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      Au Sénégal, chronique d’une insurrection annoncée

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 10 June, 2023 - 23:23 · 17 minutes

    La tension entre le pouvoir et le camp d’Ousmane Sonko, très populaire chez les jeunes, n’a cessé de grimper depuis deux ans. En instrumentalisant la justice depuis son élection afin d’écarter ses principaux concurrents et en laissant penser qu’il briguerait un troisième mandat, Macky Sall a pris le risque de faire de l’ancien lanceur d’alerte un martyr, et de voir la rue s’embraser. Par Ousmane Diallo, article originellement publié sur Afrique XXI .

    plusieurs endroits, le théâtre d’un déferlement de manifestations spontanées après l’arrestation d’Ousmane Sonko, perçue comme un abus du pouvoir. Au cours de ces cinq jours d’émeutes, 14 manifestants avaient perdu la vie , dont 12 (parmi lesquels 3 mineurs) à la suite de tirs par balles de la police, de la gendarmerie et de l’armée. Plusieurs bâtiments publics et biens privés avaient été détruits par les manifestants en furie.

    Ce furent les « régulateurs sociaux », à savoir les marabouts et des leaders de la société civile, qui finirent par apaiser la situation en négociant un compromis entre le pouvoir et l’opposition. Cinq jours après son interpellation, la justice plaçait Ousmane Sonko sous contrôle judiciaire et le libérait tout en confisquant son passeport. Le M24, qui coordonnait alors l’action des partis politiques et de la société civile, suspendait son appel à manifester. Les « régulateurs sociaux » visitaient les familles des victimes (morts et blessés), leur accordant des réparations « officieuses » pour les dommages subis et appelant à la paix. L’État sénégalais ne reconnaissait toutefois pas sa responsabilité envers ces victimes et ne montrait aucune volonté de poursuivre les enquêtes sur ces violations des droits humains.

    Deux ans plus tard, le Sénégal vit des journées similaires à celles de mars 2021. La condamnation d’Ousmane Sonko et de Ndeye Khady Ndiaye, propriétaire du salon de massage Sweet Beauty, à une peine de deux ans d’emprisonnement ferme pour, respectivement, « corruption de la jeunesse » et « incitation à la débauche », a immédiatement entraîné une autre série de manifestations réprimées dans le sang. Lors des journées du 1 er et du 2 juin, 15 personnes ont été tuées selon le ministère de l’Intérieur – un bilan déjà plus lourd que celui de mars 2021. Le Sénégal vit sa crise politique la plus sérieuse depuis 1988, année au cours de laquelle une grève générale et une contestation électorale avaient fait vaciller le pouvoir d’Abdou Diouf.

    Ces derniers jours, la rue a encore une fois répondu aux défaillances de la République. Mais alors qu’en mars 2021 les médiateurs sociaux avaient pu décanter la situation, leur capacité à en faire de même aujourd’hui est loin d’être garantie, leur crédibilité et leur impartialité étant de plus en plus remises en question par l’opposition. Au cours de ces deux dernières années, et dans le contexte de l’affaire juridico-politique « Sweet Beauty », dont la conclusion judiciaire pourrait l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, Ousmane Sonko, jusqu’alors simple membre de l’opposition, a pris une nouvelle envergure aux niveaux national et international, suscitant intérêts et craintes, en articulant les aspirations d’une jeunesse et d’une classe moyenne désabusées, et œuvrant à la crispation des relations entre la France et le Sénégal.

    AU DÉBUT ÉTAIT UNE PLAINTE POUR VIOLS

    Lors de l’éclatement de l’affaire « Sweet Beauty », en 2021, Rama Salla Dieng, militante féministe et maîtresse de conférences à l’Université d’Édimbourg (Royaume-Uni), écrivait que le « corps des femmes est depuis toujours une arène de batailles politiques » au Sénégal [1]. Au début était une plainte pour viols et menaces de mort, soumise à la section de recherches de la gendarmerie de la Médina (un quartier de Dakar), à l’encontre de celui qui était alors député à l’Assemblée nationale. L’autrice de la plainte, Adji Raby Sarr, une employée du salon de massage payée au pourboire, accusait Ousmane Sonko de l’avoir violée à plusieurs reprises entre décembre 2020 et février 2021, et de l’avoir menacée de mort en cas de dénonciation. Si Ousmane Sonko a reconnu avoir fréquenté ce salon de massage pour ses problèmes lombaires, il a toujours nié les accusations portées contre lui et n’a cessé de dénoncer un complot politique.

    L’affaire qui allait structurer les débats politiques pour les années à venir éclatait à un moment particulier : Macky Sall avait réussi à coopter l’opposant Idrissa Seck, arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2019, en le nommant président du Conseil économique, social et environnemental, et en ouvrant le gouvernement à plusieurs membres de son parti. En effet, le remaniement gouvernemental de novembre 2020 intégrait plusieurs anciens critiques du gouvernement comme Oumar Sarr, du Parti démocratique sénégalais (PDS), et Aissata Tall Sall, du Parti socialiste/Osez l’avenir, tout en éjectant plusieurs potentiels dauphins de Macky Sall comme Aminata « Mimi » Touré, Makhtar Cissé ou encore Amadou Ba, alors ministre des Affaires étrangères. Ce faisant, Ousmane Sonko était l’un des seuls opposants à Macky Sall encore en marge de ce genre de tractations.

    L’accusation de viols et de menaces de mort qui devait sonner le glas de sa carrière politique et paver la voie à un « deuxième quinquennat »/« troisième mandat » pour Macky Sall a dominé les débats publics. Si les partisans de Sonko y voient une machination politique ayant pour but d’écarter du jeu un acteur politique qui se distingue par son discours radical contre le système politico-économique, mais aussi contre les relations étroites entre la France et le Sénégal et la corruption des politiques et de l’administration, ses contempteurs, parmi lesquels figurent les tenants du pouvoir, arguaient qu’il ne s’agissait que d’une simple affaire de mœurs impliquant un homme politique qui avait abusé de son statut.

    Adji Sarr, 20 ans, issue d’un milieu social modeste, employée dans des conditions précaires dans un salon de massage, se trouvait ainsi au centre de l’attention ; par sa voix, et par ses propos, elle pesait sur les aspirations de millions de Sénégalais et pouvait déterminer la trajectoire politique de la nation. Une pression forte sur une jeune femme qui était entrée par effraction sur la scène publique et qui est devenue à son corps défendant un jouet pour les acteurs politiques sénégalais. Le fait qu’elle aurait été soutenue par M e Gaby So, avocat au barreau de Dakar, dans la rédaction de la plainte pour viols et menaces de mort, et que plusieurs membres de la coalition au pouvoir l’aient soutenue dans sa quête de justice, a très tôt donné à l’affaire un relent politique, de même que la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko, en février 2021, ainsi que les arrestations préventives de plusieurs membres de son parti.

    UNE FIGURE ANTI-SYSTÈME

    Les associations féministes qui ont longtemps lutté pour la criminalisation du viol ont subi de multiples pressions pour « porter » cette affaire et défendre Adji Sarr face à Ousmane Sonko. Un ministre de la Justice a ainsi reproché à plusieurs de ces associations de ne pas avoir défendu Adji Sarr, bien que le gouvernement ait accédé à la demande de criminalisation du viol en janvier 2020 – ce malgré les réticences du corps judiciaire qui s’inquiétait de la difficulté de prouver la réalité de ce crime en l’absence d’éléments scientifiques et/ou médicaux, qui étaient peu utilisés jusqu’alors, faute de moyens.

    En 2023, lorsque la justice relaxe au bénéfice du doute Sitor Ndour, ancien maire de Fatick et allié du président, pour des faits de viol sur une domestique mineure servant de nourrice pour ses enfants, en dépit des messages audio de l’accusé suppliant la mère de la victime de ne pas porter plainte et de trouver un accommodement avec lui, l’incrédulité de l’opinion face à sa partialité ne fait qu’augmenter.

    Le ralliement autour d’Ousmane Sonko dans cette affaire vient ainsi en partie des suspicions de manipulation judiciaire dans le but d’écarter un adversaire politique. En ce sens, l’affaire « Sweet Beauty » et l’utilisation des moyens de l’État pour exercer un pouvoir de contrôle et de coercition sur Ousmane Sonko a écorné l’image d’une démocratie sénégalaise réputée stable.

    Mais, plus fondamentalement, Ousmane Sonko articule des griefs partagés au sein de la société sénégalaise, quant à la prédation de l’économie par les élites, à la captation de l’économie sénégalaise par des capitaux étrangers, en particulier français, qui bénéficient d’exemptions fiscales sans impact positif sur les conditions des travailleurs, et aussi quant aux collusions entre cercles du pouvoir et cercles maraboutiques, dont les intérêts convergent souvent et qui s’accordent en général sans que « ceux d’en bas » ne soient pris en compte. C’est contre ce système qu’Ousmane Sonko a construit son discours politique depuis son irruption sur la scène politique en 2014, en apparaissant d’abord comme un lanceur d’alerte sur les incohérences de la politique gouvernementale. Le fait qu’il était à l’époque inspecteur des impôts et domaines et que nombre de ses collègues et même des acteurs économiques témoignaient de sa probité lui a donné une certaine crédibilité en tant que critique du « système ».

    « PROTÉGER LE PROJET »

    Depuis 1960, le Sénégal s’est positionné comme un havre de stabilité politique dans la sous-région en maintenant des liens forts avec la France et les États-Unis, qui se reflètent dans les relations économiques et sécuritaires. Au cours des deux mandats de Macky Sall, le Sénégal a eu des taux de croissance économique frôlant les 10 %, grâce aux secteurs tertiaire et primaire en particulier. Mais cette croissance n’est pas « mangée » par les locaux, et notamment par les gorgorlous (ceux qui se débrouillent pour gagner leur pain quotidien), qui ne se retrouvent pas dans ces chiffres et qui sont affectés par l’inflation sur les prix des produits de première nécessité et de l’énergie. En 2022, celle-ci avait atteint près de 10 % au Sénégal, réduisant le pouvoir d’achat de millions de travailleurs.

    À ces difficultés s’ajoutent des problèmes économiques qui poussent des milliers de jeunes dans la force de l’âge à tenter de fuir le pays chaque année, en quête de meilleures perspectives. Pour tous ces déclassés du système, Ousmane Sonko représente un espoir d’avenir meilleur car il est l’un des rares acteurs politiques à oser contester la structure de l’économie et à dénoncer les réponses cosmétiques à un problème de fond. Dans le discours ambiant, « protéger le projet » est un terme qui revient souvent. Et ce projet est incarné par Ousmane Sonko.

    Pour toutes ces raisons, Ousmane Sonko est vu comme le seul (et peut-être le dernier) espoir pour la réalisation de ces aspirations, mais aussi contre l’ambition prêtée à Macky Sall de vouloir briguer un troisième mandat, après avoir déjà marginalisé Karim Wade et Khalifa Sall, radiés de la liste des électeurs et donc inéligibles après leurs condamnations en 2014 et 2017. De fait, on ne peut comprendre la résistance à toute arrestation d’Ousmane Sonko et l’appel de l’intéressé à descendre dans la rue pour défendre le « projet » sans prendre en compte l’instrumentalisation de la justice afin d’écarter les rivaux politiques de Macky Sall ces dernières années.

    LES PRÉCÉDENTS KARIM WADE ET KHALIFA SALL

    En 2012, à peine élu, Macky Sall réactivait la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) pour juger les cas de corruption et de détournement sous Abdoulaye Wade, son prédécesseur au pouvoir de 2000 à 2012. Karim Wade, fils de l’ancien président et ancien tout-puissant ministre, fut l’une des cibles de cette cour et, au terme d’une procédure de deux ans (2012-2014), il fut condamné pour enrichissement illicite à payer une amende de 138 milliards de F CFA (plus de 210 millions d’euros). Cette condamnation le privait de ses droits politiques. À l’issue de tractations diplomatico-politiques, Karim Wade fut forcé de s’exiler à Doha (Qatar) en 2016. Depuis, il n’a plus jamais remis les pieds au Sénégal, et nombre de chefs de son parti, le PDS, ont rallié la majorité présidentielle.

    L’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, à Paris, en mai 2012 © Skolkovo Foundation / flickr.com

    En 2017, c’était au tour de Khalifa Sall, maire de Dakar de 2009 à 2017, d’être poursuivi par la justice et d’être condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement et à une amende de 5 millions de F CFA pour « escroquerie aux deniers publics », « faux et usage de faux dans des documents administratifs » et « complicité en faux en écriture de commerce » dans l’affaire dite de la « caisse d’avance » de la ville de Dakar. Cette caisse d’avance, qui constituait un fonds de soutien social, était utilisée comme fonds de mobilisation politique, et était perçue comme un contrepoids dangereux à la capacité financière de la majorité présidentielle. Lors de sa condamnation, Khalifa Sall a lui aussi perdu ses droits civiques, et c’est pourquoi sa candidature à la présidentielle de 2019 a été rejetée par le Conseil Constitutionnel.

    Si des fautes ont pu être commises par les deux hommes lorsqu’ils étaient aux affaires, les droits de la défense ont été violés dans les deux procédures. Récemment, l’ancien procureur de la Crei a dénoncé les immixtions politiques, exprimant sa frustration liée aux obstructions du chef de l’État [2]. La mobilisation populaire autour de Sonko s’explique en partie par le manque de confiance envers la justice exacerbé par ces affaires. Et c’est ce qui a poussé le camp Sonko à adopter la stratégie de la « rue publique » en janvier 2023.

    BRAS DE FER

    Le débat est désormais clivé, et chaque camp se radicalise. Les accusations de « fascisme » et de complicité avec la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), portées contre Sonko par des ministres, des directeurs d’agence et des patrons de quotidiens nationaux proches du pouvoir, sont de plus en plus fréquentes. Face à l’ascension de Sonko, la réponse consiste à le diaboliser, et à faire peur en invoquant les risques que pourrait causer son accession au pouvoir.

    L’audition des parties dans le cadre de l’affaire « Sweet Beauty » à partir de novembre 2022 a été le point de départ d’un nouveau bras de fer entre la rue et l’appareil étatique. Ousmane Sonko et ses partisans affirment depuis longtemps que le dossier de viols et de menaces de mort est vide. Ils arguent que le rapport de consultation médicale établi par un gynécologue l’exonère et que le procès-verbal d’enquête rédigé par la section de recherches a été manipulé par l’ancien procureur de Dakar – et donc que le juge d’instruction aurait dû clore l’information judiciaire. Il est vrai que le haut-commandant de la Gendarmerie avait diligenté une enquête interne sur le déroulé de la procédure en mars 2021, laquelle avait mis en lumière des interférences.

    La fuite vers Touba de Seydina Oumar Touré, l’un des deux capitaines enquêteurs, avant son retour à Dakar et sa radiation du corps de la gendarmerie en juin 2021 pour « fautes contre l’honneur, la probité et les devoirs généraux du militaire », ont renforcé le sentiment d’abus venant du sommet. Le remplacement du général Jean-Baptiste Tine, haut-commandant de la Gendarmerie, en avril 2021, a quant à lui été perçu comme une sanction par rapport à la gestion des manifestations de mars 2021. Il se trouve que le général Tine est celui qui a commandité l’enquête interne…

    DÉSOBÉISSANCE CIVILE

    Dans un contexte d’intenses pressions politiques sur l’appareil judiciaire – pressions venues des deux côtés –, la conclusion de cette affaire ne pouvait qu’être contestée. Lorsque le doyen des juges a décidé de renvoyer le dossier devant la chambre criminelle, en janvier 2023, Ousmane Sonko et son parti, le Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), ont adopté une nouvelle stratégie. Lors d’un discours tenu durant un grand meeting à Keur Massar en janvier 2023, Sonko a dit « confier » son sort aux Sénégalais et a affirmé que son testament était déjà rédigé. Face aux abus et à l’arbitraire du pouvoir, il a appelé au « gatsa-gatsa », c’est-à-dire à un retour à l’envoyeur face à tous ces outrages.

    Le pouvoir, en réponse, a dénoncé des appels à l’insurrection et promis de « défendre la République ». Depuis février 2023, plusieurs confrontations ont opposé sympathisants de Sonko et forces de l’ordre, à Mbacké (février), Dakar (février/mars) et Ziguinchor (mai). Dans une scène surréaliste captée par des téléphones en février, la brigade d’intervention polyvalente (BIP) de la police nationale a fracassé le véhicule d’Ousmane Sonko, de retour d’un procès pour diffamation, puis des policiers l’ont extrait de force de son véhicule pour le ramener chez lui, à la cité Keur Gorgui. En mars 2023, pour la même affaire de diffamation, policiers et partisans de Sonko se sont affrontés au rond-point Mermoz, à Dakar. Sonko, gazé et ramené de force au tribunal, puis hospitalisé, a parlé par la suite de « tentative d’assassinat ». La pression contre l’opposant va depuis crescendo. L’accès à sa résidence est régulièrement bloqué par la police et la gendarmerie, sans aucune justification légale.

    En mai 2023, à l’annonce du début du procès de l’affaire « Sweet Beauty », Sonko a appelé à une campagne de désobéissance civile pour protester contre l’arbitraire. De Ziguinchor, dont il est le maire, une ceinture composée de ses partisans protégeait le leader du Pastef de toute arrestation par les forces de l’ordre. Une tentative d’arrestation a d’ailleurs causé la mort d’un policier, écrasé par un véhicule de police, et la blessure de plusieurs manifestants.

    LA « BATAILLE FINALE » ?

    Le 24 mai, un jour après la fin des débats, Ousmane Sonko a annoncé son retour à Dakar et a demandé aux jeunes rassemblés devant son domicile s’ils étaient prêts à l’accompagner. Ainsi, devant une foule acquise, il a déclaré : « Nous n’avons pas à fléchir devant Macky Sall. Tous les Sénégalais qui ne peuvent pas accepter que notre projet soit compromis sur des bases telles que ce qui est en train de se passer, je les convie à se mouvoir vers Dakar. Car s’il doit y avoir une bataille finale, elle se fera à Dakar. »

    La « caravane de la liberté », qui devait passer par plusieurs villes entre Ziguinchor et Dakar, sur un trajet de 500 km, a constitué un autre épisode du bras de fer politique entre le pouvoir et Sonko. Elle a rapidement été interrompue le 27 mai, lorsque Ousmane Sonko a été arrêté dans le département de Koungheul, alors qu’il était séparé de ses partisans, par le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), puis assigné officieusement à résidence à Dakar.

    Depuis cette arrestation, Ousmane Sonko, ainsi que les membres de sa maisonnée, sont privés de leur liberté de mouvement. Sonko n’a ainsi plus accès à ses avocats. Plusieurs manifestations spontanées ont éclaté dans la capitale ainsi que des appels à lever de force les barricades érigées par la police à la cité Keur Gorgui. Le 1 er juin, lorsque le délibéré du procès est tombé, les manifestants ont pris possession de plusieurs rues de Dakar, mais aussi de Ziguinchor, de Kaolack et de Pout, entre autres villes, pour dénoncer l’iniquité d’un verdict qui risque de compromettre le « projet » . Les 1 er et 2 juin, au moins 15 personnes ont perdu la vie, dont plusieurs à la suite de tirs par balles des forces de l’ordre. Ousmane Sonko est devenu inaudible, car privé de tout moyen de communication. Mais la rue, elle, bruit d’énergie et de force, et semble sur le point d’exploser.

    Notes :

    [1] Rama Salla Dieng, « Une lecture féministe des événements politiques récents », Seneplus , mars 2021

    [2] « Le gros déballage de l’ex-procureur de la Crei, Alioune Ndao », Sud Quotidien , 24 octobre 2022

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      Sénégal : le PIB par habitant dépasse de 93 % celui du Rwanda

      Ilyes Zouari · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 21 November, 2022 - 03:30 · 12 minutes

    Avec un PIB par habitant de 1606 dollars début 2022, le Sénégal, pays du train le plus rapide d’ Afrique subsaharienne , affiche désormais un niveau de richesse par habitant près de deux fois supérieur à celui du Rwanda, parfois surnommé le « Singapour africain ». Le dynamisme sénégalais s’accompagne d’une modernisation rapide du pays, qui maîtrise dans le même temps sa dépendance aux aides publiques étrangères au développement et démontre par ailleurs que progrès et démocratie ne sont pas incompatibles.

    Selon les dernières données publiées par la banque mondiale, le PIB par habitant du Sénégal s’établissait à 1606 dollars début 2022, contre seulement 834 dollars pour le Rwanda, qui affiche ainsi un des niveaux les plus faibles du continent, où il se classe à la 38 e position. L’écart ne s’est donc guère réduit au cours de la dernière période quinquennale 2017-2021 et a même légèrement augmenté puisque les deux pays affichaient respectivement un PIB par habitant de 1267 dollars et 745 dollars fin 2016.

    Le dynamisme sénégalais

    Le niveau relativement élevé atteint par le Sénégal par rapport au reste de l’Afrique subsaharienne, résulte du grand dynamisme économique du pays, dont la croissance du PIB s’est établie à 5,1 % en moyenne annuelle sur la période de cinq années 2017-2021, malgré la grave crise économique ayant secoué le monde en 2020. Une année particulièrement difficile et à l’issue de laquelle le Sénégal avait d’ailleurs fait partie de la minorité de pays africains ayant connu une évolution positive (+1,3 %).

    En tenant compte des taux de croissance et du niveau de richesse par habitant déjà atteint (deux éléments nécessaires pour toute comparaison sérieuse, les pays les plus pauvres réalisant plus facilement des taux de croissance élevés), le Sénégal fait ainsi probablement partie des trois pays les plus dynamiques du continent, avec la Côte d’Ivoire et le Kenya. En effet, la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance annuelle de 5,9 % en moyenne sur la période 2017-2021, soit la deuxième plus forte progression du continent (derrière l’Éthiopie), alors même qu’elle affichait un PIB par habitant déjà assez élevé et atteignant 2579 dollars début 2022 (contre seulement 944 dollars pour l’Éthiopie, un des pays les plus pauvres d’Afrique).

    Une forte croissance qui lui a d’ailleurs permis de devenir le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest continentale malgré de modestes richesses naturelles en comparaison avec le Ghana et le Nigeria voisins (qui connaissent actuellement une grave crise économique).

    De son côté, le Kenya, qui était déjà le pays le plus riche d’Afrique de l’Est (hors très petits pays insulaires et Djibouti), a tout de même observé une évolution annuelle assez robuste de 4,3 % pour atteindre un PIB par habitant de 2007 dollars début 2022.

    Quant au Sénégal, et malgré une richesse très largement supérieure, il est parvenu à avoir un niveau de croissance comparable à celui du Rwanda, qui a enregistré un taux de 5,8 % en moyenne annuelle sur la période 2017-2021. Ce qui ne permit guère à ce dernier de combler son retard par rapport au Sénégal, qui a même légèrement creusé l’écart compte tenu du fait que l’évolution du PIB par habitant, calculé à prix courants, dépend également d’autres facteurs, comme l’évolution du cours de la monnaie nationale et des produits d’exportation.

    PIB par habitant sénégal rwanda 2017-2021

    Les bonnes performances économiques du Sénégal sont elles-mêmes le fruit des nombreuses mesures prises au cours des dernières années et s’inscrivant en bonne partie dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE). Débutée en 2014, la mise en œuvre de cette stratégie décennale permit de doubler le taux de croissance annuel moyen du pays grâce aux réformes accomplies en matière d’amélioration du climat des affaires, à une politique de grands travaux et à une politique active de diversification des sources de revenus, en s’appuyant notamment sur le développement du secteur agricole, des industries agroalimentaires, des industries des matériaux de construction ou encore du secteur du numérique et des nouvelles technologies.

    À titre d’exemple, le secteur agricole a connu une forte expansion de la culture du riz dont la production a presque triplé au cours de la dernière décennie dans un pays où cette céréale est un des piliers de l’alimentation locale et qui ambitionne d’atteindre prochainement l’autosuffisance en la matière. La hausse spectaculaire de la production avait d’ailleurs été initiée à la suite des émeutes de « la faim » de 2008, preuve que le Sénégal aurait pu commencer bien plus tôt, comme certains pays arabes et asiatiques avant lui…

    Quant aux nouvelles technologies, et grâce à un cadre réglementaire de plus en plus propice à l’investissement, le Sénégal a vu se multiplier les entreprises liées au numérique et à l’internet. Le secteur connaît un tel dynamisme que le pays vient de faire son entrée parmi les dix pays les plus innovants du continent africain, selon le dernier classement international publié par l’Organisation internationale de la propriété intellectuelle (Indice mondial de l’innovation, 2022).

    Si le Sénégal, classé 99 e au niveau mondial et 10 e au niveau africain, demeure encore assez largement derrière l’Afrique du Sud (61 e place mondiale) et le Maroc (67 e ), le pays fait désormais presque aussi bien que l’Égypte (89 e , et 7 e en Afrique), et dépasse des pays comme le Rwanda (respectivement 105 e et 11 e ) et le Nigeria (114 e et 15 e ). De même, le Sénégal dépasse désormais quelques pays d’Amérique centrale, à savoir le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras.

    Par ailleurs, il est également à noter que le Sénégal continue à s’affirmer comme pôle majeur de la médecine en Afrique. Chose qu’il fut encore possible de constater lors de la signature d’un accord, en juillet 2021, avec des pays et institutions de l’Union européenne, les États-Unis et la Banque mondiale, portant sur la construction d’une usine de production de vaccins destinés au continent (contre le Covid-19 et des maladies endémiques).

    Une modernisation rapide du pays

    Les nombreuses avancées en matière de création de richesse sont allées de pair avec une modernisation rapide du pays, où se sont multipliés les grands chantiers d’infrastructure au cours des quelques dernières années : ponts, autoroutes, aéroports, centrales électriques ou encore installations sportives (comme avec la récente inauguration, en février 2022, d’un stade ultramoderne de football de 50 mille places, souvent présenté comme « le plus beau stade d’Afrique »).

    Quant aux transports publics, le pays s’est dernièrement distingué par la mise en service en décembre 2021 d’un train express régional pouvant atteindre la vitesse de 160 km/h dans l’agglomération dakaroise et faisant de lui le train le plus rapide de toute l’Afrique subsaharienne, à égalité avec le Gautrain sud-africain (le TGV marocain étant, pour sa part, le plus rapide de l’ensemble du continent, avec une vitesse de 320 km/h).

    Parallèlement à cette politique de grands travaux, le Sénégal a également accompli de grandes réalisations en matière d’amélioration du niveau et de la qualité de vie de la population. Ainsi, et selon les dernières données de la Banque mondiale, le taux d’accès à l’électricité a atteint 70,4 % de la population fin 2020, plaçant ainsi le Sénégal à la septième place des pays d’Afrique subsaharienne, hors minuscules États insulaires (ne pouvant être pris en compte pour de pertinentes comparaisons).

    Le pays fait ainsi largement mieux que le Rwanda, qui affichait un taux de seulement 46,6 %, soit moins de la moitié de la population et en dessous de la moyenne subsaharienne de 48,4 % (malgré la petite taille du territoire, sept fois et demie moins étendu que le Sénégal). De même, et toujours hors très petits pays insulaires, le Sénégal se classe à la sixième position en Afrique subsaharienne pour ce qui est du pourcentage de la population utilisant internet, avec un taux de 43 % en 2020, contre 27 % pour le Rwanda, qui se situe là aussi en dessous de la moyenne subsaharienne, mais qui est parfois surnommé le « Singapour africain » (le pays étant un important client des agences de communication internationale).

    Quant à la mortalité infantile, le Sénégal arrive à la deuxième place avec un taux de 29 décès pour 1000 naissances vivantes, se classant tout juste derrière l’Afrique du Sud (26) et devant le Rwanda (30), qui arrive en sixième position. Toutefois, si le Rwanda a réalisé d’importantes avancées en matière d’accès aux soins et de santé publique, les inégalités sociales et le taux d’extrême pauvreté y demeurent encore très élevés, une importante partie de la population vivant avec moins de 2,15 dollars par jour en parité de pouvoir d’achat (nouveau seuil d’extrême pauvreté retenu par les institutions internationales, depuis la rentrée 2022). Ainsi, et selon les dernières données de la banque mondiale, parfois relativement anciennes mais permettant de se faire une idée approximative, le taux d’extrême pauvreté atteignait non moins de 52 % de la population rwandaise en 2016, contre seulement 9,3 % pour le Sénégal en 2018.

    Il est d’ailleurs à noter que la réalisation d’études en la matière est assez difficile au Rwanda, qui s’était même distingué en 2005 en obligeant les agents de la Banque mondiale à détruire sur place l’intégralité de leurs études sur la pauvreté dans le pays. Un acte assez inhabituel au niveau international mais qui n’a pourtant fait l’objet d’aucune protestation officielle de la part de cette grande institution, grâce à l’opposition des États-Unis.

    Par ailleurs, il convient de rappeler qu’une partie de la richesse produite par le Rwanda provient de l’exploitation illégale des ressources minières de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). S’il n’est pas si rare de voir des pays puiser illégalement dans les richesses de leurs voisins (comme, par exemple, avec l’exploitation du bois précieux sénégalais par la Gambie), le Rwanda se distingue toutefois en étant le seul et unique pays au monde à le pratiquer à grande échelle, au point de se classer souvent parmi les deux principaux producteurs et exportateurs mondiaux de tantale, un élément stratégique extrait à partir d’un minerai appelé coltan, alors que son sous-sol en est pratiquement dépourvu. Une situation ubuesque dont est victime la RDC depuis de nombreuses années, mais qui est rendue possible par une féroce protection diplomatique américaine et britannique au profit des autorités rwandaises… facilitée par une certaine indifférence des pays africains et de l’Union africaine.

    Transparence et bonne gouvernance

    Les grands progrès économiques et sociaux réalisés par le Sénégal se sont accompagnés d’importantes avancées en matière de lutte contre la corruption, de transparence et de bonne gestion des deniers publics.

    Ainsi, et en se positionnant à la 73 e place mondiale dans le dernier classement établi par l’organisation non gouvernementale Transparency international (Indice de perception de la corruption, 2022), le Sénégal fait désormais partie des pays les moins corrompus du continent Africain, et fait même presque partie du premier tiers des pays les plus vertueux en la matière dans le monde. Sur le plan africain, le Sénégal se classe maintenant à la 11 e place, au même niveau que la Gabon (11 e , ex æquo), juste derrière l’Afrique du Sud (10 e , et 70 e au niveau mondial), et loin devant des pays comme le Kenya et le Nigeria, qui occupent respectivement la 128 e et la 154 e place mondiale.

    De plus, il est à noter que les progrès économiques et sociaux accomplis par le Sénégal s’accompagnent également d’une maîtrise de la dépendance aux aides extérieures, contrairement au Rwanda qui continue à faire partie des dix pays africains les plus dépendants de la charité internationale. En effet, et selon les dernières données de la Banque mondiale, l’ensemble des aides publiques au développement (APD) reçues par le Sénégal en 2020 n’ont représenté que 6,7 % du Revenu national brut, contre non moins de 16,3 % pour le Rwanda, qui occupait la neuvième place continentale, comme en 2019, en se classant entre la Gambie et le Niger. Une situation plutôt inattendue pour un pays dont les plus hautes autorités ont régulièrement affirmé que l’Afrique devait apprendre à se développer par elle-même (et dont le Président avait même déclaré que le continent n’avait pas besoin de baby-sitter).

    Par ailleurs, il est également à noter que l’importance des aides reçues par le Rwanda n’a nullement empêché la hausse constante de l’endettement du pays, dont la dette publique devrait connaître la cinquième plus forte hausse d’Afrique subsaharienne sur la période de trois années 2019-2021, selon le FMI, pour atteindre 68,1 % du PIB fin 2022, en hausse de 18,3 points de pourcentage (et 77,3 % pour le Sénégal, en hausse de 13,7 points, avec une baisse attendue à partir de 2023).

    En faisant partie de l’Afrique francophone, le Sénégal fait d’ailleurs également partie de la zone la moins dépendante du continent à l’égard des aides étrangères (hors grands pays pétroliers et miniers), mais aussi globalement la moins endettée, la plus dynamique économiquement (ayant réalisé en 2021 les meilleurs performances économiques du continent pour la huitième année consécutive, et la neuvième fois en dix ans), la plus stable, la moins inégalitaire et la moins violente.

    Les différentes réussites du Sénégal lui permettent ainsi de démontrer que démocratie et liberté d’expression ne sont pas incompatibles avec le progrès économique et social. De même, le Sénégal peut se féliciter d’être parvenu à atteindre ce niveau de développement avant de devenir un producteur de gaz et de pétrole, suite à la découverte d’assez importants gisements au large de ses côtes.

    Mais afin de lui être réellement profitable, cette nouvelle et importante manne qui s’annonce ne devra pas entraver la poursuite des réformes et des efforts de diversification et d’industrialisation du pays. Celui-ci devra notamment s’inspirer des pays pétroliers du Nord (Norvège, Royaume-Uni, Canada, États-Unis), qui ont toujours su développer les différents pans de leur économie, au nom de l’indépendance nationale, tout en atteignant un niveau élevé en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption et les détournements de fonds.

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      Au Sénégal, 11 bébés meurent dans l'incendie d'un hôpital

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 26 May, 2022 - 10:44 · 5 minutes

    La grand-mère d'un bébé de dix jours devant l'hôpital incendié, le 25 mai 2022 à Tivaouane, au Sénégal. La grand-mère d'un bébé de dix jours devant l'hôpital incendié, le 25 mai 2022 à Tivaouane, au Sénégal.

    SÉNÉGAL - Nouveau drame au Sénégal. Onze bébés ont péri mercredi 25 mai au soir dans un incendie apparemment accidentel à l’hôpital de Tivaouane (ouest), dernier drame en date à mettre en lumière les graves carences du système de santé du pays. La tragédie a causé la consternation et amplifié l’exaspération devant la répétition de tels chocs dans ce pays pauvre .

    Le sinistre a été causé par un court-circuit dans l’unité néo-natale de l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh où se trouvaient les nouveau-nés, a dit le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr cité par la presse. L’unité a une capacité de 13 bébés. “Au moment de l’incendie il y en avait 11, que les infirmières n’ont pas pu sauver”, a-t-il dit.

    “Trois bébés ont été sauvés”, a contredit pour sa part le maire de Tivaouane, Demba Diop. L’incendie a été causé par “un court-circuit et le feu s’est propagé très vite”, a dit M. Diop, également député connu sous le nom de Diop Sy.

    La “douleur” et la “consternation” du président Macky Sall

    “Mon fils a été baptisé hier, il n’a que que neuf jours. La maternité était pleine et je pense qu’il n’y a pas de survivants”, a dit dans la nuit une mère non-identifiée au site d’information Dakaractu.

    Les personnalités se sont succédé sur place dans la nuit. Le président Macky Sall , en déplacement à l’étranger, a dépêché son ministre de l’Intérieur Antoine Diome. La cité d’environ 40.000 habitants est le fief des Tidianes, l’une des importantes confréries musulmanes qui jouent un rôle social essentiel au Sénégal, et son chef a lui aussi envoyé son représentant sur place.

    “Je viens d’apprendre avec douleur et consternation le décès de 11 nouveau-nés dans l’incendie survenu au service de néonatalogie de l’hôpital” de Tivaouane, a tweeté le président Macky Sall. “À leurs mamans et à leurs familles, j’exprime ma profonde compassion”, a-t-il ajouté.

    Au lever du jour, seul un véhicule de police placé à l’entrée de l’hôpital en bord de route signalait la tragédie survenue quelques heures auparavant. Des patients franchissaient, semble-t-il comme à l’accoutumée, le portail où des agents de sécurité filtraient les entrées. Les lieux de l’incendie sont invisibles de la route.

    Plusieurs drames dans les hôpitaux sénégalais

    Les hôpitaux sénégalais ont connu d’autres drames récemment. Quatre nouveau-nés avaient succombé le 25 avril 2021 dans un incendie à Linguère, dans le nord du pays. Le maire et alors ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait évoqué un dysfonctionnement électrique d’une unité de climatisation dans la maternité.

    Le 1er avril, Astou Sokhna, une femme d’une trentaine d’années enceinte de neuf mois, est morte à l’hôpital public de Louga (nord) après avoir, selon ses proches, vainement attendu dans de très grandes souffrances et pendant une vingtaine d’heures la césarienne qu’elle réclamait.

    Face au tollé provoqué par la mort d’Astou Sokhna, le président Sall avait donné pour instruction de chercher les responsabilités. Le directeur de l’hôpital a été révoqué et remplacé.

    “Cette situation est très regrettable et extrêmement douloureuse. L’enquête est en cours pour voir ce qui s’est passé” à Tivaouane, a déclaré sur la radio RFM le ministre de la Santé qui a annoncé son retour jeudi de Genève où il assistait à une réunion de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    “Un système global défaillant”

    Le chef de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a tweeté avoir “le cœur plus que brisé”. “J’espère que cette fois les sanctions frapperont le sommet d’un système globalement défaillant” sans attendre que soient passées les législatives de juillet, a tweeté l’ancien Premier ministre sénégalais Abdoul Mbaye.

    Le responsable de la section sénégalaise d’Amnesty, Seydi Gassama, “exhorte le gouvernement à mettre en place une commission d’enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables”, sur Twitter.

    “Encore des bébés brûlés dans un hôpital public. C’est inacceptable Macky Sall”, a tweeté un député de l’opposition, Mamadou Lamine Diallo.

    “Tout le Sénégal est atterré”, s’est émue la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi qui a dit attendre que toute la lumière soit faite sur ce qui s’est passé et a annoncé suspendre toute activité politique dans le pays pendant 72 heures.

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