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      Mali jihadists kill at least 64 people amid growing Islamist threat

      news.movim.eu / TheGuardian · Friday, 8 September, 2023 - 01:10


    Group affiliated with al-Qaida take credit for attacks on army base and river boat

    Attacks by suspected jihadists on an army base and a passenger boat on the Niger river in northern Mali killed 64 people, a Malian official has said.

    The two separate attacks on Thursday targeted the Timbuktu boat on the river and an army position at Bamba, in the northern Gao region, with “a provisional toll of 49 civilians and 15 soldiers killed”, according to a government statement.

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      L’Europe dans le Sahel : la culture de l’impuissance ?

      Pierre d'Herbès · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 7 December, 2022 - 03:50 · 5 minutes

    Un coup dur pour la mission de l’ONU, déjà privée cet été de l’appui déterminant de l’opération Barkhane. Outre la recrudescence des attaques et des violences intercommunautaires, l’Europe est aussi menacée de voir son influence régionale diminuée au profit de ses compétiteurs stratégiques.

    Pendant quelques mois, Berlin avait fait planer le doute sur ses intentions, jusqu’à envisager officiellement, en mai, l’augmentation de ses effectifs déployés sur le théâtre malien.

    Finalement, l’Allemagne a annoncé son retrait de la Minusma d’ici au début de l’année 2024. Elle prend la suite des Britanniques qui ont indiqué leur retrait à la mi-novembre, ainsi que des Suédois (février). À noter que l’Égypte, la Côte d’Ivoire et le Bénin, trois alliés de la France, ont aussi annoncé leur départ.

    En parallèle, la mission européenne de formation de l’armée malienne, EUTM Mali, se réduit aussi. Ses effectifs de 500 hommes ont été réduits cet été à 300 par Bruxelles. Ses effectifs étaient majoritairement fournis par l’Allemagne et l’Espagne. Le départ allemand de la Minusma et la dégradation des relations entre l’Europe et le Mali ne laissent que peu de doutes sur la pérennité de la mission sur le long terme. La République tchèque a initié un premier mouvement en ce sens, au début du mois de novembre, en indiquant son retrait de la mission.

    L’impuissance européenne

    La mauvaise volonté du gouvernement malien et sa collaboration avec les mercenaires de l’agence russe Wagner sont en partie à l’origine de ces départs en cascades. On peut aussi y voir un soutien à la position française vis-à vis du régime de transition malien. Le départ cet été des derniers soldats français du Mali a également rappelé à la Minusma et aux forces européennes leur dépendance opérationnelle à l’opération Barkhane. De facto , toutes les rares forces déployées par des pays européens dans le Sahel étaient dépendantes de la France.  Non seulement les missions EUTM et la Minusma mais aussi la Task Force Takuba . Sans compter les 300 combattants britanniques, danois et estoniens intégrés organiquement à l’Opération Barkhane.

    Or c’est bien le nœud du problème : indépendamment des services parfois décisifs qu’ils peuvent fournir les pays européens ne peuvent rien militairement sans l’intervention d’une nation cadre. Et l’ Occident n’en compte que deux :  les États-Unis et France. L’esprit de défense est par ailleurs singulièrement bas : dans le cadre de la Minusma, l’Allemagne refusait que ses soldats soient mis en danger tout en peinant à trouver un accord au niveau politique dans le degré de son implication. Un facteur limitant largement la palette opérationnelle de Berlin et son utilité aux côtés de Paris.

    Perte d’influence européenne

    Ce retrait progressif de l’Europe dans le Sahel est symbolique de la perte d’influence mondiale de l’Europe.

    La guerre d’Ukraine dans laquelle le continent est plus spectateur qu’acteur en est l’expression la plus flagrante. La sous-région du Sahel n’en demeure pas moins un enjeu stratégique car la guerre d’Ukraine n’a pas fait disparaître l’instabilité structurelle de la région et les risques qu’elle fait peser sur l’Europe. Au Mali comme au Burkina Faso, les attaques des groupes armés terroristes et les violences intercommunautaires s’amplifient à mesure que la réponse internationale (Barkhane, Minusma, EUTM) s’affaiblie. La menace métastase et commence à s’implanter vers le nord du golfe de Guinée (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin).

    Parallèlement, d’autres pays s’y affirment, comme la Russie via le groupe Wagner. En collusion avec Moscou , l’Algérie tente actuellement de réactiver ses structures de commandement « multilatérales », le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) et l’Unité de fusion et de liaison (UFL), qui avaient été marginalisées par l’opération Barkhane et la mise en place du G5 Sahel. Alger a toujours considéré la zone comme sa chasse gardée. La Turquie tente, elle aussi, de s’y implanter. La montée en force régionale de ces puissances revient à déléguer une partie de la sécurité de la France et de l’Europe à des compétiteurs stratégiques. Sans compter la simple perte d’influence. Déjà des narratifs anti-allemands et anti-italiens commencent à se développer.

    La crise n’est pas terminée

    Comment se présentent les évènements ?

    Paris recompose aujourd’hui son dispositif autour du Niger et du Tchad. Les relations sont restées très bonnes avec ces pays tout comme avec la Mauritanie. Dans les mois qui viennent, l’opération Barkhane devrait disparaître au profit de nouvelles modalités d’intervention.

    Selon les déclarations d’Emmanuel Macron au début du mois de novembre l’armée française gardera 3000 soldats dans la région mais n’agira plus qu’en accompagnement des forces de ses partenaires. À voir les modalités concrètes : car ces dispositions sont proches de celles formulées par le sommet de Pau en janvier 2020. C’était d’ailleurs la raison d’être de la Task Force Takuba .

    Parallèlement, l’effort européen apparait, sans surprises, assez minime. Bruxelles réfléchit à déplacer la mission EUTM au Niger. De son côté l’Italie dispose toujours de sa mission (CIMIN) de coopération et de formation de l’armée nigérienne. Mais la situation n’est pas figée.

    Il n’est pas impossible que la France temporise avant de se doter d’un nouveau plan d’action. Dans le cas contraire on peut penser que Paris n’aurait pas gardé autant de personnels sur place : le même nombre qu’au début de l’opération Barkhane en 2014. Or, la « saison fraiche » est de retour et les attaques vont se multiplier. Il n’est pas interdit de voir la situation se dégrader rapidement au Mali, sans que le groupe Wagner puisse s’y opposer. Déjà depuis quelques mois, la situation du régime de Transition apparait de plus en plus précaire .

    La France pourrait alors être amenée à intervenir de nouveau, avec une légitimité réaffirmée. Avec, on l’espère, une doctrine d’influence et de maitrise de son environnement cognitif plus élaborée qu’auparavant : sa seule véritable erreur ces dernières années.

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      La France dans la tourmente au Sahel

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 16 January, 2021 - 04:25 · 7 minutes

    France au Sahel

    Par Marc-Antoine Pérouse de Montclos 1 .
    Un article de The Conversation

    L’Élysée n’a annoncé aucun calendrier de retrait et certains posent la question très crûment : l’ancienne puissance coloniale est-elle vraiment la mieux placée pour stabiliser la zone ?

    Défiance des populations locales

    À l’international, en l’occurrence, on estime souvent que la France a la capacité d’agir en Afrique car elle connaît bien le terrain et pourrait donc mieux répondre aux attentes de ses alliés au sein de l’Union européenne et du G5 Sahel, le « Groupe des Cinq » que forment le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Le problème est que ses atouts sont aussi des faiblesses.

    Sur le plan tactique, d’abord, la France a effectivement maintenu au Tchad et au Niger des coopérations militaires de façon quasiment ininterrompue depuis la période des indépendances. Mais les relations ont été beaucoup plus erratiques avec la République islamique de Mauritanie, ou encore avec le Mali et le Burkina Faso, qui étaient proches de Moscou et de Tripoli du temps de la guerre froide. C’est en fait la « guerre globale contre le terrorisme » qui a amené l’armée française à renouer des contacts et à rebâtir des relations de partenariat dans ces trois pays.

    Le statut d’ancienne puissance coloniale nourrit par ailleurs de nombreux procès d’intention au Sahel. Toujours suspectée de faire et défaire les gouvernements de la région, la France n’est pas perçue comme neutre. Au contraire, elle est régulièrement accusée de chercher à promouvoir un agenda caché, par exemple pour mettre la main sur des ressources naturelles plus ou moins imaginaires.

    Historiquement marqués par une forte tradition anti-impérialiste, le Mali et le Burkina Faso le montrent bien. Les opinions exprimées sur les réseaux sociaux et par certains de leurs dirigeants laissent en effet entendre que la France soutiendrait les groupes djihadistes afin de déstabiliser des États souverains et de profiter de leur faiblesse pour recoloniser le Sahel. Au Mali, en particulier, la population ne cache pas sa défiance à l’égard de la force Barkhane. En revanche, elle a une très bonne opinion de son armée. Si l’on en croit de récents sondages réalisés auprès de 1200 adultes, plus de quatre Maliens sur cinq font confiance à leurs soldats pour défendre le pays.

    Un tel résultat paraît assez surprenant car les militaires qui se sont récemment emparés du pouvoir à Bamako se sont révélés incapables d’endiguer la menace djihadiste au nord. De plus, ils se sont surtout fait connaître pour leurs exactions et par des putschs qui ont profondément déstabilisé la région en 2012 puis 2020. En réalité, le capital de sympathie dont bénéficie l’armée malienne témoigne surtout de l’impopularité du régime précédent et du nationalisme exacerbé de Sahéliens profondément humiliés de devoir s’en remettre à l’ancienne puissance coloniale pour assurer leur sécurité, plus d’un demi-siècle après les indépendances – à moins qu’il faille plutôt y voir la crainte de déplaire aux autorités, sachant qu’un tiers des sondés pensaient que les enquêteurs étaient envoyés par le gouvernement.

    Des contentieux anciens

    Au Mali, il est vrai que la suspicion à l’égard de la France puise aussi ses racines dans des contentieux plus anciens liés à l’expulsion de migrants clandestins et d’un supposé soutien aux rebelles touarègues dans le nord.

    Deux ans avant son départ en 1960, le colonisateur avait en effet tenté, en vain, de créer une sorte d’État tampon sous la forme d’une « Organisation commune aux régions du Sahara » qui aurait soustrait les zones septentrionales du Soudan français et les puits de pétrole du sud de l’Algérie à l’influence, respectivement, de Bamako et des indépendantistes du FLN. Les Maliens ne l’ont pas oublié et, depuis lors, Paris a souvent été suspecté d’appuyer en sous-main les séparatistes touarègues afin de modifier une frontière qui paraissait d’autant plus artificielle qu’elle avait été tirée au cordeau.

    Qui plus est, quand les djihadistes venus d’Algérie sont montés en puissance dans le nord du Mali, les services secrets français ont effectivement armé les mouvements indépendantistes « laïques » pour combattre les groupes terroristes. Ils ont ainsi reproduit les erreurs commises à la même époque en Libye, où Paris a soutenu le soulèvement contre la dictature de Kadhafi en livrant des cargaisons d’armes qui, pour certaines d’entre elles, sont réputées avoir échoué entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) en juin 2011. Dans le nord du Mali, la proclamation d’indépendance de l’Azawad en mai 2012 a certes respecté le tracé des frontières héritées de la colonisation, sans doute pour ménager les susceptibilités de la communauté internationale. Mais elle a aussi permis aux djihadistes de s’emparer du pouvoir à Gao et Tombouctou, situation qui devait finalement conduire au débarquement des troupes françaises en janvier 2013.

    La suite des événements a alors révélé toute l’étendue des désaccords possibles sur les priorités stratégiques de l’action militaire. Pour Bamako, les séparatistes touarègues constituaient le principal ennemi à abattre ; pour Paris, en revanche, il s’agissait d’abord des djihadistes venus d’Algérie. Jusqu’en 2020, plus précisément, l’armée française a surtout ciblé AQMI. Dans le même temps, le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sont davantage préoccupés de la montée en puissance de l’État islamique dans la zone dite des « trois frontières ».

    Il est certes fréquent que des alliés ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les priorités des cibles à éliminer et sur les listes des groupes désignés comme terroristes. Mais, en pratique, le G5 Sahel peine à être opérationnel et ses dysfonctionnements interrogent directement le rôle de leadership et de coordination de la France. Le contraste est particulièrement saisissant avec l’autre coalition antiterroriste de la région, la Force multinationale conjointe , qui fonctionne quasiment sans soutien extérieur et qui regroupe le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad pour combattre Boko Haram.

    Quel rôle pour la France dans la recherche d’une solution politique ?

    À y regarder de plus près, les ratés de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel mettent en évidence les limites de coopérations militaires que les décideurs apprécient au nombre d’heures dispensées au lieu de les évaluer en termes de performance au combat et de respect du droit humanitaire. Le fond du problème est pourtant bien là. Indisciplinées et très corrompues, les armées africaines de la région entretiennent les conflits par leurs rackets incessants et leurs violations massives des droits de l’Homme . Dans les zones de combat, notamment, elles ont perdu la confiance de bon nombre de civils qu’elles sont incapables de protéger. Par contrecoup, leurs exactions ont aussi légitimé des djihadistes qui se présentent maintenant comme des hérauts de la résistance face à des troupes impies au service de l’impérialisme occidental.

    Ainsi, il y a peu de chances de gagner la « guerre contre le terrorisme » si les forces de sécurité continuent de commettre des abus en toute impunité. La solution à la crise du Sahel est d’abord politique et nécessite une profonde réforme des États de la région, entre autres pour répondre aux exigences de justice de la population. Il n’est pas évident que la France puisse jouer un rôle déterminant à cet égard, sachant qu’elle serait aussitôt accusée de néocolonialisme si elle s’avisait de critiquer publiquement les errements de ses alliés africains au Sahel…

    Sur le web The Conversation

    1. Directeur de recherches, Institut de recherche pour le développement (IRD).