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      La menace invisible : pourquoi vous devez nettoyer votre montre connectée régulièrement

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Sunday, 27 August, 2023 - 13:00

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    Une récente étude de l'Université de Floride Atlantique révèle que la majorité des bracelets des montres connectées sont contaminés par de dangereuses bactéries ! Un rappel pas inutile qu'il faut nettoyer et désinfecter régulièrement ces petits appareils…

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      Des dizaines de milliers de vies seraient sauvées en n’utilisant que des voitures électriques

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Sunday, 11 June, 2023 - 13:00

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    Une étude de l'American Lung Association souligne les bénéfices extraordinaires pour la santé que représenterait un basculement à l'échelle nationale vers les véhicules électriques et l'énergie propre aux États-Unis. Reste maintenant à relever ce défi…

    Des dizaines de milliers de vies seraient sauvées en n’utilisant que des voitures électriques

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      Le marché est-il myope ? Le cas de la start-up médicale Theranos

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 22 November, 2022 - 04:30 · 9 minutes

    La chute aussi fracassante que frauduleuse de la start-up médicale américaine Theranos et de sa dirigeante-fondatrice Elisabeth Holmes, 38 ans, qui vient d’être condamnée à 11 ans de prison, pourrait facilement accréditer la thèse de la « myopie du marché » chère aux planistes et aux partisans de l’État stratège.

    Que dit la thèse en question ?

    Qu’une transaction entre un acheteur et un vendeur, réalisée à un moment donné, à un prix donné, pour un produit donné, s’efface des mémoires dès sa conclusion et se révèle en conséquence incapable de fournir des informations utiles pour le futur. Dans cette optique, le marché est un pur outil de court terme, sans vision, ni expérience, ni apprentissage.

    En revanche, les autorités politiques secondées par des armées de hauts fonctionnaires naturellement doués d’une omniscience supérieure et d’un talent hors du commun pour savoir mieux que quiconque de quoi l’avenir sera fait, sont en mesure d’allouer à coup sûr et pour le bonheur des peuples les ressources nécessaires à la vie économique du futur.

    Une thèse qui aurait dû s’effondrer avec la chute de l’URSS mais qu’on voit resurgir régulièrement, jusque dans la France d’aujourd’hui, fière détentrice d’un Haut-Commissaire au plan en la personne de François Bayrou et encore plus fière maître d’œuvre d’une toute nouvelle toute belle planification écologique dont l’idée fut assez soudainement lancée par Emmanuel Macron dans l’entre-deux tours de la récente élection présidentielle.

    Comme disait l’ancien Commissaire au Plan du général de Gaulle Pierre Massé, « supprimer le Plan au nom d’un libéralisme impulsif serait priver le pouvoir d’une de ses armes contre la dictature de l’instant. » Il ajoutait même, dans un ouvrage audacieusement intitulé Le plan ou l’anti-hasard , « le regard sur l’avenir est le premier temps de l’action. » À ce mini détail près que le regard sur l’avenir doit être réservé à ceux qui savent, autrement dit à la puissance étatique.

    Alors évidemment, l’histoire d’Elisabeth Holmes, une histoire d’environ 800 millions de dollars obtenus d’investisseurs de premier plan pour un projet qui fut valorisé jusqu’à 10 milliards de dollars en 2014, mais qui non seulement n’a jamais marché mais dont les résultats ont été maquillés pour faire durer l’illusion de la réussite – une telle histoire n’est pas de nature à inspirer confiance dans la clairvoyance des marchés.

    En 2003, vous avez une jeune fille de 19 ans, intelligente sans aucun doute, mais en manque de formation supérieure puisqu’elle a abandonné ses études de chimie à l’université de Stanford en deuxième année. Pas forcément un problème dans le monde plein d’effervescence des start-ups et des nouvelles technologies. Après tout, Steve Jobs lui-même a délaissé ses études au bout de dix-huit mois pour se consacrer à ce qui deviendra Apple. Une similitude qu’Elisabeth Holmes cultive d’ailleurs dans les moindres détails, du col roulé noir qu’elle porte en permanence au choix de Palo Alto en Californie pour implanter son entreprise.

    Son idée entrepreneuriale, issue d’une sainte horreur des piqûres développée dans son enfance, consiste à prélever de façon indolore une goutte de sang au bout du doigt grâce à un petit appareil facile d’usage (voir photo de couverture) et à procéder à l’analyse du sang via sa technologie « Edison » mise au point en parallèle (et dans le plus grand secret). Theranos affirmait ainsi pouvoir procéder à des dizaines de types d’analyses sanguine, de la simple numération globulaire à des évaluations génétiques ou cancéreuses nettement plus complexes. Perspective de santé publique : pouvoir réaliser plus économiquement, plus rapidement, auprès de plus de patients, plus de tests sanguins, et ainsi, « sauver des vies. »

    Il faut croire qu’Elisabeth Holmes a su se montrer persuasive. Il faut dire aussi qu’à l’époque, tout ce qui tournait autour de la nouvelle économie – numérique, biotechnologies, medtech, etc. – était accueilli avec un ravissement certain à défaut d’un peu de discernement. Dans le film La vérité si je mens , un personnage décrit bien la situation : « Tu dis que t’as la start-up et le banquier te lèche le zboub. »

    En vertu de quoi, la jeune entrepreneuse a réussi à obtenir des financements , non pas de banquiers, mais d’investisseurs pas forcément spécialisés dans le médical mais certainement pas nés de la dernière pluie. Citons entre autres la famille Walton (héritiers du fondateur de Walmart) pour 150 millions de dollars, le magnat de la presse Rupert Murdoch pour 125 millions (il en a récupéré 4) et l’ancienne secrétaire à l’Éducation de Donald Trump Betsy DeVos ainsi que d’autres membres de sa famille pour un total de 100 millions (voir tableau ci-contre extrait du Wall Street Journal ).

    Jusque-là, rien d’anormal. Les investisseurs ont pris leur risque, d’autant que tout le monde sait que dans l’univers des start-ups, il faut au moins en financer dix pour en voir une aboutir. Ont-ils mené une « due diligence », une analyse de l’investissement proposé suffisamment approfondie ? À vrai dire, c’est leur affaire.

    Au début, tout se présente assez bien. Elisabeth Holmes engage des chercheurs de haut niveau et elle parvient à nouer un partenariat avec le groupe Walgreens Boots Alliance afin d’installer des cabines de prélèvement dans ses drugstores (pharmacies). En 2014, apogée : la valeur estimée de l’entreprise caracole à 9 ou 10 milliards de dollars (voir graphe ci-contre, ibid.) tandis que sa dirigeante qui en possède la moitié devient une habituée des couvertures de magazines et la première femme milliardaire non-héritière des États-Unis.

    Mais rapidement, tout s’effondre. Scepticisme un peu rieur d’abord, comme dans l’article du New Yorker où le journaliste qualifie les explications d’Elisabeth Holmes sur le fonctionnement de sa technologie Edison de « comiquement vagues ».

    Et puis en 2015, brutal retour aux réalités. Le Wall Street Journal publie une longue enquête très approfondie d’où il ressort que Theranos ne réalise que 15 tests sur les 240 annoncés, que les résultats de ces tests ne laissent pas de surprendre certains salariés de l’entreprise et que contrairement à ce que cette dernière prétend, la plupart sont réalisés sur les machines classiques de l’analyse médicale type Siemens, nullement via son propre système. Un second article du Wall Street Journal va encore plus loin en rapportant des alertes internes sur une falsification organisée des résultats.

    À partir de là, tout va très vite. La FDA et la SEC, c’est-à-dire respectivement l’autorité sanitaire américaine et l’autorité américaine des marchés financiers, s’en mêlent ; Walgreens met fin à son partenariat ; la société Theranos, dont la valeur est maintenant nulle, est dissoute en 2018 et ses dirigeants sont inculpés la même année pour fraude massive vis-à-vis des investisseurs et pour mise en danger des patients. Vendredi dernier, le 18 novembre, Elisabeth Holmes a été condamnée à 11 ans de prison ferme pour le premier chef d’accusation, sachant que le second n’a pas été retenu contre elle.

    Voilà qui est accablant. Investissements décidés sur les apparences sympathiques d’une belle histoire, incompétence de l’entreprise, mensonge sur mensonge pour masquer l’échec – qui dit mieux ? Tout ceci traduit un dramatique manque de sérieux doublé d’une probité complètement déficiente, autrement dit une course au profit à tout prix, totalement caractéristique du libéralisme impulsif et de la dictature de l’instant dont parlait Pierre Massé.

    Et pourtant, je vois dans cette affaire de nombreuses raisons de se réjouir du bon fonctionnement du marché. D’abord, il faut savoir qu’Elisabeth Holmes a tenté d’empêcher la sortie de l’article du Wall Street Journal , mais son propriétaire Rupert Murdoch, quoique figurant lui-même parmi les dindons de la farce, n’a pas fait obstacle à sa publication.

    Deuxièmement, il existe un système judiciaire qui permet aux victimes de malversations de faire valoir leurs droits. Il n’est pas certain que les investisseurs récupéreront un jour leurs fonds, mais du moins la société a-t-elle tranchée : Elisabeth Holmes est coupable et doit réparer.

    Ensuite, en dehors des aspects frauduleux de ce dossier, il faut bien voir que l’innovation n’est pas écrite d’avance. Il faut beaucoup essayer, beaucoup se tromper, avant de voir des intuitions passer au stade de géniale découverte puis géniale pratique adoptée aussi librement que largement par la société. L’argent investi dans ces projets pour le meilleur et pour le pire l’est volontairement par des investisseurs audacieux qui savent dès le départ qu’ils pourraient y laisser beaucoup de plumes.

    A contrario , l’argent de la planification consciente est pris d’autorité aux contribuables via l’impôt et la dette. Il est dédié à des projets décidés a priori, sans qu’il soit possible à quiconque de faire d’autres expériences, d’autres tentatives. La décision de l’Union européenne d’interdire la vente de voitures thermiques à partir de 2035 est typique de ce dirigisme strictement idéologique.

    De plus, les échecs de la puissance publique, pour nombreux et abondamment relayés par la Cour des comptes qu’ils soient, ne donnent jamais lieu à la moindre réprimande ni à la moindre indemnisation des contribuables. Les dépenses publiques comme les impôts et la dette poursuivent leur hausse apparemment imperturbable quoi qu’il arrive ; les décideurs politiques, évincés un jour dans telle élection, réapparaissent quelque temps plus tard à la faveur des petites magouilles d’autres décideurs politiques. Mais pour ce qui est des monstrueux gaspillages rebaptisés récemment « quoi qu’il en coûte » qui émaillent la République française, du fiasco de Notre-Dame-des-Landes à l’informatisation difficile de l’administration et d’EDF à la SNCF, entités publiques perpétuellement renflouées par nos soins, silence radio.

    Il n’est certes pas anormal de réfléchir à l’avenir. Mais ce débat gagnerait à être mené avec souplesse par une multitude de cercles de réflexion dans une multitude de directions possibles plutôt que par une seule institution qui raisonne selon un point de vue unique et qui risque ainsi de définir autoritairement un futur formel qui se révélera complètement obsolète le moment venu.

    Alors oui, le marché a bel et bien ses myopies temporaires, ses engouements, ses divas capricieuses, ses cycles et ses moutons noirs. Mais d’une part, il se corrige lui-même très vite, précisément parce qu’il recherche le succès et le profit, pas la faillite et l’échec. D’autre part, il est prudent, au sens où il se méfie de la pertinence d’engagements pris à très long terme. Et surtout, il est libre et multiple, ce qui reste encore la meilleure façon de mobiliser les informations disponibles et d’explorer les innombrables voies du futur sans idées préconçues.

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      Communiquer sur le nombre de décès de la Covid-19 est-il pertinent ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 February, 2021 - 04:35 · 6 minutes

    covid nombre de décès

    Par Thomas Eisinger 1 .
    Un article de The Conversation

    Faire en sorte que les chiffres qui circulent soient de bonne tenue : tel semble être devenu l’alpha et l’oméga des arbitrages rendus par les décideurs du monde entier en ces temps de pandémie.

    Mais l’information disponible aujourd’hui doit-elle nécessairement éclipser, dans la prise de décision, des informations plus pertinentes à rechercher demain ?

    Plus qu’un débat sociétal sur la justice générationnelle ou sur notre relation à la mort , il est ici question d’une dérive bien connue des contrôleurs de gestion dans le secteur public.

    Le nombre de décès lié à la Covid ne doit pas être un tabou, faut-il pour autant l’ériger en totem ? Communiquer précisément et quotidiennement sur ce chiffre, comme le fait Santé publique France dans son tableau de bord répond certes à des exigences d’information et de transparence. Mais en mettant en avant cette morbide comptabilité, nos gouvernants ne se contraignent-ils pas à prendre de mauvaises décisions ?

    Les contrôleurs de gestion connaissent bien la loi de Goodhart, du nom de l’ économiste britannique . On peut la résumer ainsi : lorsque la mesure devient la cible, elle cesse d’être une bonne mesure.

    Bien sûr, apprécier la qualité de la réponse gouvernementale à la pandémie sur la base de l’évolution des décès qui y sont immédiatement imputables a du sens : la donnée est disponible grâce à des circuits de remontée d’informations éprouvés, elle est a priori objective et peu contestable. Mais ce choix présente deux écueils majeurs.

    Ne pas privilégier les seuls indicateurs immédiatement disponibles

    Le premier écueil, c’est de privilégier l’information disponible aux dépens de l’information pertinente.

    Prenons un exemple. Le succès d’une politique publique de formation professionnelle s’apprécie-t-il au nombre d’heures de cours dispensés (l’ output de la politique publique, pour reprendre la terminologie anglo-saxonne, ce qui est produit à court terme) ou bien au nombre de personnes formées ayant trouvé un travail dans les trois mois qui suivent la formation (son outcome , les résultats obtenus à moyen-long terme) ?

    La seconde information est certes plus longue et difficile à obtenir (nécessité d’un suivi dans le temps des personnes formées), et elle est surtout en (plus ou moins) grande partie déconnectée de la qualité du travail fourni par la seule institution.

    Il n’en reste pas moins qu’elle doit, a minima , être intégrée dans l’appréciation de ce qui a été fait. Pour paraphraser Maitre Yoda, incontestablement expert du temps long , la donnée disponible est certes plus facile, plus rapide, plus séduisante, mais au final elle nous éloigne parfois de la lumière.

    Ainsi, pour le sujet qui est le nôtre, il faut naturellement prendre en compte les décès attribués au jour le jour à la pandémie, mais pas seulement.

    À moyen terme, il convient de prendre en compte les périodes de sous-mortalité dite compensatrice ( harvesting effect en anglais, pour une image plus agricole), qu’elles soient concomitantes ou postérieures : elles nous invitent à réexaminer les chiffres bruts des décès liés au virus, qui dans certains cas n’aura fait que précipiter de quelques jours ou semaines des décès médicalement inéluctables.

    À long terme, il faut aussi prendre en compte les pertes d’espérance de vie liées, en partie, aux mesures prises pour lutter à court terme contre ladite pandémie : des outils existent pour cela, comme les bilans démographiques de l’Insee . L’espérance de vie à la naissance l’an dernier a ainsi diminué de 0,5 an pour les hommes et de 0,4 an pour les femmes. Et cette chute trouve son origine dans la crise sanitaire bien sûr mais aussi dans la crise économique résultant des confinements successifs.

    Ne nous méprenons pas : il est évident que nos gouvernants intègrent dans leur processus de décision ces informations pertinentes dans le temps long mais parfois indisponibles ou partiellement disponibles dans le temps court. Mais communiquent-ils suffisamment sur ces données ?

    Ne pas privilégier un seul indicateur

    Car le second écueil lié à l’identification d’une cible quasi exclusive, c’est d’aboutir à des décisions que les acteurs eux-mêmes savent parfois, au fond d’eux-mêmes, peu opportunes.

    Lorsqu’on se pense, à tort ou à raison, être jugé sur une donnée, alors elle peut devenir l’unique moteur de votre action. C’est pourquoi l’utilisation du chiffre comme base de l’évaluation dans les organisations publiques doit toujours être instaurée d’une main tremblante.

    Données concernant la pandémie de Covid-19 en France du 1/2/2021. Santé publique France

    L’ouvrage collectif Statactivisme publié en 2014 nous alertait déjà sur les dérives constatées en la matière. Décréter que vous appréciez le travail d’un policier sur le nombre d’infractions qu’il aura constatées et vous verrez rapidement se multiplier les situations multi-infractionnelles (un acte, plusieurs infractions).

    Ériger la réduction des délais de traitement d’une tâche administrative en priorité absolue et vous verrez d’une part d’autres missions moins surveillées s’effondrer dans le silence et d’autre part ces délais s’améliorer sans que parfois les services ne soient dans la réalité plus réactifs. Car au final aucune mesure ne peut parfaitement et totalement incarner l’action d’une personne, et encore moins d’une institution. Vouloir le faire reste le meilleur moyen d’améliorer la mesure… et de dégrader l’action.

    La critique est facile mais l’art est difficile, nous le savons tous. Nous pouvons néanmoins nous accorder sur un point : que plusieurs données éclairent la décision est une bonne chose, qu’une seule donnée dicte la décision n’en est pas une.

    L’inversion de la courbe (saison 2)

    Après avoir vu son prédécesseur lutter pendant des années contre une seule promesse chiffrée ( l’inversion de la courbe du chômage ) dont la quête mobilisa parfois actions court-termistes et, selon certains de ses contempteurs, artifices statistiques , il est étonnant de voir le président de la République s’astreindre à un tel exercice.

    De façon informelle certes, car il n’est nulle part dit que le seul objectif est de limiter le nombre de décès. Remarquons cependant que la communication est bien moindre sur les autres indicateurs qui alimentent pourtant la prise de décision.

    Est-il pertinent d’appliquer le « quoi qu’il en coûte » à la seule maîtrise du nombre de décès ? La bonne tenue de cet indicateur n’est pas gage de qualité de l’action gouvernementale.

    D’autres pays ont fait le choix de protéger par le vaccin des publics moins susceptibles de décéder à court terme, s’exposant ainsi à une mauvaise note en la matière. Sont-ils nécessairement dans le faux ?

    Finalement, ce n’est pas chez son prédécesseur mais chez un autre ancien président de la République que l’actuel locataire de l’Élysée aurait pu chercher l’inspiration en ces temps troubles. Jacques Chirac, en bon japonophile, lui aurait certainement glissé ce proverbe zen : celui qui atteint sa cible rate tout le reste.

    Sur le web The Conversation

    1. Professeur associé en droit, gestion financière et management des collectivités, Aix-Marseille Université (AMU).
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      L’affaire du siècle et la santé publique : les élites contre le peuple

      Christophe de Brouwer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 04:15 · 8 minutes

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    Par Christophe de Brouwer

    Il m’a été demandé une réflexion à propos de l’ action en justice en cours contre l’État français initiée par quatre ONG lui reprochant son « inaction climatique » en y apportant un éclairage de santé publique, éclairage singulièrement hasardeux.

    Les élites contre le peuple

    L’opinion publiée est-elle déconnectée de l’opinion publique comme l’écrit Michel Maffesoli ? Son excellent ouvrage La faillite des élites est utile à ce titre.

    La justice, du moins son élite au sens donné par Régis de Castelnau dans Une justice politique , s’est-elle ralliée, et non pas soumise – la nuance est importante -, au pouvoir en place, partageant la cécité du premier sur la réalité populaire ?

    On se trouverait ainsi, comme aux États-Unis, devant le consensus desdites élites, celles qui ont le pouvoir de dire et de faire (selon la judicieuse formule de Maffesoli), réalisant ainsi ce que l’on nomme l’ establishment , l’État profond, l’entre-soi, la bien-pensance, la conjonction et non la séparation des quatre pouvoirs, législatif, exécutif, judiciaire et médiatique.

    Notre époque est une confirmation assez saisissante de ce moment a-démocratique où la représentation populaire est devenue profondément minoritaire ; on le constate avec les dernières élections municipales françaises , pourtant un échelon de pouvoir se voulant le plus proche de ses électeurs.

    L’affaire du siècle, indécente et ringarde

    Dans une indifférence assez générale, l’ affaire du siècle continue cahin-caha son chemin au tribunal administratif de Paris suite à la plainte de quatre ONG (Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace, Oxfam, Notre affaire à tous).

    En lisant ces quelques lignes , j’ai trouvé cela à la fois indécent et ringard.

    Indécent, car tous ceux qui font partie de l’ élite de l’apocalypse climatique, élite au sens donné par Maffesoli, se retrouvent peu ou prou dans celle de l’apocalypse sanitaire du moment. Elles sont parties prenantes de l’ establishment .

    Indécent, car ceux-là veulent leur part de contrôle social sur la population : leur sac de bonbons leur semble trop maigre par rapport à celui de l’apocalypse sanitaire.

    Indécent, parce qu’ils veulent faire croire à une divergence idéologique au petit peuple inculte, c’est-à-dire nous, alors que la réalité est tout autre : il s’agit de se répartir les parts du gâteau, il s’agit véritablement d’un entre-soi avec ses jalousies, ses hypocrisies et ses médiocrités.

    Ringard, car l’affaire du siècle est sur son décours . La question qui subsiste est de savoir comment utiliser les oripeaux restants et atterrir en douceur.

    Ringard, parce que la grande lessiveuse sanitaire est passée par là et que le souci des gens n’est plus la poursuite de chimères climatiques, mais leur survie en jonglant au travers de toutes ces mesures liberticides prises au nom de la bien-pensance sanitaire.

    Car ne nous y trompons pas, cette tentative judiciaire est une imposture par beaucoup d’aspects. Le pouvoir judiciaire est devenu un outil indispensable du combat politique, on l’a vu lors de la dernière élection présidentielle (cf le livre de Régis de Castelnau).

    Et cette énième instrumentalisation n’est pas là pour libérer mais pour approfondir le contrôle social de la population par une soi-disant élite, une oligarchie, en imposant des comportements de plus en plus contraignants de la sphère publique mais aussi privée. Ce type de justice sort de son rôle de juger en toute équité ; et comment le pourrait-elle dans ce bras de fer politico-médiatique de l’entre-soi. Elle endosse un rôle politique quelle que soit la décision. Car il s’agit d’une instrumentalisation apparemment consentie et en tant que telle c’est préoccupant.

    Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, et aujourd’hui les recours en justice foisonnent contre les mesures gouvernementales de contrôle social avec, dans la plupart des cas, des décisions qui créent une jurisprudence validant un peu plus les actions de ceux-là. Comment pourrait-il en être autrement ?

    L’affaire du siècle : et la santé publique dans tout cela ?

    Car finalement les actions des élites sont réalisées au nom de celle-ci.

    Je ne reviendrai pas sur la bien-pensance sanitaire, un mensonge pour faire-valoir.

    Pourquoi l’opinion publiée en santé publique ne correspond plus à l’opinion publique dans ce domaine ? Pourquoi les recours judiciaires au nom de cette santé publique ne sont que des cache-sexe d’une évolution politique rapace et oligarchique, une certaine façon de corruption ?

    Les victimes sont sacralisées, non pas qu’elles aient droit de dire, mais elles sont l’instrument du pouvoir de dire et de faire , ainsi que du voile d’oubli jeté sur tous les autres.

    Pour comprendre, on peut certainement observer le mouvement des Gilets jaunes . Il y a les martyrs proclamés de la cause climatique ou sanitaire, mis systématiquement en avant pour justifier le dire et le faire d’un petit nombre. Combien de fois sur un plateau, le faux argument du « au nom des victimes » , devons-nous faire ceci ou cela.

    « Je sauve des vies » n’est-il pas devenu un slogan de la bien-pensance, clamé au travers des réseaux sociaux ? Nous sommes véritablement « pensés par les autres » nous explique Maffesoli. La victime sacralisée permet d’utiliser à plein rendement la compassion très réelle de tout un chacun pour le bénéfice de quelques-uns. Les plus riches n’ont d’ailleurs jamais été aussi riches qu’aujourd’hui, les trusts aussi bien- portants, il suffit d’observer les GAFA ; et la liberté d’entreprendre, d’échanger, de dire et de faire pour tous aussi mal en point.

    C’est bien à l’occasion d’une de ces mesures climatiques de la bien-pensance que cette révolte des Gilets jaunes est née. Ils nous disent : « et nous les oubliés, les utilisés, les broyés, vous pensez à nous ? » La répression a été d’ une très grande violence sur la longueur. De même pour les désobéissants des règlements sanitaires abscons, les images de violences policières, suivies d’un matraquage judiciaire dans bien des cas, sont édifiantes de l’entente et de la faillite des élites , mais élites quand même, un entre-soi loin du réel.

    Les victimes sacralisées

    C’est à ces excès que mène la notion de victime sacralisée. Et puis quelle aubaine pour les médias et pour les politiques en mal de consécration. On voit un phénomène similaire avec les experts du climat et du sanitaire : c’est au nom de la victime sacralisée et de la bien-pensance climatique ou sanitaire qu’ils agissent et s’imposent, loin des réalités.

    On perçoit ainsi convenablement le glissement de fonction de la santé publique. Elle se redéfinit non plus au nom de l’amélioration d’une santé collective, mais de plus en plus au nom de victimes sacralisées, instrumentalisées pour le bénéfice de quelques-uns, et peu importent les conséquences à côté, peu importent les conséquences sur le collectif pris dans son ensemble.

    Elle rencontre ainsi l’air du temps, celui des racialistes, des indigénistes , des antifas, etc., qui représentent autant de victimes sacralisées autoproclamées. Dès ce moment, la science peut être pliée dans le sens que l’on souhaite, elle est dévoyée . Et la santé publique aussi.

    On l’avait déjà vu avec l’affaire du siècle où la dissidence n’avait plus sa place, c’est tout aussi vrai avec l’affaire sanitaire où la censure s’est invitée et pas qu’un peu , aussi en santé publique. Les financements, qui sont généralement publics dans ce domaine, sont dirigés vers des objets adoubés par les élites. Il n’y a plus de place pour le penser et le chercher autrement. Mais à terme, c’est un assèchement des projets novateurs.

    Heureusement, la dissidence subsiste, persiste, grandit. Tout comme une vie souterraine qui se met pas-à-pas en place, avec une jeunesse de plus en plus réactive et révoltée contre l’appauvrissement de sa vie sociale et l’absence de perspective, ne fut-ce que d’un lendemain. On le voit par exemple avec les émeutes actuelles aux Pays-Bas .

    Nous voilà dans le solve avant le coagula des alchimistes. Un monde en devenir. De même une redéfinition de la santé publique se profile à l’abri des regards, imposée par les erreurs, les impasses, et parfois la forfaiture et les mensonges des élites de santé publique de nos pays, de connivence avec l’ establishment.

    Le procès ringard à Paris concernant l’affaire du siècle n’est finalement que les prémisses d’une volonté autoritaire qui se saisit toujours davantage, avec opportunité et gourmandise, dans la violence si nécessaire, du contrôle des comportements populaires.

    Face à cela, une jeunesse se nourrissant de contestations, agissant de plus en plus à l’abri des regards, dont la vie souterraine est croissante, qui exige un vrai lendemain ; et pour ma part, avec eux, l’espoir d’une réflexion approfondie, tant du contenu que des objectifs, d’une politique de santé pour tous, dans toutes ses dimensions.

    Nous en sommes tellement loin aujourd’hui.

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      Le confinement ciblé n’est pas discriminatoire

      Maxime Kristanek · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:50 · 5 minutes

    confinement ciblé

    Par Maxime Kristanek.

    La crise sanitaire place le gouvernement français entre le marteau et l’enclume : du côté du marteau sanitaire, il faut restreindre les activités économiques et les rapports sociaux ; du côté de l’enclume économique et sociale, il faut permettre aux entreprises de fonctionner et aux individus d’avoir un minimum de contacts sociaux. Est-il possible de limiter le nombre de morts du à la pandémie sans sacrifier nos entreprises et notre vie sociale ?

    Concernant les chiffres français, nous savons que 89 % des patients en réanimation présentent des co-morbidités et que 90 % de ceux qui décèdent ont plus de 65 ans, et/ou présentent des comorbidités. Nous ne sommes donc pas égaux face au virus : les individus âgés avec des co-morbidités sont beaucoup plus vulnérables que les autres.

    La mise en place d’un confinement ciblé

    L’infectiologue Odile Launay a suggéré de mettre en place un confinement ciblé . Il s’agit de confiner seulement les individus vulnérables, ce qui signifie que ceux en bonne santé pourraient reprendre leurs activités. Dans un tel cadre, les universités, les salles de sport, les stations de ski, les restaurants, les bars et les lieux culturels réouvriraient.

    L’argument en faveur du confinement ciblé est d’ordre utilitariste. L’ utilitarisme est la doctrine éthique selon laquelle nous avons le devoir de choisir les actions qui maximisent le bien-être du plus grand nombre. En adoptant ce confinement ciblé limité à certaines parties de la population, on maximise les intérêts du plus grand nombre : les individus non vulnérables travaillent et retrouvent une vie sociale et les individus fragiles sont protégés du virus en étant confinés.

    À plusieurs reprises, le président de la République et des membres du gouvernement ont écarté cette solution, jugée éthiquement problématique. Plus précisément, ce type de mesure serait discriminatoire : certains seraient confinés sur des critères d’âge et de santé, tandis que d’autres pourraient jouir de leurs libertés. La discrimination est moralement condamnée parce qu’elle est un traitement désavantageux injustifié visant un certain groupe. Elle constitue une violation du principe d’égalité, énonçant que les individus doivent être traités de la même manière.

    Un confinement ciblé serait-il discriminatoire ?

    L’argument du gouvernement consiste à énoncer que toute rupture du principe d’égalité constitue une discrimination. On peut pourtant douter de la vérité de cette affirmation car dans certaines situations, il n’est pas discriminant de traiter les individus de manière inégalitaire. Si la différence de traitement, même désavantageuse, repose sur des justifications valables, alors elle n’est pas considérée comme une discrimination.

    Par exemple, il ne paraît pas discriminatoire de taxer davantage ceux qui ont des revenus élevés. Il semble injuste qu’un milliardaire paye les mêmes impôts qu’un travailleur payé au salaire minimum. Le traitement différentiel désavantageux est justifié par l’écart de revenu.

    Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement français ne traite pas de la même manière les citoyens sans que cela apparaisse discriminatoire. Par exemple, les professionnels de discothèques ont l’interdiction de travailler, contrairement aux employés de supermarché. Cette différence de traitement est justifiée : les discothèques sont des lieux de forte contamination, et ne remplissent pas un rôle essentiel, contrairement aux supermarchés.

    On peut justifier le confinement des individus vulnérables car du fait de leur âge ou de leur état de santé ils ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie. Pour cette raison et afin d’être protégés, ils doivent être confinés. Il apparaît en revanche injustifié de confiner les personnes en bonne santé de moins de 65 ans qui ne développent pas de forme grave dans l’immense majorité des cas.

    Une deuxième raison de pratiquer un confinement ciblé est que la majorité des individus fragiles (retraités et personnes ayant de graves problèmes de santé) ne travaille pas, contrairement à la majorité en bonne santé. Rappelons que les hôpitaux et les retraites sont financés principalement par le travail des individus non vulnérables. Il est donc avantageux pour les plus fragiles que les autres continuent de travailler afin de financer leurs retraites.

    Critère biologique et critère économique

    On pourrait objecter que traiter de manière différente des individus sur la base de critères économiques ou professionnels n’est pas la même chose que traiter de manière différente à partir de critères biologiques, la vulnérabilité étant ici considérée comme la fragilité biologique d’un organisme humain pour se défendre face au virus. Le critère économique serait acceptable, contrairement au biologique, sur lequel on n’exerce aucune prise : on ne décide pas d’être âgé ou d’être diabétique.

    Pourtant, l’État traite déjà différemment les individus sur la base de critères biologiques. Par exemple, les personnes présentant des handicaps physiques ou mentaux importants perçoivent des aides publiques auxquelles n’ont pas accès les non-handicapés. On pourrait rétorquer qu’il ne s’agit pas là de discrimination, car le traitement différentiel est avantageux.

    Mais on pratique aussi des traitements différentiels désavantageux sur la base de critères biologiques sans que soit évoquée une discrimination.

    Par exemple, pour exercer certaines activités professionnelles (pompier, policier, pilote, etc.), il faut passer des épreuves physiques, et ceux qui échouent à cause d’un handicap biologique, inné ou acquis, sont disqualifiés.

    Autre exemple : les personnes non-voyantes ne peuvent détenir un permis de conduire. Si le traitement différentiel sur la base d’un critère biologique est justifié, alors il ne s’agit pas de discrimination. On voit mal ainsi pour quelle raison le critère de différenciation biologique serait, en soi, discriminatoire.

    Ainsi, en situation de crise sanitaire, il n’est pas discriminatoire de traiter différemment les individus avec un organisme vulnérable. Ainsi, il n’est pas discriminatoire de seulement confiner les personnes fragiles en vue de les protéger et permettre à celles en bonne santé de travailler et reprendre une vie sociale.

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      Confinement 3 : la crise sanitaire révélatrice du mal français

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:50 · 9 minutes

    confinement 3

    Par Olivier Maurice.

    La France vit donc son troisième confinement. Car il n’est pas la peine de se demander si la bouteille est à moitié pleine ou à moitié vide, nous sommes confinés 12 heures par jour , de 6 heures du soir au lendemain matin 6 heures et en régime de semi-liberté les 12 autres heures de la journée.

    En régime carcéral, cela s’appelle le placement à l’extérieur : un aménagement de peine qui permet au détenu de travailler, mais l’oblige à revenir dormir en prison.

    Après 6 heures, tout redevient comme avant, entendez par là comme pendant le vrai confinement, celui qui osait dire son nom. Les mêmes attestations de sortie dérogatoire à compléter soi-même, les même exceptions pour promener son chien, les mêmes prunes à 135 euros et la même déprime dans les rues abandonnées aux rongeurs nuisibles, les muridés et les autres.

    Qui se souvient encore du monde d’avant ? Du vrai monde d’avant, celui des discussion au café et des films au cinéma ? Espérons-nous encore un monde d’après ? Est-ce qu’il existera et à quoi pourra-t-il bien ressembler quand l’inondation de folies redescendra enfin ? Si elle descend un jour !

    Un an maintenant que l’on n’entend plus parler que de Coronavirus, de contaminations, de covid, de maladie, d’hospitalisations, de réanimations, de décès, de restrictions de libertés, de contrevenants, de comportement incivique et de comportement inconséquent des uns et des autres.

    Un an que la France vit en régime carcéral.

    Mais qu’avons-nous donc fait pour mériter une telle punition ?

    On aura beau râler sur, au choix : les politiciens, le système, la mondialisation, les pays étrangers, les Américains, les Chinois, les Russes ou le monde de la finance, le constat est cependant bien plus clair que cela : nous récoltons aujourd’hui ce que nous avons semé hier.

    L’analyse des disparités et des incohérences qu’un an de régime de tyrannie sanitaire aura révélée nous permet assez clairement de voir ce qui ne va pas dans notre pays.

    La dépendance à l’État

    Le premier point est la dépendance à l’État. Dépendance devenue si flagrante qu’elle relève presque du syndrome de Stockholm. Depuis un an, le pays vit au rythme effréné des déclarations gouvernementales hebdomadaires, des fameux points de presse du jeudi que la population attend désormais comme on attend le briefing du matin au boulot ou l’emploi du temps de la semaine à l’école.

    Le rapport des Français avec l’État a fondamentalement changé. D’un conglomérat assez obscur de services publics, l’État est devenu le patron. Pas le grand patron qu’on ne voit jamais, mais le petit patron, le petit chef, celui qui est chaque jour sur votre dos, qui surveille vos moindres faits et gestes et qui vous fait des réflexions à la moindre occasion.

    On connait tous les ravages que font ces rapports conflictuels dans les entreprises.

    En plus de la dépendance hiérarchique, une réelle dépendance économique s’est créée entre des milliers d’entreprises, d’indépendants, de secteurs qui ne survivent pour l’instant que parce que l’État perfuse ces secteurs qu’il a délibérément mis en sommeil. Comment se passera le sevrage d’argent public et qu’adviendra-t-il de ces entreprises zombies ?

    Sans compter en plus de tout cela sur l’effet délétère d’avoir maintenu en vie des acteurs qui aurait dû disparaître, non pas à cause de la crise, mais à cause de leur mauvaise stratégie, de leurs problèmes structurels, du manque de valeur ajoutée ou de différenciation, et que le marché aurait éliminé.

    Quel poids ces entreprises inadaptées ou dépassées, maintenues en survie artificiellement vont-elles faire peser sur la reprise ?

    La mauvaise santé de la population

    Que l’on évalue ou non l’impact des mesures sanitaires sur le bilan humain de l’épidémie, celui-ci est loin d’être fameux. Il est certes bien plus facile d’ accuser le virus ou surtout les mauvais comportements de la population, mais ce n’est que détourner le regard pour éviter de constater une évidence : si le bilan humain est si lourd, c’est que quelque chose ne fonctionne pas du tout dans le couple patient-soignant.

    La santé repose à la fois sur la condition physique des individus et sur l’accès aux soins. Et malgré le matraquage quotidien effectué depuis des années sur les ravages des mauvaises habitudes et l’incroyable importance donnée à la nourriture, malgré la gigantesque montagne d’argent investi dans les services sanitaires, ni l’un, ni l’autre n’ont permis d’éviter les hécatombes dans les maisons de retraite et certaines couches de la population, ni l’engorgement misérable des services hospitaliers.

    Le constat est sans appel : la population française est en mauvaise santé, autant parce que le pourcentage de personnes à risque est très élevé que parce que les services sanitaires ne sont plus à même d’assurer la couverture de cette population.

    Au-delà de la notion de protection sociale, c’est toute notre vision de la santé qui est remise en question, en passant par le sport et l’entretien physique : alimentations, addictions, soins bénins… et en terminant par la vieillesse.

    Le bilan catastrophique de cette épidémie et l’effondrement du système de santé sont la directe conséquence du « Je fais ce qu’il me plait, je ne crains rien, j’ai gratuitement accès au meilleur service de santé du monde ».

    La santé ne peut être gérée ni comme un centre de coût, ni comme un argument électoral ; elle est un sujet bien trop important pour être laissée aux mains de fonctionnaires, de corporations ou de politiciens.

    La France perdue des villes

    Cette crise a également relevé les incroyables disparités territoriales de notre pays. Elle a surtout montré l’incapacité d’une organisation centralisée à gérer cette diversité.

    Si la France est globalement restée si tranquille pendant toute cette crise, c’est que les Gaulois réfractaires, ceux qui sortent au besoin les gilets jaunes ou les bonnets rouges et qui biberonnent de la potion magique au premier coup de sang, en grande majorité ceux qui vivent dans la France périphérique , sont tranquillement restés dans leur village.

    Il faut dire que les mesures sanitaires ont majoritairement frappé les citadins, dans leurs effets mais aussi dans leur philosophie.

    Ce sont les citadins qui vont au restaurant trois soirs par semaine, au cinéma et au théâtre et dans les salles de sport. À la campagne et dans les petites villes, on va au restaurant pour les anniversaires, on a un home cinéma dans son salon et on fait du sport dans les associations, ou entre amis. De toute façon, on ne manque pas d’exercice physique.

    À la campagne, tant que le centre commercial est ouvert, qu’il y a de l’électricité et de l’essence, on se débrouille. Ce sont les citadins qui s’entassent dans les transports en commun et qui restent cloîtrés dans 20 mètres carrés par personne.

    Quel impact peuvent donc avoir des mesures ayant majoritairement consisté à interdire des activités qu’une partie importante de la population ne pratiquaient déjà pas, par faute de temps, de moyens, d’intérêt ou tout simplement d’accès ?

    Beaucoup d’élus locaux, moins coupés de la réalité, ont compris cette incohérence et se sont senti pousser des ailes, voire des griffes.

    L’État jacobin commence enfin à être soumis à concurrence. Certes une concurrence bien timide quand les présidents de région organisaient des distributions de masques ou quand les acteurs industriels se mettaient à fabriquer du gel hydroalcoolique, mais le mouvement est lancé et le state-bashing est passé au stade du sketch télévisé et aux banalités sorties quotidiennement par les élus locaux.

    Le vrai changement

    Il faudra sans doute attendre 2027 pour voir le vrai changement se produire. L’élection présidentielle de 2022 sera trop proche de l’impact pour que des solutions politiques nouvelles qui vont forcément émerger de cette crise ne voient le jour en si peu de temps.

    La grande question reste quand même celle du dégel. Que se passera-t-il quand le spectre de la troisième vague de printemps sera passé, qu’il y ait ou non d’ailleurs répétition de la flambée du printemps 2020 ?

    La radicalisation d’une partie importante de la population est en tout cas une certitude. Il semble raisonnable de dire qu’à part un petit noyau protégé, les Français ont été sévèrement secoués par la crise, que ce soit par les décisions arbitraires, la défaillance du système de santé, ou les errements du pouvoir central.

    Dans quelle population plus durement touchée par la crise se produira ou ne se produira pas l’étincelle que tout le monde redoute ? Chez les étudiants sacrifiés et cloitrés en isolement, chez les indépendants qui ont vu leur business fondre et disparaître, chez les salariés mis en chômage partiel et dont le sursis prendra fin avec les subventions, chez les ruraux ou les citadins, chez les jeunes ou les vieux qui ont payé un très lourd tribut à un État qui n’a absolument pas été à la hauteur de ses promesses.

    Que font les professionnels de la révolution d’habitude si prompts à faire un barrouf géant au moindre sourcil de travers ? Où sont passés les syndicats d’étudiants, les associations de commerçants, les syndicats, les associations, les collectifs et autres people engagés ?

    La liberté est la clef. Nous le savons et nous avons des propositions claires, précises, efficaces et réalistes pour sortir de cette impasse dans laquelle les politiques étatistes ont mené le pays. C’est le moment de faire entendre nos voix et de diffuser notre message.

    Si ce ne sont pas les libéraux qui le font, personne ne le fera, il ne faut pas compter sur les ex-révolutionnaires d’après-guerre et leurs héritiers. Ce sont eux qui envahissent quotidiennement les plateaux télé pour accabler la jeunesse de reproches, demander chaque jour davantage de restrictions et nous faire la morale.

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      Le glyphosate sera-il remplacé par un produit miracle ?

      Christophe de Brouwer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 2 July, 2020 - 13:50 · 8 minutes

    Par Christophe de Brouwer.

    Cette question me fut posée. Je vais tenter d’y apporter une réponse. Mais avant cela, quelques généralités sur les pesticides de façon à cadrer la réponse.

    Les pesticides, désignés parfois produits phytosanitaires ou biocides sont une classe de molécules extrêmement vaste et variée.

    Ces termes visent indifféremment les insecticides, les herbicides, les fongicides, les molluscicides, les rodenticides, etc. En matière de toxicité, ils peuvent être très différents les uns des autres.

    Au Moyen-Âge, on avait un produit pour tout, les sels d’arsenic. Au XVIIIe siècle ou peut-être avant, on utilisait les feuilles de tabac comme insecticide et notamment pour lutter contre les punaises. Mais c’est bien au XIXe siècle qu’a débuté l’utilisation de pesticides à grande échelle.

    Outre la nicotine et l’arsenic, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, on connaissait le pyrèthre (extrait du chrysanthème) et la roténone (extrait de racines de légumineuses).

    Les deux premiers composés sont des toxiques dangereux pour l’Homme, les deux derniers beaucoup moins.

    Ce n’est qu’en 1939 que Müeller redécouvrit le DDT , un organo-chloré. Il recevra le prix Nobel à juste titre, ce produit ayant sauvé des dizaines de millions de vies en éradiquant la malaria dans certains pays comme les USA et l’Inde, ou en tout cas les formes pernicieuses et mortelles de la malaria (le tristement célèbre falciparum ).

    À peu près au même moment sont découverts les organo-phosphorés qui sont des neuro-toxiques extrêmement puissants dans leur formulation d’armes chimiques, évidemment beaucoup moins dans les formulations actuelles que l’on trouve notamment dans nos supermarchés. Leur grand intérêt est d’être rapidement biodégradable, alors que les organo-chlorés sont persistants.

    Depuis, les produits phytosanitaires ont connu une expansion en quantité et en diversité tout à fait remarquable, dans leurs usages domestiques, agricoles ou industriels.

    Il est clair que leurs avantages ne doivent pas cacher leur toxicité humaine.

    Les pesticides visent des voies métaboliques cellulaires essentielles du vivant, comme la synthèse d’acides aminés et de protéines, d’acides nucléiques, des mécanismes cellulaires tels que ceux liés aux cytochromes, la division cellulaire. En théorie, le mieux est qu’ils agissent sur des cibles spécifiques qui ne se retrouvent pas chez les mammifères. Critère que rencontrent des herbicides comme l’atrazine, un poison de la photosynthèse ou le glyphosate , un poison de la synthèse de molécules essentielles par la voie shikimique, spécifique aux plantes.

    À l’inverse, la grande majorité des insecticides sont des neurotoxiques qui possèdent une activité variable chez l’humain (organochloré et phosphoré, carbamate, nicotine, pyréthrinoïdes…).

    Si c’était aussi simple, nous n’en serions pas aux polémiques actuelles. Mais la toxicologie s’enrichit de multiples voies d’action. Et notamment parmi celles-ci, depuis les années 1980, la notion toxicologique de disrupteurs endocriniens s’est imposé avec force.

    On se rappelle les accusations à l’encontre du bisphénol A , un plastifiant que l’on retrouvait dans les biberons en plastique et certains jouets ; interdit depuis, il n’était d’ailleurs pas le seul.

    Quasiment tous les pesticides sont des disrupteurs endocriniens plus ou moins efficaces. Mais ce ne sont pas les seuls, loin de là, ils sont en fait très minoritaires à ce niveau-là.

    Les disrupteurs endocriniens ont des effets complexes chez l’Homme que je vais résumer en :

    1. atteinte du système reproducteur (liés aux hormones)
    2. mutagène/cancérigène de type promoteur

    Entendons-nous bien, nous sommes tous exposés en permanence à des disrupteurs endocriniens et nous ne sommes pas tous devenus stériles et nous ne développons pas tous un cancer. Bien au contraire, notre espérance de vie a toujours tendance à augmenter, comme le nombre d’habitants sur cette planète. Remettons correctement les choses en perspective.

    En Europe nous avons connu dernièrement l’interdiction de divers pesticides d’origine soit naturelle, soit de synthèse, comme la roténone (molécule naturelle issue d’une légumineuse), ou le paraquat (qui était fort utilisé dans la culture des pommes de terre), ou le malathion/fenthion, deux organo-phosphorés beaucoup utilisés par exemple pour la conservation des grains en silo, et cela pose un problème aujourd’hui.

    Actuellement, nous assistons aux hésitations concernant le glyphosate, (l’ancien Round-Up®, Weedol®…), le produit phytosanitaire le plus utilisé au monde. Stricto sensu, il s’agit d’un composé organo-phosphoré qui ressemble à la glycine, un acide aminé essentiel à la vie, d’où son nom. Mais il ne possède aucune des propriétés toxiques des organo-phosphorés. Sa toxicité personnelle apparaissait en fait assez faible et de ce point de vue, son utilisation raisonnable était un bon compromis.

    En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer, un organisme dépendant de l’OMS, basé à Lyon, a modifié son classement en 2A, c’est-à-dire comme cancérigène probable . En général, ce classement est acquis lorsque tant l’expérimentation animale que l’observation humaine sont concordantes et montrent un effet cancérigène net, avec cependant de façon marginale une ou quelques rares études, répondant évidemment à des critères de qualité, hésitantes et/ou négatives. L’examen de la monographie du glyphosate qui fut publiée lors du reclassement n’apparaît pas conforme à ce schéma général.

    Je ne vais pas ici entrer dans la polémique sur cette molécule, chacun peut en examiner les éléments contradictoires par lui-même.

    Par contre, ce qui était depuis longtemps en cause n’était pas tant le glyphosate en tant que tel, mais son adjuvant, un surfactant, le POEA, permettant à la molécule de pénétrer dans la plante, et qui s’est révélé être un disrupteur endocrinien franc, contrairement au glyphosate, qui apparaît peu actif de ce point de vue-là.

    On ne fait d’ailleurs pas assez attention aux adjuvants, comme par exemple le piperonyl butoxide qui accompagne souvent les pyréthrinoïdes, des insecticides, afin d’en ralentir le métabolisme par l’organisme vivant, sans discrimination !

    Revenons enfin au round-up® nouvelle formule. Il n’est pas le seul dans cette formulation. Son composé actif est aujourd’hui l’acide pélargonique, un extrait de géranium qui agit comme défoliant par dessication. Il aurait une toxicité aquatique plus prononcée que son prédécesseur. C’est une molécule naturelle, ce qui ne présage pas de sa toxicité humaine.

    Il est moins efficace que le glyphosate, il n’atteint que les feuilles (leur enlève la cuticule protectrice par effet corrosif) et non les racines, ce qui pourrait conduire à une multiplication de son application.

    Nous savons que les plantes se défendent en utilisant tout un arsenal de stratégies, le cas échéant par la fabrication de molécules parfois extrêmement toxiques pour l’Homme (la belladone ou la ricine par exemple), dont nous essayons dans certains cas de tirer profit (comme avec les antibiotiques).

    La question qui se pose ici est de savoir si le composé utilisé en remplacement du glyphosate, l’acide pelargonique, est toxique pour l’Homme.

    On sait qu’il peut être irritant et provoquer des brûlures externes, de l’appareil respiratoire ou digestif, c’est d’ailleurs son mode d’action. On ne s’étonnera donc pas de le trouver impliqué dans certains problèmes inflammatoires, ce qui est assez banal pour toute une série de produits. On trouve d’ailleurs un de ses composés (PAVA) dans des sprays récents d’autodéfense.

    En fait, c’est un nom compliqué pour un acide gras très simple, l’acide nonanoïque comportant 9 carbones en ligne. Sa production industrielle ne comporte aucune difficulté. On l’utilise depuis longtemps comme cosmétique, aromatique, plastifiant, dans des laques, etc. Mais c’est également une molécule qui serait active dans le traitement de crises convulsives.

    Si une recherche toxicologique dans la littérature médicale ( Pubmed et Sc ience direct ) revient quasi bredouille avec les termes « pelargonium acid », par contre l’utilisation des termes « nonanoic acid » (son équivalent) ou « medium chain fatty acid » (plus large) est un peu plus intéressante.

    Mais ce qui domine cette recherche bibliographique, c’est finalement la pauvreté des données : il en manque. Les données toxicologiques de type CMR (cancer, mutagène, reproduction) sont manifestement insuffisantes, même si les rares à disposition tendent plutôt à rassurer, de même concernant un éventuel effet sur le système nerveux central.

    D’une certaine manière, la conclusion est triviale et… non-conclusive. Nous sommes devant une de ces très nombreuses molécules utilisées depuis longtemps, dont les données toxicologiques bien qu’apparemment rassurantes restent disparates et parcellaires.

    Si vous me posez la question d’une amélioration sanitaire dans l’usage des pesticides grâce au remplacement du glyphosate par un acide gras à chaîne moyenne non ramifiée, en toute sincérité, je ne pourrais répondre : je ne suis pas convaincu.

    C’est cela qui est inquiétant dans le management sociétal de cette question, qui est réellement importante pour notre agriculture et nos agriculteurs. La science ne prime plus face à l’instrumentalisation de l’émotion sociale et complique toute décision objective.

    Article initialement publié en juillet 2019.

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      Le problème du système de santé en France n’est pas le manque de moyens

      Philippe Alezard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 31 March, 2020 - 03:15 · 10 minutes

    Par Philippe Alezard.

    Le 24 mars, l’Inde a annoncé le confinement de la totalité de sa population , soit 1,3 milliard d’habitants. Un peu plus de deux milliards d’habitants de la planète sont confinés. Tous les continents sont touchés. L’Europe est le principal foyer. L’Italie cumule les tristes records du nombre de cas et de morts, le taux de létalité y atteint 8,3 %.

    À l’exception du Royaume-Uni, bien que le gouvernement semble faire machine arrière , et des Pays-Bas, l’Europe a choisi la stratégie du confinement strict et généralisé. C’est le choix de la gestion de la propagation du virus afin de ralentir sa progression. En Asie du Sud-Est, le choix s’est porté sur la gestion du virus lui- même, au travers d’une gestion de dispositif épidémiologique avec un suivi et des actions individualisées et non généralisées.

    Au-delà de la pandémie, des approches différentes

    Cette crise du Covid-19 a mis en exergue les approches différentes entre les pays en matière de gestion et d’efficacité des dépenses de santé, de discipline collective ainsi que d’intégration de la technologie, de l’intelligence artificielle, du big data , dans toutes les strates de la démocratie.

    Dans les pays de l’OCDE, les dépenses de santé ont atteint 8,8 % du PIB en 2018. Les dernières projections font apparaître une croissance à 10,2 % du PIB à horizon 2030. L’espérance de vie est de 81 ans. La part des personnes âgées de plus de 80 ans va plus que doubler d’ici 2050.

    La moyenne des dépenses de santé est de 4000 dollars par habitant, ajusté des pouvoirs d’achat. Mais on note de fortes disparités entre les États-Unis par exemple, où elles dépassent les 10 000 dollars par habitant et le Mexique avec 1150 dollars par habitant.

    L’objectif de tout système de santé est d’améliorer la santé des individus et de la population tout en respectant un cadre budgétaire soutenable. Le cadre conceptuel pour l’évaluation de la performance de celui-ci est très complexe. Il fait intervenir le contexte démographique, économique et social des pays.

    La France dépense un peu plus de 11 % de son PIB dans son système de santé . C’est au même niveau que l’Allemagne, 0,5 % de plus que le Japon et 3 % de plus que la Corée du Sud. À l’exception des États-Unis, la France, l’Allemagne et la Suisse sont les pays qui ont les dépenses de santé les plus élevées des pays de l’OCDE.

    Selon les pays, les dépenses de santé sont constituées par des régimes obligatoires et/ou volontaires, les assurances maladies, qui donnent un droit automatique aux soins pour les individus. Pour les pays de l’OCDE, les trois-quarts des dépenses de santé sont couverts par des régimes publics. Dans ce domaine, seule la Corée du Sud, avec 60 %, se différencie de l’Allemagne, de la France et du Japon dont les dépenses sont prises en charge à 85 % ou plus par un dispositif public obligatoire.

    Les offres de soins ont évidemment une incidence sur les dépenses. L’éventail est large, hôpitaux, cabinets médicaux, pharmacies. Les activités hospitalières représentent la plus forte proportion des dépenses de santé pour l’ensemble des pays. Dans ce domaine également, on note de fortes disparités. La Grèce, par exemple, consacre 43 % de sa dépense dans les soins hospitaliers alors qu’ils représentent 28 % en Allemagne. La France y consacre la moyenne de l’OCDE, à savoir 38 %.

    Un autre poids lourd des dépenses de santé est le personnel du secteur médico-social. Ce secteur est un rouage essentiel au bon fonctionnement d’une société. Il représente plus de 10 % de l’emploi des pays de l’OCDE, en progression de plus de 42 % depuis 2000. En France ce secteur représente 14 % des emplois. Cette tendance devrait se poursuivre sous l’effet du vieillissement des populations. De nombreux pays mettent en place de nouvelles structures, de nouveaux métiers, aidés par les nouvelles technologies pour accompagner ce phénomène. Des basculements technologiques sont à attendre pour gagner en productivité.

    L’Allemagne compte 4,3 médecins pour 1000 habitants, la France 3,2, le Japon et la Corée 2,4. Pour le personnel infirmier, l’Allemagne en compte 13 pour 1000 habitants contre 12 au Japon, 10 en France et 7 en Corée.

    En matière de rémunération, la France se classe parmi les plus mauvais élèves, particulièrement pour le personnel infirmier. Un médecin salarié de la fonction publique hospitalière est rémunéré en moyenne 2,2 fois le salaire moyen français. C’est 40 % inférieur à son collègue allemand. Le personnel infirmier est à 0,9 fois le salaire moyen, 20 % de moins qu’un Allemand et 40% de moins qu’un infirmier espagnol.

    Le nombre de lits par habitant donne une bonne mesure des ressources disponibles pour fournir des services aux patients hospitalisés. On recense en moyenne 4,7 lits pour 1000 habitant dans les pays de l’OCDE. Le Japon en compte 13, dont 4,5 en réanimation ; la Corée 12, dont 4 de réanimation ; l’Allemagne 8 dont 2,9 de réanimation ; et la France 6 dont 1,2 est consacré à la réanimation.

    Les dépenses d’investissement dans le domaine de la santé, les dépenses dites « en capital », sont d’une importance vitale. Les besoins en nouveaux dispositifs de santé, en équipements de diagnostics, de thérapeutiques, en systèmes d’information et de communication, en intelligence artificielle auront une incidence déterminante sur la capacité de notre système de santé à satisfaire les besoins de la population . Le manque d’équipement, IRM, scanners, a des répercussions directes sur les capacités de dépistages précoces. On a vu combien le manque de respirateurs, de salles de réanimation a influencé la gestion de la crise du coronavirus.

    La France investit 0,6 % de son PIB dans ces nouvelles technologies pour l’hôpital alors que l’Allemagne et le Japon y consacrent près du double. Dans ces pays, ce sont 10 % des dépenses de santé qui sont investis pour le futur, contre 5 % en France.

    Résumons ces quelques points de benchmark par rapport à l’Allemagne, le Japon et la Corée.

    La France est le pays qui a la plus lourde dépense de santé, soit 11 % de son PIB. Elle compte deux fois moins d’infirmières qu’en Allemagne et 50 % de moins de médecins. De plus, les médecins et personnels soignants sont payés entre -20 % à -40 % de moins que leurs collègues allemands. Il y a deux à trois fois moins de lits par habitant en France qu’en Allemagne, au Japon ou Corée du Sud. Pour finir, la France investit deux fois moins que les autres pays dans les nouvelles technologies et intelligence artificielle pour l’hôpital.

    Il est donc évident que le problème de l’hôpital en France ne provient pas du manque de moyens .

    Un bouc émissaire tout trouvé

    Et une fois de plus les mêmes antiennes reviennent. Un bouc émissaire est désigné , le capitalisme, le libéralisme, ou néo, ultra-libéralisme, ainsi que son corollaire, la globalisation. Dans une tribune, signée dans L’Humanité du 27 mars, Philippe Martinez, Cécile Duflot et 16 autres responsables syndicaux, crient « Plus jamais ça ! Préparons le jour d’après » . Ils dénoncent la mainmise des forces économiques et le néolibéralisme qui ont réduit à peau de chagrin la capacité de nos États à répondre à des crises telles que celle-ci.

    Les pays du Sud-Est asiatique, Singapour, Japon, Corée du Sud, Taiwan, ont retenu les leçons malheureuses du SRAS en 2003 et du MERS en 2015. Des procédures ont été instaurées et respectées. Les stocks étaient suffisants : quatre masques FFP2 par foyer et par semaine étaient prévus à Singapour.

    Des centres nationaux pour maladies infectieuses avaient été mis en place en 2018 en Corée du Sud et 2019 à Singapour avec des unités spécialisés et des chambres d’isolement. Les kits de test par écouvillons ainsi que les salles de dépistages aux différents points de contrôles d’entrée des pays, aéroports, ports, frontières ont été développés dès mi-janvier.

    Surtout ces pays ont eu recours à un usage massif de la technologie pour le suivi des patients et des contaminés.

    L’usage massif de la technologie

    Le partenariat public-privé joue à fond le développement de plateformes. L’application Face Mask Map permet de localiser instantanément les pharmacies disposant de masques. Cette même application permet la gestion de la fabrication de masques en pilotant les stocks, leur distribution et leur réallocation.

    D’autres exemples se sont multipliés. La géolocalisation s’est généralisée, permettant de cibler le virus, d’éviter les mises en contact mais également les anticipations de moyens à allouer aux hôpitaux.

    L’investissement et la technologie sont présents à tous les échelons de la santé, l’épidémiologie, la médecine préventive, l’urgence, le diagnostic. L’ innovation privée et/ou associative est intégrée, connectée aux systèmes de santé public. La société civile, Civic Technology a un rôle prépondérant dans les systèmes de soin. Les scientifiques, les universitaires, les sociétés de hautes technologies, les big data et les data scientists sont parties prenantes du système de santé.

    Dans ces démocraties libérales, respectueuses des libertés individuelles, l’intérêt collectif peut prendre le pas momentanément sur l’intérêt individuel. Le doute envers les institutions n’existe quasiment pas. En France, la défiance envers celles-ci est à son paroxysme.

    La France souffre de la complexité de son fonctionnement . Il aura fallu attendre le plus haut degré d’urgence pour voir la création d’un conseil scientifique pour aider à la gestion de la crise.

    La mondialisation a bon dos

    Ce n’est pas à cause de la mondialisation que le pays n’avait aucun stock de masques ou de gel hydro-alcoolique. Ce n’est toujours pas la mondialisation, mais ce serait plutôt grâce à elle, que LVMH et Pernod-Ricard doivent se substituer à l’État pour fournir aux hôpitaux ce minimum d’équipements.

    C’est l’impréparation.

    Cette société qui a sanctuarisé le principe de précaution a institué un système hiérarchisé dans lequel toutes les facettes de l’individu sont gérées par des procédures, des règles, des normes, des dispositifs de régulation, à un point tel que tout est prévu. Une armée de fonctionnaires écrit des textes de plus en plus abscons alors qu’une autre armée tente de les faire appliquer.

    Tout est prévu sauf l’imprévisible. Et quand il se présente, tout se bloque. Tout le monde est surpris et personne n’est responsable. Le système est totalement imperméable au sens commun, à la responsabilité, à l’intelligence.

    La France est le système le plus « socialisé » des pays de l’OCDE. La dépense publique engouffre 57 % de la richesse créée . Les prélèvements obligatoires ont également le record de l’OCDE. La pression fiscale est à son comble. Et cependant, le système éducatif s’enfonce chaque année un peu plus dans les limbes des classements, les tribunaux sont tous submergés par les retards accumulés, la police n’a plus les moyens de travailler, l’hôpital est sous-équipé et les investissements ont disparu depuis des années. L’efficacité et l’efficience de ces dépenses posent question.

    Il n’y aura pas un avant et un après coronavirus comme il n’y a pas eu d’avant et d’après 2008. Pour la France, un jour, il y aura un avant et après prise de conscience que notre modèle social doit changer . L’efficacité, la responsabilité, le courage politique doivent être les points de triangulation qui devront guider cette évolution avant que n’éclate la bulle technocratique et administrative.

    Dans L’ordre social , Jacques Rueff écrivait déjà :

    « Toutes les turpitudes de notre régime, j’en ai toujours trouvé la source dans les interventions de l’État. Les systèmes malthusiens donnent à leurs auteurs toutes les apparences de l’action généreuse alors qu’ils organisent la misère et la ruine. »