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      Petit traité de libéralisme à l’attention de Sandrine Rousseau

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 19 April, 2023 - 03:30 · 21 minutes

    Le 5 avril 2023, la députée Europe Écologie Les Verts Sandrine Rousseau a affirmé dans un tweet que « le libéralisme engendre le fascisme ».

    Comment ne pas être résigné, tant ces manipulations sémantiques sont devenues choses courantes dans le paysage intellectuel et politique français ? Cette déclaration devrait susciter une hilarité à la hauteur du travestissement des mots qu’elle engendre. Pourtant, à l’exception de l’indignation de quelques braves libéraux sur les réseaux, le mutisme a régné, et rares ont été les réactions venues d’ailleurs.

    Qu’une députée et universitaire puisse à ce point parodier le réel dans l’indifférence totale ne manque pas d’intriguer. En fait, tout porte à croire que ce silence est hautement significatif. Le libéralisme et ses variantes ( néolibéralisme , ultralibéralisme , turbo libéralisme , libéralisme sauvage …) sont devenus autant de qualificatifs vidés de leur sens et instrumentalisés péjorativement. C’est parce que l’antilibéralisme et ses lieux communs ont progressivement envahi l’univers mental collectif des Français qu’il est possible, en 2023, de soutenir qu’il y aurait continuité ou équivalence entre la philosophie libérale et le fascisme. Ce tour de passe-passe rhétorique prospère au prix d’une méconnaissance profonde de l’histoire, de la diversité et de la richesse de la pensée libérale.

    50 nuances d’antilibéralisme

    Ainsi n’est-il pas rare de lire ou d’entendre que le libéralisme ne serait qu’un vulgaire économisme se résumant à un « laisser-faire » immoral ; un individualisme forcené, construit sur une forme d’anarchisme sauvage et de darwinisme social, menant à l’atomisation du corps social et détruisant la fraternité et l’altruisme ; un « rouleau compresseur » 1 uniformisant et globalisant ; une pensée « conservatrice », « de droite » ; et enfin… le libéralisme serait le germe, le porte-parole, le concepteur, si ce n’est la réplique d’une forme de « totalitarisme ». Son bras armé ? La « dictature du marché ».

    Si cette dernière idée reçue nous intéresse tout particulièrement, c’est qu’elle procède d’une véritable inversion des valeurs : en réalité, le libéralisme est l’opposé le plus chimiquement pur du totalitarisme ou du « fascisme », pour reprendre les mots de madame Rousseau.

    Plutôt que de réfuter ce qu’il n’est pas , tâchons plutôt de rappeler ce qu’est le libéralisme en évoquant succinctement ses fondations conceptuelles, tout en gardant à l’esprit que, par-delà ce socle commun, la pensée libérale brille par sa diversité, et son histoire est caractérisée par d’innombrables tensions sur des points de doctrines capitaux.

    Le libéralisme est une défense de la souveraineté individuelle

    « La liberté naturelle de l’homme, c’est de ne reconnaître sur terre aucun pouvoir qui lui soit supérieur, de n’être assujetti à la volonté de personne »

    John Locke, Traité du gouvernement civil , 1690.

    « Le but des anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie : c’était là ce qu’ils nommaient liberté. Le but des modernes est la sécurité dans les jouissances privées ; et ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances. »

    Benjamin Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes , 1819.

    « J’ai défendu quarante ans le même principe, liberté en tout, en religion, en philosophie, en littérature, en industrie, en politique : et par liberté, j’entends le triomphe de l’individualité, tant sur l’autorité qui voudrait gouverner par le despotisme, que sur les masses qui réclament le droit d’asservir la minorité à la majorité. Le despotisme n’a aucun droit. »

    Benjamin Constant, Mélanges de littérature et de politique .

    Le libéralisme trouve son origine dans l’absolue nécessité de défendre la souveraineté de l’individu. Au XVII e siècle, John Locke (1632-1704) soutient, dans son Traité du gouvernement civil (1690) que chaque individu possède des droits naturels inaliénables (la vie, la liberté, la propriété) et assigne au gouvernement la mission d’en garantir l’existence.

    Partant de ce constat, la souveraineté de l’individu débouche inévitablement sur la défense des libertés individuelles (liberté d’expression, d’association, de religion, de conscience, d’entreprendre…). Personne n’a exprimé avec plus de brio que Benjamin Constant (1767-1830) le contenu et la spécificité de cette « liberté des Modernes ». Cette dernière, contrairement à la « liberté des Anciens », se concentre sur la protection des droits individuels et la limitation du pouvoir de l’État. Pour Constant, les citoyens devraient être libres de poursuivre leurs propres intérêts et aspirations sans qu’un pouvoir ou une morale extérieure n’interfèrent. Pour ce faire, le pouvoir politique ne peut être absolu, quelle que soit sa source, là où la liberté des Anciens repose sur « l’assujettissement complet de l’individu à l’autorité de l’ensemble » 2 . Le libéralisme défend donc l’autonomie personnelle : à savoir, l’existence d’une sphère d’action propre à l’individu dans laquelle il peut se mouvoir à sa guise, vivre selon ses propres idéaux et convictions, du moment que cette liberté n’altère pas celle d’autrui.

    Contrairement aux caricatures et aux lectures erronées du discours de Constant, La liberté des Anciens comparée à celle des Modernes n’est pas l’éloge d’un individualisme égoïste, de la monade, de l’être replié sur soi. Il avertit au contraire sur les dangers que court la liberté si elle ne s’investit pas dans les arcanes de la cité, dans l’administration de la chose publique. La liberté individuelle et la liberté politique vont de pair. Le citoyen et l’individu doivent cohabiter. Constant nous invite à ne pas mésestimer cette association : « Le danger de la liberté antique était qu’attentifs uniquement à s’assurer le partage du pouvoir social, les hommes ne fissent trop bon marché des droits et des jouissances individuelles. Le danger de la liberté des modernes, c’est qu’absorbés dans la jouissance de notre indépendance privée, et dans la poursuite de nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique » 3 . Ces nuances sont importantes puisqu’elles battent en brèche les caricatures d’un libéralisme et d’un individualisme atomiste, destructeurs du lien social et politique.

    Mais pour qu’elle ne soit pas vidée de son contenu, cette liberté n’est pas une licence, une « liberté métaphysique » illimitée. Elle est encadrée par le réel , qui dessine les contours du faisable et du non-faisable. Et cette liberté va de pair avec la responsabilité individuelle, autre concept maltraité par de nombreuses mécompréhensions et caricatures. Celle-ci est, pour les libéraux, la condition sine qua non d’une liberté bien comprise : « seul un homme maître de ses choix est susceptible d’en recueillir les bienfaits et d’en subir les conséquences » 4 . C’est un point que ses adversaires négligent totalement lorsqu’ils opposent une « liberté réelle » à la « liberté sur le papier » des libéraux. Cette opposition est d’ailleurs intimement liée à l’expression d’un anti-individualisme fort, puisque la croyance en un individu socialement construit implique sa déresponsabilisation. C’est méconnaitre que les libéraux défendent la responsabilité individuelle sur le plan politique avant de la défendre sur le plan métaphysique. Autrement dit, d’un point de vue descriptif, un libéral pourrait totalement admettre l’axiome selon lequel la liberté individuelle n’existe pas réellement car chaque individu serait le produit de sa biologie et de son environnement, tout en continuant à prôner normativement que la responsabilité individuelle est une nécessité d’un vivre-ensemble respectueux des libertés individuelles.

    Les libéraux ne s’accorderaient pas tous sur cette conception de la responsabilité (voir l’anthologie d’Alain Laurent, L’autre individualisme ). Mais ce qui nous importe ici est surtout de défaire l’idée selon laquelle les progrès récents des sciences sociales et des neurosciences rendraient caduques la notion libérale de responsabilité individuelle, et in fine de l’individualisme qu’elle implique.

    Le libéralisme est un système de gouvernement

    « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».

    Charles de Montesquieu, L’Esprit des Lois , 1748.

    « Prions l’autorité de rester dans ses limites ; qu’elle se borne à être juste. Nous nous chargerons d’être heureux ».

    Benjamin Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes , 1819.

    Ce primat donné à l’individu et à sa souveraineté, traduit politiquement, est très loin de se résumer à un simple antiétatisme primaire. Au contraire, le libéralisme intègre la question étatique au cœur de ses préoccupations, et ce depuis ses origines. Seulement, si les libéraux ne s’opposent pas à la présence d’un pouvoir politique, ils s’attachent à lui poser des limites strictes.

    L’émergence du libéralisme politique est intimement liée aux grands débats de la période moderne autour de la légitimité du pouvoir politique. Cette dernière ne résulte plus de l’onction divine ; la monarchie absolue perd de son prestige ; subsiste désormais le contrat social issu du consentement des individus. C’est le contractualisme . Thomas Hobbes (1588-1679) sera le premier théoricien à penser l’individu, né des nécessités de l’état de guerre – s’en prémunir pour sauvegarder sa personne – désormais devenu l’échelon légitime pour céder à l’État la prérogative de garantir sa sécurité via le contrat social. Suivra alors John Locke qui développera, dans sa version « libérale » du contrat social, l’existence de droits naturels inaliénables, qui consacrent dès lors une souveraineté et une dignité préalables à l’instauration de la société politique. En ce sens, l’absolutisme est rejeté dans ses fondations : il y a un droit qui précède l’État, et qui l’astreint. Si le gouvernement venait à sortir du cadre de ses attributions, ou s’il échouait à protéger ces droits, alors les citoyens seraient fondés à le renverser.

    De ce souci de lutter contre le gouvernement absolu naîtra le besoin de limiter et de contrôler le pouvoir. Charles de Montesquieu (1689-1755) est sur ce point un penseur incontournable tant sa théorie de la séparation des pouvoirs a joué un rôle considérable dans l’histoire de la philosophie politique, établissant la nécessité de diviser le pouvoir entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Cet outillage institutionnel serait pour Montesquieu le moyen le plus efficace pour se prémunir contre toute forme de tyrannie. Cette théorie inspirera largement l’un des pères de la Constitution américaine de 1787, James Madison , à laquelle il ajoutera la défense du fédéralisme, autre moyen de partager et décentraliser le pouvoir politique.

    Enfin, pour les libéraux, la séparation des pouvoirs ne saurait constituer un garde-fou suffisant. Il faut aussi et surtout inscrire dans le contrat qu’est la Constitution des limites fixes et indépassables au pouvoir afin de garantir les droits de l’Homme. Ils ajoutent ici, comme le fait merveilleusement Benjamin Constant (voir la citation ci-dessus), que le rôle de l’État n’est pas de « faire le bien », mais d’empêcher le mal en donnant aux individus les moyens de se réaliser et de rechercher leur bonheur. Comme le dit très justement Mathieu Laine dans son dictionnaire 5 , les libéraux s’intéressent davantage au contenu du pouvoir qu’à sa source.

    C’est pour cette raison qu’ils se méfient de la « démocratie absolue » car la légitimité de la source du pouvoir ne l’empêche pas d’être tyrannique. Au contraire même, le surplus de légitimité que confère la décision prise de manière démocratique peut favoriser et justifier la négation des droits de l’individu au nom de l’intérêt général de la collectivité. Constant encore, dans ses Principes de politique (1806), met en garde contre « l’erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes » 6 . Si ces derniers ont « vu dans l’histoire un petit nombre d’hommes, ou même un seul, en possession d’un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; […] leur courroux s’est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n’ont songé qu’à le déplacer » 7 .

    Dans son célèbre ouvrage De la démocratie en Amérique (1835), Alexis de Tocqueville fait part d’inquiétudes semblables au sujet du « despotisme de la majorité » : « Les démocraties sont naturellement portées à concentrer toute la force sociale dans les mains du corps législatif. Celui-ci étant le pouvoir qui émane le plus directement du peuple, est aussi celui qui participe le plus de sa toute-puissance. On remarque donc en lui une tendance habituelle qui le porte à réunir toute espèce d’autorité dans son sein. Cette concentration des pouvoirs, en même temps qu’elle nuit singulièrement à la bonne conduite des affaires, fonde “le despotisme de la majorité” » 8 . Pour lutter contre ce despotisme, Tocqueville affirme que « le pouvoir accordé aux tribunaux de se prononcer sur l’inconstitutionnalité des lois, forme encore une des plus puissantes barrières qu’on ait jamais élevée contre la tyrannie des assemblées politiques » 9 .

    L’ordre spontané contre l’interventionnisme

    « Le vice est aussi nécessaire dans un État florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. »

    Bernard Mandeville, Fable des abeilles , 1714

    « La liberté générale d’acheter et de vendre est donc le seul moyen d’assurer, d’un côté, au vendeur, un prix capable d’encourager la production ; de l’autre, au consommateur, la meilleure marchandise au plus bas prix. Ce n’est pas que, dans des cas particuliers, il ne puisse y avoir un marchand fripon et un consommateur dupe ; mais le consommateur trompé s’instruira et cessera de s’adresser au marchand fripon ; celui-ci sera discrédité et puni par là de sa fraude ; et cela n’arrivera jamais fréquemment, parce qu’en général les hommes seront toujours éclairés sur un intérêt évident et prochain. »

    Turgot, Deuxième Lettre à un grand vicaire sur la tolérance , 1754

    Si les principes du libéralisme politique font relativement consensus aujourd’hui, ceux du libéralisme économique sont au contraire presque unanimement rejetés, et c’est sur ce plan que madame Rousseau condamne le libéralisme dans son ensemble, « parce qu’il broie les humains, qu’il se fout des conséquences de son économie, que seul le court terme l’intéresse et surtout le profit et l’accumulation. Il détruit tout, de nos États sociaux à notre planète en passant par nos démocraties ».  Cette diatribe ambiguë et désordonnée, qui ne fait que reprendre de manière confuse la panoplie des clichés sur la pensée libérale, cache en réalité une incompréhension des enjeux que recouvre le thème des libertés économiques.

    Dans ce monde simpliste et manichéen que dessine maladroitement madame Rousseau, les libéraux ne seraient que des financiers cyniques, obsédés par les indices économiques, traversés par une vision statistique et mathématique de la réalité sociale et imprégnés d’un mépris pour le « bas peuple » n’ayant d’égal que sa fascination pour les « élites » dominantes. En fait, la défense du libre marché et d’une économie libérale est tout aussi fondée sur des arguments moraux et politiques qu’utilitaristes. Pour les libéraux, le marché est un outil au service d’un modèle socio-économique basé sur « l’ordre spontané », jugé plus juste, efficace et respectueux des libertés individuelles que son antithèse, l’interventionnisme.

    Loin d’être une machine qui « broie les humains », le concept de marché désigne un « Espace abstrait qui désigne l’ensemble des transactions entre individus, il s’agit d’une procédure qui permet à chacun de découvrir et de recueillir des informations indispensables à sa propre action, […] il s’agit d’un processus de découverte » 10 . Murray Rothbard (1926-1995) explique ainsi que le « laisser-faire ou le libre marché ne supposent pas que chacun connaît toujours le mieux dans son propre intérêt, il affirme plutôt que chacun devrait avoir le droit d’être libre de poursuivre son propre intérêt comme il considère le mieux » 11 . Les libéraux reconnaissent donc l’imperfection du marché, mais ils jugent qu’aucun système socio-économique n’atteint son niveau d’efficacité et de justice.

    L’adhésion au marché et la lutte contre l’interventionnisme sont en fait les pendants politiques d’une très riche réflexion épistémologique soutenant l’individualisme contre le constructivisme . La pensée de Friedrich Hayek (1899-1992) est à ce sujet inégalable. Pour le penseur autrichien, il suffit d’approcher l’immense complexité du monde, et donc notre incapacité à l’appréhender totalement, pour réfuter toute approche constructiviste. Il soutient ainsi que les planificateurs centraux ne disposent jamais de l’ensemble des informations nécessaires pour prendre des décisions économiques optimales, tant ces dernières sont nombreuses, dispersées et difficiles à identifier. Il oppose à cette planification étatique et centralisatrice le concept de catallaxie , qui désigne l’ordre spontané émergeant de l’infinité des interactions prenant place sur le marché. Les prix jouent un rôle important en tant que mécanisme de communication transmettant à l’ensemble des acteurs du marché les informations nécessaires à leurs actions, leur permettant de prendre des décisions « éclairées » sans l’aide d’un acteur central quelconque. Avec la catallaxie, Hayek illustre comment un ordre complexe et coordonné peut émerger des interactions volontaires et décentralisées des acteurs du marché.

    Surtout, cette lutte contre l’interventionnisme s’inscrit dans une lutte contre la croissance du pouvoir étatique. En effet, les libéraux considèrent qu’il ne peut y avoir de libertés individuelles sans libertés économiques. Ils ajoutent que l’absence de ces dernières mène inévitablement à un système politique autoritaire. Lorsqu’Hayek soutient, dans La route de la servitude (1944), qu’un contrôle excessif de l’État dans l’économie conduit nécessairement à une perte de libertés individuelles, il s’inscrit dans la droite lignée de la défense des libertés modernes de Benjamin Constant. Produire et consommer sont des actes profondément intimes et personnels, et une trop grande intervention du pouvoir politique dans la vie économique correspond à une intrusion liberticide d’un pouvoir toujours arbitraire dans la vie des individus.

    L’esprit totalitaire n’a pas disparu…

    « Une élite, qui prétend édifier une société parfaite, incline d’autant plus à la brutalité qu’elle s’imagine viser une fin plus sublime. Du messianisme à la violence, de la violence à la tyrannie, la leçon n’a pas le mérite d’être neuve, et l’on n’ose même pas espérer qu’elle soit jamais retenue. »

    Raymond Aron, Préface de Lénine et la IIIe Internationale (Branko Lazitch), 1950

    Ces quelques lignes auront suffi à démontrer que, loin de tenir la main au fascisme ou au totalitarisme, le libéralisme s’est en fait bâti, tout au long de son histoire, contre toute forme de tyrannie. Les totalitarismes du XX e siècle se sont tous construits autour d’une vision constructiviste de l’Homme et de la société dans une perspective profondément antilibérale. Il est d’ailleurs marquant d’observer à quel point l’illibéralisme et la lutte contre « la bourgeoisie libérale » sont les dénominateurs communs du fascisme italien, du stalinisme soviétique et du national-socialisme allemand.

    Contre ces visions totalisantes et autoritaires « prétendant édifier une société parfaite », les auteurs libéraux se sont soulevés sans aucune forme d’ambiguïté, reconnaissant bien que ces projets visaient à détruire l’individu pour en faire un simple outil au service d’un projet politique holistique. Ce n’est pas un hasard si, parmi les grands analystes du phénomène totalitaire et des religions séculières, on trouve nombre de penseurs libéraux : Élie Halévy, Ludwig Von Mises, Raymond Aron , Friedrich Hayek, François Furet, Jean-François Revel , pour ne citer qu’eux…

    Les prises de position de madame Rousseau autour de la crise environnementale ou des enjeux autour de la défense des minorités montrent bien qu’à travers le contrôle de l’économie, il est en fait question de soumettre l’individu aux exigences d’un intérêt général toujours plus abstrait et arbitraire. N’y a-t-il pas, dans la volonté d’interdire certains types de productions et de consommations (on pense par exemple à la volonté d’ interdire les jets privés ), une vision profondément morale de l’économie, visant à distinguer des « pollutions légitimes » et des « pollutions illégitimes » selon des critères profondément arbitraires et subjectifs ? Dans le monde décroissant et égalitaire de madame Rousseau, quelle sera la place du divertissement sur YouTube ? Légitime ? Illégitime ? Que dira-t-elle à ceux qui veulent voyager ? Visiter de la famille sera-t-il plus légitime que de participer à un colloque universitaire à l’autre bout du monde ? Est-ce que des vacances studieuses dans des musées seront considérées comme plus légitimes que des vacances oisives sur une plage de sable blanc ? N’est-ce pas également une posture potentiellement totalitaire que de considérer que le privé est politique et que, ce faisant, aucun aspect de la vie ne devrait échapper au contrôle du pouvoir politique ? Ou encore, qu’en est-il de la liberté de conscience quand certains se réjouissent de l’apparition de sensibility readers dont le rôle est de réécrire des œuvres , dans le but très admis d’agir jusque dans l’inconscient des individus en expurgeant certains mots ou certaines idées d’œuvres classiques ?

    Ces différents exemples tracent tous un même dessein : la volonté de contrôler l’ensemble de la réalité sociale afin de faire advenir une société parfaite, débarrassée de tous ses maux. Face à cette prétention totalisante, la pensée libérale apparaît plutôt comme un antidote à ces dérives pernicieuses. Pour ne prendre que l’exemple de la crise climatique (puisque madame Rousseau est députée écologiste) : plutôt que d’interdire la viande et les jets privés, de limiter la consommation de débit internet et d’imposer des pratiques, de manière égalitaire, au prix d’une négation totale des individus et de leurs aspirations profondes, les libéraux proposent l’instauration d’un prix carbone afin de laisser arbitrer le marché en donnant à l’ensemble des acteurs privés les informations nécessaires pour faire des choix informés et personnels selon leurs propres conceptions d’une bonne vie. Cette solution permettrait de concilier la sauvegarde des libertés individuelles aux enjeux climatiques, tout en conservant un système économique à même de favoriser les innovations qui seront nécessaires pour nous adapter aux bouleversements déjà enclenchés par le changement climatique et la perte de biodiversité. Madame Rousseau, loin de l’épouvantail que vous dressez et qui est infiniment plus aisé à combattre, le véritable libéralisme, pour qui veut l’appréhender avec un tant soit peu d’honnêteté et de curiosité, révèle une richesse, une vigueur, une force d’âme insoupçonnée qui, pour les « Hommes de bonne volonté », est une source inaltérable face aux maladies de notre temps.

    Tâchons simplement de ne pas confondre le mal et le remède, car assurément, l’esprit totalitaire est ailleurs.

    1. On trouvera une liste des idées reçues les plus fréquentes sur le libéralisme dans l’excellent : Mathieu Laine, Dictionnaire du libéralisme , Paris, France, Larousse, 2012
    2. Benjamin Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes , 1819.
    3. Benjamin Constant, De la liberté des anciens comparée à celle des modernes, 1819.
    4. M. Laine, Dictionnaire du libéralisme …, op. cit. , p. 526.
    5. M. Laine, Dictionnaire du libéralisme …, op. cit.
    6. Benjamin Constant, Principes de politique applicables à tous les gouvernements: version de 1806-1810 , Paris, Hachette Littératures, 2006.
    7. Ibid. Constant Benjamin, Principes de politique applicables à tous les gouvernements: version de 1806-1810 , Paris, Hachette Littératures, 2006
    8. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique , Paris, France, Garnier-Flammarion, 1981, vol. 2/.
    9. Ibid. , p. 172.
    10. Mathieu Laine, Dictionnaire du libéralisme , Paris, France, Larousse, 2012.
    11. https://www.wikiberal.org/wiki/ Laissez-faire
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      Le sale petit secret du « droit à la paresse »

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 March, 2023 - 04:30 · 2 minutes

    Les opposants au recul de l’âge de la retraite proposée par la réforme mal ficelée portée par le gouvernement Macron ne s’embarrassent pas vraiment de nuances. Après avoir joué sur la corde du misérabilisme (les pauvres meurent avant la retraite), le complotisme (c’est Blackrock qui veut la réforme), voilà le « droit à la paresse » qui refait surface dans la comm des écolos et des radicaux.

    Une jeune militante écolo l’a rappelé récemment, « on a le droit d’avoir envie de faire autre chose que travailler. »

    Avant elle, Sandrine Rousseau s’était illustrée en défendant le parasitisme social au nom du droit à la paresse : les allocations chômage ne sont pas un filet de sécurité mais un moyen pour les individus d’éviter de travailler.

    La paresse contre « l’exploitation capitaliste »

    Parler de « droit à la paresse » renvoie à l’essai du gendre de Karl Marx Paul Lafargue, qui dans un essai aux tonalités lyriques expliquait que les lendemains qui chantent passaient par la limitation du temps de travail pour la classe ouvrière :

    « Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l’homme, qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… »

    Sauf qu’au « droit à la paresse » des uns répond une obligation de financer l’improductivité par les autres. Le lyrisme pseudo-libertaire masque le devoir pour tous les secteurs productifs de la société de subventionner ceux qui ne « veulent pas travailler ». Le « modèle social » au nom de cette rhétorique parasitaire n’a plus la solidarité comme justification mais l’entretien de nouvelles classes d’oisifs politiquement sélectionnées à des fins clientélistes.

    Le socialisme des populistes de plateau télé n’abolit plus l’exploitation, il la déplace pour faire peser le fardeau sur les actifs, les contribuables et les générations futures via la dette.

    Ses défenseurs devraient méditer le propos de Lénine, inspiré par Saint Paul, qui visiblement ne partage pas le même avis que Lafargue : « celui qui ne travaille pas ne mangera pas ».

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      Droit à la paresse : une conséquence de notre État-providence

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    Il faut faire grève. Il faut manifester. Il faut se mobiliser. Il faut s’opposer à cette réforme des retraites. Cette proposition de loi est totalement injuste et inacceptable.

    Imposer un départ à la retraite à 64 ans : hors de question !

    Je revendique le droit à la paresse, le droit de ne pas être obligé de travailler.

    Et ce n’est pas de l’ironie, je suis totalement d’accord avec Sandrine Rousseau . Sérieusement !

    Il faut faire grève. Il faut manifester. Il faut se mobiliser. Il faut s’opposer à cette réforme des retraites. Non pas pour obtenir l’abandon de la réforme, non pas pour s’opposer à Emmanuel Macron , même pas pour embêter Éric Ciotti et faire rager les Républicains.

    Il faut faire grève, il faut manifester, il faut se mobiliser pour que tout ce système de protection sociale qui détruit le pays depuis près d’un siècle maintenant s’effondre en emportant avec lui le socialisme corrompu qui a envahi jusqu’au moindre petit rouage de la société.

    Il est temps que la servitude s’arrête.

    Tourner la page du collectivisme

    Sandrine Rousseau a totalement raison quand elle appelle à la diminution du temps de travail et au partage des richesses ! Pour cela, il y a urgence à faire voler en éclats le système collectiviste moribond qui entraine le pays dans l’abime. Il y a urgence à le remplacer par un modèle économique et social juste, solidaire et performant, le seul au monde d’ailleurs qui ait jamais montré ses preuves : le libre marché, le libéralisme.

    Il est temps de mettre fin à 150 ans de socialisme, à 90 ans de national-bolchevisme et à 40 ans de soviétisme.

    Le Droit doit redevenir le Droit. Il doit cesser d’être une distribution de privilèges financés par la spoliation des uns au bénéfice des autres. Tout le monde a le droit d’être paresseux. Tout le monde a le droit à la paresse. C’est un droit naturel que le socialisme nous arrache dès trois ans quand commence le lavage de cerveau destiné à faire des petits Français de bons contribuables, de bons petits soldats au service de sa majesté l’État français.

    Le piège de l’État-providence

    La France n’est pas née avec la défaite d’Alésia, ni avec le baptême de Clovis, ni avec le sacre de Charlemagne, ni même avec la Révolution ou le sacre de Napoléon. La France actuelle, la République démocratique de France est née le 18 janvier 1871 au Château de Versailles quand les princes allemands ont proclamé Guillaume 1° de Prusse Empereur d’Allemagne et ont fixé les termes de l’armistice imposée à l’armée française vaincue.

    Depuis cette date, la France est entrée dans un monde parallèle, un monde fantasmagorique, celui de l’État providence bismarckien.

    En imposant en 1871 la République aux Français humiliés et vaincus, le stratège prussien voulait conserver le contrôle sur ce voisin à la fois si riche mais si inorganisé et si indiscipliné. Quoi de mieux que cette bonne vielle démocratie inventée par l’aristocratie athénienne pour museler toute opposition populaire en offrant à ces leaders des postes très bien payés et totalement inutiles ?

    Le pari se révéla raté. Qui aurait pensé que ce système imposé par la force et l’humiliation allait devenir une fierté nationale ? Qui aurait osé imaginer que la fille ainée de l’Église allait reprendre à son compte et se complaire avec délectation dans ce mensonge profondément immoral ? Qui aurait pensé que les irréductibles Gaulois allaient passer les 150 années suivantes à pleurnicher sur leur sort en se fustigeant du soir au matin de ne pas jouer assez collectif, de ne pas être assez disciplinés, de ne pas être assez romains ?

    C’est pourtant ce qui est arrivé. Cent cinquante ans plus tard, nous en sommes toujours au même point. Le pays est toujours enfermé dans un étroit carcan d’idées fumeuses qui maintient en place la servitude volontaire.

    Droits et privilèges

    Le droit à la paresse revendiqué par Sandrine Rousseau n’est pas un droit. C’est l’octroi d’une faveur rendue possible uniquement par la contrainte exercée sur les autres. Ce faux droit n’est rien d’autre qu’une allocation perçue non pas sous forme monétaire mais sous forme de temps libre à être nourri, chauffé, logé, éduqué, diverti par les autres. Une allocation de plus, financée par un impôt de plus, dans un pays où tout repose sur la redistribution . Un privilège, l’aumône de quelques piécettes prélevée sur le butin pour faire taire la foule.

    Est-ce que 150 ans est une durée expérimentale suffisante pour se rendre compte que toute cette usine à gaz qui consiste à prendre l’argent quelque part pour le distribuer ailleurs ne marche pas, ne sert à rien et est profondément injuste en plus d’être totalement immorale ?

    Même les farouches partisans du socialisme se prennent les pieds dans le tapis. La confusion est devenue si grande qu’on en est à écouter du soir au matin des gens nous expliquer que le système par répartition est un salaire différé, s’insurger des dividendes des entreprises tout en fustigeant la capitalisation, parler de diminution du temps de travail tout en sacralisant le salariat…

    Il faut se réveiller

    Mais si vous voulez que votre retraite soit effectivement un salaire différé, il suffit d’épargner ce salaire. Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre.

    Si vous voulez que les dividendes bénéficient aux travailleurs, il suffit de permettre aux travailleurs de devenir actionnaires, soit directement, soit au travers de fonds de pensions ! Ça non plus, il n’y a pas besoin d’une intelligence transcendantale pour le concevoir !

    Si vous voulez être libre de votre temps de travail, il n’y a pas cinquante solutions : soit vous convenez avec votre employeur de cette liberté, soit vous êtes votre propre employeur ! Pourquoi y aurait-il besoin de Sandrine Rousseau pour négocier votre contrat de travail ou de prestation ?

    Pourquoi ? Parce que l’immense usine à gaz soviétique construite dans l’édifice national-bolchévique qui repose sur les fondations socialistes creusées sur les ruines de l’ancien régime en copiant le plan de l’État-providence bismarckien est en fin de vie. Les tuyaux fuient de toute part, la cuve est vide et les parasites aux commandes, trop habitués au chauffage et aux repas gratuits, n’ont aucune idée de comment effectuer les réparations.

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      Sandrine Rousseau et le droit à la paresse

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 27 January, 2023 - 04:15 · 7 minutes

    La nécessaire réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron suscite la colère.

    Selon le dernier sondage Elabe pour BFM-TV les Français y sont opposés à 66 % et ce taux s’élève même à 75 % chez les 35-64 ans.

    Cette réforme est pourtant nécessaire puisque le rapport entre actifs et inactifs est déséquilibré tandis que l’espérance de vie ne cesse de progresser. L’âge de départ à la retraite en France est de 62 ans ; de 65 ans en Italie et 67 ans au Danemark. Tous les leaders syndicaux se sont accordés pour s’opposer aux mesures prévues par le gouvernement d’Élizabeth Borne et ils ont décidé de bloquer le pays pour se faire entendre.

    Les écologistes du groupe EELV en sont de farouches opposants. Sandrine Rousseau, bien connue pour son activisme et ses prises de position décoiffantes , mène le combat.

    Interrogée sur LCI le mardi 17 janvier dernier, elle a justifié son opposition à un rallongement de la période active des Français par un argument stupéfiant :

    Elle est donc favorable à la semaine de 32 heures de travail et réduite à quatre jours. Elle plaide pour un nouveau droit : le « droit à la paresse ».

    Cette députée de la 9e circonscription de Paris est farouchement opposée au capitalisme :

    « Ils veulent nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans ? Au nom de quoi ? Au nom du productivisme et de la croissance. Ils nous demandent de passer notre  vie à développer une croissance qui nous mène dans le mur. Notre vie vaut mieux que quelques points de PIB ».

    C’est une dogmatique de la décroissance qui considère que le PIB n’est pas un bon indicateur du bien-être.

    Il convient de rétablir quelque peu la vérité et rectifier les inepties propagées par cette extrémiste écologiste de gauche diplômée en science économique et vice-présidente de l’Université de Lille où elle enseigne.

    L’écologie : une nouvelle religion

    L’écologie est une nouvelle religion qui structure la modernité politique.

    Elle a ses croyances, ses vérités : elle est partout et plus une seule décision économique ou sociale n’est prise sans être passée au tamis de ses conséquences environnementales. Elle veut nous éviter l’apocalypse : il en va du salut du monde. Elle a trouvé en la jeune scandinave Greta Thunberg sa nouvelle Jeanne d’Arc. L’activité humaine est sur le banc des accusés : « on vous a confié le jardin d’Eden et qu’en avez-vous fait ? ». Le coupable, c’est le monde économique motivé par le profit.

    Comme pour toutes les idéologies, le domaine de la raison a cédé la place à celui de l’émotion. Et Sandrine Rousseau ne revendique certes pas être une adepte de la raison.

    En 2021 elle avait déclaré dans une interview pour Charlie Hebdo :

    « Le monde crève de trop de rationalité […] Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR ».

    L’ancien militant écologiste américain Michael Schellenberger en est revenu et appelle au calme ses anciens amis : « Attendez avant de vous suicider ».

    L’appel à la paresse de Sandrine Rousseau

    La revendication de Sandrine Rousseau concernant la réduction de la durée du travail est une aberration. En effet, elle semble ignorer que la France est déjà en Europe le pays où l’on travaille le moins :

    Taux de population active

    • France……………….. 45,9 %
    • Pays scandinaves… 50 % – 55 %
    • Suisse………………… 57 %

    Durée de vie active

    • France……………….. 35,6 ans
    • Pays scandinaves… 41,0 ans
    • Suisse………………… 42,4 ans

    Heures travail par an

    • France……………….. 1402
    • Pays scandinaves… 1562
    • Suisse………………… 1831

    Durée hebdomadaire de travail

    • France……………….. 35
    • Pays scandinaves… 37 – 38
    • Suisse………………… 45 – 50

    Taux de chômage

    • France……………….. 7,5 %
    • Pays scandinaves… 3,2 – 6,4 %
    • Suisse………………… 2,2 %

    Jours de grève sur 1000

    • France……………….. 14
    • Pays scandinaves…  Très faible
    • Suisse…………………  1

    En France le taux de population active est anormalement bas. Le nombre de personnes qui travaillent n’est pas suffisant. La durée de vie active est plus courte que dans les autres pays, le nombre d’heures travaillées par an est inférieur à celui des pays du nord ou de la Suisse. La propension à recourir à la grève est particulièrement élevée : le nombre de jours perdus pour faits de grève est beaucoup plus élevé que partout ailleurs.

    Il manque au moins 4 millions de personnes au travail, sachant que sont comptés en tant qu’actifs les chômeurs supposés rechercher activement un emploi. Ceux qui ne sont pas au travail sont à la charge des actifs.

    Fin octobre 2022 Pôle Emploi comptait 6 198 310 inscrits toutes catégories confondues (A, B, C, D et E). Les trois premières catégories sont celles des chômeurs tenus de procéder à des actes positifs de recherche d’emploi, soit un effectif de 5 153 00 personnes à la fin du troisième trimestre 2022.

    Il en résulte des performances économiques désastreuses : la France ne créant pas suffisamment de richesses son PIB/capita est en onzième position seulement en Europe. Ses dépense sociales sont bien supérieures à celles des autres pays et les prélèvements obligatoires ne sont jamais suffisants ce qui conduit l’État à s’endetter un peu plus chaque année. La dette extérieure de pays a fini par dépasser son PIB.

    Comparaison en pourcentage et dollar avec les pays scandinaves et la Suisse

    France

    • PIB/capita……. 43 659
    • Dette/PIB…….. 113,5 %
    • Dép. Soc/PIB… 59,2 %

    Finlande

    • PIB/capita……. 53 654
    • Dette/PIB…….. 72,4 %
    • Dép. Soc/PIB… 54,9 %

    Suède

    • PIB/capita……. 61 025
    • Dette/PIB…….. 42,0 %
    • Dép. Soc/PIB… 50,2 %

    Danemark

    • PIB/capita……. 68 007
    • Dette/PIB…….. 33,2 %
    • Dép. Soc/PIB… 51,0 %

    Norvège

    • PIB/capita…… 89 154
    • Dette/PIB……. 36,2 %
    • Dép. Soc/PIB… 18,0 %

    Suisse

    • PIB/capita……. 91 991
    • Dette/PIB…….. 42,4 %
    • Dép. Soc/PIB… 17,5 %

    La proposition de Sandrine Rousseau de moins travailler ne peut que conduire à un abaissement accru du niveau de vie des Français mais cette éventualité s’inscrit parfaitement dans la philosophie décroissante de cette militante écologiste.

    Les points de PIB ne font pas le bonheur

    Sandrine Rousseau est opposée au « capitalisme industriel » car il conduit à la « destruction environnementale ».

    Et dans la même plaidoirie elle s’en prend au patriarcat. Selon elle, le système capitaliste s’est nourri de « trois prédations majeures » : « le corps des personnes noires, celui des femmes, et la nature ». Il faut « revoir en profondeur le système économique et social pour le mettre au service du climat et de la justice sociale ».

    Elle est économiste enseignante à l’Université et à l’Institut d’Études politiques de Lille, mais parait oublier que c’est le capitalisme qui jusqu’ici s’est montré le système le plus efficace dans l’histoire des Hommes pour créer de la richesse, et qu’il existe une corrélation indéniable entre le niveau de richesse des habitants et leur sentiment de bien-être.

    Chaque année, depuis maintenant dix ans, l’ONU fait réaliser par l’Institut Gallup une vaste enquête dans 160 pays pour mesurer le « bonheur » des habitants, l’ONU encourageant les gouvernements à donner davantage d’importance au bonheur et au bien-être de leur population. Le bonheur est mesuré par une échelle de 10 barreaux allant de 1 à 10. Les personnes interrogées doivent se situer en allant du bas vers le haut, le dernier échelon représentant le bonheur suprême.

    Les résultats donnés par la dernière enquête sont résumés ci-après :

    World Happiness Report et PIB en dollar

    Inde

    • Happiness…. 3,78
    • PIB/capita…. 2253

    Gabon

    • Happiness…. 4,96
    • PIB/capita…. 8635

    Grèce

    • Happiness…. 5,95
    • PIB/capita…. 20 192

    Chili

    • Happiness…. 6,17
    • PIB/capita…. 16 265

    Espagne

    • Happiness…. 6,48
    • PIB/capita…. 30 103

    France

    • Happiness…. 6,69
    • PIB/capita…. 43 659

    Allemagne

    • Happiness…. 7,03
    • PIB/capita…. 51 203

    Australie

    • Happiness…. 7,16
    • PIB/capita…. 60 443

    Norvège

    • Happiness…. 7,37
    • PIB/capita…. 89 143

    Danemark

    • Happiness…. 7,64
    • PIB/capita…. 68 007

    Le graphique ci-dessous illustre la corrélation très forte entre le bonheur et les niveaux de richesse des pays : il s’agit d’une enquête portant sur le bien-être subjectif.

    Graphique   correlation PIB/capita et degré de bonheur

    La corrélation est excellente : par exemple, la France est tout à fait sur la droite de corrélation.

    Le rapport Gallup conclut : « People in richer coutries tend to be happier, and  within all countries richer people tend to be happier ».

    Sandrine Rousseau est de tous les combats : contre le machisme , contre les barbecues , contre le colonialisme, contre le capitalisme… Elle considère que le sexisme et la destruction de l’environnement sont intimement liés.

    En 2021, lors du débat de la primaire écologiste face à Yannick Jadot son concurrent elle a révélé : « Je vis avec un homme déconstruit et je suis très heureuse avec lui ». Elle a créé un nouveau mot : « Androcène », un nouveau concept assez obscur. Il semblerait bien qu’elle se soit mise au diapason de son compagnon.

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      Hommage à Sandrine Rousseau : on ne devrait jamais quitter Montauban !

      Serge Schweitzer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 28 October, 2022 - 03:10 · 17 minutes

    Je l’avoue, je le confesse et sans aucune honte. Oui, j’éprouve un sentiment pour Sandrine Rousseau. Là siège la faute à Voltaire. Ce n’est pas que son esthétique me fascine et laisse coi. Je ne suis qu’un immonde macho. Ma seule excuse ou explication est d’être né dans le Sud et d’habiter Marseille. C’est vous dire combien spontanément j’ai au tréfonds de moi des sentiments vulgaires flanqués de passions prédatrices. Passons outre, tant en ce domaine, De gustibus non est dispanditum .

    Non, mon intérêt pour la dame (j’aggrave mon cas) provient d’une interrogation renouvelée à chacune de ses déclarations dans les médias, à l’Assemblée nationale ou en meeting : quel est son problème pour développer des propos aussi absurdes qu’abscons, aussi délirants qu’enchassés dans un mal de vivre, aussi ahurissants qu’indignes d’une universitaire ? Certes, dans notre profession le pourcentage d’instables est identique à la cohorte des éboueurs ou des généraux cinq étoiles (ces deux états ont été pris au hasard de l’imagination).

    On y trouve des trafiquants, des corrompus, des obsédés, des malades mentaux, et même un assassin marxiste .

    Bref, qu’est-ce qui fait courir madame Rousseau : l’ambition ? la soif de célébrité ? l’idéologie ? le mal de vivre ? des traumatismes ? la reconnaissance ?

    En effet, je n’arrive pas non seulement et comme beaucoup, à la détester, mais encore à me départir d’une certaine sympathie pour quelqu’un qui dans une actualité ici morose, là éventuellement tragique, possède à un tel degré une propension à la loufoquerie qui fait qu’une journée sans un aphorisme de dame Rousseau est un jour sans soleil, une sardine sans huile, un ruisseau à sec, un cassoulet sans confit, un barbecue sans côtelettes, une raffinerie sans grévistes, une CGT sans bolcheviks, un Tonton Flingueur sans Montauban.

    On ne devrait jamais quitter Montauban

    Toute personne de culture ample, vaste en même temps que classique, connaît au moins Mignonne allons voir si la rose , Ce siècle avait deux ans , 1515 Marignan, la couleur du cheval d’Henri IV, Johnny Hallyday et la réplique de Ventura, dans Les Tontons Flingueurs , qui, à bout de nerfs, interjette à sa nièce : « On devrait jamais quitter Montauban. »

    Or, j’étais à Montauban pour admirer l’extension du Musée Ingres (enfant de Montauban) devenu le Musée Ingres-Bourdelle puisque celui qui a égalé Rodin est né également à Montauban. (je profite du propos et de l’opportunité pour dénoncer le vice incroyable de Ingres s’emparant de la splendeur des femmes pour peindre des nus indécents faisant poser de pauvres exploitées contraintes pour trois sous de s’exhiber devant d’immondes porcs. Balance ton Ingres # Sandrine).

    Au petit-déjeuner me voilà plongé avec délice dans La Dépêche du Midi qui porte dans son bandeau la mention « Le Journal de la Démocratie ». Fortement encouragé par cette formule laïque, républicaine, annonciatrice de progrès, je dévorais des viennoiseries (ruse du capitalisme pour nous obliger à consommer, donc à polluer) quand en page 20 je découvre un article sur madame Rousseau venue à Toulouse évangéliser les masses inertes, inconscientes, friandes de barbecues et qui pour beaucoup n’ont même pas lu Les monologues du Vagin , pièce de théâtre certainement inoubliable qui instantanément a démodé Shakespeare un antisémite, Corneille qui sublime les héros (attitude zemourienne), et Racine immonde macho présumé réactionnaire.

    C’est vous dire la nécessité de conscientiser les masses abruties par le cassoulet et les vins médiocres et même peut-être coupés, des Corbières.

    Je suis extrêmement sérieux en vous suggérant, et même recommandant de lire l’article . Je vous en ai extrait quelques passages , évidemment les plus significatifs. On cite bien sûr à la virgule près, d’une part par honnêteté intellectuelle, d’autre part pour ne pas déformer des propos si ahurissants que vous pourriez imaginer qu’ils sont trafiqués.

    « Déconstruire c’est rendre visible les impensés qui structurent notre société et que l’on interroge jamais […] par exemple la mise à disposition du corps des femmes ».

    Trois lignes plus bas :

    « On ne veut pas entendre la radicalité écologique que je porte […] quand on parle domination, on parle écologie […] si on veut aller vers une transition écologique d’ampleur […] il faut revoir les fondements de la société organisée par une minorité pour prendre, utiliser et jeter ».

    Un peu plus loin :

    « Il y a un code de langage, de tenues auquel on doit se conformer. Il s’agit avec l’écologie […] de questionner la notion de pouvoir […] c’est enthousiasmant de regarder ce qu’il y a dans les placards, de les ouvrir et de les nettoyer. »

    Et madame Sandrine Rousseau de conclure avec clarté et concision :

    « On a pas le temps d’être poli avec le système ». ( La Dépêche du Midi – 7 octobre 2022 – p.20).

    Jamais – m’apparaît-il – le projet authentiquement révolutionnaire et subversif de madame Rousseau n’a été présenté de façon aussi explicite : déconstruire entièrement et intégralement la société occidentale pour lui substituer un autre monde. C’est parfaitement son droit de le penser, mais nous avons non moins parfaitement le droit de l’expliquer. Madame Rousseau n’est pas une réformiste, elle est une authentique révolutionnaire, une émule de Maximilien de Robespierre , et dont je prétends pouvoir démontrer que ceux qui s’opposent à ses visées pourraient avoir affaire aux Danton, Saint-Just et Couthon qui entourent la dame.

    Laissant de côté les dimensions partisanes et les péripéties électorales, il reste cependant beaucoup à dire et savoir dans la vie dense, rocambolesque, active, inattendue de madame Rousseau. Nous voudrions (pour les manuels de droite et les incultes de gauche) distinguer quelques traits qui peuvent expliquer ses propos ici surprenants, là hilarants, là encore inattendus, là enfin provocants, mais toujours habiles pour qui a pour but d’ épater ceux des journalistes gogos qui estiment que la vulgarité et l’insuffisance de l’esprit justifient, voire magnifient la quintessence du propos.

    Les médias ont fabriqué madame Rousseau qui sans eux serait restée à jamais, horreur, dans un néant qui qualifie largement notre époque. Elle a bénéficié de plusieurs dizaines d’heures d’antenne au cours des douze derniers mois. Nos prix Nobel réunis d’environ une heure.

    Quelques éléments pour comprendre

    Les parents de dame Rousseau étaient spécialisés dans la capture et la prédation par la violence légale puisque tous deux étaient inspecteurs des impôts.

    Évidemment on n’en sort pas indemne, d’autant plus que son père militant du Parti socialiste ayant réaffirmé récemment dans Paris Match sa fierté d’avoir un tel rejeton se lance alors dans la politique active municipale. Sa mère est une éminente militante de la CFDT.

    Après ses études, notre héroïne au regard si doux et aux dents si longues occupe un poste à l’université de Lille. Syndiquée au SNESUP (une des dernières courroies de transmission dirigée depuis la Place du Colonel Fabien) elle est pendant deux décennies vice-présidente de son université, puis des universités lilloises réunifiées.

    Elle a co-écrit un ouvrage remarqué, dont seul le sectarisme des fanatiques adorateurs du marché aux États- Unis explique les raisons pour lesquelles l’ American Economic Review le Journal of Political Economy ou le Journal of Economic Theory , ne l’ont point chroniqué. Pourtant l’enjeu scientifique n’était pas subalterne. Jugez-en par vous-même. Le titre de l’opus est un programme de recherche scientifique qui laisse loin derrière les collègues qui écrivent en théorie de la croissance, ou en analyse monétaire, ou encore en micro-économie. L’ouvrage gros de 144 pages vendu 8 euros (3 euros aujourd’hui en occasion. Enfin une bonne nouvelle, il y a des prix qui baissent) paru en 2011 est intitulé Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité . Pour un ouvrage d’une telle densité, d’une telle portée, il fallait bien s’y mettre à deux et c’est en compagnie de son mari de l’époque, également en poste à l’université de Lille, qu’elle réalise une percée scientifique qui la classe  immédiatement dans la cohorte de la short list des nobélisables.

    Elle laisse également une œuvre administrative d’ampleur lors de ses presque vingt ans de vice- présidence puisqu’elle est la génitrice des « potagers participatifs » , et de la féminisation des noms d’amphithéâtres.

    Parmi les noms proposés et suggérés par madame Rousseau : celui de l’escrimeuse Laura Flessel dont l’apport à la science n’échappe à personne, celui non moins prestigieux scientifiquement de Viviane Romance, de la cinéaste Agnès Varda ou encore de Christiane Taubira dont le passage Place Vendôme fut en effet inoubliable ; sans oublier Violette Leduc dont la fiche proposée aux étudiants rappelle son fait d’armes le plus notable c’est-à-dire avoir été l’amante de Simone de Beauvoir (j’en suis très ému et bouleversé car je l’ignorais, je le confesse humblement). Comment vivre heureux sans savoir cela ? J’en demande bien pardon à Sandrine. Qui, par ailleurs, ne manque manifestement pas d’ambition, certainement il est vrai au service de l’intérêt général, ce qui change radicalement la perspective.

    Ainsi elle se présente à la direction de l’IEP de Lille, mais sans succès. Qu’à cela ne tienne. Elle candidate derechef à la direction de l’Institut Régional d’Administration de la même ville. Mais patatras, de nouveau l’échec. Le méchant Darmanin refuse. Un complot certainement, sinon comment expliquer la chose ? Car le CV scientifique de dame Sandrine est impressionnant : outre les aventures domestiques et le triste sort du balai, elle a aussi commis deux romans policiers qui ont immédiatement démodé Simenon.

    Leurs titres parlent d’eux-mêmes. En 2007 elle publie Épluchures à la lilloise. Un bien étrange inspecteur mène l’enquête . On saluera l’hommage rendu aux légumes, même si madame Rousseau a qualifié elle-même, on cite, son roman policier de « navet » . On tremble pour Agatha Christie si elle avait dit un poireau… Elle récidive en 2009 avec Qu’est-ce qui fait pleurer les flics ? Le génie des titres ne se dément pas. Un esprit charitable plaiderait le péché de jeunesse. Mais la dame avait 35 ans lors des Épluchures et 37 lors de son interrogation métaphysique freudo-lacanienne sur les larmes des forces de l’ordre. Ajoutons que madame Rousseau était déjà docteur (doctrice ?) depuis sa thèse soutenue en 2002.

    Elle est aussi à l’origine de la création des « chercheurs-citoyens » (sic).

    Et c’est vrai que cette façon de considérer qu’un Nobel de physique ou une médaille Fields de mathématiques devraient être davantage écoutés qu’un opérateur gréviste de raffinerie ou un agent de la SNCF a un côté discriminatoire, sexiste, patriarcal, élitiste insupportable ; dans cette logique, les vaillantes femmes de salle devraient pouvoir opérer et les bagagistes des aéroports piloter un A 320. C’est depuis cette découverte que je ne prends plus que ma voiture qui heureusement pollue de moins en moins faute de carburant…

    Récemment encore, j’ai vraiment apprécié ce geste à l’Assemblée nationale des doigts formant un triangle. Peu versé dans la langue des signes, j’ai alors appris qu’elle avait souhaité représenter un vagin (mais ce dernier était-il en train d’avoir un monologue ? Vous comprendrez mon désarroi). On remarquera que de l’affaire Baupin à l’affaire Bayou jusqu’au vagin, beaucoup de choses tournent autour des choses de l’amour. C’est que plus elle dénonce les harceleurs, plus on perçoit combien cela intéresse, voire obsède la dame. Et c’est bien naturel. Elle a beau nier la nature dont l’homme a été doté, elle a beau dompter ses instincts, le naturel revient au galop. Du reste n’a-t-elle pas révélé tantôt lors d’un débat à la primaire des écologistes en septembre 2021 laissant le Jadot pantois « je vis avec un homme déconstruit, et j’en suis très heureuse ». Quelle femme en effet ne trouverait joie, félicité, tendresse et transports amoureux avec un homme déconstruit. Un homme en Légo ce doit être chouette. Un peu expérimental, mais sexy. Et puis dans la danse du balai il doit être excellent, voire prodigieux. C’est que la danse du balai est un des hits de la dame.

    Outre sa proposition de créer un nouveau délit dans le Code pénal de « non partage des tâches domestiques », elle est la co-autrice le 4 novembre 2019 d’une tribune libre intitulée :

    « Sorcières de tous les pays, unissons-nous ».

    Cette réflexion bouleversante empruntant ici à Marx, là à Halloween, là encore à Harry Potter, là enfin à Macbeth et aux Poèmes saturniens de Verlaine a bouleversé la pensée occidentale ramenant Saint Thomas d’Aquin, Pascal et Tocqueville à devenir les Hanouna des sciences humaines.

    Au passage on notera la continuité du propos très souvent typique d’ une grande pensée . Le balai est omniprésent dans la doxa sandrinesque ou rousseauiste.

    Depuis ce qu’il faut bien qualifier d’œuvre fondatrice Du balai , cet instrument scande son œuvre.

    Il n’en est pas même jusqu’à sa récente et retentissante sortie sur les barbecues et les entrecôtes synthèse du prédateur patriarcal qui ne comporte une dimension domestique. Car après le barbecue et le déchaînement carné du mâle, le charbon de bois a essaimé partout. Or la propreté est nécessaire même dans un ordre écologico-socialiste avancé et paritaire. Et c’est alors qu’entre en scène le personnage dominant et omniprésent de la saga rousseauiste : le balai et sa fille la balayette. Hic et Nunc tenu par l’Homme Déconstruit, le lego vivant, ce mutant au regard si doux, nous ne saurions en débattre et résoudre l’énigme. Mais peut-être après les épluchures lilloises et les larmes des suppôts de Darmanin un troisième roman policier traîne dans les cartons de la dame. Les deux premiers se trouvent aisément dans les brocantes de quartier et les vide-maisons. Comptez 0,50 cent d’euros. Le cours du Rousseau n’est pas indexé sur celui des hydrocarbures, ni sur celui de Kylian MBappé (que je dénonce en passant selon des méthodes bien rodées depuis 1789, car récemment encore lors de la remise du ballon d’or il était entouré d’une noria de créatures magnifiques, légèrement vêtues donc non conscientisées et qui, étant donné les revenus médians de leurs dominants mâles ont peu de chances d’approcher un jour, même de loin un balai. Sauf dans l’hypothèse où madame Rousseau et ses émules parviennent un jour au pouvoir gageons que la cérémonie annuelle du ballon d’or sera évincée au profit d’une cérémonie bien plus ludique sur laquelle Arte va préempter. Ce que le sport y perdra, l’ancillaire le gagnera.

    On passera sous silence, sans commentaires superflus, ses propos sur le droit à la paresse dans lesquels cependant elle oublie de rendre à Paul Lafarge la paternité de l’ouvrage. Simple distraction. On sera bref aussi sur sa critique de la rationalité.

    On ne peut en effet en douter quand dame Sandrine déclare en 2021 dans une interview à Charlie Hebdo :

    « Le monde crève de trop de rationalité, je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR. »

    L’ allusion limpide aux sorcières nous renvoie au balai, concept central de la pensée rousseauienne, mais on ne saurait trop louer le style ici audacieux, là métaphorique « crever de rationalité » . Ce ne sont pas les plats Raymond Aron ou Jean-François Revel qui auraient eu ces audaces stylistiques. Ou encore le rapprochement saisissant qui fait frémir entre jeter des sorts et construire des EPR. La sorcière qui jette un sort au nucléaire. Quel raccourci qui ramène Flaubert et Balzac comme écrivaillons feuilletonistes pour Le Petit Bleu d’Agen.

    Mais les mots de la langue française risquent cruellement de manquer pour qualifier son dernier opus.

    Août 2022 restera une date dans l’histoire de la pensée. Quelque chose entre Le discours de la Méthode , Les Pensées , La Richesse des Nations et La Théorie Générale . Certes elles ne sont que trois pour publier Par-delà l’Androcène : Adélaïde Bon, Sandrine Roudaut, Sandrine Rousseau. Il faut compter trente minutes de lecture, fous rires et bâillements inclus. Dépense minime quatre euros. Avec Sandrine on ne se ruine jamais. Le Balai 8 euros, L’Androcène 4 euros. À quand la gratuité du prochain dans un monde généreux, altruiste, paritaire, écologique et peuplé de sorcières, mais sympa genre Hermione Granier ou Luna Lovegood ?

    Si j’ai bien compris la notice explicative, la destruction de l’environnement a pour origine le sexisme. La nature a été féminisée (la preuve : LA nature) pour justifier l’exploitation par le capitalisme, et les femmes naturalisées pour être réduites à s’épuiser dans la maternité. Suit un développement où je n’ai pas tout compris sur l’androcène qui doit remplacer l’anthropocène… Le tout en 72 pages inspirées des puissants travaux de la militante féministe Silvia Federico dont la thèse centrale est la suivante : les procès contre les sorcières (encore) à la fin du Moyen Âge sont le symptôme du capitalisme en préparation qui a aliéné les terres et les femmes. Soyez pour une fois honnêtes, nom d’une petite sorcière.

    Avouez que c’est autre chose que ces pauvres tâcherons de Georges Duby, Jean Favier, Philippe Contamine, Michel Mollat du Jourdain, Joseph Schumpeter, Mark Blaug, Daniel Villey, Peter Lewis et autres. Et puis ce n’est pas tous les jours qu’un nouveau concept émerge : l’androcène. Parmi ceux qui me lisent, parmi mes collègues anthropocènes réactionnaires mangeurs d’entrecôtes fantasmant sur des sorcières, beaucoup peuvent-ils s’enorgueillir d’avoir forgé un concept ?

    Il serait cependant injuste de ne pas terminer sur une pensée qui résume à elle seule la puissance et la force de la réthorique et de la dialectique de madame Rousseau.

    Dans une fulgurance qui remet Tocqueville à sa vraie place subalterne, dame Rousseau déclare :

    « Le fait d’avoir des terroristes en France permet de les surveiller. »

    Quelle puissance, quel esprit hypothético-déductif, et en même temps quel empirisme et respect du principe de réalité. Inclinez-vous machos incultes, sexistes pervers, avaleurs de viande rouge, chasseurs abreuvés de sang, amis de la rationalité et de la logique, anthropocènes lubriques, Bayou potentiels.

    Sandrine me permets-tu de te tutoyer l’espace d’une rose et celle d’un instant pour dans cette logique implacable proposer une autre pensée qui certes n’a pas la force de la tienne, mais s’inscrit dans ton courant, ta pensée, ta rigueur, ta fulgurance.

    « À chaque Mollah hébergé en France, une femme iranienne est sauvée de la lapidation. Accueillons les Mollahs ».

    Pour tous ces moments inoubliables, tellement intellectuellement exceptionnels vécus grâce à vous, permettez-moi, madame, de vous rendre ce court hommage recommandant chaudement aux pouvoirs publics de vous déclarer d’utilité publique avec déduction fiscale à chacune des saillies qui nous surprennent si agréablement et nous conscientisent dans la perpective d’un avenir radieux éclairé par votre pensée si puissante et originale à laquelle cependant je me permets d’accoler celle de Kim Jong Un le leader nord-coréen autre phare de la pensée. À vous deux vous démodez et rendez obsolète la pensée occidentale d’Aristote à Bergson.

    Veuillez accepter, Madame, l’assurance de mes sentiments les plus consternés. Ne vous donnez pas la peine de répondre, car au-delà de la disparition de la société d’ordres, il est bon que chacun reste à la place assignée par son talent. Je vous laisse, Madame, à la vôtre.

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      Les députés écologistes peinent à se faire entendre dans le "chahut" de l'Assemblée

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 27 July, 2022 - 11:40 · 2 minutes

    POLITIQUE - Assemblée nationale cherche écologistes désespérément. C’est l’avis de recherche que pourrait publier le palais Bourbon au vu de la relative absence médiatique des élus EELV depuis les législatives. Alliés aux Insoumis dans la coalition de gauche NUPES , les députés verts ont pu recréer un groupe parlementaire, mais ils peinent à se faire entendre dans l’hémicycle.

    Chez les Insoumis, la “logique tribunicienne”

    Car à La France insoumise, le goût de la tribune de Jean-Luc Mélenchon est visiblement contagieux, comme le souligne le député Antoine Léaument: “Il y a beaucoup de fortes personnalités chez les Insoumis. Chez nous, la logique tribunicienne est intrinsèquement liée à ce qu’on est. On se pense comme les porte-paroles du peuple.”

    Selon la synthèse de l’activité parlementaire publiée par le site nosdeputes.fr , les députés insoumis sont intervenus en moyenne 35 fois depuis le début de la législature. C’est plus que dans n’importe quel autre groupe de l’Assemblée nationale.

    Cela signifie-t-il que les écologistes vont être éclipsés par leurs collègues LFI? “Il ne le faut pas! Il faut que les écologistes, dans cet hémicycle comme en dehors, puissent faire vivre leur sensibilité”, plaide Clémentine Autain, députée insoumise de la Seine-Saint-Denis.

    “Ne pas organiser le chahut dans l’Assemblée”

    “Il faut qu’on soit audibles, on n’a pas le choix, et je pense qu’on l’est. Sur les questions climatiques et d’énergie notamment”, estime Cyrielle Châtelain, coprésidente du groupe, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article . Son homologue Julien Bayou tient à faire remarquer que les députés EELV sont “en phase d’organisation, comme le gouvernement” et qu’à ce titre, ils n’ont pas encore pleinement investi leurs fonctions. Sur les 23 députés écologistes, seule Delphine Batho siégeait déjà dans la précédente législature.

    Toujours selon la synthèse de l’activité parlementaire, ils n’ont pourtant pas à rougir de leur implication dans l’hémicycle. En moyenne, un député écolo a proposé plus d’amendements qu’un député insoumis et a fait presque autant d’interventions longues, avec en cheffe de file Sandrine Rousseau . C’est elle, de tous les députés de son groupe, qui s’est exprimée le plus souvent .

    À voir également en vidéo sur Le HuffPost: Le “pied de nez” à Ciotti de la part de ces députées NUPES portant la cravate

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      Sandrine Rousseau réagit à la désactivation d'un compte Twitter la prenant pour cible

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 22 July, 2022 - 14:21 · 2 minutes

    Sandrine Rousseau photographiée à l'Assemblée nationale (illustration) Sandrine Rousseau photographiée à l'Assemblée nationale (illustration)

    POLITIQUE - “Ce n’est pas un compte parodique, c’est un compte de cyberharcèlement de la droite extrême”. Ce vendredi 22 juillet sur Twitter, la députée écologiste Sandrine Rousseau a tenu à faire cette mise au point après la désactivation d’un compte -qui se présentait comme parodique- la prenant pour cible. Comme le rapporte BFMTV , ce compte baptisé “Sardine Ruisseau” a été désactivé par son propriétaire.

    Une suppression volontaire -et non une intervention suspension décidée par Twitter- qui n’empêche pas toute une partie de l’extrême droite de hurler à la censure, à l’image de Samuel Lafont , en charge de la stratégie numérique d’Éric Zemmour, ou de l’ex-candidat Reconquête aux élections législatives Bruno Attal .

    “Twitter a toujours refusé de le sanctionner malgré le fait qu’il lance régulièrement des raids et malgré les très nombreux signalements. Qu’un député Renaissance s’appuie dessus pour faire le buzz en dit long sur la frontière poreuse entre l’extrême droite et lui”, a poursuivi la députée NUPES, en référence à un tweet publié par le macroniste Stéphane Vojetta faisant mention de ce compte, et ce en dépit des tweets racistes publiés par ce compte.

    Sitôt désactivé, la fachosphère s’est mobilisée pour faire monter le hashtag #SardineRuisseau à la première place des sujets les plus discutés sur le réseau social. À l’heure de la publication de cet article, le mot-dièse comptabilisait plus de 2500 tweets.

    Le compte avait été créé dans le sillage de la campagne d’investiture EELV pour la présidentielle, au mois de septembre 2021. Moquant les positions féministes et antiracistes de celle qui était alors candidate, le compte comptabilisait plus de 50.000 abonnés avant sa désactivation. Ce personnage “parodique” disposait également d’un compte sur Gettr, réseau social trumpien prisé de l’extrême droite .

    À voir également sur Le HuffPost: La promesse de débats apaisés du RN n’aura pas tenu longtemps

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      Sur le pouvoir d'achat, Sandrine Rousseau appelle à imiter Bernie Sanders

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 18 July, 2022 - 16:20 · 1 minute

    POLITIQUE - Quand la politique américaine s’invite au Palais Bourbon. Ce lundi 18 juillet, alors que le projet de loi consacré au pouvoir d’achat est examiné à l’Assemblée nationale, la députée EELV/NUPES Sandrine Rousseau a livré un réquisitoire contre ce texte qu’elle a surnommé “quelques miettes et beaucoup de carbone” et a invité le gouvernement à changer de modèle.

    Alors que le prix de l’énergie est au centre des débats, l’élue de Paris appelle l’État à financer la rénovation thermique, afin que “nos logements soient si bien isolés l’hiver que nous n’ayons quasiment plus besoin d’allumer les radiateurs”. Une transition qui passe, selon Sandrine Rousseau, par une fiscalité renforcée imposée aux “entreprises climaticides, aux profiteurs de crise et aux plus riches”, afin d’aider les plus modestes à “passer ce cap avec dignité”.

    Et l’écoféministe de faire un clin d’œil appuyé au sénateur américain Bernie Sanders: “en un mot, taxer les riches. Bernie, si tous nous entends”, a-t-elle lancé, en référence au célèbre slogan de l’ex-candidat à l’investiture démocrate aux États-Unis. Une séquence à retrouver dans notre vidéo en tête d’article , et à laquelle le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a vertement répondu.

    “La solution radicale” que Sandrine Rousseau défend, selon lui, c’est “on coupe le gaz, l’électricité à tout le monde et il n’y a plus de problème de pouvoir d’achat”. “Madame Rousseau, à écouter vos discours, je vous dirai simplement que l’apocalypse ne fait pas un projet politique pour la nation française”, a-t-il renchéri, après avoir constaté son absence dans l’hémicycle: “Si on veut dialoguer c’est mieux de dialoguer avec ses interlocuteurs”. Ambiance.

    À voir également sur Le HuffPost: À quoi servent les 138€ de redevance télé qu’on paie tous les ans?

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      Commission des finances: Rousseau demande à Coquerel de se mettre en retrait

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 15 July, 2022 - 08:24 · 2 minutes

    Sandrine Rousseau photographiée lors d'une manifestation le 7 juin à Paris Sandrine Rousseau photographiée lors d'une manifestation le 7 juin à Paris

    POLITIQUE - Ses alliés sont-ils en train de le lâcher? Ce vendredi 15 juillet, deux jours après l’ouverture d’une enquête à l’encontre du député insoumis Éric Coquerel après une plainte pour des faits “pouvant s’apparenter à une agression sexuelle” déposée par une militante début juillet, l’écoféministe Sandrine Rousseau estime que son collègue de la NUPES doit se mettre en retrait quelques temps de son poste de président de la Commission des finances.

    “Moi je pense qu’il ne peut pas présider les séances de la Commission des finances pendant l’enquête”, a déclaré l’élue EELV sur France 2. Un geste qui permettrait à la police d’enquêter “de manière sereine”. Ce n’est qu’une fois “l’enquête réalisée” que le député de Seine-Saint-Denis pourra, selon elle, récupérer son siège “s’il n’y a rien”. En revanche, “s’il est mis en examen, ou s’il y a une procédure judiciaire, il faudra qu’il démissionne”, a ajouté Sandrine Rousseau, précisant qu’elle avait informé l’intéressé de sa position.

    Une vision des choses que ne partage pas (du tout) l’insoumis Adrien Quatennens. ”Éric Coquerel, qu’est-ce qu’il lui est reproché? D’avoir dansé avec une personne qui a mal vécu cette danse”, a justifié le député du Nord, qui refuse tout parallèle avec Damien Abad qui, accusé de viols et d’agressions sexuelles, a quitté le gouvernement après l’ouverture d’une enquête.

    “Les faits n’ont strictement rien à voir, et ne justifient pas une mise en retrait. Éric Coquerel est président de la Commission des finances, il y fait un bon travail, il doit continuer”, a poursuivi Adrien Quatennens, confirmant la position de la France insoumise, consistant à faire bloc derrière l’élu de Seine-Saint-Denis.

    Après l’ouverture de l’enquête, Jean-Luc Mélenchon avait d’ailleurs dénoncé une “mesquine réplique” mais tous les membres de la NUPES sont pas sur la même ligne.

    À voir également sur Le HuffPost: Motion de censure : Olivier Faure avait tellement de choses à dire qu’il s’est fait couper le micro