aux États-Unis on parle de post-1989 world , parce que c’est à la faveur de la fin de la guerre froide que le champ idéologique a été investi par le globalisme et les politiques de l’identité victimaire.

    Autoflagellation des Occidentaux

    Voué aux gémonies l’Occident chrétien est et fut pourtant la société la plus inclusive de toutes, dit encore Scruton.

    Alors pourquoi cette sans cesse autoflagellation ?

    Aujourd’hui les boomers refusent de voir l’angoisse des classes moyennes en déclin dont ils ne partagent pas le sort. « Ils voudraient juste pouvoir continuer à se prétendre radicaux, tout en jouissant de confortables niveaux de vie grâce à cette feuille de vigne qu’est la « politique des identités » ».

    L’expression « gauche caviar » décrivait sous Mitterrand ceux qui n’avaient pas changé la vie mais seulement leur propre vie en accédant au pouvoir . Maintenant, c’est nous qu’on est les princesses. Vingt ans après, les bourgeois-bohèmes – les bobos – sont passés de la possession à la location, c’est-à-dire au stade de la jouissance sans entrave sans la responsabilité de l’avoir. Ils bénéficient d’un bon niveau de vie qui leur permet de ringardiser l’envie de consommer des plus pauvres. Ils en rajoutent dans les prétentions écologiques vertueuses globalistes qui ne mangent pas de pain tant elles sont souvent hors de portées de l’action humaine au sens stoïcien du terme, et s’investissent dans la défense d’identités soi-disant victimaires, ce qui leur garantit une confortable estime de soi.

    S’opère alors en France comme aux États-Unis un recentrage sur une politique qui classe les gens en fonction de leurs identités. À l’épicentre d’un système sans Dieu, devenu paradoxalement plus religieux que politique, il y a « le mâle blanc hétérosexuel chrétien », et plus on se rapproche de ce centre fatal, plus on est censé être coupable ou endetté envers les autres « identités ». L’altérité radicale qui en découle interdit tout dialogue d’égal à égal dans la mesure où la politique est réduite à une lutte entre groupe pour l’attribution préférentielle des ressources. L’éthique de la discussion qui permet de s’entendre sur le bien commun, abstraction faite des caractéristiques de chacun ne peut plus opérer.

    James Delingpole dont le livre préféré de Scruton est On Hunting rapporte qu’il a été tellement heureux de lire dans le numéro de Noël du Spectator que, pas plus tard qu’en février de l’année dernière – à l’occasion de son 75e anniversaire – il avait pu, malgré les protestations de sa charmante épouse Sophie, se rendre à la chasse à courre une dernière fois. Roger Scruton conclut son article dans le Spectator :

    En tombant au plus bas dans mon propre pays, j’ai été élevé au sommet ailleurs, et en regardant en arrière sur la séquence des événements, je ne peux que me réjouir que j’ai vécu assez longtemps pour voir cela se produire. En approchant de la mort, vous commencez à comprendre ce que signifie la vie, et ce que cela signifie est la gratitude.

    Puissions-nous maintenant prendre le temps de lire ses ouvrages.

    Adieu Sir Roger !

    Ainsi conclus-je mon hommage au grand philosophe qui par ses écrits va encore longtemps nous aider à ne pas être dupe et à agir pour conserver notre civilisation.

    Sur la masse de son œuvre peu d’ouvrages sont traduits en français.

    Thierry Martin auteur de BoJo, un punk au 10 Downing Street : Global Britain, Boris Johnson, le Brexit et l’après

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      ‘The west and the rest’ (I)

      Ramón Audet · ancapism.marevalo.net / IJM Analisis Diarios · Thursday, 5 January, 2023 - 11:00 · 6 minutes

    Decir “Occidente y el resto” no tiene el carácter eufónico que sí le proporciona el inglés, West and the rest . Muchos podrán intuir que no es inventiva propia, sino que, esta frase la saqué al inmiscuirme en la obra de uno de mis filósofos de cabecera, el señor Roger Scruton. En su libro (2003) planteaba la cuestión desde una perspectiva de coche de civilizaciones (me recordó al célebre libro del politólogo Huntington) entre los valores occidentales y los islámicos, poniendo énfasis en la crisis moral que estamos viviendo en nuestros países.

    Pero, más allá de cuestiones filosóficas, quien ha hecho una de las aportaciones más interesantes al tema que se desarrollará aquí es Niall Ferguson (2011) el cual no tuvo problema alguno en copiarle el título a Scruton. De hecho, es sorprendente que, a lo largo del libro, solo lo cite en dos ocasiones (la primera en una nota a pie de página, y segunda en la bibliografía). Sea como fuere, resolver porqué Occidente creció más que el resto es uno de los debates que más tinta ha derramado y, parece mentira a estas alturas, pero siguen floreciendo disquisiciones sobre la temática.

    Una de las cuestiones más obviadas en el debate político hodierno es la problemática de la desigualdad. Curiosamente, los precursores de la ciencia económica intentaban discernir cómo se había generado la riqueza. No es para nada extraño, dado que, la condición del ser humano a lo largo de la historia se ha caracterizado, para el 99,99% de la población, por la miseria, la agonía y un modus vivendi paupérrimo. Ergo, la riqueza es un hecho insólito, que merece, a mi juicio, mayor atención. En la Figura 1 se muestra el PIB per cápita mundial a lo largo de dos mil años, el llamado “Hockey Stick Growth”

    Ya es mala suerte, para los detractores de la economía de mercado, que el crecimiento se diere en aquellos momentos en los que la Revolución industrial comenzó (mediados del s.XVIII), llegando a consolidarse un siglo después. De hecho, antes de 1800, el nivel de renta de las economías preindustriales (es decir, agrarias) aumentaba de forma muy tenue, y en caso de darse un crecimiento económico, no era ni acumulativo ni estable en el tiempo. Fue durante el s.XIX cuando el proceso de industrialización, las economías de escala y la producción en masa se fue difundiendo desde Gran Bretaña al resto de los países occidentales, para acabar desembocando en Norteamérica y Japón. Llegando así al punto donde, a mitad del s.XX, los tigres asiáticos, China, India o Brasil, se sumaron al crecimiento económico postindustrial hasta consolidarse, como los conocemos hoy, en economías emergentes.

    Los agoreros del progreso tienden a focalizarse única y exclusivamente en el problema de la desigualdad, cuando esta es, simple y llanamente, la superación de la pauperización de la gran mayoría de personas. Puede haber desigualdad económica en tanto en cuanto haya una generación de riqueza. Como se muestra en la Figura 2, a través del cálculo de la distribución del coeficiente de Gini, la muestra engloba desde las sociedades del 10000 aC hasta el presente.

    Los valores que usa el Gini son desde 0 (siendo esto la perfección en términos de igualdad), hasta 1 (siendo esto el grado superlativo de desigualdad). A veces viene representado como un múltiplo de 100, así el coeficiente de 0.5 es el equivalente del 50. El caso es que, donde había una perfección en cuanto a igualdad se refiere era en las sociedades cazadoras recolectoras (teniendo en cuenta que, de media, vivían aproximadamente 30 años). El máximo de desigualdad posible para que una sociedad sea viable desde un punto de vista puramente nutricional debería proporcionar a su población, el ingreso mínimo para subsistir, de ahí que en el Imperio Romano, el Gini fuere de alrededor del 0.55, y que, en las economías modernas de Europa o América del Norte, este esté entre el 0.97-0.98.

    El principio detrás del coeficiente de Gini queda ilustrado gráficamente en la Figura 2, en su eje horizontal, el cual mide el porcentaje de economía doméstica en la población clasificada de acuerdo con sus ingresos (de menos a más) y en el eje vertical, la acumulación total, en términos porcentuales, de los ingresos. La línea recta representa el caso de la igualdad perfecta, en la cual, 10 unidades familiares adquieren el 10% de los ingresos (y así sucesivamente). Estas sociedades que se encuentran en los percentiles de igualdad absoluta serían sociedades sin estratificación social (o al menos, poco pronunciada), y con un acceso común al uso de recursos. Ergo, son aquellas sociedades donde la economía es de subsistencia donde puede darse el paraíso igualitario que algunos propugnan, desean los fines sin entender los medios (Persson, 2010, págs. 208-209).

    Así pues, volamos al s.XIX. Ya en 1820, existían diferencias de ingresos per cápita entre Europa y otras partes del mundo, pero ¿cuándo se distanció el Viejo Mundo de otros continentes, como Asia? Los economistas clásicos, especialmente Smith, habían defendido que, antes de la Revolución industrial, Europa ya había conseguido unos niveles de renta superiores a los que existían en Asia, una visión generalmente compartida por los historiadores económicos actuales.

    La célebre escuela de California ha cuestionado este planteamiento, según el cual, a principios del siglo XIX, Europa ya disfrutaba de unos niveles de vida más altos que los logrados en Asia. De acuerdo con estos autores, hacia 1800 los ingresos y la productividad eran similares en las zonas más desarrolladas de Europa y Asia, y los mercados y las instituciones mostraban un nivel de desarrollo comparable en estas dos partes del mundo. En otras palabras, antes del siglo XIX el crecimiento europeo y el asiático habrían sido similares, y estas concomitancias se mantuvieron hasta la víspera de la revolución industrial. Sería después de 1800 cuando se produjo el sorpaso europeo que daría lugar a la «Gran Divergencia» entre Europa y el resto, cosa que habría dado pie a la desigualdad en los niveles de renta observada en la actualidad.

    Esta polémica historiográfica ha dado lugar en la última década a una serie de investigaciones que apuntan en una dirección contraria, es decir, a favor de la idea previamente descrita por Adam Smith, según la cual las diferencias en los niveles de vida entre Europa y Asia ya eran sustanciales a finales del siglo XVIII (Broadberry y Gupta, 2006; Allen y otros, 2011). Según esta visión, la gran divergencia ya estaba en marcha antes de 1800. Aun así, el recurso a las cifras del PIB per cápita con objeto de evaluar los niveles de vida anteriores a 1800 resulta bastante problemático. Por un lado, la fiabilidad de las estimaciones para el período anterior al siglo XIX se reduce considerablemente (incluso hay disputas sobre los datos de 1820). Además, puede resultar arriesgado tomar como referencia el ingreso medio en el contexto de unas sociedades preindustriales que en muchos casos eran fuertemente desiguales

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