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      Comment les dépenses publiques nuisent à l’économie

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 03:40 · 13 minutes

    Par Murray N. Rothbard .

    Dans ce chapitre de L’homme, l’économie et l’État , Murray Rothbard explique comment les employés de l’État consomment les ressources productives tandis que les impôts et les dépenses publiques faussent l’économie.

    Depuis des années, les auteurs spécialisés dans les finances publiques sont à la recherche de « l’impôt neutre », c’est-à-dire du système d’imposition qui permettrait de maintenir intact le marché libre.

    L’objet de cette recherche est tout à fait chimérique.

    Par exemple, les économistes ont souvent cherché à uniformiser les impôts de sorte que chacun ou du moins chaque personne se situant dans la même tranche de revenus, paie le même montant d’impôt. Mais cela est intrinsèquement impossible, comme nous l’avons déjà vu avec la démonstration de Calhoun que la communauté est inévitablement divisée en contribuables et en consommateurs d’impôts, dont on ne peut évidemment pas dire qu’ils paient des impôts du tout.

    Pour reprendre la fine analyse de Calhoun  :

    « Il ne peut en être autrement, à moins que ce qui est perçu de chaque individu sous forme d’impôts ne lui soit rendu sous forme de débours, ce qui rendrait le processus inutile et absurde. »

    Pour faire court, les fonctionnaires ne paient pas d’impôts, ils en consomment le produit. Si un citoyen qui travaille dans le secteur privé gagne 10 000 dollars de revenu et paie 2000 dollars d’impôts, le fonctionnaire gagnant 10 000 dollars ne paie pas réellement 2000 dollars d’impôts ; ce n’est qu’une fiction comptable 1 . Il acquiert en fait un revenu de 8000 dollars et ne paie aucun impôt.

    Les fonctionnaires ne seront pas les seuls à être des consommateurs d’impôts, mais aussi dans une moindre mesure d’autres membres privés de la population.

    Par exemple, supposons que l’État prélève 1000 dollars auprès de particuliers qui auraient dépensé cet argent en bijoux, et qu’il utilise cette somme pour acheter du papier pour les services gouvernementaux. Cela induit un déplacement de la demande des bijoux vers le papier, une baisse du prix des bijoux et un flux de ressources en provenance de l’industrie de la bijouterie ; inversement, le prix du papier aura tendance à augmenter et les ressources afflueront vers l’industrie du papier. Les revenus diminueront dans l’industrie de la bijouterie et augmenteront dans celle du papier 2 . Par conséquent et dans une certaine mesure, l’industrie du papier sera favorisée par le budget de l’État : du processus d’imposition et de dépenses de l’État.

    Mais pas seulement l’industrie du papier.

    En effet, l’argent frais reçu par les entreprises du papier sera versé à leurs fournisseurs et aux propriétaires des usines d’origine, et ainsi de suite, au fur et à mesure que les répercussions se font sentir dans d’autres secteurs de l’économie. Par ailleurs, l’industrie de la bijouterie, privée de revenus, réduit sa demande de facteurs. Ainsi, les charges et les avantages du processus d’imposition et de dépense se diffusent dans l’ensemble de l’économie, l’impact le plus fort se situant aux points de premier contact – les bijoux et le papier 3 .

    Chaque membre de la société sera soit un contribuable net, soit un consommateur d’impôts et ce à des degrés différents, et il appartiendra aux données de chaque cas spécifique de déterminer où se situe une personne ou une industrie particulière dans ce processus de distribution. La seule certitude est que le fonctionnaire ou le politicien reçoit 100 % de son revenu du produit des impôts et n’en paie aucun en retour.

    Le processus d’imposition et de dépense déforme donc inévitablement la répartition des facteurs de production, les types de biens produits et la structure des revenus, par rapport à ce qu’ils seraient sur le marché libre. Plus le niveau d’imposition et de dépense est élevé, c’est-à-dire plus le budget de l’État est important, plus la distorsion aura tendance à être grande. En outre, plus le budget est important par rapport à l’activité du marché, plus le poids de l’État sur l’économie est élevé. Une charge plus importante signifie que de plus en plus de ressources sont siphonnées par coercition à l’encontre des producteurs vers les poches du secteur public, de ceux qui vendent à l’État et à ses favoris subventionnés. Bref, plus le niveau relatif de l’État est élevé, plus la base des producteurs est étroite, et plus la « prise » de ceux qui exproprient les producteurs est grande. Plus le niveau étatique est élevé, moins les ressources seront utilisées pour satisfaire les désirs des consommateurs ayant contribué à la production, et plus les ressources seront utilisées pour satisfaire les désirs des consommateurs non producteurs.

    La manière d’aborder l’analyse de la fiscalité a fait l’objet de nombreuses controverses parmi les économistes.

    Les marshalliens à l’ancienne insistent sur l’approche de « l’équilibre partiel « , qui consiste à ne considérer isolément qu’un type particulier de taxe puis à en analyser les effets ; les walrasiens, plus à la mode aujourd’hui (et illustrés par le regretté Antonio De Viti De Marco , expert italien en finances publiques), insistent sur le fait que les taxes ne peuvent être considérées isolément, qu’elles ne peuvent être analysées qu’en conjonction avec ce que le gouvernement fait des recettes.

    Dans tout cela, ce qui serait l’ approche dite autrichienne , si elle avait été développée, est négligée. Celle-ci soutient que les deux procédures sont légitimes et nécessaires pour analyser pleinement le processus de taxation. Le niveau des impôts et des dépenses peut être analysé et ses inévitables effets de redistribution et de distorsion discutés ; et au sein de cet agrégat d’impôts, les différents types d’impôts peuvent ensuite être analysés séparément. Ni l’approche partielle ni l’approche générale ne doivent être négligées.

    Il y a également eu beaucoup de controverses inutiles sur la question de savoir quelle activité de l’État  impose la charge au secteur privé : la fiscalité ou les dépenses publiques.

    Il est en fait inutile de les séparer car elles sont toutes deux des étapes du même processus de charge et de redistribution. Ainsi, supposons que l’État taxe l’industrie de la noix de bétel d’un million de dollars afin d’acheter du papier pour les administrations. Des ressources d’une valeur de un million de dollars sont transférées des noix de bétel vers le papier.

    Cela se fait en deux étapes, une sorte de double coup de poing au marché libre :

    1. L’industrie de la noix de bétel est appauvrie car son argent lui est retiré
    2. L’État utilise cet argent pour retirer le papier du marché pour son propre usage, extrayant ainsi des ressources dans la deuxième étape.

    Les deux parties du processus sont un fardeau. En un sens, l’industrie de la noix de bétel est obligée de payer pour sortir le papier de la société ; du moins, elle en supporte le poids immédiat. Cependant, sans même considérer le problème de « l’équilibre partiel » qui consiste à savoir comment ou si ces taxes sont « transférées » par l’industrie de la noix de bétel sur d’autres épaules, nous devons également noter qu’elle n’est pas la seule à payer ; les consommateurs de papier paient certainement en voyant les prix du papier augmentés.

    Le processus peut être vu plus clairement si l’on considère ce qui se passe lorsque les impôts et les dépenses publiques ne sont pas égaux, lorsqu’ils ne sont pas simplement les faces opposées d’une même pièce. Lorsque les impôts sont inférieurs aux dépenses publiques (et en omettant pour l’instant les emprunts auprès du public), l’État crée de la nouvelle monnaie. Il est évident ici que les dépenses publiques sont la principale charge puisque ce montant plus élevé de ressources est siphonné. En fait, comme nous le verrons plus tard en considérant l’intervention binaire de l’inflation, la création de nouvelle monnaie est de toute façon une forme de taxation.

    Mais qu’en est-il du rare cas où la taxation est supérieure aux dépenses gouvernementales ?

    Supposons que l’excédent soit thésaurisé dans la réserve d’or du gouvernement ou que la monnaie soit liquidée par la déflation (voir ci-dessous).

    Ainsi, supposons qu’un million de dollars soit prélevé sur l’industrie de la noix de bétel et que seulement 600 000 dollars soient dépensés en papier. Dans ce cas, la charge la plus importante est celle de l’impôt, qui paie non seulement pour le papier extrait mais aussi pour la monnaie thésaurisée ou détruite. Alors que l’État n’extrait que 600 000 dollars de ressources de l’économie, l’industrie de la noix de bétel perd 1 000 000 dollars de ressources potentielles, et cette perte ne doit pas être oubliée dans le calcul des charges imposées par le processus budgétaire de l’État. En résumé, lorsque les dépenses et les recettes étatiques diffèrent, le « fardeau fiscal » de la société peut être évalué très approximativement par le total le plus élevé.

    Puisque l’imposition ne peut pas vraiment être uniforme, dans son processus budgétaire de tax-and-spend , l’État prend inévitablement de manière coercitive à Pierre pour donner à Paul (« Paul », bien sûr, y compris lui-même). En plus de fausser l’allocation des ressources, le processus budgétaire redistribue donc les revenus ou, plutôt, distribue les revenus. En effet, le marché libre ne distribue pas les revenus ; ceux-ci découlent naturellement et sans heurts des processus de production et d’échange du marché.

    Ainsi, le concept même de distribution comme quelque chose de distinct de la production et de l’échange ne peut naître que de l’intervention binaire de l’État. Il est souvent reproché, par exemple, que le marché libre ne maximise pas l’utilité de tous et les satisfactions de tous les consommateurs, que « compte tenu d’une certaine répartition existante des revenus ».

    Mais ce sophisme courant est incorrect ; il n’y a pas de « distribution supposée » sur le marché libre, séparée des activités volontaires de production et d’échange de chaque individu. Le seul donné sur le marché libre est le droit de propriété de chaque Homme sur sa propre personne et sur les ressources qu’il trouve, produit ou crée, ou qu’il obtient en échange volontaire de ses produits ou comme don de leurs producteurs.

    Par contre, l’intervention binaire du budget de l’État porte atteinte à ce droit de propriété de chacun sur son propre produit et crée le processus séparé et le problème de la distribution. Le revenu et la richesse ne découlent plus uniquement du service rendu sur le marché, ils vont maintenant vers des privilèges spéciaux créés par l’État et s’éloignent de ceux qui sont spécialement chargés par l’État.

    De nombreux économistes considèrent que le marché libre n’est exempt que d’interférences triangulaires ; une interférence binaire telle que la taxation n’est pas considérée comme une intervention dans la pureté du marché libre.

    Les économistes de l’ école de Chicago – dirigés par Frank H. Knight – ont été particulièrement habiles à diviser l’activité économique de l’Homme et à confiner le marché dans un périmètre étroit. Ils peuvent ainsi favoriser le marché libre (parce qu’ils s’opposent à des interventions triangulaires telles que le contrôle des prix), tout en préconisant des interventions binaires drastiques en matière de taxes et de subventions pour « redistribuer » le revenu déterminé par ce marché.

    Le marché doit être laissé « libre » dans une sphère tout en étant soumis à un harcèlement et à un remaniement perpétuels par une coercition extérieure. Ce concept suppose que l’Homme est fragmenté, que l' »Homme du marché » n’est pas concerné par ce qui lui arrive en tant que « soumis au gouvernement ». Il s’agit certainement d’un mythe inadmissible que nous pourrions appeler l’illusion fiscale , l’idée que les gens ne tiennent pas compte de ce qu’ils gagnent après impôts mais seulement avant impôts : si A gagne 9000 dollars par an sur le marché ; B 5000 dollars et C 1000 dollars, et que le gouvernement décide de continuer à redistribuer les revenus pour que chacun gagne 5000 dollars, les individus informés de cela ne vont pas continuer à supposer bêtement qu’ils gagnent encore ce qu’ils gagnaient auparavant. Ils vont prendre en compte les taxes et les subventions.

    Ainsi, nous voyons que le processus budgétaire de l’État est un déplacement coercitif des ressources et des revenus des producteurs sur le marché vers les non-producteurs. Il est aussi une interférence coercitive avec les libres choix des individus par ceux qui constituent le gouvernement.

    Nous analyserons plus en détail ci-dessous la nature et les conséquences des dépenses publiques.

    Pour l’instant, soulignons un point important : l’État ne peut en aucun cas être une fontaine de ressources. Tout ce qu’il dépense, tout ce qu’il distribue en largesses, il doit d’abord l’acquérir en recettes, c’est-à-dire qu’il doit d’abord l’extraire du « secteur privé ».

    La grande majorité des recettes de l’État, le cœur même de son pouvoir et de son essence, est constituée par la fiscalité , que nous aborderons dans la section suivante.

    Une autre méthode est l’inflation, la création de nouvelle monnaie , dont nous parlerons plus loin.

    Une troisième méthode est l’emprunt auprès du public.

    Une quatrième méthode, les recettes provenant de la vente de biens ou de services gouvernementaux, est une forme particulière d’imposition ; à tout le moins, pour acquérir les actifs initiaux de cette « entreprise », l’imposition est nécessaire.

    Traduction Contrepoints

    Sur le web

    1. Il sera plus pratique d’utiliser des dollars plutôt que des onces d’or dans cette section ; mais nous supposons toujours une équivalence complète des dollars et du poids de l’or. Nous ne considérons pas l’intervention monétaire avant la fin de ce chapitre.
    2. Cela ne signifie pas que les ressources sortiront directement de la bijouterie pour aller vers le papier. Il est plus probable que les ressources entreront et sortiront d’industries similaires les unes aux autres sur le plan professionnel et géographique et que les ressources se réajusteront, étape par étape, d’une industrie à l’autre.
    3. Dans le long terme de l’ERE, bien sûr, toutes les entreprises de toutes les industries gagnent un rendement d’intérêt uniforme, et l’essentiel des gains ou des pertes est imputé aux facteurs spécifiques initiaux.
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      Chèque bois, chèque carburant : la folie des friandises étatiques

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 14 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    L’exubérance d’un État distribuant subventions et exonérations fiscales comme autant de friandises a de quoi susciter de nouveaux abîmes de perplexité.

    Un sujet de finances publiques pourtant crucial dans un pays qui réussit l’étrange exploit d’être à a fois le plus fiscalisé de la planète (co-champion du monde des prélèvements obligatoires avec la Belgique, 420 impôts en vigueur, un de plus tous les deux mois depuis 1981) et sans doute recordman de la plus longue série de déficits budgétaires de l’Histoire, 49 ans, série en cours.

    Vérité aujourd’hui et erreur demain

    Ainsi, pour compenser la hausse du tarif du gaz, l’État subventionne désormais le chauffage au bois alors qu’il y a quelques années il voulait interdire les feux de cheminée sans insert (un préfet d’Île-de-France avait gobé un rapport selon lequel ils émettaient plus de particules dangereuses que tous les camions des embouteillages de la région).

    La subvention au bois et son cousin, le chèque carburant de 100 euros , ne survivront au demeurant sans doute pas longtemps au reflux du prix du gaz et du baril de pétrole, retombés sous le niveau constaté à la veille de l’invasion de l’Ukraine. Tant il est vrai que vérité subventionnée ou défiscalisée d’hier se révèle souvent erreur à combattre aujourd’hui, comme le rappelle la fermeture progressive des villes aux véhicules diesels considérés pourtant comme plus écologiques que ceux à essence il y a une quinzaine d’années.

    Bref, l’incohérence et l’incertitude menacent dans ce maquis/marais transformant ménages et entreprises en chasseurs de primes & exonération, d’une opacité et complexité telle que personne ne s’y retrouve mais espère mieux tirer son épingle du jeu que le voisin. Sur quel pied danser quand un dixième du Code général des Impôts change chaque année et que surgissent, pour disparaître presque aussitôt, les coups de pouce aux cabossés de la conjoncture ?

    Admettons toutefois qu’il soit légitime pour l’État de changer d’avis au gré des circonstances, cela s’appelle s’adapter. Mais, parallèlement, ce système, riche en folies listées par l’essayiste Jean-Marc Daniel 1 , se révèle injuste et dangereusement paternaliste.

    Le règne de l’arbitraire

    Injuste ? Il regorge de deux poids deux mesures arbitraires.

    Jean-Baptise Say rappelait qu’une faveur particulière est généralement une injustice générale. Pourquoi, dans l’exemple ci-dessus, aider les ménages se chauffant au bois et pas à l’électricité ? Par ailleurs, nombre de professions, dont les journalistes , bénéficient de réductions fiscales dont la légitimité ne saute plus aux yeux aujourd’hui. Il en est de même de certaines exonérations de charges sociales, sous divers prétextes d’aménagement du territoire et de soutien à des métiers pénibles, ou en tensions, dont j’ai découvert l’existence en aidant quelque proche excentrique voulant se mettre à son compte. L’État se mêle aussi de subventionner les réparations d’appareils électroménagers . Pourquoi pas un chèque pour la rénovation de meubles ou le reprisage de pantalons ?

    Les réductions d’impôts pour petits travaux de jardinage ou entretien du logement bénéficient à des ménages pouvant souvent se les payer et soutiennent l’activité d’artisans gagnant généralement bien leur vie. Quant à la raison légitime pour laquelle les rénovations de fenêtres en bois ou aluminium bénéficiaient jadis de déductions fiscales mais pas de celles en PVC, cela fera partie des mystères que je n’arriverai pas à élucider ici-bas ; le dépit amoureux d’un ministre du Budget envers un entrepreneur en fenêtres PVC ?

    Façonner les vertus

    Quant au paternalisme, il saute aux yeux dans nombre de subventions & défiscalisations, suivant un fantasme constructiviste d’élus et hauts fonctionnaires attachés à « corriger » l’humanité par diverses incitations ou pénalités. Une idée dénoncée par l’essayiste libéral du XIX e siècle Frédéric Bastiat , méconnu en France, selon laquelle l’humanité serait « une matière inerte recevant du pouvoir la vie, l’organisation, la moralité et la richesse, ou bien, ce qui est encore pire que, d’elle-même elle glisserait vers sa dégradation et n’est arrêtée sur cette pente que par la main mystérieuse du Législateur ».

    À rebours de la Déclaration des Droits de l’Homme qui prévoit que l’impôt serve seulement à financer les charges communes, il s’agit d’orienter les comportements et façonner des vertus, de l’hygiène à l’empreinte carbone. Par exemple taxer le tabac pour dissuader de fumer (tout en prétendant que les lourdes charges pesant sur les salaires ne dissuadent pas l’embauche. Vous êtes sûrs que nous sommes encore un peuple cartésien ?). Des aides incitent à pratiquer le covoiturage ou à réparer son vélo , car c’est sain, le vélo. À quand le remboursement du dentifrice au nom de la lutte contre les caries ?

    Existe pourtant une politique fiscale alternative n’ayant pas ces deux défauts majeurs 2 et, disons, élégante, d’ailleurs pratiquée par 35 pays où elle a en outre souvent réduit la part de l’économie grise ; on supprime la grande majorité des mécanismes particuliers incitatifs ou pénalisants quitte à chagriner et on remplace la plupart des 420 impôts par une flat tax au taux unique de 14 à 17 % portant sur tous les revenus à partir d’un certain seuil, assorti en deça d’un impôt négatif (en clair, l’État verse un chèque aux nécessiteux) théorisé en 1968 par le penseur libéral Milton Friedman.

    L’inconvénient principal étant qu’aucun ministre ne pourrait se vanter de distribuer des chèques de bois.

    1. Les Impôts. Histoire d’une folie française , Taillandier, 2017.
    2. La plupart des critiques sur la flat tax se concentre sur le fait qu’elle serait injuste car non progressive. Au-delà du fait que la quasi-totalité des impôts, de la TVA à la CSG en passant par l’impôt sur les bénéfices, ne sont pas progressifs non plus, il faut remarquer une chose ; en fait la grande majorité des hauts salaires ne paye pas vraiment plus de 17 % d’impôt sur leurs revenus grâce à divers mécanismes de déductions, ou d’exonération des portions les plus basses de leurs recettes. Et ceux qui devraient payer nettement plus… émigrent généralement.
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      Cinéma français : le syndrome Pourrix et Obésix s’étend

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 6 February, 2023 - 12:00 · 5 minutes

    Après un battage médiatique particulièrement omniprésent sur tous les canaux de communication possibles en France, Astérix et l’Empire du Milieu , le dernier film de Guillaume Canet, est sorti et le moins qu’on puisse dire est qu’il fait parler de lui. Pas forcément en bien…

    Avec la multiplication des publicités dans tous les médias, l’entretien des principaux protagonistes sur les plateaux télé avides de relayer le nouveau blockbuster à la française, on pouvait s’attendre à une grande comédie française promise au succès auprès des critiques et du public.

    Las, les critiques de la presse sont particulièrement peu amènes. Potion amère pour les uns, « pire du milieu » pour d’autres, le moins qu’on puisse dire est que le petit monde des critiques n’a pas loupé le film de Guillaume Canet.

    Certains trouveront là le retour de boomerang de la profession face à Seydoux, le patron de Pathé, distributeur et producteur du film, qui avait expliqué il y a quelques mois que le cinéma français s’empêtrait dans son manque de courage et d’ambition et en risquait même de disparaître : cette superproduction devait être l’occasion de montrer ce qu’il faut faire pour engranger des tickets et du succès…

    Dès lors, on en viendrait presque à croire que les critiques en sont à souhaiter le naufrage du film pour mieux rappeler qu’il ne fait pas bon s’opposer à l’intelligentsia du milieu cinématographique français…

    Et apparemment, le naufrage reste possible tant cela ne suit pas non plus chez les spectateurs dont une partie croissante se sent flouée : sur les plus de 3600 notes laissées sur le site Allociné.fr , la moyenne est de 1,5/5 et le tableau des notes ne laisse guère de doute : le public n’apprécie pas la contre-performance de Canet.

    À la limite, la critique presse apparaît même un poil meilleure (2,5/5, une petite moyenne sans panache).

    En attendant, les associés à la production (TF1 par exemple, certains groupes de presse) mettent en avant un budget colossal pour attirer le chaland, budget qu’on a cependant bien du mal à retrouver dans les décors ou les prestations des acteurs jugés médiocres, puis, lorsque le sujet « budget » est évacué sur un rassurant démarrage « canon » qui annonce une bousculade de spectateurs dès les premières séances.

    Manque de pot, il apparaît que les chiffres annoncés sont quelque peu gonflés des places cumulées aux avant-premières de la veille, gonflement qui sera du reste bien vite justifié par les inévitables fact-checkers (dont ceux de Libération ) dont la réputation de serpillières n’est plus à faire.

    La Zizanie

    Au passage, le parallèle est éclairant avec Vaincre ou Mourir , production bien plus modeste avec un budget de 3,5 millions d’euros que la critique s’est copieusement relayée pour étriller de toutes les façons possibles (aboutissant à une note de 1,5/5 sur Allociné toujours) mais que le public, lui, n’a pas boudé avec des critiques largement positives ( 3,9/5 sur Allociné ), ce qui lui a autorisé un excellent démarrage malgré le faible nombre de salles dans lequel il a été projeté au début (moins de deux cents). Manifestement, il y a bel et bien un public pour des œuvres qui ne reçoivent pas l’imprimatur de l’intelligentsia germanopratine, et qui, malgré la castration budgétaire inhérente à ce genre de sujet (la République ne distribue ses mannes qu’aux discours approuvés), s’en accommode plutôt bien.

    Concrètement cependant, on retrouve les mêmes tendances qui ont animé les précédents opus Astérix aux Jeux Olympiques qui fut un échec critique (mais qui parvint toutefois à largement rentrer dans ses frais grâce à l’international) ou Astérix au service de Sa Majesté qui fut à peine mieux accueilli par le public et qui aboutit à un échec commercial.

    En somme, on est ici dans l’application d’une recette (si un ou deux films sur Astérix n’ont pas forcément bien marché, les autres ont été commercialement très rentables) dans laquelle la prise de risque artistique est finalement minimale voire inexistante. Pire, pour bien faire dans l’air du temps, le film est truffé de discours moralisateurs sur le véganisme ou le féminisme, ce qui n’améliore pas la portance des gags déjà très lourds en eux-mêmes.

    Les aides, subventions et autres facilités publiques ainsi que certains avantages fiscaux permettent d’amoindrir encore le risque résiduel tant et si bien que l’opération est très souvent financièrement intéressante. Malheureusement, ce type de montage financier et cette volonté de ne prendre aucun risque, visible tant dans le scénario que dans la réalisation, le choix du casting ou le marketing publicitaire du film, aboutissent à des productions qui ne surprennent pas et qui ont généralement des parcours cinématographiques totalement convenus.

    On s’amusera du reste de lire les appels un peu gênants de Canet , poussant les Français à aller voir son film, arguant que sans succès, les autres productions françaises pourraient en pâtir, alors même que c’est bien à cause du système particulier de financement des films français, dans un entre-soi moite aux cachets délirants, que l’actuelle production cinématographique sombre d’année en année.

    Finalement, il en va de cet opus comme des autres.

    Au vu des critiques, particulièrement éreintantes, tout juste peut-on souhaiter que la médiocrité de la réalisation n’obère pas ses rentrées financières, ce qui évitera au contribuable français, impliqué au travers des subventions diverses dont le film a bénéficié comme tant d’autres, d’en être une fois de plus de sa poche. On aura du mal à être optimiste et on ne pourra s’empêcher de penser que ce film, dont on se demande où sont passés les 65 millions d’euros de budget, est surtout une excellente affaire pour ceux qui y ont participé, mais pas vraiment pour le spectateur…

    Belle illustration, finalement, de cette France devenue médiocre par épuisement de son audace, par sa volonté de ne plus rien risquer, par son bureaucratisme aux horizons étroits et surtout, son entre-soi bien établi qui aboutit à voir toujours les mêmes têtes toujours aux mêmes places (que ce soit, du reste, dans les arts, dans les médias ou dans la politique).

    Ce pays est foutu.

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      Et si notre plus brillante industrie était hélas la fabrique des crises ?

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 8 December, 2022 - 04:40 · 5 minutes

    Ce doit être un effet de la pensée complexe jupitérienne qui veut ça, une pensée complexe dont je suis à l’évidence complètement dépourvue, mais le fait est que selon mon point de vue, les déclarations élyséennes, toujours très enflammées, toujours très littéraires, se succèdent avec une belle cadence sans vraiment coller logiquement les unes aux autres.

    Ceci avec le risque non négligeable de voir se poursuivre inlassablement la hausse de la dette et des dépenses publiques françaises que le FMI , après beaucoup d’autres organismes, vient d’épingler dans un énième rapport. Ce risque non négligeable, on est d’autant plus fondé à l’anticiper pour la suite que l’historique de nos comptes publics depuis presque 50 ans n’est que fuite en avant dans les déficits et la dette malgré abondance de discours inverses sur leur maîtrise parfaite.

    Oh bien sûr, la France n’est pas le seul pays à avoir emprunté la voie du « quoi qu’il en coûte » pour mitiger les effets des restrictions liées au covid puis maintenant les effets de l’inflation. Mais la France en situation « normale » partait d’un niveau nettement plus préoccupant que celui de la plupart des grands pays de l’OCDE. De ce fait, on voit mal comment on pourrait faire, maintenant que tout va plutôt plus mal, ce qui n’a pas été fait avant, quand les trois grandes planètes de la conjoncture mondiale (dollar bas, taux bas, prix du pétrole bas) avaient eu le bon goût de « s’aligner » peu après le début du mandat Hollande et jusqu’à la fin de 2019.

    Il n’empêche que sitôt rentré de ses vacances d’été 2022 au Fort de Brégançon, alors que l’inflation persistait à vouloir rester encore un bon moment parmi nous en dépit de toutes les incantations de Bruno Le Maire à Bercy et de Christine Lagarde à la Banque centrale européenne, le président de la République se mit à philosopher avec autant de gourmandise que de grandiloquence creuse sur « la fin de l’abondance, des évidences et de l’insouciance », ajoutant même – il parlait alors à ses ministres – que nous vivions « la fin des liquidités sans coût ». L’affaire semblait donc entendue ; dorénavant, c’est décidé, on va gérer au millimètre.

    Et puis on ne va pas se laisser marcher sur les pieds. Les États-Unis sont un grand pays, un pays ami de la France depuis Lafayette, mais ce n’est pas une raison pour qu’ils se lancent dans une politique de subventions étatiques absolument folle (l’ Inflation Reduction Act ou IRA) pour assurer leur souveraineté industrielle en même temps que leur transition énergétique au mépris de leur partenaires commerciaux.

    Invité la semaine dernière à Washington, Emmanuel Macron se faisait fort au départ d’expliquer à son homologue Joe Biden que ce genre de comportement, c’était ni plus ni moins du protectionnisme, avec tout ce que cela impliquait de renchérissement des produits étrangers (dont les fabricants pourraient trouver intéressant de se transplanter outre-Atlantique pour bénéficier de la manne).

    La fin de l’abondance, c’est fini !

    Sur ce point, il n’a pas tort. Le problème, c’est que sitôt de retour à Paris, il en tira la conclusion que nous aussi, Européens, devions avoir notre grand plan de soutien des industries du futur – voitures électriques, batteries, technologie quantique, etc. Souveraineté économique européenne oblige. « Je défends l’idée de subventionner le made in Europe « a-t-il immédiatement déclaré dans un grand entretien accordé au journal Le Parisien le 3 décembre dernier.

    À entendre ses propos précédents, ce n’était pas absolument évident. La fin de l’abondance, c’est fini, apparemment. Et puis il ne faudrait pas oublier que le Green New Deal européen (incluant la fin de la vente des véhicules thermiques en Europe en 2035 et le plan agricole complètement délirant connu sous le nom de Farm to Fork ) prévoit déjà de consacrer quelque 1000 milliards d’euros de fonds européens sur 10 ans à la transition énergétique verte sous toutes ses formes.

    Mais évidemment, pour la France, la porte est étroite. Dans le même entretien Emmanuel Macron assure ne vouloir augmenter ni les impôts, ni la dette. Il annonce même vouloir baisser les impôts ! Mais comment compte-t-il donc s’y prendre ? En réformant les retraites, explique-t-il. Et de fait, toutes choses égales par ailleurs, le déplacement du curseur de l’âge légal de départ en retraite de 62 ans à 64 ou 65 ans permettra mécaniquement à l’État de faire des économies sur le versement des pensions (en réalité, réforme à courte vue, il y a bien mieux à faire).

    Mais surtout, il est question de faire peser sur l’Union européenne, c’est-à-dire sur les partenaires qui le peuvent, le soin de financer ce tout nouveau Buy European Act auquel Emmanuel Macron aspire. Il y gagne, croit-il, une stature de grand Européen tout en se déchargeant sur les autres de la mauvaise gestion française. Rien de bien étonnant : depuis qu’il est au pouvoir, il n’a eu de cesse de vouloir mutualiser au niveau européen tout ce qui constitue une épine dans le pied de la France.

    Mais pourquoi s’inquiéter ? La croissance sera bien sûr au rendez-vous pour financer tout cela à point nommé. À toutes fins utiles, un projet typiquement keynésien de grands travaux de transport sous la forme de dix nouveaux RER dans dix grandes villes de France permettra opportunément de donner les apparences d’une activité florissante. Et d’éponger le chômage. On ne sait jamais.

    Autrement dit, à voir comment l’on va continuer à dépenser sans le dire, à voir comment la lutte contre l’inflation consiste comme avant à créer des bulles de consommation et de production, c’est à se demander si la plus brillante et la plus durable de nos industries nationales ne serait pas en réalité la fabrique des crises. Pas vraiment la souveraineté qu’on souhaiterait. J’espère de tout cœur me tromper.

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      La grève : un mal français

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 7 December, 2022 - 04:15 · 2 minutes

    Oui nous sommes les champions du monde : déficit, endettement, heures travaillées, absences au travail, grèves

    Oui cela fait 40 ans que ça dure !

    Oui les politiques connaissent le problème mais refusent de le gérer !

    À chaque fois nos journalistes télé subventionnés trouvent trois abrutis pour « comprendre » le mouvement de grève et même l’approuver. L’immense majorité de mécontents est condamnée au silence.

    À chaque fois nos ministres du Travail compatissent avec les usagers mais il n’est pas question de remettre en question le droit sacré à la grève que les minorités privilégiés de la RATP, SNCF et autres Air France s’appliquent à déclencher de préférence à l’occasion des vacances ou des fêtes.

    Cette constance à emmerder les Français est devenue carrément culturelle.

    Quel spectacle ! La France qui gagne !

    Mais quel est donc ce mal qui ronge notre pays ?

    Depuis Mitterrand , la France est dirigée par des littéraires et non par des économistes. Ainsi seuls 6 % de nos députés sont issus du monde du travail ou de l’entreprise (contre 30 à 40 % en Allemagne). Les réalités économiques sont ignorées hormis pour les dirigeants du CAC40 dont l’entregent avec les politiques issus de la même filière universitaire et donc du même moule de pensée et qui gèrent très bien leurs intérêts. Par exemple en délocalisant leurs usines avec la bénédiction de leurs petits camarades. Avec pour résultat la désindustrialisation du pays.

    Les autres, c’est-à-dire les pouilleux n’ont qu’à se débrouiller avec un Code du travail à sens unique et… les grèves à répétition.

    Les politiques quant à eux se masturbent le cerveau avec l’ interdiction de la corrida ou l’autorisation à pouvoir être enterré avec ses animaux de compagnie

    L’essentiel maintenant est le changement climatique dont la planète entière se moque mais que nous petits Français devront régler et payer à nous tout seuls.

    Je reviens d’un voyage dans le Burgenland autrichien ou j’ai rencontré un agriculteur exploitant 100 hectares d’ail, d’oignons et d’échalotes bio. Son père était fonctionnaire ! Avec le changement climatique il arrive maintenant à faire deux récoltes par an ! Pour lui il ne s’agit pas de lutter contre le changement climatique mais de faire avec ! C’est ce genre d’entreprise qu’il nous faut redécouvrir en France et non de détruire les bassines ou empêcher la construction d’une autoroute de contournement ou de se coller les mains au sol pour bloquer la circulation .

    Nous fonctionnons en mode de satisfaction à un système mais pas en mode de résolution de problèmes. C’est là le problème de la France déconnectée…

    Or pour financer tous nos caprices d’enfants gâtés il nous faut une production de richesse ce qui implique des activités ayant un sens. Donc des entreprises qui marchent, des produits à vendre, de la créativité et du courage.

    Y a-t-il une issue ?

    En l’état actuel j’ai peur que non…

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      Mathias Poujol-Rost ✅ · Saturday, 28 August, 2021 - 18:29

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    Comment les GAFA engrangent des millions de subventions avec leurs datacenters
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      Chômage en France en 2020 : on n’a encore rien vu

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 19 February, 2021 - 04:40 · 6 minutes

    chômage

    Par Nathalie MP Meyer.

    D’ici quelques années, un journaliste ou un historien curieux qui chercherait à se renseigner sur l’impact économique des confinements anti-Covid en consultant uniquement la liste des taux de chômage en France en 2020 pourrait facilement s’imaginer que ce fut tout au plus l’affaire d’une petite année un peu difficile avec retour à la normale dès les premiers jours de 2021.

    L’INSEE vient en effet de faire savoir qu’après être passé par des bas (7,1 % au second trimestre) et des hauts (9,1 % au troisième trimestre), le taux de chômage en France entière hors Mayotte s’est établi à 8,0 % en moyenne au quatrième trimestre 2020, soit légèrement en dessous de son niveau d’avant-crise sanitaire de 8,1 % à fin 2019 :

    Tout irait-il donc pour le mieux sur le front de l’emploi ? Pas exactement.

    À ce stade, quelques précisions. Le taux de chômage n’est pas la seule façon de rendre compte de l’emploi dans un pays donné. Ce taux est calculé relativement à la population active qui comprend aussi bien les personnes ayant un emploi que les personnes officiellement au chômage. Mais la population active ne représente qu’une partie de la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans selon la définition du Bureau international du travail).

    C’est pourquoi, afin de voir si notre économie utilise judicieusement ses ressources de travail, il est également utile de suivre le taux d’activité qui donne la part de la population active par rapport à la population en âge de travailler et le taux d’emploi qui donne le ratio de la population ayant un emploi sur la population en âge de travailler.

    À noter entre parenthèses que pour la France, même sans parler de la pandémie de Covid, ces taux sont généralement assez médiocres au sein des pays de l’OCDE :

    Taux d’activité, OCDE 2019

    Taux d’emploi, OCDE 4T  2019

    Pour en revenir à la situation particulière de l’année 2020, les deux confinements anti-Covid du 17 mars au 11 mai (huit semaines) puis du 30 octobre au 15 décembre (six semaines) ainsi que les restrictions qui furent maintenues entretemps ont tellement perturbé l’activité économique et le comportement quotidien des personnes que les suivis trimestriels habituels des organismes dédiés aux statistiques de l’emploi peinent à rendre compte de la réalité du choc subi.

    Comme le souligne l’INSEE, la baisse du chômage observée aujourd’hui résulte surtout d’un effet « en trompe-l’œil » qu’on a déjà vu à l’œuvre au deuxième trimestre au moment du premier confinement : de nombreuses personnes ont arrêté de chercher un emploi (ou n’ont pas entrepris de recherche si elles venaient de se faire licencier), soit parce que leur secteur d’activité (transport, culturel, hébergement, restauration, etc.) était mis à l’arrêt, soit parce qu’elles devaient garder leurs enfants, soit parce que la limitation des déplacements ne leur permettait pas d’effectuer les démarches nécessaires.

    Non pas qu’elles ne souhaitent plus travailler, mais du fait des circonstances, elles ont basculé temporairement dans l’inactivité. On constate ainsi logiquement qu’entre fin 2019 et fin 2020, le taux d’activité a baissé de 71,8 % à 71,4 % de la population en âge de travailler et que le taux d’emploi a suivi le même chemin.

    N’apparaissant plus dans la population active, ces personnes n’apparaissent plus non plus dans le taux de chômage, d’où un agréable taux « en trompe-l’œil » de 8,0 % au quatrième trimestre 2020 correspondant à 2,353 millions de chômeurs 1 .

    Voir tableau ci-dessous :

    chômage Sources : INSEE ( Chiffres provisoires Population Chômage 4T 2019 Chômage 4T 2020 ) –
    Note : les données soulignées sont issues des publications de l’INSEE ; les autres données sont calculées à partir des précédentes.

    Seconde parenthèse : on voit dans le tableau que la population française augmente légèrement tandis que la population en âge de travailler diminue. Nulle contradiction à cela. La décomposition par tranche d’âge montre que la croissance se fait uniquement chez les 60 ans et plus, et surtout à partir de 65 ans, tandis que les effectifs des moins de 60 ans sont en baisse :

    chômage Il en résulte que la population active a diminué en 2020 non seulement sous l’effet de la baisse du taux d’activité induit par les confinements comme on l’a vu, mais également du fait du vieillissement de la population. Rien à voir avec la crise actuelle, mais je le signale en passant car c’est un problème que la France devra affronter. Fin de la parenthèse !

    Si les primes à l’embauche des jeunes et les mesures de chômage partiel prises dès le premier confinement ont permis d’amortir la crise, sans compter les prêts garantis par l’État qui aident les entreprises à tenir face aux restrictions sanitaires, l’INSEE constate que l’emploi d’aujourd’hui n’est pas d’aussi bonne qualité que celui d’il y a un an. Le nombre moyen d’heures travaillées par emploi a reculé de 2,2 % sur un an tandis que la part du sous-emploi a augmenté sous l’effet des mesures de chômage partiel.

    Avec la fin du confinement qui redonne une certaine latitude de recherche d’emploi aux personnes qui avaient basculé dans l’inactivité cet automne, il n’est pas du tout exclu qu’on assiste à un rebond du taux de chômage dès ce premier trimestre 2021 exactement comme ce fut le cas au troisième trimestre 2020 après le premier confinement.

    Le phénomène sera d’autant plus amplifié à moyen terme que le « quoi qu’il en coûte » qui porte actuellement des pans entiers de l’activité et de la société à bout de bras prendra forcément fin un jour. L’argent des autres, et en l’occurence celui des générations futures puisque tout passe – pour l’instant – par un surcroît d’endettement public, est certainement très pratique, mais il n’est pas inépuisable, comme le savait fort bien Margaret Thatcher.

    Dans cette incontournable perspective, la leçon de ce taux de chômage revenu ponctuellement à 8 % – ce qui reste de toute façon très haut par rapport à nos voisins néerlandais ou allemands – n’est certainement pas que la France a surmonté brillamment les écueils économiques et sociaux des confinements anti-Covid, mais bien plutôt qu’en fait de crise économique, de faillites et de plans de licenciements, on n’a encore rien vu.

    Sur le web

    1. Il existe un autre suivi du chômage, celui de la DARES, qui compte le nombre d’inscrits à Pôle Emploi. Au quatrième trimestre 2020, il recense 3,8 millions de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans emploi) en France entière hors Mayotte. Pour le décryptage des différences avec l’INSEE, voir Chômage : bazar bizarre (mars 2016).
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      In Vino Veritas : subventions et taxes ne sont jamais la solution

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:35 · 4 minutes

    subventions

    Par Simone Wapler.

    Les vignerons sont frappés par une nouvelle surtaxe à l’export vers les États-Unis. Ils sont victimes collatérales d’une guerre Airbus-Boeing au moment où le confinement les prive de débouchés commerciaux.

    Tout commençait bien, il y a presque vingt ans. En 1992, un louable accord entre l’Union européenne et les États-Unis impose des limites aux subventions publiques que peut recevoir le secteur aéronautique des deux côtés de l’Atlantique. Hélas, nous vivons dans un monde cruel…

    En 2004, Boeing accuse Airbus de bénéficier de prêts et subventions contraires à cet accord ; les États-Unis déposent une plainte à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et une enquête commence.

    En 2005, l’Union européenne riposte en déposant à son tour une plainte pour les mêmes motifs : Boeing recevrait aussi des subventions et des aides.

    En 2010, l’OMC rend son verdict dans le premier conflit Boeing contre Airbus, déclare l’Union européenne coupable et estime la compensation due à Boeing à 7,5 milliards de dollars.

    En 2019, deuxième verdict de l’OMC sur la plainte d’Airbus examinée sur le fond à partir de 2006 ; à leur tour, les États-Unis sont déclarés fautifs et doivent une compensation de quatre milliards de dollars à l’Union européenne. Union européenne : 7,5 ; États-Unis : 4.

    Soigner le mal par le mal : subventions, taxation

    Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si le remède administré par l’OMC n’était pas pire que le mal. Pour compenser les subventions illicites, l’OMC autorise les plaignants à taxer respectivement certains produits européens entrant aux États-Unis et certains produits américains entrant en Union Européenne.

    Rappelons que toujours et partout, les subventions sont payées par les contribuables locaux , les droits de douanes sont payés par les consommateurs locaux . C’est donc double peine pour les contribuables et consommateurs de chaque côté de l’Atlantique qui ont financé par leurs impôts respectifs des subventions à leurs champions aéronautiques, puis devront payer plus cher de leur poche certains produits importés. Pour eux, les pénalités s’additionnent : 11,5 partout !

    Le ketchup contre le pinard

    Deux nombreux bureaucrates de part et d’autre de l’Atlantique se sont ensuite attelés à la délicate tâche de déterminer les produits qui seraient surtaxés.

    Tomato Ketchup, Boeing 737 Max et patate douce made in USA sont dans le viseur de Bruxelles. Équipements aéronautiques, vins tranquilles à degré d’alcool inférieur à 14°, cognacs français et allemands sont dans le collimateur américain.

    Le réchauffement climatique au secours du vin

    Comble d’ironie, de nombreux producteurs viticoles avaient pu échapper à la surtaxe américaine en 2020 grâce à deux années particulièrement chaudes (2018 et 2019) qui ont permis de produire du vin naturellement supérieur à 14°, degré d’alcool qui n’était pas visé par les zélés bureaucrates yankees peut-être amateurs de vins charpentés.

    Mais le tir a été rectifié pour 2021. D’où la colère du président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux en France qui se plaint d’une disparition des débouchés au moment même où les stocks sont gonflés par les confinements, couvre-feux et autres mesures supposées nous protéger .

    Les fabricants de chandelles et l’escalade dans l’absurde

    Toutes ces lamentables affaires de subventions et droits de douane ne sont que le fruit de la croyance naïve en l’efficacité du protectionnisme . Pourtant, le capitalisme de connivence et le protectionnisme sont toujours nuisibles et coûteux.

    Ceci a été dénoncée avec brio au XIXe siècle par Frédéric Bastiat dans sa Pétition au Parlement français de la part des fabricants de chandelles . Dans cette satire, des producteurs se plaignent de la concurrence ruineuse d’un étranger (qui n’est autre que le soleil) et demandent « une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes […] par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons ».

    La prochaine fois que votre main se dirigera vers le Ketchup, ou que vous déboucherez une bonne bouteille, n’oubliez pas de penser à Airbus et Boeing et méditez Frédéric Bastiat :

    Aujourd’hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d’autrui. Ce sentiment, on n’ose l’afficher, on se le dissimule à soi-même ; et alors que fait-on ? On imagine un intermédiaire, on s’adresse à l’État, et chaque classe tour à tour vient lui dire : « Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons. »

    Le protectionnisme ne nous protège pas, il nous rackette. Dans les modes de compensation qu’elle impose, l’OMC démontre qu’elle œuvre pour le capitalisme de connivence et non pas pour la défense des citoyens et la promotion du libre-échange qui se passe très bien de toute bureaucratie.

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      La France du « tout gratuit », quoi qu’il en coûte

      Didier Cozin · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 17 January, 2021 - 04:40 · 9 minutes

    rente

    Par Didier Cozin.

    Toujours en quête de gadgets sociaux, souhaitant baisser les charges tout en maintenant les coûts, les pouvoirs publics auraient trouvé la solution pour dégager un consensus en France : tout offrir, ne plus rien faire payer, subventionner tous les secteurs, toutes les entreprises, toutes les activités, quoi qu’il en coûte, en attendant de se refaire, que la reprise fasse le travail et rembourse.

    Payer pour des services devient en France incongru, grotesque souvent inaudible. La décence voudrait que tout devienne gratuit (le logement, la nourriture, les soins, l’éducation, les transports , les loisirs…)

    Les citoyens pourraient ainsi épargner leurs revenus quand ils en ont, et les tensions sociales disparaîtraient par enchantement ; pourquoi je travaillerais alors que l’autre ne fiche rien ?

    La rente devient la norme en France

    Tout fier de son capital historique, architectural, culturel, économique, financier accumulé au fil des siècles, le pays a décidé de vivre de ses rentes, de consommer progressivement et définitivement son capital et ses richesses passés.

    L’économie du gratuit

    Au-delà de ce mirage d’une gratuité généralisée et donc de l’absence de nécessité de travailler pour financer son existence ou celle de ses proches, cette absence de contrepartie économique présente de nombreux inconvénients que nous n’avons pas fini de payer.

    « Quand c’est gratuit c’est vous le produit » : rien n’est jamais offert sans contrepartie.

    La gratuité n’est jamais réelle et totale. Notre ancien président a eu beau déclarer « c’est gratuit, c’est l’État qui paie » la gratuité n’existe pas, comme le démontrent quotidiennement les services prétendument gratuits des géants américains du numérique.

    La gratuité entretient l’illusion que le travail se ferait seul, sans le concours de chacun. Les transports en commun que certains veulent rendre gratuits pourraient fonctionner sans coûts, ni investissements, ni consommation d’énergie…

    La gratuité dévalorise et dévalue les services soi disant offerts. On le constate depuis 50 ans avec l’école gratuite de 3 à 25 ou 30 ans, qui est largement devenue une planque pour la jeunesse , un asile ou une couverture.

    La gratuité entretient la défiance du citoyen. Sous le prétexte souvent vérifié qu’il faut bien un retour aux cadeaux reçus (on rend une invitation) sous une forme ou une autre (des impôts et taxes élevés, des contraintes règlementaires, des injonctions sanitaires…) les citoyens se méfient à la fois des institutions, de leur administration ou de la gratuité du vaccin contre la Covid-19 car si c’est gratuit c’est pour nous injecter du poison ou une puce pour nous contrôler.

    La gratuité serait la première marche du revenu universel ou d’ une dotation à la naissance (entre 30 et 100 000 euros pour chaque nouveau-né) qui serait la contrepartie à la disparition du travail (en fait des emplois salariés), un antidote à la pauvreté ou une substitution à la lourde et inefficace redistribution , laquelle depuis 50 ans ne crée plus ni richesses ni équité.

    Une illustration des méfaits de la gratuité : la formation des adultes

    Alors qu’un adulte doit apprendre tout au long de sa vie, qu’à la différence d’un enfant il dispose en principe des revenus de son travail, l’État et les partenaires sociaux ont décrété dès 1971 que les travailleurs, salariés notamment, ne paieraient jamais pour leur formation.

    Non seulement l’employeur devait financer la formation mais tous les frais annexes seraient à sa charge : le transport du stagiaire, sa restauration, son éventuel hébergement et surtout le temps de la formation, accordé forcément sur le temps travaillé alors que les 35 heures n’ont jamais été envisagées pour libérer du temps pour apprendre.

    L’absence de résultats de la formation gratuite est une évidence dans le monde du travail.

    • Seule une minorité de travailleurs se forme ou est formée, soit entre 5 et 10 % des salariés les plus qualifiés.
    • Le système qui se veut assurantiel (on cotise tous et on attend pour bénéficier d’une formation) vise à monter d’un seul niveau de qualification tout au long d’une vie professionnelle (une seule formation sur plus de quarante années).
    • Le système paritaire a conçu vers 2014 un second leurre social en plus de la mutualisation : le compte formation (CPF), calibré pour ne former qu’un million de bénéficiaires chaque année. Il organise donc la rareté sur une sorte de livret de caisse d’épargne où chacun pourrait puiser une seule fois (deux au maximum pour des formations longues) dans sa vie professionnelle.

    L’école laïque, gratuite et obligatoire jusqu’à 14 ans, puis 16 ans, et désormais quasiment 18 ans, a constitué une avancée sociale et a permis d’industrialiser le pays au prix de l’abandon des campagnes.

    Mais aujourd’hui la formation gratuite et prétendument universelle joue à contre-emploi et retient/empêche les Français d’apprendre, de changer, de s’adapter à un travail qui évolue plus vite qu’eux bien souvent.

    Nos rentes sociales, ou acquis sociaux

    Selon le dictionnaire Larousse, la rente se définit comme étant « l’assurance de percevoir un revenu régulier sans travail » . Elle s’oppose par là-même au travail qui est à la fois :

    • un risque (de perdre son travail, son entreprise, son activité)
    • un effort (se lever le matin, prendre des responsabilités, diriger ou être dirigé)
    • une mobilisation des ressources internes et externes pour produire des richesses
    • une collaboration et une interaction avec les autres (on perçoit individuellement dans son coin sa rente ou ses allocations alors qu’on travaille toujours avec et pour les autres).

    Cette rente qui entre en conflit avec le travail est installée partout en France

    Les retraités sont évidemment les premiers et les plus nombreux des rentiers. On peut estimer qu’ils perçoivent ce que l’assurance vieillesse leur assure en échange de leur travail passé.

    Mais c’est oublier que le travail salarié a tendance à disparaître au XXIe siècle car trop peu flexible, trop cher, trop compliqué et trop conflictuel.

    Confrontées à l’automatisation et à la concurrence mondialisée les entreprises sont très nombreuses à réduire leur masse salariale et donc leurs cotisations sociales. La méthode la plus simple étant les départs naturels et les pré-retraites.

    De nombreux jeunes n’ont ni l’envie ni souvent l’opportunité de travailler régulièrement et durablement, ce qui permettrait alors d’entretenir aujourd’hui 12 millions de retraités.

    Les salaires des jeunes sont souvent bien inférieurs aux pensions des retraités. Il sera bientôt impossible d’avoir autant de retraités que de salariés ou d’actifs. Après-guerre il y avait cinq actifs pour un retraité !

    Les retraites de la fonction publique pourraient nous ruiner car elles représentent un engagement financier supérieur au montant de la dette française. Elles ne sont pas provisionnées par l’État qui est son propre assureur. À part en baisser le niveau ou payer en monnaie de singe on ne voit pas comment elles pourront être maintenues à leur niveau élevé actuel, soit 75 % du dernier traitement.

    Le social représente une activité quasi industrielle en France

    15 % des dépenses sociales mondiales sont reversées aux Français qui représentent moins de 1 % de cette population mondiale. En 2020, la part des dépenses de protection sociale représentait 33 % du PIB, près de 700 milliards…

    Elles sont à la fois le principal poste de dépenses publiques en France (source vie publique) et le record du monde de la redistribution malgré les dénégations de ceux qui voient des ultra-libéraux à chaque coin de rue.

    La rente est une bulle

    La rente, dont nous avons fait une industrie, enferme les Français dans une bulle qui ne protègera que peu de temps encore nos concitoyens sur cette planète Terre qui comptera bientôt dix milliards d’habitants en compétition pour des ressources rares : travail, alimentation, eau potable, énergies fossiles…

    La rente est partout en France, à gauche comme à droite

    Nous avons vu qu’une rente est un revenu régulier obtenu sans travail. Elle n’est évidemment pas l’apanage de la gauche car à droite aussi on a ses rentes.

    L’immobilier

    Il permet de gagner virtuellement de l’argent en ne faisant rien car il suffit de s’endetter en achetant un bien dans une ville comme Paris. La conséquence de la hausse de l’immobilier dans les grandes villes est la paupérisation des jeunes, les loyers étant exorbitants, le sentiment factice d’enrichissement de tous ou presque, puisqu’il est possible de s’enrichir en dormant (pas d’impôts, de taxes ni même de CSG sur la revente de la résidence principale).

    Le commerce et l’activité économique en général

    En luttant contre la concurrence « libre et non faussée », droite et gauche se rejoignent pour empêcher l’arrivée de nouveaux compétiteurs, protéger pour les uns leurs marchés et pour les autres leurs acquis sociaux.

    L’exploitation du pays

    La plupart des héritiers ne savent pas faire fructifier le patrimoine ou le capital dont ils héritent. Nous pourrions ainsi rapidement dilapider le capital financier, culturel, environnemental accumulé par nos ancêtres au cours des siècles.

    Depuis la fin des Trente glorieuses nous vivons au-dessus de nos moyens grâce à des rentes et à notre endettement croissant.

    Ces vérités que les citoyens préfèrent ne pas entendre

    Tout l’art de chaque gouvernement a consisté depuis des décennies à cacher certains faits douloureux car remettant en cause les fondements de nos XIX et XXème siècles sociaux.

    La productivité de l’Occident s’affaisse depuis la première crise de l’énergie de 1973. Ce que nous produisons encore l’est grâce à des artifices financiers, comptables, monétaires (l’inflation jadis, puis les délocalisations et enfin l’endettement généralisé).

    Sans travail, aucun développement économique ni social ne nous sera plus permis dans un avenir proche. Mais le travail devenant trop cher, trop complexe, trop conflictuel nous l’avons laissé en grande partie quitter nos pays, l’activité est presque partout subventionnée, sinon devenue non rentable en France.

    Sans apprentissage, sans efforts éducatifs importants, sans formation tout au long de la vie, la France et l’Occident sont condamnés à régresser et à s’effondrer un jour comme la défunte URSS.

    La France ne doit pas devenir un pays de rentiers

    La gratuité partout, pour tous, les subventions et l’endettement généralisés n’éduquent ni ne forment personne. Pour apprendre il faut travailler, s’adapter, comprendre.

    Comme l’a récemment déclaré notre ministre du Travail « la France n’a pas un problème de demande mais d’offre » . C’est bien en augmentant la qualité et la quantité de travail que nous pourrons nous redresser, pas en augmentant sans fin le nombre d’ayants-droit du pays.